In the embers +Eilson

Jackson, vous allez mieux. Je ne dis pas que vous n'avez plus besoin de moi, mais vous allez bien. Il se souvenait encore des mots de sa psy et, comme un con, ils le faisaient sourire. Il ne s'en ventait pas mais depuis sa dernière cure de désintox, Monroe était suivi par une psychologue, il avait vu tout un tas de médecins, des psychiatres, des addictologues, même un acupuncteur qui n'avait fait que pomper son fric en plus de lui faire mal. Mais celle qui le suivait depuis le départ et encore aujourd'hui ne lui délivrait aucun médicament, généralement elle respectait ses silences parce qu'il n'était pas le patient le plus bavard, elle l'avait bousculé plus d'une fois avec un franc parlé qui lui convenait parfaitement, si au départ il avait détesté ses séances avec cette femme, aujourd'hui il savait qu'elles lui étaient bénéfiques. Depuis qu'il avait décidé de se reprendre en main, voilà presque trois ans, Jackson avait connu des hauts et des bas mais depuis quelques mois il allait beaucoup mieux. Il ne fumait quasiment plus d'herbe et le manque se faisait bien moins présent au quotidien. C'était déstabilisant, pour celui qui s'était drogué presque la moitié de sa vie, de se sentir bien sans ses chimères. Mais il aimait ça. S'il allait mieux c'était aussi en grande partie parce que Tamsin était revenu, qu'elle était présente dans sa vie et que cette présence lui faisait du bien, il sentait peu à peu tout son corps se réveiller comme d'un profond sommeil, engourdi, douloureux, mais vivant et bien plus fort qu'avant. Lui qui  n'était pas du tout sportif s'était rendu dans un magasin de sport pour la première fois de sa vie la veille, il avait acheté un short et des baskets. Et ce matin il était sur la plage pour courir, aux aurores, avant que le soleil ne soit au plus haut, avant que la foule investisse le banc de sable. Au bout de seulement dix minutes il avait déjà craché ses poumons et cru mourir au moins trois fois. Il avait pensé abandonner dès le départ mais se souvenait des mots de sa psy qui le motivaient, vous allez bien. Elle lui avait aussi conseillé de pratiquer une activité qui le stimulerait et changerait de ses pinceaux, alors il avait choisi le footing, c’était sûrement le plus simple, enfin en théorie. Il marchait tranquillement au bord de l'eau histoire de récupérer un peu avant de reprendre une foulée. Quelques mètres devant lui il remarqua une silhouette féminine, de belles jambes, une chevelure blonde attachée qui se balançait au rythme de se sa course, elle était de dos mais la vision était agréable, presque encourageante. Jax se remit à courir pour arriver rapidement à la hauteur de l'inconnue. Qui n'était pas vraiment une inconnue... Eilynn ? Avait-il soufflé, hors d'haleine. Surpris, presque irrité qu'elle le voit dans un état pareil, irrité de la voir, tout simplement.

