elijah ∇ need help

Passer une nouvelle soirée avec Eirik, prendre un verre, encore, discuter, encore et en avoir envie, surtout. Elijah n'expliquait pas ce besoin qu'il avait de revoir ce gamin à la tignasse blonde, aux yeux trop bleus et à l'assurance affirmée haut et fort pour cacher tant bien que mal son manque de confiance en lui. Il avait ce quelque chose qui lui plaisait, indéniablement, les messages qu'ils s'étaient échangés au fil des jours tout comme leur rendez-vous manqué quand Eirik était venu aider pour le site internet, l'avaient confirmés. Il lui avait même proposé de servir de modèle pour sa marque, comme si de rien n'était alors qu’inconsciemment il mourrait d'envie d'admirer le corps de cet homme dans ses créations. Il lui plaisait et ça lui foutait la trouille. Parce que jamais il ne s'était autorisé à aller aussi loin dans la recherche de contact avec un homme et il ne savait fichtrement pas pourquoi il se bornait à continuer sur ce chemin-là avec celui-là, pourquoi lui, plus qu'un autre, pourquoi, ce simple mot qu'il se martelait sans cesse depuis des jours, pourquoi ? Alors il voulait en avoir le cœur net, il voulait mettre un mot sur cette sensation qu'il n'expliquait pas, aussi dérangeante qu'agréable lorsqu'il pensait à ce garçon. Stuart avait donc eut hâte, toute la journée, d'arriver à dix-huit heures, pour une fois, la première depuis qu'il avait pris possession de son nouveau poste, il n'avait pas cherché à quitter le travail à pas d'heure, dès le matin il avait envoyé un message à Eirik pour lui donner l'endroit et l'heure du rendez-vous et quand ce dernier avait accepté, il n'avait pas été très productif. Puis dix-sept heure trente était arrivé et là il n'était plus bon à rien. Alors il avait quitté son costume chic pour passer une tenue plus confortable qu'il avait apporté au bureau pour l'occasion et puis il était sorti, préférant marcher jusqu'au lieu de rendez-vous, ce n'était pas bien loin de son immeuble et puis ça lui ferait prendre l'air histoire d'avoir les idées bien en place. Il avait marché d'un bon pas jusqu'à une ruelle qui attira son attention par les bruits qui en ressortaient. Elijah tourna la tête et remarqua la scène, un homme, un peu plus grand que lui peut-être, qui plaquait quelqu'un contre un mur, quelqu'un qu'il reconnu rapidement à la couleur singulière de sa chevelure. Pris d'un frisson d'effroi, effrayé pour la vie d'Erik, Elijah paniqua, il sorti son téléphone, d'instinct puis s'approcha des deux autres sans réfléchir. Police, les mains en l'air ! Il avait parlé fort, d'un ton autoritaire, pourtant l'agresseur n'aurait qu'à se retourner pour voir qu'il n'avait rien d'un flic, il n'avait même pas de plaque. L'autre se retourna alors. Pour qui tu te prends ? De quoi tu te mêles ? L’œil mauvais il le fixa froidement et Elijah sentait bien qu'il ne faudrait pas grand chose pour qu'il se prenne son poing dans la figure. Il n'avait rien d'un bagarreur, rien d'un héros, pourtant il venait de se mettre dans le pétrin pour sauver son pseudo crush, bravo l'artiste ! Il ne se démonta pas pour autant et soutenant son regard Stuart s'approcha aussi du caïd, son téléphone en évidence. J'suis peut-être pas flic mais je viens de les appeler, ils seront là d'ici quelques secondes. Alors tu ferais mieux de te barrer avant que ça tourne mal pour toi. L'autre n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche q'une sirène retentit, prenant peur, il s'éloigna en courant, laissant les deux hommes se regarde le cœur battant de stupeur à cause de cette mauvaise rencontre. C'était un concours de circonstances, la chance qui tombait pile au bon moment, pourtant la sirène n'avait rien à voir avec une voiture de police, c'était plutôt une ambulance qui traversait le carrefour à côté, mais ça, la petite frappe ne le savait pas. Ca va toi ? Tu n'as rien ? La pression redescendait petit à petit, Elijah retrouvait ses esprits.

