➳ freja's wedding (sujet commun)

Un mariage sologame, c'était à lister sur les choses les plus étranges que j'avais pu lire et voir. Encore faudrait-il que j'arrive sur les lieux à temps. Tout se déroulait dans le casino, endroit où je n'avais jamais mis un pied, pas même pas curiosité et ce manque d'envie de découvrir me guidait à me perdre. Quelques minutes déjà que je tournais en rond, à chercher des personnes habillées en rouge pour me repérer, mais je devais être si en retard qu'ils devaient déjà être en train de fêter la cérémonie. Même si j'avais envie de lui faire plaisir avec ma présence, j'hésitais à abandonner, de toute manière, elle ne se rendrait compte de rien, non ? Je tournais mes yeux vers un type qui hurlait ou plutôt, parlait trop fort à mon goût tout en ayant un air blasé, en m'apercevant que c'était vers moi qu'il se dirigeait. Sa tête me disait quelque chose, mais je n'arrivais pas à poser un nom dessus, peut-être que ça datait de trop loin, que notre conversation n'avait duré qu'une seconde ou plutôt que je l'avais entendu parler. En même temps, il semblait plutôt difficile à louper. « Mh ? » Je finissais par capter la couleur de sa chemise. Ma chance ! Lui était tout aussi perdu que moi ! C'était moins cool, mais au moins, je n'étais pas la seule absente. « Ouais, j'suis aussi là pour Freja mais elle a clairement cachée son truc. » Ou alors j'étais trop aveugle pour voir les indices qui désignaient qu'un mariage avait lieu à tel endroit. Fuck. Si je n'arrivais pas à trouver ce mariage, je finirais par me perdre lors du mariage de mon frère dans le futur. « Eum ... Tu as croisé personne d'autre en rouge ? »

Si elle aimait les mariages ? La question ne se posait même plus. Andeana vivait pour l'amour, voir les résultats qui s'en suivaient. L'union de deux personnes qui n'offraient leurs cœurs qu'à une seule personne et promettaient de ne pas s'abandonner. Avec le temps, elle pouvait confirmer que les mots ne changeaient rien, que promette de ne jamais se quitter n'était que pour faire beau, mais elle ne pouvait pas s'enlever la magie qu'un mariage représentait. La blonde s'était empressée de répondre à son ami, pour rien au monde elle ne voulait louper ça. Elle n'appris qu'un peu plus tard que la mariée allait être seule, pas qu'un homme l'ait abandonné, c'était simplement un concept. Chose qu'elle devrait sans doute voler après tant d'échec, d'hommes qui préféraient aller voir ailleurs ou l'abandonnée parce qu'ils s'ennuyaient avec elle. Même si elle n'était pas une invitée de la mariée, elle avait suivie le dress code pour ne pas faire une mauvaise impression et pour se fondre dans la masse avec sa petite robe rouge échancré dans le dos. Arrivée sur les lieux avec Léo, elle portait son regard dans la même direction que celui de son partenaire. Une personne visiblement en colère, deux femmes qui semblaient lui parler. Est-ce qu'ils faisaient partie des invités ? Elle n'en savait rien, mais finalement sa peur d'être en retard s'en allait. « On peut, oui ! » Intéressant, la vénézuélienne ne pouvait pas le confirmer. En entrant dans cette pièce, elle admirait la robe de la mariée, sans se soucier des tensions qui régnaient dans l'assemblée. Puis ses pupilles virevoltaient vers les autres, avant de remarquer une rousse faire un salut au loin de la tête. Sûrement pas pour elle, parce qu'elle ne la connaissait pas. « La rousse a des vues sur toi, là-bas. » Disait-elle discrètement pour ne se faire remarquer de personne d’autre. Une inconnue qui venait foutre le bordel dans un mariage, c’était une réputation nulle. Puis ils allaient s’installer au fond, en silence. « C’est un peu bizarre l’ambiance, non ? Rassure-moi en me disant dans mes mariages, ce n’était pas pareil, je t'en supplie. » Elle le suppliait du regard avant de retenir un rire.

