You're already the voice inside my head (Niels)

Il avait patienté toute la journée à crever d'inquiétude en attendant son appel. A moins que l'alcool n'ait totalement bousillé sa mémoire, il se rappelait très bien de ce qu'Aelya lui avait dit la veille, du fait qu'elle le préviendrait lorsqu'elle aurait des nouvelles quant à l'altercation avec l'autre danseuse. Sauf que depuis, silence radio. Et toutes les deux minutes, il n'avait pas arrêté de regarder l'écran de son portable, qui ne daignait pas afficher son nom. Alors, il l'avait appelé, trois, quatre puis cinq fois, se foutant totalement du fait qu'il était au boulot et que le service roulait au ralenti de par sa faute. Aelya ne répondait pas, et ce n'était pas dans ses habitudes. Niels craignait le pire, l'inquiétude ne cessant de grimper en flèche en lui. Cette nana était capable de n'importe quoi, il l'avait bien vu la veille, il lui manquait complètement une case et c'était d'autant plus dangereux. Sa journée de travail terminée, il s'était empressé de passer par le club, n'y trouvant aucune information qui lui serait utile. Fuck. Les messages vocaux continuaient d'affluer sur la messagerie d'Aelya, son cœur s'arrêtant de battre à chaque fois qu'il tombait sur sa boîte vocale et entendait sa voix. Et passer chez elle ne fut pas plus fructueux non plus, il l'avait compris dés l'instant où il avait appuyé pour la troisième fois sur la sonnette d'entrée. La nuit qui suivit fut longue, très longue, certainement l'une des plus longues de sa vie. Il avait chassé le sommeil, les yeux rivés sur son portable en s'imaginant un tas de scénarios tout aussi dingues les uns que les autres, allant même à penser que peut-être, elle ne voulait tout simplement plus de lui dans sa vie. Ça n'avait aucun sens après leur nuit passée ensemble mais à vrai dire, là tout de suite, dans l'esprit de Niels, il n'y avait plus aucune place pour la lucidité. L'épuisement et l'inquiétude avaient eu raison de lui. Le lendemain, il s'était rendu à l'hôpital avec une tête de déterré, le genre de tête qui signifiait "m'approche pas parce-que je vais te cracher dessus". Il était vraiment perdu, ravagé par l'absence de nouvelles d'Aelya, ne sachant même plus s'il devait s'inquiéter ou non. Et alors qu'il était occupé avec ses brancards, son portable sonna affichant un numéro qui ne lui disait rien. Il décrocha, reconnaissant automatiquement la voix qui se trouvait au bout du fil. « Putain de merde Aelya, qu'est-ce que t'as foutu ? Où est-ce que t'es ? » Bon, ça aurait pu être plus doux mais là, il était juste incapable de contrôler ses émotions.

