Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
STATUT : with golden string, our universe was brought to life, that we may fall in love every time we open up our eyes (isling)
Sujet: drifting away (elowen) 19/8/2019, 23:19
Marcher jusqu’aux rives de la rivière de Bowen, s’installer sur les rochers, contempler les petites cascades et sourire en regardant les groupes d’amis ou les familles profiter d’un moment au soleil, c’était l’une des premières activités à laquelle Isaiah s’était adonné à son arrivée en ville, il y avait de cela plusieurs années désormais. Et pourtant, ce n’était pas une habitude qui l’avait quittée. Que ce soit à vélo ou à pieds, souvent il se rendait jusqu’ici lors des journées sous le soleil, emmenant un livre dans son sac à dos pour lire tranquillement, les pieds plongés dans l’eau. La plupart du temps, il n’ouvrait son livre que pour la forme, ne lisant que cinq ou six pages avant que sa concentration ne se porte vers les autres, ou vers le paysage. Les enfants qui riaient en regardant les poissons, les ados qui jouaient aux téméraires en se lançant dans la rivière du haut des parois rocheuses l’entourant, les personnes âgées assises sur les bancs longeant le sentier qui regardaient le temps passer. Un peu comme Isaiah, d’ailleurs. Chaque petit détail le faisait sourire, lui qui aimait tellement les petits bonheurs simples que la vie avait offrir, à lui ou aux autres. Le rire d’autrui était contagieux et même s’il était seul, ici, il se sentait toujours bien entouré. À tel point qu’à peine arrivé, son livre était déjà posé à côté de lui, fermé, et l’artiste laissait son regard se perdre vers les nageurs. Avec le courant qu’il y avait à certains endroits, bien des sportifs venaient s’entraîner en nageant à contre-courant. Il se passait souvent le commentaire que lui serait incapable de tenir plus qu’une minute avant d’être emmené bien trop loin. D’ailleurs, il ne tarda pas à froncer les sourcils en voyant une jeune femme, justement, sembler dériver plutôt rapidement.
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
Invité
Sujet: Re: drifting away (elowen) 8/9/2019, 17:33
J'étais en congé, une bonne et belle journée de repos faisant que j'en avais profité pour me diriger jusqu'aux rives de la rivière de Bowen. La météo était agréable, parfaite pour piquer une tête, profiter de l'instant présent, s'amuser dans l'eau. Une journée en soi remplie de repos, de joie. Un petit bonheur. Posant mes affaires dans un coin, je me disais qu'il serait bien d'aller dans l'eau, se rafraichir.
Je savais nager, comme beaucoup de monde, et le niveau de l'eau ne devait tout de même pas être si élevé que cela. Laissant ce que j'avais embarqué là où je l'avais décidé, je mettais un pied dans l'eau. Le courant ne me paraissait pas si fort que ça et je me jetais entièrement dedans. Sûre que je n'allais pas me faire embarquée, sûre que... Que quoi ? L'imprévu se passa et je fus tout simplement emmenée par cet élément indomptable, n'arrivant plus à me sortir de ce mauvais pas.
J'étais mal. Si Dani' l'apprenait ou n'importe qui, j'aurais également la honte de ma vie. Une engueulade en bonne et due forme sûrement. Essayant de me débrouiller, je me rendis rapidement compte que seule, je faisais pire que mieux. Il me fallait de l'aide. Je devais avoir l'air d'un chiot se débattant et cela m'agaçait intérieurement.
Un moment de faiblesse, de l'eau qui me rentrait dans la bouche. Je dérivais, étais incapable de faire autre chose que suivre le courant.
"A..."
Même parler m'était impossible, je bataillais. J'essayais de m'agripper à ce que je pouvais, faire en sorte d'arrêter ma dérive. Je repassais une nouvelle fois sous l'eau, fatiguant petit à petit. Espérant que quelqu'un viendrait m'aider.
Rares étaient les personnes réagissant tout de suite face à un tel événement. L’incertitude, l’inconfort, la honte, et surtout cette mauvaise idée de penser qu’un autre le ferait avant. Mais personne ne semblait avoir une vitesse de réaction raisonnable alors que pourtant, la jeune femme se débattait contre le courant, luttant pour ne pas être emportée. Isaiah délaissa ses effets personnels sur le banc sur lequel il était assis. Si quelqu’un les lui volait, alors honte à cette personne. Ce n’était que du matériel, de toute façon. La femme submergée par l’eau, elle, avait une bien plus grande valeur - incomparable. Certains regards se posèrent finalement sur la demoiselle alors qu’elle lâcha un court cri, presque imperceptible parce que les vagues du courant lui passaient par-dessus la tête. Un brouhaha s’éleva tout autour de la rivière là où les gens ne s’attardaient plus à leurs activités mais bien à cette évidente noyade. Mais personne ne sembla réagir, personne hormis Isaiah qui se débarrassa rapidement de ses chaussures encombrantes avant de plonger à l’eau. Il n’était pas le meilleur nageur. Il n’était pas un grand sportif. Il risquait d’être emporté par le courant à son tour. Certains diraient sans doute que c’était irraisonné de plonger à son tour en risquant le même sort. Mais il aurait été incapable de rester sur les rochers plats en la regardant partir, couler. Il ne se le serait jamais pardonné. Il nagea jusqu’à la jeune femme, emporté par le courant à son tour. Elle disparut sous l’eau, trop vite. Une fois arrivé à l’endroit où il l’avait vue disparaître, Isaiah plongea la tête sous l’eau et accéléra les battements de ses jambes jusqu’à ce qu’il arrive jusqu’à elle, entourant son corps de ses bras avant de remonter à la surface. Tous les deux reprirent leur souffle à la surface, dans une délivrance qui n’en était pourtant pas encore une, pas tout à fait. « Accroche-toi bien. » La rivière les emportait encore. « Le rocher, là ! » Lança-t-il. « Il faut nager jusque-là ! » Il tenta de pointer le rocher qui s’élevait au-dessus de l’eau, assez gros pour arrêter leur course folle, en vain. Il devait les soutenir tous les deux, elle qui n’avait plus la force.
