sister from another mother (lys)

Ça fait déjà un petit moment que tu n'as plus vu Lys et pourtant, elle occupe une vraie place dans ta vie. Au-delà d'être une amie sans faille, sans limite, tu la considères presque comme ta petite-soeur. Comme si elle faisait partie de la famille elle aussi. Parfois, les liens du sang ne font pas tout. Et avec Lys, c'est exactement ça. Même si vous ne venez pas de la même famille ni du même milieu, votre lien vous unit plus que toutes vos différences. Bref, il est plutôt évident que tu as besoin de la voir régulièrement et de prendre de ses nouvelles. Bien que vous vous soyez envoyés des messages, rien ne vaut une soirée passée en sa compagnie. C'est pourquoi, ce soir, tu lui proposes de te rejoindre au bowling de la ville. Sois prête pour te faire massacrer. Avais-tu même dit à la jeune femme. De cette façon, tu es certain qu'elle pointera le bout de son nez, décidée à te faire fermer ton clapet. Si tu considères Lys comme ta petite soeur, ce n'est pas pour rien. Vous êtes très proches mais vous vous chamaillez souvent comme de vrais frère et soeur aussi. Et c'est ce qui rend sans doute votre relation unique en son genre. Une fois arrivé au bowling, tu te postes devant l'entrée, attendant que la brune se pointe.

Ne. Jamais. Me. Lancer. Un. Défi. C’est la règle numéro un et il le sait ! Maddox a parfaitement conscience de mon tempérament joueur et il fait tout pour le provoquer. Mais il va perdre, ça lui pend au nez. Je ne suis pas du genre à m’avouer vaincue si facilement. Je suis plutôt coriace, opiniâtre et aussi tenace qu’un teckel. « Sois prête pour te faire massacrer », la provocation de mon meilleur ami s’affiche sur mon Iphone et me fait aussitôt lâcher un petit rire. Il est mignon ! Il croit vraiment qu’il peut me battre ? Je gagnerai dans tous les cas, même si pour ça je dois jouer parties sur parties, jusqu’à ce que mes doigts saignent et que mes muscles crient leur douleur. Tête de bois, c’est ainsi que me surnommait mon père quand j’étais petite…quand j’étais plus grande aussi d’ailleurs, c’est un trait de caractère qui ne m’a jamais quitté. Avant de partir, je passe par mon dressing pour enfiler mon sweet bleu, sur lequel le mot « Winner » s’étale dans un blanc éclatant sur la poitrine. Me massacrer ? Vraiment ? Pff…il ne sait pas à qui il a affaire ! Je noue mes cheveux en queue de cheval haute, dis à Ash, mon chien, de rester sage et quitte mon appartement. Quinze minute plus tard, je rejoins mon frère de cœur devant le bowling et hausse un sourcil dès que j’arrive à sa hauteur.
— J’espère que tu as prévu des mouchoirs, parce que tu vas pleurer ce soir…

Lys est aussi compétitrice que toi et tu le sais. D’ailleurs, tu n’hésites pas à en jouer, profitant de ce trait de sa personnalité pour la rendre dingue. Lys, c’est presque ton alter égo. Vous vous ressemblez énormément et comme toi, elle n’aime pas perdre. Comme toi, elle est prête à relever tous les défis peu importe les conséquences, peu importe les risques. Une fois devant le bowling, il ne faut pas longtemps avant que la jeune femme te rejoigne. Tu ris en voyant son haut où l’inscription « winner » est clairement mise en évidence. Elle annonce la couleur et ça te plait. « Oui, des mouchoirs pour effacer tes larmes… tu sais bien que je suis toujours là pour te réconforter. » Rétorques-tu, taquin. Tu serres rapidement la brune dans tes bras pour la saluer avant d’entrer dans l’établissement. Vous vous dirigez vers le comptoir pour réserver une piste, puis, prenez la direction des chaussures de location. « Je comprends pas l’intérêt de faire des chaussures aussi moches, sérieux. » Dis-tu en enfilant rapidement la paire de chaussures. Une fois prêts, vous vous dirigez vers la piste et tu laisses à Lys l’honneur de commencer. « Vu que tu te proclames winneuse, montre moi ce que tu sais faire. » Tu arques un sourcil, regardant la brune avec un air de défi dans le regard. Cela fait un petit moment que tu n’as plus joué au bowling, de ton côté mais tu es persuadé que ton envie de gagner et ton côté compétiteur vont te porter et t’offrir la victoire.

