the way is dim, but somehow I find it (jacks)

1993-2008. de l'enfance à la délivrance. Aller à l'école, bosser pour papa et maman quand il eut atteint l'âge de mettre la main à la pâte, se montrer trop sérieux, se montrer trop droit et responsable. Jackson se refermait complètement entre des murs qui s'érigeaient d'eux-mêmes entre sa vie et ses rêves. Son seul moment de répit, c'était lors des cours de gymnastique à l'école, là où son talent semblait briller sans effort d'une lumière qui l'enveloppait tout entier. Il respirait à nouveau. Il était lui, complètement lui, sans masque et sans efface. Et pour cette raison, on le remarqua, à l'âge de quinze ans, dans toute cette splendeur qui ferait de lui un acrobate hors-pair.  

2008-2018. cirkaös. Se donner l’impression de toucher les nuages, c’était certainement la meilleure méthode pour Jackson d’oublier que la vie d’en bas était dénuée de sens et d’extase. Ce n’est que la tête dans les airs ou vers le bas, le corps en parfaite suspension, qu’il avait l’impression de posséder sa vie et non le contraire. Parce qu’il avait toujours eu l’impression d’être un pantin pour qui on décidait de tout, il avait tôt fait de couper toutes les cordes qui le protégeaient pourtant des hauteurs. Jackson était le casse-cou, l’insouciant, le téméraire, celui qui préférait risquer une chute mortelle plutôt que de se sentir attaché, prisonnier, contrôlé par d’invisibles mains au-dessus de lui, plus haut que lui. S’il n’y avait que son corps pour l’élever tout là-haut, il avait alors la certitude d’être maître de lui-même, et parfois d’être maître du monde. De cette scène, à tout le moins. L’adrénaline frôlant la folie, Cirkaös portait trop bien son nom pour Jackson : l’endroit où le chaos magistral régnait, le désordre magnifique, et pour la toute première fois de sa vie il avait l’impression que son environnement correspondait à sa personne. Le lion à dompter, il appartenait à un autre numéro, ce n'était plus lui.  

2019. bowen. Plus rien. Le cirque, fermé. Brooke, partie. La découverte du monde, terminée. Jackson s’était retrouvé tout d’un coup sans repère, sans lumière phare pour le guider à travers le brouillard de ses incertitudes. Son rêve, celui qu’il vivait les yeux ouverts depuis tellement d’années, venait de s’envoler en fumée. Ses objectifs, ses buts, égarés. Il n’avait jamais connu quoique ce soit d’autre que danser parmi les étoiles, virevolter dans les hauteurs. Jackson n’avait jamais eu les deux pieds sur terre et tout d’un coup on l’obligeait à redescendre en bas complètement. Se remettre de ça, ça lui prendrait bien du temps, temps qu’il n’avait plus, parce qu’il devait continuer à avancer. Dans ce monde où tout a un coût, Jackson ne pouvait pas jouer aux insouciants plus longtemps. Une destination parmi toutes les autres sembla briller davantage, l’attirant de son exotisme inespéré, les voix de deux personnes bien particulières pour lui l’appelant sans même le savoir : celle de Brooke Oxley, son ancienne partenaire qui s’était visiblement établie à Bowen à en voir son Instagram débordant de clichés de l’endroit et de commentaires de ses habitants, et celle d’Emrys Castel-Lewis, son demi-frère qui y était déjà installé dans le plus profond des silences. Silence qui serait bientôt brisé de force par un Jackson qui n’en avait que faire de son havre de paix.