yes, he is your son. (concho)

Il y avait bien des choses que j’étais capable de prendre sur moi, encore plus ces derniers temps alors que j’étais le seul et unique chef d’orchestre du chaos qu’était ma vie, mais le blâme que tentait de me refiler Ally, je n’en voulais pas. Pas après toutes ces années passées à me demander ce que j’avais fait, ce qu’il s’était passé, pour qu’elle me quitte sans jamais se retourner. Aujourd’hui, elle revenait sans prévenir et sans chercher, visiblement, à rentrer directement en contact avec moi. Et surtout, elle revenait avec un gamin qui était aussi le mien et dont je n’avais jamais eu vent de l’existence. « Cet appel-là aurait quand même été mille fois mieux que le silence radio auquel j’ai eu droit à la place ! Alors ouais, Ally, c’est exactement ça que j’aurais voulu que tu me dises. J’aurais au moins pu être là pour toi. » Mon regard se posa sur Maxwell. « Et pour lui. » Surtout pour lui, mais ça, c’était la colère contre la rousse qui me faisait réfléchir comme ça. Si j’avais tout su dès le début, je n’aurais pas eu à avoir autant de rancœur à son égard. Je fronçai les sourcils quand Ally me dit que nous n’avions jamais parlé de notre futur ensemble, et qu’elle avait réalisé qu’elle était seule. « Quoi ? Mais … Mais je t’aimais aussi, Ally. Je sais pas d’où tu sors tes incertitudes, j’étais là, j’étais avec toi, et si t’avais bien voulu m’inclure dans ce futur peut-être qu’on serait à un endroit complètement différent aujourd’hui. » Et je parlais pas d’un endroit physique, je parlais dans notre vie, dans nos sentiments. Je lui rappelai alors la famille à laquelle moi, j’avais eu droit, et que j’aurais préféré épargner à mes enfants. Mais elle m’avait enlevé cette chance de faire mieux que ma mère, de faire mieux que mon père. Et elle ne semblait même pas prête à me la donner encore une fois, cette chance. Elle ne prévoyait pas rester longtemps avec Max, à Bowen. « Alors tu comptes repartir à nouveau avec lui, et que je ne vous revois plus jamais ? C’est ton plan ? » Son plan ne me convenait pas du tout, à moi. Mais avais-je mon mot à dire après tout ce temps ? Sa prochaine bombe me confirma que mon mot à dire, il fallait que je m’en empare, autrement, elle déciderait de tout à ma place. « What the actual fuck, Ally. T’imagines si t’étais morte avant qu’on se revoit, avant que j’apprenne que j’avais un fils ? J’l’aurais appris comme ça, bam, surprise tout en apprenant ton décès ? » C’était horrible. Juste horrible. « Alors j’en ai la garde que si tu meurs mais dans son acte de naissance, son père, il est inconnu, c’est ça ? J’ai pas mon mot à dire tant que la dictatrice est aux commandes ? » J’y allais fort, certes, mais je savais que je n’avais signé aucun papier reconnaissant ma paternité, reconnaissant la naissance de mon fils, alors ça me dépassait qu’elle ait pu toutefois penser à me mettre moi dans son testament.

Je m’arrêtais un moment au fil que ses mots passaient... Puis je réalisais que Concho m’en voulait à moi parce que c’était moi. Parce que c’était nous qui avaient eu un impact. En réalité, Max n’avait aucun lien dans l’équation. Doucement, la haine baissait. Je déglutissais avec douceur. D’un côté, j’avais eu le temps de faire mon deuil et Max avait été un sacré impact. Lui n’avait pas eu ça. Doucement, je soupirais. « Je suis désolée. » avouais-je alors platement. Ce n’était jamais plaisant d’admettre ses tords, mais il méritait un minimum d’excuses.

