Retrouvailles fraternelles [Aslander]

Asl avait ri quand sa grande sœur lui avait répondu que Sio était déjà gâtée. C'était très bien ainsi, peut-être pas jusqu'à la rendre capricieuse hein ! Mais il ne le disait pas, ils avaient tout le temps d'y penser. Le néo-zélandais prenait donc sa douche. Normalement, il se douchait vite et bien mais là, il laissait l'eau chaude ruisseler sur son corps pendant une minute avant de se sécher, de s'habiller d'un bas de survêtement et d'un T-shirt.

"Ca fait du bien."

Disait-il à Ais en la rejoignant dans sa chambre, la trouvant installée sur son lit avec un air préoccupé. Elle voulait lui parler des gens qu'elle pourrait croiser dans la maison. En entendant ses paroles, le jeune homme s'installait sur le lit à coté de sa grande sœur, s'appuyant au dossier et la regardant fraternellement.

"Haha, tu vas me présenter ton grand amour. Je l'aime déjà."

Et il le pensait, un homme qui rendait sa frangine heureuse ne pouvait être qu'un type bien. Par contre, le pluriel l'étonnait mais juste pendant quelques instants.

"Des gens, tu as lié des amitiés à Bowen, je vais rencontrer tes copains … Ou tu es restée en bon rapport avec un ex et je pourrais être amené à le rencontrer ?"

Asl s'était ravisé pendant qu'il parlait parce qu'Ais lui avait bien dit qu'elle n'était pas sociable. Bah, tant que son ex n'était pas un de ces baratineurs d'italiens ! Il l'écouterait attentivement et ne la jugerait pas de toute façon.

Asl écoutait sa grande sœur avec beaucoup de sérieux. Elle avait quelqu'un. Qui venait souvent à la maison. Dit comme ça, ça n'avait pas l'air sérieux. Réalisait-elle sa chance ? Elle avait quelqu'un, lui n'avait personne. Lui avait eu trois histoires dans sa vie, trois ! Une qui lui avait tourné le dos sans aucune explication et deux qui lui avaient demandé de choisir entre sa passion et elle parce que c'est tellement bien, quand on commence à s'attacher de se prendre un chantage affectif, un ultimatum. Ca, il ne pouvait pas le dire à sa sœur. Etait-ce un cercle vicieux ? Souffrir et se venger en faisant souffrir à son tour ? Etre invisible jusqu'à trente ans puis faire souffrir quand on devient "intéressant" ? Asl n'aimait pas les cercles vicieux, qu'on ne compte pas sur lui pour les pepétuer.

"Ca me ferait plaisir de le rencontrer."

Ais continuait avec le père de Sio et ses autres ex. Elle avait au moins une vie de plus que lui en matière de couple. Son expression s'assombrissait un peu. Il n'était pas futé avec les autres mais parfois, c'était comme s'il y avait une sorte de télépathie avec sa sœur. Ainsi, le jeune homme comprenait qu'elle avait du en baver toute seule.

"Je ne serai pas ravi de rencontrer notre voisin mais c'est ton ressenti qui m'importe. Il doit y avoir encore des sentiments entre vous sinon vous ne réagiriez pas comme ça … Peut-être que tu l'aimes toujours et ça te fait mal."

Puis il concluait en lui ouvrant fraternellement les bras :

"Tu souffres ? Tu veux un câlin ?"

Asl pouvait se tromper après tout et puis il pouvait "consoler" sa grande sœur, prétexte pour un câlin fraternel.

"Ca fera deux avec ton petit frère, frangine."

Puis venait une question à laquelle toute personne un tant soi peu logique aurait du voir venir de très loin mais pas le néo-zélandais bien sur. Il lui répondait néanmoins avec la même spontanéité :

"Voyons sœurette, ton petit frère n'abandonnerait sa chérie en Nouvelle Zélande. Je ne voulais pas t'embêter avec ça mais en même temps, tu te confies à moi alors si moi je ne le faisais pas, ça n'irait pas. Comme tu le sais, jusqu'à mes dix-huit ans, il ne s'est strictement rien passé au niveau sentimental, je veux dire à part faire semblant par jeu, je ne m'étendrai pas la dessus ! Quand je rencontrais une fille qui me plaisait et ça semblait réciproque, on avait comme qui dirait des atomes crochus et quelques jours plus tard, elle me fuyait."

Evidemment, le jeune homme ne pouvait pas deviner qu'une certaine proche décourageait toutes ses prétendantes les unes après les autres.

"J'ai eu trois romances en tout et les trois m'ont plaqué. Tu n'en connais qu'une, Mei. Tu dois te souvenir d'elle, tu l'appelais "l'allumeuse" et tu lui avais même demandé si elle avait un tic nerveux parce qu'elle me faisait souvent des clin d’œils, haha. Tu pourrais ajouter "alune" parce que pendant notre romance à Venise, j'ai vraiment l'impression d'avoir eu affaire à deux femmes différentes, avec du recul. Voila, c'est tout, c'était rapide oui !"

En fait, ce n'était pas le mot mais il ne savait pas comment qualifier quelqu'un qui semblait avoir deux personnalités. Actrice ? Il y avait autre chose mais Asl n'arriverait pas à lui dire. Ah oui sœurette, j'ai pratiqué les arts martiaux pendant ces quinze dernières années !