Elle était là aussi pour Freja, et pendant un instant je me suis dit tiens, une autre qui est du côté de la mariée mais en fait, nous étions forcément tous du même côté. Puisqu’il n’y en avait qu’un. Freja, et c’est tout. Ce serait le free-for-all pour s’asseoir, qui est à droite, qui est à gauche ? Au moins, avec notre retard, la demoiselle et moi n’aurions pas trop l’embarras du choix. « Ouais, j’comprends pas trop, y m’semble que la dernière fois que je suis venu ici, c’était pas si grand. » Mais c’était aussi la soirée d’ouverture et je n’avais pas passé mille ans à explorer, d’autant plus que j’étais plutôt rapidement reparti au bras d’une femme. Adilyn, un de mes seuls coups d’une nuit de toute ma vie. Inoubliable ! Mais ce n’était pas le sujet important de la journée, non, l’objectif était plutôt de ne pas louper l’union de Freja à elle-même, malgré que l’idée soit assez loufoque, je savais que ça lui tenait à cœur pour une certaine raison. À sa question, je secouai la tête. « Non, t’es la première, alors j’t’ai vite sautée dessus. » Je me repris, me grattant la nuque avec un sourire gêné. « Enfin, tu vois ce que je veux dire. Je me suis rué vers toi. » Dis-je dans un langage plus … correct ? C’est alors que je vis un groupe de gens avec des accessoires ou morceaux de vêtements rouges passer du bar à une porte. Ils ne s’y engouffrèrent pas tous en même temps, mais ils se dirigeaient quand même tous au même endroit. « On tente là ? Au pire, on s’ramasse dans un mariage juif et on casse la baraque ! » Proposais-je, à court d’idées, et de temps.

Alors que Ruby passe comme une furie à coté de lui, Alfie n'a pas le temps de dire quoi que ce soit et se contente de hocher la tête pendant qu'elle embrasse sa joue. À coté de lui, il prend plaisir à voir Nevaeh rouler les yeux à chacune des conneries lâchées par Allen et lui. Il aime son trio, ses deux meilleurs amis réunis, ses inséparables avec qui il est parfois capable de perdre dix ans d'âge mental. Il n'y a que August qui manque au tableau pour que cette salle réunisse la plupart de ses personnes préférées. Lorsque Nevaeh fait une réflexion sur le drame qui est en train de se dérouler, Alfie en oublie sa blague et fronce légèrement les sourcils.  « T'sais, si quelqu'un devait se lever pour demander à annuler cette union, j'aurais été moins surpris de voir ton frère le faire. » Mais il n'est même pas certain que Nevaeh l'ait entendu. Elle se faufile déjà entre les rangées pour marcher le plus discrètement possible jusqu'à Woody alors que, clairement, tout le monde peut la voir avec sa couleur de cheveux si flash. Si il y a bien une personne capable de savoir ce qu'il se passe ici, c'est Ruby. Sa reporter, sa gossip girl, Alfie ne serait pas étonnée de la voir mêler à toutes ces histoires.  « Je vais chercher après Ruby, je te parie que Freja est encore en train de la faire courir partout et elle a clairement pas besoin de ça en ce moment, » dit-il à l'intention d'Allen, n'en ajoutant évidemment pas plus. Il est trop tôt pour parler de la condition de Ruby même avec son meilleur ami. Suivant le chemin emprunté par Nevaeh, Alfie se faufile entre les rangées sans prendre la peine de se baisser et marche jusqu'au fond de la pièce. Il voit CJ, Woody, Nevaeh, mais incapable de mettre la main sur sa copine. Il entre dans la pièce d'à coté et enfin il l'aperçoit, accrochée au bras d'une brune (Bessie). Elle n'a pas l'air bien, il a fini par reconnaître cet air décomposé qu'elle a lorsqu'elle est à bout.  « Ruby ? » Pas de réponse. À la place, elle s'écroule au sol et fait s'arrêter le coeur d'Alfie. D'abord pétrifié sur place, il retrouve rapidement ses esprits et s'avance vers elle d'un pas précipité.  « Putain, qu'est-ce qu'il s'est passé ?! » demande-t-il en haussant le ton à l'intention de la brune, soutenant les épaules de Ruby.  « Faut appeler une ambulance, elle peut pas rester ici. Je vais la faire sortir, tant pis pour ce mariage à la con. » Il ne pense pas vraiment ces mots, c'est plus la colère qui parle. Une haine envers cet inconnu qui a pousser Woody à quitter la salle, une haine envers Woody qui a fait courir Ruby dans le but de rendre Freja heureuse.  « Faut toujours que tu sois trop bonne pour les autres, » souffle-t-il à Ruby avant de relever les yeux vers la brune, espérant la voir au téléphone avec l'hôpital.

