wish all you want, it'll never happen (chaz)

La journée avait été longue. C'était bien tranquille dans le petit restaurant qui venait à peine d'ouvrir et Ava était maintenant seule avec deux autres clients. Un vieux couple qui sirotaient leur café depuis au moins une heure. Ça faisait un moment déjà que Ava avait dit à Az de retourner chez lui puisqu'elle était capable de gérer le restaurant jusqu'à la fermeture. Elle avait même décidé de prendre un peu d'avance et était en train de passer le balaie derrière le comptoir. Elle lève la tête deux secondes. Vous voulez encore un peu de café? Demande-t-elle à la paire assise tout près. Ils acquiesce de la tête et la brune frotte ses mains sur son linge avant de prendre la carafe et de remplir les tasses. Surtout si vous avez besoin d'autres chose, je ne suis pas loin. Un sourire aimable se dessine sur ses lèvres, les tourtereaux étaient jolie à voir, après avoir passé une vie entière ensemble, ils lisaient le journal un en face de l'autre. Il devait être dépassé les neuf heure et Ava avait plutôt hâte de terminer pour pouvoir enfin sortir s'amuser.

Ding! La clochette de la porte retentit lorsqu'e quatre hommes entrent dans la bâtisse. Ava leur sourit poliment. Je vous apporte les menus. Dit-elle avant de retourner derrière le comptoir pour prendre quatre menus et les apporter à la table. Bonsoir, messieurs, ça va bien? Demande-t-elle avec son grand sourire habituel. Est-ce que je vous apporte quelque chose à boire pour commencer? Elle attend les réponses, une main sur la hanche. Un regard se pose sur elle et ne la lâche plus. L'homme devant elle la fixe d'un regard sous-entendu, mais Ava a plutôt l'habitude, alors elle commence par tout simplement l'ignorer. Le problème quand elle travaille, c'est qu'elle ne peux pas envoyer promener les clients comme elle a l'habitude de le faire en dehors du taff. Habituellement ils n'étaient pas relou trop longtemps et puis s'ils étaient vraiment insistants, elle pouvait toujours menacer d'appeler la police, habituellement ça calmait les ardeurs.

Soir de semaine, rien de prévu. C'est pas normal. Je prends le téléphone et je passe quelques coups de fil. Il me faut des gens qui ne bossent pas le lendemain matin. J'ai pas envie de m'encrasser à rester chez moi. Il faut que ça bouge, que ça groove. Je propose un restaurant afin de lancer les hostilités. On verra par la suite. Mon pote Dom réagit et accepte. Le truc, c'est qu'il vient avec un pote. Et ce pote vient lui aussi avec un pote. Parfait. Quatre paire de couilles. On devrait réussir  à se faire une bonne soirée. Le temps de s'organiser et de se préparer prend un peu de temps. C'est pour ça qu'on débarque à un peu plus tard que prévu. L'autre Monde. On m'en avait déjà parlé. C'est un restaurant qui vient d'ouvrir et quoi de mieux qu'aller y manger pour se faire un avis, uhm ? J'ouvre la marche et c'est moi qui repère en premier la jeune serveuse. Brune, le teint légèrement mat, des origines asiatiques visibles à la forme de ses yeux. Plutôt mignonne dans son genre et très souriante. Je lui rends sa bonne humeur en la remerciant lorsqu'elle nous place un peu à l'écart. Elle est pas bête. Elle sait bien que quatre mecs, ça va pas passer inaperçu.

Elle nous laisse juste le temps de choisir les boissons et elle est déjà de retour. Une nouvelle fois, c'est moi qui ouvre le bal. « Un whisky s'te plait. Sans glace. » On change pas une équipe qui gagne. Pendant que les autres commandent, j'essaie de cerner les deux mecs que je ne connais pas. L'un d'eux est visiblement en couple. L'autre, ça se voit tout de suite que non. Il fixe la serveuse comme si elle lui appartenait. Pas très discret. « Une pinte d'ta meilleure bière, chérie, et des olives. » Il a pas l'air de faire dans la finesse. Le chérie, pour moi, il est déjà en trop. Il la connait pas, c'est pas correct. Je suis pas le gendre idéal mais je sais me tenir. Ça, jamais je pourrais le faire. Dom et son pote commandent la même chose que moi et elle repart en nous laissant avec les menus. De quoi pouvoir commander à bouffer. Pour moi, y aura pas de surprise. De la viande, de la bonne, de la saignante. Je ne jure que par les protéines. « Elle est carrément bonne. Tout à fait mon style. J'peux vous dire que j'me la ferais bien celle-là ! » Il confirme et il signe. Je crois que lui et moi, on va pas bien s'entendre. Même si je le connais pas, je me prive pas de lui donner mon avis avant qu'elle ne revienne. « Mec, calme-toi. Tu lui glisseras ton numéro sur la note s'tu veux mais n'fais pas remarquer. On est là pour manger. »