Entre temps, j’avais admis ma peur concernant l’avenir, concernant nos potentiels enfants, concernant notre fils. « On aurait pu être dans un endroit complètement différent aujourd’hui. » admis-je. Mais ce n’était pas le cas. Je soupirais à ses questions et je jouais dans mes cheveux maladroitement. « Je sais pas. T’as envie de le revoir, de le connaître? T’as envie de me revoir? » Max ne venait pas sans moi et inversement. Je ne lui avais pas encore dit, mais je n’avais pas de réel plan. Bon, le plan initial était d’aller en Nouvelle-Zélande, de régler la paperasse liée à ma mère et ensuite de retourner en Amérique. Après, c’était clairement plus compliqué que ça et ma mère avait laissé des traces un peu partout et mon séjour devait s’allonger davantage. Ça m’énervait beaucoup. Je ne prévoyais pas croiser le père de mon fils, non plus. Pas avant d’être prête, pas avant de le décider. Pas avant d’avoir décidé que j’étais prête. L’homme s’énervait lorsque je mentionnais l’existence du testament. Grave erreur. Avorter mission, avorter mission... Eh bah non, ça fonctionne pas comme ça! « Ça aurait pu arriver. » dis-je avec la voix basse, un peu honteuse. En aurait-il voulu de l’enfant? « C’est pas tout à fait ça... » dis-je à voix silencieuse alors qu’il mentionnait l’acte de naissance de Maxwell, mais il ne me laissait pas le temps d’en placer une.

Aux mots dictatrice aux commandes, mes yeux s’agrandissaient, mes sourcils se fronçait et une vague de chaleur et de colère me prenait. La claque partait d’elle-même et atterrissait férocement sur la joue de Conchobàhr alors que le chien et mon fils relevaient la tête. « La dictatrice aux commandes a décidé que c’était assez pour aujourd’hui. Si t’as vraiment envie de le connaître, me fais pas trop chier. » Dis-je avec le cœur qui battait à tout rompre, j’avais même peur qu’il sorte de sa cage thoracique pour aller frapper lui-même Concho. « Viens, Max. On s’en va. » Dis-je en regagnant la douceur qu’il me fallait pour mon fils et de le prendre dans mes bras. « Si jamais tu veux le connaître, dis-toi que j'ai le même numéro qu'avant et que si t'as des couilles, tu t'excuseras. »

Au-delà des excuses, j’aurais aimé comprendre. Mais Ally ne me disait rien de plus, elle s’excusait et admettait qu’on aurait pu être totalement ailleurs aujourd’hui. C’est tout. Rien de plus sur les raisons qui l’avaient poussée à partir, sur la justification de ses doutes quant à l’amour que je lui portais, rien. Il va sans dire que ses réponses ne me convenaient pas, elles ne me suffisaient pas, mais je ne pouvais pas davantage insister. Si elle jugeait que ces informations appartenaient au passé, pour moi, elles n’avaient jamais autant été d’actualité. Lorsqu’elle me demanda si j’avais envie de le revoir, de le connaître, et de la revoir elle, c’est surtout sur la dernière partie que j’accrochai. Je lui en voulais tellement, encore plus maintenant que je l’avais face à moi et qu’elle ne semblait même pas saisir jusqu’à quel point elle m’avait blessé. Bien sûr que je voulais connaitre mon fils, mais le pourrais-je si pour ça je devais être en paix avec Ally ? « J’ai aucune idée de ce que je veux, Ally, j’viens d’apprendre y’a quinze minutes que je suis père. » Dis-je à voix un peu plus basse, et plus ferme. Je ne voulais quand même pas qu’il puisse l’apprendre en entendant une dispute entre ses parents. « Laisse-moi quelques jours, pour digérer la nouvelle, pour me calmer un peu, ok ? S’il-te-plait ? Ne disparais pas à nouveau … » Parce que ça me ferait tellement mal encore, surtout qu’elle partait avec une plus grande partie de moi-même encore que la première fois. Mais si je pensais être au sommet de l’incompréhension et de la colère, je me trompais sur toute la ligne. Ally m’apprit qu’elle m’avait mis dans son testament, pour reprendre la garde de Maxwell si elle décédait. J’hallucinais. Cette goutte ayant fait déborder le vase, je ne réfléchis plus trop aux mots que j’employais, et le coup de la dictatrice me mérita une gifle monumentale de la part de mon ex. Je ne bougeai pas, ma joue devenant d’un rouge alarmant. Je serrai la mâchoire en la regardant avec fureur, contenant toutefois celle-ci, pour le bien de Maxwell dont l’attention était toute à nous maintenant. « J’fais une erreur et tu repars, c’est ça ? On reparlera de toutes celles que t’as faites ces dernières années. Comme si après ça je pouvais t’accueillir à bras ouverts. » Conclus-je, la regardant prendre son fils dans ses bras. « T’es pas possible, de demander des excuses. » J’eus un rire jaune en secouant la tête. « Gambo, tu restes. » Dis-je en tirant sur sa laisse alors que mon carlin cherchait à suivre le petit, de qui il avait reçu un trop-plein d’amour.

