they don't see what you see in me (aisran)

Un rictus se dessine au coin de tes lèvres quand Aisling te compare à Iron Man. Pour le côté "homme de fer", sans doute, mais concernant le côté "sauveur de l'humanité", certainement pas. Tu n'as pas le temps de rétorquer quoi que ce soit que la blonde s'approche, déposant un baiser sur le bout de ton nez qui t'arrache un sourire. Tu attrapes sa main pour la maintenir quelques secondes, si proche de toi, avant de rétorquer, dans un murmure : « Et on sait tous les deux que tu as toujours préféré mon côté méchant plutôt que super-héros. » Tu lâches sa main avec douceur, laissant Aisling retrouver sa place à tes côtés sur le canapé. Quand tu essayais de l'aider, on ne peut pas vraiment dire que la jeune femme était réceptive. C'était même tout l'inverse mais peut-être t'y prenais-tu mal, après tout. Tu n'as jamais été très doué pour faire les choses avec tact. Et alors qu'elle parle de Perry, on ne peut pas dire qu'Aisling ait du tact, elle non plus. « Aïe. » Dis-tu quand elle parle de ton manque de sentiments, plaçant une main sur ton coeur comme si tu étais blessé par ses mots. « Tout le monde change, évolue. Peut-être qu'il t'étonnera et sera plus ouvert que tu ne l'imagines. » Parce que si toi, tu as été capable de changer, tout le monde peut le faire. « Et si ça explose devant Siobhan ? » Aucun enfant n'a envie de voir son père ou sa mère dans un excès de rage, c'est pour cette raison que tu as appris à contenir ta colère pour que Gabriel n'ait jamais à y faire face. « Tu fais comme tu veux, Ais', mais je pense que tu aurais tout à gagner en lui disant ce que tu penses réellement de cette situation. Et de ses allées et venues. » De toute façon, Aisling fera ce qu'elle veut comme elle l'a toujours fait.

Aisling jouait doucement avec le feu, mais à son sens les choses étaient contrôlées. La blonde n’avait pas l’intention de faire de dérapage ce soir, et ce même si c’était particulièrement tant. La prise de Ciàran sur son poignet la fit sourire. Son coeur se mit à battre imperceptiblement plus fort alors qu’il murmurait à son oreille.

-C’est vrai.

Elle n’allait pas lui mentir, après tout, elle était assez mauvaise quand il s’agissait de mentir à Ciàran. Et elle avait conscience elle-même que le mauvais côté de l’Italien l’attirait autant que le bon côté de son petit ami. Elle n’était pas juste attirée par les bad boys, Aisling, mais par les personnalités uniques et extrêmes qu’elle n’arrivait pas à éviter le long de sa route, qui se faisaient immanquablement une place dans son coeur.

Elle s'enfonça dans le moelleux du canapé, et un petit sourire, amusé cette fois, apparut sur ses lèvres. Comme si elle avait pu le blesser. Si elle voulait le faire, ce n’était sans doute pas de cette façon qu’elle s’y serait prise. A sa question cependant, elle eut un léger haussement d’épaules.

-Ouvert ce n’est pas le problème, c’est plus intelligent qu’il faut qu’il soit.

Elle émit un léger soupire à la question de son hôte.

-J’ai encore assez de sang-froid pour me maîtriser devant ma fille.

Aussi impulsive soit-elle, elle avait, avec le temps, apprit à faire passer sa fille avant beaucoup d’autres choses, et elle n’aurait jamais cru ça possible quelques années auparavant.

-Je ne sais pas. Je n’arrive pas à me rendre compte de ce qu’il a comprit ou non de notre première entrevue, quand il a débarqué pour demander une garde partagée. Je ne suis pas certaine que les choses peuvent s’améliorer, parce que je ne pense pas réussir à passer l’éponge, enfin… Tu me connais.

Jouer avec le feu, tester les limites, les dépasser même, parfois, ça a toujours fait partie de votre relation. Avant, vous vous autorisiez davantage de choses mais maintenant que la situation d'Aisling a changé, il existe de vraies limites. Des limites que tu ne franchiras pas, sauf si la blonde t'y invite. Mais tu la respectes trop pour tenter quelque chose ou pour avoir un geste déplacé. A la place, tu préfères garder cette légèreté entre vous que vous ne connaissiez pas par le passé. C'est nouveau mais c'est plaisant. « S'il n'a pas les oreilles qui sifflent, j'comprends plus rien. » Plaisantes-tu quand la blonde souligne que Perry devrait être plus intelligent. « Bon, c'est ce qui importe, alors. » Affirmes-tu en hochant la tête en apprenant qu'Aisling est capable de se maîtriser devant sa fille. Tu n'en doutais pas vraiment mais tu sais qu'une goutte peut vite faire déborder le vase. Parfois, il ne suffit pas de grand chose pour déraper. Tu es bien placé pour le savoir. « Oui, j'te connais. Dois-je m'estimer chanceux que tu aies passé l'éponge de nombreuses fois avec moi ? » Demandes-tu avec un petit sourire au coin des lèvres. Tu as déconné, souvent même. Mais Aisling aussi. Cependant, en ce qui concerne Perry, tu sais que les torts sont essentiellement de son côté. « Laisse-toi du temps, c'est sûrement encore trop frais. Tu verras d'ici quelques mois et si tu ne parviens pas à lui pardonner eh bien... tant pis pour lui. Il ne sait pas ce qu'il perd. »

