chevalothérapie [Théo]

Sa rupture avec Xavier était bien plus dure à surmonter qu'elle ne l'aurait pensé. Enfin, il faut dire, elle n'y avait pas pensé une seule seconde. Ça lui était tombé dessus, comme ça, sans prévenir. Il lui avait écrit un mot, et puis il était parti, sans lui laisser la possibilité de choisir. Il avait décidé pour eux deux, décidé pour elle, ce qu'elle devait ressentir. Elle était en colère, un peu, mais triste, surtout.

Elle ne savait pas comment se consoler, Annushka. Elle cherchait du réconfort dans à peu prés tout. Elle regardait la télé, et l'éteignait en tombant sur des films romantiques. Elle se morfondait, seule, dans le pelage de son chat sûrement, qui devait trouver qu'il avait bien assez épongé ses pleurs comme ça, lui qui n'avait rien à voir avec tout ça, lui qui avait toujours été là pour elle. Elle se disait que peut-être les animaux pourraient lui donner un peu de réconfort, au moins eux ne pourraient pas se lasser de l'entendre pleurnicher. Elle s'était donc rendu une première fois au centre équestre, non pas pour monter mais seulement pour câliner les chevaux à travers la porte de leur boxe. Puis elle était revenu, plusieurs fois, se sentant un peu mieux.

Au fil de ses visites, elle avait fini par tomber sur Théo. Elle ne savait pas exactement ce qu'il faisait, pour elle, il s'occupait juste des chevaux. Il faut dire qu'elle n'avait pas une connaissance approfondit du monde de l'équitation. Mais, ça lui avait fait du bien de parler un peu avec lui, de tout et de rien, et d'en apprendre un peu plus sur les chevaux.

Aujourd'hui, elle s'était donc rendu une fois plus dans au centre équestre. Alors qu'elle caressait les têtes qui sortaient pour la saluer, elle aperçut Théo un peu plus loin, elle s'approcha donc de lui, un mince sourire sur les lèvres. Quand elle était là, elle se sentait un peu mieux.

-Coucou, j'ai amené des carottes, je peux leur donner ?

Depuis quelques temps, il y avait cette fille qui venait au club pour voir les chevaux. Elle semblait être triste et désemparée. Alors tu ne voyais pas pourquoi tu devais la chasser de cet endroit. Pour toi, il était tout autant réconfortant. Et tu aimais voir que les gens se sentaient bien dans ce haras. Les animaux apportaient une joie immense, et un bonheur hors norme. Et tu avais fini par discuter avec elle, malgré le fait que tu n’aimes pas trop te socialiser avec les gens. Trop introverti comme garçon. Mais la voir trouver bonheur près de ces animaux que tu aimes tant, tu n’avais pu t’empêcher de parler avec elle. Tu ne savais pas pourquoi elle venait, vous parliez de la pluie et du beau temps, souvent. Mais là, aujourd’hui, elle était de retour avec des petites gâteries pour les animaux. Tu la voyais arriver vers toi et tu la saluas à ton tour. « Salut, Annushka, ça fait plaisir de te voir » dis-tu avec un mince sourire sur tes lèvres. Tu posas tes instruments que tu utilisais pour nettoyer les box et tu enlevais tes gants. Tu avais fini ta rangée, tu pouvais te permettre une petite pause en charmante compagnie. « Bien sûr, ils adorent ça. N’hésites pas » dis-tu toujours avec ce sourire sur les lèvres. Tu pris une cigarette dans ton paquet qui était dans ta poche et tu la calas entre tes lèvres. Après l’avoir allumé, tu te posais en face du box où elle était et la brune donnait la carotte à un cheval, qui n’était autre que le tien d’ailleurs. « Il adore ça en plus, je vais devoir lui en donner tous les jours » dis-tu avant de lâcher un petit rire.

Annushka n'avait pas encore osé parler de ses véritables peines à Théo, mais il ne semblait pas lui demander non plus. Elle venait ici pour essayer de se changer les idées, plutôt que de pleurer encore et encore sur son sort. Et ça marchait plutôt. Elle sourit, réellement contente de son accueil.

