wake me up (gramy)

Grace s'occupait comme elle le pouvait, passait son temps à essayer d'oublier pour avancer de nouveau, ne plus vivre au cran de quelqu'un. Ce n'était pas facile, parce que la solitude lui faisait toujours revenir le même visage en tête, les mêmes souvenirs qui torturaient son crâne. Elle devait bâtir quelque chose de nouveau sur un tas de ruine, tenter de trouver des nouvelles pièces pour créer son nouveau puzzle, tout ça était compliqué, tout ça la bouleversait et la prenait au cœur. Tout était sur pause, sa vie se rythmait aux effets des médicaments, des calmants qu'elle devait prendre pour ses douleurs. Tout irait mieux dans quelques petites semaines, c'était tout ce qu'elle pouvait se dire pour se réconforter. La blonde trouverait de nouveau sa liberté et pourrait en profiter à ce moment. Pour l'instant, elle gardait les marques de l'accident qui lui avait arraché son enfant et devoir voir ce spectacle chaque jour la terrifiait. Quand elle ne pouvait pas rester enfermée chez-elle, elle sortait beaucoup pour se balader, mais ça ne changeait pas réellement quelque chose, soit elle avait peur que ça arrive de nouveau, que ce soit l'idée d'un client de la tuer, soit les endroits lui rappelaient son ex. Elle ne voulait pas compter depuis combien de temps elle se disait chaque jour qu'il fallait oublier cette histoire, mais ça semblait comme tout récent. Chaque soir le même cauchemar la faisait replonger dedans, lui faisait remonter les regrets. Au lieu de se torturer, elle enfilait une longue veste fine qui cachait son attelle et pris la route pour rejoindre une maison. Celui de Jeremy. Il pourrait tout comprendre de ce qu'elle vivait, du moins c'était ce qu'elle espérait. Et même, elle n'allait pas là-bas pour se plaindre et parler, mais plus pour l'entendre et se changer les idées en compagnie d'une personne qu'elle appréciait. À sa porte, elle hésitait, espérant qu’il soit présent plus qu’à être perché dans son bureau dans son club. Après avoir frappé plusieurs fois timidement, son visage venait illuminer ses pensées. « Hey Jeremy. Je peux entrer ? J’en peux plus d’être seule. » Soufflait-elle simplement, en regardant son ami dans les yeux. Elle ne montrait pas un air triste, simplement ennuyer de sa condition. Elle souriait, espérant ne pas recevoir de rejet de sa part parce qu’il était trop occupé.

Le cliquetis de la serrure faisait sourire la blonde, il y avait bien quelqu’un derrière et ça ne pouvait qu’être Jeremy à ses yeux, puisqu’elle n’était pas au courant de s’il avait des colocataires ou non. À ses yeux, un homme comme lui voulait de la tranquillité, de la liberté lorsqu’il passait un pied or de son temple de perversion. Les premières secondes, il n’avait pas l’air ravi, peut-être était-il occupé avec la femme qui accompagnait sa vie depuis quelques temps. Peut-être qu’elle était aussi en retard sur cette histoire. Elle n’en savait rien. Un souffle rieur s’enfuyait d’entre ses lèvres. « Ce n’est pas la première fois que l’ange se frotte au diable. » Il n’y avait pas de sous-entendu, il n’y avait rien entre eux et jusqu’aux dernières nouvelles, elle avait toujours vu Jeremy comme son ami, une personne qui était là pour l’écouter, la rassurer et elle finissait par oublier ses peines en l’écoutant parler. Elle avait toujours été une oreille pour lui, comme il l’était pour elle, bien que les deux ne s’étalaient pas trop. Peut-être parce que Grace était timide ou qu’elle ne voulait pas l’embêter, c’était son problème. Un manque de confiance en soi qui faisait qu’elle pensait que les gens s’ennuyaient dès la première seconde de parole. « Tu étais peut-être occupé, je voulais être sûre. » Si ça avait été le cas, elle aurait pu partir trouver du réconfort dans son chez-soi. Même si c’était ce qu’elle fuyait, elle n’avait envie de voir personne d’autre aujourd’hui que le brun. Elle passait le pas de la porte, zieutant son intérieur avant de se concentrer sur lui. « Je veux bien oui,  un jus d’orange si tu as ça dans ton stock. » Elle riait une nouvelle fois, se demandant qu’est-ce qu’une personne comme lui pouvait bien boire le matin, si son café n’était pas accompagné de rhum, s’il ne s’enfilait pas un shot de vodka avant de partir de chez-lui, le vrai cliché des badboys. Grace hochait la tête, s’installant même si elle n’était pas totalement à son aise. Comme si tout le courage qu’elle avait eut pour venir l’embêter s’était envolé lorsqu’il avait ouvert la porte. Elle se faisait discrète jusqu’à son retour où elle le remerciait avant de prendre entre ses mains son verre. « Oui, je vais bien. » Elle prenait une seconde pour elle, pensant à ce mensonge qu’elle ressortait à chaque fois. « Je me disais que ça serait bien de te voir, tout simplement. Histoire qu’on s’ennuie  à deux. » Une nouvelle fois son rire fuyait avant qu’elle puisse boire une gorgée de sa boisson. « Et toi, ça va ? Tu râlais contre qui quand tu as ouvert ? Parce que si je t’embête de trop, je peux toujours partir, hein ! »