Le surf et moi, ça fait deux !

J’ai mis un pain à Jason. Je lui ai mis une châtaigne, un marron, je l’ai mis dans les pommes. Vlan, je l’ai couché. Je ne pensais pas que je le ferais mais à la façon dont il m’avait sauté dessus après ma petite farce, j’avais eu l’impression qu’il allait m’étrangler. Peut-être que oui, peut-être que non, on ne le saura jamais. J’ai tout de même réagi en état de légitime défense selon moi. En tout cas, ça m’a permis de ne pas avoir à torturer mes tifs et je n’ai pas eu besoin de me saouler. J’ai donc repris le dessus et profité de vivre de mes revenus d’actrice, sans oublier le pourcentage sur les rediffusions et les produits dérivés. Qui veut acheter la poupée Ana qui dit "j’aime Jason" … je suppose que c’est toujours moins vendeur que "j’ai assommé Jason".

On se bouge, on va de l’avant !

Je décide de ces belles journées de détente pour donner une chance au surf. Pardon, pour me donner une chance au surf. Une ex copine a essayé patiemment de me montrer ce qu’il fallait faire et malgré ma bonne volonté, j’ai fait systématiquement. Je crois bien que mon autre ex copine était plus douée que moi, ceci dit, ce n’est pas dur. Je m’y remets donc. Serviette, protection anti-moustique, anti-soleil, anti autographes … Ca n’existe pas, ha si, je montre les poings, grrrrr, barrez-vous ! Sauf quand c’est une petit fille ou un petit garçon qui vient me le demander, comment refuser dans ce cas ? Alors, ces chacals m’envoient tous leurs bambins !

On respire, on se détend. Zen …

Moi zen ? Quand ? Dans une centaine d’année peut-être, et encore. Je loue une planche de surf et je m’éclate sur les vagues mais pas dans le sens amusement, dans le sens je m’éclate la tête sur l’eau en tombant encore et encore. C’est pourtant une planche normale, c’est moi qui glisse dessus, qui ne  garde pas l’équilibre à la première vague !

Je tombe, je tombe, je tombe !

Je me retrouve la tête dans le sable au bord de l’eau après une énième chute, à cracher du sel, avec en prime une algue sur la tête en guise de chapeau … Et il y a un gus qui se moque de moi, il rit !

"C’est tout à fait ce que je voulais faire ..."

Dire qu’il trouve ça drôle. Rire du malheur des autres, c’est mal ! Je le foudroie donc du regard. S’il ose me demande un autographe, lui, je le noie !

Asl n’éprouvait déjà plus de tristesse et ça l’ennuyait en fait. Sa rupture avec une certaine jeune femme était très récente mais ça n’était pas ça le plus affligeant. C’était en fait que leur relation avait été … Tiède. Sans passion. Rien que ça, c’était un signe que ça n’allait pas, que ça n’avait pas collé entre eux. Les torts étaient certainement partagés. le jeune homme se disait qu’il devait avoir sa part de responsabilité dans cette séparation en mauvais termes. C’était peut-être à cause de lui si son histoire d’amour n’avait pas été passionnée. Il était peut-être trop calme, trop posé, à ne pas parler assez. Certains disaient que ce serait avoir une attitude "cool" mais Asl avait un doute. Fonzie de la série TV préhistorique "happy days" était cool, le néo-zélandais avait juste l’air … Sage, c’était le mot.

Cet après-midi-là, il retournait faire du surf sur les vagues. Il le faisait déjà avant après tout. A son arrivée, il était étonné par un petit attroupement devant une jeune femme dont il ne tardait pas à se souvenir puisqu’il avait travaillé comme figurant à la même série TV qu’elle. On ne l’avait pas gardé parce qu’un expert en arts martiaux n’était au final pas utile en dehors de quelques épisodes ciblés mais globalement, Asl avait eu l’impression que la star de la série ne le voulait pas "dans les parages". Peut-être parce que le néo-zélandais devait faire quelque chose comme vingt centimètres de plus que lui. La différence de taille n’était pas un problème pour le néo-zélandais mais c’était sans doute moins difficile pour la personne plus grande.