Maddox et moi avons le même tempérament, ce qui n’est pas toujours évident à gérer parce qu’aucun de nous n’est prêt à lâcher son bout de gras et que nos défis peuvent durer pendant une éternité. Une chose est sûre, en tout cas, avec lui je ne m’ennuie jamais. J’éclatte de rire en voyant sa tête lorsqu’il passe les chaussures de Bowling. Autrefois, elles étaient probablement éclatantes de couleur, mais aujourd’hui, le bleu électrique et le rouge s’étaient ternis, ce qui, pourtant, ne les rendait pas plus jolies.
— Sois pas si rabat-joie, ça te donne un petit style rétro, moi, je trouve…et qui sait, un miracle peut se produire, tu pourrais peut-être même ramener quelqu’un chez toi grâce à ces chaussures…
Je le taquinai, évidemment. Je chaussai à mon tour les chaussures qu’on m’avait donné et me dirigeai vers la piste de bowling avec mon meilleur ami. A nouveau, il me mit au défit. Je levai les yeux au ciel. Croyait-il réellement que j’allais me laisser intimider ? Il rêvait les yeux ouverts ! Je me saisi d’une boule de taille moyenne, ni trop lourde, ni trop légère, pile ce qu’il fallait puis me concentrai. Je visai, et lançai la boule…dans la rigole ! De frustration, je tapai du pied par terre.
— Ca compte pas !! hurlai-je en me tournant vers mon meilleur ami.

Tu arques un sourcil en entendant les paroles de Lys, prenant un air sûr de toi avant de répondre : « Evidemment… ce n’est pas ces chaussures qui vont m’empêcher de séduire qui que ce soit. » Tu éclates finalement de rire avant de secouer légèrement la tête en regardant ces chaussures hideuses. Après quelques secondes, chaussures aux pieds, vous vous dirigez vers la piste de bowling, laissant l’honneur à Lys de commencer. Tu la regardes choisir sa boule puis tirer… dans la rigole. Tu retiens difficilement un rire en voyant son comportement similaire à une enfant. « Bien sûr que ça compte ! Regarde. » Dis-tu en montrant l’écran des scores de la tête où trône un beau zéro à côté du prénom de Lys. « Allez, montre-moi que tu peux mieux faire. » Ajoutes-tu en la regardant jouer pour son deuxième essai. Cette fois-ci, elle fait mieux, touchant huit quilles. « Dommage que tu n’aies pas fait ça au premier essai... » Taquines-tu la brune avant de te diriger vers les boules pour choisir celle de 12 kilos. Habilement, tu tires et fais tomber toutes les quilles. Tu te retournes avec un large sourire aux lèvres, amusé par l’air boudeur de la jeune femme. « Je crois qu’on devrait parier quelque chose pour pimenter le jeu. » Rétorques-tu en arquant un sourcil et en regardant la brune avec un air de défi dans le regard. De cette façon, tu sais qu’elle ne pourra pas refuser.

J’étais mauvaise perdante, tout le monde le savait et en particulier Maddox qui, en bon grand-frère de cœur qu’il est, ne cessait de me titiller avec ça. Mettre la première boule dans la rigole m’avait mise hors de moi, cela me donnait l’air de fanfaronner et je détestais vraiment ça ! Au deuxième coup, je fis mieux mais cela ne comptait que pour du beurre ou presque. Maddox y alla d’ailleurs de sa petite réflexion. Je levai les yeux vers le ciel et finis pas en rire, décrétant que ce n’était qu’un jeu après tout.
— Ouais, ça va…, soupirai-je, essaie de faire mieux toi !
J’eus tout juste le temps de finir ma phrase que mon presque-frère souleva la plus grosse boule qu’il trouva – les hommes et leur obsession… – pour me mettre dans les dents un strike d’anthologie. Je pestai tout à coup à haute voix.
— Tu triches ! hurlai-je. Je suis sûre que t’as mis des lentilles bionique ou quelques choses pour ne pas manquer les quilles ! Relève tes manches, j’te fais pas confiance !
Je ris de ma mauvaise fois avant que mon attention ne soit ramener par le défi que Maddox venait de me lancer. Je me relevai et les mains sur les hanches me plantai devant lui.
— Si t’es prêt à te mouiller, ça me va, le défiai-je. Mais attention, on n’est pas en maternelle, Mad…tu risques d’y laisser des plumes.
Je me rapproche et plissai les yeux.
— J’avais l’intention de te proposer quelque chose en arrivant, quelque chose que j’aimerais que tu acceptes…si je gagne, tu me promets de dire oui, sans savoir de quoi il s’agit ?
J’avais reçu un mail, la veille. Un mail qui m’avait tout de suite fait penser à Maddox. Ce pari était peut-être l’occasion pour moi de lui donner une opportunité en or qu’il ne pourrait refuser.

