i live with the memories, regret is my home - hot -. (niels)

Elle avait mal. A l'extérieur comme à l'intérieur, sa peau se marbrant au fur et à mesure que son espoir périssait, Aelya s'enfermant dans les mensonges et le silence en s'éloignant de Niels, pour ne pas qu'il vienne à découvrir ce qui se passait réellement derrière les apparences. Il avait tout découvert. Les photos, les sms, sa bague qu'elle ne mettait que devant ses yeux et qu'elle s'était mise à trop oublier sur le meuble de la salle de bain. Tout ça l'avait finalement fait exploser, et Evan s'était mis à déverser sa colère sur son corps qui se teintait de couleurs sous l'effet de ses gestes peu soigneux, agressifs, dans le but de venger sa fierté qui avait été mise à mal par sa malice. C'était maintenant avec Niels qu'elle trouvait des prétextes pour ne pas le voir, parce qu'il était capable en un seul regard de lire ce qu'elle ne disait pas, et le manque commençait déjà à creuser des sillons le long de son coeur meurtri depuis quelques jours. Elle avait cruellement besoin de lui. Elle crevait d'amour pour lui, se flétrissant comme une fleur qu'on aurait arrêté d'arroser, Aelya s'asséchant dans l'absence d'affection de son partenaire de vie.

Elle repensait avec nostalgie à tous ses baisers volés sous le couvert de la nuit, les étoiles pour seules témoins, à toutes ses longues soirées à se donner de l'amour sans compter, à ce week-end à Brisbane qui les avait vu rayonner, main dans la main comme si rien ne pouvait les séparer... Jusqu'à ce jour, où Evan vint tout découvrir, menaçant la vie même de l'homme de sa vie qui se verrait encore une fois poursuivit par des types qui l'attendraient bien sagement au coin d'une rue pour lui faire comprendre son erreur, cette fois-ci, de manière définitive. C'était pour cette raison qu'Aelya fit le choix délibéré mais douloureux de se détacher de celui dont elle ne pouvait se détacher. C'était comme si elle pouvait sentir son âme se distendre dans cette distance qui la tuait, autant que les coups qu'on lui portait.

Ce soir, après l'avoir poussé violemment contre le mur au bord duquel elle tomba, elle avait senti son coeur tressaillir sous l'effet de la souffrance de ses nerfs qui tiraient, de cette mort qui l'attendait, parce qu'elle ne gagnerait jamais cette lutte, elle qui était seule dans ce combat déjà perdu d'avance. Elle avait attendu qu'il ne sorte pour en faire de même, se rangeant derrière le volant de sa voiture, les mains tremblantes, conduisant dans le noir vers l'unique personne à qui elle ne voulait plus mentir, le seul à qui se résumait sa vie.

Elle arriva devant l'ascenseur, pointant l'étage de leur appartement avant de se montrer devant sa porte à toquer, bien consciente qu'à cette heure tardive il devait dormir. Et quand il lui ouvrit, c'était comme si une lueur d'espoir s'était éclairée au beau milieu de l'obscurité.

- Je suis désolée... Souffla-t-elle, se jetant à corps perdu dans son étreinte. Je devrais pas être ici, j'aurais pas du faire ça... Mais je peux pas être loin de toi... Je suis désolée... Murmura-t-elle, le ton bouleversé par les sanglots qu'elle n'arrivait plus à retenir.