Il y avait des présences rassurantes, douces et bienfaitrices, de celles qui vous faisaient avancer, vous sentir bien. Et puis il y en avait d'autres. Eilynn faisait partie des autres... Non pas qu'elle soit mauvaise en soi, à une période elle avait d'ailleurs bien aidé Jax, à sa façon, sauvage et rentre dedans, elle avait contribué à ce qu'il se bouge, à ce qu'il sorte. Elle lui avait redonné confiance en son pouvoir de séduction en lui prouvant qu'il était parfaitement capable de rendre folle une fille pourtant inaccessible en plus d'insupportable. Mais exaspérante elle l'était et à chaque fois qu'ils en avaient fini Jax était soulagé de voir qu'elle s'attardait pas auprès de lui, qu'elle filait sans demander son reste. Ils avaient les mêmes attentes à cette époque, ils se servaient l'un de l'autre et puis redevenaient eux-mêmes, détestables. Depuis elle avait un mec, elle s'était rangée, aussi étrange que ce soit, lui n'imaginait pas une fille comme elle en couple, mais il fallait croire que les gens changeaient et peut-être qu'avec ce mec là elle n'était pas aussi odieuse, il le lui souhaitait, au pauvre bougre, malgré leur rencontre houleuse. Bref, ils ne se voyaient plus, Eilynn et Jackson, c'était certainement mieux. Lui essayait de mener sa barque comme il pouvait, il allait mieux, je l'ai déjà dit, il tentait de faire les choses bien avec Tamsin, au moins cette fois, pour qu'elle reste, il essayait de se montrer à la hauteur de celle qu'il mettait sur un piédestal depuis si longtemps. Dans tous les cas elle ne lui manquait pas, la croupière à la langue bien pendue,  pas du tout. C'était pourtant drôle qu'ils se retrouvent là, sur cette plage, la vie était curieuse parfois. Elle semblait fraîche comme une rose, il ne pouvait pas lui enlever ça, même dans sa tenue de joggeuse, même en plein effort elle restait belle, toujours attirante, alors que lui trimait comme un dingue pour tenter de garder la face. T'en as un peu en stock ? Il n'allait pas mentir, elle voyait bien qu'il souffrait. Il n'était pas du genre à se la jouer, s'il était mauvais quelque part il savait le reconnaître et clairement, la course ça n'était pas son fort. J'suis jamais contre un peu de bouche à bouche. Il notait tout de même le beau gosse, c'était toujours mieux que raclure, elle était de bonne humeur, quelle chance. Ça se saurait si j'avais un cœur. Enfin tu connais ça toi aussi. S'il insinuait qu'elle n'en avait pas également, il le pensait réellement, elle était faite de glace, il avait appris à la connaître, seule ses doigts avaient raison d'elle, mais jamais pour très longtemps, ses mots acérés finissaient toujours par revenir et le griffer. Il s'arrêta, incapable de suivre le rythme de la blonde, mains sur les genoux il respirait comme il pouvait. J'abandonne, j'finirais par te ralentir, puis c'est pas comme si on était heureux de se revoir alors... Il ne termina pas sa phrase, son souffle lui manquait. Il avait l'air con devant elle.

La blonde avait de la répartie, elle n’en manquait pas et le prouvait une nouvelle fois aujourd’hui sur cette plage. En la regardant Jackson se fit la réflexion qu’il ne l’avait jamais vraiment vue à la lumière du jour, ils préféraient se cacher, s’entourer de l’obscurité pour mieux laisser libre court à leur désir, c’est comme ça qu’ils avaient fonctionné durant les quelques mois qu’avait duré leur relation malsaine. Pourtant dans le soleil matinal il la trouva vraiment belle, pleine de classe malgré sa tenue de sportive et ses mots désagréables. A se demander comment une fille pareil avait pu s’égarer avec un gars aussi paumé que lui. Ce matin lui devait juste avoir l’air d’un déchet, un déchet rouge pivoine. Ou d’un fou, avec ses cheveux en bataille et son air ahuri. Enfin il devait faire peine à voir, dans tous les cas. D’ailleurs Eilynn ne se cachait pas pour se moquer de lui, il le méritait bien en même temps. Si elle lui disait ne pas avoir de bouteille d’oxygène ne manqua pas de réclamer du bouche à bouche, il ne perdait pas le nord, même en manquant d’air. Il savait