Un problème, des solutions (Clive)

Un problème, des solutions

Depuis que tu avais commencé à voir la psychologue de la police, tu te sentais pas vraiment mieux mais pas non plus pire, tu sortais même des séances parfois moins tendu. Tu avais entendu parler d'un groupe de parole de tenant en ville par un sous-traitant de la police, l'idée de tenter aussi cette option pour en finir avec tes démons te passait en tête. Après t'être renseigné sur le lieu, tu te décidais de tenter le tout pour le tout. Te préparant après le boulot, tu pris la direction de l'établissement, lorsque tu arriva c'était déjà commencé, tu ne connaissais personnes hormis un homme, tu l'avais connu sur les scènes de crimes puisque c'était lui qui était en charge du nettoyage. Lui faisant un signe de la tête, tu resta, bras croisé dans ton coin, te contentant d'écouter chaques histoires, tu te rendais compte que finalement, l'idée du groupe de parole pourrait être utile. Tu attendais la fin pour exposé ton problème dans les grandes lignes à Clive, tu voulais surtout savoir si tu pouvais en être.

un problème,
des solutions

Il y a quelques années, personne n’aurait imaginé que Clive puisse se trouver au milieu d’une poignée de personnes, à les écouter parler sans les interrompre, sans faire de commentaires. Pourtant ce soir et comme c’était le cas depuis plusieurs mois maintenant, il était posé sur l’une des chaises qui formaient toutes ensemble un cercle pour que chacun puisse se regarder. Car si la parole était ce que l’on privilégiait, certains savaient aussi parler de par leur réaction, les regards ou les sourires qu’ils adressaient. Observateur, Clive y attachait une certaine importance et il avait appris au fur et à mesure de ces séances qu’il ne fallait jamais rien ignorer, encore moins quand certaines personnes venaient sans réussir à parler. Concentré, son attention avait été retenue quelques instants par ce type qu’il connaissait assez bien, le voyant rester en retrait. Un simple hochement de tête et il avait laissé la séance continuer jusqu’à y mettre fin une vingtaine de minutes plus tard, se perdant à quelques échanges avec certaines des personnes présentes, avant de se diriger vers Sam, l’appelant par son prénom avant que la paume de sa main ne vienne s’aplatir sur son épaule en guise d’accolade «Qu’est-ce que tu fous là?» avait-il demandé les sourcils légèrement froncés. «Tu venais chercher quelqu’un?» Ça n’était pas rare de voir parfois des agents passer dans le coin, pour parler à des drogués qui servaient d’indic ou même parce que certains d’entre eux étaient sous surveillance policière.

Un problème, des solutions

Tu étais resté attentif à chaque récits, une fois la réunion terminé, tu te disais que ton histoire n'était pas la pire mais qu'après tout tu y avais la place. Restant après la séance, tu t'étais isolé, en voyant Clive se rapprocher, tu te sentais légèrement nerveux mais tentais de sourire. '' Je voulais te voir, je suis pas là pour des raisons professionnelles. '' Tu savais de part tes collègues et ton expérience que parfois certains criminels servant d'indics ou même des criminels sous surveillance participaient à ce genre de groupe. Tu marquais une pause avant de reprendre. '' Tu sais que j'étais partis bossé sous couverture, ce qu'il s'est passé ses trois dernières années me pèse. J'ai entendu parler de ton groupe, je savais pas que tu aimais ce style de groupe. Mais je crois que ça pourrais être une bonne chose si je pourrais participer. Avec ce que je viens d'entendre, ça me semble être une solution envisageable. J'te rassure vieux je ferais l'impasse sur certains détails. ''

