what if i say no + cash

Ce matin l’air était frais sur tout Bowen, il y avait ce petit vent de fin de saison qui faisait du bien après les chaleurs légendaires pour l’hiver en Australie. Ce matin, alors que la plage était toujours endormie, comme les habitants de la ville, Violet s’était levée tôt. Elle avait enfilé son équipement sportif pour aller se défouler sur les vagues. Ce que ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas enfourché sa planche, la belle commerçante. C’était bon d’enfin renouer avec sa passion. Le temps lui manquait, elle était beaucoup occupée et elle en avait oublié les joies d’une escapade sur les vagues. Surfer le matin, c’était parfait. Personne n’avait encore foulé la mer, il était agréable d’être la seul à profiter du lever du soleil. Violet mit près d’une heure à renouer avec le sport avant de finalement laisser la plage aux habitués qui se levaient enfin avec la même idée qu’elle. Les vagues étaient bonnes, lui accordant un défi supplémentaire, mais il fallait retourner à la réalité. Sa boutique ne roulerait pas seule. Être commerçante, ce n’était pas une mince affaire. Il fallait savoir faire des choix, accepter parfois de faire passer le plaisir après le travail, mais dans le cas de la belle, son travail était sa passion. Elle adorait parler du sport, conseiller et donner des leçons. Elle adorait regarder les surfeurs plus doués qu’elle frôler les vagues, au loin, alors qu’elle plaçait ses nouveaux arrivages. Elle vendait ce qu’elle aimait, le sport qui l’avait fait vibré depuis qu’elle l’avait découvert, son temps ici n’était pas un sacrifice. Par chance.
Violet avait retiré son wetsuit et s’était changée dans l’arrière-boutique alors qu’elle entendit les clochettes de la porte retentir. Elle se précipita à rejoindre l’avant de la boutique pour y découvrir un homme, quelqu’un qu’elle n’avait jamais servi avant, regarder ses étalages. Les cheveux encore mouillés, qu’elle épongeait dans une serviette de bain, elle s’avança vers lui. Bonjour! Comment puis-je vous aider ? Elle lui sourit avant de se débarrasser de cette serviette trempée et de nouer ses cheveux dans un chignon bas pour les permettre de sécher sans la déranger.

Cash n'avait beau être là que depuis huit mois, il connaissait d'ores et déjà Bowen comme sa poche. Il avait -presque- ses habitudes, du matin au soir où il enchaînait certaines activités de manière monotone. Il ne trouvait pas cela routinier, au contraire. Il aimait retrouver certains endroits qu'il affectionnait tout particulièrement. Tous les matins, par exemple, il aimait prendre son petit déjeuner dans un bar très sympa, près de la plage. Il savait que son porte monnaie en souffrirait très rapidement mais il ne pouvait s'en empêcher : c'était une sorte de rituel : son café et son donut, pour lui assurer une bonne journée. Son donut journalier... rien que cela le faisait atrocement grossir, il le savait. Il devait montrer l'exemple, pas se ruer sur de la junk food à la première occasion. Le matin pourtant, c'était sa pause gourmande, celle qu'il s'accordait avant une longue journée.

Aujourd'hui, il se doutait bien que sa journée allait avoir le même son de cloche. Il allait finir tard, suer comme un boeuf mais en redemander. Alors, sachant que la tâche qui l'attendait, il décida de se mettre en route, rejoindre sa voiture pour aller à la salle. Après cinq bonnes minutes de marche à pied, il lança un regard vers la devanture d'un magasin. Il l'avait déjà vu et pour cause : la femme qui le tenait était une bombe. Alors, autant en profiter. Il comprit que le magasin venait d'ouvrir alors, il se rua à l'intérieur, jetant un oeil sur les étalages. Il savait qu'elle finirait par arriver et il avait déjà son speech en tête. La même version depuis des lustres, ou quasi. Ouais, l'habitude quoi. Bonjour! Comment puis-je vous aider ?

Cash se retourna pour la regarder. Les cheveux trempés, le souffle haletant : pas de doute, elle venait sûrement de la plage, qui plus est à faire du sport. Elle était belle et en plus sportive. Deux bons points qui confirmaient le choix du texan. Il ne voulait pas forcément brûler les étapes et attendit qu'elle fasse son chignon pour répondre, le regard amusé :

- Bonjour, je suis certain que vous pouvez m'aider! Je cherche... disons un cadeau à offrir à ma soeur... C'est bientôt son anniversaire...