Il peinait à comprendre pourquoi tout avait soudainement changé, pourquoi du jour au lendemain, Aelya s’était mise à prendre de la distance sans aucune raison apparente. Parce-que ces derniers temps, ils étaient même allés plus loin dans leurs échanges, se faisant savoir qu’ils désiraient toujours fonder une famille ensemble, se prenant même à visiter une maison au détour d’une soirée volée où leur amour avait une nouvelle fois parlé plus fort. Ils s’étaient envolés ensemble à Brisbane, le temps d’un week-end, se donnant de l’amour à profusion, agissant comme s’ils étaient encore ensemble, eux qui pouvaient décider d’être ce qu’ils souhaitaient loin de Bowen, loin d’Evan et de Sienna. Puis la réalité était revenue les rattraper, les faisant brusquement descendre de leur nuage alors qu’ils reprirent chacun leurs chemins, ceux qui étaient voués à n’en redevenir qu’un seul. C’était du moins ce que Niels pensait avant de voir les excuses affluer sur l’écran de son téléphone, Aelya repoussant leurs rendez-vous un à un, émettant une distance qui était devenue palpable après ces longs jours sans pouvoir l’apercevoir ne serait-ce que cinq minutes. Il en était venu à ça, à la supplier de lui autoriser quelques instants, juste quelques minutes, parce-qu’il se sentait mourir sous le manque, son coeur redevenant arythmique au fil des jours. Il s’était demandé si Evan avait quelque chose à voir dedans, Niels imaginant qu’il aurait pu découvrir qu’elle le trompait, mais cette version lui paraissait peu plausible puisqu’elle aurait tout simplement pu revenir chez eux, là où leur vie les attendait. Alors il s’était lui-même remis en cause, cherchant à savoir s’il avait fait ou dit quelque chose de mal, ou bien même si Aelya s’était finalement rendue compte qu’il n’était plus celui qu’elle espérait. Son coeur se délitait à chacune de ses pensées alors que leurs souvenirs repassaient en boucle dans son esprit, Niels repensant à tout ce qu’elle lui avait dit, aux efforts qu’elle était prête à faire pour lui, pour eux. Et il avait l’impression que tout ça avait été balayé d’un revers de la main depuis qu’elle refusait de le voir. Au bout de quelques temps, il avait décidé de cesser les sms, se faisant la réflexion qu’il n’arrangerait rien en insistant de la sorte, même si le simple fait de savoir qu’elle ne désirait pas le voir lui brisait le coeur, Niels perdant espoir de jour en jour de la retrouver définitivement. Sa vie n’avait plus aucun sens depuis leur dernier moment, lui qui comprenait qu’il n’y avait rien de pire que le sevrage qu’elle lui imposait, sans même qu’il ne sache pourquoi. Il avait mal de vivre sans elle, mal de savoir que les mots qu’ils avaient échangé n’avaient peut-être été que des paroles en l’air. Alors que tous les jours se ressemblaient depuis qu’ils ne se voyaient plus, Niels était rentré du boulot cette nuit-là, éreinté, lui qui peinait à fermer les yeux la nuit, hanté par le visage d’Aelya qui ne daignait pas le quitter. Il avait jeté son portable au loin après avoir envoyé un dernier message à Sienna, écrivant machinalement ces quelques mots à chaque fois d’aller dormir, lui qui aurait préféré envoyer à Aelya qu’il l’aimait et qu’elle lui manquait terriblement, son coeur refroidi par les draps qui étaient glaciaux sans la chaleur de la femme de sa vie. Il était finalement tombé de fatigue, happé dans un sommeil profond, avant qu’il n’entende quelqu’un tambouriner à la porte, accompagné des aboiements de Hank, sortant immédiatement de ses rêveries. Il jeta un coup d’oeil sur son portable, se demandant ce qu’on pouvait bien lui vouloir à une heure aussi tardive, traînant des pieds jusqu’à la porte. Il l’ouvrit et immédiatement, son corps se figea, son regard se posant sur Aelya silencieusement, bouleversé de la voir enfin après tout ce temps. « Aelya… » Et une micro-seconde plus tard, elle se jeta dans ses bras, avant même qu’il ne puisse lui dire autre chose, ses sourcils se fronçant alors qu’il percevait son corps tremblant contre lui, ses bras s’occupant de la serrer contre le sien, s’imprégnant de sa chaleur qui lui avait cruellement manqué. Son coeur se serra à l’entente de ses sanglots, peinant encore à comprendre la signification de tout ça, de ce silence qui lui avait paru durer une éternité. « Je suis là… Calme-toi mon amour… Ça va aller. » Murmura-t-il, l’une de ses mains remontant vers sa chevelure alors que l’autre entourait son dos. Il ferma la porte, ne lâchant pas Aelya, desserrant légèrement son étreinte pour capter son regard. « Qu’est-ce qu’il se passe bébé… ? » Se risqua-t-il à dire, les yeux animés d’un mélange de peine et de peur, lui qui n’aimait jamais voir les larmes couler sur les joues d’Aelya. « Je sais pas ce que j’ai fait, mais j’suis désolé. Pour tout. J’peux pas… J’veux pas que tu me quittes… » Souffla-t-il, le ton presque supplicateur, Niels étant persuadé qu’il était la cause de tout ça.

