new beginning (samuel)

Home sweet home
Quatre mois qu’il vivait à l’hôtel, quatre mois qu’on lui faisait son lit et qu’il se faisait servir son petit déjeuner tous les jours. Ce n’était pas une vie des plus déplaisantes, loin de là, surtout avec le ciel continuellement bleu en toile de fond et cette douceur de vivre caractéristique de l’Australie qui donnait des airs de vacances au séjour de Samuel. Non, il ne se déplaisait pas ici. Mais l’argent filait vite, ses maigres économies n’allaient pas faire long feu et il n’avait aucune envie de commencer à taper dans l’héritage de sa mère. La meilleure solution aurait été de rentrer chez lui, à Londres, de se remettre réellement au travail et de reprendre sa vie. Mais il sentait qu’il avait encore des choses à faire ici, son frère ne s’était pas encore manifesté, mais il ne désespérait pas, sans savoir pourquoi, il savait qu’il le regretterait s’il repartait. Et puis si son job c’était d’écrire ce satané bouquin, ici ou sous la grisaille anglaise, ça ne changerait rien. Alors il avait regardé les petites annonces pour des petits boulots par-ci par-là, une ou deux fois il avait aidé pour des déménagements, d’autres il avait remplacé un barman sur la plage, ce n’était pas grand chose mais au moins ça l’occupait. Et puis il avait surtout regardé pour se loger et il avait trouvé un appartement en location en plein centre-ville, non loin de son café de prédilection, Imogen, le quartier où il avait ses repères. Le logement ne payait pas de mine, il n’était pas très grand mais il avait tout le confort, avec deux chambres. Puis niveau loyer, Bowen ne battrait jamais Londres et ses prix impossibles. On était bien loin du Sam britannique aujourd’hui, le citadin qui vivait dans son grand loft chic, écrivain au millions d’exemplaires vendus qu’on reconnaissait dans la rue. Ici il était un simple étranger, peut-être venu tenter sa chance au soleil, comme tant d’autres et finalement, anonyme et pas mécontent de l’être. Il avait déposé une petite annonce dans les commerces du coin pour éventuellement se trouver un colocataire, ce n’était pas nécessaire mais ça pourrait l’aider à payer le loyer et il ne serait pas seul entre ces quatre murs. Il s’imaginait déjà l’australien surfeur avec qui il boirait des bières devant des matchs de rugby, le mec cool et sympa, sans prise de tête. On avait répondu rapidement à son annonce, mais ce n’était pas du tout ce à quoi il s’attendait. A la place du grand blond nommé Bryan ou Andrew, il était tombé sur Ava, serveuse, vingt-six ans. Elle avait une voix agréable au téléphone et le premier contact avait été plutôt bon, alors pourquoi pas finalement, Sam n’était pas arrêté sur une idée. Il avait emménagé la veille, n’ayant pas grande chose à installer dans ce lieu mis à part sa valise, le propriétaire leur avait gentiment prêté des meubles à lui histoire qu’ils aient de quoi se meubler correctement. Pohl n’avait eu que son lit à acheter et il avait rempli le frigo. Aujourd’hui c’était au tour d’Ava d’arriver chez eux et Sam était plutôt content de cette nouvelle vie qui se profilait doucement. Alors qu’il terminait d’installer ses vêtements dans sa penderie, une voix féminine se fit entendre dans l’entrée. Sam s’avança vers une pile de cartons tenue par des bras plus ou moins costaux. Il entrepris d’attraper le carton du dessus histoire d’aider et aussi d'apercevoir le visage de sa nouvelle colocataire. Salut ! Il lui offrit un sourire avenant. Tu as d’autres choses à monter ? Il s’imaginait déjà un déménagement en bonne et due forme avec camion et tout le bazarre.

C’était peut-être un peu risqué d'emménager avec une fille qu’il ne connaissait pas du tout. Il fallait être honnête, Samuel ne s’était pas vraiment renseigné sur Ava, il ne savait rien d’elle mis à part qu’elle semblait capable de payer le loyer puisqu’elle avait un job. Et que le courant était bien passé de prime abord. Il était assez instinctif pour ce genre de choses, pas besoin d’un entretien poussé, s’il se sentait bien avec quelqu’un il faisait confiance. De toute façon il n’avait pas grand chose à perdre et puis lorsqu’il avait décidé de prendre l’appartement il savait qu’il lui faudrait rapidement un colocataire pour pouvoir assumer le loyer alors il ne pouvait pas faire la fine bouche non plus. Il verrait bien avec le temps, de toute façon ils n’allait sûrement que la croiser, elle avait l’air d’avoir des horaires de travail conséquent. Ava arriva dans leur nouveau chez-eux avec ses cartons plein les bras alors il était logique que Sam l’aide un minimum. Il s’attendait à un gros déménagement, ainsi il fut surprise quand elle ne lui indiqua que la boite dans l’entrée. Au moins elle n’était pas le genre de fille à qui il fallait un dressing pour mettre sa centaine de paires de chaussures ! Il attrapa le carton qui était assez lourd en effet. Tu as quoi là-dedans, des briques ? Mais lorsqu’il le posa près de la bibliothèque, la réponse s’imposa d’elle-même, pas des briques mais des pavés d’un tout autre ordre, des bouquins, plein de bouquins. Il sourit légèrement, si elle aimait la littérature alors ils ne pouvaient que s’entendre. Il attendit qu’elle revienne de sa chambre et son sourire s’élargit lorsqu’elle brandit fièrement sa bouteille de champagne. Je sens qu’on va s’entendre ! Lui avait préparé quelques bières au frais, c’était un autre style, un peu moins classieux. Le champagne, c’était carrément de circonstance et Sam ne pouvait qu’approuver. Il prit le verre qu’elle lui tendait et l’imita en le levant dans les airs. A la tienne ! Et aux multiples autres bouteilles qui vont suivre. Ca faisait peut-être un peu trop alcoolique sur les bords... Sam était fêtard, il aimait s’amuser et il espérait bien que cet appartement soit un lieu de fête et de convivialité. Ils trinquèrent avec le sourire et burent chacun une gorgée du pétillant. Ta chambre te plaît ? Je t’ai laissé la plus ensoleillée. J’me suis dit que les filles aimaient ça, pour mieux se maquiller ou je ne sais quoi. Lui il voulait surtout une chambre au calme pour pouvoir écrire tranquillement.