A friend is someone who knows all about you and still loves you (lys)

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lys & liam

Si vous vous figurez que les gens qui viennent se faire masser au spa s'embrochent tous sur le pic du Glamour, vous vous trompez. En semaine, c'est même plutôt le contraire dans la mesure où les gens travaillent, laissant l'opportunité aux retraités de se délasser loin de l'agitation du quotidien. Je travaillais au Yoga Space depuis maintenant 17 ans, ce qui faisait de moi une véritable antiquité parmi mes collègues, et j'avais dû voir passer le dos d'au moins un milliard de petites vieilles, contre seulement une centaine de superbes femmes dans la fleur de l'âge. Je ne massais pas les hommes, Dieu merci. Aujourd'hui, je finissais ma journée un peu plus tard que d'habitude : j'avais aménagé mon horaire pour pouvoir recevoir une amie, Lys. On s'était rencontrés presque deux ans plus tôt, ici au Centre, et on avait directement sympathisé. Il faut avouer que nos points communs avaient largement contribué à notre bonne entente. Tout était parti de son tatouage, représentant des runes Vikings. Je lui avais posé des questions à son sujet, et nous avions parlé pendant quasiment tout le temps qu'avait duré son soin... suite à quoi je lui avais proposé de continué notre discussion autour d'un verre. J'avais beau être bien plus âgé qu'elle, ce que certaines femmes pouvaient me reprocher faisait de moi le compagnon de beuverie idéal pour Lys, qui n'en avait rien à foutre que je sois immature. Bref, je lui avais proposé un massage – offert par la maison, dans la mesure où je restais une heure de plus pour la recevoir, sans être payé. Ça me faisait plaisir, et puisqu'il lui arrivait de cumuler deux boulots, je me doutais qu'elle devait être un peu tendue... même si le second relevait probablement plus du plaisir que du travail, vu son intérêt pour l’ésotérisme. Intérêt qu'elle n'avait jamais manqué de me prouver, en m'expliquant des tas de choses intéressantes au fur et à mesure qu'elle les découvrait. Lys était une passionnée, quand elle me parlait de quelque chose, elle parvenait toujours à me captiver et c'était aussi ce que j'aimais chez elle. « Liam ? Ton rendez-vous est là » me dit une collègue, en passant sa tête à travers la porte de la salle de repos. « J'arrive » lui dis-je, en me levant pour la suivre. Je me dirigeai directement vers Lys, qui m'attendait déjà vêtue d'un peignoir de bain et probablement de son maillot, dessous. « Veuillez me suivre, mademoiselle Wirrpanda » annonçai-je en lui faisant un clin d’œil. Une fois dans la salle de massage, je laissai tomber le côté guindé et posai un baiser sur sa joue : « ça va ma belle ? Prête pour ton moment de relaxation ? »

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Mes amis pouvaient se compter sur les doigts de la main et cela m’allait très bien en réalité. J’avais toujours, et dans toutes circonstances, privilégié la qualité à la quantité. Ma rencontre avec Liam remontait à deux ans, alors que je revenais tout juste à Bowen après les mois que j’avais passés à Syndey pour les études. J’avais le cœur en miette à cette époque et j’avais trouvé un réconfort plus que bienvenu auprès du célèbre – et non sans raison – masseur du Yoga Space de la ville. Il avait compris, mieux que personne à ce moment là, qu’un verre de rhum – plusieurs en réalité – pouvait panser les plaies mieux que n’importe quelle autre alternative et rien que pour cela, je lui en devais une. De fil en aiguille, ou de verre en verre comme vous préférez, nous étions devenus amis. Il était ce genre d’ami à qui je pouvais me confier, et contrairement à mon frère ou à Tom, il ne me connaissait pas depuis l’enfance, ce qui signifiait que son jugement n’était pas embrouillé par une sorte de vision déformée de la personne que j’étais en réalité. Il me voyait telle que j’étais, à vingt-six ans, droite dans mes bottes et libre comme l’air et non comme une poupée de cire figée dans l’enfance. J’étais heureuse dans ma vie, réellement. J’adorais mes jobs, ma sœur était heureuse, Jax…eh bien, j’imaginais qu’il l’était aussi. Mon frère ne se posait pas vraiment de question sur le futur, et je ne pouvais le lui reprocher. C’était un peu mon état d’esprit également. Je peignais comme je le voulais, préparai une expo dont j’étais très fière. Bref, tout allait pour le mieux. Aussi, c’est avec le sourire que j’entrais dans la salle de massage de mon ami qui, comme à son habitude, resta professionnel jusqu’à ce que nous soyons seuls.
— Toujours prête pour toi, bro, fis-je avec humour.
Je me débarrassai de mon peignoir et vins m’installer sur la table, à plat ventre, comme j’en avais l’habitude. Je fermais les yeux et expirai longuement. J’avais en effet besoin de me détendre et le timing ne pouvait être plus parfait. Mais comme je ne me sentais pas encore prête à en parler, je détournai l’attention, comme à chaque fois que je devais évoquer quelque chose de sérieux.
— T’as vu mon dernier ? Le vegvisir dans la nuque, je l’ai fais encré il y a un tout petit peu plus de trois semaines, il est cool, hein ?