-Je suis contente de te voir aussi.

Même si câliner les chevaux était réconfortant, ils avaient rarement beaucoup de conversation, par la force des choses. Il lui dit de ne pas hésiter à leur donner les friandises qu'elle avait amené, toute heureuse, elle cassa un bout de carotte pour le tendre au cheval dont le boxe était juste à côté d'elle avant de se retourner vers Théo.

-S'il n'y a que moi qui lui en donne, il sera encore plus heureux de me voir !

Elle rit, l'accompagnant dans son rire. Son regard, cependant, croisa la cigarette qu'il avait dans la bouche. Annushka étant ce qu'elle était, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour les autres.

-Tu devrais faire attention à ta santé. Sinon je vais te donner des carottes à toi aussi.

Elle pointa la carotte vers lui, faisant semblant d'être menaçante, avant de gratouiller les naseaux du cheval.

-Ils vont tous bien ?

La Russe ne pouvait s'empêcher de prendre des nouvelles des pensionnaires.

La présence d’Annushka était un réel bonheur. Elle ne faisait que venir voir les chevaux pour se sentir mieux, d’après ce que tu avais compris. Et tu n’avais pas envie d’en savoir plus, parce que c’était sa vie privée et que tu ne voulais pas t’immiscer dans celle-ci. Si elle sentait le besoin de t’en parler, tu serais une bonne oreille pour l’écouter, évidemment. Mais si elle ne le voulait pas, tu comprendrais son choix. Lorsqu’elle te dit qu’elle était aussi contente de te voir, tu souris à son égard. La russe était entrain de donner une carotte à ton cheval, et tu n’avais pas pu t’empêcher de lâcher un commentaire là dessus. « Il est toujours content de te voir, tu sais » dis-tu alors que tu venais de sortir une cigarette de ton paquet. Ton rire joint le sien et tu allumais cette clope que tu avais coincé entre tes lèvres quelques secondes plus tôt. Tu la voyais pointer la carotte devant toi, ce qui te faisait encore plus rire. Mais la danseuse s’inquiétait pour toi, et tu trouvais ça tellement adorable. « Ne t’inquiète pas pour moi, j’en mange déjà plein des carottes. J’en ai pas besoin » finis-tu par dire sur le ton de la blague. Non, tu n’allais pas dire que tu étais une cause perdue, parce que ça aurait à l’excès de dire ça. Et elle n’avait pas forcément envie de s’immiscer, elle non plus, dans ta vie privée. « Oui, ils vont tous bien. Surtout depuis que tu viens les voir plus souvent, ils vont encore mieux » répondis-tu à la brune en lui adressant un clin d’oeil. C’était rare de te voir comme ça, tout sourire et en étant avenant avec les gens. Mais tu te sentais à l’aise, et tu n’avais pas besoin de te mettre des barrières.

Elle sourit quand Theo lui dit que son cheval était toujours content de la voir. Les animaux étaient si purs. Ils n'avaient pas cet intéressement qu'avait une bonne partie de l'espèce humaine. Certains agissaient seulement dans le but de voir les êtres auxquels ils tenaient, heureux. Cependant, Annushka fit la moue à sa réponse. Il savait très bien qu'elle ne parlait pas de ça, elle était sûre qu'il le faisait exprès. Est-ce que c'était un sujet qui le mettait mal à l'aise ? Ce n'était pas ce que la jeune femme voulait, elle voulait seulement qui ne lui arrive rien.

-Les carottes ça ne m'inquiète pas vraiment... Je ne trouve pas que tu manques de politesse.

C'était l'expression, non ? ou quelque chose qui ressemble ? Les carottes rendent... bref. Annushka en perdait un peu son anglais.
Elle sourit de nouveau à ses mots, elle ne savait pas s'il était sincère, ou bien s'il disait ça pour lui faire plaisir, mais elle préférait tout de même penser qu'il était sincère.

-Moi aussi je vais mieux depuis que je viens les voir. Toi aussi, ils te font aller mieux ?

Elle ne sous-entendait pas par là que Theo avait des problèmes particuliers. Mais tout le monde avait des hauts et des bas dans sa vie.

