Nicky & Raf' | Encore toi ? (terminé)

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Rien à foutre de servir la bouffe, c’est pas pour elle. Nicky déteste servir au restaurant, elle préfère mille fois servir au bar et discuter avec les clients. Et puis la soirée passe plus rapidement, c’est beaucoup moins chiant.
Le jeudi soir, ce qui est cool, c’est que le patron n’est pas là. Du coup, Nicky peut s’entrainer à faire des cocktails et même si c’est dégeulasse / qu’elle casse un verre / qu’elle utilise des bouteilles neuves : personne ne lui dira rien. Par ailleurs aujourd’hui sa collègue n’a pas pu venir, à cause d’un empêchement de dernière minute. Ce n’est pas très grave puisqu’il n’y a pas grand monde à cette heure-ci. Par contre le restaurant accueille pas mal de personnes, et une fois encore Nicky est bien contente d’être derrière le comptoir.

Ce soir, un client habitué est en face d’elle. C’est drôle comme il a l’air de se décomposé à chaque fois qu’elle le voit ici. Elle ne le connait pas très bien, mais elle n’aime pas tellement le voir s’affliger, surtout à cause d’une nana. Elle ne sait pas du tout ce qui s’est passé, elle se doute qu’il s’agit d’une rupture. Alors qu’elle mélangeait plusieurs alcools entre eux, elle le désigna de la tête.

- Encore toi ?

Fit-elle dans un petit rire. D’un geste machinal elle lui servit son whisky dans un verre. Il avait l’habitude de prendre ça, comme toujours.

- Raf’ tu crains du boudin, il est passé où ton foutu sourire ?

Rajoute-t-elle en plaçant les deux glaçons dans son verre. La dernière fois qu’il était parti du bar, Nicky avait essayé de le faire rire pour lui changer les idées. Elle avait rien fais de très spirituel, elle lui racontait des blagues un peu salaces/des anecdotes gênantes.

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'Sometimes everything seems awkward and large, imagine a Wednesday evening in march, future and past at the same time' Milow

Je ne compte même plus le nombre de soirs que je ne suis pas directement rentré à la maison après avoir quitté le travail. Déjà que j'arrivais au refuge très tôt le matin, alors que la ville est encore plongée dans le noir et que quand je le quittait le soir, il faisait à nouveau nuit. Adonis devait se sentir bien seul à l'appartement, il m'a proposé d'être son colocataire pour être moins seul et c'est tout le contraire, je déserte sans cesse et rentre quand il est déjà au lit. Fallait sûrement que je fasse un petit effort mais il savait aussi où j'étais et pourquoi je ne rentrais pas. J'avais trop de souvenirs rattachés à ma chambre, malgré que je n'ai pas accroché de cadre avec des photos d'elle. C'est comme si malgré son absence, elle me collait au coeur, comme si elle me suivait partout. Ca en devenait pénible car à chaque fois que son visage m'apparaissait, mon coeur se serrait et je me rendais compte à quel point elle me manquait. J'avais découvert qu'une fois devant un verre de whisky, son image disparaissait et c'était pour ça que je venais quasiment tous les soirs de la semaine dans ce bar. Ici on m'appelait par mon prénom maintenant, ils connaissaient même le nombre de glaçons que j'aime avoir dans mon verre, c'est pour dire!

Donc, comme à mon habitude, histoire d'avoir l'esprit tranquille quelques heures, je me rendis directement au bar de la ville après avoir retiré ma blouse de vétérinaire. Comme toujours, la chaise au bar à gauche était libre, à croire qu'il y avait mon nom écrit dessus et que personne n'osait la prendre. Je retira mon blouson et m'asseya et au moment où j'allais lever le doigt pour demander mon verre, une voix m'apparu « Encore toi ?» J'haussa les sourcils. Eh bien oui, encore moi. Ils devraient être contents pourtant que je vienne tous les jours, je leur faisais presque leur chiffre d'affaire rien qu'avec mes verres de whisky. Je l'observa me préparer mon verre puis me le déposer sous le nez « Raf’ tu crains du boudin, il est passé où ton foutu sourire ? » J'attrapa mon verre et bu une première gorgée qui m'arracha une grimace avant de reposer le verre carré sur le bois verni du bar « Nicky c'est ça? » Il y avait plusieurs employés ici mais j'avais déjà eu l'occasion de parler avec elle. Pour répondre à sa question je lui fis un sourire ironique avant de baisser les yeux sur le verre que je tenais entre mes doigts. « Je sais pas où il est passé mais si tu le trouves, fais moi signe ça marche? »