C'était la seconde fois depuis son retour dans cette ville qu'Elijah jouait au chevalier en armure pour dégager quelqu'un des ennuies. Pourtant on ne pouvait pas dire qu'il soit réellement taillé pour ça, le couturier. Pas du genre à se mettre dans les emmerdes, il les évitait proprement, détestant se battre, il était même plutôt mauvais pour ça, il avait trop peur de se blesser et de finir par se faire tabasser. Il lui était arrivé de donner des coups, rarement, dans sa jeunesse, lorsqu'il était encore assez fou et assez fougueux pour se croire au dessus de tout. Depuis il s'était assagit. Mais il fallait croire que le monde tournait à l'envers, sa sœur était une escort aux clients trop entreprenants et il fondait devant un mec qui se faisait agresser en pleine rue. Mais il avait vraiment eu peur pour lui, pour Eirik, que le délinquant ne lui fasse du mal, qu'il ait une arme ou qu'il soit simplement capable de lui refaire le portrait à coups de poings. Face à ça il n'avait écouté que son maigre courage, ou sa folie, appelez ça comme vous voulez, et il avait volé dans les ailes de l'agresseur. Et il fallait croire que son culot et une bonne dose de chance avaient eut raison de ce garçon qui prenait déjà ses jambes à son cou. Le blond était sous le choc, Stuart le voyait bien, alors lui aussi se trouva paralysé face à lui, incapable de savoir quoi faire après ça. Ce fut finalement Eirik qui brisa la glace, laissant Elijah bras ballants alors qu'il le prenait dans ses bras. L'australien n'était pas du genre tactile, surtout pas pour faire des câlins. Mais il accueillit la chaleur du jeune homme avec une bouffée de soulagement, réalisant que tout allait bien. Il referma alors doucement ses bras contre le dos d'Eirik et sourit pour lui-même. Je ne m'ennuie pas avec toi ! Tu as le don pour te mettre dans des situations délicates. Il faisait référence au verre qu'il avait renversé sur sa chemise, décidément, chacune de leurs rencontres étaient pimentées. Je crois qu'on a mérité ce verre, ça va nous faire du bien. Il osa plonger ses yeux dans les siens et lui sourire avec douceur.

Certainement que cette façon que le blond avait eu de prendre Eli dans ses bras l'était pas la meilleure méthode pour le mettre à l'aise. Un peu crispé, il avait tout de même refermé ses bras autour de lui mais plus parce qu'il ne savait pas quoi en faire que par réelle envie de lui rendre cette étreinte. Pourtant il en pouvait nier qu'elle était agréable, sûrement un peu trop d'ailleurs, de cette façon il pouvait sentir son parfum discret, ses cheveux lui chatouiller la nuque et même un peu de sa peau qui semblait douce, de quoi faire battre son palpitant un tout petit peu trop vite, déjà qu'il venait vivre une émotion forte, il ne fallait pas trop en ajouter. Alors comme pour rompre ce moment qui allait finir par devenir franchement dérangeant, Elijah sortit un peu d'humour, de quoi faire s'éloigner un peu Eirik pour lui faire face et lui faire comprendre qu'il n'était pas super tactile, sans forcément le froisser. Sois pas désolé, c'est pas de ta faute ça non plus. Sûrement qu'il avait raison l'autre fois, il attirait toujours les ennuies. Enfin ce n'était pas pour le couturier que c'était le plus dérangeant mais bien pour Eirik, qui venait tout de même de se faire braquer. Il se confondit une nouvelle fois en excuses et le barbu bafouilla. Oh c'est... c'est. Disons que c'était l'émotion ! Sauf qu'ils savaient tous les deux, au fond, que c'était un peu plus que ça, Elijha ne voulait juste pas voir les choses de cette façon. Le bar était effectivement tout près, une fois sortie de leur allée ils n'eurent que quelques pas à faire avant d'entrer. Ils trouvèrent une petite table au fond et s'installèrent, tous les deux encore un peu chamboulés. Oui, j'avais pas trop la tête à travailler. Mais pourquoi il lui avait dit ça ? Eirik était curieux, il pourrait le questionner sur les raisons de son manque de motivation. Sauf que la raison principale, la seule en fait, c'était lui, alors autant changer de sujet, peut-être que ça marcherait. Qu'est-ce qu'il te voulait ton agresseur ? Il ne t'a pas fait mal ? Tu veux porter plainte ? S'il le fallait il pourrait passer un coup de téléphone à Tahlia, elle pourrait l'aider.