Tu éclates de rire quand Lys hurle que tu triches, te demandant de dévoiler tes bras pour évincer une potentielle tricherie. « Tu sais, si tu veux que je me déshabille il suffit de le demander, pas besoin d’utiliser de fausses excuses. » Rétorques-tu, taquin, avant de pouffer de rire. S’il y a bien une chose dont tu es certain, c’est qu’il n’y a rien d’ambigu entre Lys et toi. Ca a toujours été fraternel entre vous et tu es persuadé que ça le restera. Tu ne vois pas la brune autrement que comme ta petite-sœur de cœur. Mais c’est justement parce que ce n’est pas ambigu entre vous que tu peux plaisanter sur le sujet. « Contente ? » Demandes-tu en remontant tes manches au maximum. « Je suis juste doué. » Ajoutes-tu pour titiller à nouveau la jeune femme. Mais à présent, son attention se concentre surtout sur le défi que tu lui lances. Si tu es prêt à te mouiller ? Evidemment. Tu es toujours prêt à relever n’importe quel défi, n’importe quand, n’importe où. Par contre, ne pas savoir ce qui se profile, ce que Lys te réserve, c’est un jeu dangereux. Un jeu auquel tu es prêt à jouer, envers et contre tout. « Très bien. J’accepte même si je ne sais pas de quoi il s’agit. » Réponds-tu, résigné. Cela t’intrigue beaucoup mais puisque tu ne sais pas si c’est positif ou négatif, tu feras quand même tout ton possible pour gagner. « De mon côté, j’te réserve quelque chose que tu vas adorer. » Ou pas. Lys te connaît et saura parfaitement lire l’ironie sur ton visage. « Allez ! A ton tour, essaie de viser au milieu cette fois-ci. » Dis-tu en tirant la langue à la brune comme un enfant.

Maddox est très malin d’ajouter du piment à notre partie de Bowling, il sait que c’est le meilleur moyen de m’impliquer pleinement dans le jeu. Il est désormais hors de question que je perde et encore moins que je le laisse gagner. Il a fait entrer le lion dans l’arène, et lui-même semble tout à fait prêt pour le combat. Parfait, cela ne rendra l’affrontement que plus piquant encore ! Ce qui n’est pas pour me déplaire. Je lève les yeux au ciel face à sa plaisanterie et mime une envie de vomir lorsqu’il parle de se déshabiller. De tous les hommes sur terre, Maddox est à peu près le seul dont je ne veuille pas dans mon lit, et cela n’a rien à voir avec son physique. Mon frère de cœur est beau, charmeur, son sourire est ravageur mais je le considère comme mon propre sang et je ne me suis jamais sentie très « Lannister » dans l’âme. Autrement dit, je n’envisage absolument pas Mad comme un amant potentiel, et c’est très bien comme ça. Mon seul désir, le concernant est de le voir se rétamer la figure sur cette partie de Bowling et je suis d’autant plus enthousiaste lorsqu’il accepte mon pari, les yeux fermés. J’en fais de même, prenant le risque jusqu’au bout et lorsqu’il m’invite à attraper ma boule, je suis remonté à bloc. Je fais un strike sans même me forcer. Je saute de joie, pousse un cri de victoire et me tourne vers lui, un sourcil arqué dans un air de défi.
— Alors ? Toujours aussi confiant, Madboy ?

