| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| that shred of doubt in the back of your mind (wyatt) | |
| | Auteur | Message |
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Invité | Sujet: that shred of doubt in the back of your mind (wyatt) Lun 27 Aoû 2018 - 1:30 | |
| Il n’avait même pas été là, il n’avait pas été physiquement sur place, il se trouvait à des coins de rue de l’endroit. Mais dès qu’il avait entendu les coups de feu, c’était comme s’il y était. Là-bas et partout à la fois. Sur la plage, au beau milieu des corps qui tombent. En Syrie, sous les cris et les avions de frappe. Son corps tout entier s’était figé, le moteur de son taxi avait roulé pendant une dizaine de minutes sans que Naveen n’en entende le vibrement. Les seuls bruits dans sa tête : les tirs, les pleurs, les hurlements. La peur. L’horreur. Son réflexe avait été de se pencher, de porter son torse contre ses cuisses, se faire le plus petit possible et peut-être même invisible. Puis, ses mains s’étaient ensuite crispées autour du volant quand il avait réalisé que la menace n’était pas à sa porte, qu’elle était ailleurs mais aussi dans sa tête. Et que des gens mourraient non loin d’ici, et que le nombre de coeurs qui s’étaient subitement arrêtés était déjà bien trop élevé dans l’existence de Naveen. Alors il avait enlevé le frein à main et il s’était mis à conduire vers la plage. Dans les rues, les gens couraient dans la direction de laquelle il provenait. Lui allait à contre-sens de cette vague de terreur. Il se stationna à proximité et, sans réfléchir davantage, sans prendre le temps d’élaborer un plan d’action, il avait aidé les survivants à traîner les blessés jusqu’à son taxi. Il avait fait des allers-retours sans les compter, il avait fait le chemin machinalement. C’était son instinct d’avant qui avait refait surface ce jour-là. Et qui l’avait replongé depuis dans un état de torpeur duquel il ne s’était toujours pas extirpé, même des semaines après la tragédie.
Naveen ne sortait presque plus de son appartement. Il n’était en sécurité nulle part, au final. Ni ici, ni ailleurs, ni chez lui - peu importe où cela était, chez lui. Son taxi avait passé des journées dans un garage, à être nettoyé de tout ce sang versé sur ses banquettes. Quelle différence au fond, puisque maintenant que les souvenirs physiques avaient été effacés, le taxi demeurait quand même bien garé dans le stationnement. Intouchable. Naveen ne pouvait pourtant pas se permettre de ne pas avoir d’entrée d’argent. Il ne pouvait pas se permettre ces nombreuses journées de congé. Il n’en avait que faire. Il ne voyait plus l’intérêt de se fatiguer à survivre dans un monde de cruauté et d’injustice. Et surtout, surtout, il était paralysé par la peur. Que tout cela ait été vain. Que ça ne s’améliore jamais. Qu’ils soient tous et chacun condamnés au même terrible sort. Alors il abandonnait, s’abandonnait.
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| | | Invité | Sujet: Re: that shred of doubt in the back of your mind (wyatt) Lun 27 Aoû 2018 - 10:12 | |
| Je ne travaillais pas ce jour-là, mais lorsque le téléphone avait sonné, me demandant de me rendre à l'hôpital en urgences, j'avais sauté dans ma voiture sans hésiter. Malgré l'urgence de la situation, mes responsables avaient jugés bon de ne pas me mettre en ambulance, craignant pour mon syndrome de stress face à l'horreur qui se transit là-bas, sur le terrain. J'avais donc gérer les blessés auprès des médecins. La nuit et le lendemain avaient étés très éprouvant, mais j'avais pris sur moi. J'avais aperçu Naveen à un moment donné à l'hopital, je savais donc qu'il allait bien, mais je n'avais pas pu aller le voir. 10 jours s'étaient écoulés depuis. Le peu de temps que j'avais eu, je l'avais consacré à dormir un peu, tout en me prenant en pleine face les retombées des événements. Cauchemars, stress, crises d'angoisses. J'étais en arrêt et mes visites chez le psy étaient quotidiennes. J’avais envoyé deux messages à Naveen, souhaitant m'informer de son bien-être. Mais devant l'absence de réponse rassurante, mon inquiétude était que plus vive. En sortant du psy ce jour-là, je ne pris pas la direction de chez moi. Décidé à voir de moi-même comment allait