Les chevaux étaient des animaux qui aimaient la compagnie des gens, ils étaient toujours plus heureux de voir des gens. Et Annusuhka apportait toujours à manger à Athas alors forcément qu’il était toujours heureux de la revoir, surtout avec une carotte dans les mains. A la phrase de la brune, tu riais légèrement. L’expression disait qu’il fallait manger des carottes pour être aimable. « C’est vrai que j’suis vachement poli quand même » dis-tu en riant légèrement. Tu finissais ta cigarette sur le côté et une fois terminé, tu la jetais à la poubelle. Puis, tu t’avançais vers le box où se trouvait ton animal pour lui caresser la tête. Tu étais toujours plus à l’aise avec les animaux en général qu’avec les humains, et apparemment, c’était la même chose pour la jeune femme. Alors tu souris à l’entente de ce qu’elle venait de dire, en te demandant si toi aussi ça te faisait du bien d’être entourer des chevaux. « Beaucoup mieux, j’me sens bien mieux avec eux qu’avec l’être humain en général » dis-tu en riant légèrement. C’était vrai. Au moins, tu n’avais pas besoin de parler pendant des heures, les animaux captaient ton humeur en général et savaient comment se comporter dans n’importe quelle situation.

Annushka esquissa un sourire à sa réponse.

-Moi je trouve en tout cas.

Elle n'avait pas à se plaindre de la façon dont Theo l'avait accueilli à l'écurie, bien au contraire. Elle se sentait plutôt bien avec les chevaux et lui.
La jeune femme se mordit légèrement la lèvre quand il se rapprocha d'elle pour caresser la tête du cheval. Elle ne savait pas mettre de mots sur sa réaction, sur l'état dans lequel elle était. Mais sûrement que la disparition de Xavier la rendait un peu plus timide qu'auparavant avec les hommes. Et elle était déjà du genre timide. Elle l'écouta et hocha doucement la tête à ses mots. Elle avait connu des gens comme ça, qui se sentaient mieux avec les animaux que les gens. Elle ne pouvait pas dire que c'était exactement son cas, Annushka était une personne sociable. Mais disons que dans ce cas précis, elle n'avait pas réussi à partager ses peines avec d'autres. Ces chevaux avaient été les meilleurs confidents.

-J'aime bien être avec les êtres humains mais... Je trouve ça difficile de partager ses peines avec les autres... Ou même de verbaliser sa tristesse. Je crois que c'est pour ça que je préfère être avec eux et qu'ils me remontent le moral sans avoir besoin de rien dire.

Elle releva la tête vers lui, lui faisant un sourire.

-Mais j'aime bien être avec toi aussi !

Annushka apportait toujours de la bonne humeur dans ta journée. Et tu aimais bien l’avoir dans le coin, tu savais que les animaux l’aimait beaucoup et qu’elle les apaisait. Alors tu lui faisait comprendre. Tu souriais à sa réponse, lorsqu’elle te dit qu’elle te trouvait poli. Tu t’approchais doucement d’Athas pour lui caresser la tête comme tu as l’habitude de faire. T’avais cette impression que les animaux te comprenait toujours mieux que les humains. Et on pouvait te prendre pour un fou, des fois, mais tu parlais des fois tout seul en pensant que les chevaux t’entendaient. C’était stupide, parce que tu parlais tout seul et personne te répondait. Mais au moins, tu pouvais te confier. Ensuite, tu écoutais sa réponse. Et tu acquiesçais en hochant la tête. « Je suis bien d’accord avec toi » répondis-tu toujours en hochant la tête. Tu approuvais totalement sa réponse. « Je trouve qu’on peut bien se confier à un animal plus facilement qu’à un humain… Et puis au moins, l’animal il parle pas et il peuvent pas répéter ce que tu leur dit » dis-tu en portant un regard sur ton cheval. Lorsqu’elle te dis qu’elle aimait bien être avec toi aussi, tu souris en réponse à son sourire. « Tu dois bien être la seule, alors » dis-tu en riant légèrement, te moquant de toi-même. « Moi aussi j’aime bien ta compagnie » ajoutas-tu en lui reportant un sourire bienveillant.

