what are you doing, ava.

Tu reprenais des activités nocturnes, ton carnet dans la poche, ton appareil photo autour du cou. Tu traînais longuement dans les rues de Bowen à la recherche de quelque chose. Un petit sentiment de joie qui pourrait te faire oublier tes idées moroses. Depuis quelques jours déjà tu t'étais remis à sortir, à revoir tes proches. Tu avais même remis un prix à la soirée des Bowards, toi, le grand timide de ses dames. Quand on sait qu'il te faut parfois des mois avant d'arriver à inviter une fille à sortir. C'était assez drôle et puis tu n'avais pas remis le prix à n'importe qui, il allait droit à Salomé. Elle le méritait bien, dans son genre, elle était mignonne, ça oui. Puis tu avais fait un speed dating avec Peter mais tu ne reviendrais pas dessus. C'était beaucoup d'émotions, tu avais besoin de quelque chose de plus calme. Pour ça, rien de mieux que de te perdre dans les rues de la ville et de partir à la  recherche de secrets. L'espionnage, c'était quelque chose qui te faisait vibrer. Tu n'aimais pas tellement connaître les secrets des autres, ça avait peu d'importance pour toi sauf si tu te faisais payer pour les mettre au grand jour. Et encore, tu ne prenais pas de très grands cas, souvent c'était des disparitions d'animaux ou des adultères. Rien de bien fou. En marchant dans le quartier résidentiel, tu pouvais observer une silhouette qui s'approchait d'une fenêtre. Peut-être qu'elle n'avait pas ses clés ou alors c'était une cambrioleuse. Quoiqu'il en soit, la curiosité te poussait à te cacher pour t'approcher discrètement de la fameuse maison. Si tu avais été un honnête citoyen tu aurais prévenu la police, mais tu avais déjà commis plusieurs entrée par effraction, notamment dans un cinéma pour te faire une séance privée avec une amie alors tu n'étais pas vraiment le mieux placé pour dénoncer qui que ce soit. Tu attrapais ton carnet pour noter le moindre détail, attendant de voir si elle allait ressortir ou non. Et surtout si une alarme allait se déclencher.

Ava en a marre d'être enfermée chez elle. Depuis qu'elle est arrivée à Bowen, elle a l'impression d'étouffer. Elle croyait voir tout ses problèmes s'envoler en quittant le Canada et le nid familiale, mais c'était bien le contraire. Bien qu'elle n'a plus ses parents dans les pattes, elle se rend compte à quel point ils peuvent lui manquer. Elle qui ignorait complètement leurs appels et leurs sms se surprend à répondre de temps en temps pour donner des nouvelles.

Bien qu'il fasse noir à l'extérieur, Ava ne peut s'empêcher de mettre son habit et ses souliers de sport pour aller faire un jogging. C'était à peut près la seule façon pour elle de se sentir libre. Lorsqu'elle courrait, elle finissait par avoir l'impression de voler, plus rien autour ne comptait. Elle prend son portable et ses écouteurs et sort de son appartement en trombe. Elle n'était pas déçue de quitter ce logement minable pour quelques heures. La grande brune prend rapidement son rythme de course et se laisse aller à la rêverie. Elle prend son itinéraire habituel qui la fait toujours passer par le quartier chic où elle s'amuse à s'imaginer une vie meilleur en observant les gens à travers leurs vitrines. La jeune femme arrive devant une maison plutôt isolée et remarque qu'une des fenêtres est entrouverte. Ava s'arrête et s'étire, observant autour d'elle s'il pouvait y avoir un potentiel témoins, mais elle ne voit personne. Rapide comme l'éclair, elle fait un sprint jusqu'à la fenêtre et saute pour s'accrocher au rebord. Elle tire sur ses bras et se hisse à l'intérieur de la luxueuse maison. Il n'y émane pas un bruit, les propriétaires se sont sans doute absentés. Rapidement, Ava fouille les endroits clés, elle a l'habitude de ce genre de fouille, mais c'est la première fois qu'elle entre par infraction chez quelqu'un, elle a plutôt l'habitude de se faire inviter d'abord. Elle trouve une bonne liasse d'argent cash et quelques bijoux qui ne sont pas en toc. Après à peine quelques minutes dans la grande maison, Ava est déjà ressortie par la fenêtre. Elle a de la difficulté à croire que les propriétaires n'ait pas juger bon d'installer des caméras, tant pis pour eux.

Et c'est lorsque ses deux pieds touchent le sol qu'elle voit une ombre un peu plus loin qui l'observe. Ava hésite à le confronter, mais lorsqu'elle voit qu'il a un calepin et qu'il prend des notes, elle se dit qu'il serait plus sage de se sauver. Comme une flèche, la jeune femme sprint dans la direction opposée de l'homme. Elle tente de s'échapper en usant de ruse en se faufilant entre des obstacles et empruntant des chemins qui sont peu praticables.