Naveen, je me rendis donc chez lui, déterminé. En bas de son immeuble, le doute s'empara de mon esprit. Débarquer à l'improviste n'était peut-être pas la meilleure idée que j'avais eu et il y avait des chances qu'il me claque la porte au nez. Tant pis. Je pris le risque en m'engouffrant dans l'immeuble. Je souhaitais, ce quartier n'était déjà pas top, mais l'immeuble en question était encore pire. Comment pouvait-on vivre dans un taudis pareil en Australie ? Et dire que Naveen vivait là-dedans. Il y avait de quoi se faire une bonne dépression nerveuse. J’arrivais devant la porte et après une profonde inspiration, je frappais quelques coups pour annoncer ma présence. Craignant qu'il laisse la porte close, je tentais quand même au culot. « Naveen, c'est Wyatt. Je sais que tu es là, ouvres-moi s'il te plait » tentais-je. Un coup de bluff, j'ignorais vraiment s'il était chez lui, mais s'il le fallait, j'attendrais son retour sur le pas de sa porte. J'espérais seulement qu'il allait bien, j'avais besoin de le voir, de m'en assurer. Et si dans ma tête, j’avais l'impression d'être un crétin amouraché, je me consolais en me disant que d'un point de vue extérieur, je passais simplement pour quelqu'un qui se souciait de ses amis. |
| | | Invité | Sujet: Re: that shred of doubt in the back of your mind (wyatt) Dim 9 Sep 2018 - 0:28 | |
| Son téléphone, il avait dû vibrer quelques fois, oui. Naveen n’avait pas vraiment compté. Deux fois, dix fois, quelle était la différence si la vibration elle-même ne suffisait pas à le sortir de sa torpeur ? Il n’avait jamais bougé d’un centimètre, pas même pour lire le contenu des messages qu’il recevait. Ça n’était pas qu’il ne pensait plus aux personnes qui l’entouraient. À Wyatt, à Andeana. C’était qu’il n’arrivait plus à trouver la force en lui-même de continuer à avancer. C’était à peine s’il se nourrissait, Naveen, se contentant de ce qui lui tombait sous la main, de ce qui se trouvait sur les premières tablettes du réfrigérateur. Il ne dormait plus, plus vraiment. Pas d’un sommeil qui puisse être réparateur au point de soigner son mal-être et ses cauchemars. Il était brisé, Naveen, et il avait l’impression que cette fois les morceaux ne pourraient plus être recollés ensemble, même pas de manière temporaire, même pas jusqu’au prochain tremblement de terre.
Il sursauta quand on toqua à la porte. Pas un simple sursaut d’épaules, un petit battement de cœur qui saute son tour. Un sursaut qui lui fit renverser son verre d’eau, le contenu se répandant au sol alors que le verre rebondit sans bruit sur son vieux divan délabré. Il ferma les yeux alors qu’il sentait le liquide se répandre sur le plancher, sous ses pieds, lentement et silencieusement. Tout comme sa respiration à lui, qui s’était tout d’un coup coupée, comme si le fait de ne plus respirer le ferait éventuellement disparaître. Et alors il n’aurait pas à affronter peu importe qui se trouvait derrière cette porte – sans doute une erreur, de toute façon. Personne ne venait jamais cogner à sa porte. Personne ne venait jamais ici. C’était un quartier peu populaire, et rares étaient les personnes qui savaient que Naveen vivait ici. Il n’avait pas vraiment de personnes à qui l’annoncer, de toute façon. Peu de personnes à inviter. Puis, la voix de Wyatt s’éleva de l’autre côté du mur, et alors il tourna la tête pour voir les deux ombres de ses pieds sous la porte, dans la mince fissure qui en séparait le bois du plancher. Il soupira. Puis inspira en se levant. Ses pas le traînèrent jusqu’à la porte, laissant savoir après chaque enjambée que même marcher était devenu un poids si lourd. Sa main se posa sur la poignée de la porte et alors, il hésita. Ses traits étaient fatigués, tirés, creux. Son regard était vide, rougi par les larmes, assombri par la peur. Son corps tout entier menaçait de s’écrouler sous le tremblement de ses membres effrayés. Il finit tout de même par entrouvrir la porte, son corps seulement se posant dans l’entrebâillement, comme s’il craignait que Wyatt puisse voir l’intérieur de sa demeure. La honte, sans doute. « Wyatt ? Qu’est-ce que tu fais ici ? J’ignorais que … que tu savais où je vivais. » Peut-être le lui avait-il déjà indiqué. Il ne savait plus, plus grand-chose.
