mistake (allen)

La douce fin de la journée, le soleil se couchait à peine alors que la pâtisserie fermait ses portes. Zara accrocha son tablier sur le crochet de sa cuisine et ferma les lumières. Une nouvelle journée qui se terminait. Mais, ce soir, ce n'était pas n'importe qu'elle soirée, c'était sa soirée. Elle avait enfin reçu les documents qu'elle attendait. Seule, assise au comptoir-lunch de sa pâtisserie, elle contemplait la signature de son ex-mari confirmant leur divorce. Quatre ans, quatre longues années avant qu'enfin elle soit véritablement libérée. Ça en avait pris du temps. Mais aujourd'hui, elle se sentait plus libre et plus indépendante que jamais. La dernière chose qui la liait à cet homme, celui qui lui avait gentiment volé sa personne, c'était son nom de famille. Nom duquel il était plus difficile de se départir. Bien qu'elle n'aimait pas l'avouer, son nom c'était un peu qui elle était aujourd'hui. Même si son passé ne reflétait pas ce qu'elle aurait souhaité, c'était grâce à lui qu'elle avait pu prendre des choix et des décisions pour elle. Il demeurait donc là, fièrement derrière ses origines à elle, jusqu'à ce qu'elle se sente capable de faire une demande spéciale à qui de droit.
Pour fêter sa liberté, Zara emprunta le chemin le plus long pour retourner à la maison. En d'autres mots, le chemin sur la plage. Ça lui permettait de contempler le coucher de soleil et de regarder les petites familles s'exclamer de bonheur avant de retrouver leur petite maison. Sa famille à elle, son petit bulldog français Milo, l'attendait à la maison, sagement, prêt à ce que sa maman vienne le nourrir. Mais Zara prenait son temps. Elle savourait le sentiment de fraicheur que son coeur dégageait. Elle se surprit même à fermer les yeux, un instant, rêvassant, si bien qu'elle n'entendit pas les pas derrière elle. Lorsqu'une main se posa sur son épaule, la blonde sursauta. Elle se retourna pour faire face à un homme, inconnu à ses yeux, les cheveux bouclés, qui la regardait perplexe. Que lui voulait-il ?

Aujourd'hui avait été une journée comme les autres. Un peu banale et assez monotone à la fois. Tu avais travaillé tout le long de la journée. Dans ta vie, tout devenait si triste en ce moment. Certes, tu avais fais la paix avec Andeana, vous vous étiez réconcilié mais rien n'allait très bien. Tes affaires marchaient de temps à autre, et tu ne voulais pas non plus sous-payé Shelby, ta nouvelle employée. Alors tu faisais en sorte de te payer un minimum pour pouvoir faire tourner l'affaire et payer à bien l'employé que tu avais embauché quelques jours plus tôt. Ton meilleur ami avait quitté Bowen il y a quelques mois maintenant, mais Alfie te manquait toujours autant. Heureusement, tu étais bien entouré avec tous tes amis proches. Mais quelque chose te manquait, un sentiment pesant. Tu avais fermé pas trop tard ce soir, ne voyant pas les clients arrivés, et tu pliais aussi vite que tu étais arrivé. Quelques instants après avoir tout fermé et tout cleané, tu repartais vers chez toi à pieds, pour profiter du beau temps et du soleil couchant. En marchant, tu remarquais une jeune femme, une belle blonde, aux courbes que tu connaissais. Elle te rappelait quelqu'un, mais tu ne la voyais que de dos. Andeana ? Surement. Alors tu pressas le pas pour arriver jusqu'à elle. Maladroitement, sans savoir si c'était elle, tu posais une main sur son épaule pour l'aborder. « Andeana ? » demandas-tu à la jeune femme qui se retourna vers toi. Non ce n'était pas elle, mais elle avait ce regard transperçant qui t'envoutait quelques instants. « Je suis désolé, je vous ai confondu avec quelqu'un d'autre » dis-tu en rougissant légèrement et en passant une main dans tes cheveux.