Ils avaient tous l'air plutôt sympa et relax. Ils ne venaient pas pour emmerder ça se voyait, sauf peut-être le relou qui avait changé d'air quand il avait vu Ava, mais peut-être se contenterait-il seulement de la regarder sans rien dire, elle préférerait. Le mec qui commande un whisky en premier donne une bonne impression à la brune qui sait qu'il sera un bon client, il lui retourne son sourire tout naturellement et est poli. Elle prend mentalement en note la commande des quatre hommes, puis part derrière le comptoir, ignorant le petit surnom agaçant que lui avait donné le mec relou.

Comme elle est seule ce soir, se sera Ava qui s'occupera des préparer les boissons puis les repas. Ava est derrière le bar et s'affaire à remplir les verres de whisky ainsi que la bière tout en jetant de furtif coup d'oeil à sa nouvelle table. Juste à voir comment l'inconnu parle aux autres, elle sait qu'il parle d'elle et ce n'est probablement pas très mature. Elle laisse échapper un petit soupire qu'elle seule peut entendre, puis remplis un petit bol d'olives. Elle place le tout sur un cabaret et se dirige vers la table. Avec son sourire habituel, elle distribue les consommations puis sort son calepin. Avez-vous eu le temps de regarder le menu? Si vous voulez commencer par une entrée à partager je vous conseille le plateau de charcuteries et fromages, c'est délicieux. Dit-elle telle une bonne serveuse avec sa bonne humeur habituelle. En tout cas moi, je te partagerais pas. Ava roule les yeux alors que le jeune homme se met à rire en regardant ses amis, attendant une certaine approbation de leur part. Il se croyait drôle, mais en fait il était juste complètement ridicule. Je vous laisse le temps de choisir. Ava se retourne et passe les portes battantes menant vers la cuisine. Elle voulait se calmer avant de retourner à la table pour prendre les commandes parce que sinon elle irait trop loin et elle se retrouverait avec une plainte sur le dos, puis ce boulot, elle en avait besoin. Elle ressort quelques instants plus tard, calme et posée. Elle retourne vers la table, non pas sans appréhension. Vous avez fait un choix? Demande-t-elle prête à écrire. Elle évite complètement le regard du mec qui la fixe toujours, elle préfère se concentré sur les trois autres qui eux, font preuve de respect.

On va pas se la jouer. Tout le monde sait à cette table que je suis un séducteur. J'aime plaire aux femmes et elles me le rendent bien. Sauf que je fais ça bien. J'évite d'être lourd, quand je suis encore sobre. Bourré, c'est une autre histoire mais passons. Je suis pas non plus insultant, contrairement à notre ami. Ce qu'il fait, ça a le don de me foutre mal à l'aise. Je connais Dom, je connais son pote mais lui, je le connais pas et il me donne pas envie de chercher à creuser. En plus d'être mignonne, la serveuse est souriante, semble gentille et compétente. J'ai pas envie de me faire remarquer et je lui dis mais ça le fait rire. Il croit que je déconne cet enfoiré. J'ai promis à Dom de rester calme ce soir, de ne pas faire de vagues mais avec cet énergumène, je suis pas certain d'y arriver. La petite brune revient avec nos boissons et s'apprête à prendre la commande mais le balourd de service en profite pour passer la seconde. Je le fixe mais rien y fait. Ça fait rire que lui. Tout le monde est mal à l'aise, même son pote. Merde. Moi qui pensait passer une soirée entre gens civilisés.

