is someone getting the best of you ?

Il avait tenté tous les jours de se persuader qu'Aelya avait pris la bonne décision en le quittant, cherchant à s'imprégner des derniers mots qu'elle lui avait dit, ceux qui avaient essayé de lui faire comprendre que s'ils continuaient sur cette voie, ils finiraient par se détruire. Mais ce nouveau quotidien sans elle n'avait jamais été attrayant pour Niels, les jours défilant, se ressemblant sans que la flamme de ses iris ne vienne se rallumer. En réalité, il savait qu'il s'était éteint. Intégralement. Jusqu'à ce que cette femme ne sorte de nul part, venant faire connaissance avec son âme déchirée, possédant même l'ambition de la réparer. Niels savait qu'il n'aurait aucune chance de tourner la page s'il ne permettait à personne de l'approcher, et aussi étrange que ça pouvait paraître, il avait ressenti une certaine sincérité dans les mots qu'il avait pu recevoir et lire, s'apaisant devant son écran. Ce soir, il comprenait aisément pourquoi il s'était senti en confiance, se faisant la réflexion qu'il n'y aurait pu y avoir personne d'autre qu'Aelya capable d'apaiser ses douleurs. Il fit valser ses yeux sur ses doigts qui caressaient son bras, s'imprégnant de cette image qu'il souhaitait voir perdurer, conscient qu'il ressentirait le manque à l'instant où sa peau s'échapperait de sa sienne. « Je sais pas. J'ai jamais pu faire autrement quand c'était toi... C'est pas comme si t'avais aucun pouvoir de persuasion sur moi. » Souffla-t-il, d'une mine presque amusée, laissant entendre qu'elle avait toujours autant d'influence sur lui, comme depuis le premier jour. Parce-que sa carapace ne tenait jamais bien longtemps lorsque c'était elle, se fissurant à vue d’œil au même moment où son envie de l'attirer vers lui grandissait. Rejoignant l'air frais avec elle, il lui avait proposé de s'éloigner du bar, souhaitant retarder l'échéance, parce-qu'il n'avait aucunement envie de la voir partir. Il fit mine de rouler des yeux à sa première remarque, gardant cet air nonchalant qu'elle connaissait si bien. « Ouais peut-être, mais j'crois que c'est pas raisonnable que tu saches ces choses aussi facilement. » La taquina-t-il, son cœur tapant plus fort aux mots qu'elle ajouta et qui parvenaient jusqu'à son âme, la réchauffant instantanément. Il s'allongea à côté d'elle, directement dans l'herbe rafraîchie par la nuit qui était tombée sur Bowen, les yeux rivés vers le plafond étoilé qui les surplombait. « T'oserais pas faire ça. J'te connais, tu serais la première à me tenir la tête au-dessus la cuvette. » Pouffa-t-il, se rappelant des nombreuses soirées où il s'était retrouvé dans un état pas possible, après avoir consommé de l'alcool bien trop déraisonnablement, et où Aelya n'avait jamais manqué de s'occuper de lui. Il sortit de ses souvenirs aux mots qu'elle prononça, lui faisant légèrement froncer les sourcils. « Peut-être que j'ai pas envie de voir ce jour arriver... » Répondit-il, du tac au tac, désirant qu'elle sache qu'il était toujours aussi dingue de l'amour qu'elle lui vouait, se sentant à jamais aimé à chaque fois qu'elle osait poser ses yeux sur lui. « Le fais jamais. S'il-te-plaît. » Murmura-t-il, sans réfléchir, ses doigts sentant les siens se rapprocher, finissant par s'emparer de sa main où il fit entrelacer leurs doigts, son myocarde s'affolant dans sa poitrine. « J'veux que toi, c'est affolant. » Lâcha-t-il, comprenant qu'il était lié à Aelya pour toujours, qu'importe les drames et les séparations. C'était elle, jusqu'à la fin des temps. « Je sais maintenant qu'il y a jamais rien de définitif dans la vie, on en est la preuve tous les deux. Mais... j'crois que y'a bien une chose qui l'est : je te chercherai toujours, parce-que j'suis incapable de faire autrement. J'suis désolé que ça soit tombé sur toi, je l'avais pas prévu, et peut-être que ça aurait été plus simple pour toi aussi, si j'étais jamais intervenu dans ta vie. » Il resserra un peu plus l'étreinte de sa main, voulant rendre ces secondes vraies, concrètes, authentiques, comme l'était leur relation, ce lien qu'ils avaient noué sans se rendre compte qu'il deviendrait la partie essentielle de leur quotidien.