Bowen, ça avait toujours été chez elle, sans vraiment l'être. Elle y était née, elle connaissait par coeur les sentiers et les odeurs, le bruit des vagues lui était familier. Et bien qu'elle y avait vécu, bien qu'elle y était attachée, chaque balade sur la plage, chaque couché de soleil, chaque jour avait quelque chose de nouveau, d'unique, qu'elle ne connaissait pas déjà. Ici, tout allait au ralenti, alors que sa vie avait toujours été une course contre la montre. Los Angeles, c'est la vitesse maximale. C'est travail par dessus travail, à grande échelle, le plus vite possible. Nuit et jour. Elle s'exhalait donc d'être, pour une fois, au repos en état permanent. Los Angeles avait laissé des marques dans son âme. Il l'avait rendu incapable de ne rien faire. Incapable de supporter les points morts. Incapable de vivre lentement. Elle était pourtant épuisée, au bout du rouleau, mais elle était conditionnée à aller encore plus vite. Il lui avait aussi laissé un fond d'insomnie, incapable de s'endormir sans le bruit des klaxons et des voitures à sa fenêtre. Sans les lumières de la ville qui illuminait sa maison, malgré les rideaux. À Bowen, son petit appartement était complètement sombre une fois la nuit venue. Il lui arrivait même de dormir avec une veilleuse. Pour la première fois, elle prenait son temps. C'était comme si le divorce avait fait la rupture entre la pâtissière essoufflée de courir après le temps et la pâtissière qui revendique sa liberté. Zara prenait le temps d'apprécier le moment, yeux fermé, rivée au beau milieu de la plage. Et c'est là qu'elle fit le saut, se retournant face à un inconnu. Elle lui sourit, alors qu'il l'avait clairement confondue avec une autre. Son regard était étoilé, heureux, avant qu'il s'aperçoive de l'erreur qu'il venait de commettre. Non, dit-elle simplement en secouant la tête, les lèvres pincées de déception. Elle aurait aimé être la femme en question et éviter de peine l'homme, qui passa une main dans ses cheveux en s'excusant. Il avait un bel accent, clairement qui venait d'ailleurs. Un Italien, sans doute, mais la région restait inconnue. Il était beau, grand, bien bâti, ténébreux avec ses boucles brunes qui encadraient bien son visage. Devant lui, Zara avait ce sourire niais collé au visage. Il était visiblement de son goût. Ressaisis-toi, Zara, franchement, cet homme est pris! Tu as déjà fait l'erreur une fois..., pensa-t-elle juste avant de lui adresser la parole. Pas de soucis, vraiment. À en voir votre sourire et vos yeux brillants, cette Andeana devait être une belle surprise par cette soirée obscure, baragouina-t-elle, sans vraiment savoir ce qu'elle avançait. Elle ne se fiait qu'à la réaction du brun, non pas sur des faits concrets. À la place, vous avez droit à une Zara... Un peu moins plaisant, j'en conviens, ajouta-t-elle en riant, blague pour détendre l'atmosphère suite à l'erreur de l'homme. Elle lui tendit sa main, sourire toujours aux lèvres. Elle semblait confiante, mais en vrai son coeur battait fort dans sa poitrine. Il était attirant, cet homme, et elle ne s'était pas vraiment accordé le droit de draguer depuis longtemps. Mais draguait-elle ? Elle ne savait plus vraiment lire les signes. Enchantée.