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La jeune femme ôta son peignoir et s'installa sur la table de massage, bien habituée des lieux. Comme d'habitude également, j'attendis qu'elle soit installée pour défaire la cordelette de son haut de maillot, puis pris mon huile de massage que je réchauffai entre mes mains. J'entendis le soupir de Lys, mais ne lui posai pas de questions – si elle voulait me parler de quelque chose, elle savait que j'étais là pour ça et que ça ne me dérangeait jamais. Quand il s'agissait des autres, je pouvais totalement rester sérieux. Par contre, dès qu'on en venait à parler de moi, je considérais que le terrain devenait glissant et je me réfugiais dans l'humour pour changer de sujet. Elle me parla de son dernier tatouage, que j'observais en effet dans sa nuque. Je connaissais le symbole, la belle brune m'en avait déjà parlé. « Tu avais peur de te perdre dans la tempête ? » lui demandai-je, un sourire dans la voix en référence à l'histoire du symbole. Je posai mes paumes dans le bas de son dos et commençai à la masser, en remontant le long de sa colonne. Tout en la massant, je continuais d'observer sa nuque. « Il est vraiment bien réalisé, tu l'as fait chez qui ? Le trait est hyper fin » notai-je, admiratif. De mon côté, je n'avais jamais sauté le pas pour un tatouage. Pourtant, j'aimais beaucoup cet art à même la peau, mais rien dans ma vie ne m'avait semblé être assez important que pour se retrouver gravé sur ma peau. Dans le haut de son dos, je sentis la tension de Lys. Mes doigts cherchèrent donc à soulager ses muscles, qui en avaient bien besoin. « Tu es tendue, chérie » fis-je l'air de rien. Le surnom, c'était habituel avec moi – j'en affublais mes amis à longueur de temps, ils pouvaient être soit mignons, soit complètement ridicules. L'accepter était une condition sine qua non au fait de me fréquenter.