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Rafaël étant un homme bien plus âgé que Nicky, respirait la sagesse et la douleur. Il est vrai qu’ils sont deux personnes dont tout les opposent, et pourtant Nicky sentait une profonde envie de lui remonter le moral. Il se souvenait de son nom, après tout elle ne travaille pas ici depuis hier.

- Oui Nicky Burger. Comme le Cheeseburger.

Dit-elle dans un sourire idiot. Et oui à 18 ans on aime les blagues bien pourries. Elle essayait en vain de le faire sourire, et elle savait que c’était une mission plus que difficile.

- T’sais un jour mon copain m’a trompé. Et je crois que c’est comme ça que j’ai commencé à aimer les femmes. Puis je me suis rendue compte que c’était de belles s*lopes.

Elle racontait ça d’un air naturel. Pourtant elle détestait avouer sa bisexualité. Elle se disait que c’était pour la bonne cause.

- Sérieusement, il s’est passé quoi ?

Demande Nicky tout en préparant une table de shoots. Elle avait d’autres clients à servir, mais elle ne quittait pas du regard son client habitué. Attendez qu’est-ce que vous croyez c’est une femme, elle sait faire plusieurs choses à la fois (a)

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« Oui Nicky Burger. Comme le Cheeseburger. » Je secoua la tête, amusé. Vicky est une jeune femme très gentille et pétillante, même si j'entrais dans ce bar maussade, elle arrivait toujours à m'arracher un sourire, sobre ou pas. Je bu une nouvelle gorgée de mon whisky alors que la jeune femme reprenait la parole. C'était ça que j'appréciais avec elle, même si je ne la connaissais pas plus que ça, elle parlait sans forcément demander une réponse complète. Ca m'arrange tout à fait « T’sais un jour mon copain m’a trompé. Et je crois que c’est comme ça que j’ai commencé à aimer les femmes. Puis je me suis rendue compte que c’était de belles s*lopes. » Je la regarda, les sourcils levé, étonné qu'elle me parle de sa vie privée, de sa sexualité en gros. Plus ouvert que moi, vous ne trouverez pas. En même temps, mon papa était homosexuel, il a eu recourt à une mère porteuse pour m'avoir et à sa mort c'est son mari qui m'a adopté. Donc je n'étais pas choqué par les paroles de la jeune femme. Mon propre colocataire est un homosexuel qui ne se l'avoue pas alors voyez-vous... « Sérieusement, il s’est passé quoi ? » Mes épaules se haussèrent. Je n'avais toujours pas dis un mot depuis qu'elle avait reprit la parole, mais je savais qu'elle allait pas me faire une crise pour ça « Il s'est rien passé justement. Je l'aime, elle m'aime mais elle veut pas. » La réalité était bien plus compliquée mais dans les grandes lignes c'était ça. A vrai dire, Aylin ne voulait pas qu'on soit ensembles parce qu'officiellement nous sommes frères et soeurs, du moins aux yeux de la loi, mais nous n'avons aucun lien de sang. Elle est la fille du mari de mon père et elle avait peur que ça fasse bizarre à notre entourage alors qu'avant d'être frère et soeur, nous étions avant tout des amis qui ont grandit ensembles.

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Au moins il avait souri. Qu’est-ce qu’elle peut être stupide (parfois), sacrée Nicky ! elle déballait sa vie privée, comme ça sans raison particulière. Peut-être que Rafaël s’en foutait mais c’était un pas vers lui. Peut-être que si elle se confessait à lui, il le ferait à son tour. Le résultat n’est pas très convaincant mais au moins il lui répond. Il lui dit simplement que la personne de ses pensées l’aime ; mais qu’elle ne veut pas.