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Je me sentais partir, petit à petit, sans savoir réagir, sans voir quelqu'un sauter. Oh, je m'en doutais que peu auraient osé, mais tout de même... Là, seule le froid me gagnait, seul la peur grandissait dans mon coeur. Je n'avais même pas pût m'expliquer avec Casey, comprendre les raisons de cette distance qui était apparue entre nous. Une nouvelle fois l'eau me happait, m'empêchait de faire plus, m'empêchait tout simplement de réellement m'en sortir par moi-même. J'étais totalement inutile, portée par les éléments et les événements jusqu'à ce que je sente que quelqu'un me remontait à la surface. Reprendre mon souffle, la première chose que je souhaitais faire, pourtant ce fut la toux qui commença recrachant l'eau qui était entrée sans que je ne puisse rien y faire. Je voulais lui répondre, à cette voix masculine, mais je n'y arrivais pas. Pas encore. Ma gorge me faisait souffrir. Pourtant, cela ne m'empêchait pas d'obéir, de m'accrocher aussi fort que je le pouvais avec les maigres forces qu'il me restait actuellement. Je n'avais strictement aucune idée du temps qui était passé, des efforts que j'avais fourni pour tenir le coup, j'étais juste... Faible ? Ce mot me déplaisait tellement. Le doigt pointé dans une direction, je tente de comprendre ce qu'il me dit, montre avant de comprendre que c'est du rocher tout proche. Nager... En aurais-je la force ?
"D'a... D'accord."
J'aurais préféré le remercier en premier lieu, mais je n'avais guère le choix. Je le ferais dès que nous serons à l'abri, en sécurité... Une part de moi s'en voulant d'avoir fait en sorte qu'un inconnu mette sa vie en danger pour me sauver. Je tentais de remuer les pieds, de l'aider à nous mener vers ce rocher. J'avais envie d'hurler face à mon impuissance, mais malgré la fatigue, l'épuisement, je prenais sur moi, tentais d'aller vers cet élément naturel. Le seul pouvant nous arrêter, nous sauver. Il ne fallait pas que je le laisse faire tout, que je sois un poids mort, un boulet. Alors, malgré mes maigres forces, malgré tout cela... Je battais des pieds, espérais que l'on atteindrait ce rocher qui s'approchait dangereusement tout en restant assez éloigné. Un effort, plus grand, plus fatiguant encore et nous y arrivâmes malgré tout. Bloqués contre lui, pour le moment, et encore poussés par la violence des flots. Il fallait se mettre à l'abri, mais je n'en pouvais plus.
"Désolée..."
Un petit mot, tout simple, quittant mes lèvres. J'étais vraiment navrée de l'avoir embarqué dans tout ça, de le voir être en aussi mauvaise posture par ma faute...
[HS : En espérant que cela te plaira ^^" Encore désolée pour la première réponse par rapport au temps qu'il m'aura fallu]
Elle regardait Isaiah, avec son teint blême, son regard fatigué. Ce n’était même plus la panique qu’on pouvait lire dans son attitude, c’était l’abandon. Quelques minutes plus tard et sans doute aurait-il été trop tard, son corps aurait sombré et le courant l’aurait emporté. À cette pensée, le cœur d’Isaiah se serra et pour cette raison, il redoubla d’effort pour la traîner avec lui jusqu’au gros rocher saillant. Elle n’avait visiblement plus de force, alors lui en aurait pour deux. C’était la seule solution, même si pour ça il aurait sans doute des courbatures pour les mois à venir, lui qui n’avait pas une très bonne condition physique. La jeune femme battait légèrement des pieds, aidant Isaiah à soutenir son poids en même temps que de déplacer le sien. Ils arrivèrent enfin face au rocher, et même si l’eau continuait à les pousser, elle les poussait sur la roche et non plus vers les rapides. « Ne t’excuse pas. » Souffla Isaiah, la respiration haletante. Il s’accrochait fermement au rocher, sa main posée sur celui-ci, son autre bras pressant la jeune femme contre lui pour ne pas la laisser partir. « Est-ce que ça va ? Tu as mal à quelque part ? » Parce que si elle avait quoi que ce soit de cassé, ce n’était pas le moment de tenter le tout pour le tout en regagnant la rive. D’ailleurs, Isaiah regarda la distance qui les séparait de la terre ferme d’une mine incertaine. Des gens, qui avaient suivi cette péripétie tout en restant en sécurité, commençaient à se rapprocher d’eux pour leur venir en aide. Il leur cria alors : « Est-ce que quelqu’un a appelé les urgences ? J’crois qu’on ne pourra pas renager jusqu’à vous ! » Du moins, pas en risquant d’être tous les deux emportés.