Aisling rit légèrement à la réaction de Ciàran. C’est sûr qu’avec la blonde comme ex, Perry avait de quoi avoir les oreilles qui sifflent, parce qu’elle parlait fréquemment de lui en mal. Enfin, fréquemment était peut-être un peu exagéré, elle ne se confiait pas tant que ça. Mais on ne pouvait nier que ça arrivait. A sa question, elle hocha doucement les épaules. Chanceux ? Ca n’avait rien à voir avec la chance et il le savait parfaitement. Tout ça était lié à la relation malsaine et dépendante qu’ils entretenaient. Aisling avait passé l’éponge de nombreuses fois parce qu’elle ne pouvait pas faire autrement, elle n’arrivait pas à se passer de lui.

-Honnêtement ? Non, je ne pense pas que tu puisses t’estimer chanceux. Et je pense que tu le sais très bien. On est juste… comme ça, tous les deux.

Elle finit par esquisser un sourire à ses mots avant d’acquiescer d’un petit signe de tête. Parfois le temps guérissait les blessures, Aisling avait parfois du mal à y croire, et pourtant, certaines douleurs s’envolaient avec le temps.

-Ce qu’il perd ? Avec moi, sans doute pas grand chose. Je suis au moins aussi infréquentable que toi.

Elle le regarda, taquine, avant de le pousser doucement du coude.

« Ouais, y'a des tas de choses qui ne s'expliquent pas entre nous. » Dis-tu, un rictus aux lèvres. Vous n'avez jamais vraiment été capables de mettre des mots sur votre relation, vos sentiments, et c'est peut-être ce qui a mené à votre perte, finalement. C'est peut-être ce qui a poussé Aisling à se réfugier dans les bras d'un autre avec qui elle fait sa vie aujourd'hui, ce que tu pensais impossible il y a quelques années encore. Tu pensais qu'aucun de vous ne serait capable d'entretenir une vraie relation amoureuse avant un moment mais une fois de plus, tu t'es voilé la face. « Comme cette conversation bien trop sérieuse qui ne nous ressemble pas. » Ça aussi c'est inattendu et tu ne sais pas comment vous en êtes arrivés à parler aussi honnêtement l'un avec l'autre. Ce n'est pas quelque chose que vous faisiez par le passé ou pas consciemment du moins. Néanmoins, c'est plutôt plaisant. Et si c'est la seule relation que tu peux espérer avec Aisling aujourd'hui, alors ça te va. Quand la blonde te pousse légèrement avec son coude, tu rétorques, lui donnant un petit coup, taquin. « C'est pour ça que je sais que Perry perd beaucoup. Parce que j'suis génial. » Dis-tu avant de rire, n'en pensant pas un mot. « J'arrive pas à croire qu'on en soit là tous les deux. » Parce qu'en remontant quelques années plus tôt, c'était presque impossible de vous imaginer comme ça, tous les deux, aussi sereins.

Tu ris alors qu'Aisling t'avoue qu'elle s'attendait à une conversation bien plus désagréable. Vu l'état dans lequel elle est arrivée, ce n'est pas difficile à imaginer. « Tu t'attendais à passer ton temps à crier ? Et à me frapper avec tes petits poings ? » Demandes-tu en souriant plus largement pour la taquiner. Tu ne doutes pas que la blonde soit capable de se défendre et même de se battre, si nécessaire. Tu t'es assez assuré, par le passé, qu'elle puisse se défendre surtout en employant une arme si nécessaire. Mais le but premier, évidemment, c'est qu'elle n'ait jamais à s'en servir. « C'est sûr. Si j'avais imaginé, ce soir-là, que cette petite blonde, vierge qui plus est, prendrait une telle place dans ma vie. » Des années plus tard, tu n'en reviens pas du chemin parcouru. Cela n'a pas toujours été facile mais tu es heureux, malgré tout, de compter Aisling parmi l'une des constantes de ta vie. « Oui, on devient trop cucul et ça ne nous ressemble pas. » Réponds-tu avec un rictus aux lèvres avant de te lever, prêt à la raccompagner jusque la porte. Une fois à hauteur de celle-ci, tu l'ouvres en grand pour laisser la blonde sortir. « La prochaine fois, j'espère que tu viendras me voir avec le sourire. » Dis-tu en faisant référence à son entrée fracassante une heure plus tôt.

HJ: