fuckin' cheater

Depuis la saison dernière, j'ai de gros doutes sur l'un de mes concurrents. Un nouveau qui est arrivé de nulle part. Il a trente piges et il roule comme un mec de vingt ans. Le truc étrange, c'est qu'à l'entraînement, pour l'avoir vu rouler, ça n'a rien à voir. Il perd sa lucidité au bout d'une heure ou deux. En course, c'est carrément un extra-terrestre. J'en ai parlé avec les autres et on est plusieurs à suspecter une prise de dopants. Ce genre de drogue, c'est la mode en ce moment. Ça vous calme les nerfs et ça booste la concentration. Avec un sport comme le mien, je vois que ça. Il n'aurait aucun intérêt à prendre quelque chose qui le rend hyperactif. C'est pour cette raison qu'en rencontrant une détective au cours d'une de mes soirées, je lui ai demandé s'il lui était possible d'enquêter sur lui. De le suivre, en particulier, juste avant la course. De voir ce qu'il peut faire et de pister un potentiel fournisseur en guettant les allers et venues dans son vestiaire. Elle s'appelle Ayla et je lui ai donné rendez-vous au stade. Je sors de l'entraînement et plus particulièrement, de la douche. Je me pose sur les marches des gradins et j'attends que Miss BeauxYeux fasse son apparition.

Le weekend dernier, c'était la course. Je sais qu'elle était là et j'aimerais avoir son compte rendu. C'est la première fois qu'elle venait directement au départ d'une course donc je m'attends pas à de gros résultats mais j'aimerais au moins savoir si elle a des pistes. De mon côté, c'est plus compliqué. J'essaie déjà de me focaliser sur la compétition. J'ai pas le temps de zieuter ce qu'il fait. Là, par contre, vu qu'elle me fait attendre, j'ai le temps de me griller une clope. Je sais que je fume trop mais j'emmerde ceux qui le pensent. Ça ne m'empêche pas d'être le meilleur, derrière les tricheurs. J'ai juste le temps de sortir mon téléphone de la poche pour la voir arriver. Elle est canon cette fille. À sa démarche, j'ose croire qu'elle a quelque chose pour moi. Elle déambule comme si elle avait gagné la coupe du monde. Je me lève et je lui souris avant de lui claquer une bise. On commence à se connaître à force de se croiser en soirée. « Yo'. Tu vas bien ? J'ai l'impression que t'as du nouveau toi, j'me trompe ? » Ses yeux, putain. Ils sont hypnotisant. Il faut pas qu'elle me regarde comme ça.

Ayla pourrait m'être d'une aide précieuse si je tiens à le faire disqualifier. Ce n'est pas de la jalousie puisque je suis devant lui au championnat. C'est plutôt pour les pilotes qui sont derrière que je me bats. Certains sont bien meilleurs que lui à l'entraînement mais en compétition, ce n'est plus la même chose. Je sais qu'il y a le stress qui rentre en compte pour les plus jeunes mais une telle différence de temps ne peut pas être expliquée que par le stress des autres. Il y un autre truc et je tiens absolument à découvrir ce que c'est. Malgré mon jeune âge, je suis l'un des plus anciens sur la ligne de départ. Je suis aussi celui qui a le plus beau palmarès et qui a roulé un peu partout dans le monde. Je reste un putain d'exemple pour les jeunes et je ne tiens pas à ce qu'il devienne leur nouvelle coqueluche pour ses performances qui sont faussées par quelque chose d'interdit.

La belle brune débarque enfin. Je la salue en me levant. « Tout va bien. J'sors de l'entraînement. » On a une piste de cross, un peu plus loin. Une piste rudimentaire mais ça nous permet de perfectionner les sauts, les réceptions et les virages en épingle. Certains gueulent du manque d'infrastructure mais c'est toujours mieux que rien. Je la laisse parler en zieutant les photos qu'elle me montre. Ça semble clair. Il prend des trucs mais on en sait pas plus. Déjà une bonne piste à exploiter. « J'pense aussi qu'il se flingue l'organisme avec ces merdes mais ça, c'est pas mon soucis. C'est son choix. » Ayla me sort ensuite d'autres photos qui ont été prises après la course. Son regard semble très vague. La déception de n'être que second ? Peut-être mais y a pas que ça. « La rechute, non ? Tu l'as vu reprendre des trucs ? Peut-être qu'il prend des produits qui ne durent que le temps de la course. On sait à l'avance à quelle vitesse on va tourner, à peu près. » Je confirme. Elle m'est très utile. Ces photos pourront être exploitées par la commission si je me décide à déposer une plainte mais j'attends au moins d'en être sûr avant d'entamer une démarche. D'être sûr que ce qu'il prend est illégal.

