(#33/#34 ) Sympathy for the devil. Pleased to meet you hope you guess my name... ♠ Austin.

Shioban O'Brien n'avait jamais ou quasiment jamais fait aucune concession. Elle n'avait jamais compris l'intérêt de faire passer ses envies personnelles ou ses opinions au second plan pour contenter quelqu'un. Elle était égoïste et le revendiquait. Cependant, à force de heurter les sensibilités, elle n'était pas vraiment entourée et parfois, elle se prenait à le regretter. Aujourd'hui, par exemple. Elle était absolument seule pour assurer son déménagement de bon matin, qui plus est. Le peu de contacts qu'elle avait dans son répertoire avaient tous trouvé une bonne excuse pour ne pas venir porter ses affaires. Même Gérard, qui ne perdait d'ordinaire aucune raison de lui lécher les bottes... Au début, elle s'était fait facilement une raison, et s'était même pris au jeu. Enfilant un vieux jean et une chemise à carreaux des plus usées, elle s'était même promis de gérer le tout par elle même. Elle avait mis toutes ses affaires dans sa voiture et était partie en direction de son nouveau lieu de vie, pleine d'entrain. Après tout, elle était une femme forte et indépendante... Ou pas. Elle s'était royalement trompée, elle le découvrait maintenant que, un carton extrêmement lourd dans les mains, elle était obligée de gravir une suite interminable de marches sous une chaleur de plomb. Elle n'aimait pas l'Australie, il faisait chaud même quand le soleil s'était à peine levé. Elle était essoufflée, elle avait soif, une douleur sourde montait dans ses bras... Elle n'avait fait que deux ou trois voyages et elle était déjà à bout de forces. Si bien, que arrivée au palier suivant, elle abandonna tout simplement. Dans un geste de délivrance ultime, elle laissa retomber ses bras endoloris le long de son corps. « CLAAAAAAANG » L'objet de torture, le carton avait naturellement suivi le chemin. Le bruit avait été affreux. A vrai dire, Shioban n'avait pas calculé qu'elle avait mis l'intégrale de son matériel de cuisine là dedans... Vu l'heure matinale et le silence parfait qui régnait dans l'immeuble, elle savait que le vacarme ne passerait pas inaperçu, et c'est sans surprise qu'elle vit la porte en face d'elle s'ouvrir. Instantanément, elle roula des yeux. A vrai dire, elle ne s'était encore jamais engueulée avec un de ses voisins avant même d'emménager, c'était un nouveau record personnel...

Samedi matin. huit heures.
Pour la première fois depuis un mois, ce qui me semble une éternité, j'avais réussi à faire garder Charlie par ma soeur. La veille au soir, un magnifique match de foot avait eu lieu. Je ne m'en étais pas privée et j'avais passé une soirée un peu trop arrosée. Enfin, pour dire que ça faisait un mois que je n'avais pas eu de week end pour moi, je m'étais tout de même retenu. J'avais été… soft. Et je n'avais ramené personne chez moi ! De quoi être fier quand on me connait un peu mieux.
Toutefois, rien n'est parfait, et comme tous les matins, j'avais l'impression de subir tous les malheurs du monde. Que ce soit les pleurs de Charlie, les voisins de l'étage du dessus qui faisaient trop de bruit ou mon reveil (oui il m'arrivait de le mettre parfois) c'était beaucoup trop pour moi.
Aujourd'hui ne fit pas exception à la règle. A mon grand désespoir. Un bruit strident perfora le tympan de mes oreilles allant jusqu'à me réveiller. Je sursautais. Je n'avais pas l'habitude de me faire réveiller par ce type de bruit. Encore moins dans cet immeuble puisque j'étais la raison principale de tous ces bruits perturbateurs. Aujourd'hui, je n'étais pas celui à blâmer, et c'était tant mieux. Je regardais l'heure, et là, ce fut le drame. Je n'étais pas forcément énervé pour ce parasite jusqu'à ce que je vois l'heure qu'il était. On était samedi matin, il était tout juste huit heures, c'était l'unique week end que j'avais pour moi et voilà mon horloge bousillée ! Je me levais, portant un caleçon qui me fait toujours office de pyjama lors des nuits d'été comme celles ci. Je trébuchais au passage sur deux, trois cadavres de bières et ouvrit la porte, constatant à ce moment que je ne l'avais pas verrouillé de la nuit.
« Nan mais c'est pas possible! Qu'est-ce qu'il se passe ici ? » Une jeune femme épuisée et dégoulinante de sueur, un carton par terre duquel ressortait une casserole… Je crus comprendre ce qu'il s'était passé. « Oh… Il est pas un peu tôt pour déménager ? » lâchais-je avec la fausse curiosité de quelqu'un qui vient de se faire réveiller brutalement.