Je l'avais senti venir depuis l'instant où j'avais pris la parole en public. Ça me faisait toujours peur mais avec la grossesse, tout était décuplé. Il faisait trop chaud dans cette salle qui réunissait trop de monde. Lorsque j'ai vu Woody sortir de la pièce, je n'ai pas hésité à lui courir après. Non pas parce que je tenais à lui mais parce que je savais que ça ferait du mal à Freja s'il s'en allait. Elle l'aimait contrairement à ce qu'elle disait mais elle l'aimait. Sans doute plus que moi d'ailleurs. Mais dans le fond n'aimais-je pas plus Alfie qu'elle ? Je n'en avais aucune idée. On ne peut pas comparer l'amour fraternelle au passionnel. J'étais donc rentrée au bras de Bessie, refoulant une nausée que je portais depuis trop longtemps. Le sol tanguait sous mes pas et être chaussée de talons n'améliorait pas les choses. J'entendis cependant qu'on appelait mon prénom avant de relever la tête. Alfie se tenait en face de moi et même si je voulais me blottir dans ses bras, je n'y parvins pas pour m'écrouler au sol. Je ne perdis pas totalement connaissance si bien que j'entendais tout ce qu'il disait. Je pouvais sentir son être vibrer de rage contre moi. Ses paroles aussi. J'avais fait l'expérience de sa colère et je tentais de me relever avant de me tourner vers Bess'. Appelle pas les urgences, je vais bien. C'est juste un simple vertige. Je déglutis avant de poser une main tremblante sur le visage de mon compagnon. Calme-toi por favor. Je vais bien. On va sortir prendre l'air et ça ira mieux après, d'accord ? Je me blottis contre lui, appréciant la chaleur de ses bras un instant avant d'essayer de me relever sans grand succès. Depuis quand es-tu aussi protecteur mi corazón ? Je finis par m'asseoir avant de regarder Bessie. Bess', je te présente Alfie, Alfie voici Bessie. Inutile de préciser le lien qui m'unissait à Alfie, le fait que je sois encore dans ses bras prouvaient la nature de notre relation.