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| | | Invité | Sujet: Re: that shred of doubt in the back of your mind (wyatt) Sam 15 Sep 2018 - 23:23 | |
| L’inquiétude m’habitait depuis quelques jours et je ne pouvais plus la taire. La fusillade avait marqué les esprits à Bowen, mais j’ignorais à quel point cela avait touché l’esprit de Naveen. Faisait-il lui aussi des cauchemars lorsqu’il dormait ? S’il dormait… Avait-il ses pensées tournées vers sa terre natale ? Son silence m’était devenu étouffant, comme si l’oxygène me manquait et que je suffoquais. J’avais besoin de m’assurer qu’il allait bien, qu’il n’allait pas faire de connerie. Qu’il n’avait pas déjà fait de connerie. Mon appréhension était totale lorsque je me retrouvais devant la porte close de son appartement. Lorsque je frappais, seul le silence me répondit. Nerveux, je passais ma main gauche derrière ma nuque avant de jeter un coup d’œil aux portes que distribuait ce couloir lugubre. J’hésitais à aller frapper chez les voisins pour m’assurer que quelqu’un avait vu Naveen ces derniers jours, je me ravisais quand même pour le moment, attendant de voir si Naveen allait ouvrir cette porte de malheur. Ce qu’il fit après une attente qui me parut interminable. Lorsqu’il entrouvrit la porte et laissa apparaitre seulement son visage, je ne pus m’empêcher de laisser échapper un soupir de soulagement. Au moins, il est toujours là. Je m’apprêtais à lui dire que j’étais inquiet lorsqu’il me devança, me demandant ce que je faisais ici et comment se faisait-il que je connaissais son adresse. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en débarquant chez lui, comme ça à l’improviste, mais je dois reconnaitre que cette réaction là, c’était loin de ce que j’avais imaginé. J’étais peut-être allé trop loin une fois de plus ? « Je m’inquiétais pour toi. » lui répondis-je alors sans un sourire réconfortant ou autre. J’étais simplement honnête pour une fois, un peu lassé de la mascarade que je m’évertuais à faire pour ne pas qu’il se doute de quoique ce soit. « Tu ne répondais pas à mes messages. » lui dis-je en fuyant son regard. « Je suppose que tu voulais être seul après ce qui s’est passé… mais… je voulais juste être sur que tu allais bien. » avouais-je à mi-voix en plein milieu du couloir. « Et, je l’ignorais, mais comme j’étais inquiet, je me suis renseigné et j’ai eu ton adresse. » continuais-je sur la lancée des aveux. « Tu vas bien ? » finis-je par lui demander avec hésitation, ne sachant pas si le terme était approprié ou pas. Question idiote, il suffisait de croiser son regard, de voir son visage pour se rendre compte qu’il n’était plus que l’ombre de lui-même. J’eus mal au cœur de le voir dans cet état. Il ressemblait presque à un cadavre avec ses cernes et son teint pâle. Je devinais qu’il n’avait pas du mettre le pied dehors ses derniers jours. « Tu veux venir avec moi manger un morceau au pub du coin? » Lui proposais-je alors, me demandant s’il n’allait pas tout simplement me claquer la porte au nez en guise de réponse. Dans cette éventualité, je me mis mentalement en condition pour l’empêcher de me fuir. |
| | | Invité | Sujet: Re: that shred of doubt in the back of your mind (wyatt) Lun 1 Oct 2018 - 3:29 | |
| Son regard vide et fatigué demeurait sur Wyatt, impassible, alors que son bras légèrement surélevé dans les airs maintenant la porte à demi-fermée. Ou semi-ouverte. Sauf que Naveen n’arrivait plus à voir le positif même dans les petits gestes insignifiants de la vie. « T’inquiéter pour moi ? Pour … pour quelles raisons ? » Demanda-t-il, maladroitement, nerveux par cette présence inattendue dans cet espace qui renfermait toute sa honte. Il se doutait bien, Naveen, des raisons qui poussaient Wyatt à venir toquer à sa porte pour s’assurer de son bien-être. Comment ne pas songer à autre chose, d’ailleurs ? La simple présence de l’américain suffisait à raviver les cris et les pleurs dans sa mémoire. Il confondait ceux de Syrie et ceux de la plage. Deux scènes cauchemardesques qui s’enlaçaient dans une sinistre danse. L’homme releva alors le fait qu’il n’avait répondu à aucun de ses messages. « Oh. Désolé, je … je n’ai