Une personne normale aurait été désolée d'avoir fait autant de bruit. Elle aurait discrètement ramassé les ustensiles éparpillées sur le sol, les aurait remis dans le carton et aurait essayé de continuer sa route en silence. Inutile de dire, que cette solution ne fut pas retenue. Après un juron rageur lâché en irlandais, elle se mit en position accroupie, et entreprit de ramasser l'ensemble à renfort de grands gestes, n'hésitant pas à jeter chacune de ses prises dans le carton. Gosh, elle détestait l'Australie, elle détestait Gérard et les déménagements étaient en bonne position pour s'ajouter à la liste. Elle n'oublia toutefois pas de relever la tête, sachant que la porte qu'elle avait remarqué ne s'était pas ouverte toute seule. Elle eut ainsi directement une vue en contre plongée sur une paire de jambes poilues. Courageuse, elle releva les yeux progressivement, pour découvrir tour à tour, un caleçon, qu'on ne pouvait pas qualifier de sale, mais pas non plus de propre, des abdos plutôt conséquents et ce qui aurait pu être une belle gueule si elle n'était pas aussi chiffonnée. Sa victime. La personne qu'elle venait de réveiller, ça ne faisait aucun doute. L'homme posa ensuite deux questions bien légitimes. Un léger mécontentement se faisait entendre dans sa voix, mais il s'employait à garder une certaine politesse. Shioban repoussa une mèche de sa crinière brune en arrière. Elle n'aimait pas trop le savoir vivre, ça s'apparentait trop à de l'hypocrisie pour elle. « Tout comme il est un peu trop tôt pour poser des questions où même penser à râler. » Elle eut une petite mimique qui laissait entendre tout et rien à la fois. Elle se détourna quelques minutes de la vision de proximité qu'elle avait sous les yeux pour continuer sa besogne. Tout en faisant, elle se résolue à faire preuve des politesses d'usages mais à sa façon. « Je suis Shioban O'Brien, ta nouvelle voisine. Je vais habiter juste là. Elle désigna le numéro 33 d'un vague geste de la main, avant de porter son regard à nouveau sur son interlocuteur et de l'interpeller sans vergogne. « Dis ça fait déjà quelques minutes que tu es planté là à ne rien faire, j'en déduis que tu n'a rien à faire. Tu pourrais donc m'aider à porter mes cartons ! » . Certains auraient appelé ça du sans gène, pour elle c'était du pragmatisme. Elle était fermement décidée à mettre cet individu et ses muscles à contribution.

Je me frottais les yeux, encore un peu endormi. Non, je ne rêvais pas, elle venait bel et bien de me demander de l'aider pour son déménagement. Certes, c'était un boulot physique et sûrement difficile pour quelqu'un de fluet comme la dénommée Shioban mais tout de même, ce n'était pas une raison pour demander ce service au premier venu. « Si, j'ai quelque chose à faire ! Récupérer mes heures de sommeil ! » Indigné, je rentrais chez moi et fermais la porte le temps de réfléchir un peu. Je n'aimais pas être observé lorsque je réfléchissais, ça pouvait prendre longtemps. Dans le cas imminent, ma réflexion ne fut pas longue. J'étais encore fatigué mais plus assez pour m'endormir de suite ; surtout si ma nouvelle voisine prévoyait de faire encore du bruit dans les escaliers en apportant toutes ces affaires ici. « Oh et merde ! » Je pris mon courage à deux mains et enfilais les premiers jean, t-shirt et chaussettes que je trouvais. J'enfilais aussi une vieille paire de converses usées que j'avais depuis bien des années.
J'étais déjà un peu plus présentable. Je ressortis de mon appartement, et retombais nez à nez avec Shioban. « Bon ben… bienvenue voisine alors… Moi c'est Austin. » Je m'éclaircis la voix et prêt à me mettre au boulot, je demandais à la jeune femme. « Ils sont où les trucs lourds à porter ? Plus vite on aura terminé et plus vite je pourrais retourner me coucher. Sans vouloir t'offenser. Aussi, ça serait dommage de réveiller tout l'immeuble en faisant encore tomber des cartons, non ? » Je ne me montrais pas désagréable, au contraire, je fis même un mince sourire. C'était plutôt étrange comme rencontre, mais après tout, il était peut être temps pour moi de faire une Bonne action, la dernière remontait à bien longtemps, si bien que je ne m'en souvenais point.