Perdu dans les méandres de cette journée, tu n'avais pas forcément le moral. Ça pouvait se comprendre. L'affaire ne battait pas son plein et tu commençais à avoir sous les yeux des valises plus grosses que celles que tu trimballaient autour du monde. Tes amis t'aidaient comme ils le pouvaient mais cela t'empêchait de dormir, tu ne voulais pas chuter, tu avais peur, mais tu étais un homme persévérant alors tu continuais à espérer que tout se passerait bien et que l'argent continuera à tomber du ciel. Cette journée s'était achevé assez vite, en fin d'après-midi, tu t'étais résigné et tu avais fermé boutique pour ne pas plus te prendre la tête. Ce soir, tu finirais surement dans un bar complètement déchiré, à te lamenter sur les déboires de ta vie. Mais quelque chose allait interférer cela. Quelqu'un plutôt. En marchant le long de la plage pour rentrer chez toi, tu aperçu cette fille aux courbes qui te rappelait vaguement le premier amour de ta vie. Alors tu l'approchas pour lui demander si c'était bien elle. Gêné, tu pu remarqué que non, ce n'était pas elle, mais elle était magnifique. Son sourire était somptueux et se yeux d'un bleu perçant qui te glacerait le sang. « Je ... je suis désolé » dis-tu en passant toujours ta main dans tes cheveux, comme tu fais quand tu es gêné. Cette Andeana devait être une belle surprise par cette soirée obscure. Tu ne savais pas trop au final. Certes, vous aviez fait la paix mais tu l'aimais encore, sans savoir si tu pourrais la récupérer un jour. Alors tu souris bêtement à la blonde se présentant devant toi. « Ca m'aurait fait de la compagnie pour la soirée, mais c'est quand même une belle surprise » répondis-tu en adressant un clin d'oeil à la jeune femme. Après tout, à quoi bon rester gêné aussi longtemps, cela ne servait à rien. Alors tu remis tes mains dans tes poches et tu souris à la blonde que tu avais approché. « C'est un joli prénom, Zara. Enchanté, je m'appelle Allen » répondis-tu en serrant la main tendu que la belle inconnue venait de te tendre. Au final, ce n'était pas une mauvais chose, de l'avoir confondu avec la vénézuélienne.

L'homme devant elle s'excusa à nouveau, la main toujours plongée au travers de ses boucles foncées, l'air penaud. Zara, elle, souriait en re regardant, un peu amusée par la situation. Elle devait avouer que, pour une fois, c'était rafraichissant de ne pas être reconnue dans la rue. D'être approchée, comme une personne normale, par hasard, parce qu'on l'avait pris pour quelqu'un d'autre. C'était désaltérant. Il regardait la blonde droit dans ses yeux, comme absorbé par ces derniers, sans vraiment bouger. Ce ne fit que lorsqu'elle entama la suite de la conversation qu'il fût finalement sorti de sa paralysie. Cette Andeana, elle était inconnue aux yeux de la pâtissière, mais elle semblait lui faire tout un effet au brun. Il semblait gêné et il était impossible de décrypter si cela avait un moindre rapport avec la femme en question ou, tout simplement, la situation cocasse qu'ils venaient de produire. Qui plus est, elle lui aurait accordé une bonne compagnie. La suite de sa phrase surprit la blonde qui s'accompagnait d'un clin d'oeil à son égard. Elle se surprit même à rougir, étrangement. L'homme lui serra la main en se présentant. Merci. Répondit-elle en laissant ses yeux voyager sur le corps et le visage de l'homme, l'analysant au passage. Heureuse de faire votre connaissance. Elle replaça ses longs cheveux derrière ses oreilles. Je ne voudrais pas vous importuné

Tu en avais fais des conneries, mais confondre des gens cela ne t'étais encore jamais arrivé. Après, cette femme ressemblait tellement à Andeana que tu n'avais pas pu t'empêcher de lui adresser la parole, comme si une pulsion était sortie sans prévenir et que tu n'avais pas pu la contrôler. Mais cette fille était intriguante, pour quelle raison ? Tu en savais pas mais tu avais envie de le découvrir. Alors vous aviez échangé des banalités, de simples présentations. La jeune femme semblait troublé par ton intervention, et avait peur de t'avoir dérangé ou bien de t'avoir fait un faux espoir lorsque tu avais pensé qu'elle était quelqu'un d'autre. Légèrement gêné, tu passais une main dans tes cheveux bouclés. Ton accent italien ressortait en ce moment, lorsque tu parlais, cela devait être encore plus troublant pour la jeune femme que tu avais en face de toi. « Je suis ravi de faire votre connaissance aussi ! » répondis-tu d'un sourire sincère en replaçant ton bras le long de ton corps. Tu ne savais comment abordé cette fille parce que tu étais subjugué par cette dernière. Mais bon, tu allais te lancer, comme d'habitude. « Pas du tout, pourquoi penser ça ? » demandas-tu à la jeune femme d'un air interrogateur. Elle était loin de t'importuner ou de te déranger. Tu venais juste de finir de travailler, tu en avais marre de la vie et cette femme tombait à pic lorsque tu avais besoin de distraction. Mais elle semblait être plus qu'une simple distraction. « Je peux me faire pardonner en vous invitant boire un verre ? Je connais un bar sympa pas loin » proposas-tu à la jeune femme, légèrement gêné. mais tu voulais vraiment parler plus avec cette fille. Comme si elle venait d'arriver au bon moment et que tu voulais connaître plus de choses sur elle. Une fascination.