ce téléphone que pour le travail et, et … je n’ai pas … j’étais en congé. » Qu’il s’était lui-même octroyé, sans permission, sans prévenir, mais au fond il travaillait un peu pour lui-même malgré son affiliation à une compagnie qui lui louait son taxi. Il n’avait de comptes à rendre à personne, si ce n’était que de ceux qui s’empilaient présentement sur la table de sa cuisine. Seule utilité de cette pièce de mobilier : récipiendaire de ses dettes étouffantes. « Je n’étais pas là quand c’est arrivé. Je vais bien. » Naveen, contrairement à Wyatt, n’avait pas vu ce dernier sur la plage. Il ignorait qu’il l’avait vu. Mais il ne mentait qu’à moitié, le syrien. Quand l’horreur avait éclatée, Naveen se trouvait quelques rues plus loin. Il avait fait le choix de se rendre sur les lieux du crime. Il avait fait le choix d’aller à contre-sens de ceux qui fuyaient. Il était le seul à blâmer pour les images qui hantaient ses songes. « Euhm … je sais pas, enfin, je veux dire … j’ai pas forcément envie de sortir. Mais tu peux, tu peux rentrer, je dois bien avoir quelque chose … je peux nous préparer quelque chose. » Naveen ouvrit alors un peu plus la porte, non pas sans une hésitation témoignant de sa gêne, de sa honte, face à cet endroit dans lequel il s’était fait prisonnier ces dernières semaines. Il jeta un coup d’œil à l’état de la place dans laquelle il venait d’inviter Wyatt. Les rideaux fermés qui ne laissaient passer qu’une faible lueur d’espoir, l’absence de chaleur dans cette demeure que Naveen n’avait pas fait sienne, la vieille peinture qui s’écaille autour des cadres des rares portes des rares pièces, et puis son dégât d’eau au pied du divan, le liquide s’infiltrant entre les craques du plancher de bois abîmé par le temps et par les âmes errantes ayant fait grincer ses planches mal alignées. Il se passa une tremblante main dans ses cheveux maintenant un peu trop longs, qui retombaient sur son visage dans une frange indisciplinée qu’il tentait tant bien que mal de renvoyer vers l’arrière. Un peu comme tout. Comme si ça lui permettrait à lui-même, un jour, de retourner vers l’arrière, vers le passé, et d’essayer, oui d’essayer, de faire les choses différemment. De ne pas perdre autant que ce qu’il avait perdu. De ne pas avoir autant de regrets dans l’esprit quand venait le temps de fermer les yeux. De ne pas avoir aussi peur de tout, des autres, et de lui-même.
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| | | Invité | Sujet: Re: that shred of doubt in the back of your mind (wyatt) Lun 1 Oct 2018 - 19:01 | |
| J’étais soulagé de le voir bien que son ton cireux et ses yeux cernés ne me trompaient pas. Naveen n’allait pas bien. J’étais prêt à parier qu’il n’avait pas mis le nez dehors depuis cette nuit de cauchemar. Je n’osais pas imaginer ce qui lui était passé par la tête depuis ces quelques jours. S’était-il rappeler les souvenirs douloureux de Syrie ? Ceux ou il vivait avec sa famille, la boule au ventre en se demandant s’il serait tous saufs le lendemain. Semblant surpris par ma présence, je lui avoue que mon inquiétude vis-à-vis de lui m’a encouragé à rechercher son adresse pour venir à lui.
« Comme tu ne répondais pas à mes messages et que j’avais aucune nouvelles de toi… Et après ce qui c’est passé… Je me suis dis que peut-être… ça t’avait ramené à des souvenirs… douloureux. » lui dis-je avec douceur, cherchant par moment mes mots pour ne pas paraître trop maladroit.
Je regarde Naveen avec douceur et compassion. Je suis bien placé pour savoir ce que la scène de chaos à du laisser au Syrien. Bien que j’ai été réquisitionné à l’hôpital pour aider à soigner les blessés, j’ai été maintenu loin de la scène d’horreur par mes supérieurs. Mais les blessés, les effusions de sangs, des cris de douleur et des pleurs de terreurs des blessés ramenés aux urgences, plongeant ses derniers dans une scène aussi chaotique que ceux des hôpitaux de Badgad ou de Kaboul ont suffit pour me faire remonter mes crises d’angoisses. Je n’imagine même pas la façon dont Naveen a vécu cette situation. Alors quand il s’excuse de ne pas avoir répondu, je bouge la tête de droite à gauche doucement avant de lui dire.
