when the mobs amass and take us forth (carter)

Le soleil n’était pas trop fort, juste assez chaud, et le vent frais rendait le climat propice à une longue balade en ville. Marcher, c’était un peu comme la seule manière de faire bouger Lennox, qui n’était pas un grand sportif. Alors dès que l’envie lui prenait, il n’hésitait pas à sortir le bout de son nez à l’extérieur. Paraîtrait que le sport aiderait à contrer la dépression. Celle qui guettait toujours un peu trop le trentenaire. Mais aujourd’hui, ce n’était pas le motif qu’il avait pour cette longue promenade, non. Parce que depuis qu’Andreas et Lennox s’étaient réconciliés, ce dernier avait enfin le cœur un peu plus léger. L’esprit un peu plus tranquille, aussi. Il n’avait donc aucunement besoin de se changer les idées ou de libérer quelques hormones de bonheur. Il avait juste envie de profiter de cette journée. Sans doute que cette paix d’esprit se transposait sur les traits de son visage, parce qu’alors qu’il se trouvait sur le trottoir longeant un grand espace vert servant de terrain de sport, trois ou quatre adolescents, ou jeunes adultes – il n’avait plus l’âge de faire la distinction – l’accostèrent, lui et un autre homme qui venait en sens inverse, afin qu’ils participent à leur match de Quidditch. Lennox fronça les sourcils. « Quidditch ? Comme dans Harry Potter ? » Il n’était pas assez au courant des activités in actuelles pour savoir que ce sport magique avait été adapté à leur existence simplement humaine et normale. Il jeta un coup d’œil à l’équipe derrière, les gens avaient des bâtons entre les jambes, des ballons, et autres accessoires. Lennox secoua la tête. « Désolé, je n’y ai jamais joué. » Il pensait s’en tirer avec son air de malaise ambulant et son manque d’expérience, mais non, les jeunes revinrent à la charge en lui disant que c’était pour une association, qu’ils faisaient une levée de fonds pour venir en aide pour d’autres jeunes en difficulté, bref, tout ce qu’il fallait pour le faire culpabiliser de refuser. Il soupira discrètement, jetant un coup d’œil à l’autre homme pour voir comment lui s’en tirait … ou s’il allait accepter.

La météo promettait une belle journée. Ni trop chaud, ni trop venteux. Juste ce qu'il fallait pour une petite promenade dans la ville. Tu n'avais pas envie de faire bouger Snow, et puis Bessie t'avait proposé de le laisser à la maison avec elle pendant que tu prenais du temps pour toi. Des fois, tu te disais que ta colocataire était vraiment la meilleure du monde. Alors tu avais pris un peu de temps pour toi et tu avais décidé d'aller faire un footing. Ca faisait longtemps après tout. Il y avait du monde aujourd'hui, de sortie. Plus précisément devant le complexe sportif. Des jeunes jouaient à un jeu qui te rendait nostalgique et qui te rappeler ton pays natal. Alors que tu croisais un homme entrain de se promener, deux adolescents vous coupèrent la route et vous demandèrent de jouer à leur jeu. « Oui, c'est comme dans Harry Potter » répondis-tu au jeune homme en laissant échapper un rire. Tu avais suivi activement cette saga, et elle t'avait permise de t'évader lors de tes formations au MI6. Mais tu ne connaissais pas les règles du jeu. Ils vous expliquèrent que c'était pour une association et que les partenaire devaient se relayer au fur et à mesure. « Mais... va falloir nous expliquer les règles. Parce que à ce que je sache, le balais il vole au quidditch, non ? » dis-tu sur le ton de la blague à ces deux adolescents qui étaient venus à votre rencontre. L'homme en face de toi semblait ne pas vouloir faire une partie. Mais toi ça te bottait bien. Et puis ça te changeait de ton quotidien. Comme quoi ce footing t'aura emmené à une drôle expérience. « Je suis partant, si vous l'êtes ! » dis-tu en souriant au brun en face de toi. Pourquoi pas ? Et puis c'était l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes aussi.