Compétiteur dans l’âme, tu décides de rajouter un peu de piment à votre partie et lorsque Lys te demande d’accepter son gage, les yeux fermés, en cas de victoire de sa part, tu ne peux refuser. Avec elle, tu sais que tu ne risques pas grand chose et vu ce début de partie, il y a des chances que ce soit toi qui sortes vainqueur. Néanmoins, si elle perd, tu espères tout de même que la brune t’expliquera ce qu’elle avait en tête car maintenant, ce fameux gage te titille. Mais pas au point de faire semblant de perdre, tout de même. Tu observes Lys lancer à nouveau la boule puis écarquilles les yeux au moment où celle-ci renverse toutes les quilles. Néanmoins, en bon joueur, tu l’applaudis avec un léger sourire aux lèvres. « Bravo ! Mais tu dois encore reproduire au moins cinq fois cet exploit pour espérer gagner. » Rétorques-tu, taquin. Tu attrapes la boule à ton tour, puis tires, mais malheureusement, tu manques pas mal de quilles. « Putain. » Dis-tu, énervé sur toi-même. Et lors de ton second tir, tu ne fais pas vraiment mieux. Tout juste cinq quilles. « J’te laisse un peu d’espoir, tu vois… » Plaisantes-tu avant de rire. « Est-ce que si tu perds, j’aurai quand même le droit de connaître le défi que tu voulais me donner ? » Demandes-tu, curieux, posant ton regard sur Lys qui s’apprête à jouer à nouveau.

On ne gagnait pas tous les coups. La performance de Maddox au deuxième tour de cette partie de bowling en fut la parfaite illustration. Je ricanai de l’entendre jurer contre lui-même. Mon presque-frère n’aimait pas perdre. Son impatience, également, constituait un élément de sa personnalité qu’il était plutôt difficile de rater. J’en eu la démonstration lorsqu’il chercha à savoir si le dénouement de notre petit jeu allait, ou non, avoir un impact sur le mystère que j’étais parvenu à garder jusque là. Le dévoilerai-je quand même si je perdais ? Ce n’était pas en effet quelque chose que je pouvais réellement cacher et si le pari était un prétexte pour amener le sujet sur la table, il n’était pas question de le garder pour moi, quelque soit l’issue de notre partie.
— Ce n’est pas vraiment un défi, dis-je pour lâcher un peu de leste.
Je laissai ma phrase en suspend le temps de me lever, de prendre en main ma troisième boule pour l’envoyer sur la piste. Un instant, je la regardai rouler, puis toucher les quilles. Cinq d’entre elles tombèrent. 2 au tour suivant. Ca n’était pas si mal. Le sourire au lèvre, je me tournai à nouveau vers mon meilleur ami.
— Disons, que j’aimerais vraiment que tu acceptes ce que je m’apprête à te proposer et si un partie de bowling peut m’y aider…je ne dis pas non.
Je me pinçai les lèvres, étais-je seulement capable de garder intacte ce secret encore longtemps. Pour être honnête, je crevais d’envie de lui en parler depuis que j’avais reçu ce mail.
— L’agent de mon père m’a proposé quelque chose, lâchai-je, comme une bombe. Son éditeur voudrait une suite. Sauf que je suis incapable de l’écrire.
Je me tus un instant pour analyser l’expression sur le visage de Maddox qui, tout à coup, était devenu impassible.
— Tu connais la série, Mad, ajoutai-je, tu sais comment mon père pensait, comme il travaillait. Il t’a appris. Tu connais la psychologie des personnages, et tu écris merveilleusement bien. J’aimerais que ce soit toi qui le fasse…