Elle sous-estime son boulot. Moi-même, j'aurais pas été capable de faire la moitié de ce qu'elle m'a fait alors que je le côtoie plusieurs fois par semaine. Ce mec-là, je l'ai jamais senti. Même si nous sommes en concurrence, on fait le même sport et on a la même passion. Étant plutôt sociable, je suis pote avec pas mal de mecs dans ma catégorie. Lui, j'ai jamais accroché. Il pense qu'à la gagne, rien d'autre. C'est un sombre connard qui est prêt à tout pour passer la ligne d'arrivée en premier. Il a juste oublié son talent à la maison. « S'il est malin, il aura changé le flacon. Si tu l'prends en flag', au pire, j'interviendrai moi-même et il sera dépisté dans la foulée. » Je suis content qu'Ayla soit venue à l'une de mes courses. Je sais que c'était pour le boulot mais elle a aimé, j'en suis sûr. C'est toujours spectaculaire de voir des bécanes aussi puissantes s'envoler à plusieurs mètres au-dessus du sol, même quand on y connait rien. « J'ai pas trop vu, il était derrière mais il a dû foirer la dose c'coup-ci... » La conversation se poursuit et elle se renseigne sur la prochaine course afin de poursuivre son boulot. Je lui réponds avec un sourire. « En même temps qu'la mienne, dans deux semaines. Je te filerai une invit'. »

Elle me parle ensuite de filature et je soulève les épaules. L'air de dire, tu connais ton boulot. Si elle parvient à approfondir son enquête de cette façon, c'est encore mieux. Le stade est en train de se vider. Les coureurs rentrent chez eux. Il reste jusque quelques athlètes qui semblent s'entraîner au triple saut. Sa question me fait à nouveau sourire. Je la sais curieuse. Je lui pose ma main sur l'épaule et je lui fais signe d'avancer. « Pas d'soucis. Tu veux aussi aller voir les motos ? » J'ai toujours les photos en main et elle me dit que je peux les garder. De toute façon, je vais pas en faire la collection. Un jour ou l'autre, ça finira sur la table d'une commission de discipline et j'ose espérer que ça aura son petit effet. J’acquiesce en marchant mais je pense à autre chose. « Juste un truc. Pour rentrer sur le terrain d'entraînement, tu dis que t'es ma copine si on t'demande. Ça passera mieux. J'suis pas censé inviter des amis ici. » Ce qui est vrai. Les motos ne sont pas censées être en contact avec le public. Les sabotages, ça s'est déjà vu. Je me doute qu'Ayla n'est pas là pour ça mais les gardiens n'en savent rien.

« Parce que tu crois qu'les fenêtres ont été faites pour voir au travers ? » Je me mets à rire. Ayla est amusante quand elle s'y met et à son sourire, je vois bien qu'elle déconne. La fenêtre du vestiaire est juste là pour que l'air puisse passer après les douches, pour évacuer l'humidité ambiante. C'est pas une mince affaire dont elle s'occupe et je le sais depuis le moment où je l'ai rencardée dessus. Si je lui ai demandé à elle, c'est parce que c'est une amie. Je sais qu'elle fera tout pour m'aider à résoudre le problème. Et au-delà de ça, même si elle débute, je sais qu'elle peut le faire. « Ça confirme le fait qu'il se soit planté sur les doses... et donc, qu'il fait des erreurs ! » Ca confirme surtout le fait qu'avec un peu de patience, à nous deux, on parviendra à le pousser dans ses retranchements et le griller. Il suffit juste de continuer à jouer le sous-marin et faire en sorte qu'il se croit intouchable. L'erreur, c'est lui qui la fera. Et c'est à nous d'attendre qu'il la fasse.

L'idée de voir les motos semble la ravir. Il n'y a pas que la mienne. Il y a ceux de tous les concurrents. Les motos des courses sont sorties le jour-même afin que les mécaniciens puissent bricoler dessus. Les motos sur lesquelles on s'entraîne ne sont pas les mêmes. C'est un concept un peu particulier mais c'est comme ça. Je lui souris et je l'embarque avec moi après l'avoir mis en garde sur le fait qu'elle n'a rien à foutre ici. « Les motos sont stockées jusqu'à la prochaine course. Tout est fait pour ne pas qu'elles soient sabotées. C'est d'jà arrivé et je t'apprends rien en disant que c'est très dangereux. » Une moto trafiquée, ça peut faire un mort. Un mouvement mal maîtrisé, une grosse chute et ça peut devenir fatal. C'est un sport à risques. On rentre enfin dans l'antre. Elle peut voir la piste indoor avec les rampes et les bosses. Derrière une vitre, toutes les motos sont stockées dans une pièce. Certaines sont démontées, d'autres, non. La mienne est intacte et je la lui montre. « Tiens, regarde. C'est celle du champion celle-là ! » Je lui lâche un beau sourire en gonflant un peu les pectoraux. J'ai bien entendu sa question mais je compte laisser un petit suspense. Ayla est une fêtarde dans l'âme, comme moi. C'est pour ça qu'on s'entend bien. Je finis par me tourner vers elle, je prends son petit visage dans ma main et j'y approche ma tronche en gardant ce sourire. « Oui, je le veux, chérie. » Parce que là, tout de suite, elle est censée être ma copine. J'en ris avant de la lâcher et de reculer un peu. Jamais ô grand jamais je refuserai une sortie en boîte de nuit.

Pour se tuer sur une piste de Supercross, faut presque le vouloir. On peut se blesser sérieusement mais à part une très mauvaise chute, il y a peu de risque d'y laisser la vie. Sa remarque n'est pas bête pour autant. À force de s'envoyer des produits, il peut faire une crise cardiaque ou une overdose. De toute façon, en cas de mort, il y aurait une autopsie et là, ça ne servirait plus à rien d'enquêter. Même s'il me sort des yeux, je ne lui souhaite pas la mort. « Le début d'saison. L'année dernière, il tournait beaucoup moins bien et il n'a pas changé de bécane. » Au début, j'étais naïf. Je me suis dit qu'il s'était entraîné comme un barjot pendant la trêve mais son comportement m'a rapidement mis sur la piste des dopants. D'ailleurs, je crois que je suis pas le seul. J'ai tendance à penser qu'il s'agit de sa dernière saison. Après ça, va falloir penser à une reconversion. On se ballade tous les deux entre les vestiaires et la piste. Ayla est curieuse, comme à son habitude et j'essaie de satisfaire cette curiosité du mieux que je peux. « Pour la mienne, ce sont des pièces qui sont directement importées de l'usine, en Autriche. Donc oui, ça coûte un bras ! » lui répondis-je en souriant avant de lui présenter la fameuse monture.

« T'insinues que j'gagne grâce à la moto Lawter ? » Je la taquine, j'interprète ses mots. « Il n'y a qu'un cylindre sur les cross. Pas besoin d'plus. Très grosse accélération mais faible vitesse de pointe. » Et la vitesse de pointe, on en a pas besoin. Sur les bosses, sur la terre, on dépasse rarement les limites. On a besoin de reprise, pas de vitesse brute. S'en suit la boîte de nuit. Je lui fais savoir que je suis partant et elle me propose de ramener Ava. Ava qui est aussi une amie à moi. « Deux bombasses pour moi tout seul. J'suis partant, tu m'étonnes ! » Elles ne se ressemblent pas mais elles sont belles, toutes les deux. Ce soir, je sors avec mon harem. La visite des box est terminée. Je compte maintenant l'amener jusqu'au fameux vestiaire. « Suis-moi, j'vais te montrer les vestiaires. » En moins d'une minute, on se retrouve sur place. J'avance devant elle et je tape sur l'un des casiers. « C'est l'sien. J'avais pensé à un truc. T'as une petite caméra à disposition ? J'pourrais te la placer avant qu'il arrive. Ca permettrait p't'être d'avoir des infos sur son précieux flacon. C'est à toi d'me dire où tu la veux pour avoir le meilleur angle. » Nightclub ou pas, je n'en oublie pas la raison de sa présence ici.