Ce fut l’homme en face de lui, qui faisait déjà un peu plus son âge même si Lennox sentait fort bien que quelques années les séparaient encore, qui lui répondit que c’était bel et bien comme dans Harry Potter. Il eut un mince sourire gêné, un peu pincé même, lorsqu’un rire s’échappa d’entre les lèvres de l’homme. Lennox avait l’impression qu’on se moquait de lui, en fait, pour son manque de connaissance. Il n’avait pas suivi activement cette saga, pas comme d’autres, et puis lors de la diffusion du premier film, il était au tout début de sa vie d’adulte, en plein dans ses études de notariat, doté d’un sérieux irréprochable mais surtout d’une envie irrépressible d’être enfin libéré de ses parents, pour se vautrer dans sa solitude alors absolue. Ainsi, lorsqu’on lui parlait de Quidditch, c’était un lointain souvenir d’adolescence qui rejaillissait, de soirées à lire les bouquins de J.K. Rowling. Il ne savait même pas que ça se jouait, pour de vrai. Il envoya donc un regard interloqué à l’homme, avant de reporter son attention sur les jeunes qui leur expliquèrent le louable but derrière ce match de vingt-quatre heures au grand total. Le brun demanda à ce qu’on leur explique les règles, et se proclama partant, si lui l’était. Lui, étant Lennox. Il avait des papillons dans l’estomac, ceux dont on ne veut pas, ceux qui forment une boule au creux de la gorge pour mieux vous empêcher de respirer. L’anxiété. « Il … il faudra m’expliquer les règles aussi, c’est très loin dans ma tête et, et p-puis … Je ne suis pas un très grand sportif, je doute qu’une des équipes veuille de moi. » Lâcha Lennox, déjà prêt à les convaincre eux-mêmes de refuser sa participation. L’homme en face de lui avait bien plus de chance que lui de performer, la preuve, il était de sortie pour faire son footing. Malheureusement, sa tactique d’évitement ne fonctionna pas et on lui assura qu’ils ne jouaient vraiment que pour le plaisir, et pour ramasser des sous pour l’association. Lennox ne voyait plus de manière possible de se défiler, pas sans avoir l’air complètement égoïste. « Bon. Ok, alors ! Je suis "partant". » Il esquissa un faible sourire, les mains dans les poches. Pas du tout l’air du gars partant. Il suivit les jeunes jusqu’au centre du terrain, où les deux équipes attendaient d’être entièrement formées. Lennox se tourna vers l’autre homme. « On se sent comme de retour au lycée, pas vrai ? Sauf que j’ai l’habitude d’être le dernier à être choisi pour une équipe, alors, allez-y, joignez-vous à celle de votre choix ! » Proposa Lennox, cet éternel sourire paresseux aux lèvres.

A l'idée de parler de cette saga, tu étais retombé en enfance l'espace de quelques instants. En effet, n'ayant que 29 ans, tu avais grandi avec ce personnage culte et célèbre et tu avais suivi ses aventures à la lettre. Et de plus, depuis quelques temps, tu essayais d'être un peu plus sociable et heureux. Tahlia te faisait te sentir en sécurité et si bien entourée. Alors tu voulais quand même faire un effort. Lorsque tu t'étais fais arrêter par ces deux jeunes adolescents, tu n'étais pas seul. Il y avait aussi cet homme, un peu plus âgé que toi. Après lui avoir soutenu que ça sortait bien de la saga au garçon à la cicatrice en forme d'éclair, tu souris. « Ca doit être sympa » finis-tu par dire avec un sourire en regardant le terrain. Mais ça avait l'air quand même bizarre. Des gens qui courraient avec un balais entre les jambes. Et le plus étrange dans tout ça, c'était le gars tout de jaune vêtu qui représentait le vif d'or. Mais ils n'avaient pas l'air de trouver ça ridicule. De ton côté, ça te faisait rire intérieurement de voir cette scène. « Bon, expliquez nous » demandas-tu aux adolescents en croisant les bras sur ton torse. Simple. Deux équipes qui s'affrontent sur un terrain. Trois anneaux qui font office de buts. Mais le plus important était ce type tout en jaune qui avait une balle de tennis et il fallait attraper cette balle pour mettre fin au match. Pas commun comme sport. « Ca n'a pas l'air si compliqué, au final » dis-tu en regardant l'homme qui s'était fait lui aussi interpellé. Il avait accepté la proposition de ces deux jeunes, et toi aussi. Vous vous étiez dirigé vers le terrain, où les gens étaient entrain de former les équipes. Il y avait des personnes de tout âge, et de tout sexe. A la remarque du brun, tu riais légèrement. « Je vais aller vers eux » dis-tu en pointant l'équipe avec les dossards rouges. « Au passage, moi c'est Carter » te présentas-tu en tendant la main à cet inconnu.

