tell me the truth, even if the truth will hurt (harmonie)

Des semaines s'étaient écoulées, des semaines à se poser des questions, silencieuses, incapable d'en parler avec qui conque. Blanche avait gardé pour elle sa découverte, même Léo, chez qui elle vivait pour le moment, n'avait pas été mis au parfum. Pas encore. Parce qu'elle-même, elle ne savait pas quoi en penser. Elle se réveillait la nuit en pensant aux mots échangés, entre elle et celle qui se voulait être sa soeur, et chaque fois elle avait besoin d'air, la même sensation que lorsque les informations s'étaient toutes assemblées, au Wojna's. Exactement la même sensation. Harmonie lui avait laissé son numéro de téléphone, au cas où elles voudraient se revoir. Blanche l'avait gardé, curieuse, mais pétrifiée à la fois, ne sachant pas quand ni comment elle lui redonnerait signe de vie, ni même si elle en avait réellement envie. Son père, qu'elle détestait déjà, qu'elle avait décidé de renier, était encore plus horrible que dans son imaginaire. Il avait non seulement commis l'adultère, il avait fait un autre enfant, une autre héritière Cambridge, qui n'avait jamais eu les mêmes chances que les deux protégés du médecin. Et ça révoltait la blonde, elle était dégoutée par l'injustice de cette relation extra-conjugale. Des semaines plus tard, elle l'avait finalement appelé. À la falaise, elle lui avait donné rendez-vous, avec tout ce que tu sais, tout ce que tu connais de cette histoire. Elle voulait tout savoir et pas seulement sur les circonstances, mais aussi sur elle, Harmonie, celle qu'elle découvrait comme sa soeur. Une soeur qu'elle avait toujours souhaité, simplement pas ces circonstances. Blanche était assise sur la falaise, regardant l'horizon de la ville qui s'effaçait à la noirceur de la nuit qui tombait. Elle était dos au sentier et bien trop concentré. Elle ne l'entendit pas arriver, Harmonie, dans tour sa beauté. Mais quand elle entendit les pas s'approcher, quand elle sentit finalement la présence de son antonyme à peine quelques ans plus jeune qu'elle, la blonde lui esquissa un sourire en se tourna vers elle. Bonsoir lâcha-t-elle, timide, ne sachant pas trop comment commencer la conversation. T'as réussi à dormir depuis ?

Il s'était écoulé quelques semaines depuis la fameuse nouvelle qui avait frappé ta vie. Tu avais enfin découvert l'identité de ton père, mais tu avais aussi découvert l'identité d'une famille derrière cet homme. Tu t'en doutais qu'il était surement marié avec des enfants, mais tu n'avais jamais vraiment pensé que c'était possible. Mais tu avais eu cette envie de découvrir qui était cette famille qui avait été bouleversé par la tienne. Tu n'avais rien dis à ta mère, parce que tu ne voulais pas l'affoler, et que tu ne voulais pas lui faire repenser à des souvenirs très douloureux qui l'ont marqué pour toute sa vie. Blanche t'avait envoyé un message pour que tu la rejoignes à la falaise avec tout ce que tu savais sur ton père et tout ce que tu connais de cette histoire entre ta mère et ton géniteur. Tu ne l'appellerais jamais ton père, parce qu'il ne t'a pas élevé. Il était simplement l'homme qui t'avait donné ton patrimoine génétique et la profondeur de ton regard qui avait fait tilt à l'australienne lorsqu'elle t'avait croisé au Wojna's. Tu t'étais alors dirigé vers la falaise pour rejoindre la blonde, et tu arrivais à pas de loup derrière elle. Tu étais stressé, il faut l'avouer. Parce que c'était délicat, de parler du père de quelqu'un d'autre, en remarquant que c'était aussi le sien. Tu t'assis près de la blonde, alors qu'elle regardait la vue depuis la falaise qui surplombait la ville. « Bonsoir » dis-tu en t'asseyant près d'elle. « Je... j'ai eu du mal à faire quoi que ce soit, pour tout avouer. Et toi ? » demandas-tu à la jeune femme en posant un regard sur elle. Tu étais très déstabilisé avant de venir, mais tu ne voulais pas annulé cette entrevue avec Blanche, parce que tu pourrais en apprendre plus sur tes origines.

