he should be happily wrapped in a dream, safe in a warm bed and sound asleep (andreas)

Les chiffres sur le cadran rouge, Lennox les avait tous vus changer, les uns après les autres. S’il avait pu entendre le mécanisme s’enclencher pour chaque changement, il en serait certainement devenu fou. Ses traits tirés, ses yeux fatigués, tout son corps témoignait de sa fatigue et pourtant, son regard était rivé sur le mur de la chambre alors qu’il était couché sur le côté, de dos à Andreas qui dormait paisiblement depuis plusieurs heures. Lui avait d’abord tourné de tous bords tous côtés, cherchant une position qui pourrait doucement l’endormir, en vain. Cette boule qu’il ressentait dans le creux de son ventre, elle ne voulait pas s’en aller et laissait en lui une impression de champ de bataille. La paix, il ne l’aurait pas de sitôt. Le calme, il ne le ressentirait pas à nouveau avant deux bonnes semaines encore. La gorgée nouée, ses yeux se remplissant tout d’un coup de larmes, Lennox sentit l’anxiété l’envelopper d’une manière qu’il redoutait bien trop à présent. Il savait trop bien ce qui s’apprêtait à se produire en lui s’il ne faisait pas quelque chose pour dissuader son esprit de s’emporter de la sorte. Le trentenaire s’assit d’abord dans le lit, fermant les yeux avant de commencer à inspirer puis à expirer profondément, à plusieurs reprises. Calmer ses battements cardiaques. Diminuer ce stress grandissant. Chasser les pensées alarmantes. Non, celles-là, elles étaient bien ancrées dans sa tête. Elles créaient des images qu’elles projetaient sans relâche à Lennox : tous les regards rivés sur lui, tout ce monde pendu à ses lèvres alors qu’il devrait lire ses vœux qu’il n’avait pas encore composés tellement ça l’angoissait, tous ces gens à qui parler tout au long de la réception suivant le mariage. Ça n’était pas Lennox, ça. Il avait du mal à parler à une seule personne alors comment pouvait-il s’attendre à survivre à une journée aussi intense socialement ? Il aimait Andreas, il l’aimait d’un amour démesuré, et pourtant ce mariage faisait naître en Lennox ses pires cauchemars. C’est pourquoi, à 4h00 tapante du matin, Lennox posa doucement sa main sur l’épaule d’Andreas. « Hé, Andy … Andy … » Répéta-t-il faiblement, caressant doucement l’épaule de son fiancé jusqu’à ce qu’il émerge de ses songes. Lorsqu'il eut son attention, Lennox lui avoua, d'une voix anxieuse et brisée : « Je peux pas. Je suis désolé, j'y arriverai pas. »

Chaque préparatif pris séparément, ça allait, Lennox avait pu gérer ces quelques détails au fil des semaines. Il répondait aux questions d’Andreas lorsqu’il avait des propositions à faire, des idées à réclamer. Il le voyait bien, le notaire, à quel point cette organisation aidait Andreas à se maintenir la tête hors de l’eau. Ça le tenait occupé avec quelque chose qui lui tenait à cœur, alors forcément, Lennox n’avait eu qu’une envie : le laisser s’occuper de tout et rêver à tous ces détails qui s’accumulaient. Sauf que voilà, plus les semaines avançaient, plus ces détails-là se collaient les uns aux autres pour former un portrait que Lennox n’avait pas imaginé si complet, si énorme. Choisir un gâteau, c’était simple et normal, ça ne lui avait jamais paru angoissant. Mais lorsqu’il se rappelait la grosseur du gâteau, le nombre de parts correspondant forcément au nombre d’invités, lorsqu’il voyait la disposition des tables et mettait des noms sur les visages qui le fixeraient pendant ses vœux, alors là, Lennox paniquait. Cette nuit, ça avait un peu éclaté et les remises en question n’étaient plus prisonnières de sa tête. Elles s’étaient répandues partout autour de lui et l’empêchaient de s’endormir. Incapable de supporter cette boule dans son ventre plus longtemps, Lennox avait décidé de réveiller Andreas pour lui confier ses peurs. N’avaient-ils pas convenu, à maintes reprises, de tout se dire ? Il fallait bien que l’un des deux s’autorise enfin à suivre cette directive. Andreas eut besoin de longues secondes pour émerger de ses songes et retrouver le contact avec cette réalité que Lennox lui foutait en plein visage, au beau milieu de la nuit. Il hocha la tête dans le silence, dans la noirceur, ce