Asl installait ses affaires tranquillement de son coté. Il ne lui serait pas venu à l’idée de risquer d’importuner l’actrice en allant lui dire bonjour, elle devait avoir besoin de répit, alors s’installer à coté d’elle. Néanmoins, il ne pouvait s’empêcher de la regarder tenter de pratiquer le surf. La jeune femme avait visiblement du courage pour se lancer dans une activité où elle devait déjà savoir qu’elle était mauvaise et de ténacité pour continuer à se ridiculiser à chaque fois qu’elle remontait sur sa planche, pour mieux tomber trop peu de temps après. En fait, elle tombait de tellement manières différentes qu’Asl se mettait à rire en la voyant mais pas méchamment. Elle le repérait alors et lui sortait une excuse bidon qui le faisait rire encore plus !

"Pardon, je ne me moque pas, simplement, je suis moi-même peu doué mais là, c’est quelque chose. Bravo pour la ténacité."

Disait-il en venant retirer "le chapeau d’algue" de la tête de la brune pour le rendre ensuite à l’océan.

Sur le moment, je suis presque vexée quand il rit encore plus après ma répartie mais en fait la situation et le rire au final pas méchant du jeune homme m’amènent à rire moi aussi. Par contre, je suis surprise quand il me débarrasse des algues. Ca, c’est assez prévenant et il ne m’a pas demandé d’autographe, je n’aurai donc pas à le noyer. Tant mieux parce qu’il est trop grand, il faudrait que je l’assomme, que je l’attache et que je lui mette la tête dans un seau d’eau, quelle galère ce serait. J’aurais du faire ça à Jason jusqu’à ce qu’il lui pousse des branchies ! N’en parlons plus, le passé au passé, le présent au présent et le futur juste après le présent. Respire, Ana. Je hausse les épaules quand il me flatte justement parce ce que je suis nulle. Ca c'est inédit. Ah non, la fameuse ténacité !

"Ténacité, masochisme, un peu des deux. Merci. Hé, une minute !"

Je le regarde mieux, ça aide sans les algues devant mes yeux.

"Un grand blond prévenant, sympathique, mature, calme et posé, mais on se connaît ! Tu ne serais pas le figurant avec qui j’ai bu un café deux ou trois fois ?"

Je le tutoie puisqu’on s’est connus au travail. Tout le monde se tutoie là-bas. Je me redresse et le regarde attentivement pendant que ma planche se décide à me rejoindre via le ressac. Je me vante d’avoir une mémoire des visages sans faille, c’est le moment de le prouver !

"Ne me dis rien, je vais trouver."

Je le regarde, je réfléchis. Je ne peux pas faire les deux ? Visiblement non et je ne trouve pas alors je ruse. Du moins, je ruse comme je peux.

"Un indice ?"

Je vais trouver !

Ca allait, Ana ne l’avait pas mal pris, bien au contraire. Ce qui étonnait le plus Asl, c’est qu’elle semblait se souvenir de lui alors qu’ils s’étaient parlés au grand maximum trois fois, sans oublier la fois où il lui aurait rendu service, ce dont il n’était pas convaincu pour sa part. Globalement, le néo-zélandais n’aimait pas l’ambiance du studio, il trouvait que beaucoup trop acteurs étaient  superficiels, mais surtout mesquins et hypocrites. Ana avait pour sa part un caractère authentique et une spontanéité du style à "double tranchant" ! De fait, ça comptait pour lui qu’elle se souvienne de lui, manifestement pas de son prénom visiblement mais quelque part, c’était tout à fait normal. Un indice, il en avait un de tout trouvé.

"Sur le tournage, vous me surnommiez "Donnie". Ca devrait t’aider."