Famille dysfonctionnelle, famille incapable de se faire du bien. Depuis toujours, les Cambridge se voilaient derrière les illusions d'une famille parfaite qui ne résultait, au final, que par des mensonges et des tromperies. Et, heureusement, Blanche s'en était sortie avant que toute cette emprise la rende folle. Évidemment, découvrir par le biais de sa demie-soeur que son propre père avait commis l'adultère l'avait secoué, ça l'avait même ébranlé depuis quelques jours. Elle avait tout de même gardé la nouvelle pour elle, n'en parlant même pas à Léo pour qui elle n'avait à présent plus aucun secret. C'était trop dur, trop douloureux que d'avouer qu'en fait, même après toutes ses années, son père réussissait à lui faire mal, à torturer son coeur et sa tête. Même si elle ne lui avait pas adressé la parole depuis des années. Apprendre l'existence d'une soeur, qu'elle aurait pu connaître pus tôt, avec qui elle aurait pu se bâtir un lien solide, les deux entretenant la haine envers Cambridge père, l'ébranlait bien plus qu'elle ne l'aurait cru. Et les derniers jours n'avaient été que ruminants pour la blonde qui se passait en boucle leur discussion. Il lui fallait en apprendre plus, il lui fallait aller au fond de cette histoire. Il lui fallait comprendre qui elle était réellement, Harmonie. Et que seraient-elles à présent, toutes les deux. Assise sur la falaise, Blanche attendait son invitée, silencieuse, jusqu'à l'entendre arriver dans des pas sourds derrière elle. Elle lui accorda un mince sourire alors qu'elle répondait à sa question. Moi aussi, pour être honnête... Avoua-t-elle aussi timidement qu'elle l'avait salué. Elle avait eu peine à dormir, même dans les bras d'Emerson. Et même à se concentrer, tout simplement. Merci d'être vue.. Je sais que c'est.... Blanche réfléchit à une façon d'exprimer sa pensée. ... Déroutant. Elle haussa les épaules. Mais t'es là, ça me fait penser que... que peut-être que t'as envie d'apprendre à me connaitre...

Cette nouvelle t’avait accablé. Enfin, tu connaissais l’identité de ton père même si tu ne savais pas vraiment à quoi il ressemblait. Tu savais maintenant qui il était. Rencontrer Blanche ce soir, c’était surement le destin qui avait fait les choses. Toi qui cherchait depuis des années. Alors tu l’avais retrouvé ce soir, aux abords de la falaise pour parler avec elle. Pour apprendre à vous connaître, surtout. Après l’avoir salué, tu t’assises près d’elle et vous commenciez à partager vos sentiments sur l’annonce de cette nouvelle. Qui était aussi difficile pour toi, que pour elle. « Déroutant, c’est le mot » ajoutas-tu à la suite de sa phrase. Tu fixais l’horizon, comme s’il allait te donner des réponses à tes questions alors que seul la jeune femme le pourrait. Tu étais désemparée face à la situation, et ça ne t’étais jamais arrivé. « J’ai vraiment envie de te connaître, et d’en apprendre plus… Après tout, nous sommes liés… » répondis-tu en portant un regard sur elle finalement. Tu voulais lui demander des milliards de choses mais tu ne savais pas vraiment par où commencer. C’était le bordel dans ta tête. « Tu as des frères et soeurs ? » demandas-tu pour commencer. C’était un bon départ, quand on savait que tu avais toujours rêvé d’en avoir de ton côté. Très longtemps, tu avais considéré ta cousine comme un soeur, mais maintenant ce temps était révolu.

Elle connaissait les joies et les misères des fratries, Blanche. Son grand frère, Charles, lui en avait fait voir de toutes les couleurs. Proches malgré tout, malgré ses mauvais choix, malgré la prison, elle avait toujours une partie de son coeur destinée à lui. Toujours et à jamais. Il serait cependant de mentir de prétendre que la nouvelle d'un ajout à sa fratrie déjà dysfonctionnelle ne lui avait pas fait un minimum plaisir. Elle n'avait jamais eu de soeur, elle ne savait pas ce que c'était partager des vêtements, avoir des confidences. Ce que Blanche avait de plus près d'une soeur, c'était Charlize, son amie de toujours. Et, bien qu'elles soient proches, la pâtissière avait déjà deux soeurs qui remplissaient si bien leur rôle. Bien que toute cette nouveauté soit intrigante, elle demeurait effrayante. Dans le meilleur des mondes, les deux jeunes femmes s'entendraient bien. Mais, qu'arriverait-il si elles venaient à se détester ? Si elles n'avaient aucun point en commun ? Quand Harmonie confirma qu'elle avait bel et bien envie d'apprendre à la connaître, Blanche sentit son coeur arrêter de se serrer, de relâcher comme si toute l'attente l'avait rendu tendu. Elle souffla avant de sourire en regardant la brune dont la beauté était sans pareil. Ça me soulage..., confia-t-elle. J'avais aussi envie d'en apprendre plus sur toi. Elles n'attendirent pas longtemps pour le faire puisque Harmonie lança la première question de ce qui pourrait en être une longue série. Un grand frère, répondit Blanche en hochant la tête. Charles... Elle laissa la suite en suspens, comme si c'était difficile à expliquer. Tu auras peut-être la chance de le rencontrer, un jour. Mais, pour l'instant, il est en prison. Blanche afficha une moue triste sur son visage. Nous étions très proches, tous les deux. Puis elle haussa les épaules, prête à passer à un autre sujet. Tu lui en veux ? Elle parlait de cet homme, leur géniteur. La blonde ne l'appelait plus père, à présent, pas depuis qu'elle l'avait rayé de sa vie.