qui n’était pas la meilleure méthode pour communiquer. Il se reprit. « J’doute pas de vouloir t’épouser. J’doute juste de … de moi, de ma capacité à survivre à cette journée, tu vois. » Mais il aurait pu ne pas le dire, ça, qu’Andreas l’aurait compris. Il savait bien à quel point ça pouvait terrifier Lennox et il lui avait d’ailleurs assuré à plusieurs reprises qu’ils pouvaient annuler certaines affaires. C’est le trentenaire qui n’avait pas voulu, ne voulant pas retirer à Andreas ce qui semblait le garder en vie, présentement. Sauf que si c’était au détriment de son propre bonheur, alors il y avait un problème. « C’est pas ta faute. Je ne t’ai pas arrêté, je voulais pas t’arrêter, je pensais vraiment pouvoir passer au travers, pour toi, parce que je vois bien à quel point ce que t’organises, ça te fait plaisir. Mais … » Il secoua doucement la tête, tentant de reprendre le contrôle sur sa respiration. « Mais ça m’angoisse depuis plusieurs jours et j’en vois pas le bout, j’aimerais juste t’épouser sans avoir à me remettre en question pour les deux prochaines semaines … » Et par se remettre en question, il ne parlait pas de son amour pour Andreas, Lennox. Il parlait de comment il s’habillerait, de ce qu’il dirait, bref de sa réaction face à chaque étape de la cérémonie et même après. Il n’y prendrait pas plaisir, Lennox, s’il angoissait pendant tout le processus. Alors, lorsqu’Andreas le regarda dans les yeux malgré la pénombre et lui proposa de se marier demain, seulement eux deux et Freja comme témoin, il eut enfin l’impression d’entrevoir la lumière. « Mais … mais on a déjà tout réservé, les faire-part sont envoyés, les repas commandés pour chaque personne … on peut pas … on peut pas tout annuler. » Lâcha-t-il dans un souffle coupé.

L’argent, ça n’avait jamais été important pour Lennox. Pourtant, il en avait beaucoup, et il avait autrefois mis beaucoup de celle-ci dans des œuvres d’arts et autres décorations de sa demeure, en plus de sa voiture, ce qui aurait pu laisser croire que ça avait une importance pour lui. Mais pas vraiment. Le matériel lui importait peut-être, mais l’argent qu’il mettait dedans, ça non. Il dépensait pour lui et pour les autres, souvent trop pour les autres. Lennox avait tellement longtemps été seul à regarder son compte en banque se remplir de la preuve de sa solitude, qu’une fois entouré, il avait commencé à le vider sans se poser de questions. Alors qu’est-ce que c’était, quelques milliers de dollars jetés par la fenêtre ? Ce n’était pas vraiment la question des dédommagements qui le préoccupait, en fait. « Et tout ce monde qui s’attend à assister à notre union, dans deux semaines ? » Ses propres parents, même. De son côté de la liste, il n’y aurait pas tant de déceptions, parce que peu de gens étaient assez proches de lui pour y assister, à cette cérémonie. Mais il savait qu’Andreas avait sans doute bien des invités qui attendaient ce moment. Et que lui s’attendait à le vivre devant eux. L’idée que le norvégien apporta sembla toutefois rassurer le notaire, une petite fête après les faits, sans pression, sans besoin qu’il soit le centre d’attention face au respectueux et formel silence des autres. Il esquissa un sourire en l’entendant dire le mot tolérer et parler de son fonctionnement. « J’suis si sauvage que ça, hein ? » Demanda-t-il à moitié amusé, à moitié triste de sa propre personne. Heureusement qu’Andreas était là pour l’aider à remonter la pente à chaque fois qu’il glissait de quelques pas derrière. Même encore cette nuit, il l’élevait haut malgré tout. Malgré la déception. « Est-ce que c’est la seule raison pour laquelle tu veux me marier ? » Demanda Lennox avec une once d’humour, maintenant beaucoup plus léger. Comme si un énorme poids venait de s’enlever. « Ça m’irait … Beaucoup. Je sais pas ce que j’ai fait pour mériter un homme aussi compréhensif que toi. » Il sourit en embrassant l’homme. « Tu crois que Freja comprendra ? Qu’elle ne m’en voudra pas trop ? » Demanda-t-il, inquiet. Si elle était la seule personne à assister à leur union, il espérait qu’elle n’aurait rien contre lui. Ils n’avaient pas toujours semblé sur la même longueur d’ondes, tous les deux.