bien qu’elle ne se priverait pas pour le railler davantage, comme s’il cherchait à ce qu’elle le renvoie promener. En même temps il n’attendait rien d’elle aujourd’hui et c’était bien plus simple d’être piquant avec elle que d’être simplement normal, les échanges de banalités, ils ne connaissaient pas tous les deux. Un coca… Il roula des yeux avec l’air dégoutté, il n’aimait pas ça. Je demandais juste un peu d’aide, c’est pas de ma faute si tu as les idées mal placées. Il tenta un sourire qui ressemblait plus à une grimace sous l’effet de la douleur. Il souffla, haussant les épaule. J’t’ai dis que je n’en avais pas, ne t’en fais pas pour mon cœur, ma jolie. Quoi qu’au fond il avait bien un cœur, même s’il ne le montrait pas, celui-ci battait d’ailleurs de battements neufs depuis qu’il avait retrouvé la douceur des bras de sa muse. Ca Eilynn l’ignorait et il comptait bien le lui cacher jalousement, Jax n’avait aucune envie qu’elle se moque de son bonheur tout neuf et encore si fragile. Il tenta de garder le rythme encore quelques foulées avant d’abandonner, recroquevillé pour lui-même il ne pouvait plus suivre que la cadence imposait à son corps encore trop rouillé. Elle avait raison, l’alcool, la clope, la drogue même si ça elle n’en savait rien, le manque chronique de sommeil, les excès qu’il s’était imposé depuis des années et qu’il payait aujourd’hui, son corps disait stop, le clouant sur place il allait étouffer et une pointe de côté réveilla une douleur vive sur son flanc droit, il était pitoyable. Et même s’il tenait la distance lors de corps à corps intimes cet exercice là était bien différent. Incapable de répondre, l’artiste laissa la blonde continuer sa course, c’était bien mieux ainsi, qu’elle parte de toute façon ils n’avaient rien à se dire, Jackson allait rentrer chez lui, ou bien crever sur place, se laissant emporter par les vagues lorsque la marée remonterait, ce serait une mort acceptable pour celui qui avait toujours rêvé disparaître sans bruit, sans panache. Il baissa la tête, toujours les mains sur ses genoux, essayant de retrouver un peu de souffle quand il entendit à nouveau sa voix qui lui donnait des conseils. Est-ce qu’elle cherchait à l’aider ? Il la regarda en biais, haletant, alors qu’elle lui montrait la marche à suivre. La blonde vint alors se placer derrière lui, l’aidant à se redresser, il respirait déjà un peu mieux une fois sa cage thoracique dégagée. Il arqua un sourcil alors qu’elle lui demanda de ne rien imaginer et lui offrit l’un des rictus dont seul lui avait le secret, cette sorte de demi sourire presque moqueur. Difficile de ne rien imaginer avec tes mains sur moi… Pourtant en vérité, à ce moment précis il sentait juste le bien que ça lui faisait de sentir à nouveau de l’air dans ses poumons, mais c’était plus fort que lui, même aux portes de la mort il la provoquerait jusqu’au bout. Il est en condition pourtant, j’te l’ai déjà prouvé. Enfin depuis qu’on ne fait plus notre sport ensemble rien ne va plus, tu vois. J’devrais peut-être demander à ton mec de te prêter un peu, on est potes maintenant après tout, et puis ce serait pour la bonne cause. Il haussa les sourcils, certain que cette fois-ci il était allé trop loin, elle n’allait pas le louper. C’était gonflé, elle était revenu pour l’aider, elle avait été sympa, pour une fois, la première fois en vérité. Mais lui ne pouvait s’empêcher de la pousser toujours plus, c’était plus fort que lui, parce que s’il n’avait plus l’avantage physiquement, il avait toujours les mots qui savaient la faire exploser.