Alors que tu patientes en attendant qu'Aaron remette de l'ordre dans ses idées et dans sa bible, sans doute fausse, tu scrutes discrètement la salle. Ton regard s'arrête sur CJ et immédiatement, ton sourire s'élargit. Il s'élargit encore un peu lorsque tu repères Allen non loin de toi. Puis, contre toute attente, tu repères Landon et tes yeux s'écarquillent légèrement alors que vos regards se croisent. Tu secoues doucement la tête, lui adressant un sourire satisfait. Tu ne pensais pas qu'il viendrait, lui qui est si... distant avec les autres. Mais pas avec toi, fort heureusement. A tes yeux, c'est une réelle preuve de son attachement à ton égard et ça te touche beaucoup. Tu lui en toucheras sûrement un mot par la suite. Ton regard s'arrête aussi sur Tahlia, ta coloc' de rêve et tu ne peux t'empêcher de lui sourire. Toutes les personnes qui sont chères à tes yeux sont présentes, ou presque. Même Lennox, tu es heureuse de le voir. Malgré tout, il manque la personne la plus chère à tes yeux et ça te brise le coeur de ressentir son absence. Ton supplice ne dure que quelques secondes de plus lorsque Woody rentre par l'arrière de la salle. Son regard croise le tien et tu n'y lis rien. Absolument rien. Tu lui lances un regard assassin pour qu'il comprenne que tu es en colère. Tu lui en veux de t'avoir fait autant de mal le jour de ton anniversaire. Beaucoup. Néanmoins, tu détournes la tête lorsque tu vois Nevaeh à ses côtés, il est entre de bonnes mains. Parce que même si tu lui en veux terriblement, ça reste Woody. Ton Woody. Bref, après quelques secondes de silence, Aaron reprend en mains la cérémonie et fait revenir doucement un sourire sur tes lèvres. Tu n'aurais pu choisir meilleur prêtre et en plus, dans cette tenue, il est vraiment parfait. Il a les mots parfaits, l'attitude parfaite et le timing parfait. Rien de trop long. Rien de trop court, juste ce qu'il faut. Tu ris lorsqu'il crie ton prénom prenant un air faussement terrifié et tu ris encore quand il ponctue ses phrases de "bières". Son mot préféré sur terre, sans aucun doute. Néanmoins, même si tu ris beaucoup, ça ne t'empêche pas de dire "oui" ou encore "oui je le veux" au moment opportun. Aaron a le chic pour détendre un peu l'atmosphère et ça fait du bien. Enfin, vient le moment où tu es mariée à toi-même et à cette pensée, tout ton corps se détend. Cette cérémonie apocalyptique est enfin terminée et tu vas enfin pouvoir te détendre avec une grosse dose d'alcool. C'est tout ce dont tu désires, là tout de suite. Néanmoins, tu remercies Aaron lorsqu'il te félicite et en profite pour faire l'éloge de sa cérémonie. « Tu as été excellent. Merci beaucoup Aaron. » Dis-tu en t'approchant et en le serrant dans tes bras le prenant par surprise. Il n'a pas l'habitude de ce genre de contacts et ça se voit. Mais tu t'en fiches pas mal, il le mérite. Puis, tu te retournes vers Andreas pour le serrer dans tes bras et le remercier du discours qu'il a fait à ton sujet. C'était si beau. Enfin, tu te tournes vers l'assemblée pour l'inviter à quitter cette salle du drame. « Merci à tous d'être venus, ça compte beaucoup pour moi. Et maintenant, pour oublier cette cérémonie complètement dingue... » Tu ris en secouant la tête. « ... je vous invite à aller dans la salle attenante où vous pourrez boire et manger à votre guise. » Tu montres la salle du doigt et attends que les invités s'y engouffrent pour les suivre. A peine dans la salle, tu te diriges vers le bar et commandes un alcool fort, décidant de saluer tes invités après ce verre. Un whisky. Tu en as besoin après tout ce qu'il s'est passé. Tu sors l'écrin que tu avais caché sous ta robe pour regarder une nouvelle fois la bague que Wolf t'a donnée. C'est complètement dingue. Comme lui, comme toi, comme vous. Tu devras discuter avec lui de tout ça mais pas aujourd'hui. Là, tu veux juste danser et oublier que tu as désormais une année de plus et que cette année, tu la passeras seule. Comme toutes les précédentes.