Sans surprise, le futur voisin de Shioban refusa tout net d'obtempérer à l'ordre implicite qu'elle venait de lui donner. Il le lui signifia d'ailleurs avec une expression courroucée presque comique et une répartie qui ne manquait pas de sel. Enfin, il tourna le dos et lui claqua la porte au nez. Elle soupira. Pendant quelques instants, elle avait eu l'espoir fou de se trouver face à un soumis, qui accepterait sa demande, aussi malpolie que celle ci avait été... Tant pis, elle porterait donc ses cartons toute seule, veillant toutefois à bien taper des pieds quand elle passerait devant le numéro 33. On vous l'avait déjà signalé, c'était une emmerdeuse de première classe. Elle ruminait encore sa vengeance quelque peu disproportionnée, qui n'en était même pas une puisque son voisin ne lui avait rien fait, quand la porte se rouvrit soudainement, laissant apparaître l'occupant des lieux, cette fois habillé et visiblement radouci. Shioban ne pouvait décemment plus le remballer après cet effort, qui semblait assez conséquent pour l'individu. « Merci pour ce deuxième accueil charmant Austin ! » . Et là, elle pouffa de rire. Elle ne put se retenir. D'une part parce que les conventions sociales n'étaient définitivement pas son truc et d'une autre parce que le prénom du blond l'amusait fortement. Et évidemment, elle ne put pas s'empêcher de partager le bon mot. Essayant de reprendre sa respiration, elle s'expliqua d'un ton hilare. « Je suis désolée, – alors que toute son attitude disait le contraire – c'est juste que ça m'a toujours dépassée les gens qui portaient des noms de villes ou de pays. Tu sais, genre Dakota, Arizona... ou Austin. » . Elle finit toutefois par se calmer pour accepter la proposition plus que serviable du dénommé Austin au vu des circonstances. Non sans malice. En fait, elle avait sans doute affaire à un soumis. « Ta sollicitude pour tes voisins est touchante... Ok, alors si tu m'aides à monter mes cartons, j'attendrais deux heures de l'après midi pour les déballer. C'est important de respecter ton cycle du sommeil...J'ai casées toutes mes affaires dans des gros cartons, et tout rentre dans ma voiture, je dirai qu'il y en a une petite dizaine. On va les chercher ? »