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Je prenais autant que je le pouvais sur moi, me battait contre cette envie de me laisser aller, de fermer les yeux… De perdre réellement face à cet élément bien trop puissant. Je faisais ce que je pouvais, aidée par l’homme, par cet être qui tentait de m’aider à me sortir de là alors que lui-même pouvait y laisser la vie, être entraîné, disparaître sous les flots. Nous étions bloqués contre la surface rocheuse, cet élément naturel réussissant à éviter que nous allions plus loin… J’avais froid, terriblement froid… Mon corps entier ne me donnait que cette impression oubliant même le fait que la roche se trouvait derrière nous, pouvait entailler la peau sans difficulté. Sa voix résonnait dans mes oreilles, me ramenait à ce qui m’entourait, me permettait de ne pas me laisser totalement aller… Me raccrochait tout bonnement à la vie m’entourant.
Que je ne m’excuse pas ? Il en avait de bonne… C’était de ma faute si nous en étions là, alors il était tout à fait normal que je le fasse. N’importe qui l’aurait fait… Surtout au vu des circonstances. Surtout vu le peu de possibilités nous restant. J’étais mal, de plus en plus blême, frigorifiée… Et lui aussi devait perdre de la chaleur au fil du temps, des forces… Et c’était par ma faute. Ma seule et unique faute. Je m’en voulais… Terriblement… Et je m’épuisais petit à petit de plus en plus, recrachant à certains moments l’eau qui continuait d’entrer dans ma bouche.
Je tentais de calmer ma respiration, de m’aider de lui pour pouvoir récupérer… Mais c’était difficile. Très difficile. Je n’entendais même pas les réponses données par les gens se trouvant sur le côté, sur la berge. Avaient-ils appelé ? Peut-être… Peut-être pas… Est-ce que l’un des êtres me connaissant s’inquiéterait par la suite ? Je n’en savais rien… Dani devenait distante et cela me faisait mal… Mal car je ne comprenais pas, je ne réalisais tout simplement pas certaines choses…
« - Est-ce… Qu’ils… Ont appelé… A l’aide ? »
Mes paroles étaient entrecoupées alors que mes forces continuaient de s’amenuirent, que je m’accrochais autant que possible à la bouée humaine qu’il était… Je n’aimais pas cette situation, cette fragilité…
« - C’est… Normal que je m’excuse… Si vous êtes dans cette situation… C’est ma faute… »
J’étais ainsi, je pensais bien plus facilement aux autres qu’à moi-même… Et je sentais mes yeux se fermer, petit à petit. Il fallait que je me reprenne, que je me secoue et je me mordais l’intérieur de la joue. Me forcer à ne pas « me laisser aller ».
« - J’ai… peur… »
Peur de quoi ? De me laisser totalement aller ? D’avouer que j’étais faible ? Que tout ça se termine mal ? Il fallait que je me secoue, nom de dieu ! J’entendais au loin des sons ressemblant à des sirènes, mais c’était encore bien trop lointain, trop fugace… J’avais l’impression d’être si fatiguée… Epuisée… Incapable d’être un minimum utile, incapable de ne pas poser de souci à autrui… Incapable de m’occuper de moi sans inquiéter quelqu’un… Mais là… Là… Qu’aurais-je pu faire seule ? Rien… Rien hormis être emmenée au loin sans savoir faire quoi que ce soit… Rien, mis à part peut-être y laisser simplement la vie…
Alors oui j’étais reconnaissante envers cet homme qui n’avait pas réfléchit et qui était venu à mon secours… Alors que nous n’étions que des inconnus, des êtres n’ayant aucun liens… Et j’espérais pouvoir faire quelque chose pour lui par la suite, pouvoir le remercier en bonne et due forme… Je battais encore des pieds, continuant de prendre sur moi…
« - Est-ce que… vous… vous allez… bien ? »
Oui… C’était une petite question, toute simple, innocente… Mais je voulais savoir comment il allait malgré la situation…
@Isaiah Gartshore-Nairn en espérant que ça te plaira Si besoin je peux modifier si cela ne te donne pas assez d'idées Et encore désolée du temps qu'il aura fallu
N’importe qui se serait excusé, c’est vrai. Mais aux yeux d’Isaiah, n’importe qui aurait également sauté à l’eau par la sauver, par choix et pas juste par devoir de bon citoyen. Mais le nombre de gens sur la berge, qui n’avaient pas bougé de plus d’un mètre, lui laissait croire le contraire, finalement. Ce n’était peut-être pas n’importe qui qui était prêt à se mouiller pour la vie d’un autre. En même temps, il était vrai que c’était un geste téméraire et irréfléchi, de la part de l’artiste, que de s’être jeté dans les rapides sans plan d’action et surtout, sans endurance physique. Mais il n’allait quand même pas regarder quelqu’un mourir sous ses yeux, en demeurant passif. N’importe qui aurait dû penser ainsi. À la question de la jeune femme, Isaiah hocha la tête. « Je vois quelques personnes avec leurs téléphones portables à l’oreille. C’est sans doute ce qu’ils font. » Ils ne pouvaient quand même pas être idiots au point d’appeler qui que ce soit d’autre que les secours, à un moment pareil. D’ailleurs, une femme dans la quarantaine leur cria de tenir bon, que les secours arrivaient bientôt. Elle était au téléphone en même temps. Isaiah hocha vivement la tête, avant de regarder la femme contre lui. « Ce n’est pas votre faute. Le courant vous a emportée. Ça aurait pu arriver à n’importe qui. » La rassura Isaiah, la voix entrecoupée d’essoufflement. L’artiste voyait les yeux de la brunette se fermer doucement, avant qu’elle ne murmure qu’elle avait peur. « N’aie pas peur, et tiens bon, c’est bientôt terminé. » Au loin, on entendait des sirènes. « T’entends ? Les secours arrivent. D’ici-là, parle-moi. » Et parce qu’elle semblait davantage s’en faire pour lui que pour elle-même, la conversation qu’elle débuta fut de vouloir savoir s’il allait bien. « Moi ? Oh, bien sûr ! » S’exclama-t-il, toujours essoufflée. « C’est un petit workout comme un autre. » Ajouta-t-il d’une voix légère, tentative de chasser le sentiment de peur chez la jeune femme. « Comment tu t’appelles ? » Il la sentait fatiguée, il la sentait s’abandonner, alors il voulait la garder bien éveillée.