« Si, on a en a deux. Un avant la première course et un autre après la dernière. C'est pas beaucoup et ça sert à rien. » Il suffit de ne rien prendre lors de la dernière course et on est clean. Quand je tournais aux Etats-Unis, les dépistages étaient quasiment systématiques après chaque course mais j'étais plus jeune, plus talentueux et le championnat était bien plus relevé. Ici, c'est un peu du loisir. Je gagne bien ma vie mais la majeure partie de mes gains provient des sponsors que j'ai réussi à garder. « La plupart se fournissent en Asie. La marque KTM est autrichienne donc on a pas l'choix. J'sais que c'est pas très écologique mais on peut pas faire autrement. » lui lançais-je en souriant. Dans le fond, l'écologie, c'est pas moi qui la flingue. Je vis simplement et je prends beaucoup moins l'avion qu'avant. Dans tous les cas, avec ou sans mes pièces, le cargo aurait décollé avec d'autres produits. C'est pas bien mais on peut pas faire autrement. Je lui tape sur l'épaule quand elle me répond concernant les performances de la moto. Bien sûr que j'suis con. On serait pas potes, sinon.

« C'est mon job, chérie. » L'appeler par ce petit surnom me fait rire. C'est pas habituel. Je suis pas moche, je suis pas trop con mais j'ai pas l'habitude d'avoir une copine. Les surnoms du genre, je les sors pas souvent. On avance vers les vestiaires après qu'elle ait pu détailler ma monture et elle en profite pour textoter Ava qui semble d'accord pour nous suivre. Cette équipe de choc. J'ai hâte d'être ce soir pour voir ce que ça peut donner. « Macho, moi ? J'te rappelle qu'on est ensemble, j'peux pas faire n'importe quoi c'soir. » Je la taquine encore un peu. Lorsqu'on débarque dans le vestiaire, Ayla me file une caméra que j'analyse avant de grimper sur un banc pour essayer de la positionner plus haut. Je compte pas la mettre maintenant. Juste, trouver l'angle adéquat. « T'es équipée, putain. J'pensais pas à c'point. » J'ai l'impression d'être avec Horacio Kane. Je la regarde en souriant. La porte derrière nous vient à s'ouvrir et le gardien du complexe fait son apparition. Le temps pour moi de descendre de mon banc et de me rapprocher d'Ayla. « Qu'est-ce que..? Chaz ! Vous avez rien à faire ici ! » Il me reconnaît. Je le regarde, je glisse ma main sur l'épaule de mon amie et je lui balance un petit sourire. « Julian... C'est ma copine. J'lui faisais visiter les lieux, ça pose un soucis ? J'sais qu'on a pas l'droit mais tu peux faire une exception, uhm ? » Je me rapproche de lui en lâchant Ayla et je lui glisse quelques mots. « Y a moyen d'nous laisser seuls ? Disons... dix minutes.. » Le sous-entendu est marqué. Je veux lui faire croire qu'on est pas là que pour visiter.

Quand on veut le meilleur. Ça ne tombe pas dans les oreilles d'un sourd. Je la regarde en souriant et je me désigne en tapant sur mon torse. Le meilleur, c'est pas la moto, c'est bien moi. C'est ce qui je lui fais croire. Bon, soyons honnêtes. Ce n'est pas faux. J'ai couru en professionnel de nombreuses années. Je n'ai presque aucun mérite à gagner le championnat. Mes entraînements n'avaient rien à voir avec ceux que je suis, actuellement. J'étais un vrai professionnel. Aujourd'hui, les courses me servent juste à rester en jambe et à gagner ma vie. Plutôt bien, je dois l'avouer. Merci, les sponsors. Ils pensent encore que je vais parcourir le monde. Libre à eux. Je me contente de faire des démonstrations, des vidéos à sensation. C'est déjà pas mal et ça me prend beaucoup de temps. Ayla me sort de mes songes en parlant de la soirée qui s'annonce. Est-ce qu'elle m'aura à l’œil ? Comme d'habitude, ais-je envie de dire. « J'ai droit à aucune infidélité c'soir ? » Vu que nous ne sommes pas vraiment un couple, ça me couperait l'herbe sous les pieds. Quand je m'éclate, je vais au bout des choses. Je suis pas forcément un coureur mais un séducteur. Plaire aux femmes est une seconde nature. J'ai essayé de le combattre pour me stabiliser mais c'est dur. Trop dur pour moi.