Il avait passé son temps à vouloir forcer le destin, le hasard, espérant pouvoir tomber sur Aelya à l'autre coin de la rue, juste pour qu'elle puisse se rendre compte d'à quel point il était misérable sans elle, qu'il n'arrivait même pas à être un tiers de l'homme qu'il était lorsqu'elle n'était plus là pour l'aimer. Il se rappelait avec douleur des premiers jours de sa convalescence sans elle, souffrant le martyre, réalisant qu'elle était partie pour de bon cette fois-ci parce-qu'il savait qu'elle ne l'aurait jamais laissé dans un état pareil si elle n'avait pas été sérieuse. Il avait dû apprendre à se réparer seul, à soigner son corps comme il le pouvait, s'aidant évidemment de l'aide chimique qui semblait avoir un effet sur les douleurs physiques, sans pour autant réparer les pièces détachées de son cœur en lambeaux. D'apparence, il semblait atteint, mais ce n'était pas même un dixième de la souffrance morale qui s'exerçait sur lui de manière continue, ne lui laissant aucune pause possible pour retrouver son souffle égaré. Il sourit à ses mots qu'il ne pouvait pas contredire, conscient que le lien spécial qui les unissait aurait toujours raison d'eux, influençant cette attirance indescriptible qu'ils ressentaient l'un envers l'autre. « Y'a plus rien qui m'étonne. » Répondit-il, usant de ce même ton joueur, se rendant compte qu'il était tombé sous le charme de la femme qu'il aimait déjà. C'était presque ironique comme situation. Parce-qu'il savait pourtant combien Aelya occupait déjà toute la place dans son cœur, trop de place, ne laissant aucune possibilité à une autre âme de tenter de s'y installer. Et finalement, il comprenait que si cette inconnue s'était avérée ne pas être elle, il aurait probablement laissé quelques temps s'écouler avant de se rendre compte qu'ils étaient incompatibles. Parce-qu'il voulait Aelya, simplement et seulement elle. « On va éviter alors, on peut faire un effort. » S'amusa-t-il, tenté par ses mots qui laissaient entendre qu'elle pourrait lui succomber ce soir, bien que Niels s'évertuait à vouloir se raisonner, l'alcool ne l'aidant pas à entrevoir les meilleures idées. Allongé sur l'herbe fraîche, il s'était laissé happer par la grandeur de cette étendue étoilée qui les englobait, lâchant un léger rire aux mots de la brune. « T'aurais envie de moi, même dans un état pareil ? Moi j'trouve que c'est ça qui craint. » Se risqua-t-il à dire, d'une voix se voulant joueuse mais aussi brûlante, continuant d'alimenter ce jeu sans fin. Il laissa un court silence caresser leurs âmes qui s'appréhendaient de nouveau, sentant son palpitant faire des siennes aux mots sincères qu'ils échangeaient, sa main ne pouvant s'empêcher de rejoindre la sienne dans une étreinte qu'il voulait indéfectible. Il se sentit frémir aux murmures brûlants qu'elle lui souffla, se sentant perdre tous ses moyens, se voyant incapable de lui résister si elle continuait de le bercer de paroles aussi salvatrices. Il tourna à son tour sa tête vers elle lorsqu'elle bascula vers lui, peinant à percevoir ses iris assombries par la luminosité quasi-inexistante de lieu où ils étaient installés. « J'veux te mériter. Je veux que tu sois heureuse, c'est aussi simple que ça... » C'était certainement ce qu'il désirait le plus au monde. Mais pour l'instant, il savait que rien n'était acquis, sûrement parce-qu'il était incapable de pardonner sur un coup de tête, ayant besoin de quelques temps pour réfléchir