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Je l’écoutais d’une oreille distraite, avec le peu d’énergie qu’il me restait. S’il n’avait pas été là, si je n’avais pas eu la chance qu’il saute… Non… Je ne voulais pas y penser, je ne voulais pas… Alors je restais agrippée, autant que je le pouvais, malgré mes forces qui s’envolaient petit à petit, malgré le fait que je me sente de plus en plus faible, que je veuille juste me laisser aller. Mais non, non… Il fallait que je tienne, que je garde la tête hors de l’eau… Tête que lui hochait pour me répondre avant de parler.
Certains avaient sortis leurs téléphones… Il ne restait plus qu’à espérer que ce soit pour appeler les secours et non pas pour faire ce que beaucoup faisaient à présent : filmer ce qu’ils pouvaient voir, oublier qu’un appel pouvait juste sauver une vie. Sauf qu’il me rassurait, me disait ce qu’il se passait, ce qu’il voyait, entendait… Ce que je ne percevais que difficilement. Le monde m’entourant semblait devenir lointain, plus le temps passait, plus cette impression grandissait.
« - D’a…ccord… »
Je prenais sur moi, l’entendant dire que ce serait arrivé à n’importe qui. Sauf que je n’avais pas eu vent de ce genre de mésaventure avant… Et il fallait que ça me tombe dessus, dans un tel moment… Je devais avoir l’air fine… Et si quelqu’un filmait, ça risquait d’être encore pire… Il voulait me rassurer, faisait ce qu’il pouvait pour et moi… Ah… Pourquoi m’excusais-je ? Pourquoi… Pourquoi me sentais-je de plus en plus faible ? Il me disait de ne pas avoir peur, de tenir bon… Il me parlait, faisait ce qu’il pouvait pour que je reste consciente, éveillée, toujours apte. Pour que je ne sombre tout simplement pas. Il me disait que les secours arrivaient, me demandait si j’entendais et j’hochais doucement la tête, un soupir de soulagement quittant mes lèvres. Epuisée.
« - J’entends, oui… »
Avant qu’il ne dise qu’il allait bien, que je ne devais pas m’en faire pour lui. Sauf que c’était naturel, normal… Du moins à mes yeux. Il était essoufflé, ça s’entendait, se percevait sans difficulté et pourtant il continuait de prendre sur lui pour m’aider, me parlait, sa voix restait légère comme pour m’apaiser avant de me demander comment je m’appelais, qui j’étais…
« - El… »
De l’eau qui m’entrait un peu de la bouche, que je toussais.
« - Elowen… Elowen Walker… Et toi ? »
Aucune idée de s’il savait qui j’étais et je m’en fichais… Je prenais sur moi pour lui répondre, pour me concentrer sur ses questions, sur ce qu’il allait dire, pouvoir faire pour que j’oublie le danger toujours si proche. Je faisais ce que je pouvais pour reprendre mon calme, ne plus sentir cette sensation d’être une enfant apeurée, d’être incapable de faire quoi que ce soit. Mais je voulais réellement savoir qui m’aidait, qui était en train de se battre également contre les flots juste pour pouvoir me soutenir, faire en sorte que ma tête reste en-dehors de cet élément qui en rendrait fou plus d’un actuellement. Froid et douleur se succédaient encore, je me mordais l’intérieur de la joue afin que mes yeux restent ouverts. Que pouvais-je dire d’autre ?
« - Un workout comme un autre ? Tu… sautes souvent à l’eau ainsi ? »
Parce que cela ne me semblait pas commun, que je voulais tout de même tenter de parler, de prononcer des mots, que la discussion continue sans rester bloquée à nos identités.