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Liam avait des doigts en or et c’était de notoriété publique à Bowen. Son métier de masseur pouvait surprendre, au vu de son look. On le prenait souvent pour une toute autre personne que celle qu’il était réellement mais j’avais appris depuis l’enfance à ne jamais me fier aux apparences. Bien souvent, elles étaient un leur. Beaucoup se fiait à ma bouille angélique, mes yeux bleus y étant probablement pour quelque chose, mais je n’avais rien d’un ange. Non pas que j’étais forcement diabolique, disons que j’étais un parfait mélange des deux. Avec sa tête de viking ou de dur à cuir, mon ami était la douceur incarnée et c’était très agréable. Depuis que nous nous étions rencontrés, il s’intéressait à mes tatouages bien qu’il ne soit pas tatoué lui-même. Je souris lorsqu’il évoquait les tempêtes, je notai qu’il n’était pas nécessaire d’être en mer pour en traverser. La vie ne nous trimbalait-elle pas constamment au gré du vent ?
— C’est plus un symbole de protection, un guide spirituel, expliquai-je, puis on a tous besoin de retrouver son chemin à un moment ou à un autre, pas vrai ?
Je me détendis, à mesure que les doigts de Liam massaient les muscles de mon dos. S’il continuait ainsi, j’allais m’endormir. La voix douce et grave de mon ami résonnait presque comme une berceuse, ce qui ne m’aidait pas à rester éveillée.
— C’est ma tatoueuse habituelle qui l’a dessiné, j’aime toujours autant son travail. Je te la conseille, si jamais tu souhaites passer le pas…
Je le taquinai toujours avec ça, lui répétant que cela irait parfaitement bien avec son personnage d’encrer quelque chose sur sa peau. En vérité, j’étais contre l’idée de forcer la main à qui que ce soit lorsque cela concernait quelque chose d’aussi intime que le tatouage. Chacun était libre de ses opinions sur le sujet et libre de faire de son corps ce qu’il souhaitait. Ce n’était pas à moi de dire quoique ce soit là dessus, mais cela restait une plaisanterie entre nous. Disons que, lorsqu’on nous voyait arriver au pub, on n’imaginait pas tout de suite que, de nous deux, c’était moi la tatouée. Cela nous faisait souvent rire.
Je grimaçai brusquement au moment où il passa sur un nœud. En effet, j’étais tendue et cela se ressentait physiquement. Je soupirai tandis que mon ami s’échinait à me dénouer. De mon côté, je me sentis prête à me confier
— Tu te souviens de mon voisin, le type insupportable à qui je rêvais d’arracher les yeux ? Bah…je crois que j’ai fait une belle connerie.

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Je souris en hochant la tête, avant de me rendre compte que mon amie ne pouvait évidemment pas me voir. « C'est vrai, oui » répondis-je donc, quand elle me dit qu'on avait tous besoin de retrouver son chemin au moins une fois dans notre vie. Mon chemin à moi, il me semblait parfois ne jamais l'avoir perdu... et d'autres fois, tout simplement ne jamais l'avoir trouvé. A la question qu'as-tu accompli, Liam ? je n'avais aucune réponse à apporter. Mais était-ce si important ? N'était-il pas plus important d'être heureux ? « Je sais, je sais... peut-être qu'un jour, je trouverai l'inspiration divine et que j'irai me faire tatouer... ou alors, on aura tellement bu de rhum que je ne me rendrai pas compte de ce dans quoi tu m'embarques encore ». En deux ans, nous avions eu le temps d'en boire, du rhum ! Et ça nous avait parfois menés dans des endroits totalement improbables. Je me rappelais notamment de la fois où nous avions fini la soirée à essayer de rentrer au Yoga Space par effraction, afin de profiter de la piscine. Un fiasco, mais nous avions bien ri.
J'étais en train de chasser les nœuds dans le dos de mon amie lorsqu'elle me parla subitement de son voisin. Elle m'avait toujours dit le détester, ainsi fronçai-je un sourcil quand elle me parla de sa bêtise. « J'espère que tu ne comptes pas sur mon congélateur pour cacher le corps » commençai-je, d'un air faussement sérieux. Je connaissais assez bien Lys pour savoir que sous ses airs angéliques se cachait une véritable diablesse, mais je ne la voyais pas faire de mal à une mouche. J'étais curieux de savoir de quelle bêtise elle pouvait bien parler, et pour le moment je n'envisageais que des choses... disons plus basiques, en ce qui concerne le vaste sujet des querelles de voisinage. « Niels, c'est ça ? Oui je m'en souviens, qu'est-ce que tu as fait ? » J'étais plus concentré sur son massage que sur ce qu'elle me racontait... mais c'était parce que je ne me doutais pas une seule seconde de ce qu'elle allait me raconter.