S'en suit un gros blanc. La serveuse semble cerner le malaise et repart en tournant les talons. Déjà qu'on arrive tard, voilà qu'elle doit supporter les remarques de l'abruti. Je me rends compte que je me souviens même plus de son prénom. Lorsqu'elle revient vers nous, je prends les devants et je commande assez vite. « On va t'prendre deux assiettes à partager. Pour l'reste, on verra après. » C'est dit, y a pas grand chose à ajouter. La brunette garde le sourire et elle repart. J'en profite pour aller mettre les choses au clair avec elle, histoire qu'elle ne passe pas un trop mauvais moment avec nous. « J'vais pisser, j'reviens. » Je me lève de table et je me dirige vers elle. Je tiens à être bref, histoire que personne ne remarque cette petite discussion. Elle vient de transmettre la commande en cuisine et je profite qu'elle soit seule pour lui toucher deux mots. « Eh. Moi, c'est Chaz. Si l'autre va trop loin avec toi, n'hésite pas à m'le dire. J'lui ferai savoir que c'est un connard, à ma manière. » Mieux vaut prévenir que guérir. Après tout, je la connais pas. Peut-être que ça lui plait de se faire draguer lourdement. Peut-être qu'elle attend que ça. Qu'elle aime les abrutis. J'en doute mais dans le fond, j'en sais rien.

Après la première remarque, Ava avait ressentit le besoin de se calmer un peu dans la cuisine. Lorsque'elle était revenue à l'avant, le vieux couple qui était assit à une table était partie, lui laissant le montant de la facture sur la table. Elle l'avait mis dans son tablier, puis était retourné à la table des quatre amis. L'ambiance était lourde, elle pouvait sentir que personne sauf le relou à la table était à l'aise. Lorsqu'elle demande la commande, celui qui lui avait semblé sympathique dès le dépars s'empresse de répondre avant qu'elle ait droit à une autre remarque déplacée. Je vous prépare ça. Dit-elle avant de repartir.

Elle allait entrer dans la cuisine lorsque le barbu aux tatouages l'interpelle. Ce qu'il lui dit la rassure. S'il avait fallu qu'elle se retrouve avec quatre mecs tous aussi cons que l'autre, elle aurait passé une soirée vraiment merdique. Elle espérait seulement que ça ne dégénérerait pas. Ava. Se présente-t-elle avec un sourire rassuré. Merci beaucoup, habituellement je l'aurais rembarrer, mais parait que c'est pas bien vu quand on travail. Elle rit un peu, histoire de détendre l'atmosphère. Bon dieu, elle voyait les whisky sur la table et elle avait juste envie de s'en claquer un. Ce soir elle s'offrirait ce péché mignon, peut-être même la bouteille au complet qui sait. Je vais préparer les assiettes, c'est moi le cook ce soir. Dit-elle avec un jolie sourire en passant les portes battantes pour se mettre au travail.

Je m'attendais pas à ce genre de réaction de sa part. Je pensais qu'elle allait me dire que ça allait, qu'il n'avait pas encore dépasser les bornes ou un truc du genre mais ce qu'elle me dit m'amuse, me fait sourire. Elle semble avoir son caractère. C'est une bonne chose. J'ai toujours eu un bon feeling avec ce genre de personne. Peut-être parce que j'en ai et que moi aussi, il faut pas trop me faire chier. « Je t'autorise à lui rentrer dedans, Ava. » lui lançais-je alors qu'elle s'apprête à aller en cuisine. Je pensais qu'elle n'était que serveuse mais visiblement, elle fait aussi la cuisine. Curieux. C'est la première fois que je vois ça. Je lui fais confiance, c'est pas le soucis mais c'est plutôt original comme concept. « Prends ton temps, y a rien qui presse. » rajoutais-je avant de me tirer vers les chiottes. J'ai pas envie de pisser, j'ai menti. Mais j'en profite pour me laver les mains et prendre un peu de temps pour recoiffer ma mèche folle.