- C’est con…

Fit Nicky, d’un air dégouté. Elle l’aime, il l’aime, alors pourquoi chercher compliqué ? Il était évident qu’il ne lui racontait pas tout. Et c’était normal, pour une personne pratiquement inconnue. Certes il avait l’habitude de venir ici, mais il ne semblait pas du tout à l’aise de lui parler de ses problèmes. Dommage, Nicky est assez têtue dans son genre. Elle n’est pas un très « bon samaritain », mais elle préfère voir les gens autour d’elle heureux. Et oui sous son caractère de cochon, se cache un cœur tout mou comme un marshmallow.

- Parfois quand a perdu quelqu’un qu’on aime, on croit que c’est la fin du monde. Mais non. Tout est si fragile, tout ne tient qu’à un fil.

Dit-elle amèrement. Elle se rappelle alors pourquoi elle s’est promis de ne plus jamais aimé quelqu’un.

- Ca fait combien de temps cette branlette solo ?

Demande Nicky, pour demander implicitement depuis quand était-il seul. Oui, elle a son langage bien à elle x)

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Parler avec Vicky ne me dérangeait pas, étrangement, même si j'étais assez réservé depuis le refus d'Aylin lorsque je lui avais avoué mes sentiments... Les barmans et barmaids sont très connus pour être de très bon psychologues. En même temps, il est facile de tirer les vers du nez à une personne qui a déjà plusieurs verre dans le sang... Mais la jeune femme que j'avais en face de moi était assez attendrissante en fait. Le genre de personne à faire comme si elle en avait rien à faire de ce qu'il se passait autour mais qui en fait avec un grand coeur. Cette conversation le prouvait d'ailleurs, elle pourrait très bien encaisser mon verre et partir vaquer à ses occupations mais non, elle me forçait à me détendre, à me décoincer et à partager un peu ma vie privée... Elle était sûrement de bon conseil, c'était aussi pour ça que je ne me sentais pas gêné d'aborder le sujet 'Aylin' avec elle... « C’est con… » Et le mot était bien faible. Les relations c'est simples, il suffit que deux personnes s'aiment pour que ça soit un feu d'artifice digne de Disneyland mais là, ça coinçait, on s'aimait mais Aylin se focalisait sur un papier dont je brûlerait bien l'intégralité... « Parfois quand a perdu quelqu’un qu’on aime, on croit que c’est la fin du monde. Mais non. Tout est si fragile, tout ne tient qu’à un fil. » Je bu une gorgée de mon whisky comme pour marquer ce qu'elle venait de dire. Elle avait raison mais bon, je ne peux pas obliger Aylin à passer par-dessus ce fichu papier... « Ca fait combien de temps cette branlette solo ? » Je tourna les yeux vers la jeune femme et lui fit un sourire amusé. J'avais compris sa métaphore et elle ne manquait pas de toupet, le genre de chose que j'appréciais. Je n'aime pas les gens qui tournent autour du pot. « Trop longtemps. » Avec Aylin, il n'y avait jamais rien eu, pas de baiser, seulement des câlins lorsqu'on se considérait encore comme des frères et soeurs ou des amis mais jamais rien de plus. J'avais essayé de l'oublier avec Dae, je suis resté avec elle pendant deux mois pour finalement me rendre compte que ce n'était pas correct d'être avec elle mais de ne rien ressentir comme sentiments amoureux et cette relation remontait à... Plusieurs mois déjà.

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Il n'était pas très bavard, au grand désarroi de Nicky. Elle, qui, a le contact facile; elle a tendance à mettre à l'aise les gens ou au contraire mal à l'aise. Mais Rafaël avait l'air très calme, presque indifférent. Il semblait s'enfermer dans sa bulle de tristesse, se laissait aller comme un vulgaire papier mouchoir trempé.

Elle lui rappelait son premier chagrin d'amour, lorsqu'elle pensait que c'était la fin du monde. Et c'est ça quand on aime, on est tellement dépendant de la personne que le fait de la perdre est insupportable. On croit que cette douleur ne guérira pas, mais c'est totalement faux.

- Il suffit de trouver quelqu'un d'autre.

Dit-elle à haute voix, en pensant. Combien de personnes a-t-elle du essayé pour l'oublier? Pas mal, à vrai dire. Mais ça c'était selon Nicky, et son caractère à la c*n.

- Mais pas n'importe qui.