Comment elle avait pu craquer pour un mec comme lui, c’était là toute la question ! Jackson aurait bien tablé sur un moment de faiblesse, ça arrivait même aux meilleurs. Le truc c’est que des moments de faiblesse, elle en avait eu quelques uns. Alors peut-être fallait-il simplement se rendre à l’évidence, il était attirant et il avait quelques talents capables de retenir l’attention même d’une fille comme Eilynn, il savait qu’il avait ses yeux comme premier atout, ses yeux trop bleus, captivants, comme on lui avait déjà dit. Il n’en savait rien, lui, il ne passait pas des heures à se regarder dans une glace à travailler son regard charmeur, mais il savait qu’il n’était pas mauvais pour ça, c’était un fait, point final. Et puis il y avait sûrement autre chose, enfin tous les deux ils avaient eu quelque chose, un besoin quasi bestial de se jeter l’un sur l’autre, aussi bêtement que ça. Est-ce que la blonde le regrettait à présent, probablement, savoir qu’elle avait celui qu’elle qualifiait librement d’artiste raté dans son tableau de chasse ça devait faire tâche, mais elle devrait s’y faire, même son mec était au courant, voir tout Bowen, si on lisait le blog de ces commères de Writers. Jackson lui ne regrettait pas, il n’était pas du genre à se poser ce genre de question, c’était fait, ils avaient eu un truc, ça leur avait fait du bien le temps que ça avait duré, il n’allait pas en rougir ou chercher à oublier, au contraire, il s’amusait même à embêter Eilynn avec ça, parce qu’il savait que ça avait le don de la mettre en rogne. Un ma jolie ça fait toujours plaisir, enfin quand on est une fille normalement constituée. Il roula des yeux. Crachant ses poumons alors que la belle était déjà parti, il se demandait bien comment il allait pouvoir rentrer chez lui dans un état pareil, c’était malin, de vouloir jouer au sportif alors qu’il n’avait pas ça dans le sang. Pourtant, à sa grande surprise, elle revint pour l’aider, un ultime moment de faiblesse qui prouvait à notre homme que sous ses airs de garce, Eilynn n’était pas si mauvaise que ça. Pourtant lui ne pouvait s’empêcher de la chercher et sa réponse ne se fit pas attendre, claquante, elle n’était pas revenue pour être tendre ni pour s’amuser. Ce qui avait pour don de pousser Jax dans son petit jeu, de le rendre encore plus grinçant, il lui rappela combien il avait pu se monter à la hauteur et combien, à une époque, il ne manquait jamais de souffle quand il s’agissait de la faire gémir. Il poussa le vice jusqu’à ramener Jeff dans la discussion. Ni une ni deux, elle ne chercha plus à répondre quoi que ce soit par les mots, ce fut un geste qui partit sans que l’artiste ne s’y attende, il sentit sa main le gifler sèchement et il n’en fallu pas plus pour que son corps déjà vacillant ne s’écroule sur le sable. Il resta interdit un instant, à la fixer sans vraiment la regarder. Ce fut sa voix qui sortit Jackson de sa torpeur. Elle ne le loupait pas à son tour, pensant que s’il était aussi con avec elle c’était parce qu’il était frustré, si seulement, ça lui donnerait une vraie raison. Mais même pas, il était même plutôt comblé en ce moment, par une Tamsin des plus douces. En vérité il n’avait aucune raison d’être comme il l’était avec Eilynn, il était juste con, gratuitement. Elle avait raison, autant qu’elle reprenne sa course, il s’en sortirait bien avec son souffle et tous les deux n’avaient pas grand chose à faire ensemble, quand ils ne se sautaient pas l’un sur l’autre ils étaient seulement capable de s’arracher les yeux et ça n’avait rien de plaisant à la fin. Il ne répondit rien alors, il en avait déjà trop dit. Elle restait là à le fixer avec rage et lui ne lâchait pas son regard, elle allait bien finir par partir. Mais cette journée semblait s’acharner sur eux parce que sans prévenir une vague un peu plus violente que les autres vint s’abattre sur eux, poussant Eilynn sur Jackson, les laissant tous les deux détrempés. Le brun mit un petit temps avant de reprendre ses esprits à nouveau, il avait horreur de l’eau, de l’océan, il ne se baignait jamais et là il avait du sel et du sable partout, c’était bien sa veine. Il grimaça alors que la blonde se reprenait elle aussi. Faut croire qu’on nous envoie des signes là ! Ou alors tu as profité de cette vague pour te jeter sur moi. Il soupira doucement. Ecoute, j’ai été con t’as raison, j’avais pas à parler de ton mec comme ça. J’suis pas cet homme frustré et incapable de se tenir que tu crois que j’suis. Il passa la main dans ses cheveux histoire de virer les gouttes qui coulaient sur son visage.