Annushka ne put s'empêcher d'éclater de rire alors qu'il faisait remarquer que les animaux ne pourraient rien répéter de ce qu'on leur révélait. Il n'avait pas tort sur la question, même si, à vrai dire, ça ne lui était jamais venu à l'esprit que quelqu'un à qui elle faisait une confidence aurait pu le répéter. Même si, quand elle était ballerine, les rumeurs allaient bon train dans la troupe, mais elle n'y avait jamais fait vraiment attention.

-C'est vrai que c'est un point important ! On peut leur accorder facilement toute notre confiance.

Elle secoua énergiquement la tête en signe de négation quand il lui dit qu'elle devait être la seule à bien aimer sa compagnie.

-Ça je suis sûre que c'est faux.

Elle sourit en relevant ses yeux vers lui.

-Tu es bien trop gentil pour que je sois la seule humaine à apprécier ta compagnie. Je suis sûre que c'est seulement pas que tu ne laisses pas aux autres le loisir de l'apprécier.

Un sourire sincèrement heureux apparu sur ses lèvres alors qu'il lui retournait le compliment.

-C'est gentil.

Elle leva le regard vers les chevaux avant de le reposer sur Théo.

-Est-ce qu'on peut leur faire faire une petite balade ? A pied j'entends bien sûr...

Les animaux étaient les seules personnes à qui tu confiais tous tes secrets. Et tu savais que personne ne serait au courant. De toute façon, t’avais toujours été plus sociable avec les animaux qu’avec les humains, c’est un fait. Et on te l’avait déjà dit plusieurs fois. On te l’avait même reproché, surtout quand tu avais des petites-amies. Elles trouvaient que tu préférais passer du temps avec ton cheval ou bien même avec ton chat plutôt qu’avec elles. Et c’était vrai aussi d’un côté. « Mais oui, et ils sont très discret » dis-tu en faisant un clin d’oeil à la jeune russe. Tu ris légèrement par la suite. On te prenait pour un fou, des fois, quand tu parlais à ces animaux. Mais Annushka ne semblait pas te prendre pour un taré. « Ca doit être ça, j’m’ouvre pas trop aux gens. A part à mes soeurs et mes meilleures amies. C’est un sacré défaut que j’ai, je crois » dis-tu en passant une main dans tes cheveux. C’est ton plus gros défaut, tu ne fais confiance à personne parce que tu as peur de t’attacher aux gens, c’est horrible. Tu avouas alors à la ballerine que tu airais aussi sa compagnie, et elle t’en remercia. Puis, elle te proposa de faire une balade. « Bien sûr allons-y ! » répondis-tu avec un sourire en te levant de ton banc. Vous commenciez à marcher le long du chemin de forêt qu’il y avait à côté du haras et ça te faisait du bien de sortir un peu de ton boulot, de faire autre chose. « Parles-moi un peu de toi, j’connais pas grand chose sur toi, à part que tu adores les chevaux » répondis-tu avec un léger rire. C’est vrai que finalement, vous n’étiez que des connaissances, et elle semblait adorable alors pourquoi ne pas partager plus avec elle.

Annushka esquissa un petit sourire. Discret ? Ça, ça dépendait dans quel sens. Parce que dans une pièce, on ne risquait pas de les rater. Mais c'est sûr que niveau secrets... Ils étaient sans aucun doute bien gardés avec eux.

A sa remarque sur son ouverture aux autres, la Russe prit le temps de réfléchir quelques minutes. Est-ce que c'était un défaut ? Vis-à-vis de ses amis peut-être, parce qu'on voulait toujours pouvoir comprendre ses amis, pour pouvoir leur venir en aide. Savoir ce qui les rendait heureux et ce qui les tracassait. Mais pour les autres, ceux qui n'étaient que de vagues connaissances, quelle importance ?

-Un sacré défaut... Je ne dirais pas ça. C'est toujours difficile de s'ouvrir, d'assumer d'être vulnérable aux yeux des autres, avoir peur du jugement... Si tu arrives à t'ouvrir à ta famille et à ceux à qui tu tiens, je pense que c'est le principal.