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Sa réflexion à propos du congélateur me fit sourire. En réalité, j’étais certaine de pouvoir compter sur Liam, même dans un cas si extrême. C’est à cela qu’on reconnaît les amis, les vrais, ceux que vous pouvez appeler à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit et qui vous apportent leur aide sans la moindre condition. Heureusement, nous n’avions jamais été confronté à une situation grave mais j’étais sûre que Liam était près à me soutenir dans n’importe quelle circonstance. Je le rassurai néanmoins, nous n’aurions pas à acheter une paire de cagoules, ni à transporter un corps à l’abris des regards pour le balancer à la flotte. Non, je n’avais pas étripé mon voisin, et j’en venais à me demander si cela n’aurait pas été plus simple à gérer. J’aurais sans doute plus de facilité à encaisser les cauchemars et la culpabilité que les rêves érotiques criants de réalisme qui peuplaient mes nuits depuis que Niels et moi avions couchés ensemble. Ok, j’exagérais peut-être un peu la situation, mais j’étais éreintée. Me réveiller chaque nuit à quatre heure de matin pétante, en sueur et dans un état tel de frustration que cela s’apparentait pour moi à de la torture pure et simple, jouait clairement sur mes nerfs. Preuve en était que mon dos était complètement noué.
— Oui, c’est ça…Niels.
Soupirant, je me redressai en tenant mon haut de maillot de bain pour cacher ma poitrine. Liam me laissa passer mon peignoir, se détournant pour ranger ses huiles un instant.
— Je ne lui ai peut-être pas fait la peau mais c’est bel et bien son corps le problème.
Je sautai de la table de massage et commençai à faire les cent pas.
— Je suis complètement obsédée par lui et je me déteste pour ça.
Les mains sur les hanches, je cherchai le regard de mon ami et soupirai de désespoir.
— J’suis nuuuuulle ! me lamantai-je, je le savais pourtant, j’étais certaine que ça allait me coûter bien plus que des courbatures et j’ai quand même baissé mes barrières. On a couché ensemble et maintenant…maintenant je m’en mords les doigts.
Nerveuse, je repris mes allés et venues d’un bout à l’autre de la pièce, entortillant mes doigts, me mordillant les lèvres.
— J’ai besoin d’un verre, déclarai-je enfin, le genre de verre sans fond qui me fera oublier jusqu’au fait que je possède un corps doué de sensation.

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Apparemment, l'heure était grave car la petite brune se redressa pour rattacher son maillot, signifiant que le massage était terminé. Je me tournai délicatement pour ranger mes huiles et me laver les mains, le temps qu'elle remette son peignoir, pour finalement m'appuyer contre le meuble, bras croisés sur la poitrine. « Et donc, Niels ? » l'encourageai-je, pour finalement apprendre que son corps était le problème. La remarque m'arracha un léger sourire, je voyais tout à fait où elle voulait en venir. Elle commença à faire les cents pas devant moi, en m'expliquant qu'elle était totalement obsédée par lui et qu'elle se détestait pour ça. « Tu sais ce qu'on dit, la haine est le plus proche sentiment de l'amour » sifflotai-je, l'air de rien. Leur relation était tellement électrique et tendue qu'il s'était finalement produit ce qu'il devait se produire. Rien d'étonnant en soi, à condition que le mec soit un minimum potable physiquement. « Je sens que je vais regretter de poser cette question... mais après tout, on dirait que je suis ton meilleur ami gay et friand de détails, so... pourquoi est-ce que tu t'en mords les doigts ? Tu viens de trouver un plan cul de l'autre côté du couloir, non ? Dans le genre pratique, j'ai rarement connu mieux » fis-je, mi-sérieux mi-amusé. Entre mecs, nous avions plutôt tendance à résumer nos vies amoureuses et sexuelles quand on en parlait à : c'était bien, elle est bonne, mais je savais les femmes beaucoup plus loquaces à ce sujet. C'était à la fois totalement fascinant, et inquiétant à la fois. Être au courant du fait que la femme avec qui tu sors raconte tout à ses copines, c'est un peu comme se demander à longueur de temps si elles sont en train de t'imaginer tout nu, quand tu rencontres les copines en question. Troublant !

Me faisant reprendre ma place d'homme viril, Lys déclara qu'elle avait besoin d'un verre... sans fond, si possible. Une suggestion qu'il ne fallait pas me dire deux fois. « Je préfère ça ! » J'enlevai la serviette sur la table de massage, la jetai dans le bac à linge et éteignis les bougies, pour finalement me tourner vers elle : « on se change, et on se retrouve en bas d'ici cinq minutes ? » proposai-je, salivant presque déjà à l'idée du rhum que nous allions déguster tous les deux. J'avais juste besoin de retrouver mes vêtements de tous les jours, la tenue du spa n'étant pas la plus appropriée pour me balader en ville.

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