Tapis dans l'ombre, derrière une voiture, tu observais au loin. Tu ne pouvais pas distinguer grand chose de là où tu étais, mais tu pouvais en déduire que c'était une femme. A la silhouette, principalement. Ce n'était qu'une supposition, tu n'avais aucun moyen d'en être totalement sûr. Sauf que tu prenais des gens en filatures depuis pas mal de temps, surtout la nuit lorsque tu devais enquêter pour des tromperies. Tu tendais l'oreille mais aucune alarme ne semblait se déclencher. Ni aucun cri, c'est qu'il ne devait y avoir personne et qu'ils ont oubliés de fermer une fenêtre. Fallait être plus prudent, prendre des précautions, ces gens ne pourraient s'en vouloir qu'à eux-même et à l'inconnu(e) qui était entré(e) chez eux cette nuit. Il ne lui fallu pas plus de quelques minutes, tu la voyais se glisser par la fenêtre, retombant sur ses appuies. L'ombre jetait un coup d'oeil en ta direction, tu t'abaissais une nouvelle fois sans être capable de la voir plus que ça. Elle prit alors la fuite, courant à l'opposé de ta direction, elle était arrivée par une rue adjacente tout à l'heure et tu connaissais la ville comme ta poche. Elle pourrait sûrement t'échapper mais avec un peu de chance tu pourrais la retrouver. Tu te mis alors à courir, sentant ton sang ne faire qu'un tour. Tu ressentais l'adrénaline que tu avais tant cherché dans la soirée. Tu tournais dans une rue, la voyant un peu plus loin, tu tournais une nouvelle fois pour essayer de la rattraper mais surtout pour arriver face à elle. « Vous courrez plutôt vite ! » soufflais-tu doucement dans la nuit. Tu allais sûrement la surprendre sauf si elle avait senti ta présence, loin de toi l'idée de lui faire peur au contraire. Tu avais plutôt été fasciné par sa rapidité, par sa force et son efficacité. Tu ne savais pas si elle avait pris quelque chose et ce n'était pas ce qui t'importait le plus au fond. Tu voulais juste essayer de percer le mystère qu'était la jeune femme. « Vous n'avez pas à me craindre vous savez, si je voulais, j'aurais déjà pu appeler la police mais je n'ai rien fait. » Tu le disais en gage d'amitié, tu ne voulais pas lui faire du mal. Ce n'était pas ton caractère, pas ta façon de vivre les choses. Tu pensais juste au fait qu'elle pouvait peut-être t'apprendre à sauter aussi haut, à grimper aussi vite et tout ça sans le moindre bruit. Tu avais été caché un peu loin de la maison, mais il ne te semblait pas avoir entendu grand chose, même pas un craquement de cheville lorsqu'elle était retombée.

Tes paroles ne semblent pas la convaincre. Tu ne la quitte pas du regard mais tu la sens tendue, sur ses gardes. Elle devait chercher un moyen de te contourner pour s'éloigner encore plus loin de toi, ou peut-être de faire demi-tour pour essayer de te semer. Elle le pourrait, après tout si elle connaissait aussi bien la ville que toi, elle y arriverait sans problème. Quand à toi, tu n'allais sûrement pas la suivre toute la nuit, si elle ne voulait pas te parler c'est son droit, tu ne pouvais pas l'y obliger. D'un coup elle te souffle deux mots en regardant ton carnet. Détruis-le. Elle devait parler de la page où tu avais noté quelques bribes mais rien de vraiment important. Tu l'attrapais alors sans dire quoique ce soit de plus. Tu quittes son regard le temps de chercher la bonne page. Elle ne pouvait pas le voir, tu aurais pu essayer de l'entourlouper mais ce n'était pas ton intention, au contraire. Tu l'arrachais de ton carnet avant de le ranger dans ta poche. Tu lui montrais la feuille de papier, lui montrant qu'il n'y avait rien de bien dangereux pour elle, juste trois notions : grande silhouette, femme ? et extrêmement agile. Rien qui ne t'aurait permis de la retrouver au grand jour. Tu avais plus de chance maintenant que tu avais vu son visage et tu avais une idée de comment elle était physiquement. « Si c'est ce qui arrêtera de te méfier. » Tu ramenais la feuille vers toi afin de la déchirer en petits bouts de papier que tu gardais ensuite dans ta main. Il n'y avait pas de poubelle à proximité et même pour l'effet dramatique, tu ne te voyais pas les jeter au vent pour qu'ils finissent pourrir sur le sol. Tu relevais ton regard vers elle pour essayer de voir si elle se sentait plus en confiance.