Le sourire de la jeune femme s'élargi alors que Théo acceptait de faire une petite balade avec elle. L'orée de la forêt était agréable. Elle regardait les arbres, cherchait des yeux les oiseaux qui chantaient mais qui savaient fort bien se cacher.

-Eh bien...

Elle rougit tout légèrement à sa demande.

-Je crois que j'adore à peu prés tous les animaux. A vrai dire, je suis végétarienne.

Elle se mit à jouer avec une mèche de ses cheveux, réfléchissant.

-Je suis Russe, mon accent de trompe pas je crois. Et j'étais ballerine jusqu'à ce que j'ai un accident de voiture... Je ne pourrais plus jamais retrouver mon niveau d'avant, alors j'essaye de tourner la page. Un ami m'a embauché dans sa pâtisserie en tant que vendeuse. En vrai, j'aime bien. En plus je peux piquer des gâteaux !

Elle rit avant de lever le regard vers lui.

-Et toi, à part t'occuper des chevaux, qu'est-ce que tu fais ?

Parler aux animaux ça te détendait toujours, et on pouvait surement te prendre pour un fou quand tu le faisais mais t'en avais que faire de ce que pense les autres. Depuis ton enfance, tu avais cette phobie des gens, la peur d'accorder ta confiance trop vite et qu'on te trahisse dans l'instant qui suit. C'est peut-être pour ça que tu es si proche des animaux. « J'ai l'impression que tu lis en moi » dis-tu en riant légèrement. Elle avait raison en tout point, et c'est ce qui te définissais parfaitement. Tu accordais ta confiance en ta famille avant tout mais aussi envers les gens qui t'étaient proche et ça se résumait à Brooke et Aelya. Vous commenciez votre balade dans les bois aux alentours du centre équestre et tu demandais alors à la jeune femme si tu pouvais en savoir un peu plus sur elle, car au fond, tu ne savais rien d'Annushka mis à part qu'elle venait souvent au club pour nourrir les chevaux. « Oh, je suis végétarien moi aussi. Ca nous fait un point commun en plus » dis-tu avec un mince sourire. Il était rare que tu croises des gens qui pensaient comme toi et qui aimaient les animaux au point de ne pas les manger. Tu écoutais ensuite son bref récit de sa vie et tu lui accordais un regard furtif avant de te re-focaliser sur la route. « Ballerine ? Whoa, j'suis impressionné ! Ca te manque pas trop quand même ? » demandas-tu naïvement à la russe. Si on t'enlevait ton métier, de ton côté, tu serais surement perdu à l'heure qu'il est. « Eh bien, je travaille depuis quelques années dans ce haras grâce à mon père. Je suis irlandais d'origine. J'ai une grande soeur et une petite soeur qui représentent énormément pour moi. J'fais aussi du tir à l'arc, c'est ma passion depuis que je suis tout petit » ajoutas-tu pour présenter ton parcours de vie à ton tour.

Annushka eut un petit rire avant un léger rougissement au mots de Theo. La jeune femme était loin d'être une fine psychologue, il faudrait plutôt qu'elle en voie un, pour son bien, d'ailleurs. Mais il y avait des choses qu'elle comprenait, sûrement parce que ça l'atteignait au moins un peu.

-Je ne dirais pas ça non plus... Mais je comprends ce que tu peux ressentir. Au moins, nous ne sommes jamais ridicules devant les animaux.

La balade commençant, un large sourire s'afficha sur le visage d'Annushka alors que son acolyte du jour lui avouait être également végétarien.

-Oh c'est vrai ? On pourra s'échanger des recettes !

Peut-être était-elle enthousiaste pour bien peu de choses. Mais, si les coups durs la déprimaient pendant de longs moments, elle savait aussi profiter des petites joies que la vie mettait sur son chemin, même pour un cours d'instant.

-Si ça me manque beaucoup. Mais... Je n'ai pas vraiment le choix que de vivre avec.