Rajoute-t-elle, en sachant que Rafaël ne serait pas le genre à se mettre avec la première venue.

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« Il suffit de trouver quelqu'un d'autre. » Je me sentais mal vis-à-vis de Dae, d'ailleurs je l'avais croisée dernièrement, elle avait été très froide et très sèche et elle m'en voulait beaucoup. J'avais vraiment cru que je pouvais tomber amoureux d'elle, elle était mon genre de filles - même si je n'avais pas un genre précis toutefois - et elle était très gentille. On avait passé deux mois tout à fait géniaux mais mes sentiments n'arrivaient pas à se développer et je ne voulais pas rester avec elle si elle, elle tombait amoureuse et que moi pas. C'était pas correct envers elle, j'avais décidé d'être sincère avec elle, me sentant mal de ne pas avoir pu lui donner ce qu'elle attendait de moi et je m'en étais pris plein la gueule. « Mais pas n'importe qui. » Quand on est amoureux et qu'on vit une déception on est persuadé qu'on ne trouvera jamais personne d'égal... J'étais exactement comme ça en ce moment; déjà un, je ne voulais pas de quelqu'un d'autre et de deux je ne pense pas pouvoir retomber amoureux d'une autre femme qu'Aylin... Après dans cette situation on voit tout en noir donc dans le fond je savais que Nicky avait raison. Il n'y a qu'en pensant à une autre personne qu'on pourrait oublier la première. Je bougea mon verre de manière à faire fondre ce qu'il restait de glaçon, dans mes pensées. Puis je me tourna vers la jeune femme « Tu as raison mais on me dit aussi qu'elle finira par se rendre compte qu'on est faits pour être ensembles alors il faut peut-être un peu de patience non? »

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- Ne me parle pas de patience.

Doux jésus. Comment dire ? Nicky n’a aucune patience. Rien que faire la queue au supermarché l’agace. Des fois elle se dit quand elle sera grande elle fera les courses à deux heures du matin dans l’épicier du coin juste pour ne pas attendre. Sérieusement, non. Mais vous pouvez être sûr que Nicky ne fera que ses courses en ligne, et que si par malheur elle doit faire la queue pour X raison, elle sera très très très désagréable.
Bref. Revenons à notre sujet. Attendre l’élu de son cœur, est-ce que ça vaut vraiment le coup ? En tout cas Nicky ne l’attend pas elle. Du moins elle ne le cherche pas non plus. Comme quoi cette question est réglée.

- J’sais pas si c’est la nana de ta vie, elle ferait tout pour toi, non ?

Elle réfléchit, comme si elle se parlait à elle-même.

- Non désolé, j’arrive pas à envisager… Je ne sais pas comment tu peux… J’ai déjà aimé, une fois. Mais c’est comme si mon cerveau avait sélectionné cette partie de ma vie, pour ne plus que je m’en souvienne, tu vois ?

Fit-elle, perplexe. Elle a aimé qu’un seul homme, en à souffert. Mais finalement cela l’a rendue plus forte. Maintenant elle ne voit rien en long terme, et elle a plus tendance de prendre les choses à la légère.

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« Ne me parle pas de patience. » Je ricana. C'est vrai que la jeune femme n'avait pas l'air très patiente et en même temps, je devais avouer qu'à son âge aussi j'étais comme ça. La patience était quelque chose qu'on apprenait au fil des années. On a le temps d'apprendre ce genre de choses en même temps. « J’sais pas si c’est la nana de ta vie, elle ferait tout pour toi, non ? » Je fronça mes sourcils, ne comprenant pas trop le sens de sa question mais vu la tête très concentrée que Nicky faisait, elle parlait pour elle-même, comme si en fait elle n'attendait pas de réponse de ma part. « Non désolé, j’arrive pas à envisager… Je ne sais pas comment tu peux… J’ai déjà aimé, une fois. Mais c’est comme si mon cerveau avait sélectionné cette partie de ma vie, pour ne plus que je m’en souvienne, tu vois ? » Je me rendis compte que cela faisait bien trente minutes que je me plaignais de ma vie sentimentale mais sans me soucier de celle de la jeune barmaid. Après tout elle aussi avait dû avoir des déboires, comme tout le monde après tout. Que ça soit à dix-sept, vingt-trois ou trente ans. « Je vois tout à fait... Moi c'est le whisky qui me fait cet effet. Et c'est ce que je recherche » Oublier, penser à autre chose l'espace de quelques heures, c'était ce que je cherchais en venant quasiment tous les soirs ici. « Tu as bientôt le droit à une pause clope? » L'alcool faisait son effet, je pensais moins à Aylin et je me déridais enfin un peu. J'avais posé cette question déjà pour savoir si Nicky fumait et si elle allait bientôt prendre sa pause histoire de l'accompagner pour prendre l'air.

