no money, no candy (lucio)

Tu gares ta voiture au bord de la rue, juste en face du complexe sportif où tu dois venir chercher ton fils, sa pratique de foot qui prend fin dans quelques minutes. Tu es bien plus qu'à l'heure, ton bagage d'enseignante derrière la cravate qui te donne cette ponctualité. Puis, t'aimes bien entrer dans le complexe, juste avant la fin de la pratique, pour zieuter les progrès de ton fils, grand sportif qu'il est, qui ne veut plus te savoir dans ses pattes. Dix-neuf ans, c'est bien assez vieux pour ne plus avoir besoin de sa maman, qu'on te dira. Mais, dans ton coeur, Ezio restera toujours ton petit bébé, celui que tu berçais la nuit en chantonnant des berceuses pour l'aider à s'endormir quand il faisait des cauchemars et qui avait peur des gros chiens jusqu'à ce que vous adoptiez Marcus. Les clés dans tes mains, tu mets un pied sur l'asphalte de la rue en te demandant si, un jour, il te pardonnera, à toi et son père, en réalité, d'avoir mis fin à votre famille unie. Un soupire et tu enclenches le verrouillage à distance de ta bagnole, t'avançant vers les portes du complexe. Il fait beau, t'as la tête dans les nuages, tu penses à ta famille, comme elle est maintenant, comme elle était avant, et ça te donne l'impression d'être dans un monde parallèle, de ne pas voir tout ce qui se passe autour. Et, ce n'est peut-être pas qu'une impression, au final, parce que tu n'aperçois même pas ce jeune homme aux cheveux ébène et frisés, assis sur le banc, près du complexe, qui t'épie du regard. C'est seulement quand tu t'apprêtes à entrer que tu le remarques. Lucio. L'âge d'avoir ton fils, dans ton lit pour une nuit, ton porte-feuille le remercie. Tu fronces les sourcils en le regardant te toiser. Tu me suis, alors ?, demandes-tu un peu à la blague, un peu sérieuse.

Ce genre de comportement ne te ressemble pas. Toi, tu es plutôt droite. Tu as marié ton amour de jeunesse, sans connaître d'autres hommes dans ta vie avant lui et tu pensais vivre ta vie avec lui, jusqu'à ce que tu apprennes qu'il couchait avec ses assistantes, et probablement d'autres femmes, quand tu avais le dos tourner. Toi aussi, alors, t'as commis l'adultère avec un homme que tu ne pensais jamais revoir. Comble de ton malheur, il se trouve que tu l'as recroisé récemment, amis ça, c'est une tout autre histoire. Après le divorce, la solitude s'est emparée de toi, t'as ressenti le besoin de combler le vide. Et comme le monde de la drague et de la séduction est un peu loin de ta réalité, t'as fait appel aux services d'un gigolo. Une fois, une seule fois. Tu l'as payé, bien plus que ce qu'il te demandait, en espérant ne plus jamais le croiser. Et, au final, c'est sans doute ton mauvais karma qui te l'a mis sur ta route, aujourd'hui, un deuxième fantôme du passé que tu n'as su éviter. Il précise ne pas vouloir forcer le destin, tu te permets de rire. Difficile, avec le travail que tu fais. Et il rapplique en te proposant une nouvelle partie de jambes en l'air qui te coûtera quelques dollars. Ce que je t'ai donné la dernière fois, ce n'était pas suffisant ?, murmures-tu alors que tu réalises que d'autres gens peuvent vous entendre. Ça ne te regarde pas vraiment, répliques-tu quand il te demande ce que tu fais ici. T'as pas trop envie qu'il sache que tu viens chercher ton fils. Il en connait déjà assez bien sur ton anatomie comme ça, pas la peine d'ajouter des informations sur ta vie privée au lot de ce qu'il connait sur toi.