Ceci fait, je retourne à table, comme si rien était. Sauf que ma petite discussion avec la serveuse n'est pas passée inaperçue. Je crois que l'autre balourd surveille tous les faits et gestes d'Ava. « Y en a qui en profitent pour prendre les devants, c'est pas fair-play. T'as au moins réussi à lui tirer son prénom ? » Il s'adresse à moi. Je décide de prendre la chose avec le sourire. Je viens de donner l'autorisation à Ava de lui rentrer dedans. On risque de s'amuser un peu. « Elle s'appelle Gina et elle est célibataire. T'as le champ libre. » C'est bien mon style, jouer les pompiers pyromanes. Si il va trop loin, je serai obligé de calmer le jeu alors que c'est moi qui ai attisé les braises. J'ai déjà hâte de le voir se planter de prénom. J'ai l'impression d'être à un dîner de cons. Et je crois que mon con est en passe de prendre la tête. Les conversations vont bon train jusqu'à ce qu'elle revienne avec deux assiettes et l'autre ne perd pas une seconde. « Mon pote n'a pas les épaules pour t'séduire Gina mais sache que moi, j'suis prêt à tout pour toi. Si tu m'fais cette assiette tous les soirs, j'te garantis que tu vas passer de très bonnes nuits ! » C'est bien ce que je disais. Il perd pas une occasion de se la fermer ce blaireau. Sauf que moi, de mon côté, je sens que je vais bien me marrer.

De la cuisine, elle peut observer la table et elle jette des regards furtifs dans leur direction. Elle assemble les assiettes. Effectivement c'était plutôt rare de voir la serveuse se taper le service complet, mais comme c'était un très petit restaurant, les employés étaient multitâches, en fait ils n'étaient que deux plus le proprio et dans les grosses journées, il y avait quelqu'un sur le planche et quelqu'un à la cuisine, mais comme la soirée avait été calme, Azriel était déjà partie, laissant Ava assurer les deux postes. Ils avaient eu droit à une formation et en fait la brune s'était rendu compte qu'elle avait une certaine habileté à faire la cuisine et à obtenir une belle présentation des plats. Ce devait être ses mains de pianiste qui la guidait.

Le montage est terminé et la jeune femme apporte les assiettes digne d'une photo instagram sur la table. Évidemment, le mec n'en manque pas une et alors qu'elle déposes les plats devant les messieurs, il lui fait une autre remarque, mais cette fois il l’appelle Gina. Comme elle n'a dit son prénom qu'à Chaz, elle se doute de ce qui se trame. Elle lui lance un regard amusé avec un petit sourire au coin des lèvres, puis son regard se pose sur l'inconnu qui lui fait du rentre dedans. Elle pose une main sur sa hanche et l'autre sur le dossier de la chaise do l'homme. Un sourire ravageur se dessine sur ses lèvres alors que ses talents d'actrice se mettent en oeuvre. Après tout c'est ce qu'elle a toujours fait, jouer la comédie, et il n'y verrait que du feu. Elle se penche un peu vers lui. Ça reste à prouver. Lui dit-elle, provocatrice. Après tout, ceux qui se ventait le plus de leurs prouesses au lit était souvent de médiocres amants.

Plutôt que lui rentrer dedans, l'insulter et prendre le risque que ça se finisse en baston à l'extérieur du restaurant, je me dis que le mieux est encore de le prendre à son propre piège. Peut-être que, comme ça, la prochaine fois, il réfléchira à deux fois avant d'être grossier avec une femme qu'il ne connait pas. Je le tente. Et il mord. Dès qu'elle arrive, il lui sort sa tirade moyenâgeuse qui fait rire, encore une fois, que lui. Je lève les yeux en l'air et croise le regard de la serveuse. Elle est pas bête et se doute bien que c'est moi qui lui ai donné un faux prénom. Je lui souris et j'observe le spectacle. Elle l'aguiche. Comme quoi, sans le vouloir, on a pensé à la même chose. Ce qu'elle lui dit est plutôt habile et quand on le combine avec la pose qu'elle prend, je me doute que le gugus en face doit en avoir une demi-molle.

« Avec la tête qu'il a, il faut bien qu'il compense par autre chose. Ne l'sous-estime pas trop ! » Je rentre dans le jeu, moi aussi. Il est hors de question que je reste sur la touche. J'aime m'amuser et j'aime aussi me foutre de la gueule des cons. Le ridiculiser devant sa proie, c'est direct et mesquin mais j'assume ce que je dis. Contrairement à lui, je sais manier les mots avec une femme donc je peux me le permettre. « Walker, on t'a rien demandé. S'tu veux ma belle, après le repas, j'suis prêt à lâcher ces trois blaireaux pour rester avec toi... » Et il vient poser sa main sur celle d'Ava, celle qui était restée sur le dossier de sa chaise. Un con, ça ose tout. Mais à ce point-là, je pensais pas. Il semble pas comprendre qu'on se fout de sa gueule.