Je ne compris pas tout de suite pourquoi elle rigolait. Je ne savais pas ce qu'il se passait pour tout dire. C'était plutôt inattendu comme réaction. Son fou rire était presque communicatif, il me fit d'ailleurs sourire. Pourtant, quand elle m'expliqua la raison, je m'en voulais d'avoir souris. « Mouais… » C'était plutôt puérile. Enfin, non, c'était tout à fait typique des étrangers. Et ça, c'était sûr qu'elle n'était pas Australienne. Premier indice : son physique. Je crois n'avoir jamais vu d'Australienne avec une peau si blanche, des cheveux si foncés et des yeux si… bleus. Deuxième indice : son accent. Je n'étais pas un pro dans la reconnaissance d'accent mais je pouvais affirmer que c'était plus européen. Troisième indice : sa résistance à la chaleur ; il à peine passé huit heures et la demoiselle semblait déjà sur le point de tomber dans les vaps. Et enfin, quatrième indice : son prénom imprononçable. Certes Austin c'était une ville du Texas mais au moins, c'était facilement mémorisable et facile à écrire. Je n'allais pas me risquer à écrire son prénom à celle là.
« Si je peux me rendre utile… ça me fait plaisir. Mais si oui tu peux attendre cette après midi avant de déballer tes cartons, ça serait très appréciable. » . Et suite à cela, nous nous mîmes à descendre les trois étages pour atteindre sa voiture. Certes, toutes ces affaires rentraient peut-être dedans mais en tout cas elle était très chargée ! Ca allait nous demander quelques allés/retours, mais c'était très largement faisable.
Shioban indiqua les cartons les plus lourds. Je me mis au boulot immédiatement. Alors tandis que nous remontions les escaliers avec des cartons dans les mains, je décidais de me montrer… amical. « Et sinon, qu'est-ce qui t'emmènes à Bowen, je suis persuadé que tu n'es pas d'ici. »

Shioban pouvait affirmer sans trop se tromper qu'elle était face à la crème des crème en matière de gentillesse. Austin était en train de sourire gentiment alors qu'elle venait, avec son tact légendaire, de se foutre littéralement de son prénom. Toutefois, il n'était pas demeuré, car rapidement, une ombre passa dans ses yeux, signe qu'il n'appréciait pas totalement le bon mot. Cela ne l'empêcha toutefois pas de maintenir son offre de d'aider, l'irlandaise, même si celle ci avait un peu forcé cette acception. Il avait tout du bon samaritain. Shioban n'aimait pas les bons samaritains. Elle ne savait pas comment agir avec eux. Elle avait mauvaise conscience quand elle les embêtait consciemment mais ne voulait surtout pas se laisser attendrir... Pour ce cas là, elle n'en était pas encore là et elle continua à tester les limites de son rat de laboratoire avec plus ou moins de subtilité. « On m'avait parlé de la légendaire hospitalité des australiens, mais il fallait que je te rencontre pour enfin y croire... Dis moi, ça vient d'où ce besoin impératif de se rendre utile ? » . Si à la base, ceci n'était que pour le taquiner et faire la conversation, la question suscitait une nouvelle interrogation pour elle. Il en devait être ainsi quand on était face à son parfait opposé. Il eut une petite mimique désolée quand ils arrivèrent à la voiture complètement blindée. Heureusement, que Shioban n'avait croisé aucun flic en venant, elle aurait passé sa troisième nuit en Australie en garde à vue. Et personne n'aimerait ça en théorie. Cependant, il semblait qu'elle était aussi face à un macho léger de type 2. Il fit rouler ses muscles, visiblement impatient de les utiliser. Elle accéda à ses vœux en lui désignant les cartons les plus lourds, ses bouquins. Elle se contenterait de porter les sacs de vêtements, priant pour que ces sous vêtements restent en place. Ils repartirent dans les escaliers, dans un certain silence. Rapidement rompu par Austin, visiblement pas du tout essoufflé par l'effort physique qu'elle lui imposait. Ça changeait la donne, elle aimait les hommes forts... « Un point pour ton sens de l'observation. Je viens de Dublin. Je suis ici pour le boulot en fait. Et j'avais besoin.... d'un peu de changement. » Elle n'était pas que là a cause de l'infect Gérard, elle avait quand même encore son libre arbitre. Mais il y avait eu des évènements fâcheux en Irlande et elle préférait laisser ça derrière elle. « Je pense que j'ai réussi pour le dépaysement... Et toi, tu es né à Bowen ou pas ? » . Elle faillit se mordre la lèvre. Qui était cet individu pour la socialiser en deux minutes, sans même essayer ? Elle s'en fichait de son lieu de naissance... Ou pas.