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Sujet: Re: drifting away (elowen) 3/2/2020, 01:52
Il n’y avait plus lieu de penser au pire. Elle n’avait pas à s’imaginer ce qui se serait passé s’il n’avait pas plongé. Parce qu’il l’avait fait, effaçant alors toute possibilité d’une lignée bien plus sombre pour ce qui aurait resté de sa vie. Le jeune homme, lui, avait le regard tourné vers l’avenir, celui à court terme, celui qui se produirait dans quelques minutes, espérons-le. Parce qu’Isaiah, il jouait aux héros mais au fond, il se fatiguait vite, lui aussi. Quand il avait entendu les cris de la femme parvenir jusqu’à ses oreilles, annonçant que les secours avaient été avisés, il sentit le soulagement s’emparer de lui. Cela ne signifiait pas pour autant qu’il pouvait lâcher prise, au contraire, il devait redoubler d’effort puisqu’ils étaient si près du but. Le courant les pressait contre la roche qui entaillait leurs membres. Les quelques vagues faisaient de leurs corps des pantins désarticulés qui tentaient tant bien que mal de rester en place. Au loin, les sirènes devinrent un doux bruit d’espoir, et de plus en plus fort ce signal de délivrance se faisait entendre. La jeune femme l’entendait aussi, dit-elle. Isaiah sourit, ses yeux retrouvant leur lueur de vie. Ses yeux brillaient pour eux deux, parce que ceux de la demoiselle se fermaient de fatigue et d’abandon. Encore et toujours pour ne pas la perdre, pour ne pas la laisser basculer, l’artiste lui demanda son nom. Elle le lui dit, péniblement. Il reconnut le nom ; elle était la propriétaire d’une galerie d’art dans laquelle il adorait se perdre. Il avait toujours voulu pouvoir y exposer ses sculptures. « Enchanté, Elowen Walker. » Répéta-t-il dans une formalité qui lui était généralement inconnue. Les enchanté et ravi de te connaître, c’était des politesses qu’il laissait généralement savoir par bien d’autres manières. « Moi c’est Isaiah Gartshore-Nairn. Essaie de t’en souvenir et quand on sera emmitouflés dans nos couvertures dans l’ambulance, j’te mettrai au défi de l’épeler. » Dit-il, chaque syllabe difficilement prononcée en raison de son rythme cardiaque accéléré et de ses poumons mis à rude épreuve. Et pourtant, le voilà qu’il qualifiait cette mésaventure d’entraînement comme un autre. La question innocente d’Elowen le fit rire, malgré la situation. « Non, je plaisante, en fait. T’es probablement tombée sur le pire sauveteur possible mais hey … c’est mieux que rien. » Lâcha-t-il à la légère. Puis, il tourna la tête vers le sentier qui menait à la rivière. L’ambulance avait réussi à se rendre jusque-là. Deux secouristes sortirent dans une rapidité d’exécution impressionnante, sortant des cordes et des bouées, pour enfin rescaper les deux naufragés.
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J’écoutais sa voix, ce timbre qui m’empêchait de me laisser totalement aller, de succomber à l’appel de l’eau, de la fatigue m’envahissant… Heureusement qu’il avait sauté, réagi, qu’il avait tout simplement osé et qu’il me maintenait autant physiquement que psychologiquement. C’était un soulagement, parce que seule… Je me serais sûrement laissé aller, alors que j’étais habituellement bien plus optimiste que d’autre, tenace…
Non.
Là si je tenais c’était grâce à cet homme plus si inconnu que ça à présent, cet homme au regard qui reprenait vie alors que le mien voulait se fermer… Nom d’un chien, c’était difficile… Tellement que j’avais l’impression que mes bras voulaient le lâcher à certains moments, que mon corps s’affaiblissait, mais je prenais sur moi. Encore un peu.
« - Je risque de l’écorcher me connaissant… Mais je vais essayer. »
Parce que ce nom de famille n’était pas le plus simple du monde à épeler, prononcer, c’était même tout le contraire. Mais cette mise au défi… M’amusait ? J’adorais ça, une part de moi détestait même quand tout était trop simple.
« - Je remporte quoi si je réussi cette épreuve pour le moins originale ? »
Bah oui, autant faire une tentative ainsi afin de prolonger la conversation… Un peu… Rien qu’un peu… Parce que c’était sa voix, les sons environnants qui me maintenaient à flot… Sans mauvais jeu de mots…
« - Je suis… également enchantée… de te rencontrer… Même si je suis sûre que cela aurait été plus agréable en d’autres circonstances… »
Je l’entendais rire ensuite, un rire léger… Tellement que j’eu l’impression d’avoir dis une bêtise comme souvent… Sauf que ce n’était pas le cas, j’avais juste été trop innocente… Trop « moi » en soi. Je tentais de prononcer à nouveau son nom en entier, murmurant un peu, tentant d’éviter l’eau qui entrait dans ma bouche, d’oublier cette sensation d’avoir mes poumons en feu…
« - Isaiah Gartshore-Nairn… C’est de quelle origine ce nom à rallonge ? »
Avant de rire, moi aussi, suite à sa réflexion, au fait que j’étais tombée sur le pire sauveur… Mais au moins, il était là, lui… Pas comme d’autres… Avant que des voix ne résonnent plus loin, que des bouées n’arrivent vers nous, qu’on nous demande de les enfiler, de s’y agripper afin d’être remorquer… Sauver…
« - Je ne sens plus du tout mon corps… ça doit être ton cas aussi… Monsieur le pire sauveteur qui plonge malgré tout »
Il ne nous restait plus qu’à atteindre ces éléments, partir vers le rivage, rejoindre une ambulance ainsi que l’hôpital… Pas mal de petites épreuves, encore, durant lesquels de nombreux éléments pouvaient arriver… Mais je n’étais pas seule… Et Isaiah réussissait malgré tout à me mettre en confiance, à faire en sorte que je ne perte pas courage… Alors, avec un léger sourire, je le regardais…
« - On va enfin… pouvoir… être sur la terre ferme… cela ne nous fera pas de mal… Même si… Pauvre rocher que nous finissons par abandonner… »
Avant de faire une tentative d’humour pour le moins… ratée… Je n’étais vraiment pas douée pour ça… Mais j’avais eu envie pour lui montrer que je ne baissais pas les bras, que nous allions enfin pouvoir nous en sortir… Enfin… Pouvoir nous dire que toute cette histoire allait bien se terminer, que nous allions être en sécurité.