Ça ne lui était jamais arrivé de se faire confondre avec quelqu'un, à croire qu'elle n'était pas le sosie de quelqu'un. Il était possible de mettre la faute sur sa notoriété, sa célébrité qui trahissait sa personnalité. On la connaissait avant même qu'elle n'ouvre la bouche, qu'elle ne daigne se présenter. C'était les conséquences du métier. Mais depuis son retour en ville, depuis qu'elle avait retrouvé le bercail, Zara ne se faisait pas réellement approcher pour son passé connu. Or, la main qui s'était posée sur son épaule, le sourire qui n'était pas adressé à ses beaux yeux, lui avait donné une impression de déjà vu, l'impression qu'on la connaissait de son ancienne vie. Et pourtant, l'homme l'avait simplement confondu avec une flamme qui faisait battre son coeur. Il fallait être stupide pour ne pas s'en rendre compte, celle qui portait le nom d'Andeana mettait l'homme dans tous ses états. Il avait l'air si content de la retrouver sur cette plage, comme un mirage arrivé par surprise. Mais par politesse, le brun l'invita à prendre un verre, prétextant connaitre un endroit dans le coin où ils pourraient s'affairer. Mal à l'aise, surtout en pensant qu'elle volait la place de la blonde pour qui il l'avait pris, elle pinça les lèvres avant de lui répondre. Vous êtes surement attendu quelque part, je ne voudrais certainement pas prendre de votre temps. Sa voix n'était pas ferme. L'homme était beau, mystérieux, et il y avait des lunes depuis la dernière fois qu'elle était sortie, d'autant plus qu'elle avait quelque chose à fêter, ayant reçu officiellement son divorce, mais elle avait tout de même l'impression de jouer à l'imposteur, de prendre la place de quelqu'un qu'elle n'était pas. Je ne voudrais pas que votre amie vous attende trop longtemps.. Finit-elle par avouer, un sourire discret aux lèvres. .. Mais si vous m'assurer que vous n'aviez pas rendez-vous, j'accepterais avec plaisir.

Ses yeux n'étaient pas les même que ceux de la vénézuélienne que tu affectionnais tant mais ils n'en étaient pas moins fascinant. Tu aurais pu te perdre des heures dans ces derniers, c'est surement très baratineur de dire ça, c'est pour ça que tu le gardais seulement pour toi. C'était une bourde totale que tu venais de faire mais peut-être n'avais-tu rien perdu en en approchant cette belle blonde dans la rue. Ton esprit est paumé en ce moment, tu ne sais plus où donner de la tête. Alors une simple distraction peut t'emporter totalement loin. Mais elle n'avait pas l'air d'une simple distraction. « Si je vous le propose, c'est que je veux vous inviter à boire ce verre » répondis-tu à la jeune femme, avec une main de gêne dans tes cheveux. C'était un sale tic qui fallait que tu arrêtes assez vite, toute ta vie tu faisais ce geste une fois que l'on te gênait un peu ! Toi, tu n'attendais qu'une chose, c'est que Zara réponse par la positive à l'idée de l'emmener boire un verre, et pas de tergiverser longtemps. Sa réponse te fit légèrement sourire, elle cherchait à savoir si cette femme avec qui tu l'as confondu était ta petite-amie, enfin c'est ce que tu te disais au fond de toi. « Non, non, personne ne m'attends. A part ma colocataire, mais elle peut attendre encore un peu, je pense » répondis-tu en lui faisant un clin d'oeil. Tu emboitais le pas vers un bar sympa dans la ville pour ainsi arriver à tes fins qui étaient de payer un verre à cette demoiselle. « Le seul rendez-vous que j'aurais pu avoir, c'est avec mon célibat ou ma solitude, je sais pas trop j'hésite » avouas-tu à la jeune femme avec un léger rire. Il fallait mieux en rire qu'en pleurer de toutes façons, non ? L'auto-dérision, ta meilleure amie.