« Tu n’as pas à t’excuser Naveen, je comprends. » lui assurais-je doucement.
Devant lui, je me trouve un peu stupide du coup. Il n’a aucun compte à me rendre, c’est juste moi qui suis trop égoïste pour ne pas respecter son besoin de sollitude. Il m’explique qu’il va bien qu’il n’était pas là-bas au moment de la fusillade. Ca me rassure, en un sens, même si je me doutais déjà qu’il allait bien physiquement.
« Je sais que tu vas bien… physiquement. Je t’ai aperçu rapidement ce jour là lorsque tu as déposé des blessés légers avec ton taxi à l’hôpital. » lui révélais-je doucement. « Mais tu ne vas pas bien Naveen. Je pensais qu’on avait passé le cap de se mentir sur ce sujet… » soufflais-je dans un soupir.
Dans un souvenir, il me semblait que nous nous étions mis d’accord pour ne plus nié le fait qu’on allait bien ou pas bien. Bien évidemment, je me souvenais aussi que je ne devais pas lui demander s’il allait bien ou pas, mais j’avais omis ce passage là. Je lui propose de sortir pour prendre l’air et pour manger un bout. Ca lui ferait le plus grand bien, mais Naveen ne semble pas disposé à me suivre. Je ne sais pas trop comment réagir. S’il avait été un de mes hommes, je l’aurais traîné sans lui laisser le choix, certain que c’était pour son bien, mais… Naveen n’était pas un de mes soldats. Nos cultures étaient totalement différentes même si je connaissais un minimum la sienne, pour autant, je ne savais jamais comment il allait réagir.
« - Tu es sur ? ça te ferait du bien » lui dis-je en l’encourageant de mon mieux pour le faire sortir de chez lui.
Je le vois hésitant alors qu’il me propose d’entrée, et pour le coup, ça me met mal à l’aise. Je ne sais pas si je dois rentrer ou pas, j’ai l’impression de lui forcer la main et j’aime pas ça.
« - Tu… préfères que je m’en aille ? » soufflais-je alors qu’il m’ouvrait la porte afin de me permettre de rentrer.
Hésitant, je rentre dans son antre. Ca sent le renfermé, les tissus aux fenêtres qui lui servent de rideaux sont justes bons à être brûlé, le parquet grinçait sous chaque pas. C’était un véritable taudis et je me demandais comment quelqu’un pouvait vivre ici. Je me doutais bien que Naveen survivait et n’avait pas forcément les moyens de se payer mieux. De toute façon, il ne devait pas se soucier vraiment de ces choses là. Je ne fais aucun commentaire, je me doute que Naveen se sent tout aussi à l’aise que moi vu sa façon de se comporter.
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| | | Invité | Sujet: Re: that shred of doubt in the back of your mind (wyatt) Lun 8 Oct 2018 - 15:15 | |
| Hormis le toit du building qui recevait encore la présence de Naveen à tous les levers du soleil, alors que ses prières chuchotées s’envolaient dans le vent, s’effritant, perdant toute signification, il était vrai que le syrien ne mettait que rarement les pieds dehors. Il avait fait de sa tête une prison, mais il pouvait mieux encore se contenir entre les barreaux de son taudis. Il n’était sans doute pas davantage en sécurité ici qu’ailleurs, pour lui une maison n’avait que rarement été synonyme de sûreté, mais il pouvait au moins se protéger de lui-même en demeurant sur place. Ou alors au contraire, peut-être était-il devenu son pire ennemi en se condamnant à la lente dérape. Wyatt l’avait visiblement senti, ça, même alors qu’ils avaient encore tant à apprendre l’un de l’autre, même alors qu’ils se comportaient parfois comme des étrangers malgré les mois derrière eux. Il était là, inconfortable devant sa porte entrouverte, mal à l’aise face à un Naveen qui n’aidait pas sa cause. Il aurait sans doute dû répondre auxdits messages. Il aurait pu s’éviter cette visite impromptue qui, bien qu’elle lui réchauffât le cœur d’une certaine manière, le laissait aussi désemparé et déboussolé. Il s’était conforté dans cette solitude alarmante. Il avait été jusqu’à en oublier ce que c’était que d’avoir des gens qui s’inquiètent pour soi. « Oh, je ne t’ai pas vu. C’était un peu … le chaos. » À qui le disait-il ! Wyatt avait sans doute été projeté, lui aussi, dans un passé douloureux, dans