@isaiah gartshore-nairn si tu veux que je fasse de l’ajout, n’hésites pas à me le dire Le petit duo est bientôt sorti du pétrin !
Pour la garder éveillée, pour la challenger mais aussi pour alléger l’atmosphère tendue, Isaiah avait mis Elowen au défi d’épeler son nom complet qu’il venait de lui apprendre, une fois qu’ils seraient en sécurité à l’arrière de l’ambulance. Il sourit à sa réponse. « Tu ne serais pas la première. » La rassura-t-il à propos d’écorcher son nom, surtout son nom de famille. Isaiah, c’était plutôt facile, c’était dans la Bible aussi alors le prénom n’était pas tellement étranger. Pour le reste, même la prononciation ne permettait pas nécessairement d’en deviner les lettres. C’était donc un petit défi bon enfant qu’il proposait à Elowen, pour faire la conversation et la faire sourire. Cela sembla plutôt bien fonctionner et même que la nageuse renchérit en demandant ce qu’elle remportait si elle réussissait cette épreuve originale. « Une boisson chaude pour nous réconforter de cette mésaventure ? Café, thé, chocolat chaud, tu n’auras qu’à choisir ! » Dit-il avec un sourire. Il espérait qu’Elowen n’aurait pas à repartir aux urgences avec les secours. Il espérait qu’ils n’interviendraient que pour les sortir de là et qu’après, ils pourraient reprendre le cours normal de leurs vies. « C’aurait été plus agréable dans d’autres circonstances, c’est clair. Mais … peut-être que sans cet incident-là, les autres circonstances ne se seraient jamais présentées ! » Manière de dire qu’avec des citrons, il valait mieux faire de la limonade. Ils pouvaient au moins retirer un peu de positif de ce qui venait de passer : ils s’étaient rencontrés. Et qui sait jusqu’où ça pourrait les mener, par après ? La jeune femme le questionna quant à ses origines. « Pas de bien loin. Nouvelle-Zélande ! » Lui apprit-il. « Et toi ? Elowen, ça sonne presque elfique. » Isaiah sourit. Elle avait la beauté qui allait avec, en plus. Une telle douceur dans ses traits, accentués par la fatigue qui la prenait. Puis, enfin, les secours leur lancèrent des bouées sur lesquelles ils devaient s’accrocher. « Je ne sens plus mes muscles mais par contre je sens très bien toutes les égratignures que cette roche m’a si gentiment offertes … » Le jeune homme sourit. Heureusement qu’ils étaient dans l’eau, ça aurait au moins pour résultat d’avoir lavé les quelques entailles du sang qui avait dû couler. Elowen reprit mon allusion au rocher en disant que nous étions en train d’abandonner. « Il s’en remettra. Il est bien entouré. » Isaiah rit avant de regarder les bouées, un peu plus loin, qu’ils devaient rejoindre. « Prête ? » Et une fois le signal donné, Isaiah lâcha la roche, leurs corps tout de suite remis à l’épreuve face au courant, mais ils nagèrent le plus rapidement et fortement possible jusqu’aux bouées qu’ils agrippèrent. Isaiah leva le pouce vers les ambulanciers pour signifier qu’ils pouvaient les tirer vers la terre ferme. Ses pieds touchant enfin le fond de l’eau, l’ébéniste posa une main sur l’épaule de la brunette. « C’est fini, maintenant. Everything’s fine. »
C'était très bien comme ça & ouiii, ils sont sauvés !
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
Un léger sourire alors qu’il disait que je ne serais pas la première à avoir du mal à répéter son nom et son prénom… Je réfléchissais à la manière dont cela pouvait s’écrire, parce qu’autant Isaiah pouvait être simple – et encore y avait-il un « h » ou non quelque part dans son prénom ? – autant son nom de famille… Au secours… Qu’est-ce qu’il était long ! Et je me basais sur mes notions d’irlandais pour m’aider, notions qui n’étaient pas énormes.
« - Je retiens ! »
Je tentais d’avoir un ton enjoué malgré mon état… Malgré ma faiblesse de plus en plus présente… les douleurs qui s’éveillaient au fil du temps également… L’impression d’être une poupée de chiffon qui m’assaillait un peu plus à chaque instant me faisait mal… et pourtant… Pourtant je continuais de prendre sur moi, de me battre pour tenir autant pour moi que pour lui… Car il avait tant fait pour m’aider… Il ne fallait pas que j’abandonne maintenant alors que nous étions si près du but… Proche d’être pris en charge.
« - Peut-être oui, difficile à… savoir… »
Un râle douloureux suivi d’une quinte de toux… J’avais l’impression d’avoir les poumons en feu… Avant d’entendre sa réponse sur ses origines… « Nouvelle-Zélande », oui c’était assez proche et ça pouvait correspondre vu son nom… Aux consonances assez originales… Jusqu’à rire à la question si légère qu’il venait de poser.
« - Cela vient des Cornouailles… Même si je suis née en Australie où j’ai toujours vécu, ma mère est irlandaise à l’origine… »
Une nouvelle toux… L’eau m’avait réellement mise à mal cette fois… Avant de rire une nouvelle fois face à ce que lui avait offert la roche. Celle-ci nous ayant retenu tout ce temps, faisant en sorte que nous ne partions pas plus loin…
« - Nous sommes dans de sales états quand même… »
Une simple constatation alors qu’il riait à ce que je venais de dire… Ah, j’avais tout de même réussi ma pointe d’humour, ça me faisait plaisir et sourire également… Cela faisait longtemps que je n’avais plus entendu un vrai rire… Même celle avec qui j’étais passait plus de temps ailleurs qu’avec moi… Je mettais de côté ces pensées, me concentrant sur ce qu’il se passait.
