[terminé]i'm so tired of trying to fight this † feat. rafaël

« Les projections de sang laissent sous entendre que l’arme était mal aiguisé. Ce n’est pas une professionnelle, mais elle sait dissimuler ses traces. Qu’est-ce que vous en pensez agent Nightingale ? » L’homme en blanc, qui était là pour l’expertise se tournait vers Samuel, demandant son avis sur l’enquête en cours. Une femme, dans sa folie vengeresse avait tué son amant, car elle avait appris qu’il était marié. L’homme avait perdu suffisamment de sang pour passer l’arme à gauche, et la criminelle s’était fait la malle, aussi rapidement qu’une petite souris dans son trou. « Relevez les traces que vous trouverez sur le corps, je vais inspecter la maison. Crime passionnelle, on dirait. » Il prit une photo sur la table basse, pour conclure à ce genre de meurtre, représentant l’homme avec la femme marié, mais apparemment pas la maîtresse. Rapidement, il chercha les détails sur le lieu du crime, mais entendit des bruits de couinement dans un sac en plastique, d’où sortait un peu de sang et quelques poils. Il tira le sac vers lui mais un cri d’autant plus effrayant en sortit, et Samuel recula nettement, assez surpris. Il ouvrit le sac rapidement, et en sortit un chien, d’environ deux ou trois ans, en train de se vider de son sang. Il n’avait plus la conscience tranquille, et il sentait qu’il devait agir vite, car c’était soi la délivrance du chien, mais sa mort, soit des mois de souffrances, mais il restait en vie. Il fallait le sauver, il fallait réussir à l’aider. Il sortit le chien du sac, et il reconnu un beau beauceron, une race qu’il appréciait particulièrement, mais celui là, il était amoché, vraiment, totalement et terriblement blessé. Il demanda à son équipier de prendre le relais, mais ce dernier ne comprit pas l’importance du cabot aux yeux de Samuel.

Il était dans sa voiture, une Chevrolet Impala de 1967, le chien côté passager. Il roulait rapidement, plus qu’à la vitesse normale, mais ne croisa aucun policier. De toute façon, son statut lui donnait beaucoup de privilèges. Il dérapa rapidement sur le parking du vétérinaire, mais gara la voiture dans une perfection presque irréelle. Il prit le chien avec une immense précaution, mais il ne cessait de couiner, pleurant toute la douleur qu’il avait. Samuel avait le cœur brisé, et souffrait sincèrement de la situation de l’animal, mais il ne comprit pas pourquoi il réagissait ainsi. Il poussait la porte du refuge, et malgré l’attente longue qu’il y avait, il demanda, à haute et intelligible voix : « Il n’y aurait pas un médecin par ici ?! J’ai un grave problème sur les bras ! » Il se retournait, pour chercher un médecin des yeux et vit un homme qui paraissait connaitre son métier. Il se dirigea vers le médecin en question, et serra doucement le chien contre lui, en lui murmurant des mots pour le rassurer. Il avait le visage désespéré, comme si on venait d’attaquer son propre fils. Il serra les dents, et posa son regard sur la blouse du vétérinaire, pour y chercher son nom. « Doc’ Dunnin-Vroye, c’est ça ? S’il vous plait, aidez ce chien… » Il devait avoir l’air vraiment pris d’angoisse, et le plus comique, c’est qu’il était dans sa tenue d’agent, en costard-cravate. Il essaya de tendre l’animal au médecin, sans lui faire trop de mal.

Il était dans un état critique, et Samuel se sentait mal par rapport au chien. Il n’allait plus avoir de maison, plus de maître, la justice allait le remettre dans un refuge pour chien, alors qu’il aurait pu avoir un mettre comme Nightingale, qui pouvait s’occuper de l’animal, avec la maison et le jardin qu’il avait. Devrait-il le garder, ou devrait-il s’occuper seulement de ses propres affaires ? Ce n’était qu’un clébard après tout, trouvé sur une scène de crime. Mais devant ses yeux là… comment faire pour ne pas craquer devant cette bouille si magnifique ? Il n’avait aucune idée de comment ça marchait, la nourriture, le bain, les jeux… il allait devoir apprendre un métier qu’il n’avait jamais fait auparavant. « Je suis agent fédéral, il était sur une scène de crime. Dans un sac poubelle. Depuis environ... deux heures, je dirais. » il secouait la tête, comme pour essayer de se vider la tête de l’image du chien dans le sac poubelle, aussi abandonné qu’un vulgaire déchet.