Evidemment qu'Andeana aimait les mariages, la question de Léo était stupide, elle avait été assez folle pour se marier trois fois, ou quatre, il ne savait plus bien. Lui-même avait été témoin d'une de ses unions, pas la plus fameuse mais il n'en parlerait pas, cette simple idée le contrariait assez. Elle était superbe aujourd'hui dans cette robe rouge, il pouvait se targuer d'avoir l'une des plus jolies filles de Bowen à son bras et il n'en était pas peu fier. Une fois à l'intérieur ils tentèrent de se faire les plus discrets possible pour se fondre dans la masse comme s'ils n'avaient pas tant de retard que ça et pour ne pas déranger l'assemblée qui semblait déjà assez déconcertée, clairement les gens attendaient que quelque chose se passe. Woody était revenu, aux côtés de Freja, il faudrait sûrement qu'ils se voient ce soir, Léo n'aimait pas vraiment voir son ami dans un état pareil, même s'il était loin de se douter de la raison de son malaise. Il remarqua également Ruby et la salua d'un petit hochement de tête avant de sourire à Andeana. Cette rousse m'a sauvé la mise une fois, John s'était fait la malle dans un centre commercial et elle s'en est occupé. Ce qui fait de moi un père indigne et d'elle mon héroïne pour un moment ! Cet épisode n'était pas fameux mais ce fut une jolie rencontre. Ils réussirent à trouver une place sur un bout de banc et s'y installèrent. Léo faillit pouffer de rire à la réflexion de la blonde, ce qui aurait fait encore plus mauvais genre alors il se retint de justesse. Tes mariages étaient somptueux. J'ai à chaque fois adoré le fait que tu prévois une quantité colossale de champagne. En d'autres termes, il ne s'en souvenait pas vraiment. Mais oui, c'est carrément bizarre. Je pensais que ça serait un truc un peu fun, là j'ai l'impression d'assister à un enterrement. Et au moment où il finissait sa phrase, le gars déguisé en prêtre, celui qui semblait officier à cette cérémonie, pris la parole. Enfin l'atmosphère sembla se détendre et retrouver un peu de joie. Ce mec était drôle, heureusement ! Et grâce à lui tout pu se terminer sur une bonne note, le fameux happy ending ou les mariés se disent oui et s'embrassent, enfin presque, dans ce cas. Toujours est-il qu'ils allaient pouvoir fêter ça et c'était bien là le principal. Freja y alla de son petit discours, clairement, Léo et Andeana avaient loupé le plus croustillant. Et ils suivirent le groupe qui se dirigea vers le casino privatisé pour l'événement. Tu veux un verre ? Ils avançaient déjà vers le bar.

Les paroles de Ruby lui résonnaient encore entre les deux oreilles alors qu’il allait prendre place au banc le plus reculé de la salle. Son regard avec croisé celui de Freja, et jamais, jamais dans toute leur amitié, ne lui avait-elle adressé un regard aussi sombre, aussi noir. Ne comprenait-elle donc pas ? Ne voyait-elle pas enfin en lui ? Ne saisissait-elle pas que de la voir se marier à un autre aurait été tout aussi pénible pour lui que pour elle de ne pas l’avoir à ses côtés à ce moment ? Et il était égoïste, Woody, ce n’était plus une surprise pour personne, alors bien sûr qu’il avait choisi de se protéger lui plutôt qu’elle. Il avait beau dire qu’il ferait tout pour Freja, Woody, peut-être n’était-il pas encore prêt à souffrir autant pourtant. C’est l’arrivée de sa sœur Nevaeh qui lui fit détourner le regard, et il esquissa un faible sourire face au sien qui déchirait presque son visage. Comment faisait-elle, sa sœur, pour garder la tête haute même dans les plus grandes tempêtes ? Il aurait aimé avoir sa force, son