Il se frotta les mains. C'était vrai , sa petite soeur allait bientôt avoir un an de plus. Utiliser cette excuse n'allait que le rapprocher doucement mais sûrement de son but : la draguer.

Pour Violet, le sport avait toujours été une partie intégrale de sa vie. Elle n'avait jamais vraiment su vivre sans. Adolescente, elle avait pratiqué le cheerleading durant de longues années avant de prendre sa retraite de ce sport suite à une blessure au pied. La belle avait fait une chute était le sommet d'une pyramide et elle s'était brisée la cheville en tombant. Malheureux incident qui lui avait coûté la fin de la saison, n'étant pas en mesure de récupérer avant les dernières compétitions. Puis, il avait été trop difficile pour elle d'y retourner d'assaut une fois sa cheville rétablie. Ses coéquipières l'avaient remplacé et l'ambiance n'était plus la même. Quelques années plus tard, elle s'était recyclée au surf préférant nettement mieux les sports solitaires lui permettant de se défier nul autre qu'elle-même plutôt que de se comparer aux autres équipes. C'était la beauté de ce sport. Et l'unicité qu'il y avait avec les autres membres de la communauté surfeuse. Surtout ceux de la ville. Bowen était une petite ville où tous les habitants devenaient familiers à un moment où un autre. Il était donc facile de repérer les nouveaux visages des anciens. L'homme qui venait de faire apparition dans sa boutique en était, un nouveau visage. Peut-être serait-il un client habituel ? Dans un quel cas, la commerçante se devait de le servir de la meilleure façon qu'il soit. Elle s'approcha donc de lui, tout sourire, alors que les mèches rebelles de ses cheveux dégoulinaient dans son dos et que son teint réchauffé par le soleil permettait à l'homme d'entrevoir ses taches de rousseurs exposées sans un maquillage pour les atténuer et se précipita à lui demander ce qu'elle pouvait faire pour l'aider, dans sa simplicité naturelle, sans presse ou obligation. Elle était douce de nature, Violet, et tout le monde le savait en ville. Elle était celle qui trouvait le positif de chaque situation, même lorsqu'elle semblait frôler le désastre. Et bien que sa vie présentement avait l'air d'un chaos monumentale, l'Américaine tâchait de se rappeler que le négatif n'apportait rien de bien dans sa vie déjà un peu trop rocambolesque. L'homme avait un je-ne-sais-quoi dans le regard qui intriguait la blonde, quelque chose qu'elle n'arrivait pas à déceler. Je dois certainement avoir quelque chose qui pourrait faire son bonheur! Elle aime le surf, votre soeur ? S'enquit-elle avant de se reculer pour défiler dans ses étalages. Et bien même qu'elle n'aimait pas le sport qui faisait tant chavirer Violet, il y aurait probablement quelque chose pour la charmer ici. Ne serait-ce qu'un nouveau maillot de bain de la collection Diplodocus d'une marque de surf très connue. Violet y tenait d'ailleurs les modèles T-Rex et Vélociraptor, les plus populaires de cette collection, qui allaient comme un charme à chaque femme qui les essayaient. Elle se posa devant sa sélection en les lui présentant. Ici, vous ne trouverez pas de bijoux. Mais j'ai de beaux maillots de bain récemment arrivés en boutique. Ils sont parfaits pour une journée tranquille à la plage entre amis, mais aussi pour une séance de sport nautique.