Eirik en faisait trop, il pensait vraiment qu'Elijah était son sauveur alors qu'en vérité, pour tout ce qu'il citait, ou presque, il avait simplement été au bon endroit au bon moment, juste de la chance en quelque sorte, pour celui qui se disait si malchanceux, d'avoir cet homme là sur sa route. Concernant le site web, après tout c'était surtout Eli qui devrait remercier le blond de l'avoir sorti du pétrin alors que sa propre équipe informatique était incapable de l'aider à ce moment là. Et pour la proposition de mannequina, une nouvelle fois le couturier s'estimait chanceux d'avoir croisé un si bel homme qui semblait avoir tous les atouts pour représenter sa marque. En plus rien n'était encore fait, alors Eirik n'avait vraiment pas à le remercier pour tout ça. On pourrait simplement dire que le destin était bien joueur, à les rapprocher toujours l'un de l'autre au moment opportun, comme s'il avait fallu qu'ils se rencontrent, comme s'ils devaient se revoir, c'était un signe, ou plusieurs même. Soit tu me remercies soit tu songes au fait que je suis peut-être une sorte de pervers qui cherche à t'accaparer de plein de façons différentes, c'est selon le point de vue je dirais... Il sourit, un peu moqueur, histoire de détendre un peu l'histoire, Eirik n'avait vraiment pas à se sentir si redevable envers Elijah. Contente-toi de passer un bon moment avec moi, comme l'autre soir et on sera quitte ! Il n'avait pas besoin d'égarer son téléphone pour que les choses soient équitables. Stuart avait vraiment cru qu'il avait réussi à changer de sujet, mais visiblement le gamin avait de la mémoire. Il sourit en coin en le fixant d'un œil un peu trop brillant. Si, ça va. J'avais la tête ailleurs. Il soupira en se calant contre son siège, soutenant le regard du blond qui semblait attendre une réponse plus précise. Pour tout dire j'ai la tête ailleurs depuis que je t'ai rencontré je crois. C'est un peu bête j'avoue. J'comprends pas. Non, il ne comprenait vraiment pas, pourquoi, comment il pouvait se laisser distraire par cet homme, par la puissance de son regard et le souvenir de son sourire, c'était stupide, il se sentait tellement con. Et encore plus de le lui avoir dit.

Il était très probable qu'Eirik soit gay, en fait, Elijah ne s'était pas tellement posé la question, ce n'était pas ce à quoi il pensait en premier en rencontrant quelqu'un, son orientation sexuelle ne le regardait pas, tout simplement. Il s'était plusieurs fois fait aborder par des hommes et à chaque fois il les avait repoussé sans être désagréable non plus, il avait de trop mauvais souvenirs de son père qui rejetait totalement les homosexuels, jugeant que c'était contre-nature, surtout lorsqu'il avait surpris son propre fils bouche contre bouche avec un de ses camarades. Il se souvenait encore de la gifle qu'il avait reçu et de la façon dont il avait insulté celui qui avait été son ami. Depuis il se tenait simplement éloigné de tout problème en se rangeant du côté des hétéros, sortant avec des filles, il avait même failli en épouser une, pas plus loin que quelques mois plus tôt, sa copine depuis des années, même si leur relation était quelque peu particulière, c'était une femme, très belle, avec qui il allait parfaitement, bien, personne ne pouvait alors douter de son orientation. Pourtant lorsqu'il regardait le grand blond qui lui faisait face, lorsqu'il pensait à lui, il ne pouvait nier que son pouls s'accélérait et que cette sensation, bien que dérangeante, était agréable. A présent le jeune homme en restait comme deux ronds de flan, à le fixer interdit et Stuart se sentait d'autant plus con de ne pas avoir tenu sa langue. C'est rien, ne bafouille pas pour ça. Malaise... Visiblement Eirik ne savait pas quoi dire, à priori ça ne semblait pas lui faire plaisir et Elijah n'avait qu'une envie, se terrer dans un trou de souris. Lui, le grand couturier qui en imposait tant face au jeune geek, il perdait de sa superbe à vue d’œil. Le serveur vint prendre leur commande, cassant un peu ce moment gênant. Quand Eirik prit une simple bière, Eli commanda un cocktail assez fort à base de rhum, il en aurait bien besoin. Ils reprirent donc leur conversation, du moins Eirik se posait des questions, auxquelles Elijah n'avait pas vraiment de réponses. Seconde pause quand le serveur apporta leurs boissons, le blond se jeta sur sa bière, ce qui fit sourire Eli. Non. Je ne sais pas non plus ce que ça veut dire. Je ne suis pas gay, si c'est ta question. J'ai juste l'impression d'être un gamin de dix-sept ans quand je te regarde. C'est perturbant. Il attrapa à son tour son cocktail pour y goutter, redoutant la réponse d'Eirik, c'était stupide mais il avait peur de se faire rejeter ou moquer.