Tu avais toujours cru être seule, et tu vivais bien ainsi. Mais au plus profond de ton coeur, tu espérais rencontrer ta famille biologique, celle qui a le même sang que toi. Et lorsque tu avais rencontré Blanche, tu avais su que tu n’étais pas si seule que ça. Mais ça allait être difficile de se considérer comme une famille. Tu étais là, près de la jeune Cambridge et tu avais tout un tas de questions en tête qui fusaient et tu essayais de tout organiser pour ne pas paraître pour une folle. Tu te sentais soulagée de savoir que la blonde avait aussi envie de te connaître, tu esquissais un sourire. Puis, tu posais la première question. Est-ce que vous n’étiez que toutes les deux où y avait-il quelqu’un d’autre ? Oui. La réponse était oui. Il y avait un grand frère, plus vieux que vous. « Oh, je peux savoir pourquoi il est en prison ou c’est trop indiscret de demander ? » demandas-tu à la tatoueuse, penaude. Tu avais envie de savoir, parce que vous partagiez le même sang, ou simplement parce que la curiosité est un vilain défaut. Ensuite, elle te demanda si tu en voulais à votre géniteur, celui qui vous donne les mêmes gênes à toutes les deux. « Tu n’imagines pas à quel point je lui en veux » ris-tu nerveusement. Tu posais une main sur ton front pour reprendre ton calme, mais cet homme, tu le détestais plus que tout. « J’ai vécu dans la misère avec ma mère et ma grand-mère, je pensais qu’il n’y avait que nous, qu’on était seules au monde. Mais il était là, pas loin et il n’a jamais rien fait pour nous. Alors je lui en veux, oui… » avouas-tu en parlant assez vite et même en bégayant de temps en temps. Parce que tout allait trop vite, c’était compliqué de tout assimiler.

De son côté aussi, Blanche avait cru tout savoir, elle avait cru que Charles et elle étaient les deux seuls Cambridge, enfants de Richard, à vivre à Bowen. À exister, même. Quel ne fut pas le choc d'apprendre qu'en réalité, il y avait la moitié d'une autre Cambridge à Bowen. Une Cambridge qui ne portait tout simplement pas ce nom prestigieux. Au fond, Blanche le maudissait ce nom qui résultait de la monarchie de sa famille. Et tout ce qui impliquait sa famille, Blanche avait cherché à s'en détacher. Elle n'avait simplement pas été jusqu'au bout de la coupure en décidant de renoncer à son nom. Elle avait cependant renoncé à tout le reste. L'argent, la fortune, les privilèges. Elle avait préféré vivre simplement, frôler la misère, que de toucher à un centime de l'argent contrôlant de son père. Harmonie posa des questions sur la famille, les connaissances de Blanche étaient limitées. Tout ce qu'elle pouvait lui confier, c'était les souvenirs qu'elle avait de son enfance. Pour ce qui était de l'état de la famille actuellement, elle n'en savait rien. Et elle se portait très bien ainsi. Seulement, Harmonie cherchait à savoir si elle avait des frères ou des soeurs, autre qu'elle, ce à quoi la blonde pouvait facilement répondre. Il a détourné de l'argent. Je n'en sais pas plus, avoua-t-elle en esquissant un sourire. Elle n'avait pas cherché à comprendre les raisons qui avaient poussé son frère à faire des mauvais choix. De l'argent, il en avait toujours eu, pourquoi chercher à en avoir encore plus ? N'était-il pas satisfait avec l'héritage familial ? Et comme pour écouter les confessions sur Charles, Blanche se risqua à demander à sa demi-soeur si elle lui en voulait toujours, à leur père. Je peux facilement imaginer, assura-t-elle alors que la brune disait qu'elle ne pouvait pas savoir comment elle le détestait. Ce qu'Harmonie ne savait pas, c'est que Blanche détestait son père autant, si ce n'était pas plus, qu'elle pouvait le faire. Il est blindé, Richard. Si tu voulais, tu pourrais le rendre paumé. J'suis certaine que tu as assez de matériel pour gagner contre lui en court. C'était un peu fou, comme idée, mais Blanche devait avouer que de le savoir stresser un peu concernant sa vie, sa mère qui ne savait certainement pas que son mari lui avait été infidèle, la faisait jubiler. Il devait payer.