courage, sa résilience. Leurs mains se serrèrent, Woody y entrelaça ses doigts au sien, et appuya sa tête contre celle de sa sœur. « Don’t you dare say something. » Il ferma les yeux un moment, préférant n’entendre que les paroles du prêtre plutôt que de voir tous les regards fixés sur Freja qui se choisissait elle-même, peu importe tous les autres qui l’auraient désirée. C’aurait dû être beau, significatif, il aurait dû être fier d’elle, Woody. Mais il en était incapable. Parce qu’à quelque part, au fond de lui, elle aurait préféré qu’elle le choisisse lui, à la place. Sauf qu’il ne lui avait jamais laissé la chance d’avoir ce choix. Il ne lui avait jamais dit qu’elle l’avait, ce choix. Il n’était pas certain qu’elle l’ait, de toute façon. Il soupira, doucement, aux paroles de cet homme qui la condamnait à rejeter toutes les personnes qui voudraient être en couple avec elle, qui la condamnait presque à renoncer à l’amour pour toujours, elle qui l’attendait pourtant depuis si longtemps. La cérémonie se termina sur l’accord de Freja à toutes ces conneries, et Woody serra la main de sa sœur dans la sienne, comme pour évacuer toute la souffrance qui le paralysait avant son temps. La mariée se tourna vers tous ses invités pour les convier à rejoindre la salle privée attenante à celle-ci, afin de continuer les festivités. Il regarda sa sœur en se levant en même temps qu’elle. « Avant qu’tu dises quoi que ce soit : Je sais. Je sais que j’dois aller lui parler. … Mais j’saurais pas quoi lui dire. » Il secoua doucement la tête, impuissant.  

Tu es plongée sur cet écrin que tu tiens en main lorsque tu perçois la voix de ton meilleur ami, Andreas. Rapidement, tu le ranges en dessous de ta robe, te promettant de la mettre ailleurs une fois que tu auras mis ta seconde robe, celle pour la soirée. Alors qu'Andy attrape ton verre, tu protestes avec un léger sourire aux lèvres : « C'est pas bien de voler le verre de la mariée ! » Tu secoues la tête lorsqu'il te demande si personne ne l'a vu, tu ne vois pas Lennox à l'horizon et c'est tout ce qui compte. C'est surtout de lui dont parle Andreas. Tu hausses les sourcils et soupires en entendant le jeune norvégien parler de cette cérémonie. Un truc de fou, oui. Tu n'aurais jamais pensé qu'elle prendrait une tournure comme celle-là. Jamais. Tu avais bien eu une histoire avec Wolf mais tu ne savais pas qu'il y avait toujours ce petit "plus" entre vous. Tu l'avais senti, en l'embrassant mais est-ce que c'était plus qu'une attirance ? Tu n'en savais rien. Jusqu'ici, tu ne t'étais jamais posée la question, bien trop aveuglée par ton amour pour Woody. « Merci... Oui quelle soirée ! Ton cousin est aussi fou que toi. » Rétorques-tu en adressant un clin d'oeil à ton meilleur ami. « Je lui ai dit que ce ne serait pas juste pour lui d'accepter dans ces conditions. Pas alors que ça aurait été un mariage précipité, pas alors que j'aime... tu sais qui. » Comme si tu ne pouvais pas prononcer son prénom tout haut. Et puis, tu n'as pas envie que quelqu'un d'autre entende. Tu ne veux pas être cette fille pitoyable, amoureuse de son meilleur ami à sens unique. « Mais je lui ai dit qu'on verrait à l'extérieur. J'pense qu'on va prévoir un rencard ou un truc de ce genre. Moi à un rencard ! » Ajoutes-tu en riant légèrement. Même si Woody avait quitté la cérémonie, tu restais persuadée qu'il ne t'aimerait jamais comme toi tu l'aimes. Alors, peut-être étais-tu prête pour passer à autre chose ? Du moins essayer ? Et si ça devait être avec quelqu'un, Wolf était sans aucun doute la meilleure personne pour ça.