Andreas avait beau faire en sorte que Lennox se sente davantage aimé, bien entouré et il avait beau le protéger de tout et surtout de lui-même, le notaire avait quand même des limites bien trop rétrécies lorsqu’il s’agissait du bonheur. Il n’arrivait pas à se montrer plus sociable et plus ouvert sur le monde, c’était trop lui demander d’avoir le sourire et la conversation faciles. S’il savait qu’Andreas l’aimait d’un amour quasi-inconditionnel, il ne comprenait toujours pas pourquoi, lui qui détestait sa propre personne. Alors quand on l’aborda pour qu’il joue une partie de Quidditch, il ne put s’empêcher de s’imaginer en train de jouer et de se sentir complètement ridicule. Il avait l’impression, aussi, qu’on se moquerait bien vite de lui. Pourtant, alors que les adolescents leur expliquaient les règles du jeu, à l’autre homme et lui, Lennox se passa silencieusement le commentaire qu’ils auraient tous l’air ridicules. Tous autant qu’ils étaient. Il jeta un coup d’œil au terrain où un homme complètement vêtu de jaune jonglait avec une balle de tennis, en attendant le début du match. Le vif d’or, s’il avait bien compris. C’aurait pu être pire, c’aurait pu être lui, là-dedans – quoique … jamais il n’aurait accepté. L’homme en face de lui fit remarquer que ça n’avait pas l’air si compliqué, comme sport. Lennox haussa doucement les épaules. « Non, juste … spécial. » Il esquissa un faible sourire, ne voulant pas paraître trop froid et rabat-joie. Pourtant, c’était bel et bien ce qu’il était. Le petit groupe s’approcha finalement de tous les joueurs au centre du terrain, et Lennox constata que les deux adolescents les ayant abordés étaient en fait parmi les plus jeunes, maintenant qu’ils se trouvaient avec toutes les personnes recrutées aux abords du terrain. Lennox laissa à l’autre homme le loisir de choisir son équipe en premier, ainsi, comme le choix ne lui était pas revenu, son équipe ne pourrait pas lui reprocher de les avoir intentionnellement handicapés. « Lennox. » Lança-t-il à Carter après que ce dernier ce soir présenté. « Nice to meet you. » D’autres circonstances auraient été davantage appréciées, toutefois. Le trentenaire serra la main de l’homme avec un sourire. « J’imagine que c’est le moment où je vous souhaite bonne chance … mais pas trop. » Son équipe devait quand même gagner, qu’ils jouent pour le plaisir ou non. Il esquissa un faible sourire avant de rejoindre son équipe où un caucus était en cours afin d’établir une stratégie à laquelle il ne captait absolument rien. What a day.

Depuis que tu avais quitté l'Angleterre, le sport n'était plus dans tes priorités. Et c'est surement ça qui, dans ton pays natal, t'avais permis de rencontrer de nouvelles personnes. A Bowen, tu étais connu comme le mec toujours de mauvaise humeur et qui ne voulait pas sortir de chez lui et resté près de son fidèle chien. Snow était une bonne compagnie, after all. Mais en partageant ta vie avec Tahlia, tu avais compris que cela ne se limitait pas qu'à ça, une vie. Alors tu essayais de faire le plus d"effort possible. Aujourd'hui, Bessie avait gardé le chien alors qu'elle travaillait à la maison et tu étais sorti t'aérer dans ta plus belle tenue de sport que tu n'avais pas revêtue depuis des années maintenant. Les gens s'affolaient sur le terrain, et tu venais de comprendre pourquoi. Un match de quidditch, c'est drôle non ? Les moldus ne savent plus quoi inventer maintenant ! Le pourquoi du comment expliqué, les règles comprises, vous aviez accepté avec le brun en face de toi, de jouer à leur jeu pour une partie. « Le mot correct est bizarre, j'avoue » dis-tu à l'homme que tu venais de rencontrer. Les deux jeunes adolescents semblaient vraiment passionnés par ce qu'il vous expliquer. Tu aurais tellement aimé avoir la même jeunesse qu'eux, avec du recul. Même si tu étais au courant des dernières tendances, que tu avais lu tous les livres Harry Potter et vu la totalité des films, tu n'avais jamais pu t'amuser comme ils le faisaient. Vous alliez sur le terrain, après avoir eu vent des règles totales du jeu. Et l'inconnu avec toi te proposa de choisir ton équipe. C'était tellement hétéroclite, que tu avais choisi totalement au hasard. Et puis, tu aimais bien celle couleur qu'est le rouge. Tu tendis une main chaleureuse en te présentant et il fit de même. « C'est assez cocasse comme rencontre, vous ne trouvez pas ? » dis-tu sur le ton de la blague à Lennox. Si un jour vous vous croiserez ça donnerait un truc du style "ouais, c'est le mec avec qui j'ai fais une partie de quidditch." On vous prendrait surement pour des fous. « Que le meilleur gagne ! » répondis-tu à ton adversaire en enfilant ton dossard rouge. On te donnait un balais, que tu calais entre tes jambes. C'était bizarre, et tu te trouvais totalement ridicule. Mais le ridicule ne tue pas, pas vrai ?