« On fait ce qu’on veut, oui … J’ai surtout l’impression que là, on fait ce que je veux … » Lâcha Lennox en soupirant, baissant les yeux pour que son fiancé ne voit pas la tristesse dans son regard. C’aurait dû être le sujet le plus heureux pour eux, ils auraient dû planifier ensemble, les gâteaux, les tables, les chansons à jouer. Ils auraient dû faire ça à deux, comme l’équipe qu’ils formaient, mais Lennox avait encore une fois laissé tomber Andreas. Il s’en rendait compte cette nuit alors que pour la énième fois en plus de deux ans de relation, Andreas était prêt à nier ses propres envies pour le pseudo-bonheur de Lennox. Ça le tuait, mais en même temps, il ne s’imaginait vraiment pas survivre à ces deux prochaines semaines et encore moins à une cérémonie aussi grosse. Égoïstement, donc, il se laissa trop facilement convaincre. Il hocha la tête face aux paroles du norvégien concernant leurs invités qui comprendraient, ou pas. « T’as sans doute raison … Mais on va quand même en décevoir pas mal. J’ai pas envie que tout le monde se dise qu’encore une fois, je gâche tout. » Lui se le répétait, dans ses têtes, de ces dizaines de voix qui se faisaient écho pour lui rappeler à quel point il n’était pas à la hauteur de l’homme assit face à lui, dans ce lit qu’ils partageaient. Lennox était sauvage, même Andreas l’affirmait, et si ça pouvait être drôle dans certaines situations, dans d’autres, ça le handicapait sérieusement. Mais son amoureux était trop mignon et compréhensif, cette nuit, pour qu’il laisse plus longtemps les nuages gâcher cette journée qui serait la plus importante de leur vie, visiblement. Parce qu’aujourd’hui, ils se mariaient. Alors il s’autorisa à en rire, et à plaisanter sur son nom. Il haussa les sourcils quand Andreas le complimenta sur son humour, que lui qualifiait d’inexistant. « Dingue de toi, ça, j’pourrai jamais te contredire … » Jamais, non. Finalement, dernière inquiétude pour Lennox : la réaction de Freja face à cette décision uniquement prise à cause du notaire, encore une fois. Il expira, essayant vraiment de croire aux paroles de l’ambulancier. « J’espère que t’as raison. Je commençais à avoir l’impression qu’elle ne me détestait pas tant que ça, finalement … » Il esquissa un faible sourire, en regardant son homme taper quelques mots sur son portable. Il attendit que leur discussion se termine, après cinq ou six échanges, et se blottit dans les bras du norvégien dès qu’il eut refermé son portable. « J’avais l’impression que je dormirais pas de la nuit, c’est vrai, maintenant j’en ai la certitude. » Il rit doucement. Il ne se rendormirait certainement pas maintenant que quelques heures seulement les séparaient de leur union. « Je vais passer mon tour, merci. » Le nargua-t-il avant de l’embrasser. « Ça porte pas malheur, techniquement, de voir son fiancé la journée du mariage ? » Et de passer la nuit avec, aussi. Merde.

Il baissa les yeux, Lennox, quand Andreas se montra des plus honnêtes en lui disant que ce n’était certes pas de ce mariage dont il rêvait. Il avait passé les derniers mois à s’imaginer une journée bien plus belle et grandiose et voilà qu’en l’espace d’une nuit, Lennox réduisait tout en poussière. Sentant sans doute la culpabilité du trentenaire monter en flèche, Andreas embrassa la main de l’homme, qui daigna relever les yeux vers son fiancé pour écouter la suite. « J’veux quand même que tu saches que je suis désolé … J’ai l’impression de ne jamais être à la hauteur, et je sais que tu vas me dire que tu m’en demandes pas autant et que ça te convient comme c’est là mais … tu me dis ça parce que t’es trop gentil. » Il esquissa un sourire. Puis, les yeux brillants d’émotion, il continua : « J’aimerais être capable de poser ces grands gestes pour te montrer que je t’aime et que je veux te rendre le plus heureux possible, et je sais que ce mariage-là que t’as prévu, ça te rendrait vraiment heureux … » Sa voix tremblait légèrement. « Mais je me connais trop bien, je vais paniquer le