Tu partageais avec Andreas tout ce qui te concernait et ce verre en faisait définitivement partie. Tu étais prête à tout partager, à tout lui donner, à tout lui offrir. Andy était sans aucun doute une des personnes que tu aimais le plus au monde. Tu lui avais répété sans cesse même s'il en doutait encore aujourd'hui. « Oui il faudra que je pense à le remercier d'être venu. C'est vraiment gentil de sa part. » Réponds-tu sincèrement. Tu sais que ça comptait beaucoup pour Andy alors ça comptait forcément pour toi. Et puis, après votre discussion de l'autre soir, tu avais décidé d'être plus attentive au petit-ami de ton meilleur ami. « J'sais pas trop s'il était conscient qu'il allait le faire, tu sais. » Il y avait bien la bague mais tu étais persuadée que le timing n'était pas le bon. « Bien sûr, tu me prends pour qui. » Dis-tu en prenant un air faussement vexé. « Je l'aime trop pour me moquer de lui. D'autant plus qu'il a été un des seuls hommes dans ma vie à affronter ses sentiments devant tout le monde. C'est pas rien. Ça compte. » Oui ça comptait même énormément à tes yeux. Tu ris lorsqu'Andy demande si tu as couché avec tous les hommes présents à ton mariage. Une bonne partie, en tout cas. Mais ce n'était pas ta faute si tu gardais toujours un bon contact avec tes exs. « Pas tous ! Mais je te rassure, tu restes le meilleur à mes yeux. » Réponds-tu pour taquiner Andreas avant d'apercevoir Lennox un peu plus loin, le regard braqué sur vous. Oh merde...

Il avait fait acte de présence, Lennox. Il était venu pour Andreas, et aussi pour Freja, la meilleure amie du norvégien. Maintenant, toutefois, que la cérémonie était terminée et que les invités se préparaient à aller fêter jusqu’à très tard sans doute, le notaire remis en question la nécessité de sa présence. D’autant plus qu’Andreas était allé rejoindre le belle et nouvelle mariée au bar. Il était resté un moment dans la salle de la cérémonie, les mains dans les poches, à dévisager les gens autour de lui. Il aurait bien été saluer Léo, son ancien voisin, mais il était en compagnie d'Andeana et même s'il les connaissait bien tous les deux, il se voyait mal aller les déranger. Il ne les connaissait pas ensemble. Il y avait Wolf, le cousin d’Andreas, mais après la scène qu’il venait de faire, Lennox éprouvait un certain malaise à aller le voir. Surtout qu’ils ne se connaissaient pas vraiment, et que Lennox ignorait ce qu’il pensait de lui. Alors il resta là, un moment, avant de finalement traverser jusqu’à l’autre salle et se rapprocher d’Andreas. Un peu comme un chien incapable de rester trop longtemps loin de son maître. C’était malsain, oui, que Lennox s’accroche autant à lui. Au pire, il ne ferait que lui dire qu’il rentrait à la maison, qu’il le laissait profiter avec ses amis. Sauf qu’à quelques mètres de Freja et Andreas à peine, il surprit une conversation des plus … surprenantes. Andreas figurait donc parmi la liste des partenaires sexuels de Freja ? Ce même Andreas que Lennox n’avait toujours connu que comme pleinement homosexuel. Ce même Andreas qui, malgré sa proximité avec Freja, avait toujours parlé d’elle que comme une amie, une meilleure amie. Le regard de Freja se posa sur Lennox et elle se figea, bien consciente de l’échange qui venait de se faire. Et de l’explosion en Lennox, même si son visage demeurait impassible. Il s’avança jusqu’à elle, sentant tout son corps se mettre au garde-à-vous. « C’était une cérémonie bien particulière, mais réussie, Freja. Félicitations à toi. » Il esquissa un faible sourire, peu convaincu de ses propres paroles, et se tourna vers Andreas, distant. « Je vais rentrer, je crois. Amuse-toi bien. » Et ces trois derniers mots laissaient sous-entendre bien plus, d’un ton presque sarcastique, comme si la confiance s’était tout d’un coup évanouie.