Tu plisses les yeux lorsque Lys t’explique qu’il ne s’agit pas vraiment d’un défi. « Tu vas me demander de coucher avec toi ? » Demandes-tu avant de pouffer de rire, taquinant la brune. « Parce que si c’est ça, je te dis d’avance que c’est non. Sinon, tu risques de devenir accro à mon corps de rêve. » Tu n’as pas vraiment la musculature parfaite, bien au contraire, mais tu te défends. Néanmoins, tu sais que ce n’est pas de ton corps dont rêve Lys puisqu’il n’y a aucune attirance entre vous. Tu l’observes quand elle se lève pour continuer la partie, ne manquant rien de son lancé. C’est qu’elle se débrouille bien, finalement, mieux que tu ne l’imaginais mais Lys est comme toi, compétitrice dans l’âme. « Je vois. Est-ce que tu comptes me torturer comme ça encore longtemps ? » Demandes-tu en arquant un sourcil, un léger sourire au coin des lèvres. Maintenant qu’elle t’a donné un peu plus de détails, tu ne tiens plus en place et par chance, Lys finit par satisfaire ton impatience. Tu ne détaches pas ton regard du sien, impassible, quand elle t’explique que l’agent de son père lui a proposé quelque chose. « Je suis sûr que tu te sous-estimes. » Réponds-tu en haussant doucement les épaules, ne doutant pas du talent de ta meilleure amie. Mais alors que tu l’encourages à écrire une suite, Lys, elle, a une toute autre idée en tête. Elle lâche son idée comme une bombe, te laissant complètement sur le cul. « Wow, je suis super flatté que tu aies pensé à moi, Lys, je te jure… » Dis-tu en lui adressant un sourire sincère. « … mais j’suis pas à la hauteur de ton père. Il était bien meilleur que moi. » Le père de Lys a toujours été comme un mentor pour toi, un exemple à suivre, l’écrivain que tu aimerais devenir. Et puisque tu l’admirais beaucoup, tu n’as pas la prétention de te croire à sa hauteur. Bien au contraire. « Et puis, l’agent de ton père n’acceptera peut-être pas que je le fasse… » Parce que tu n’as encore rien publié jusqu’ici. Et même si c’est en bonne voie, tu n’es pas encore un écrivain reconnu. Mais Lys t’offre cette chance et c’est sans conteste le plus beau cadeau qu’elle pouvait te faire.

Je levai les yeux au ciel devant l’insinuation de mon meilleur ami. Non, je ne voulais pas coucher avec lui, cela ne m’avait même étrangement traversé l’esprit, même au début. Mon père l’ayant tout de suite pris sous son aile, j’avais automatiquement associé Maddox à mon propre frère. Je ne niais pas, cela dit, qu’il avait beaucoup de charme.
— Tu ne tiendrais jamais la cadence, enfin ! le taquinai-je à mon tour. Tu demanderais un défibrillateur au bout d’une heure à peine.
Vint le moment où je lui parlais de la proposition de l’agent de mon père. A mon grand soulagement, Maddox ne refusa pas tout en bloc, c’était déjà ça ! Néanmoins, il semblait encore douté de lui.
— T’es vraiment doué, Mad ! lui assurai-je. Je le sais, mon père le savait aussi. Il croyait beaucoup en toi, et je crois en toi tout autant. Tu es le mieux placé pour faire cette suite.
J’en avais la haute conviction. Maddox saurait parfaitement reprendre le flambeau, cela ne faisait pas de doute.
— L’agent de mon père va t’adorer, c’est sur ! Et puis, ça peut être un sacré tremplin pour ta carrière. Dis-toi que c’est comme…le dernier cadeau que mon père pouvait te faire.

Tu feignes une moue choquée quand Lys souligne que tu ne tiendrais pas la cadence en couchant avec elle. Puis tu exploses de rire, ne vous imaginant pas du tout, tous les deux, dans cette situation. « Je crois que tu me sous-estimes ma chère ! » Réponds-tu en arquant un sourcil. « J’ai une forme olympique digne des plus grands champions. » Ajoutes-tu en prenant un air sûr de toi. Tu plaisantes évidemment puisque tu n’as pas la prétention de te croire au-dessus des autres, bien au contraire. C’est à cause de ce manque de confiance en toi, d’ailleurs, que tu doutes face à la proposition de la jeune femme. Passer après son père, c’est un vrai challenge pour toi. Mais tu sens qu’aujourd’hui plus que jamais, tu as envie d’aller de l’avant, de prendre le contrôle de ta vie et cette opportunité serait clairement un tremplin pour toi. Tu en es bien conscient et pour ça, tu seras toujours reconnaissant envers Lys et sa famille. « Merci de croire autant en moi. » Dis-tu en t’avançant vers la brune pour la prendre dans tes bras. Personne n’avait jamais cru en toi avant le père de Lys et aujourd’hui, puisque son père a disparu, c’est elle qui prend le relais et ça fait vraiment du bien. C’est exactement ce dont tu avais besoin. « C’est un gros challenge mais si l’agent de ton père accepte, alors, je serais honoré de réaliser cette suite. » Tu as encore du mal à y croire et tu ne sais décidément pas ce que tu as fait pour mériter une telle amie. « Ton père m’a déjà fait des tas de cadeaux par le passé… mais celui-là il a une signification toute particulière à mes yeux. » Parce que cet homme a énormément compté dans ta vie. « Je crois que je suis obligé de te laisser gagner maintenant. » Dis-tu en faisant référence à votre part de bowling, taquinant la brune.