Spécial, c’était pour ne pas être trop dur avec ce jeu auquel Lennox s’apprêtait malheureusement à jouer, mais il était vrai que le fond de sa pensée, c’était que c’était une reproduction des plus étranges d’un sport qui existait dans la saga fantastique. Comme s’il n’existait pas déjà assez de sports dans le vrai monde des gens sans magie. Le trentenaire se contenta d’acquiescer aux paroles de l’homme, avant de suivre les deux adolescents jusqu’au terrain officiel, délimité par des bandes blanches peinturées au sol. Il espérait ne pas avoir à courir trop, Lennox, parce que le terrain devait bien faire un peu plus de cinquante mètres de longueur, et il se savait en bien piètre forme physique. Avec appréhension, il analysait l’endroit et les joueurs en attendant que tout le monde soit rassemblé. Là, juste avant de rejoindre chacun leur équipe, Carter se présenta. « Le genre d’anecdote qu’on ne croira pas lorsque je la raconterai ! » Ajouta Lennox lorsque Carter qualifia cette rencontre de cocasse. Le notaire imaginait déjà la tête que ferait Andreas quand il apprendrait que son fiancé avait joué au Quidditch, aujourd’hui. Il se maudirait sans doute de ne pas être sorti marcher avec lui afin d’assister à ce spectacle qui n’arriverait qu’une seule fois dans sa vie. Il se moquerait sûrement un peu de lui, aussi, gentiment. Et à voir comment ça se déroulerait dans quelques minutes, peut-être que Lennox arriverait à en rire aussi, une fois le moment passé. « Que le meilleur gagne ! » Répéta Lennox, faute d’avoir quoi que ce soit d’autre à dire avant de s’éloigner. Il enfila son dossard vert, prit le balai entre ses mains, sans toutefois le caler entre ses jambes. Il allait attendre à la toute dernière seconde avant de poser ce geste qu’il jugeait complètement ridicule. Il posa plutôt le balai à la verticale, au sol, et s’appuya dessus alors que les joueurs de son équipe élaboraient des tactiques de jeu. Il écoutait sans trop comprendre, jusqu’à ce qu’on se retourne vers lui pour lui attribuer le rôle de pourchasseur. « Oh, vous êtes sûrs ? » Parce que lui ne l’était pas. Ses doutes ne furent toutefois pas considérés et ils continuèrent dans l’attribution des rôles, jusqu’à ce qu’ils s’inventent un cri d’équipe avec le mot Serpentard dedans, que Lennox se contenta de murmurer au moment de le crier – la gêne, toujours cette même gêne qui le forçait à être autant refermé sur lui-même. Il était parmi les six joueurs à jouer cette première partie et il se positionna en ligne, face à Carter qui était visiblement lui aussi poursuiveur puisqu’il portait le même bandeau blanc que lui autour de la tête. De ce qu’il avait compris, lui, son objectif, était de rentrer le souafle dans les buts en forme de cercle, et d’éviter de se prendre un cognard dessus. Ce serait la catastrophe.