Évidemment il mord comme un petit poisson et ne se rend même pas compte de ce qui se passe entre elle et Chaz, par contre à voir la réaction des deux autres hommes qui les accompagnent, eux se doutent très certainement d'un truc. Ils doivent bien savoir qu'il n'était pas venu parler à la serveuse seulement pour jouer au messager. On voit bien qu'il a tout dans la culotte et rien dans la tête. Chaz profite pour répliquer, d'ailleurs ça fait rire Ava tout haut, bien que ça ne semble pas faire l'affaire du relou qui lui propose même de passer la soirée avec lui. Il va jusqu'à poser sa main sur celle de la brunette. Habituellement elle aurait réagit, mais elle était dans son personnage et rien ne pouvait l'y sortir. Ava prend un air agréablement surpris, même si tout ça n'était qu'un jeu. Ça tombe bien, je me cherchais justement quelqu'un pour m'accompagner ce soir. Bien qu'elle semble lui répondre, sa remarque était plutôt pour Chaz, le regard de la brune qui se posait sur lui une fraction de seconde le lui ferait d'ailleurs comprendre, mais évidement l'autre con n'avait rien vu, il était bien trop content qu'une femme ait enfin répondu à ses avances. Tiens, donne-moi ton cellulaire que je rentre mon numéro. Il s'empresse de le sortir de sa poche et le tend à Ava qui s'enregistre dans ses contacts sous le nom de Gina, évidemment. Elle entre cependant pas son numéro, mais celui d'un organisme de bienfaisance qui lui fera faire un don de 10$ chaque fois qu'il tentera de l'appeler. Elle lui redonne son téléphone avec un grand sourire. Je finis vers 10h, tu m’appelles vers 11h pour me dire où tu es? Ava ne serait pas là pour voir la réaction de l'homme lorsqu'il comprendrait l'arnaque, mais juste de se l'imaginer était jouissif.

J'aime bien ce petit jeu qui s'installe entre elle et moi. Parce qu'il faut être honnête. Il est juste le dindon de la farce. Elle joue avec moi, pas avec lui. Disons plutôt qu'on joue tous les deux contre lui. Et c'est amusant. Ava, elle a de la répartie. Elle ne se contente pas de sourire et d'être belle ce qui est plutôt cool pour une serveuse. Loin de moi l'idée de dénigrer le métier mais j'ai l'habitude de tomber sur des robots qui sont programmés pour vous servir. Plus ou moins bien, à chaque fois. Les blagues et les interactions sont rares. Là, je suis servi. Et pendant qu'elle entre son numéro qui sera sûrement faux dans le portable de notre ami, j'en profite pour me servir et commencer à manger. Lui, il est trop occupé pour le faire. À trois, on en aura plus, tant mieux. « J't'avais dit qu'y avait une ouverture ! » J'en profite pour rajouter mon grain de sel et faire comprendre à la brunette que j'avais lancé le petit jeu avant qu'elle ne revienne. Lui, en face, il est tellement chaud qu'il en vient à lâcher sa main pour aller lui chercher une chaise qu'il pose à côté de lui. « Viens t'asseoir avec nous, Gina. Tu vas pas rester debout ! » Moi, je crois surtout qu'elle est sur son lieu de travail et qu'elle n'est pas là pour tailler la bavette avec les clients. Un minimum, oui. Mais elle doit avoir pas mal de choses à faire vu qu'elle tient le restaurant à elle seule. Je ne me serais jamais amusé à faire ça. Surtout qu'elle est censée lui avoir donné son numéro deux secondes plus tôt. « Tu m'as dit que t'avais des enfants Gina, c'est ça ? Combien ? Deux, trois ? » Je profite qu'il soit obsédé par elle pour lui balancer un clin d'oeil en lui posant la question. Ce que je cherche, c'est le mettre dans l'embarras. Maintenant qu'il a ferré le poisson, il doit se sentir fort. Mais vu le profil du type, je doute qu'il soit apte à gérer des gosses. Surtout s'ils sont plusieurs. Voilà une réponse qui devrait le mettre dans la merde. Lui faire peut-être revoir ses priorités.