jour-même et ce que je veux justement, c’est te marier, Andy, pas vouloir disparaître ou prendre la fuite parce que j’aurai la trouille d’être face à tous ces gens. » Expliqua-t-il, véritablement honnête autant avec lui-même qu’avec son amoureux, pour une fois. Il était aussi très réaliste face aux réactions que les autres pourraient avoir. Il esquissa un sourire et laissa même s’échapper un court rire, lorsque le norvégien mentionna qu’il casserait la gueule à ceux qui oseraient se plaindre. « T’as raison. C’est notre journée. » Confirma-t-il, encouragé par ces paroles. Il se sentit également rassuré par rapport à Freja et il avait raison, Andy. Freja n’aurait pas cherché à les réconcilier si elle ne pensait que du mal de Lennox. Elle aurait été soulagée de les voir s’éloigner. Elle n’était pas mauvaise, Freja. Lennox le savait. « T’as raison … » Dit-il, ignorant que son homme doutait actuellement de son propre argument. Il garda le silence pendant que son amoureux envoyait un sms à sa meilleure amie, caressant doucement sa peau en attendant. Il se sentait à la fois soulagé, coupable et anxieux, un mélange plus ou moins apaisant pour le moment. « Comment on fait ? On se présente à la mairie et on attend tous les trois ensemble ? » S’il y en avait un qui aurait dû connaître le fonctionnement, c’était bien le notaire, mais il perdait tout contrôle de lui-même, là. « Une pré nuit de noces ? » Demanda Lennox avec un rire. C’était encore plus porteur de malheur, ça, non ? Et pourtant, quand Andreas l’attira contre lui, il ne put que faire fi du malheur. « Vous avez totalement le droit, Monsieur Eriksen. » Il sourit. « Faut bien que je le dise une dernière fois. » Dit-il avant d’embrasser son homme, partout où ses lèvres le conduisaient.

Retrouver Andreas, de cette manière-là, c’était sans doute le plus beau réconfort au beau de cette nuit composée de doutes et d’angoisses. Même s’ils s’étaient déjà retrouvés comme ça depuis leur dispute, depuis ce froid qui les avait paralysés pendant des mois, Lennox sentait que cette nuit, ils étaient en harmonie plus que jamais. Leurs corps étaient en symbiose et leurs esprits sur la même longueur d’ondes. Dans quelques heures, ils uniraient leur amour pour toujours et cette nuit, ils unissaient leurs corps jusqu’aux premiers rayons du soleil qui chasserait les dernières parcelles de noirceur, s’il en restait jusque-là. Probablement pas. Parce que chaque toucher, chaque caresse d’Andreas, suffisait à éloigner les ombres planant tout autour de Lennox. Bientôt tout serait clair, submergé par la lumière. Sa lumière. Il se laissa volontiers basculer par le norvégien, se retrouvant sous lui, rare situation pour cet homme qui n’avait pas encore tout à fait délaissé son côté dominateur. Ce soir toutefois, il voulait sentir Andreas tout contre lui, et en lui, il voulait qu’il le complète entièrement, il voulait qu’il l’aime de tout son corps, de tout son être. « Je t’appartiens déjà, Andy. Depuis la première fois que nos regards se sont croisés. » Il posa ses mains sur le torse de l’homme, la respiration haletante. « Et je te dirai que je t’aime à tous les jours, pour le reste de nos jours. » Il esquissa un sourire. Demain, Andreas aurait un discours digne de ce nom. Lennox ne l’avait peut-être pas encore en tête, Lennox ne le connaîtrait peut-être pas sur le bout de ses doigts, mais puisqu’ils ne seraient pas devant un tas de gens, le notaire pourrait laisser parler son cœur sans avoir peur. Et il savait qu’il n’aurait pas besoin de chercher bien loin pour puiser son inspiration. Son amour serait droit devant lui. Sur ce, Andreas recommença à l’embrasser, d’abord sur ses lèvres, puis son torse, et bien plus bas encore. Lennox ferma les yeux en laissant un soupir de délivrance s’échapper d’entre ses lèvres lorsque les lèvres de son amoureux se refermèrent autour de son intimité. Il enfonça sa tête dans son oreiller, basculée vers l’arrière, et agrippa les draps d’une main, l’épaule d’Andy de l’autre.