Mon père, de son vivant, avait été un homme plutôt sociable, souriant, réservé aussi, mais amical et avenant. Nous avions, aux dires de beaucoup, énormément en commun. Par ailleurs, rares étaient ceux à qui il avait accordé une entière confiance et Maddox en faisait parti. Leur connexion s’était crée presque instantanément, et je me souvenais des jours où Maddox et mon père passaient des heures entières dans le bureau d’écriture à la maison. Maison dans laquelle je n’avais toujours par remis les pieds depuis la mort de Papa, bien qu’elle soit désormais complètement à moi, je lui préférais mon petit appartement en ville, qu’il m’avait acheté au moment où j’avais commencé mes études. Mon père m’avait pourri gâtée, je le savais, mais il m’avait aussi transmis des valeurs qui avaient fait de moi la femme que j’étais aujourd’hui, libre et autonome. Mon père était aussi quelqu’un d’extrêmement généreux, et je tâchais chaque jour de lui ressembler sur ce point même si, en jeune Padawan que j’étais, il me restait encore du chemin à parcourir. Lorsque j’avais reçu le mail de l’agent de mon père et cette proposition qui m’avait aussitôt fait songé à Maddox, j’avais souris. J’avais souris car j’y avais vu le dernier acte de générosité Wilford Kickett. J’étais ravie que Maddox accepte, et l’émotion était telle que j’avais du mal à contenir des larmes.
— Parce contre, je te préviens, t’as intérêt à traiter correctement le personnage de Lila, ou tu auras affaire à moi, plaisantai-je pour faire diversion.
Lila était la fille du personnage principal, les lecteurs l’avaient connue à sept ans et dans le dernier roman paru de la saga – trois ans plus tôt – Lila avait vingt-quatre ans, âge auquel j’avais perdu mon père. Lila, Lys…deux prénoms de fleurs et un caractère similaire. Ceux qui me connaissaient savaient parfaitement que ce personnage m’était dédié. En vérité, Maddox pouvait bien en faire ce qu’il voulait, je lui faisais entièrement confiance mais j’aimais le taquiner. Quand celui-ci annonça qu’il ne lui restait plus qu’à me laisser gagner désormais, je riai.
— Je sais que tu te prends pour mon grand frère, mais je n’ai pas six ans…si tu me laisses gagner, la victoire n’aura aucune saveur ! Sans compter que je ne connais pas ton gage...

Tu n’as pas eu la chance d’avoir un père dans ta vie contrairement à Lys. La seule chose qu’il t’a laissée, c’est son nom mais vous n’avez jamais eu une seule conversation, jamais un échange de regards. Rien. Alors, le père de Lys est ce qui s’est le plus rapproché d’une figure paternelle pour toi même si au-delà de ça, tu le considérais également comme un ami. C’est donc tout naturellement que la brune est devenue comme une sœur, pour toi. Cela semblait logique comme s’ils étaient destinés à devenir ta deuxième famille. « Oh je comptais justement malmener un peu ce personnage… Bousculer ses habitudes parce qu’elle commence à devenir ennuyeuse. » Dis-tu en plaisantant toi aussi, pour taquiner la jeune femme. Tu sais que Lys tient vraiment à ce personnage et toi aussi. Tu n’as pas envie de lui faire perdre son essence parce que tu sais à quel point certains lecteurs y sont attachés. Toi y compris. Tu veux rendre justice au personnage de Lila pour rendre hommage à Lys qui fait partie des plus belles personnes que tu connaisses. Autant intérieurement qu’extérieurement. « Bien, si tu veux du défi alors tu vas en avoir ! » Rétorques-tu avec un sourire au coin des lèvres. « Pour mon gage, attends-toi au pire, j’ai imaginé un truc bien ridicule pour toi. » Tu ne peux t’empêcher de rire en imaginant déjà la scène mais tu comptes faire durer le suspens jusqu’au bout. Voyant que c’est à ton tour, tu te diriges vers la piste de bowling pour lancer la boule. Tu touches toutes les quilles dés le premier lancé alors quand tu te retournes pour regarder Lys, un air triomphant trône déjà sur ton visage. « C’est toi qui l’as voulu… » Tu hausses doucement les épaules, levant les mains en l’air. Tu sais que la brune va partir au quart de tour mais c’est le but recherché.