Jackson avait horreur de l’eau, ça ne datait pas d’hier, il avait toujours eu une aversion pour cet élément. Ne lui parlez pas d’aller à la piscine ou même de prendre un bain, il détestait ça et vénérait presque l’inventeur de la douche juste pour ne pas avoir à se plonger quotidiennement dans une étendue d’eau. Et concernant l’océan c’était encore autre chose. Il avait presque peur de son immensité, se sentant si petit et insignifiant face à lui. C’était presque un comble pour celui qui avait pourtant toujours vécu en bord de mer, que ce soit face au Pacifique à Los Angeles ou à la mer de Corail ici à Bowen. Sa vie avait toujours été bordée d’eau et pourtant lui faisait tout pour ne pas fréquenter les rivages. Il ne se baignait jamais, ne passait même pas de temps sur le sable. Ce matin faisait totalement exception à la règle mais il confirmait bien que moins il passait de temps près de l’eau, mieux il se portait, de même pour l’activité sportive, à priori. On ne l’y reprendrait pas avant longtemps, à courir sur le sable comme un athlète de bas étage, soyez en sur. Surtout si c’était pour y croiser Eilynn et s’en prendre plein la figure, autant rester chez lui, il s’en porterait tout aussi bien. Pourtant la mer, farceuse et imprévisible, leur réserva son ultime surprise. Les vagues qui étaient jusqu’à présent bien calmes et sans danger, s’étaient mises à rouler de plus en plus vite, de plus en plus fort et ce fut sans crier gare, ou surtout parce qu’ils n’y faisaient pas attention, que les deux amants se retrouvèrent leurs victimes, projetés sur le sable, l’un sur l’autre, détrempés de la tête aux pieds. Beaucoup auraient ri de cette farce des éléments, mais pas Jackson qui redoutait d’être mouillé. Il sentait le sel et le sable jusque dans sa bouche, pire qu’un chat surpris par la pluie, il pestait intérieurement et ça se voyait sur son visage. Il tenta malgré tout de garder bonne figure face à la blonde qui semblait tout autant à bout que lui en raillant cette proximité qui avait encore une fois fait que leurs corps se touchent et que leurs lèvres ne se frôlent. A une époque il n’aurait pas fallu beaucoup plus que ça pour qu’ils ne s’embrasent et s’arrachent mutuellement leurs vêtements, le fait de se retrouver à la probable vue de tous ne les aurait pas freiné et ils auraient pu s’étreindre là à la merci des vagues. Mais cette époque était révolue et ne restait que leur animosité mutuelle qui faisait barrière à toute attirance. C’qui te retient c’est peut-être l’envie furieuse de… Mais il s’arrêta là, il en avait soudainement marre de provoquer Eilynn sans cesse. Il savait qu’elle avait suffisamment de répartie pour ne pas se laisser faire et que s’il a poussait trop à bout elle pouvait en venir aux mains, elle le lui avait déjà fait la démonstration. Et il se lassait, de cette guéguerre puérile entre eux. Alors il n’alla pas jusqu’au bout de sa phrase et soupira plutôt pour finir par s’excuser d’une façon qui sembla la surprendre. La blonde chercha même où était le piège, c’était tellement inattendu il fallait bien le dire. Mais il n’y avait aucun vice derrière ces quelques mots, Jax était capable de s’excuser, à sa manière, sans vraiment le dire, il était capable de reconnaître que souvent il allait trop loin et que parfois il devrait s’abstenir. C’était rare, mais ça arrivait. Il secoua la tête avec un rictus au coin des lèvres. Pas de coup poignard ma jolie, j’t’en ai assez mis sur la gueule pour aujourd’hui je crois. Profites-en, c’est juste une accalmie. Il se leva, ses vêtements lui collaient au corps, moulant encore plus ses formes et laissant entrevoir cette musculature qu’elle connaissait déjà. Loin de vouloir jouer l'Apollon, au contraire il détestait cette sensation. Et ce sable qui le démangeait de partout. Il avisa les vagues et se fit une raison, la seule solution pour tout retirer serait de plonger à l’eau. Il regarda Eilynn qui galérait elle aussi. T’as du sable jusque dans les cheveux. Viens, on se jette à l’eau. Il retirait déjà ses vêtements, sans aucune pudeur, ce n’était pas la première fois qu’il se déshabillait devant elle après tout, gardant son caleçon simplement parce qu’ils étaient sur un lieu public et que la plage n’était pas nudiste. Enfin toi tu fais c’que tu veux, mais moi j’y vais. Et sans l’attendre, il pris son courage à deux mains et affronta l’eau qui l’effrayait tant.