Ce qui est drôle dans tout ça, c'est que le jeu se joue à trois, mais qu'il y a une personne qui ne sait pas du tout qu'elle joue. Ça détendait l'atmosphère qui était plutôt lourde au dépars et puis, ça faisait bien marrer toute la tablée, alors pourquoi pas? Les autres commencent à manger, mais le nouveau prétendant d'Ava ne semble pas avoir la tête à se gaver, il ne voudrait quand même pas rater sa chance de "charmer" la jolie brune. Chaz en rajoute encore, ce qui encourage encore plus Ava. Le mec lui tire une chaise et propose de s'asseoir, effectivement comme elle travail, elle ne peut pas tellement se le permettre, même s'ils sont seuls dans le restaurant, mais bien qu'elle refuse, elle pose une nouvelle fois sa main sur le dossier de la chaise de l'homme qui semble bien content de l'avoir près de lui. Ça lui donnait encore plus espoir et c'était hilarant à voir. De cette façon elle était face à Chaz et c'était donc plus facile pour elle de continuer à jouer le jeu sans que le con de service ne s'en rende vraiment compte. Je vais rester debout, tu sais j'ai beaucoup de ménage à faire, je suis une vraie femme à marier. Ava parle de mariage et Chaz parle ensuite d'enfants, ça dégringole assez vite et elle s'en que le jeune homme à côté d'elle s’excite plus elle lui fait des "avances", mais la question des enfants devrait surement le refroidir. Oh non non. Dit-elle en souriant et en marquant une pause. J'en ai cinq. Un silence s'installe et Ava en profite pour renchérir. Ils sont tous de pères différents, mais c'est seulement parce que je n'ai pas encore trouvé le bon. Elle pose son regard sur son nouvel amant qui semble avoir perdu un peu de couleur sur le visage. Elle pose une main sur son épaule, comme si elle lui envoyait le message qu'elle était prête à être en relation sérieuse avec lui, mais il ne semblait plus du même avis. Elle n'arrivait pas à croire qu'il n'ait pas encore compris la manigance qu'ils préparaient, mais les deux autres hommes qui les accompagnaient avaient compris parce qu'ils se cachaient tous les deux pour ne pas éclater de rire, tentant de se concentrer sur le repas.

À la base, je pensais pas aller aussi loin dans la vanne. Je pensais pas non plus qu'Ava me suivrait jusqu'à ce point. Je décide de pousser le vice en parlant des enfants mais sa réponse me surprend. Cinq. C'est gros mais tellement drôle. Dom et son pote sont morts de rire, ils ont même du mal à manger. Moi, j'essaie de rester sérieux, au même titre que la serveuse qui a de plus en plus de mal à gommer son sourire. Surtout après lui avoir sorti une telle énormité. « Parfait. Toi qui rêvais d'avoir des gosses... Là, t'es servi ! » Je ne peux m'empêcher de lui balancer un large sourire. J'ai l'impression qu'il prend peu à peu conscience qu'on est tous en train de se foutre de sa gueule. Pas loupé. J'ai un sixième sens pour ça. « Z'êtes sérieux les gars ? J'vous chie dessus, à tous ! » Et il s'énerve. Forcément, être pris pour un con quand on en est un, ça fait jamais plaisir. Parce que la définition du con inclut qu'il est le seul à ne pas être au courant de son état. « T'sais quoi, j'me casse ! Vous m'avez saoulé ! Et toi, t'es qu'une grosse pute ! » dit-il en se tournant vers Ava après s'être levé. Je reprends mon sérieux, juste le temps qu'il se tire. C'est les mots de trop. « Fais gaffe à c'que tu dis trou d'balle ! J'peux encore te suivre et te botter le cul. » Et il se tire en marmonnant. C'est pas une perte. Quoique, on s'amusait bien. Nous voilà à trois. Enfin, disons quatre puisque la jolie serveuse est toujours là, appuyée contre le dossier de la chaise. « Assieds-toi Ava. J'ai l'droit de te payer un verre ou c'est proscrit ? » Etant dos à la vitre, je fais gaffe. Parce que ce genre de mec, c'est capable de revenir se venger en traitre en venant me prendre par derrière. Ou pire, fracasser la vitrine avec le pare-chocs de sa caisse. Je doute qu'il aille jusque-là mais je le connais pas plus que ça. Je sais pas de quoi il est capable.