« - Prête »
Et il lâcha la roche, rejoignant les bouées, s’y accrochant… Il fit savoir que c’était bon… Je m’accrochais, encore et encore, à cet élément extérieur me maintenant hors de l’eau… Jusqu’à entendre sa voix dire que c’était bon, que c’était terminé maintenant… J’étais épuisée, lessivée… J’hochais doucement la tête avec cette satanée envie de fermer encore les yeux… Les secouristes arrivèrent vers nous, nous aidèrent comme ils le pouvaient…
J’avais froid, terriblement froid…
« - Donc épeler ton nom dans l’ambulance… Je pense que je peux le faire… »
Des couvertures se retrouvèrent sur nous alors qu’ils nous emmenaient, devaient vérifier comment nous allions… J’avais dû avaler plus d’eau que ce que je pensais vu cette sensation dans les poumons désagréable… Ou alors j’avais forcé… Plus que de prévu…
« - Et oui… Ils vont… bien s’occuper de nous… »
Même si je dodelinais, que je manquais de m’effondrer plus qu’autre chose, que mon corps était parsemé de coupures et que certaines parties un peu plus internes devaient avoir un peu souffert également… J’étais rassurée… Rassurée car il allait bien… Il était sorti de l'eau... Tout comme moi pour ce dernier élément… Mais je m’en serais voulu s’il lui était arrivé quelque chose de bien pire que des éraflures en venant me sauver…
Après avoir convenu qu’une boisson chaude serait de mise si Elowen réussissait à épeler son prénom une fois sur la terre ferme, Isaiah tenta de voir la situation pourtant assez négative, d’un point de vue un peu plus positif. Fidèle à lui-même, quoi. La réponse d’Elowen le fit tristement sourire, elle avat un peu moins d’enthousiasme que lui et c’était normal, surtout avec cette quinte de toux qui la pris par la suite. Soucieux, l’ébéniste la regarda reprendre un peu le dessus sur ses poumons mis à l’épreuve. N’oubliant jamais son rôle, celui de la faire sourire et de la garder bien consciente à ses côtés – parce qu’il ne pouvait actuellement rien faire de plus -, Isaiah continua la conversation en faisant allusion à la consonance elfique de son prénom. Ce n’était toutefois pas ces êtres imaginaires que ses parents avaient eu en tête en l’appelant Elowen, ce prénom ayant une véritable origine. « Oh, je vois ! Elle a voulu te donner un peu de ses origines, alors. » Il sourit. Mais son sourire, encore une fois, se perdit bien vite lorsqu’il entendit une nouvelle toux chez la brunette. C’est que le temps passait et les secours venaient à peine d’arriver. Isaiah pria pour que le déploiement du protocole et du matériel se fasse assez rapidement. Elowen ne tiendrait pas encore très longtemps, et lui non plus d’ailleurs. Il avait beau garder son calme et sa force mentale, sa force physique elle commençait à lui manquer. Il aurait du mal à bouger, demain. Ses muscles avaient rarement autant travaillé. « Ouais, heureusement que nos corps sont des machines impressionnantes dans de telles circonstances. » Sans l’adrénaline, qui sait s’ils auraient tenu aussi longtemps déjà. Heureusement, vint enfin le temps de délaisser ce rocher – ce qui nous arracha deux rires sincères -, et une fois Isaiah et Elowen tous les deux prêts, ils s’élancèrent vers le courant pour rejoindre les bouées à quelques battements de jambes de là. Une fois tous les deux hors de danger, les secouristes accoururent vers eux pour les aider à se relever. Ce n’est qu’en voyant Elowen greloter qu’il réalisa que son propre corps tremblait également. La couverture qu’on lui posa sur les épaules fut donc la bienvenue, et il la resserra un peu mieux contre lui. « Je n’attends que ça. » Répondit Isaiah avec un sourire à propos de ce pseudo-concours d’épellation. Tous les deux désormais assis sur le rebord arrière de l’ambulance, les portes grandes ouvertes, les ambulanciers s’affairaient à vérifier leur état général. « Elle tousse beaucoup. Je pense qu’elle doit avoir avalé beaucoup d’eau. Moi, ça va. » Toujours plus enclin à voir les autres être aidés que lui-même, Isaiah. De toute façon, il ne mentait pas. Il se sentait bien, maintenant sorti de l’eau. Un ambulancier s’occupa quand même de ses éraflures, dont certaines n’étaient pas si superficielles que ça.
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
Je l’écoutais cet homme si positif, si soucieux des autres et qui m’écoutait malgré tout, qui continuait de me rassurer, de parler, de poser des questions. Il faisait tout pour que je reste consciente, que je ne sois pas emportée par l’envie de fermer les yeux. Je repensais brièvement à mes parents, ceux qui connaissaient ceux des jumelles, ceux dont je n’avais plus réellement eu de nouvelles depuis que j’avais décidé de reprendre la galerie de ma tante. Un choix, une opposition. Je n’avais jamais réellement été celle qu’ils voulaient de toute façon, mais… je savais pourtant qu’ils seraient là s’il le fallait… Du moins, je le pensais… Difficile à dire à présent.