calmement à la situation. De longs frissons vinrent parcourir son échine au mouvement de ses doigts contre son bras, puis contre son torse, craignant soudainement qu'elle sente son myocarde se déchaîner à travers la couche de tissus qu'il avait sur lui. « Je sais pas non plus combien de temps ça va prendre. Mais j'veux que tu m'attendes, parce-que je reviendrai. Je t'ai toujours voulu, depuis le premier jour, et y'a rien qui pourra changer ça. » Il se mordit légèrement la lèvre, prenant une plus grande inspiration alors que sa main libre vint caresser le dos de la sienne, directement posée sur son torse. « Tu me manques... » Souffla-t-il, de manière presque inaudible, comme s'il souhaitait qu'elle soit la seule à capter cette information. Ses yeux vinrent détailler ses lèvres, un peu trop longtemps, lui donnant soudainement l'envie de dépasser la limite pour l'embrasser avec tout son amour. Il dévia finalement les yeux, préférant s'en tenir ici. « Il est tard. On va peut-être commencer à y aller doucement avant qu'on finisse par s'endormir ici. » Dit-il, un sourire amusé, se relevant en premier après quelques minutes, tendant sa main vers celle d'Aelya pour lui servir d'appui.

Il avait su sur le moment, qu'il n'y avait aucun moyen de la faire changer d'avis, parce-que son esprit était jonché de toutes ces images d'horreur, morbides, où son corps était inanimé, lui rappelant sans cesse les dangers de leur relation. Et peut-être qu'avec le recul, il comprenait un peu mieux ce qu'elle avait tenté de faire en s'en allant, même si ça n'avait jamais résonné comme la meilleure situation dans sa tête à lui. Parce-qu'il était accro à elle comme à une drogue dure, et le sevrage ne faisait que de lui rappeler à quel point il était incapable de vivre sans elle, lui faisant ressentir un manque insoutenable qu'il comblait par un rythme de vie complètement déraisonnable, passant son temps à se défoncer à toutes sortes de substances qui parvenaient à lui faire oublier, le temps d'une soirée, qu'il était en train de se perdre. Il savait qu'Aelya voulait son bonheur, qu'il puisse se reconstruire une vie plus saine et que ça impliquait d'être loin d'elle. Mais ce n'était pas sa vision à lui. Ce qu'il désirait se trouvait devant ses yeux à cet instant même, et semble-t-il qu'il n'avait plus ressenti autant de bonheur que depuis qu'elle était partie. Il sentait son corps se réchauffer soudainement, et il savait pertinemment que ça n'était pas que les effets de l'alcool qui coulait dans ses veines. Son corps avait toujours naturellement réagi aux sensations que lui procurait Aelya, même s'ils s'imposaient une distance ce soir, alimentant encore plus cette tension qui régnait entre eux. « Je peux dire exactement la même chose pour toi. » Répondit-il, haussant les sourcils alors qu'il la dévorait littéralement des yeux, rêvant de faire tomber toutes les couches qui obstruaient leurs peaux en manque de l'une de l'autre. Ce soir, aussi fou que ça puisse paraître, Niels souhaitait appréhender lentement les choses, désirant se donner du temps et de la réflexion avant de plonger tête la première dans ses envies. La tête dans les étoiles, la vision légèrement brouillée, ils s'étaient installés sur cette étendue verte, se laissant aller aux confidences, enfermés dans cette bulle qu'ils étaient toujours parvenu à se créer lorsqu'ils étaient ensemble. Il se sentit frémir aux mots qu'elle ajouta, alors qu'il se força au