des souvenirs écorchant ce présent qu’ils essayaient tant bien que mal de teinter d’une certaine normalité. Le chaos, il était autant dans la crise que dans leur tête. Et il mettait du temps à se désorganiser. « Qu’est-ce que tu veux que je dise, Wyatt ? Que j’arrivais presque à dormir des nuits complètes et que maintenant je n’arrive même plus à fermer l’œil ? Que j’ai l’impression d’avoir été aspiré vers le point de départ ? Que je ne me sens plus bien nulle part ? Ça ne changera rien. Ça ne changera rien que je le dise à voix haute ou dans ma tête. » Avait-il lancé, non pas sur un ton agressif comme il l’avait pu déjà l’employer envers Wyatt, mais plutôt sur un ton las. Parce qu’il était las, Naveen, las de se battre, las de vivre. Percevant cet abandon de lui-même, l’américain l’invita à sortir, pour aller casser la croûte, pour changer d’air. Ce que le syrien refusa avec une feinte hésitation. À la place, et contre toute attente, il invita l’homme à rentrer chez lui. Wyatt s’était donné la peine de se rendre dans ce quartier, de monter jusqu’à chez lui, rien que pour s’assurer qu’il tenait le coup. Naveen ne lui refermerait certainement pas la porte au nez, peu importe la chute libre qu’il était en train d’expérimenter. « Je suis sûr, merci. I don’t feel like seeing anyone. » Lui assura-t-il, ne réalisant qu’après coup que Wyatt l’interpréterait sans doute comme un refus de le voir, lui aussi. La porte pourtant grande ouverte pour le laisser rentrer, Wyatt demanda alors si le syrien préférait qu’il s’en aille. Naveen secoua vivement la tête, comprenant son erreur, son faux pas. « Non. Non. Ce que je voulais dire, c’est que je n’ai pas envie de voir des gens, d’interagir, de faire semblant, tu vois … Juste pour des politesses. Mais toi … you’re not anyone. » Wyatt avait une place bien plus grande dans la vie de Naveen que ce qu'il devait sans doute s'imaginer. Alors, l’américain osa pénétrer dans ce cube sans lumière, sans amour et sans vie. L’homme se dirigea vers la petite section qui représentait sa cuisine, et il ouvrit le réfrigérateur d’un jaune délavé, pour se frapper à un contenu des plus déficients. « Je suis certain que je peux nous faire quelque chose avec ça. Tu aimes les œufs ? » Demanda-t-il en sortant l’un des seuls ingrédients présents sur ses tablettes. « Je n’ai pas grand-chose à t’offrir à boire, par contre … De l’eau ? » Demanda-t-il, visiblement mal à l’aise face à ce manque d’hospitalité.
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| | | Invité | Sujet: Re: that shred of doubt in the back of your mind (wyatt) Mer 10 Oct 2018 - 22:12 | |
| Dans le chaos du moment, je comprenais qu’il n’avait pas fait attention à ce qui l’entourait. Ce qu’il avait fait pour aider les blessés était déjà énorme, rien ne l’y avait pourtant obligé. J’étais admiratif de son courage, il avait réussi à tirer de son vécu une force que je n’lui aurais jamais cru, là ou nombreux sont ceux qui se seraient écroulés sur le moment. Je lui souris simplement en guise de réponse, loin d’être offusqué de ce fait. Son monologue n’avait pas l’air d’être agressif pourtant je reculais d’un pas, comme si je venais de me prendre une baffe. Je le regardais avec peine sans cligner des yeux, souffrant avec lui. Naveen s’était toujours montré pudique et ne partager que rarement sa douleur. La seule fois ou j’avais eu le ‘privilège’ de voir à quel point il respirait d’humanité malgré tout ce que l’humanité lui avait pris. Il avait pourtant le droit d’être en colère et d’en vouloir à la terre entière, pourtant, j’avais l’intime conviction que la vengeance ne faisait pas parti de lui. Alors je l’écoutais, bien que surpris par sa tirade dont la voix trahissait une certaine lassitude ou une tristesse ? « Tu es sur ? » soufflais-je doucement. « Je ne dis pas que parler de ce que tu ressens ou ce que tu traverses t’aideras beaucoup, mais ça peut peut-être te soulager, tu ne crois pas ? » lui dis-je avec calme, malgré ma main tremblotante que j’avais enfouis dans ma poche pour ne pas lui montrer à quel point ça me touchait. J’avais