En fait, il n’était pas certain du tout que la jeune femme trouve son prénom grâce à ce surnom donné en clin d’œil à l’acteur Donnie Yen. Pour être plus précis, la star gominée de la série l’avait surnommé pour sa part "Le Donnie Yen du pauvre". Si avec ça, certains persistaient à penser qu’il ne méprisait pas le néo-zélandais … Ca ne le dérangerait donc pas si l’actrice avait oublié son prénom, déjà elle se souvenait qu’il avait fait un peu de figuration mais par jeu, il ne le lui disait pas tout de suite.

Mon regard s’illumine quand le jeune homme me donne l’indice et quel indice ! Bien sur que ça me revient et surtout notre dernier souvenir en commun ! D’ailleurs ça me provoque un flash-back !


[Début du flash-back]

Je dois mettre une combinaison de super-héroïne trop moulante dans un épisode et si mon poids augmente de quelques grammes pour ainsi dire, je risque ne pas entrer dedans mais ça n’est pas l’horreur. L’horreur, c’est qu’on m’a assignée une nutritionniste qui me traque pour m’empêcher de grignoter mais moi j’aime grignoter sur le tournage, ça m’aide à retenir mon texte ! Je la sème donc et me retrouve en mode ninja devant le distributeur de gourmandises. Miam, un kinder bueno ! Je le prends derechef et l’ouvre quand Asl arrive, grand comme il est, il ne passe pas inaperçu. Il est tellement grand que je me casse un peu le cou quand il se tient pile devant moi comme maintenant. Il est aussi grand que l’acteur polonais qui tourne dans la série Supernatural, Jared Pada … Leski, quelque chose comme ça.

"Salut Donnie, ça baigne ? Trop tard, c’était le dernier."

Dis-je en lui faisant un clin d’œil en en avalant une moitié avant de lui proposer spontanément s’il veut l’autre moitié mais il décline avec un sourire. J’ouvre alors de grands yeux de peur en voyant ma nutritionniste qui me chercher visiblement et va me trouver !

"Oh non, pas elle !"

Et j’ai la bouche pleine de chocolat, et si je m’essuie du revers de la main, elle le verra aussitôt, elle voit tout ! Comprenant la situation, Asl réagit alors au quart de tour. Ca m’étonne d’ailleurs, ce type est tellement calme que j’ai parfois l’impression qu’il a deux de tension mais pas du tout. Il prend le kinder bueno, avec beaucoup de délicatesse, il nettoie le chocolat sur mon visage avec une lingette hygiénique et me fait boire un peu d’eau juste à temps, ma traqueuse n’y voit que du feu. Du coup, elle engueule aussi Asl parce qu’il n’est pas censé grignoter non plus même si pour lui, c’est bien sur infiniment moins "grave".

[Début du flash-back]


"Aslander Culligan, mon sauveur, hihi."

Ana se souvenait de son prénom et elle avait allègrement estropié son nom de famille mais c’était déjà très bien.

"C’est Callaghan."

Il souriait aussi en entendant le terme de "sauveur", conernant probablement le service qu’il lui avait rendu devant le distributeur de confiseries. Heureusement qu’elle était entrée dans la combinaison moulante sinon elle lui en aurait en fait voulu de ne pas l’avoir empêchée de manger cette moitié de kinder bueno. Comme disait l’autre, il en fallait peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux.

"Ca me fait plaisir que tu te souviennes de mon prénom. Sauveur, c’est peut-être le cas en fait même si le terme est un peu fort et pas parce que tu n’as pas été grondée mais parce j’ai mangé la moitié de la confiserie ce jour-là mais comme je l’avais refusée initialement, j’ai rattrapé mon erreur, on va dire."

L’actrice était généreuse et passionnée mais était-elle passionnante ? Ca, Asl ne pouvait pas le savoir. Il regardait alors la planche qui bougeait un peu sur le rivage.

"J’ai l’impression que tu fais les mêmes erreurs que moi quand j’ai débuté le surf mais en plus artistique ... Je peux t’aider si tu veux."

Il tenait lui-même ses conseils d’une pro même s’il les avait adaptés à sa pratique des arts martiaux. Peut-être que la jeune femme aurait envie qu’il l’aide, à moins qu’elle préfère avoir un peu d’intimité, ce qui serait compréhensible.

