[libre] Fuir est une solution comme une autre?

Il était loin d’être un adepte des bars, surtout le soir. Pourtant, le trentenaire avait besoin de s’échapper le temps de quelques heures de la maison familiale. Lorsqu’il poussa la porte du bar, il ne s’attendait pas à voir autant de monde, surtout des jeunes. S’il hésita un court instant à faire demi-tour devant l’attroupement et le bruit dans le pub populaire, il se ravisa et s’engagea à l’intérieur. A choisir entre une bande d’étudiants fêtard et la compagnie de son frère, il opta pour la première option sans hésitation.  Il parvint à se faufiler jusqu’au comptoir du bar ou il attira l’attention de la barman.

 - un soda s’il vous plait, lui demanda-t-il avec un sourire poli.

Elle le dévisagea un court instant s’attendant probablement à ce qu’il lui dise qu’il plaisantait. Les demandes de soda à cette heure-ci devait se faire plutôt rare, surtout chez les hommes. L’ancien militaire ne s’en formalisa pas, habituer à ce genre de regard depuis qu’il avait décidé de ne plus toucher à l’alcool. Elle lui servit donc sa boisson, alors qu’il s’enleva sa veste en cuire avant de s’asseoir sur l’un des rares tabourets de libre dans la pièce, et de poser sa veste sur ses genoux. Il retroussa légèrement les manches de sa chemise bleue et poussa un soupir de soulagement. Une soirée tranquille, loin du stress que pouvait lui procurait son jeune frère. Voilà ce dont il avait besoin. D’un geste habile, il attrapa le verre rempli de glaçons et pris la bouteille en verre de soda qu’il renversa dedans avant de porter le verre à ses lèvres pour boire quelques gorgées de la boisson gazeuse.

Je viens juste de finir un reportage dans un des quartiers populaires de la ville. Il est déjà plus de 23h quand je sors de l’immeuble pour rentrer chez moi et je trouve les rues déjà très animées. Les gens sortent des bars encore légèrement éméchés pour prendre une bouffée d’air, et j‘en aperçois même quelques-uns qui sont dehors pour s’octroyer une petite clope. On sent bien que c’est vendredi soir et que les gens sortent pour se changer les idées après une semaine de boulot. Je les regarde s’amuser entre potes, se pousser amicalement les uns les autres, s’amuser à frotter la tête de l’un pour le décoiffer, d’autres pendant ce temps sont en train de draguer de meufs. Même si je n’ai jamais été du genre à sortir dans les bars avec pleins de gens pour me bourrer la gueule, la vue de leurs sourires béats réveille en moi une pointe de jalousie. Sans forcément boire jusqu’à vomir, j’ai tout de même envie de vivre dans le moment, sans penser au lendemain, faire l’idiot avec quelqu’un sans me soucier de ce que les gens pourront penser ou quelles en seront les conséquences.

Perdu dans mes pensées, je n’avais pas remarqué le groupe de 4 garçons qui marchaient en face de moi, bras dessus bras dessous tout en chantant, tous très alcoolisés. Erreur de ma part, car ils m’attrapèrent le bras, et sans que je ne comprenne leurs paroles, je me fus emporté à l’intérieur d’un bar. Ils me trainent jusqu’à leur table, et je retrouve ma liberté quand ils s’assoient à leur table. Je les fuis de quelques mètres mais me rends compte que je suis malgré moi au milieu d’un bar assez animé. Ce doit être un signe du destin, je cherchais à intégrer un peu ce mode de vie et j’y ai été plus ou moins forcé. Après tout, qu’est-ce que ça peut me couter ? Je me dirige vers le bar et commande une bière. En attendant mon verre, je demande au gars qui est assis à côté « Est-ce que cette place est prise ? ». Je jette un regard aux alentours, comment vais-je pouvoir m’y prendre pour vivre un peu plus comme eux ?

Après m’être assis et alors que j’attends ma consommation, l’homme à côté de qui je me suis assis me parle. Il me demande si j’attends quelqu’un et je lui réponds un : « Non, et vous ? ».

Je me retourne vers le bar car le barman m’apporte ma bière. Je l’attrape et le froid de la bouteille imprègne ma main. Ca me rappelle a la réalité, je souhaite me faire des amis et la seule personne qui me parle, je lui réponds par une monosyllabe ? Je ne suis pas habitué à ça, alors je me tourne vers lui et tends ma bière pour trinquer avec lui. Il est légèrement plus âgé que la population du bar, et bois du soda…. Mais qu’importe, au vu du gars, il y a plus de chance qu’il soit mature. Enfin, plus mature que ces jeunes qui ne veulent que « se taper des meufs et se bourrer la gueule ».

J’essaye de faire la conversation :

«Je viens juste de débaucher et hum.... On pourrait dire que des inconnus m’ont un peu forcé la main pour que je rentre dans ce bar. Lucian.»

Dis je en lui tendant la main.