envie de le secouer, de le réveiller afin qu’il ouvre enfin les yeux sur le fait que sa vie à lui n’était pas terminée. Qu’il avait le droit d’avancer malgré tout et que dans son malheur, il n’était plus seul. Ca ne tenait qu’à lui de s’ouvrir à de nouvelles rencontres et à d’autres horizons. Mais je me taisais, je restais muet face à lui, redoutant de le perdre si je venais à franchir le point de non retour. Je l’invitais à sortir, espérant l’éloigner ne serait-ce qu’une heure de cet endroit lugubre qui minerait le moral à n’importe qui, même à une licorne. Mais c’était à s’y attendre, Naveen refusa, ne souhaitant voir personne, je soupirais donc, avant que le syrien ne se rattrape d’une certaine façon. J’esquisse un sourire un peu forcé, même si je me sens du coup de trop. A bien y réfléchir, je m’incruste dans sa vie sans qu’il ne demande rien, comme si j’étais sans gêne, et à cette pensée, je suis encore plus mal à l’aise même si Naveen tente de me rassurer. J’observais l’endroit sans laisser la moindre émotion trahir mon visage. Je savais Naveen fier et je ne voulais pas qu’il se sente honteux de m’ouvrir sa porte. Naveen veut s’affairer à préparer quelque chose, mais je fis non de la tête. Je n’avais pas vraiment faim et j’avais surtout l’impression d’étouffer ici. Depuis combien de temps n’avait-il pas mis le pied dehors exactement ? J’ai franchement peur pour lui. Je sens que je vais le regretter mais si ça peut lui permettre de l’aider par la suite. Parce qu'au fond, le problème, c'est pas cette fusillade. Au fond le problème, c'est le passé. « - Non Naveen, » lui dis-je doucement alors qu’il s’affaire, « Naveen, arrête s’il te plait. » soufflais-je doucement « Merci mais… Je n’ai pas faim, » lui dis-je en secouant la tête en plongeant mon regard bleu terne dans le sien. « Combien de temps tu vas continuer comme ça Naveen ? Combien de temps te cacheras-tu sous ses faux-semblants? » finis-je par lui demander en venant me poster devant lui, la voix posée mais ferme. « Ce que tu as vécu c’est juste... horrible et inhumain. Il n’y a même pas de mot pour le décrire… Mais tu es encore là. Tu es vivant ! La vie est cruelle et elle n’est pas juste je te l’accorde, mais elle t’a donné une chance de la poursuivre, alors saisie là bon sang ! » soufflais-je avec ardeur. Je devins silencieux quelques secondes, afin de reprendre mon souffle et de déchiffrer les émotions qui pouvait possiblement se lire sur le visage du syrien, avant de poursuivre dans ma lancé, conscient que ça allait être à double-tranchant. « - Qu’est-ce que ta famille dirait si elle te voyait Naveen ? » lui demandais-je avec fermeté. Je le regarde douloureusement, partageant sa peine malgré tout. Même s’il m’en veut, et même s’il ne me pardonne pas, si ça peut lui permettre d’aller de l’avant, alors ça me suffira. « - Je ne les ai pas connu pourtant, je suis convaincu qu’aucuns d’eux n’auraient voulu te voir ainsi. Je suis convaincu qu’ils auraient voulu te voir te battre et te relever ! Pour toi ! Pour eux ! De vivre ta vie pleinement ! » lui assénais-je. « Allez de l’avant ne veut pas dire les oublier Naveen. Tu ne le pourras jamais. Ils sont une partie de toi. Allez de l’avant, c’est leur faire honneur. » ajoutais-je plus doucement. Je soupirais me passant une main légèrement tremblante dans les cheveux. J’appréhendais déjà ce qu’il allait me dire. Me demanderait-il simplement de partir ? Laisserait-il enfin ses émotions s’exprimer ? Sa tristesse ? Sa colère ? Sa rage ? Sa souffrance ? Lui qui était toujours maître de lui-même, j’espérais qu’il laisserait un peu ses barrières tombées avant mon départ, même si j'avais honte d'en être arriver à tant de fermeté avec lui. |
| | | Invité | Sujet: Re: that shred of doubt in the back of your mind (wyatt) Ven 26 Oct 2018 - 22:37 | |