Asl est toujours aussi prévenant mais qu’est-ce qu’il est grand ! Je suis petite et il est immense, je ne vous dis pas le contraste ! A vue de nez, je dirais qu’on a trente centimètres de différence ! Je souris quand il me propose son aide, ce jeune homme est toujours aussi charmant. Et canon, ai-je besoin de le préciser, super canon.

"Mon sauveur ! Ca roule. Ou plutôt, ça surfe. Vas-y, je te regarde histoire de voir ce qu’il faut faire."

Il y va avec sa planche, je le regarde donc. Il tombe. Pas grave, il s’échauffe. Puis il tombe, encore, encore et encore. Au début, je crois qu’il le fait exprès mais pas du tout alors je fais spontanément ce qu’il a fait tout à l’heure : Je me marre comme une baleine.

"Donc là, tu m’as montré ce qu’il ne faut pas faire !"

Je lui dis entre deux éclats de rire. Mon Dieu, il y avait un petit moment que je n’avais pas ri comme ça !

"Là c’est sur, ça me décomplexe !"

Je le rejoins et on passe un bon moment à tenter de corriger les erreurs de l’autre. Je dois dire qu’on a l’air de deux mains gauches à une convention de droitiers  mais je m’amuse beaucoup et c’est génial. Je dois dire aussi que je suis amusée quand il essaie de m’aider à remonter sur ma planche ou pour corriger une position quand je suis dessus parce qu’il me touche … Mais sans me toucher !

"Oh, j’ai la gale ou quoi ? Pose-les tes mains, je ne vais pas te mordre !"

Dis-je en plaçant d’office ses mains sur mes hanches. Je me doute bien qu’il ne me pelotera pas alors que moi, je ne vais pas me gêner !

En principe, le regard des autres ne perturbait pas Asl. Evidemment pas pendant qu’il pratiquait son art martial mais pas dans un domaine tel que le surf où il était nettement moins à l’aise. Or, il fallait l’avouer, le néo-zélandais était pour le moins malhabile alors qu’il était censé l’aider. Au moins riait-elle et semblait-elle beaucoup plus à l’aise pour la suite.

"Du coup ça devient une entraide."

C’était dans les faits tout à fait ça. Si Asl avait pensé qu’Ana était un phénomène quand il avait travaillé comme figurant dans la même série TV qu’elle, il n’en avait plus le moindre doute cet après-midi. Cette jeune femme était un tourbillon de vie, elle était tout feu tout flamme. La façon dont elle le recadrait quand il hésitait à la toucher était particulièrement étonnante. Une chose était sure, Ana était tactile.

"Je mords peut-être, moi."

Répondait-il avec un sourire mystérieux parce que l’air de rien, la jeune femme lui donnait pour sa part l’impression de le peloter. Ana était vraiment tactile, ce qui ne dérangeait pas Asl au demeurant mais le néo-zélandais ne pouvait pas rester plus longtemps ce jour-là. Comme leurs progrès étaient très relatifs, ils se donnaient rendez-vous au même endroit mais un peu plus tôt cette fois.

Une entraide, c’est tout à fait ça et c’est bien mieux en fait même s’il faut reconnaître que pour une première fois, on n’a pas fait "des étincelles". Il se rend compte assez vite que je le touche un peu plus que nécessaire, il faut dire que je suis quelqu'un d’assez directe ! Je souris quand il me dit qu’il mord peut-être, lui et je lui réponds … Quelque chose qui à mon avis n’entre pas dans l’oreille d’un sourd ! Asl n’a pas le temps de rester alors on se voit plus tôt le lendemain mais là c’est moi qui ait beaucoup moins de temps alors la séance d’entraide serait vraiment plus importante le surlendemain ! Les deux premiers jours, on n’a donc pas du tout le temps de discuter. Si la première fois, la deuxième techniquement, il m’a vue arriver de loin, je me plante à coté de lui par surprise aujourd'hui, pendant qu’il a visiblement "la tête ailleurs."