« - On peut dire ça, oui. Elle ne voulait pas d’un prénom trop commun non plus »
Un léger rire alors que la toux me reprenait, qu’une sensation brûlante m’assaillait à l’intérieur… Douleur… Je n’en pouvais plus, j’étais épuisée, lessivée… Mais je prenais sur moi autant que possible, je « forçais » mon corps à certains moments. Souffrance et en même temps… Il y avait cette hâte d’être libérée, hâte de pouvoir… me laisser aller. Jusqu’à ce que le rocher ne soit lâché, qu’on ne rejoigne la rive… Que je le voie toujours aussi calme, même s’il devait être épuisé… Comment tenait-il ? Comment…
« - Oui… Le corps humain est surprenant »
J’inspirais, ma respiration sifflante lorsque cela arrivait, que mon corps avait du mal avec l’air en lui-même… De l’eau… Oui…J’en avais inhalé… Je le savais… Je savais qu’il ne fallait pas et pourtant… Il y avait eu ce réflexe, purement humain, purement vital… Car pour vivre il faut respirer, sauf que là, là… Cela n’avait pas été au bon moment. Je grelottais hors de l’eau, j’avais l’impression que mon corps entier hurlait le martyr, que j’allais m’effondrer… Mais je faisais « la forte », comme souvent, serrant cette couverture, m’enveloppant dedans, essayant de me réchauffer. Combien de temps étions-nous restés dans l’eau ?
Je n’étais pas en forme. Pas du tout… Je me mordais les lèvres en me sentant à nouveau partir alors que les premiers soins étaient menés. Les éraflures soignées avant qu’ils ne vérifient ma respiration, celle qui était encore si difficile… Ils devaient faire des vérifications plus poussées et je soupirais… Oh bon sang que je n’aimais pas ça…
« - Un chocolat chaud et le test alors… On a intérêt à le faire… »
Une nouvelle quinte, une énième… Souffrance… Cette souffrance qui me gagne alors que mes yeux se ferment, que je me laisse aller un peu plus. Je laisse les infirmiers s’occuper de moi, prendre soin de ce corps meurtri… Ce corps que j’ai du mal à réellement faire « tenir ». Alors, je les laisse faire… Je ne râle pas, ne pense même plus à parler… Je prends sur moi, je me laisse aller. Je sais que je ne risque plus rien, que je peux leur faire confiance… Même si je m’inquiète tout de même pour cet homme qui avait plongé, sur celui proche de moi… Mais mes yeux se ferment tout de même. Épuisée. Tout ce que je sais c’est qu’ils s’occupent de moi…
STATUT : with golden string, our universe was brought to life, that we may fall in love every time we open up our eyes (isling)
Sujet: Re: drifting away (elowen) 2/5/2020, 14:50
Isaiah hocha la tête. Il pouvait très bien comprendre le désir de la mère d’Elowen d’avoir voulu lui donner un prénom bien unique, qui ferait d’elle une personne tout entière et pas calquée sur tous les autres. Ce n’était qu’un prénom, certes, mais en ces temps où les gens suivaient tous la même vague, façonnés dans le même moule, même le plus petit détail distinctif pouvait faire la différence. « Je comprends. » Dit-il tout simplement avec un doux sourire, qui se perdit bien vite alors que la brunette était à nouveau victime d’une violente quinte de toux. Elle avait peut-être avalé pas mal d’eau déjà. Isaiah jeta un regard à l’équipe de sauvetage qui, enfin, et avec ce bon timing, lui indiqua qu’il pouvait nager vers la bouée lancée à une distance atteignable. Dans le temps de le dire, Isaiah et Elowen étaient sains et saufs sur la terre ferme. La jeune femme semblait s’en être plutôt bien sortie, elle était même encore capable d’un peu d’humour en rappelant que dès qu’ils seraient à l’arrière de l’ambulance, elle allait devoir épeler son nom complet. Mais avant, évidemment, il fallait laisser les secours faire leur travail et Elowen avait plus que besoin d’être examinée. Elle grelottait, elle était blême, elle toussait encore, et l’ébéniste priorisait évidemment sa santé plutôt que ce concours un peu débile qui avait été lancé surtout pour lui changer les idées lorsqu’ils se trouvaient encore accrochés au rocher. Isaiah ne lâcha pas la brunette, même si lui avait besoin de moins d’assistance qu’elle, il l’accompagna. Il avait été auprès d’elle depuis le début – ou presque – et il ne repartirait que lorsqu’elle serait en état de regagner son domicile sans crainte. « Bien sûr, on le fera. Pas question que je te laisse t’en tirer aussi facilement … » Il esquissa un sourire. « Mais avant faut s’assurer que le chocolat chaud sera suffisant pour te redonner des couleurs. » Autrement dit, serait-elle libre de partir dès maintenant, ou bien un passage à l’hôpital serait obligé ? Isaiah ne tarda pas à comprendre qu’Elowen serait montée à l’arrière de cette ambulance et conduite aux urgences. Elle donnait l’impression de quitter son propre corps alors que ses yeux se fermaient et que son esprit se laissait aller, divaguer. Il fronça les sourcils, soucieux, ne la quittant pas du regard. Puis, les ambulanciers déclarèrent l’évidence : elle devait être suivie par un médecin. Puisque l’artiste était venu ici à pied, il insista pour monter avec eux à l’arrière pour accompagner son amie. Heureusement, il ne se frappa pas à un refus. Il prit la main de la jeune femme dans la sienne alors que le véhicule démarrait.
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.