| Ce n’est qu’après-coup que Naveen remarqua le pas vers l’arrière qu’avait fait Wyatt, comme sur ses gardes, ou alors repoussé loin de lui de par ses paroles désabusées. Il baissa les yeux vers cette distance entre eux, qui ne fit que renforcer le gouffre qui se prolongeait si bas, qui traduisait l’éloignement que Naveen ressentait face à tout le monde qui l’entourait dorénavant. Parce que si Wyatt n’était pas près de lui, alors personne ne l’était. L’américain était celui qui n’était jamais bien loin, qui avait une main à tendre dès que le syrien semblait chercher l’espoir du regard. Lorsqu’il n’aurait plus ça, lorsqu’il n’aurait plus Wyatt, alors Naveen y tomberait, dans ce gouffre. Il sombrerait. « Ça ne me fera que m’sentir faible, Wyatt. Et j’ai envie, j’ai besoin de me sentir fort. » Pourtant, la mine basse, la tête baissée, Naveen ne donnait pas l’impression de vouloir garder la tête haute et hors de l’eau. Mais si sa gestuelle trahissait sa tristesse, il ne laisserait jamais autant ses paroles dénoncer son mal-être. Il respirait peut-être le chagrin, mais il ne voulait pas mettre de mots accablants sur le tourbillon noir qui ravageait tout en lui. Cette honte qui habitait ses propos n’était pas inconnue à la manière qu’on lui avait appris de vivre. Un homme se devait d’être courageux, d’être indestructible presque. Naveen avait déjà trop laissé voir les failles dans son âme, les cicatrices sur son cœur. Il ne pouvait nier maintenant la pitié qu’il pouvait inspirer auprès des autres. Même auprès de Wyatt, qui revenait vers lui, encore et encore, comme s’il avait fait de lui une mission. « Je veux vraiment aller de l’avant. Mais le passé me rattrape sans cesse. » Conclut-il finalement, les épaules tombantes. Ce ne serait pas aujourd’hui qu’il s’extirperait de cette torpeur étouffante. Il le fit rapidement comprendre à Wyatt en déclinant deux fois plutôt qu’une son invitation à sortir d’ici, ce taudis qui donnerait l’envie à n’importe qui de se montrer aussi vaincu. Ne souhaitant pas le renvoyer chez lui toutefois, le syrien proposa à l’américain de le suivre à l’intérieur, de passer un moment avec lui. S’il se fermait en général aux autres, Naveen était prêt à ouvrir sa porte au blond n’importe quand, même quand il était à son plus bas. Il ne lui réciterait peut-être pas les proses affligées de son esprit, mais il accueillerait volontiers la présence d’un ami. De son seul ami. Pour bien le recevoir malgré les circonstances, malgré toutes les circonstances, Naveen se dirigea vers le réfrigérateur et s’affaira à un rythme rapide et nerveux à préparer quelque chose, n’importe quoi, pourvu qu’il ne se couvre pas davantage de déshonneur. Mais, quand l’ancien soldat lui somma de s’arrêter, il s’exécuta. Droit. En arrêt, en suspens. Il tourna la tête vers Wyatt. « Je ne me cache pas … » Commença-t-il, incapable de continuer, incapable d’expliquer ce mécanisme de défense qui occupait la majeure partie de ses faits et gestes. « Well, I’m here, aren’t I ? Si je ne l’avais pas saisie, j’serais retourné en Syrie et j’aurais attendu qu’on me tire en plein jour sur la rue où j’ai grandi, ou alors j’aurais attendu qu’une bombe me tombe sur la tête en détruisant du même coup tout ce que j’ai connu autour ! » Lança-t-il, cette fois sans garder ce calme anesthésiant. Wyatt lui asséna finalement le coup de grâce, en lui demandant ce que sa famille lui dirait, si elle le voyait. Il continua, en s’imaginant par lui-même ce qu’ils auraient pu penser de l’homme qu’était devenu Naveen, qui n’était plus que l’ombre de lui-même, qui s’effaçait pour être oublié alors que la vie lui donnait la chance de renaître. « Je n’ai aucune idée de ce qu’ils diraient et toi non plus ! Parce qu’ils ne sont plus là pour me dire ou pour penser quoi que ce soit, de moi ou de n’importe quoi ! Ils ne sont plus là ! I left them, and they left me ! They left me ! » Hurla-t-il dans une douloureuse plainte, avant de se plaquer les mains sur le front, la tête baissée, le corps s’affaissant jusqu’à ce qu’il se laisse glisser le long du réfrigérateur. Ses lamentations se mêlaient à ses sanglots, son corps tout entier tremblait de peur, de tristesse, de rage, de toutes ces émotions que Wyatt avait cherché à lui soutirer. Et le voilà qui n’avait plus aucun contrôle.
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