Ses doigts s’agrippaient aux draps, sa tête ne pouvait plus davantage s’enfoncer de plaisir dans l’oreiller, et si Andreas n’avait pas rendu sa liberté à son membre pour venir retrouver ses lèvres, Lennox se serait sans doute abandonné bien trop vite au plaisir. Ses lèvres s’emparèrent de celles de son fiancé et il laissa ses mains dessiner l’amour contre la peau de son dos. Il aurait eu envie que le bout de ses doigts traverse chaque parcelle de la peau d’Andreas pour qu’il puisse lui passer la bague au doigt en se disant qu’il le connaissait vraiment par cœur, mais ils avaient toute une vie pour ça, pour se découvrir, se redécouvrir, et s’apprendre sous toutes leurs coutures. Il fallait juste qu’il profite, Lennox, de cette dernière nuit en tant que couple non-marié, même si au final ça ne changerait rien à leurs ébats, il savait que cette nuit était unique, magique. Le regard d’Andreas se planta dans celui du trentenaire et, d’une simple lueur traversant son regard, l’ambulancier comprit que pour cette nuit, Lennox s’offrait entièrement à lui. Il n’avait pas envie de le faire basculer ou de le virer de côté pour le prendre, il n’avait pas envie de le dominer, pas envie d’être celui à l’habiter. Lennox, il avait envie de sentir Andreas tout en lui, de lire le plaisir sur son visage lorsqu’il le pénétrerait. C’était un peu comme son cadeau de mariage en avance même si, par le fait même, il se faisait cadeau à lui-même. Après tout, même si Lennox avait ouvertement une préférence pour le rôle plus actif, il appréciait tout de même chaque nuit passée dans l’autre position. Peu à peu son corps s’était apprivoisé à cette présence, celle d’Andy, et avait même appris à l’aimer, à en retirer un plaisir qu’il n’aurait jamais pu imaginer avant. Il ferma donc les yeux de plaisir en sentant les doigts d’Andreas préparer son intimité pour qu’il puisse le recevoir tout en lui. À son tour, afin d’exciter le norvégien, il s’empara en même temps de ses lèvres à nouveau et puis de son sexe de l’une de ses mains. Il l’entoura de ses doigts pour effectuer des vas-et-viens, sa paume chaude recevant le gonflement de l’intimité d’Andy après chaque toucher. Sa respiration de plus en plus courte le réclamait, son regard aussi.

Rien dans la vie de Lennox n’avait un jour été sain, mais pour la première fois de sa vie, il accueillait ce déséquilibre les bras grands ouverts. Si c’était avec Andreas qu’il vivait cet amour malsain, alors il le chérirait même s’ils perdaient contact avec la réalité tout autour d’eux. C’était une bien triste manière de penser, c’était bien la preuve que cette dépendance affective contrôlait ses actes et ses idées, mais Lennox était bien là-dedans. Il était bien avec Andreas, et avec personne d’autre. C’était en compagnie de l’ambulancier qu’il se sentait aimé pour qui il était réellement et ça, c’était un sentiment qu’il n’avait jamais totalement ressenti avant aujourd’hui. Avant qu’il ne rencontre cet homme qui avait tout changé. Lennox avait beau être constamment habité de cette noirceur, Andreas y avait amené sa lueur d’espoir, cette douce lumière qui l’empêcherait à jamais de sombrer complètement à nouveau. Il le maintenait en vie. « Je t’aime aussi. » Murmura-t-il dans l’oreille de son fiancé, avec toute l’intense vérité qui habitait ses paroles. S’il en venait à partir, Andy, ce n’était pas que de l’intérieur que Lennox mourrait. Ce serait son être tout entier qui s’éteindrait, la fin inévitable de l’amant maudit. Ce jour était toutefois encore bien loin dans les pensées de Lennox qui ne voudrait jamais s’imaginer le départ de l’homme qu’il aimait plus que tout et surtout plus que lui-même. Il était dans ses bras chauds, dans ses bras forts, et il s’accrochait à ce moment qui avait tout d’un coup chassé toutes ses appréhensions. Et alors que quelques mois plus tôt, ce moment de leurs ébats avait par moment fait paniquer Lennox, ce dernier l’accueillait aujourd’hui avec hâte et plaisir. Un soupir de contentement s’échappa d’entre ses lèvres lorsque le norvégien le pénétra, et il laissa ses mains agripper les bras de l’homme et serrer ses muscles entre ses doigts. Chaque gémissement de plaisir d’Andreas faisait monter le sien, et les vas-et-viens de la main de son fiancé ne faisaient qu’accentuer son excitation. Il le couvrait de baisers, de caresses, cambrait le dos, rejetait sa tête dans son oreiller. Son corps tout entier frémissait de plaisir jusqu’à ce que l’emprise de la main d’Andy sur son membre le conduise à l’inégalable extase. Les frissons se transformèrent en tremblements de plaisir alors qu’il se déversait sur leurs corps, serrant l’ambulancier contre lui.