Il fallait bien qu'elle arrive à le surmonter, tôt ou tard, même si ça lui pesait. Mais elle avait l'impression que les choses s'amélioraient petit à petit, qu'elle y pensait de moins en moins comme une fatalité.

-Du tir à l'arc ? Tu crois que je pourrais venir te voir un jour ?

Elle le regarda avec un large sourire. Peut-être que ça le gênerait ? Mais elle était si curieuse...

-J'aurais bien aimé avoir une fratrie aussi, même si je n'ai pas à me plaindre de ma famille, loin de là ! Mais ça doit être agréable d'avoir des frère et sœur sur qui compter.

Tu hochais la tête face à sa réponse. Elle avait raison. Tu parlais ensuite un peu de toi, pour changer. C'était rare mais quand tu te sentais à l'aise avec quelqu'un, tu te lâchais. Et Annushka te faisait te sentir bien. « Avec plaisir ! Mais j'suis pas un grand cordon bleu » dis-tu en riant légèrement. C'est vrai, t'étais pas forcément un bon cuisinier mais tu faisais en sorte de faire mieux, parce que tes colocataires n'avaient pas le même régime alimentaire que toi et qu'il fallait souvent que tu fasses tes propres repas. Tu demandais ensuite à la jeune femme si son ancien métier ne lui manquait pas trop. Être ballerine, ça doit être quelque chose de grandiose. Et encore plus lorsque c'est une passion. « Je comprends... » dis-tu en baissant la tête. C'est vrai, si on t'enlevait l'équitation ou même le tir à l'arc, ça te tuerait. Tu comprenais pas vraiment comment faisait ta petite soeur, qui ne était passionné dans le temps et qui maintenant, déteste ce sport. Enfin passons, tu expliquais alors à la jeune russe que tu étais aussi un archer et que tu adorais ce que tu faisais. « Avec plaisir ! Je pourrais même t'apprendre si ça te dit » dis-tu en souriant et en relevant les yeux vers la jeune femme. « Tu sais, je sais pas comment je ferais sans mes soeurs. Elles sont tout ce que j'ai de plus cher au monde. Et elles m'ont sauvées de tellement de galère que si je ne les avais pas, je serais surement mort à l'heure qu'il est » dis-tu en riant. C'est vrai qu'elles avaient tout donné pour toi, et qu'elles donneraient leurs vies, et tu ferais surement pareil avec elle. C'est pas surement, c'est sur.

Annushka se mit à rire quand il lui confia ne pas être un très bon cuisinier. C'est vrai que c'était un cliché, que les végétariens soient forcément des gens qui cuisinaient beaucoup. On pouvait être contre la maltraitance animale et ne pourtant pas réalisé son humus soit-même, parfait plat du végétarien.

-Je comprends. Moi j'aime bien cuisiner mais ça ne plaît pas forcément à tout le monde. Mais pour certaines occasions, des repas de famille, ça peut parfois servir.

Il avait été difficile pour Annushka d'abandonner la danse, mais elle s'y faisait, et elle vivait avec. Elle n'avait pas rejeté cette passion en bloc comme certains le faisaient parfois, preuve était qu'elle donnait quelques cours de danse.

La jeune femme s'enthousiasmait rapidement pour la seconde passion de Theo, le tire à l'arc. Il lui proposa même de lui apprendre. Si certains reculaient devant ce genre de proposition, la jeune femme était toujours ravie de partager des moments et des passions avec les personnes qu'elle appréciait.

-Oh oui ça serait une super expérience ! Je ne me fais pas d'idées sur mes talents, mais ça serait chouette d'essayer.

Elle se mit à rire légèrement en imaginant ses flèches partirent dans tous les sens et se planter à peu prés n'importe où sauf dans la cible.

Un sourire attendri orna les lèvres de la jeune femme alors que son interlocuteur lui confiait à quel point ses sœurs comptaient pour lui. Elle ne pouvait qu'imaginer ce sentiment, étant fille unique. Mais c'était beau, et ça donnait envie.

-J'aime entendre ce genre d'histoire. C'est beaucoup plus beau que les fratries qui se déchirent pour des querelles de famille.