C’est vrai qu’il était étrange de rencontrer quelqu’un de cette manière. Surtout qu’on t’arrêtes alors que tu faisais ton footing, d’habitude tu étais imperturbable et tu continuais ta route quoi qu’il pouvait se passer. Mais tu t’étais laissé allé cette fois, comme le trentenaire en face de toi. Et vous aviez suivi les deux adolescents pour jouer à leur jeu. Quand tu raconteras à Tahlia que tu avais joué au quidditch, jamais elle ne te croira, c’est certain, elle pensera même que tu te fou d’elle. « Oh, ça va être dur à avaler je pense » dis-tu avant de rire légèrement. Bizarrement, tu étais à l’aise. Toi, l’homme aigri qui n’aime pas bouger et sortir habituellement. Mais aujourd’hui, tu avais envie de faire autre chose, de sortir de ta routine. Lorsque Lennox te souhaita bonne chance à son tour, tu allais vers ton équipe qui arborait les couleurs de Gryffondor. Il écouta alors ces jeunes qui élaboraient une grande stratégie qui te faisait intérieurement rire parce qu’on aurait dit qu’ils jouaient leur vie dans ce match. Ils attribuèrent tour à tour les rôles que chacun avaient dans l’équipe et on te donna un abandon blanc que tu devais mettre sur ta tête. Tu étais un poursuiveur, bon pourquoi pas après tout. Tu n’aurais pas voulu être un attrapeur, ça aurait été surement trop compliqué. Et puis ça enlève la magie de Harry Potter, parce qu’il n’y avait pas de balles qui bougeait toute seule le long du terrain. Alors tu te dirigeais sur le terrain avec ton balais entre les jambes et ton dossard rouge et jaune sur le dos et ton abandon sur la tête. Ok, tu espérais là que personne de ton entourage ne te croiserait. Parce que tu ressemblais réellement à rien, et qu’on te penserait jamais que tu sois sur ce terrain pour faire une partie d’un jeu inspiré d’un film. Bon, qu’importe, le coup d’envoi était lancé et tu te sentais mal à l’aise mais tu te prêtais rapidement au jeu et ça c’était pour les jeunes avec qui tu jouais que tu faisais ça.

Lennox se contenta d’hocher la tête lorsque l’homme en face de lui acquiesça à ses propres paroles. Un sourire se dessina malgré tout sur son visage, surtout parce qu’il s’imaginait la tête que ferait Andreas quand il le lui raconterait. C’était un peu comme le seul point positif qu’il pouvait actuellement ressortir de cette expérience : ça lui ferait une histoire à raconter à son amoureux, une histoire assez drôle en plus, ce qui ferait changement de toutes les idées noires qui pouvaient traverser l’esprit de Lennox. Sans doute qu’Andreas, sans toutefois le dire, se réjouirait qu’une bande d’adolescents aient osé aborder Lennox pour ce jeu débile. Lui-même se retenait sans doute assez souvent de proposer de telles activités à Lennox, sachant fort bien que ce dernier n’en profiterait pas, ou refuserait tout simplement. Andreas y verrait une chance d’essayer de nouveaux trucs, de le faire rire. Il était comme ça. Bref, le notaire se rendit sur le terrain où il rencontra les membres de son équipe qui n’hésitèrent pas une seule seconde à lui attribuer un rôle bien trop important pour son manque d’expérience. Bandeau blanc noué autour de la tête, dossard vert et blanc sur le corps, Lennox positionna enfin son balai entre les jambes en secouant doucement la tête de droite à gauche, presque imperceptiblement. Qu’est-ce qu’il était en train de foutre et surtout, de quoi avait-il l’air ? Il y avait peut-être des caméras cachées, qui sait, et on se moquerait de lui pendant les mois à venir. À cette idée, Lennox sentit son cœur se nouer et son estomac se retourner, mais il chassa l’angoisse. Ce n’était pas le moment de faire une crise de panique, ce n’était qu’un jeu et pour une belle cause en plus. Lorsque le coup d’envoi fut lancé, le notaire prit quelques secondes avant de reprendre ses esprits. Quand il commença à courir, le souafle était déjà pris par l’autre équipe et pire encore, Lennox se prit un cognard dans le dos. On lui cria de retourner aux cercles de son équipe avant de pouvoir revenir sur le jeu, et il s’exécuta, ne comprenant absolument rien des règles. Cette première manche fut honnêtement un échec total pour Lennox et d’ailleurs, bien vite, on le somma d’aller s’asseoir alors qu’un des deux autres poursuiveurs prit sa place. Il secoua la tête quand le dénommé Carter vint le rejoindre alors qu’une autre manche débutait. « Je me souviens maintenant pourquoi je ne fais pas de sport d’équipe. Ni de sport du tout, en fait. » Il eut un léger rire, preuve qu’au moins, il ne vivait pas ce moment de manière trop difficile.