Il s'était littéralement senti dépérir en l'espace d'une journée, se rendant compte qu'il ne pouvait pas continuer comme ça, pas sans elle. Il se sentait comme mort à l'intérieur, ne pouvant encore ressentir que la torture que lui infligeait son anxiété. Il détestait perdre le contrôle de ses émotions, et il sentait bien que c'était exactement ce qui était en train de se passer lorsqu'il pensait à elle et au fait qu'il ne savait pas où elle était, ni ce qu'elle faisait. Il avait vu les aiguilles de l'horloge avancer, confirmant petit à petit les craintes qu'il avait en lui. Et s'il s'était fait royalement baladé par elle et par ses belles paroles ? Il avait le cœur qui en saignait rien que d'y penser. Il avait semblé sans vie tout au long de cette journée, jusqu'à ce que son portable ne daigne enfin sonner. Il aurait pu s'écrouler en entendant sa voix, tellement que le soulagement était intense et brutal. Jusqu'à ce que l'inquiétude ne revienne au galop en deux secondes lorsqu'elle lui expliqua la situation. « T'es en taule ?! Putain quelle belle garce... » Il lâcha, serrant la mâchoire pour s'empêcher de la baptiser de tous les noms. Rapidement, il perçut un vent de panique s'emparer de lui lorsqu'elle parla de caution, se doutant pourtant qu'il allait forcément être question d'argent. Il laissa un blanc s'écouler, réfléchissant à ce qu'il allait pouvoir faire. « Combien ? » Il lâcha, d'une voix presque plus froide mais bien déterminée. Il sentit sa gorge se nouer lorsqu'elle lui dévoila le montant, comprenant dés lors qu'il allait devoir user de son cerveau pour la sortir de là. Il n'avait pas ce fric. C'était une somme astronomique pour lui, qui avait plus pour habitude d'être le type en galère pendant les fins de mois que celui qui gérait parfaitement son compte en banque. Il inspira lourdement, réfléchissant à toutes les options qui s'offraient à lui. « J'arrive. » Il raccrocha en premier, n'ayant aucune envie de perdre du temps. Aelya était derrière les barreaux et il ferait tout pour l'en sortir. Des thunes, il n'y avait pas mille façons d'en trouver. Il travaillait dans un hôpital et dans ce genre de milieu, il était impossible de demander des avances ou des acomptes. Non, c'était trop réglo comme organisation. Il pensa une demi-seconde à ses parents, qui étaient tellement pétés de thunes qu'ils auraient pu probablement payer les cautions d'une prison entière. Mais il était hors de question de faire appel à eux. Même pas en rêve. Il avait balayé toutes les options une à une pour finalement tomber sur la dernière, celle qu'il aurait voulu éviter à tout prix. Il avait des contacts, Niels. Des types aux activités pas très nettes qui auraient bien besoin d'un mec comme lui dans leur réseau. Il ne savait pas grand chose d'eux, ni de leur organisation, mis à part que la vente de drogue leur était plutôt très lucrative. Il n'y avait pas à peser le pour et le contre, la situation était urgente et ils avaient l'argent dont Niels avait besoin. Il s'arrangea comme il put pour filer du boulot, feignant un truc contagieux, aidé par les traits fatigués que son visage affichait. Il composa le numéro d'un des types qu'il connaissait plus ou moins, ce dernier lui donnant rendez-vous dans un endroit discret, à l'abri des regards. Ils se serrèrent la main une fois l'enveloppe remise, scellant l'accord qu'ils avaient mis en place à travers ce geste. Sans plus attendre, Niels débarqua dans les locaux de la prison, l'enveloppe en main. Il se présenta, cachant du mieux qu'il le pouvait son anxiété, apparaissant confiant pour ne pas éveiller de soupçons.

Attendre de sortir. Ça n'était même pas envisageable. Ils venaient à peine de se retrouver, il n'aurait jamais laissé quoique ce soit les séparer à nouveau, même pas la justice. Et dire qu'ils avaient parlé de prison quelque temps auparavant, persuadés que c'était encore la seule manière pour qu'ils restent éloignés l'un de l'autre... Belle ironie du sort. Sauf que Niels ne laisserait pas le destin lui jouer des tours, ni dicter ce à quoi sa relation avec Aelya était vouée. Il le refusait catégoriquement. « Dis pas de bêtises, j'vais pas te laisser pourrir dans ce trou à rats. » Sa voix était ferme, indiquant ses intentions et sa volonté de la faire sortir de là. Il avait coupé court à la conversation, peut-être