hélios ∇ give me your hand

"T'es mon ami." le sms d'Eirik avait un gout amer et Hélios se faisait du mal en le relisant. Il ne comprenait même pas pourquoi ça l’atteignait autant. Est ce qu'il avait commencé à éprouver des sentiments ? Peut être bien. C'était ça alors une déception amoureuse ? Ça te mettait six pied sous terre ? Il préférait autant être défoncé. Il prépara son matériel et s'enfonça les aiguilles dans son bras, fermant les yeux, laissant la drogue circuler dans ses veines. Il se sentait partir, mais la douleur ne partait pas et Eirik non plus d'ailleurs. Ses chiens s'inquiétaient, ils étaient agités mais ils avaient tous compris qu'il fallait lui laisser un peu d'espace.

Quelques heures s'étaient écoulés et il avait finit par lui renvoyer un message, il voulait le voir, lui balancer tout ce qu'il avait sur le cœur. Ça irait peut être mieux après qui sait ? Ou bien ça empirerait les choses. Son cerveau n'était pas vraiment en état de réfléchir, si il devait regretter, ce ne serait que le lendemain. Il entendait finalement plusieurs coups à la porte, sans vraiment trop réagir, un peu trop défoncé. La voix d'Eirik le ramena cependant à la réalité. Il essuya les quelques larmes qui avaient coulées sur ses joues sans s'en rendre compte et déverrouilla au jeune homme. Entre. dit-il simplement en ouvrant la porte et en se reposant sur son canapé.

Il se retrouvait donc face à celui qui lui piétinait le cœur sans même le savoir. Il regardait Eirik d'un air triste, peut être même un peu plus brisé que d'habitude. Une solution ? Il y avait vraiment une solution à un cœur brisé ? C'était le problème d'être borderline, Hélios ressentait tout de façon extrême. Alors si un chagrin d'amour n'est rien pour certaine personne, c'est son monde entier qui s'écroule pour lui. Il secoua la tête. Tu te doutes vraiment de rien, c'est ça ? Il fit une pause, avalant sa salive. On aurait jamais du coucher ensemble Eirik. Il baissa les yeux.

Et pas parce que ça me dégoûtes, mais parce que j'ai pas envie d'être juste ton ami. T'es venu bouleverser ma vie comme ça, sans que je m'y attendes, et j'ai pris mes sentiments pour toi en pleine gueule, plus vite qu'un battement de cœur. C'est assez clair pour toi dit comme ça ou t'as besoin d'un dessin ? Il soupira. Il détestait ce sentir aussi vulnérable à cause de quelqu'un. Il détestait avoir besoin de quelqu'un pour dessiner un sourire sur son visage. Il détestait que quelqu'un rentre dans le chaos infernal de sa misérable vie.

C'est facile d'être désolé. dit-il sèchement avant d'adoucir son regard envers le norvégien. Il ne voulait pas être aussi dur, mais ça aussi c'était nouveau pour lui. Il n'était jamais tombé amoureux après tout. Et ses premiers sentiments étaient friendzoné. Il avait vraiment une vie pourrie décidément.

Ses mots d'après lui firent encore plus de mal qu'autre chose. J'me vois pas avec toi. Aïe, comme si c'était pas assez, le blond enfonçait le couteau dans la plaie. En même temps, pourquoi il voudrait de lui ? Il n'était qu'un pauvre drogué, perdu dans sa peine. T'étais pas obligé de m'laisser t'embrasser tu vois. T'avais pitié de moi ? demanda-t-il en regardant Eirik, le regard soudainement sérieux. Hélios secoua négativement la tête. J'ai aucune envie que tu sortes de ma vie espèce d'idiot. Il avait les yeux rougis, quelques larmes sortaient de temps en temps. Il ne voulait pas imaginer à quoi il ressemblait en ce moment même. Entre la drogue, la tristesse et la colère et peut être un peu de dépit aussi, il se serait fait peur tout seul. Il essayait cependant de se calmer. Ecoute, je sais que je suis pas facile, mais là je t'ai appeler parce que j'ai besoin de toi, pas pour que tu m'abandonnes.

Il ne savait pas vraiment pourquoi il lui avait dit de venir finalement. Ça aurait sans doute était plus simple par texto. Là, il se retrouvait comme un abruti, les yeux rougis et Eirik ne sachant pas quoi faire. Il s'en voulait de le mettre dans une telle position mais c'était de sa faute après tout. Non ? Il savait bien que non au fond, mais, c'était moins douloureux de rejeter la faute sur le blond qui le rendait fou. J'y vois pas plus clair. dit-il en secouant la tête. J'ressens des trucs pour toi, mais c'est pas pour ça que j'regarde les autres mecs, tu vois. dit-il en haussant les épaules. Il y avait quand même un point positif dans cette histoire, aussi triste soit-il. C'est qu'il avait sentit son cœur se briser. Il s'était brisé alors qu'il le croyait mort puisqu'il n'avait encore jamais ressentit quelque chose pour quelqu'un de cette façon là. Tu sais, tu peux le dire que c'est surtout parce que je ne suis qu'un pauvre connard de drogué. dit-il en plantant son regard brisé dans celui du jeune norvégien. Je sais pas ce que tu peux faire. dit-il complètement perdu. Il aimerait que se soit aussi simple, pouvoir le balayer de sa vie et de son cœur en un claquement de doigts.

Tu peux pas me dire ça Eirik, ça serais me faire espérer qu'un jour tu puisse t'intéresser à moi. Me faire espérer dans le vide et ça, ça c'est cruel. lui dit-il d'un regard accusateur. Il s'alluma une clope pour se détendre, tirant une latte, puis deux, les mains tremblantes. Qui voudrait d'un mec aussi déchiré que moi ? demanda-t-il en se parlant presque à lui même. J'suis tellement proche de mes démons que j'pourrais leur donner des prénoms. Il se demandait bien à quoi ça rimait d'être amoureux ? Finalement il était très bien à n'arriver à rien ressentir pour personne. C'était tellement plus simple et en une seule soirée tout était devenu tellement plus compliqué. Si il avait su, ce soir là il serait resté tout seul à piquer sa crise. Ou alors il serait partit bien avant, cela lui aurait éviter bien des tourments. J'aurais mieux fait de me barrer, j'crois bien. dit-il tristement. Certes, il aurait peut être déçu le jeune homme sur le moment, mais il s'en serait remit. Eirik était tellement beau, il n'aurait pas de mal à trouver chaussure à son pied.

Il secoua la tête, ne préférant pas répondre. Si c'était donné de l'espoir en quelque sorte. Si Hélios se raccrochait à ça parce qu'il "ne savait pas de quoi demain sera fait" il foncerait droit dans un mur et il le savait très bien au fond. Pourtant, il était bien partit pour resté accrocher un moment à ce garçon. Ouais, tu devrais y aller. lui dit-il en soupirant, tout en continuant de tirer sur sa cigarette. Pour le moment, il avait un peu de mal à concevoir qu'Eirik pouvait tenir à lui. En réalité il avait du mal à concevoir la situation entière tout court. D'autant plus qu'il était complètement défoncé, peut être que demain il y verrait plus clair. Peut être pas d'ailleurs, mais là, il valait mieux autant pour Eirik que pour lui, qu'il soit seul. C'était une mauvaise idée qu'il lui ait dit de venir, mais au moins, c'était clair entre les deux jeunes hommes. Même si ce n'était pas la réponse qu'Hélios attendait, même si il avait l'impression qu'on lui piétinait le cœur et surtout même si il mourrait d'envie d'embrasser Eirik. Il voulait tout autant qu'il parte, pour ce soir du moins.