respect, find out what it means to me + felix

Cet endroit était ton havre de paix. Tout t'y était apaisant : l'odeur, les couleurs, la musique, les gens. Tu t'étais mise au yoga il y a des années et depuis tu ne manquais jamais un de tes cours. On pouvait dire que cela était devenu ta petite routine. Avec les années, tu avais su développer un certain talent pour cette discipline. Ta flexibilité, ton équilibre et ton calme avaient tous été améliorés. Avec le temps, tu t'étais endurcie et durant ses séances où le calme et le silence régnaient, tu t'étais retrouvé comme à la maison.
Ce jeudi après-midi, tu t'étais rendu au studio de yoga pour ton cours de la semaine. Vêtue d'une tenue sportive, approprié pour la séance que tu t'apprêtais à faire, tu enteras le le studio saluant, par la même occasion, la réceptionniste qui te connaissait maintenant par ton prénom. Blanche! Contente de voir. Dis-moi, quand finiras-tu pas postuler pour devenir institutrice ici ? Il nous manque de gens comme toi. Tu lui avais simplement souri en guise de réponse rapide. Toi, institutrice de yoga ? Tu n'avais pas le tempérament qu'il fallait et tu le savais très bien au fond de toi. Ces cours te calmaient, certes, mais pour quelques heures seulement. Merci pour la proposition, Jill. J'y songerai.  Tu lui avais menti, mais elle n'avait pas besoin de le savoir, au final.
Tu t'installas dans la salle, déroulant ton tapis sur le sol. Puis, tu pris une position de méditation en attendant le début du cours. L'institutrice était grande, fine et athlétique. Elle semblait rendre tous les mouvements plus faciles qu'ils l'étaient réellement. Tu l'aimais bien, elle et la douceur de sa voix lorsqu'elle annonçait les nouveaux mouvements à exécuter. Le cours avait commencé doucement, avec des figures simples que tu maitrisais maintenant plus que bien. Derrière toi, quelqu'un ne cessait de marmonner des mots que tu ne pouvais déchiffrer, mais qui étaient assez dérangeants pour te déconcentrer. Tu avais du mal à garder tes postures, te concentrant plus sur le bourdonnement que sur ce que tu devais faire. Irritée, tu te tournais vers cette personne qui n'avait, selon toi, pas eu conscience que dans une salle de yoga, le silence était de mise. Non, mais, vous allez arrêter de parler à la fin!? Il y a des gens qui tentent de se concentrer ici! Avais-tu murmuré sur un ton assez expéditif. Voilà ce que tu voulais dire pas « ne pas avoir le tempérament pour devenir institutrice de yoga ».

Qu'est ce que l'on fait quand on n'a plus de boulot et plus de black card pour passer le temps en coke, champagne, shopping et autres loisirs du genre ? On s'ennuie.

Clairement, tu commençais à tourner en rond dans la chambre d'hôtel et Chad - tu n'arrives toujours pas à l'appeler Maxym - t'a gentiment offert ce cours de Yoga, en toute délicatesse, pour te faire comprendre que tu commences à lui courir sur le haricot. Ronchon, tu t'y rends avec beaucoup de préjugés. La méditation, la salutation au soleil, tout ça : c'est d'une débilité sans nom. Pour trouver la paix intérieure, il n'y a que le développement personnel et la réussite qui compte, du moins à tes yeux. Tu es bien trop Cartésien pour adhérer a la philosophie yogi.

La preuve, tu es si terre à terre que tu ne penses qu'à ça : tes pieds qui glissent dans ta position du guerrier qui se casse la gueule, doucement mais sûrement. Convaincu de perdre ton temps et de t'énerver plus que tu ne te serais calmé en obligeant Chad à tirer un coup, tu marmonnes des contestations dans ta barbe, bras écartés, sourcils froncés. C'est le moment que choisit la blonde de devant se retourne pour et te siffler dessus tel un chat en colère. Peu habitué à ce que l'on te parle sur ce ton, tu oublies que dans cette ville personne ne te connait, que tu n'es PDG qu'aucune grande firme informatique et qu'on ne soupçonne pas les millions qui dorment sur ton compte en Suisse : Et depuis quand ce que tentent de faire les gens m’intéresse-t-il ? Tu ne prends même pas la peine de le dire à voix basse, agacé d'être mis en échec par une position ridicule en plus de te faire rouspéter comme un enfant turbulent.

HJ:

Rares sont les gens te connaissant bien, au plus profond de ton être. Tu étais loin d'être un livre ouvert, bien trop le contraire de ton frère qui attirait, plus souvent que toi, la sympathie des gens. À première vue, on te décrivait comme une personne douce, assez calme, voire même réservée. Cette perception un peu biaisée de ta réalité était souvent due à ton physique un peu angélique. Les yeux clairs d'un gris vert inhabituel, les longs cheveux blonds dorés, les taches de rousseurs parsemant son visage. Un cliché évident appelant à la douceur. Et tant qu'on ne touchait pas à une corde sensible, cette perception demeurait intacte, jusqu'à ce qu'on l'abime en te cherchant. Chose que l'homme derrière toi tentait inconsciemment de faire en râlant et en marmonnant durant ton moment de détente. Personne ne parlait autour, laissant la voix de l'instructrice faire le travail. Comme toi, ils se laissaient guider à ses indications, respirant et expirant la détente qu'imposait une telle pratique. Tous, sauf l'homme placé directement derrière toi. Depuis le début de la séance, ses grognements t'exaspéraient. Prends sur toi, prends sur toi, t'étais-tu parlé intérieurement jusqu'à ne plus être en mesure d'apprécier le cours comme à ton habitude. Tu t'étais retournée sur un homme assez vulnérable dans sa position qui manquait de souplesse. Un rictus s'installa aux coins de tes lèvres. Karma. Depuis que vous êtes dans un centre de Yoga! Lui annonças-tu en roulant des yeux. Le respect, ce n'est pas un concept que vous avez appris, là d'où vous venez ? ajoutas-tu alors que tu devinais que l'homme n'était pas du coin. Native de Bowen, tu connaissais tous les habitants de la ville, mais cet homme, tu ne l'avais jamais vu auparavant.