"Salut !"

Aux premières retrouvailles, je lui ai fait une simple bise sonore sur la joue et pour y arriver, je me suis mise sur la pointe des pieds et lui s’est penché, en effet ! Cette fois, je profite de l’effet de surprise pour lui mordiller le lobe de l’oreille, ce qui a bien sur un rapport avec une certaine réponse l’avant-veille. C’est qu’il a bon goût !

Asl n’était pas très surpris de revoir Ana le lendemain, par contre le surlendemain, nettement plus. Il aurait aimé discuter avec elle dès le premier jour mais il n’avait pas pu rester davantage et le lendemain, c’était elle qui n’avait pas eu assez de temps pour ça. Avec ces deux jours de recul, le jeune homme se demandait si ça n’était pas en fait une bonne chose pendant qu’il l’attendait. S’ils avaient discuté le premier jour, voire même le deuxième, Asl aurait été amical avec elle, tout comme il l’avait été au commencement d’une amitié ou d’un flirt. Or, ça induisait forcément en erreur dans le cas d’une éventuelle romance et pourquoi pensait-il à ça ? Il y pensait parce qu’il se souvenait de ce qu’Ana lui avait répondu tout sourire quand il avait dit que lui, il pouvait mordre peut-être.

"Je mords peut-être, moi."

"Chiche !"

Chiche ? Comment ça, chiche ? Le jeune homme n’était pas sur de comprendre ce qu’elle avait voulu dire. Néanmoins, c’était autre chose qui le préoccupait vraiment depuis son arrivée à la plage. A ce moment-là, la jeune femme le surprenait deux fois, d’abord en arrivant près de lui alors qu’il ne s’y attendait pas du tout et ensuite en lui mordillant l’oreille !

"Salut. Alors c’était pour ça, "chiche" ! Bien joué, ça va donc être à mon tour si je comprends bien."

Il souriait avant de regarder l’océan d’un air un peu embarrassé alors. Il n’y avait quasiment pas de vagues. Pas de vent, pas de vagues.

"Les vagues vont peut-être revenir."

Ou pas ?

"Au fait, tu peux m’appeler Asl si ça te dit, c’est mon diminutif pour mes proches."

Haha, je l’ai surpris en lui mordillant le lobe de l’oreille. En fait, je crois que je me suis surprise moi-même. C’est un geste assez intime tout de même. D’accord, ce n’est pas un baiser sur la bouche mais j’ai l’impression qu’en faisant ça à ce jeune homme, j’en prends la direction. Du calme Ana, calme-toi. Respire ! Il me fait rire alors en me répondant que ça serait donc à son tour de me mordre.

"Excellent."

Je me contente de répondre avec un demi-sourire, puis je regarde dans la même direction que lui.

"Pas grave, le loueur de planches de surf aurait fermé exceptionnellement aujourd’hui. On n’a qu’à bronzer et papoter, hihi."

Il me dit alors qu’on l’appelle par un diminutif, que c’est trognon.

"Asl, j’adore. Moi tu peux m’appeler … Ana. Rho, mon prénom est déjà par nature un diminutif ! Zou, on est en zone mixte, pudiques et nudistes, si ça ne te dérange pas ..."

Je suis sur le point de retirer le haut de mon maillot de bain mais je vois alors que ça le dérangerait ! Ce jeune homme est pudique, hihi.

"Tu ne pratiques pas le bronzage intégral ? Tu t’y mettrais pour me faire plaisir ?"

Je demande parce qu’un derrière tout blanc sur un corps bronzé, je ne trouve pas ça beau ! Ce disant, je fouille dans mon sac à dos, sortant la crème solaire et me compose un rôle de jeune femme affligée par l’oubli d’un ustensile important en la circonstance. Ana, actrice née.

"Oh non ! J’ai oublié mon grattoir magique avec un bonus pour appliquer la crème solaire dans le dos, mais comment vais-je faire ?"

Evidemment, je force "le trait" pour qu’il comprenne le message tacite.