La légendaire hospitalité des Australiens ? Je ne savais même pas qu'elle existait. Il m'était encore plus difficile de répondre à sa question, je ne savais pas vraiment quoi dire en fait. Etais-je vraiment si bon envers elle ? Oui probablement. J'avais ce besoin de me rendre utile, t'aider les autres. Enfin non, j'avais plutôt ce besoin de te venir en aide aux demoiselles en détresse. Même si parfois ça ne m'apportait pas que de bonnes choses.
« Je suppose que c'est juste comme ça que je suis. » dis-je en souriant maladroitement.
Ce que j'avais dans les bras était bien lourds et je ne pouvais pas m'empêcher de me demander ce que ça pouvait bien être. Je demanderais peut-être ça plus tard, une fois le moment venu.
« Je ne suis jamais allé en Irlande mais oui ça doit faire un grand changement ! Il pleut tout le temps la bas non ? » J'en avait des frisson rien que d'y penser. L'Irlande... C'était probablement l'un des pays qui m'attirait le moins, ça et la Géorgie. Allez savoir pourquoi. Après quelques marches montées en silence, je pu lui répondre tout en posant le carton devant le palier.« Je suis de Sydney en fait, mais ça fait une dizaine d'années que je vis ici déjà. Tu verras, je pense que tu vas te plaire ici, enfin si tu aimes la chaleur et le soleil et le calme aussi. » La jeune femme ouvrit la porte de son appartement et je fis glisser les deux cartons dans l'entrée.
« Eh bien, c'était pas léger ce que tu m'as fait porter, c'était quoi ? »

Il affichait un sourire timide qui aurait pu faire fondre le plus dur des cœurs de pierre, mais Shioban était la catégorie au dessus. Elle se contenta de hausser les sourcils très haut face aux réponses de son futur voisin. Plus tard, tandis qu'ils gravissaient toujours les escaliers lourdement chargés, elle poussa le vice en posant une question supplémentaire. « Ok c'est ta nature, mais à force, tu n'as pas l'impression de te faire marcher sur les pieds ? Tu sais ce qu'on dit, bon ne s'écrit pas avec un C » . Il n'y avait aucun sous entendu déplacé dans la phrase bien que celle ci soit quelque peu accusatrice. Comme nous l'avions déjà vu, le phénomène de générosité dépassait Shioban O'Brien. Tout comme celui de chasteté dépassait un individu nommé Damien, mais ça c'était une autre histoire. Enfin, non pas sans une impression de déjà vu, ils abordèrent un débat quelque peu inutile sur leurs pays d'origines. « L'Irlande, ce n'est pas que de la pluie. Mais c'est vrai que le climat est particulier. Ne pas être écrasé sous une chaleur suffocante est un atout de ce pays pour moi, mais je peux envisager que ce ne soit pas le cas de tout le monde. » . Ils y étaient. Le choc des cultures. Lui l'australien bronzé et jovial, elle, le vampire misanthrope qui se délectait du froid et de la solitude. Visiblement, elle n'avait pas encore été assez claire. Parfois, certaines personnes mettaient plus de temps que les autres pour effectuer des activités ordinaires... Ou comprendre certains faits. « Je déteste le soleil et la chaleur. Par contre, j'ai un faible pour le calme. Mais si c'est ton cas aussi, je peux espérer le trouver. Il n'y a rien chez toi qui est susceptible de faire du bruit d'une manière ou d'une autre ? Parce que je travaille à domicile et j'ai besoin de toute ma concentration. » . Elle pensait à une énorme chaîne hifi car le bonhomme lui semblait être un fêtard mais elle était loin de la vérité ... Enfin, ils atteignirent l'appartement de O'Brien, et ils purent se délester du fardeau. Et soudainement, Superman enleva son costume pour se plaindre. Elle roula des yeux discrètement. Les hommes étaient tous les mêmes. « Tu viens de porter l'équivalent de ma bibliothèque. Enfin, mes livres préférés. Encore un voyage et ça sera bon, je pense. Je peux t'offrir un café pour te remercier après. Tu semble en avoir besoin... » . Elle était parfaitement horrible. Mais elle ne s'arrêta pas là. «Enfin, non ma cafetière est encore emballée et je n'ai pas de café. Tu m'offrira donc un café ? » Elle fit une petite mimique. Non pas qu'elle recherchait de la compagnie... Mais du café, OUI !