Jackson et sa trouille de l'eau, un grand gaillard comme lui qui avait la frousse lorsqu'une vague venait le faire chavirer, pire qu'un gosse de quatre ans, c'était risible, il en était conscient. Mais il ne contrôlait pas tout, surtout pas ses peurs, lui qui était le roi pour se faire manger par ses angoisses, la preuve il s'était drogué jusqu'à l'os pour tenter d'oublier cette vie qui l'effrayait depuis toujours. Alors qu'on le laisse râler contre l'océan, il n'en avait rien à faire de l'avis des autres et surtout de celui de la blonde qui devait se croire au spectacle, à se moquer de lui de cette façon. Ce n'était pas la première fois qu'Eilynn mettait Jackson en boite, c'était même son activité favorite lorsqu'elle ne se jetait pas sur lui. Non je n'aime pas l'eau, c'est un problème ? Avoir l'impression qu'une poutre m'est tombé sur la tête puis d'être aspiré dans un vortex, ça n'a rien d'agréable. Il râlait, de mauvais poil jusqu'au bout, avec sa mine renfrognée, il en faisait des tonnes. Ouais, t'aurais dû me jeter à l'eau plutôt que me plaquer contre un mur mais ça ne t'aurais sûrement pas fait le même effet. Il secouait les bras, en vain pour tenter de chasser l'eau qui le détrempait. Et ses chaussures qui semblaient peser une tonne. Plus il observait son était pitoyable plus il se disait que la meilleure solution serait de quitter ses vêtements et de plonger dans l'eau salée, quitte à être trempé... même si ce ne serait pas de gaieté de cœur. Bref, clairement, si la croupière l'avait jeté à l'eau lors de leur première rencontre il n'en serait pas là aujourd'hui, à se chamailler avec elle, simplement parce qu'ils n'auraient jamais succombé à la tentation de coucher avec l'autre, lui serait juste parti bouder dans son coin en pestant contre elle. Il finit par se faire à l'idée qu'il allait devoir plonger et proposa alors à Eilynn de l'accompagner dans l'eau. Honnêtement il ne le sentait pas de faire ça seul mais il était bien trop fier pour lui avouer qu'il avait la frousse et qu'il avait besoin qu'elle le tienne par la main comme un gamin, fallait pas pousser. Alors il faisait le brave, en retirant ses vêtements comme quelqu'un de décidé alors qu'elle semblait encore hésiter. Ouais, on plonge, on se débarrasse du sable quoi. Ne me regarde pas avec ces yeux de merlan frit. Mais c'était plutôt un regard presque ampli de désir pour ce corps qu'elle avait aimé faire souffrir qu'il découvrit en regardant la blonde. Il se retint de commenter mais ne pu retenir un sourire en coin qui se dessinait sur ses lèvre. Même soit disait heureuse en couple elle ne pouvait s'empêcher de regarder le menu... Arrête de baver, Eilynn, allez, retire tes fringues, t'as l'air d'un chien mouillé. Il l'encourageait tout en se délestant de ses derniers vêtements puis il se jeta à l'eau sans l'attendre. Espérant qu'elle le rejoigne pour qu'il ne soit pas seul dans l'eau. Si, carrément, je fais de la télékinésie, tu ne savais pas ? Il arqua un sourcil, narquois. Enfin c'était juste pour le plaisir de te voir presque nue, tu me connais. Il tentait d'être léger tout en restant un tantinet graveleux, tout ça pour oublier qu'il nageait dans la mer qui l'effrayant tant. La blonde ne se fit pas prier pour riposter en lui envoyant une gerbe d'eau. Il cria puis grimaça. Merde ! J'préfère quand tu me gifles je crois. Mais il l'éclaboussa à son tour, à grandes eaux. Et ne put s'empêcher de rire, ils avaient finalement tout l'air de deux ados qui jouaient dans l'eau, la plage pour eux comme seuls au monde. Personne à se moment là ne pourrait se douter qu'ils se détestaient presque ces deux là.