Il était vrai que c’était difficile de donner un diminutif au prénom Ana. Nana ? Non, bien sur que non. La jeune femme était visiblement contente à l’idée qu’Asl la morde, elle était joueuse, prenant très bien le fait qu’ils ne pourraient sans doute pas pratiquer le surf cet après-midi. En fait, elle n’avait carrément pas pris de planche de surf ! Le néo-zélandais préférait ne pas commenter son conditionnel sur une certaine fermeture exceptionnelle, tellement ses paroles étaient délibérément dépourvues de crédibilité.

"Volontiers."

Ana enchaînait déjà en évoquant le fait qu’ils pourraient bronzer sans maillot de bain et ça devait alors se voir que le jeune homme était embarrassé à cette idée parce que la brune lui posait alors une question qui le surprenait encore plus. La jeune femme était vraiment surprenante.

"He bien ..."

Asl réfléchissait quelques instants à la question, préférant ne pas dire une bêtise spontanément.

"Dans certaines conditions,  je dirais que ce serait possible. Disons que je ne me montre nu que pour l’élue de mon cœur. Là, je sors à peine d’une rupture sentimentale et je dois dire que c’est un sujet assez délicat."

Le néo-zélandais grimaçait en disant çà, heureusement Ana lui rendait le sourire avec son numéro d’actrice "en détresse".

"Je m’en occupe mais à charge de revanche."

Répondait-il en lui faisant un clin d’œil avant de s’emparer de la crème solaire.

Rupture sentimentale, je note l’information, on y reviendra ! Ca veut déjà dire qu’il est libre et à prendre avec des "pincettes". Ca tombe bien, je me sens moins extravertie depuis ma propre rupture, donc tout en finesse, Ana. Asl répond à ma question sur la nudité en parvenant à ne me dire ni oui, ni non que j’interprète aussitôt comme un oui. Il s’empare de la crème solaire après ma prestation mais je le retiens par le poignet.

"Pas tout de suite, du coup ! On remballe tout, suis moi."

Dont acte. Je vois bien que le jeune homme est curieux mais il joue le jeu, ça aussi c’est bien ! On marche tranquillement le long de la plage. J’évite de lui prendre le bras, vraiment tout en finesse. Un petit kilomètre plus loin, je retrouve comme prévu les box. Ce sont tout simplement des espaces privés où on peut bronzer entièrement nus et en toute intimité.

"C’est mon idée alors je t’invite et on ne discute pas. Tu paieras la prochaine fois."

La prochaine fois ? Voilà que j’ai à nouveau des projets d’avenir ! On ressort nos affaires et je fais mine de retirer le haut de mon maillot de bain mais je m’interromps avant de regarder le jeune homme avec un air malicieux.

"Tu peux passer la crème maintenant et après ça sera à mon tour de m’occuper de toi mais tu me le dis si ça te gêne de me voir à poils."

Poils, pour le peu qui me reste, vive l’épilation. Il faut souffrir pour être belle, tout ça ! Souffrir, c’est peut-être un grand mot avec les techniques modernes mais ça pique !

Le moins qu’Asl puisse dire, c’est qu’Ana était tactile, toutes les raisons étaient bonnes pour le toucher. Elle avait aussi de la suite dans les idées. Le néo-zélandais se demandait où elle l’entraînait après qu’ils aient remis leurs affaires dans leur sac à dos respectif et que le jeune homme soit allé ranger sa planche de surf dans sa voiture parce que l’air de rien, la latine n’était pas de toute façon pas venue dans le but de surfer cet après-midi. Ils marchaient le long de la plage et Asl notait que si Ana ne le touchait pas, elle était assez proche de lui pour le frôler en permanence. De toute évidence, ils n’avaient pas l’air d’amis aux yeux des personnes qu’ils croisaient. Tous ces sourires entendus ! Asl se disait qu’il ne considérait pas la belle brune comme une amie mais il ne la draguait pas non plus, à moins qu’ils soient dans un jeu amoureux dont la subtilité lui échappait.