Si il y avait bien quelque chose que devait aimer Cash plus que le sport, c'était les femmes. Ou plutôt, tout le mal qu'il se donnait pour les faire tomber, les faire craquer, les faire plier. Il n'y voyait aucun mal, la séduction avait toujours fait partie de lui, aussi loin qu'il s'en souvienne. C'était donc tout naturellement qu'il avait poussé la porte du magasin et croisé le regard de cette belle jeune femme qui faisait tout bonnement son travail, bien heureuse d'avoir un client si tôt dans son commerce. Cash devait trouver un cadeau à sa jeune soeur, Penny, qu'il retrouverait en ville un peu plus tard dans la journée. Cela faisait bien trois ou quatre mois qu'il ne l'avait pas vu et il se sentait quelque peu démuni devant cette entrée fracassante. Penny était du genre pile électrique et assez directe, elle allait clairement lui donner du fil à retordre. Le cadeau n'était donc pas de refus, surtout que cela allait être effectivement son anniversaire. Parfaite occasion, donc.
Je dois certainement avoir quelque chose qui pourrait faire son bonheur! Elle aime le surf, votre soeur ? . Cash fit la grimace : mince pour le coup, il n'allait pas s'en sortir. Penny n'avait jamais fais de surf de sa vie. Il ne savait pas comment l'expliquer à la commerçante mais après tout, elle pouvait quand même prendre l'un des maillots de bains qu'elle lui présentait : ils était carrément canons! Ici, vous ne trouverez pas de bijoux. Mais j'ai de beaux maillots de bain récemment arrivés en boutique. Ils sont parfaits pour une journée tranquille à la plage entre amis, mais aussi pour une séance de sport nautique.. Cash hocha la tête : c'était l'occasion parfaite de conclure un achat, avant de s'atteler à de la séduction poussée. Il regarda les différentes couleurs puis trancha, en lui indiquant le maillot de couleur prune :
- Je vais prendre celui là, il lui ira très bien!
Alors qu'il s'attendait à ce qu'elle aille en caisse, il coupa court en ajoutant, comme pour raconter tranquillement sa vie :
- Je suis heureux de lui avoir trouvé ça mais je vais quand même jeter un oeil au reste.... Il en profita pour la contempler assez subtilement, bien qu'il lui sembla qu'elle le remarquait légèrement. Il se racla la gorge et dit, comme pour détendre l'atmosphère :
- Enfin, vous êtes si aimable que j'en profite, je l'avoue.... Il n'en était qu'au début, ça serait dangereux de brûler toutes ses cartouches maintenant. Il la voulait dans ses filets et -dans sa tête- il l'aurait. Tôt ou tard.

Elle n'avait jamais su se montrer autrement qu'aimable, Violet. C'était sa nature. En affaire comme dans sa vie personnelle. Jamais elle n'avait eu besoin de s'y forcer, de sourire quand elle n'en avait pas envie ou de se porter volontaire pour aider. Peut-être que certains la trouvaient même irritante, avec ce sourire toujours accroché au visage, mais pour elle c'était une façon d'être et non un masque qu'elle portait en public. Évidemment, près de ses émotions, elle affichait clairement tout sentiment qu'elle pouvait ressentir. Il était facile de deviner lorsqu'elle était en colère, même si cela n'arrivait pas toujours. La blonde devait avouer que les dernières semaines avaient été rocambolesques en termes d'émotions. Avec l'arrivée d'un nouvel amant dans sa vie, elle avait passé par un éventail de ressentiments, certains plus agréables que d'autres. Impliquée dans une relation loin d'être simple, elle n'avait tout de même pas perdu son éternel sourire qui caractérisait tant sa boutique. Et sa marque de commerce, il fallait bien qu'elle s'y accroche. Alors, devant l'homme en quête d'un cadeau pour sa soeur, elle n'échappa pas à la règle, le servant au meilleur de ses connaissances, sourire accroché à ses lèvres alors que sa chevelure encore mouillée dégoutait dans sa nuque en un amas de gouttelettes salées. Après avoir fait l'inventaire des nouveaux arrivages, Violet attendit la décision de l'homme qui semblait hésiter. Celui-ci... ajouta-t-elle en pointant un des deux modèles qu'elle venait de lui présenter, sans vouloir le presser dans sa réflexion. ...Est mon favori, si vous voulez un avis féminin. Puis elle se recula d'un cran pour lui permettre de réfléchir sans l'imposant regard de la commerçante. Rapidement, il choisit le modèle que Violet lui avait présenté. La belle lui sourit, prête à lui demander la taille dont il avait besoin, alors qu'il renchérit d'une nouvelle parole. L'Américaine hocha la tête, respectant son rythme d'achat. Prête à lui laisser l'espace dont elle avait besoin, Violet pensa se retirer, mais l'homme lui adressa à nouveau la parole soutenue d'un regard assez subtil, juste assez pour croire qu'il n'existait pas. Des hommes, elle en voyait des tonnes à la boutique - et souvent, elle s'entendait mieux avec eux - la blonde était donc habituée à se faire lorgner dans son milieu de travail. Elle n'y accorda pas plus d'importance qu'à un autre et se concentra sur le discours de son interlocuteur. Elle sourit, timidement alors que ses hypothèses s'avéraient vraies : il la flattait dans le sens du poil. S'il espérait avoir un rabais sur la marchandise, il ne s'y prenait pas de la bonne façon. Merci, c'est important d'offrir le meilleur service possible aux habitants de Bowen. Entre ma boutique et celle de Terrence, un frisson parcourra son corps en prononçant le nom de son amant, il n'y a pas de repère pour les amoureux des vagues.