Sa tête valait tout l'or du monde. Il ne semblait plus si certain que ça de vouloir revoir Ava au final et c'était tant mieux comme ça. Mais lorsqu'il comprend ce qui se trame, la situation dégénère bien vite. Bien que son comportement ne surprend pas du tout la brune, il exagère encore. Beaucoup trop même, bon ok il envoie chier tout le monde, mais lorsqu'il finit par dire qu'Ava n'est qu'une grosse pute, sa main se met à lui démanger. Elle lui aurait mis la baffe de sa vie, mais encore une fois, elle était au travail, elle ne pouvait pas se le permettre. Puis Chaz semble plutôt énervé, il ne laisse pas le temps à Ava de réagir et menace le con de lui botter le cul. Heureusement il part de lui même sans que personne n'est besoin de bouger le p'tit doigt. Ava regarde l'homme sortir, choquée. Chaz lui offre de prendre un verre avec eux. Ava commence par se diriger vers la porte de devant qu'elle verrouille. Je crois que mon patron ne serait pas contre avec ce qui viens de ce passer. Ava se dirige vers le bar ou elle se prend un verre et la bouteille complète de whisky. Elle vient s'asseoir à table avec eux et leur ressert chacun un autre verre. Elle prend le siens et le cale cul sec avant de s'en verser un second. En passant, mon nom c'est Ava. Dit-elle à l'intention des deux amis de Chaz. Elle fait un petit sourire à ce dernier. Malgré tout, ça avait été drôle de ce moquer de l'autre idiot.

Un mal pour un bien. On se retrouve entre potes. Je connais pas bien l'ami de Dom mais il a l'air normal et assez fun. Beaucoup plus que l'autre abruti. J'invite donc Ava à s'asseoir avec nous et à partager le repas et quelques verres. Elle le mérite bien. Je profite qu'elle aille s'occuper de fermer la porte pour manger un bout et entamer la seconde assiette. Toutes ces péripéties m'ont coupé l'appétit. Déjà que je suis pas un gros mangeur à la base, là, ça n'arrange rien. La belle brune finit par poser son cul et se présenter. Je connaissais déjà son prénom mais les deux autres, non. Ils ne connaissaient que Gina. Son double qui a cinq enfants et qui aime les cas sociaux. « T'es du coin ? Je t'ai jamais croisé avant c'soir. » Vu qu'elle vient partager notre whisky, autant entamer la discussion et la découvrir un peu plus. Son caractère me plait bien. Si elle veut bien garder contact, je peux m'en faire une bonne pote de soirée. Et je vois aussi qu'elle a une bonne descente. En cinq secondes, elle en est déjà à son deuxième verre de whisky. Belle performance. Je me sens moi aussi obligé de torcher mon verre devant elle et me resservir. « Si t'as faim, sers-toi. Après tout, c'est toi qui a préparé tout ça. » Les deux compères sont occupés à parler boulot. Ils bossent tous les deux dans un garage, au coin de la ville. Dom, je le connais parce que c'est lui qui bricole ma moto et en tant que motard, je n'ai qu'un garagiste. Je ne la confierais à personne d'autre, même sous la torture.

Le restaurant était redevenu l'endroit chaleureux qu'elle lui connaissait depuis que l'imbécile était parti. Les deux amis de Chaz étaient quand à eux plutôt sympa et Ava se sentait beaucoup plus en sécurité avec seulement ces trois-là. Le whisky lui fait énormément de bien aussi, elle sent la chaleur descendre de sa gorge jusqu'à son estomac et ses muscles se détendent sous l'effet de l'alcool. Elle cale le premier verre histoire de se mettre dans l'ambiance, puis profite un peu plus de son deuxième verre. Chaz l'imite et boit le siens cul-sec aussi. Non, en fait je suis à Bowen depuis quelques mois seulement, je suis du Canada. D'ailleurs de penser à son pays natal lui fait aussi penser à sa mère qui est à l'hôpital et son air deviens un peu maussade même si elle tente de le cacher. C'est difficile de cacher que l'on est triste lorsque c'est votre mère qui est malade et qui ne s'en sortira malheureusement pas. Il lui propose de manger et prend un petit bout de salami qu'elle mâchouille machinalement. Habituellement elle a un très bon appétit, mais ce soir ça passait plutôt mal, l'alcool passait mieux, elle s'en contenterait pour l'instant. Tu es ici depuis longtemps? Demande-t-elle en s'éclaircissant la voix.