"Je vois ! Effectivement, je n’y aurais pas pensé. Chiche, dès demain même si ça te va."

Ca lui allait et ça faisait bien plus plaisir à Asl qu’il le pensait. Ils installaient donc leur serviettes respective mais réunie en une plus grande dans le box, leurs affaires et le néo-zélandais se figeait quand Ana lui demandait si ça ne la dérangeait pas si elle se mettait "à poils".

"D’accord. Moi je veux bien me mettre nu du coup mais uniquement pour bronzer … Le dos, cet après-midi."

Il se rappelait trop tard qu’il avait dit ne se montrer nu que pour sa chérie et ses paroles allaient forcément être interprétés d’une façon qui arrangerait le plus son interlocutrice. Après tout, si ça lui faisait plaisir, ça allait. En parlant de plaisir, les yeux du jeune homme étaient à la fête même s’il faisait mine de ne pas la contempler pendant qu’elle retirait le peu de tissu qui la recouvrait jusqu’ici. Ana avait un corps magnifique, aux courbes parfaites selon lui, le fait qu’elle ne soit pas bien grande ne changeait rien. Il pourrait la soulever sans problème pour … Lui passer la crème solaire. Non, ça ne serait pas nécessaire.

"C’est vrai que le bronzage intégral est très joli."

Commentait-il en protégeant le dos de la jeune femme avec la crème solaire d’une façon des plus  consciencieuses.

Je dois dire que je me sens bien avec Asl, il ne me regarde pas comme une star, il n’y fait pas allusion, je suis sure qu’il n’y pense pas. C’est un sportif, c’est un expert en arts martiaux donc sans verser dans la caricature, je suis sure qu’il ne pense pas beaucoup. Du coup il me ressemble assez ! C’est vrai que je n’aimerais pas sortir avec un fan, ça m’inquiéterait même. Sortir ? Je viens de penser au mot sortir ? Ho que je suis vilaine. Puis je souris pendant qu’il me passe la crème solaire, uniquement sur le dos mais personne n’est parfait.

"C’est surtout la zone blanche sur un corps bronzé qui ressort très mal mais ne t’inquiète pas, je vais arranger ça. Merci, quelle doigté, tu es manuel toi, et c’est un compliment, hihi. A ton tour."

Je commence directement par le torse !

"Quoi, je n’ai jamais dit que je ne ferai que le dos, moi ! Laisse-toi, ne m’oblige pas à être violente. Je sais, tu sais te battre toi aussi et ça peut prêter à rire mais crois-moi, tu ne veux pas me voir me battre."

Il obtempère et quelque chose me dit qu’un membre de sa famille avec mon tempérament de feu. Je dirais une petite sœur.

"Tes plaques de chocolat me donnent faim."

Tout en finesse, Ana ! Je ris sous cape parce qu’il regarde ailleurs pour ne pas voir certaines parties de mon anatomie. Un gars qui me regarde vraiment dans les yeux quand j’ai les seins à l’air, c’est inédit ! Quel respect … Ou il redoute de ne pas garder son sang-froid. Zut, la rupture, je dois le ménager. He bien, je le ménage en ne remuant pas encore "le couteau dans la plaie". Pas encore ! J’enduis de crème protectrice ses bras, ses jambes musclées avant de passer au dos. Il est musclé sans excès, j’adore.

"Ne t’étonne pas si ton derrière te pique, je passe un accélérateur de bronzage en fait sur cette partie là. Ne t’en fais pas, ça ne virera pas rouge écrevisse."

Je sais ce que je fais. Ma première "cobaye" m’en avait voulu un peu, elle n’avait pas pu s’asseoir pendant quelques jours. La deuxième m’en a voulu un peu aussi ! J’applique donc l’huile consciencieusement et parle d’autre chose pour faire diversion.

"Alors, ça te plaît l’Australie, tu aimes vivre à Bowen ? La Nouvelle-Zélande ne te manque pas ?"

Il ne m’en a évidemment jamais parlé mais ça saute aux yeux que c’est un kiwi, ou plutôt, aux oreilles.