Je n’avais pas à me justifier. Avais-je à me justifier? C’était complexe dans un autre sens. J’étais enceinte sans le savoir, j’avais les hormones à fond Léon et pourtant, je m’étais sentie extrêmement seule, excessivement seule. Peut-être devrais-je attribuer ça également aux hormones... Après tout, Concho avait été présent tout au long de notre relation et je ne pouvais pas le blâmer pour tout ce que j’avais vécu. Peut-être pour son manque de support, peut-être pour le fait qu’il ne s’était pas rendu compte de ce qui s’était passé avant moi. Avais-je une réelle raison de lui en vouloir? Non. Avait-il des raisons valables de m’en vouloir, moi qui avais disparue du jour au lendemain sans laisser de note, ni de nouvelles. L’homme poursuivait en me disant qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il voulait. « J’aurais du te le dire. » admis-je alors également à voix basse. J’admettais certains de mes tords là-dessus. Il poursuivait en me disant de lui laisser quelques jours pour digérer, pour se calmer. Je hochais la tête positivement. « Je dois aller en Nouvelle-Zélande pour la paperasse de ma mère. Je reviendrai après. » Dis-je avec douceur, cette fois. La raison initiale de ma venue était ma mère, je devais me concentrer là-dessus. Néanmoins, j’étais transparente.

La tension avait monté d’un cran. Me faire traiter de dictatrice ne passait pas du tout. L’homme me disait que s’il faisait une erreur, je repartais. « Traites-moi encore de dictatrice, assure-toi que tu ne le reverras jamais. » dis-je cruellement. L’homme me flanquait toutes mes erreurs en plein visage. « Parce que tu crois que t’es parfait? » lui demandais-je, insultée. Il ne l’était pas. « Je te demande des excuses pour le compliment que tu viens de me faire. Le reste, je m’en fous. » Voilà. C’était clair, net et surtout très précis. J’apprenais un peu plus chaque jour à être claire dans ce que je voulais. Mon fils se débattait pour aller rejoindre le chien une nouvelle fois. C’était pas sérieux. « Viens on va voir Cinnamon. » Lui dis-je avec un petit sourire et des bisous, ce qui semblait apaiser ma progéniture. « Appelle-moi. » dis-je en disparaissant avec mon fils peu à peu.

Ally m’informa qu’elle devait se rendre en Nouvelle-Zélande pour la paperasse liée au décès de sa mère. J’hochai la tête, plus calme, même si en moi c’était loin d’être l’état global. « Ok. Tiens-moi au courant de ton retour … » Parce qu’après tout ce que j’avais à digérer, je n’allais pas jouer aux devinettes à propos du délai que ça lui prendrait avant d’être de retour à Bowen. Et comme Ally avait maintenant un précédent quant au fait de foutre le camp sans prévenir, je préférais lui demander de m’avertir. C’est d’ailleurs cette irritation que je ne pouvais apaiser en moi qui me conduisis à la traiter de dictatrice, ce qui est un peu fort, je l’admets. « Non, j’crois pas que je suis parfait, loin de là ! » J’aurais rajouté un mais en lui disant toutefois ce que j’étais contrairement à elle, mais je m’abstins. Pauvre gamin. Il avait ressenti assez d’animosité pour aujourd’hui. « Je m’excuse, ok ? C’est allé trop loin je l’admets. Tu me mets hors de moi Ally. » Soufflais-je, blessé. Ce n’était même plus un reproche, c’était un fait. Ally annonça à Maxwell qu’ils retournaient voir Cinnamon, ce qui sembla éloigner son attention de Gamborlim, que je tenais fermement avec sa laisse. Quand elle me dit de l’appeler, je soupirai. J’attendrais quelques jours, visiblement je ne pouvais pas m’attendre à ce qu’elle m’avertisse de son retour à Bowen après la Nouvelle-Zélande. Et alors que je la regardais partir avec notre fils et que les dernières années défilaient dans ma tête et dans mon cœur meurtri, je ne pouvais m’empêcher de penser … What the fuck went so wrong ?

TERMINÉ