un peu trop sèchement d'ailleurs, ne pensant qu'à se bouger pour trouver le fric en question. Il aurait été prêt à tout, même à cambrioler une banque s'il le fallait, comme si sa propre vie était en jeu. En même temps, si ça touchait à Aelya, ça le touchait forcément aussi. Il s'était rendu très rapidement à la prison de Bowen, tiraillé par la peur mais bien décidé à libérer sa belle. Si les flics se mettaient à douter de la provenance de l'argent qu'il avait amené, Niels savait qu'il seraient tous les deux foutus, embourbés dans une belle merde. Il s'était forcé à afficher une mine convaincue, essayant de ne pas paraître trop louche. Il souffla discrètement lorsqu'il vit l'agent dire à son collègue d'aller chercher Aelya, lui offrant un sourire forcé avant d'aller attendre un peu plus loin. Il scruta les quatre coins de la pièce d'un œil curieux, vraiment pas à l'aise à l'idée de se retrouver dans un endroit qui lui rappelait beaucoup trop de souvenirs. Certes, ce n'était pas dans cette prison qu'il avait effectué sa peine, mais le principe était le même. Et dans tous les cas, il détestait l'endroit. Son regard fut attiré par le bruit de la porte derrière lui, son cœur battant à tout allure lorsqu'il aperçut Aelya, celle-ci n'attendant pas longtemps avant de venir se réfugier dans ses bras. Il soupira de soulagement, l'entourant de manière protectrice dans son étreinte. « C'est pas grave... » Il souffla, continuant à la serrer contre lui, se délectant de sa présence. Puis il se détacha lentement, un autre flic l'interpelant afin qu'il signe des papiers indiquant qu'il était bien celui qui avait payé la caution. Après leur avoir fait comprendre qu'ils pouvaient maintenant y aller, Niels attrapa la main d'Aelya, l'emmenant à l'extérieur sans perdre une minute, sentant bien qu'elle avait besoin d'air.

C'était comme si il ré-apprenait doucement à respirer maintenant qu'elle était tout près de lui, comme si sa bouteille d'oxygène était arrivée enfin à destination. Il n'avait jamais ressenti pareille inquiétude auparavant, et à vrai dire, c'était tellement intense qu'il ne l'aurait souhaité à personne, même pas à son pire ennemi. Il la maintenant contre lui avec force, voulant ressentir sa présence autant que possible, lui qui s'était senti littéralement vidé par ces deux jours d'absence pendant lesquels il s'était fait un sang d'encre. Et ça se voyait sur son visage. Il n'avait pas dormi, avait à peine pris le temps d'avaler quelque chose entre ses insomnies et ses journées de travail. Il était hanté par l'absence d'Aelya, par ce manque d'informations qui le rendait complètement fou. Il avait tout de suite su que quelque chose ne tournait pas rond, parce-que même si l'idée qu'elle puisse le laisser en plan sans aucune raison lui avait traversé l'esprit, il avait eu un mal fou à s'imaginer que ça puisse être la vraie raison de son silence. Il sentait son corps s'apaiser doucement, la tension redescendant d'un cran lorsqu'il put enfin sentir son parfum venant lui chatouiller les narines, reprenant vie petit à petit. La paperasse effectuée, ils se retrouvèrent ni une ni deux dans sa voiture, avec le silence comme seul bruit de fond. Il savait ce qui l'attendait, Aelya connaissait sa situation financière et il était certain qu'il n'était pas commun pour un type comme lui de sortir une telle somme en aussi peu de temps. « Ça n'a aucune importance. » Répondit-il, sur un ton presque froid, ne désirant pas l'inquiéter même s'il savait que c'était peine perdue. Il soupira à sa remarque, basculant sa tête vers l'arrière. « Putain mais tu voulais que je fasse quoi Aelya ? » Il lâcha, sentant une certaine indignation se déferler en lui. « T'aurais pu attendre ? Bah pas moi figure-toi. Tu croyais quoi ? Que j'allais continuer à faire ma petite vie tranquillement tout en sachant que toi tu étais coincée dans cette putain de cellule ? » Il s'énervait, ne supportant pas l'idée qu'elle puisse penser qu'ils auraient vraiment pu attendre. Évidemment que non, et elle le savait aussi bien que lui. Il ne pouvait pas vivre sans elle, plus maintenant, cette simple idée lui étant insupportable. « Tu peux pas savoir à quel point j'avais envie de crever. » Avoua-t-il, plus calmement, le regard emprisonné par la peine et l'inquiétude qui l'avaient gagné ces deux derniers jours.