J’ai pas peur de l’eau, c’est juste que je n’aime pas ça ! Mensonge ! Jackson avait la frousse, vraiment, mais plutôt mourir que le dire à Eilynn, il avait sa fierté et il ne comptait pas se démonter devant la blonde qui lui tenait tête. Mais elle avait raison, il ne savait pas vraiment ce qu’il voulait, il disait ne pas supporter les vagues et puis finalement il voulait y plonger. J’ai du sable partout. C’est insupportable. Cette fois-ci c’était la vérité, s’ils n’avaient pas manqué de se noyer jamais il n’aurait songé à affronter sa peur, il serait resté loin du rivage et croyez bien que cette expérience allait le vacciner pour longtemps de l’envie de refaire un footing sur la plage. Commençant à retirer ses vêtements il ne manqua pas d'apostropher la blonde qui ne loupait rien du spectacle. Visiblement son charme fonctionnait encore bien sur son ancienne maîtresse, c’était toujours agréable à constater. Son sourcil toujours levé, il l’observait, un rictus aux coins des lèvres. Même détrempée elle était toujours aussi féline. Sûrement que s’ils étaient toujours célibataire l’un et l’autre ils auraient profité de cette situation pour se jeter l’un sur l’autre. Mais finalement, à force de se chamailler, chacun avait fait sa vie et tous les deux étaient plutôt heureux visiblement. Il l’avait pourtant détesté, cette fille, autant qu’il l’avait désiré, elle l’avait rendu fou dans tous les sens du terme et pourtant peut-être qu’il s’en serait fallu de peu pour qu’il en tombe amoureux. Au lieu de ça elle lui avait au moins servi à ce se souvenir qu’il pouvait plaire, qu’il pouvait sortir et rencontrer des gens. Grace ou à cause de cette relation chaotique il n’avait presque pas eu peur de se replonger dans celle qu’il attendait depuis si longtemps avec Tamsin et à présent il se sentait enfin complet. Il n’avait plus besoin des bras de la blonde incendiaire pour se sentir vibrer. Mon pauvre petit corps s’en sort très bien sans toi, n’ai aucune crainte pour lui. Il renversa la tête en arrière de façon théâtrale. Mon âme, la pauvre… Elle n’est pas si fragile. Allez, magne-toi. Tfaçon moi j’y vais. Il ne comptait pas l’attendre cent ans ni subir ses critiques, il avait assez donné, même si, aujourd’hui, elle ne l'agaçait plus autant qu’avant, il en était même presque amusé finalement. Se jetant à l’eau avec plus ou moins d’élégance et de virilité, merci sa peur qui ressortait, Jackson finit en fin de compte par apprécier le contact de l’eau salée sur son corps et surtout le fait de retirer tout le sable qu’il avait de collé un peu partout. Il haussa un sourcil après sa dernière réflexion. La vue de ton corps est toujours agréable, j’peux pas le nier, c’est ton seul atout. Nouvelle pique, même si la présence de la blonde se voulait plutôt agréable, étrangement, il n’en oubliait pas leur querelle légendaire, sans ça ils ne seraient plus vraiment eux-même. Ils jouaient dans l’eau comme deux gamins et Jax en oubliait presque son aversion pour cet élément, la plage leur appartenait et il se sentait enfin bien en la présence de cette fille. C’était peut-être plus simple, de ne plus être amants et d’avoir chacun quelqu’un dans sa vie, ils n’avaient plus aucune pression, ils n’y avait plus cette tension qui les rendait insupportables l’un envers l’autre, enfin presque plus de tension, ne nous voilons pas la face, si Eilynn s’apporchait trop ou jouait trop avec lui il ne saurait peut-être pas se tenir longtemps. Elle s’était approché de lui pour embrasser sa joue mangée par la barbe, baiser qui le surpris par sa douceur et sa spontanéité. Attention à toi, tu vas finir par dire que tu m’aimes bien finalement ! Il la charriait gentiment, mais il trouvait lui aussi que ce proverbe leur allait bien, même s’il ne l’avouerait pas. La belle avait déjà disparu sous l’eau, telle une sirène, elle semblait dans son élément. Jackson savait nager, s’il n’aimait pas l’eau, il avait tout de même appris quand il était enfant. Alors il ne lui fallut pas bien longtemps pour rattraper Eilynn et l’attirer à lui par la taille. Tu pensais vraiment m’échapper ? L’artiste à deux balles a quelques ressources. Il la fixa quelques secondes, lui laissant croire qu’il succombait peut-être sous son charme, avant de la couler sous l’eau. Quand elle réapparu, toussant, les cheveux dans le visage, il rit franchement à cette vision. Pardon, j’ai glissé. Une vague les submergea et le peintre profita de cette aubaine pour s’éloigner d’elle en quelques brasses. Qu’elle le poursuive, si elle voulait sa vengeance.