Les quelques fois qu'Elijah s'était trouvé face à un homme qui l'attirait, il avait gardé ce sentiment pour lui, il l'avait refoulé en se disant qu'il avait simplement l’œil objectif du couturier, quand l'attirance était vraiment forte il choisissait la fille la plus jolie qu'il pouvait trouver et la ramenait chez lui pour finir la soirée. De cette façon il oubliait toute mauvaise pensée. Mais depuis qu'il était de retour à Bowen, depuis qu'il avait croisé le regard d'Eirik, il se sentait différent, lorsqu'il sortait le soir il ne trouvait personne à ramener dans son lit, en vérité il n'en avait pas envie. C'était peut-être son travail qui lui prenait bien trop de temps et qui l'épuisait trop, peut-être ce changement de vie qui le chamboulait plus qu'il ne voulait l'admettre. Ou simplement le fait que ce garçon le touche bien plus qu'aucun autre, pour des raisons qu'il n'expliquait pas. Toujours est-il qu'il se trouvait là, face à lui ce soir, après lui avoir sauvé la mise dans la rue, après avoir eu peur pour lui et qu'il lui avouait être troublé. Eirik, clairement gay, ça ne faisait plus aucun doute en entendant ses paroles, ne semblait pas réussir à suivre Eli. Tu veux que je te dise que je suis homo ? Non je ne le suis pas. Il soupira alors, légèrement irrité alors qu'il était à l’initiative de ce malaise entre eux et de l'incompréhension du jeune homme. Lui qui s'était toujours tenu éloigné de toute ébauche de sentiments envers un homme, lui qui avait aimé des femmes, réellement, il se retrouvait face à sa plus grande angoisse et avait comme l'impression que l'ombre de son père planait dans son dos, menaçante. Tu as raison, de toute façon c'est idiot, j'ai quelqu'un. Il termina son cocktail d'une traite et en eut un peu la tête à l'envers puis se leva d'un bon, les consos étaient déjà réglées. Je n'ai rien à faire là ce soir, je ne sais pas ce que je cherche. L'ombre l'écrasait, l'étouffait, il se trouvait stupide face à Eirik qui assumait parfaitement son homosexualité, lui, il n'arrivait pas à imaginer ce genre de choses et même si l'envie était forte, de goutter à ses lèvres, il avait en lui comme un dégoût profond pour cette envie là. Pardon de te planter là. Et aussi vite qu'ils étaient arrivés, Elijah était déjà prêt à déguerpir pour prendre ses jambes à son cou.

Eirik n'avait rien gâché du tout, c'est bien Elijah qui ne savait pas ce qu'il voulait. Il se battait depuis des années contre des démons bien trop grands, contre des peurs qui le submergeaient, l'empêchaient d'avancer et le pauvre blond n'y pouvait rien, c'était au couturier de se libérer de ses chaines, d'assumer ce qu'il refusait de voir, de se montrer homme, pour une fois une seule, celle qui changerait toute sa perception de lui-même. Mais très honnêtement le chemin était encore long, il fallait le voir, flipper comme un gosse, face à ces sentiments qu'il ne voulait pas ressentir. Il aurait aimé être aussi libre dans sa façon d'aimer que dans ses choix professionnels, quand personne n'avait cru en ses délires de couture et ses envies de grandeur, il avait simplement tout envoyé promené, tourné le dos à ceux qui ne croyaient pas en lui, il avait tracé sa route lui-même et ça lui avait plutôt bien réussi. Mais il fallait croire que ce n'était pas la même chose et s'il était capable d'assumer sa carrière, il n'assumait pas tous ses coups de cœur, même à une époque ou le fait de craquer pour un homme quand on en était un soi-même n'était plus un tel fardeau à porter. Tu l'as ton téléphone. Répliqua-t-il un peu trop sèchement. Eirik était actif sur les réseaux sociaux et il avait à priori une activité importante sur son téléphone, comme Eli l'avait remarqué l'après-midi où il avait gardé l'objet qui n'avait pas arrêté de sonner, c'était sûrement pour ça qu'il voulait à tout pris le récupérer. Mais entre retrouver un portable perdu et accepter un rendez-vous amoureux ce n'était pas du tout la même chose. Je t'ai proposé d'être modèle parce que tu me plais, mais faut pas te sentir obligé. C'est pas un job qui te fera gagner ta vie, pas ici à Bowen. Puis ça impliquera qu'on se voit. Et finalement j'suis pas certain de le vouloir. Il se tenait toujours debout face au blond qui semblait prendre une douche froide. Elijah pouvait être con quand il voulait et le pauvre Eirik en faisait les frais, simplement parce qu'il était un peu trop à son goût.