calme pour ne pas lui sauter dessus. Il tourna légèrement la tête vers elle, sa main venant timidement se poser sur sa poitrine, là où il ressentait les palpitations de son cœur contre sa paume chaude. « Je comprends. Je peux pas être guéri de toi, j'en ai même pas envie. Y'a que ça qui me donne envie de continuer, j'ferai tout pour pouvoir le sentir battre encore longtemps. » Souffla-t-il, faisant glisser ses doigts sur son bras, redressant sa tête pour contempler de nouveau le ciel, se laissant bercer par l'intimité qu'ils créaient tous les deux. Son cœur se serra un peu plus en entendant sa peine à travers ses mots, percevant les regrets dans sa voix, lui faisant prendre conscience qu'elle avait probablement perdu autant que lui en préférant partir. « Tu me perdras jamais, même en partant, je renoncerai jamais à toi. Et peut-être que je continuerais à avoir mal, mais je m'en tape Aelya, si c'est le prix à payer pour pouvoir être avec toi, je l'accepte. J'veux pas être sans toi, ça me rend malade rien que d'y penser. » Lui souffla-t-il, cherchant à la rassurer, ses doigts venant frôler la main qui se baladait sur son torse, souhaitant qu'elle puisse sentir le tumulte qu'elle provoquait en lui, ravivant la flamme d'espoir qui avait été trop longtemps privée d'oxygène pour pouvoir brûler. Il hocha doucement la tête à sa confirmation, à ses mots qu'il considérait comme une promesse, ne demandant que ça, qu'elle puisse l'attendre parce-qu'il était prêt à faire des efforts incommensurables pour lui appartenir de nouveau. Il avait croisé son regard une nouvelle fois dans la pénombre de la nuit, ressentant encore cette envie insoutenable de l'embrasser, comprenant qu'il était temps pour eux de se quitter avant qu'ils ne dépassent cette limite qu'ils s'imposaient. Il se releva, aidant Aeya à en faire de même, amusé par ce manque d'équilibre qu'ils affichaient tous les deux, en profitant pour passer sa main dans le creux de son dos alors qu'ils cherchaient leur stabilité. Il la laissa prendre son bras le temps du chemin, profitant de cette complicité qu'ils retrouvaient petit à petit. « On est des pros dans le domaine. » S'amusa-t-il, frissonnant à la suite de ses mots qu'il ne se lasserait jamais d'entendre. Ils arrivèrent bien trop rapidement devant l'immeuble d'Aelya, Niels ressentant une pointe au niveau du cœur en comprenant qu'ils allaient se séparer ici, parce-qu'il n'était pas habitué à ça, au fait de réprimer les envies qui le démangeaient. Il pouffa à sa remarque, secouant légèrement la tête. « C'est surtout parce-que c'est toi. En vérité... j'peux être beaucoup plus diabolique. » Ajouta-t-il, d'une voix pleine de sous-entendus, lui offrant un clin d’œil malicieux. Il fit un pas vers elle pour profiter une dernière fois de sa chaleur, tendant la nuque vers elle pour se laisser embrasser, ses yeux se fermant au doux contact de ses lèvres contre le coin des siennes. « Oublie pas de me rappeler, j'crois que t'as encore mon numéro. » Dit-il, pour la taquiner. Sa main vint écarter une de ses mèches de cheveux, alors qu'il posait sur elle un regard plus tendre, empli d'amour. « Dors bien, on se voit bientôt. » Il vint déposer un baiser sur son front une dernière fois, rompant leur étreinte avec difficulté pour la laisser partir, la regardant s'éclipser dans l'immeuble avant de prendre à son tour le chemin qui le menait jusqu'à chez lui, le cœur au bord de l'implosion, la tête dans les étoiles.