dimanche (charlie)

OH PUTAIN C'EST DIMANCHE.

Cri du cœur. Vraiment. Ça veut dire journée ensoleillée passée à bouffer du sable, boire la tasse et des mojitos. Le tout ponctué de super figures sur les vagues, tant qu'elles sont pas trop compliquées. T'es pas une pro mais tu te démerdes vachement bien.

En général t'y vas seule et tu retrouves les habitués, mais là t'as décidé de niquer les habitudes et de ramener ton bébé chat, CHARLIE. Qui n'est pas réellement un chat, plutôt une humaine, mais elle est beaucoup trop adorable pour son propre bien. Et de ce que tu as compris, le surf c'est pas son truc, du coup t'es bien décidée à montrer à ta trouillarde nationale à quel point c'est cool. Faut qu'elle sorte un peu et qu'elle découvre la vie.

Du coup t'as débarqué chez elle vers 6h du mat' avec ton 4x4 des familles - elle a dû voir très flou - pour la forcer à se mettre en maillot et la traîner jusqu'à la plage. De force. Un peu. Elle t'adore donc elle va pas t'en vouloir. T'as même amené ton ancienne planche pour pas qu'elle ait besoin d'en louer une ! Non, franchement tu gères.

Tu laisses échapper un léger bâillement face au soleil levant et entreprends de te désaper aussi vite que possible pour te jeter dans l'eau en moins de deux. Oh. Mon. DIEU. ÇA REVEILLE. CHARLIE VIENS, PIQUE UNE TÊTE, ÇA IRA MIEUX, tu lui cries depuis l'océan. Juré, ça aide. Bon, l'eau est hyper glacée mais ça passe une fois qu'on est dedans. T'inquiètes, l'eau est bonne. Tu peux pas lui dire la vérité elle viendra jamais sinon. Faut qu'elle affronte ses démons.

« Putain sa mère, Nina, j'ai enchaîné dix-huit heures de garde, il est six heures quart, un dimanche matin ! Un DIMANCHE MATIN, t'es sérieuse ? » Elle avait bien insisté sur ce fameux dimanche matin, deux fois pour être sûre, plantée dans l'encadrement de la porte avec une tête encore embrumée, pas fraîche du tout au petit matin. Ce qui n'avait pas arrêté son amie qui n'avait même pas attendu qu'elle termine sa phrase pour entrer dans la maison à toute allure, débordant d'énergie. Si l'étudiante savait se lever aux aurores pour aller bosser, elle était plutôt du genre à aimer récupérer ses heures de sommeil les rares fois où elle en avait l'occasion en se payant une matinée de sommeil. « Et après on dit que c'est moi l'excitée de la vie. Ça va, ça va, j'me change. » soupira-t-elle en refermant la porte, Nina déjà dans le salon, en train de lui ordonner de se mettre en maillot. Elle déposa tout de même un bisou affectueux sur la joue de la petite brune, un sourire ensommeillé prenant place sur ses traits, puis monta enfiler ce qu'il fallait, but un grand verre d'eau et redescendit pour suivre son amie dans la voiture. Elle protestait peut-être, mais son visage s'éclairait quand elle voyait Nina et elle était toujours ravie de passer du temps avec elle. C'était une des rares personnes qui ne se plaignait pas de l'énergie enfantine et difficile à canaliser de Charlie. Pourquoi ? Parce qu'elle était pire. Oui, c'était possible. Et c'était sans doute ce qui plaisait le plus à la jolie brune, même si elle faisait semblant de bouder.

Arrivée à la plage, Charlie retira son top et son short alors que la brunette plongeait déjà dans l'eau sans plus attendre. Le trajet avait suffit pour que la jeune femme émerge un peu, retrouvant sa vitalité habituelle, et un sourire enthousiaste et amusé animait ses traits fins. Elle prit son élan et suivit les traces de Nina, s'élançant dans l'eau en un coup, avec la nette impression que son cerveau avait gelé quand il franchit la surface. « T'es vraiment la pire ! » s'écria l'étudiante en sortant la tête de l'eau, en envoyant à grands mouvements de bras sur la jeune fille pour se venger, mais riant aux éclats.

T'éclates de rire. Elle avait vraiment foncé sans réfléchir. Tu pousses un léger cri en la voyant t'éclabousser et décide de lancer une mini bataille d'eau, brassant autant que tu peux à l'aide de tes bras. Ce qui n'est pas assez à ton goût. Ton sourire s'élargit, annonçant une catastrophe imminente. Tu te transformes en superbe poulpe et accroche tes ventouses à ta demoiselle, l'empêchant de se débattre autant que possible pour mieux la couler. Et t'en profites pour la chatouiller, sinon c'est pas drôle. Tu finis par la lâcher, remontant à la surface pour rire aux éclats, tandis que les vagues viennent envahir ta bouche. Recrachant un peu d'eau salée, tu pointes du menton la côte, qui s'était légèrement éloignée durant vos péripéties. "Allez princesse, faut que je t'apprenne à surfer."

Sans l'attendre, tu piques un crawl, sans oublier de crier "LA DERNIERE ARRIVEE PAYE LES KEBABS !" Le surf, ça creuse.

Tu rejoins le banc de sable assez vite. Le vent fouette ton corps mouillé. Tu frissonnes. Sourire aux lèvres.

Tu essores rapidement tes cheveux, remets en place ton maillot de bain - il s'était coincé dans tes fesses - et t'assois sur ta planche de surf, tapotant celle de Charlie pour l'inviter à te suivre. Tu lui voles un câlin et en profite pour l'embrasser tendrement sur le front. " Tu vas voir, c'est pas compliqué."

La vengeance fut à la hauteur, quand Nina décida d'interrompre leur bataille d'eau pour venir s'enrouler autour de la brunette et se démener pour l'entraîner sous la surface, distribuant des chatouilles pour ne pas s'arrêter à si peu. Charlie se débattait autant que possible et roulait dans tous les sens comme une baleine, poussant des cris difficiles à définir, représentant un mélange de protestations, de rires incontrôlables et de bruits de sous-marin quand elle buvait la tasse. Son amie finit par la laisser reprendre son souffle juste avant qu'elle se noie et Charlie toussa, riant toujours, feignant un regard noir adressé à la jeune fille. Elle déchanta légèrement quand cette dernière lui appris que le but de la matinée était de monter sur une planche de surf. « Quand tu dis apprendre, avoue que ce que tu veux dire c'est me regarder me casser la figure de cette planche sur laquelle je tiendrai pas trois secondes. » répliqua Charlie avec un air dubitatif. Elle, sur une planche de surf, really ? Le challenge était de taille et elle n'était pas certaine que Nina en ait totalement conscience. Cette dernière ne sembla pas découragée le moins du monde, toutefois, s'élançant vers la plage en hurlant que la dernière payerait les kebabs. Bah ouais, bien sûr. Charlie leva les yeux au ciel avant de suivre le mouvement sans se départir de son sourire, perdant tout de même cette course assez inégale. Mimant un air désespéré, elle suivit son amie jusqu'à la planche qu'elle lui désignait. Mais le baiser de la jeune femme et son câlin parviennent à réchauffer Charlie, et elle hoche la tête, résignée. « Perso', ça me paraît plus compliqué qu'une chirurgie cardiaque, c'est dire. » souffle-t-elle, plus pour elle-même que pour Nina, avec un air las et sceptique. Mais une certaine adrénaline pulsait déjà dans son corps, montant en flèche. Puis, si elle était avec la petite brune, rien ne pouvait lui arriver.