J'installe la petite caméra au-dessus d'une armoire et je recule afin de voir le point de vue, d'en calculer l'angle. Suite à ça, je grimpe à nouveau et je la récupère avant de la lui tendre. La laisser ici, c'est risquer de se la faire tirer. « Tiens. J'te la reprendrai avant la prochaine course. On peut pas s'permettre d'la laisser ici trop longtemps... » Si le gardien tombe dessus, je suis mort. Ils vont commencer à suspecter des trucs louches et ils ne me lâcheront pas. D'ailleurs, en parlant du loup. Julian entre dans la pièce et je suis dans l'obligation de jouer mon petit jeu pour m'en débarrasser. « Caméras, gardien, c'est Fort Alamo ici. Y a eu trop d'vols. » lui expliquais-je avant d'observer à nouveau les angles de caméra pour que l'on puisse la placer au mieux. « On s'tire ? » lui demandais-je en levant un sourcil. Profitant du fait que l'on soit seul, je compte bien la taquiner. « Je t'offre le luxe d'être ma copine. Tu veux pas en profiter ? » Bien vu, l'aveugle. Je compte la cuisiner un peu avant de poursuivre la soirée.

Ce que nous sommes en train de faire, c'est risqué. Il y a encore un peu de chance pour que la cible ne soit pas dopée. Peut-être qu'il traverse juste une phase de vie compliquée qui fait qu'il se transcende une fois qu'il est sur sa moto. Personnellement, je ne peux pas croire une connerie pareille mais on sait jamais. Il ne faut exclure aucune possibilité tant que nous n'avons aucune preuve. Ayla l'a vu avec un flacon suspect dans les mains mais nous ne savons pas ce que c'est. Si je me fais choper en train de poser des caméras dans les vestiaires, je risque gros, très gros. L'espionnage est très durement sanctionné dans ce genre de sports. « T'es la copine parfaite ! » lui lançais-je en souriant. Si elle m'autorise à fauter, elle peut être sûre que je le ferai. Je suis un grand gamin. Quand on me donne la main, je prends le bras. Il vaut mieux ne me tendre que le doigt. Après l'épisode du gardien de site qui vient voir ce que nous fabriquons, je décide de récupérer la caméra afin de ne pas nous faire griller. Il m'a vu ici. Si l'idée lui prend de venir inspecter le vestiaire après notre départ et qu'il tombe sur la caméra, je suis mort. « J'veux surtout pas foutre en l'air ma saison pour un mec qui s'en fout plein les veines ! » Surtout que moi, j'ai tout à perdre. Dopé ou pas dopé, je suis devant lui au classement général. Pour moi, ça ne change rien. Je tiens juste à rétablir la vérité pour sauvegarder la prochaine génération de pilotes.

« Tu sais maintenant où venir si l'idée te prend d'venir me féliciter personnellement après la course... » lui lançais-je en levant un sourcil, sourire aux lèvres. J'aime bien lui faire mes petites allusions. On va pas se leurrer plus longtemps. Ayla est particulièrement attirante et je m'en voudrais de ne pas lui faire comprendre qu'elle me plait bien. Je suis comme ça. Incorrigible dragueur. Vil flatteur. « J'sais pas. À ton avis ? Ils font quoi les couples quand ils se retrouvent seuls au milieu d'un vestiaire ? » Je la cherche, je la taquine. Mais d'un autre côté, je la sonde. Tout en gardant mon petit sourire au coin des lèvres, je lui mime un baiser en tendant ces mêmes lèvres vers elle. J'en fais sûrement un peu trop mais c'est voulu. Avant de passer la soirée avec deux bombasses, je veux m'entraîner.