un problème,
des solutions

Voir Sam dans le coin restait quand même une petite surprise, surtout quand on savait que c’était un agent très qualifié, car en dehors de leurs conversations, certains flics ne manquaient pas de parler de Sam, ça en disait assez long lorsque d’autres agents vantaient le professionnalisme d’un autre. «Je t’écoute dans ce cas» Intrigué, Clive aimait aussi ces groupes de parole pour cette raison; celle de voir des gens de tout milieu débarquer, ça permettait d’ouvrir un peu les yeux pour montrer que tout le monde avait des problèmes, peu importe qui on était, ce qu’on faisait. Et quand Sam s’était mis à parler, Clive l’avait écouté, trouvant sa démarque courageuse d’une certaine façon. C’était rare que des flics se mêlent à ce genre de groupe, une question d’ego apparemment. «Crois-moi, avant d’y mettre les pieds, j’avais horreur d’entendre des gens se plaindre de leurs problèmes.» Et encore aujourd’hui parfois, mais c’était rare que dans ces groupes, on retrouve le voisin qui se plaint de son compte en banque à zéro ou de sa pelouse ma tondue par son jardinier. «Tu sais, le meilleur moyen de le savoir, c’est que tu y assistes une fois. Mais pas en restant dans un coin, tu prends une chaise et tu te mêles au groupe.» Une façon de lui faire comprendre que c’était pas en restant dans l’ombre qu’il saurait réellement si c’était une bonne chose pour lui ou non. «Et parle uniquement de ce que tu veux, ici les gens ne sont pas là pour des détails croustillants, ils sont là pour parler, écouter et se sentir moins seuls, respirer un peu sans se sentir jugés.»

Un problème, des solutions

Tu écoutais la réponse de ton ami, tu ne pouvais pas cacher ta surprise de le voir à la tête du groupe de parole, même si tu n'étais pas surpris de sa part. Il n'avait pas tord, il n'y avait pas mille et une solution pour savoir si tu pouvais avoir ta place, il fallait participer. Ce qui allait sans aucun doute, être compliqué pour toi. '' T'as raison mais ils doivent pas voir des flics tout les jours fréquenter leur groupe. Être jugé c'est pas vraiment ça qui me fait peur, j'ai simplement envie de redevenir le Sam que tout le monde connaissait et pas le monstre que je suis devenu. '' Depuis la mort de cette femme enceinte, tu te considérais comme un monstre, tu t'étais persuadé que tu aurais pu éviter qu'elle se fasse tuer et c'est ce qui te hantais le plus de ses trois années passé dans la peau d'un autre. Tu n'ajoutais rien de plus, ton regard en disait long sur tes remords. Mais il n'y avait pas que ça que tu voulais changer, il y avait ta froideur et ton impulsivité qui te dérangeais. Tu avais toujours été assez impulsif mais pas a ce point.

un problème,
des solutions

En l’écoutant, Clive n’avait pas vraiment de mal à percevoir qu’il y avait en Sam des choses qui ne demandaient qu’à sortir. Il avait entendu quelques histoires par rapport à sa couverture, compris que certaines choses ne s’étaient pas passé comme prévu mais qu’il avait su tenir bon. Mais comme toute mission, on en ressortait souvent avec des séquelles et apparemment celles-ci semblaient bien présentes en Sam. «Tu sais, tu dis ce que tu veux dire. On a pas besoin de savoir que t’es flic et même si tu le disais, ils te regarderaient pas différemment. Si tu viens ici, c’est que t’acceptes d’être égal aux autres.» Il tenait à ce que Sam comprenne que ce n’était pas ce qu’il était ou ce qu’il faisait qui allait pousser les gens à réagir. Ici on parlait, on écoutait mais jamais on ne jugeait. «Après je ne pense pas que venir ici te permettra de redevenir celui que tu étais avant. Mais ça t’aidera à trouver ce que tu dois faire pour le redevenir.» Clive était du genre franc et ne cherchait pas à donner de faux espoirs aux gens, cependant il savait ce qui était possible ou non en venant ici. «Mais si je peux te donner un conseil, c’est que de se blâmer pour ce qui a pu être fait ou dit, ça n’a jamais aidé qui que ce soit.» Aller de l’avant, c’était la solution, mais ça demandait juste la volonté d’y arriver.

Un problème, des solutions

Admettons que tu ne dise pas ton métier, il ne fallait pas avoir fait des tonnes d'études pour le deviner. Même si tu ne répondais pas à l'avis de Clive, tu partageais son avis. Tu étais certes dans la police, mais comme eux tu avais des problèmes dont tu voulais parler. Tu continuais de l'écouter attentivement, restant toujours silencieux, tu n'étais pas dupe, tu savais bien que tu ne pourrais jamais redevenir totalement l'homme d'il y a trois ans, mais tu voulais t'en rapprocher, pour toi et tes proches. Ou tout du moins avoir de quoi avancer. Sa dernière phrase fit mouche, tu décidais de lui faire part de ce qui te pesais le plus. '' C'est pas évident de ne pas se blâmer quand tu sais que tu aurais pu probablement éviter à une femme enceinte de mourir sous tes yeux.'' Tes yeux se mirent à briller et ton visage transparaître ta grande tristesse et ted remords face à cet événement.

