Jackson + It's where my demons hide

Si tu allais regretter ce que tu t’apprêtais à faire ? Oh oui, c’était évident. Tu avais rarement été aussi convaincu de quelque chose. Pendant tes insomnies des quatre dernières nuits, tu avais exploré le deep web. Ca te faisait marrer, de voir tous ces trucs accessibles sans difficulté. Tu avais même déjà commandé deux-trois fois. Rien de réellement illégal, juste tes médocs quand tu en avais trop pris pour que le médecin accepte de refaire une nouvelle ordonnance et que tu ne trouvais pas de dealeur qui les avait en stock. Le stock de pdf disponibles faisait également partie de tes côtés favoris de cet internet. Vu le nombre de livres que tu lisais, tu ne disais jamais non à des lectures gratuites. Sauf que cette fois, tu étais tombé sur tout à fait autre chose. Une discussion sur un forum sur l’occulte aux Etats-Unis. Ils parlaient d’une secte satanique new-yorkaise. Si tu avais commencé à avoir un putain de mauvais pressentiment qui allait s’avérer exact ? Sans aucun doute.

Tu avais cependant continué la lecture, non sans mal. Tu n’avais pas réussi à dormir depuis, ou peut-être juste une heure ou deux en journée. En soixante-douze heures, ça n’était pas énorme. Même ton fils t’avait fait remarqué que tu avais l’air encore plus fatigué que d’habitude. Alors que vous ne vous adressiez que rarement la parole. La nuit passée, tu n’avais à nouveau pas réussi à dormir. Tu avais fini le fil de conversation vers quatre heures du matin. Après trois quarts d’heure d’hésitation et de crise d’angoisse, tu avais décidé d’aller voir le site dont le lien était donné vers le milieu de la conversation. Un propranolol et tu cliquas. Tu ne restas que dix minutes sur le site, le temps d’en voir le plan. Ces types étaient encore plus dérangés que dans ton souvenir. L’une des catégories avait attiré ton regard. Tu ne voulais pas cliquer mais tu l’avais fait. L’accès était protégé par mot de passe. Tu pensas à Jackson, l’informaticien qui avait fait ton site et que tu croisais souvent car tu voulais te débrouiller seul pour les modifications, sauf que tu ratais toujours. Tu lui envoyas un sms pour lui donner rendez-vous au plus tôt, en t’excusant si tu le réveillais. Avec un peu de chance, il mettait son portable en silencieux durant la nuit.

Plus l’heure approchait, plus tu sentais ton estomac se tordre. Il était quatorze heures, Jackson était censé arriver d’un moment à l’autre. Vous vous étiez donné rendez-vous dans un café du centre-ville. Tu t’étais installé dos au mur. Pc sur la table et café à côté, pour tenter de te tenir éveillé. Tu n’avais rien réussi à avaler depuis la veille, si bien que tu avais commencé à tenir les paris avec toi-même sur combien de temps tu allais tenir avant de faire un malaise. L’hypoglycémie et le manque de sommeil ne font pas bon ménage. Tu vis Jackson passer la porte du café. Tu lui fis un signe de la main pour lui indiquer ta présence. Salut Jackson, tu vas bien ? Je suis encore désolé de t’avoir envoyer un sms à cette heure, je peux t’offrir un truc à boire pour me faire pardonner ?, t’empressas-tu de demander. Tu commençais à pâlir encore plus. Tu allais regretter, tu le savais très bien. Mais impossible d’abandonner maintenant. De toutes façons, il n’allait probablement pas pouvoir t’aider.

Il répondit qu’il ne dormait pas quand il avait reçu ton message. Tant mieux. Tu hochas la tête et partis commander un autre café, manquant de te prendre les pieds dans la housse de ton pc en te levant. Tu revins avec la tasse et la posas devant lui, te félicitant de ne pas en avoir renversé. Il te demanda pourquoi tu avais demandé à le voir. Tu ôtas tes lunettes pour essuyer les verres, réflexe nerveux bien trop habituel. Pour une fois, ça n’a rien à voir, commenças-tu. Tu reposas tes lunettes sur ton nez et pris une nouvelle gorgée de ton café. Il était tiède. A vrai dire, je ne pense pas que tu puisses m’aider. Tu n’osais même pas croiser son regard. Tu commençais à regretter de lui avoir envoyé ce message, même si… Même si tu savais que tu avais fait ce qu’il fallait. De toutes façons, tu aurais fini par contacter Jackson avant la fin de la semaine.

J’ai besoin de quelqu’un capable de hacker un site. Mais… pas n’importe quel type de site. Tu pris une nouvelle gorgée de café, la dernière. Sur le dark web. Tu ouvris le sachet de sucre allant avec le café et le versas dans ta bouche. Tout était bon pour échapper à l’hypoglycémie. Si tu connais quelqu’un capable de faire ça, je t’en serais très reconnaissant. Tu espérais qu’il n’ait pas de compétences en hacking suffisantes pour s’en occuper lui-même tout en espérant qu’il pourrait le faire. Dans un cas, tu évitais le risque qu’il te catégorise comme un type plus que dérangé. Dans l’autre cas, tu avais une chance d’avoir des résultats plus rapides qu’avec un inconnu qu’il faudrait que tu contactes.