S'il devait retourner sur ce terrain-là, celui de l'illégalité et de la déchéance, simplement pour sortir Aelya d'une situation délicate, Niels n'hésiterait pas une seule seconde. Et c'était d'ailleurs ce qu'il avait choisi de faire. Il n'avait pas attendu, ni hésité une seule seconde, parce-que dans sa tête, il n'y avait pas à réfléchir. Il fallait agir au plus vite. C'était tout Niels ça, privilégiant toujours les actes aux paroles, considérant qu'il n'y avait que ça qui faisait réellement avancer les choses. Réfléchir, c'était bien, agir, c'était mieux. Et jamais il ne l'aurait laissé vivre ça toute seule, surtout qu'il savait que c'était un endroit qui lui était aussi trop familier et qu'elle aurait préféré ne jamais y retourner. Sauf qu'Aelya n'était plus seule désormais, Niels était sur son chemin, prêt à tout pour l'attirer vers lui, quitte à s'engouffrer dans des eaux encore plus troubles. A quoi bon profiter de sa liberté si elle était enfermée ? Il n'en voyait honnêtement aucun intérêt. Il avait essayé d'éviter le sujet, lui affirmant qu'ils devraient se contenter de savoir qu'ils étaient maintenant réunis. Mais il aurait du prévoir que la jeune brune n'aurait pas lâcher l'affaire, c'était plutôt évident. « Des types m'ont aidé. » Il avoua, de manière hésitante, préférant rester vague avant de tout lui déballer. « Je vais travailler pour eux, pas longtemps, juste histoire de faire fleurir un peu leur affaire et de rembourser la dette. » Il prit un air détaché, comme si ça n'était pas si grave que ça en avait l'air, juste pour essayer de la persuader qu'il gérait la situation. « C'est rien j'te jure, je crains rien, ça va pas durer longtemps. » Se justifia-t-il, ancrant son regard dans celui d'Aelya. Il fronça les sourcils à ses paroles, ne pouvant pas croire qu'elle se remettait maintenant en question. « Pourquoi tu t'obstines ? » Répéta-t-il après elle, essayant de comprendre ce qu'elle tentait de lui dire par ces mots. Il avait le cœur qui tambourinait à l'intérieur, paraissant même à deux doigts d'imploser tellement que son rythme était soutenu. « Je peux pas être heureux si t'es pas là, c'est pour ça que moi je m'obstine tu vois. Je pensais que c'était clair. » Sa gorge se noua soudainement, et il serra un peu plus sa main, même s'il avait l'impression que quelque part, elle regrettait qu'il l'ait sorti de là. « Je te ramène chez toi. » Lâcha-t-il, d'une voix plus calme après avoir laissé le silence s'installer une minute de trop. Sa main se détacha de la sienne tandis qu'il mit le contact, le regard rivé sur la route pour ne pas se laisser hanter par toutes ces pensées qui le submergeaient.

Même s'il détestait avoir de nouveau plongé dans le milieu malfamé de la drogue, il tentait de se rassurer en se disant que c'était vraiment pour la bonne cause. Dans son esprit à lui, il n'avait pas eu le choix. L'argent ne tombait pas encore du ciel à ce qu'il en savait, et le seul moyen qu'il avait trouvé pour obtenir facilement cet argent, c'était celui-ci. Peut-être que s'il avait fait marcher sa cervelle ne serait-ce qu'une demi heure de plus, il aurait pu s'en sortir autrement mais dans la panique et l'inquiétude, c'était cette option qui lui paraissait la plus adaptée. Et puis, une demi heure de plus, c'était déjà trop. La moindre minute était déjà trop longue quand Aelya n'était pas à ses côtés. Son regard avait fui le sien lorsqu'il lui avait tout avoué, et il laissa le silence répondre à sa place à sa question. Il savait pertinemment qu'il ne lui faudrait pas bien longtemps pour comprendre là où il venait en venir lorsqu'il parlait "d'affaire". Il soupira à ses mots, conscient que l'inquiétude était maintenant passée dans l'autre camp bien qu'il aurait aimé l'éviter. « J'ai pas dit ça... Mais je sais qu'ils me feront rien, pas tant qu'ils sauront que je peux leur être utile. » T'es con ou quoi Niels ? T'es censée la rassurer là, pas t'enfoncer. Son regard daigna enfin se poser sur le sien, son cœur loupant un battement lorsqu'elle lui dit qu'elle voulait également aider dans le réseau. Il hocha instinctivement la tête de gauche à droite, l'idée lui paraissant inconcevable. « Non, c'est hors de question. Tu restes en dehors de tout ça et tu me laisses faire, c'est pas le moment pour t'attirer des ennuis. » Il était catégorique et ferme. C'était lui qui avait choisi de se foutre dans un pareil merdier, et même si c'était pour elle qu'il l'avait fait, jamais il ne l'aurait laissé le rejoindre. « Ça va aller, ok ? Fais-moi confiance, c'est tout ce que je te demande. » Il souffla, plus doucement cette fois-ci, essayant de lui faire comprendre qu'elle n'avait pas à craindre pour sa vie à lui. Son cœur se serra dans sa poitrine lorsqu'elle reprit la parole, essayant de lire à travers les mots qu'elle employait et qui semblait empreints au doute. « Pourquoi ? C'est quoi la finalité si tu réfléchis maintenant ? Tu vas te rendre compte que finalement, vaut mieux qu'on ne soit pas ensemble, c'est ça ? » Il s'emportait avec la panique, sa voix en étant presque tremblante tellement qu'il craignait qu'elle ne le laisse tomber pour son propre bien. Il avait préféré ne rien dire pendant le trajet, comme s'il était là physiquement sans être vraiment là, absorbé par les doutes et les pensées qui le fusillaient de chaque côté. Se garant devant l'immeuble d'Aelya, il coupa le moteur, captant son attention. Il fondait devant son regard, ses paroles et l'affection qu'il pouvait discerner à travers elle. « Faut que tu te reposes, on en a tous les deux besoin. » Il murmura, baissant les yeux un instant. Elle lui manquait, même si elle se trouvait devant lui, il sentait une distance entre eux, quelque chose d'invisible qui semblait les tenir éloignés l'un de l'autre sans qu'il ne sache pourquoi.

A la seconde où il avait prononcé ces quelques mots, il avait su qu'il avait sans doute fait la plus grosse gaffe du siècle. Parce-qu'il venait d'admettre qu'il n'était pas non plus très serein, qu'il ignorait ce que ces types feraient de lui une fois sa "mission" finie. De toute façon, il n'y avait jamais mille solutions dans ce milieu-là et très souvent, ça terminait toujours assez mal. Mais fallait croire que ces types lui avaient inspiré un peu plus confiance, peut-être parce-qu'ils connaissaient le passé de Niels et qu'ils étaient bien au courant de ce dont il était capable. Dans tous les cas, l'incertitude avait beau être présente, le jeune brun refusait qu'on puisse craindre pour sa vie, persuadé qu'il finirait par s'en sortir. Comme toujours. Il avait essayé de rattraper le coup comme il le pouvait, sa main se glissant sur la cuisse d'Aelya comme s'il ne souhaitait pas qu'elle s'emporte. « C'est pas ce que je voulais dire. Je vais pas mourir, tu m'entends. J'te laisserai pas tomber, j'aurais pas pris le risque qu'on soit séparés encore une fois. » Il avoua, son cœur battant si rapidement qu'il avait l'impression de l'entendre résonner dans ses tempes. Il se voulait rassurant mais malheureusement, il voyait bien qu'il ne faisait que d'empirer les choses à chaque fois, comme si chaque mot était une bombe de plus qu'il lançait et dont ils devaient à tout prix se protéger. A ses mots, il sentit un vent de panique le bousculer, ses poings se serrant soudainement alors que l'air commençait à cruellement lui manquer. « Non Aelya, j'te laisserai pas faire ça ! Ça servirait à quoi d'en être arrivé là pour que tu te refoutes dans la merde ? » Il prit une inspiration plus bruyante, l'idée qu'elle puisse être en danger lui étant insupportable. « En attendant, les choses sont comme ça et c'est moi qui ai choisi de plonger là-dedans. Alors s'il-te-plaît, ne t'implique pas dans ça, fais-le pour moi. » Il lui demanda, ses yeux cherchant à tout prix à la convaincre si ses mots ne parvenaient pas à le faire. « N'aies pas peur, j'te promets que ça va bien se passer. » Il souffla, doucement, d'une voix moins paniquée, lui offrant un faible sourire. Ça n'était pas le moment de paniquer, les choses étant déjà assez compliquées comme ça pour que l'inquiétude ne vienne semer encore plus de troubles. Ils devaient se montrer plus forts que d'habitude, même si le cœur n'y était pas. « Pour le moment. » Il lâcha, reprenant ses mots avec un rire sarcastique en hochant négativement la tête. Il ne savait pas ce qu'il devait comprendre, s'il devait déjà se mettre dans la tête que leur avenir à deux n'existerait pas. Il avait mal à en crever, et il ne parvenait même plus à la regarder parce-qu'il n'aurait pas supporter qu'elle puisse lire la peine qu'il avait dans les yeux. S'il devait souffrir, il le ferait en silence. C'était toujours comme ça avec Niels. Et le trajet n'arrangea en rien. Il était épuisé par les émotions, la fatigue, les non-dits. Son cœur avait trop accumulé ces derniers jours et il ne parvenait plus à arrêter le saignement. « C'est pas ce que je veux. Aelya, attends... » Il n'eut même pas le temps de la rattraper qu'elle était déjà sortie de sa voiture, sans lui adresser le moindre regard, ni le moindre signe d'affection. Il aurait aimé la rattraper, lui dire à quel point il avait besoin d'elle et d'eux, à quel point il voulait qu'elle l'embrasse. Mais il ne fit rien de tout ça, trop anesthésié par la douleur. Il démarra en trombe, la mâchoire serrée, les mains fermement accrochées à son volant et le regard vide.

Deux heures étaient passées, Niels tournait en rond chez lui, faisant les cent pas alors que la seule chose qu'il aurait aimé faire, c'était dormir. Son corps lui criait d'arrêter la torture et pourtant, il ne pouvait pas faire autrement que de penser à Aelya et à ces mots qu'il aurait préféré ne jamais entendre. Il était rentré dans sa chambre, ses yeux se posant sur son lit encore défait, lui rappelant soudainement toute la chaleur qu'il avait ressentie dans ces draps, son corps tout près du sien. Puis son regard dériva sur la bouteille de rhum posée sur sa table de nuit et qu'ils avaient vidé lors de leur dernière nuit d'amour. Dans un geste d'énervement, il s'empara de la bouteille et la balança avec violence dans le mur opposé, celle-ci se fracassant dans un bruit sourd en des milliards de morceaux de verre qui s'écroulèrent au sol. Il ne pouvait plus continuer comme ça, il devait la retrouver. Laissant son bordel derrière lui, il se précipita jusque sa voiture, roulant à toute vitesse jusque chez Aelya. Arrivé devant chez elle, il grimpa les escaliers deux à deux, sentant son cœur se débattre à l'intérieur de sa poitrine. Il toqua, à ne plus en savoir s'arrêter, jusqu'à ce qu'elle ne daigne lui ouvrir la porte. Son regard croisa le sien, aussi peiné que meurtri, ne résistant plus à l'envie de plaquer fougueusement ses lèvres contre les siennes, ses mains venant encadrer son visage. « Je suis désolé, je peux pas.. je veux pas qu'on se déchire. » Il souffla, continuant à appuyer ses lèvres contre les siennes quand il en avait l'occasion.