Samuel s’assit sur une chaise, la chemise blanche ensanglanté, et il passa une main sur son front. Il était en neige, complètement stressé par la situation, et il fermait les yeux, en réfléchissant à ce qu’il allait faire. Steeve ne serait peut-être pas d’accord d’avoir un chien à la maison, surtout qu’il en s’en occuperait pas. Au pire… il pourrait s’en occuper entièrement, lui seul, et il pourrait l’élever dans un environnement beaucoup plus sain. Il ne savait pas vraiment quoi faire, il était un peu perdu. Mais un appel lui permit d’éclaircir quelques points. « Agent Nightingale, j’écoute. Oui. D’accord, et il faut demander un dépistage ? D’accord, je dis ça. Au fait, vous devez aller dans mon bureau, récupérer le dossier Carter, et me le mettre dans la boîte aux lettres de ma maison. Merci, au revoir. » Il raccrocha rapidement, et il glissa une main dans ses cheveux qui tombait sur ses yeux. Il regardait le médecin s’activer, et il se rappelait ce que son collègue lui avait annoncé concernant l’arme du crime. « Doc’, l’arme était une vieille faux rouillé. Il n’y a rien à faire comme dépistage ou vaccin, pour le tétanos ? » Il se relevait pour s’approcher du chien pendant que le médecin s’activait sur l’animal. Il cherchait déjà un nom à lui donner.

Parfois, il aurait voulu des moments de répits. Quelques instants, ou quelques heures où il pouvait être sûr que le monde tournait rond, et qu’aucun criminel n’abattait de pauvres innocents, où aucun violeur ne s’attaquait à des jeunes femmes et des enfants, et où aucun psychopathe ne torturait de pauvre animaux… Il était assez fatigué, le soir. Il ne dormait pas, préférant résoudre ces affaires non-classés que personne ne souhaitait prendre. Un peu les dossiers pourris, comme un vieux yaourt périmé d’un crève-la-faim. Et aujourd’hui, il recevait en pleine figure la réalité d’un monde détruit par l’Homme, qui ne cessait de s’accroitre au fur à et à mesure des années. Mais heureusement qu’il y avait des hommes comme Samuel, débarrassant la crasse de cette planète en décomposition totale.

Il s’approcha du docteur, en passant une main sur son cou, pour débarrasser légèrement la sueur de son corps, et il se remit sur sa chaise, en restant à regarder l’animal se faire tripoter de partout, le sang coulant, s’en s’arrêter. Il se calmait légèrement, car il avait confiance au médecin qui était au chevet du chien, mais son regard fuyait la scène pour ne pas avoir à supporter la douleur de l’animal. Il frottait sa cuisse lentement. « Il n’a plus que moi, maintenant. Je préfère rester là. » Et c’était vrai. Il avait pris sa décision. Il allait garder le chien. Et il allait l’appeler Icarus. Mais le plus difficile allait être la convalescence de l’animal. Très dure et invasive. L’agent allait avoir que trop peu de repos, mais il s’en foutait, tant qu’il pouvait sauver la vie de son chien sur une longue durée. « Je pense que je vais l’adopter. Je ne veux pas risquer qu’il tombe entre de mauvaises mains. Il a déjà assez souffert comme ça. » Il se rappelait un souvenir d’enfance, quand il avait trouvé une souris dans la cave où il était enfermé. Il avait essayé de l’adopter mais était morte à cause de la mort aux rats qu’avait déposé son père. Il ne voulait pas revivre cette tristesse qu’il avait éprouvé. Il regarda le médecin pour lui poser quelques questions, mais il ne voulait peut-être pas être dérangé. « Si je vous dérange, dites le moi. Je ne veux pas vous gêner… »