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- Pas besoin de whisky quand on s’en fou de tout.

La jeunesse parlait à sa place, une chose dont ignorait Nicky. Du haut de ses dix huit ans, tout est surmontable, on se sent prêt à tout et n’importe quoi. Les nouvelles expériences fusent et les chagrins d’amour ne durent pas. Nicky ne connait pas encore ça, mais elle essaie (oui oui elle essaie je vous jure) de comprendre.

Son client/connaissance (allez savoir comment elle le considère maintenant), lui demande si elle fume. Elle jette un œil sur son poignet, où elle ne portait pas de montre.

- Oh mais oui c’est l’heure du pause clope !

Elle fit signe à son collègue en montrant son paquet de cigarettes. Il vint la remplacer et elle s’éclipsa avec Rafaël pour aller fumer dehors.

- Je te propose pas de clopes, je ne fume que des Vogues.

Ce genre de cigarettes assez fines et féminines, n’étaient pas tout le temps appréciés par les hommes. Elle rigole, après avoir rajouter :

- Au moins on me les taxe pas.

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« Pas besoin de whisky quand on s’en fou de tout. » C'était aussi ce que je disais quand je me rebellais contre tout le monde, juste après la mort de mon père, quand on m'avait arraché à ma maison et mes affaires. A ce moment là, j'avais même un peu rejeté Aylin, restant enfermé dans ma chambre à me demander pourquoi. Je m'étais plongé dans mes études et ça avait marché. Un jour, Vicky aussi allait grandir et murir de ce côté là. J'avais demandé à Vicky si elle avait le droit à une pause car j'avais envie de prendre un peu l'air, le whisky commençant à me donner chaud « Oh mais oui c’est l’heure du pause clope ! Je te propose pas de clopes, je ne fume que des Vogues. Au moins on me les taxe pas. » Je souris et pris une profonde respiration une fois qu'on arriva dehors. « Une clope c'est une clope. Vogue ou pas. » dis-je en croisant les bras et en m'appuyant contre le mur en brique. J'avais eu ma période fumeur, durant quelques années, essentiellement quand je venais d'emménager chez les Dunin-Vroye. Bien sur, je ne fumais jamais devant eux, par respect mais quand j'arrivais aux cours, on m'en filait toujours une. Je n'avais jamais été un gros fumeur alors arrêter avait été facile même s'il m'était arrivé de rêver que je fumais et en me réveillant j'en avais eu très envie. D'ailleurs, la fumée que Vicky propageais autour de nous éveilla des vieux souvenirs même si le goût de la cigarette est bien différent à l'odeur. Un client du bar sortit lui aussi pour s'allumer une cigarette, je l'observa et ça attira son attention. Il m'en tendit une avant de me lancer un briquet. Je l'alluma, inspira et souffla une première bouffée de fumée qui m'arracha un toussement. Je ricana et me tourna vers Vicky, un air amusé sur les lèvres « J'ai l'impression d'être un adolescent! »

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Une jeunesse récréative, burlesque, absurde. Nicky représentait tout ça, à la fois. La spontanéité débordante qu’elle possédait pouvait effrayer certains, mais elle n’y faisait pas attention. La vie est bien trop courte pour se soucier du regard des gens. Et malgré qu’elle cache sa bisexualité, elle sait qu’un jour elle devra affronter ce problème auprès de sa famille. Mais ce jour-là elle sait qu’un conflit sans fin va s’enclencher. Donc autant retarder un maximum cette annonce, non ?