un problème,
des solutions

En quelques mois, Clive avait vu beaucoup de gens défiler, il en avait entendus beaucoup, certains en pleurant, certains en murmurant. D’autres ne disaient quasiment rien mais les marques sur leur visage le faisaient à leur place. Des situations face auxquelles Clive avait dû s’habituer et face auxquelles il paraissait le plus souvent impassible. Il n’aimait pas apporter la compassion aux gens, ni leur offrir une certaine pitié car il ne veut pas que les gens pensent qu’il soit là pour les épauler, il était avant tout là pour les écouter, leur donner la force de croire à nouveau en eux sans qu’il n’ait à faire quoi que ce soit. C’est pour ça que lorsque Sam fut plus précis dans ses paroles que Clive se contenta de le regarder, se contentant d’acquiescer sans s’excuser auprès de Sam pour ce qu’il avait dû vivre. «On peut toujours faire mieux Sam, tu sais.» Il n’avait pas cherché à en savoir plus, le changement dans le visage de Sam avait été frappant et Clive cherchait avant tout à amorcer un peu cette bombe d’émotions qui semblait l’affecter de l’intérieur. «Seulement on est pas infaillible et ces fautes que l’on commet, on doit davantage s’en servir pour avancer.» Il secoua Sam de l’épaule pour le brusquer un peu, lui faire avaler ses émotions qui semblaient encore présentes. «Et c'est ce que tu dois faire.»

Un problème, des solutions

Même si tu restais bref sur ce qu'il s'était passé, Clive te rassurait dans ses réponses. Il était certain que faire mieux était toujours possible et tu avais toujours fais en sorte d'apprendre de tes erreurs. Mais tu n'arrivais pas à oublier son visage, tu savais que tu le gang avait voulu faire un exemple avec elle mais tu ne tolérais pas qu'ils l'aient fait avec cette femme précisément. Un peu perdu dans tes pensées, le fait qu'il te secoue les épaules te remis les idées en place. Passant une main dans tes cheveux tu finis par lui répondre. '' Ouai j'sais qu'on peut toujours faire mieux et que les erreurs aident à avancer. Bref.... Je viendrais à l'une de tes réunions, mais changeons de sujet. Tu veux aller boire un verre et me raconter ce qui t'es arrivé ses dernières années ? '' Tu préférais changer de sujet ne voulant pas ressasser le passé, tuble faisais déjà avec la psy et au final ce n'était pas vraiment le but de ta visite, enfin pas totalement en partie. Tu voulais aussi rattraper le temps avec Clive, ça faisait partie des objectifs de la psychologue, renouer avec tes proches.

un problème,
des solutions

D’une certaine façon, c’était bien connu que le plus difficile pour les gens de manière générale, c’était d’aller de l’avant. Que ce soit après une rupture, après la perte d’un être cher. On avait tous cette tendance à prendre tout sur soi sans chercher à se libérer de ces chaînes qu’on s’obligeait à garder. Parce que c’était difficile, parce que ça pouvait être douloureux avant toute chose, bien plus que de vivre avec nos erreurs tous les jours. Travailler sur nous, c’était avouer beaucoup de choses, faire face à beaucoup de choses aussi et ça demandait du courage. C’était bien souvent à ce moment-là que Clive intervenait, c’était quand il sentait les gens reculer qu’il devait indirectement leur donner la force de faire le pas en avant nécessaire pour se détacher de ce qui les retenait. Ça prenait souvent du temps, ça demandait de la patience et Sam devrait avant tout en trouver au fur et à mesure qu’il côtoierait des groupes de paroles. Clive en eut la confirmation lorsque Sam coupa court à la conversation pour lui faire une proposition qu’il n’allait pas refuser. Il attrapa Sam par le coup avec sa délicatesse légendaire et l’entraîna dehors «Allez fais pas cette gueule, c’est moi qui paierai la consommation» Qu’il lui sort avant de se retrouver dehors et de marcher dans les rues, son regard cherchant un bar tout en s’adressant à Sam qui était silencieux, sûrement à remuer certaines choses de la conversation qu’ils venaient d’avoir «Je t’ai déjà raconté l’histoire de cette étudiante qui m’a allumé pendant toute une soirée avant de me dégueuler dessus au moment de conclure?» Sûrement qu’il l’avait déjà racontée mais Clive n’arrivait pas à s’en lasser, surtout quand on savait qui était l’étudiante en question.