Est-ce que je dormais encore ou est-ce que Shioban était réellement en train d'essayer de m'en foutre plein la gueule ? On va dire que ce n'était qu'une impression, peut-être était-ce simplement la différence des cultures. J'avais eu beaucoup d'écho sur l'humour anglais, un peu noir et déplacé. Peut-être était-ce pareil en ce qui concernait l'Irlande. La jeune femme me demanda si j'avais quelque chose susceptible… Ok, peut-être que ce n'était pas le premier truc à avouer lors de la première rencontre, certes nous allions vivre côtes à côtes pendant une durée indéterminée, mais justement… Elle découvrira suffisamment tôt l'élément perturbateur qui vit avec moi. « Les appartements sont plutôt bien insonorisés et jusque là personne ne s'est plains du bruit que j'ai pu causer donc à priori, tu seras bien au calme… »
FAUX ! mon ancien voisin avait même fait venir une assistante sociale chez moi pour voir si je ne battais pas mon fils tellement il pleurait.
Par chance, il n'était pas là pour le moment et ne pourra pas faire peur à Shioban. Pas pour le moment du moins.
Ca devait être la première fois que je portais autant de livres, en fait, à part les livres pour enfants qu'il m'arrivait de lire à Charlie, je n'étais pas un grand lecteur. Oh ça non. Je découvrais peu à peu à quel point j'étais différent de ma voisine. Allait-elle s'en aller à son tour comme mon ancien voisin qui ne nous supportait plus, moi et Charlie.
Et là… Ce fut la totale. L'irlandaise s'invitait chez moi. Non je ne rêvais vraiment pas, elle se montrait aussi aimable que Mélanie lapute Laurent « Non je n'ai pas besoin de café, parce en fait, je compte allé me recoucher. Et en fait, je tombe vraiment de fatigue là donc ça ne va pas se faire, Désolé. Bonne chance pour ton rangement… Et si tu veux attendre 14h avant de déballer tes affaires comme tu l'avais dis, il y a un Costa coffee pas très loin d'ici. » Je me dirigeais vers mon entrée « Bonne journée hein » J'essayais de me montrer le moins désagréable possible mais il y avait un peu de ressentiment dans ma voix ; après tout, je n'avais qu'une envie, c'était de me recoucher et puis… J'avais fais ma Bonne Action.

Petit à petit, l'individu prénommé Austin sembla émerger du pays imaginaire où il semblait vivre pour commencer à comprendre que Shioban n'était pas sa gentille voisine. Il assura d'abord d'une voix un peu plus ferme que précédemment qu'il ne ferait aucun bruit. Elle choisit de le croire et fut triste qu'il ressente les effets de l'atterrissage brutal mais elle n'en fut pas moins tendre pour tenter d'étouffer sa tentative de rébellion dans l'œuf. Il serait criminel de ne pas abuser de son petit côté naïf. Il était clair que c'était le genre de personne qui pensait que les truffes étaient du chocolat avant d'être des champignons coûteux. Autant en profiter pour rendre sa vie plus agréable, puisque celle ci était déjà bien gâchée par Gérard. Shioban commença donc par un léger sarcasme en guise d'introduction. « C'est sûr que si tu passes tes journées à dormir, tu ne feras pas de bruit... » . Elle roula des yeux, elle ne supportaient pas les gens mollassons... et peureux. Car Austin était en train de tranquillement la fuir. Tandis qu'il lui tourna le dos, elle s'assura de bien le dégoûter de sa future sieste, sans doute un peu vexée malgré tout. « Je n'ai pas envie de me paumer dans cette ville bizarre à la recherche d'un Costa Coffee. Je crois que du coup, je vais être obligée de déballer ma cafetière maintenant... » . Elle prit un air faussement désolé. Cela allait se faire dans le bruit, il pouvait en être certain. Du ton le plus mielleux, elle accéda à son désir de clore la conversation. « Je te souhaite bonne nuit, à défaut de bonne journée. » . Elle trouvait ce voisin intéressant, par les aspect de sa personnalité et elle ne manquerait pas de réitérer quelques échanges savoureux avec lui. En attendant, elle escomptait bien aller chercher les cartons qu'il avait laissé dans la voiture pour les poser bruyamment sur le sol de son appartement...

RP TERMINÉ