Nicky observait Rafaël , sous sa fumée opaque. Il semblait n’avoir pas l’habitude de fumer et elle rit de bon cœur lorsqu’il se mit à tousser. Alors qu’il disait avoir l’impression d’avoir un adolescent, elle se demandait quel âge avait-il.

- Je pense que j’en resterais toujours une.

Une adolescente, oui. Même à 70 ans, elle se colorerait les cheveux en rouge. Elle serait une mamie qui fume/boit et a des piercings assez cool. Il faut vivre avec son temps, certes, mais c’est tellement dur pour Nicky d’imaginer l’avenir !

- Tu as quel âge ?

Demande-t-elle, avant d’inspirer une nouvelle bouffée de nicotine. Ce n’était pas ce qui l’interessait vraiment, il s’agissait d’une simple règle de politesse.

- T’as déjà essayé de fumer une cigarette en moins d’une minute ? Style tu fumes une taffe de plus de trois millimètres et tu recommences. Encore, encore ! T’as la tête qui tourne mais après t’es tellement bien !

Elle était dans son délire. Nicky aimait bien les défis farfelus. Parfois ça égayait ses soirées.

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Je me moquais un peu de moi même pour être honnête en me traitant d'adolescent. J'avais dépassé le stade du fumeur depuis bien longtemps mais juste pour voir ce que ça me faisait j'avais accepté une clope d'un client du bar. Je savais que ça n'allait pas me donner envie de recommencer, mais fallait que je me détende un peu aussi ce soir. Surtout que Vicky semblait tout faire pour que j'y arrive. « Je pense que j’en resterais toujours une. » Ca c'est une évidence! Rien qu'en la regardant on pouvait se douter qu'elle serait toujours une éternelle adolescente à se teindre les cheveux, à se maquiller les yeux très prononcé etc. Mais ça lui allait bien alors... « Tu as quel âge ? » Je tira une deuxième bouffée de la cigarette sans tousser cette fois, je m'appuya contre le mur, la clope entre mes deux doigts et la tête regardant le ciel « Vingt-sept ans... » Eh oui, j'approchais dangereusement de la trentaine. J'avais souvent essayé de faire un bilan de ces quinze dernières années et je me rendais compte que je ne m'étais pas assez amusé. Je ne regrette rien, entendons-nous bien mais je me rendais bien compte que j'avais souvent été plus sérieux qu'amusant comme gars. « T’as déjà essayé de fumer une cigarette en moins d’une minute ? Style tu fumes une taffe de plus de trois millimètres et tu recommences. Encore, encore ! T’as la tête qui tourne mais après t’es tellement bien ! » Je lâcha un petit rire, me rappelant de certains souvenirs. « Ouais je l'ai déjà fait, quand j'avais ton âge d'ailleurs. A l'époque j'étais bien plus décontracté que maintenant » dis-je en faisant allusion que j'étais rentré dans son bar pour boire et oublier le fait que la femme que j'aimais ne considérait pas notre relation comme 'saine'

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Rafaël a donc 27 ans. Nicky haussa les épaules.

- T’sais t’es pas si vieux que ça !

Proteste-t-elle, boudeuse. Elle avait l’air d’une petite enfant. Dix-huit ans et mille conneries, Nicky est persuadé de tout connaitre de la vie. Pour son âge elle traine avec des gens plutôt âgé, comme Steeve ou Nath, ou même Leanna. Les gens de son entourage sont plus vieux qu’elle, et ce n’est pas dérangeant ni pour elle ni pour eux. Ils affectionnent la rouquine rouge, allez savoir pourquoi, mais ils l’apprécient.
La jeune fille se mit face à Rafaël.

- Regarde.

Dit-elle, en montrant sa cigarette de la main. Elle écarta légèrement ses jambes, plaça sa cigarette entre ses lèvres et loucha. Elle inspira un grand coup, expira la fumée. Elle répéta ce geste maintes fois, jusqu’à ce que la taille de la cigarette diminue jusqu’au filtre. Une fois que les cendres n’existèrent plus, elle tomba sur le sol dans un rire. Ca tête tournait. Elle se sentait bien, comme une sensation étrangère. Elle avait l’impression de s’envoler.

- A toi maintenant !

Fit-elle à l’égard de Rafaël, dans un sourire vague. Elle planait un peu.

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