Elle ne sentait vivante que dans ses bras, ceux qu'elle avait abruptement quitté sous l'effet de la pression de son fiancé qui était constamment sur son dos, lui qui ne l'aimait pas autrement que dans la volonté de la posséder, enfermant son coeur dans le piège acéré de ses mains qui se retrouvaient bien trop souvent sur sa peau, la marquant de sa trace vengeresse pour l'inciter à ne plus retourner dans d'autres étreintes que la sienne qu'elle cherchait à tout prix à éviter.  Elle se sentait mourir à petit feu loin de l'homme de sa vie, son esprit tournant en boucle le film de leur relation inachevé qu'elle désirait encore et encore tourner avec lui, loin de tous leurs problèmes qui les empêchaient constamment de se retrouver de manière sereine, elle qui avait pourtant le désir de passer ses jours et ses nuits à ses côtés, là où la crainte ne serait plus. Parce qu'avec lui, tout devenait clair, limpide, et c'était surement en ça que leur lien interdit était dangereux : parce qu'ils s'aimaient, et surtout, parce qu'ils ne reculeraient devant rien ni personne pour se le prouver. Son coeur battait définitivement pour lui dans le silence de la distance qu'elle leur imposait pour son bien à lui, même s'il avait forcément l'impression qu'elle lui faisait du mal. Elle s'en faisait, à force de se tenir loin de celui qui colmatait les brèches de son âme mortifère, Aelya qui pouvait presque entendre les fissures de son être qui finirait en miettes sous les coups portés, et ses yeux qui ne faisaient que l'appeler quand elle regardait son bourreau contre lequel Niels n'avait aucune idée de ce qu'il lui faisait subir. Elle tentait de s'accrocher à ses souvenirs, ces brindilles d'espoir inespérées dans la douleur qui se faisait sourde, qui se coinçait dans sa trachée là où était rangé tous les mots qu'elle n'avait jamais su lui dire à lui, bien trop occupée à aimer Niels à la folie, de manière infinie.

Elle avait ravalé la souffrance comme à son habitude, à bout de nerfs, à bout de force, cherchant désespérément à lutter contre cette envie de le recontacter après ces jours dénués d'échanges, Aelya peinant à réprimer son besoin de le revoir malgré ses efforts, parce qu'elle n'avait que lui finalement, Niels qui avait pris tellement de place dans sa vie qu'il en était devenu la raison même de son existence, sa seule et unique famille. Bien plus qu'un appel, elle s'était rangée dans sa voiture pour faire le chemin jusqu'à lui, comme dans le but de réaliser cette promesse qu'elle lui ferait toujours : elle lui reviendrait, connaissant la route qui menait à son coeur dans l'évidence de son amour sans fin. Elle toqua de manière frénétique à la porte d'entrée, le coeur à la renverse quand elle croisa son regard, n'attendant pas une minute de plus pour se jeter dans ses bras. Elle perçut son parfum, sa chaleur rassurante, et c'était assez suffisant pour qu'elle ne permette à sa vulnérabilité de jaillir au travers de ses yeux qui ne voyaient que lui, l'amour de sa vie. Ses mains s'accrochaient fermement à son dos, comme si elle s'accrochait à sa bouée de sauvetage, elle qui ne désirait plus le lâcher et qui pourtant le devrait. Elle tenta de respirer profondément, son souffle se voyant agité sous l'effet de ses sanglots qui ne s'arrêtaient plus de couler. Elle ne sentait plus aucune douleur malgré le fait qu'il appuyait sans le savoir sur ses bleus qui habillaient un peu partout son corps. Elle croisa son regard qui la questionnait, le sien étant chargé d'appréhension vis-à-vis de tout ce qu'elle avait sur le coeur, de toutes ses marbrures sur son être brisé. Elle secoua vivement la tête de façon négative alors qu'elle comprit qu'il pensait que son éloignement était de sa faute.

- Bébé... C'est pas toi... C'est moi... J'veux pas te quitter mon amour. Mais j'ai toujours l'impression que c'est tout ce qu'on est conduit à faire toi et moi... Avoua-t-elle, soupirant tristement. Je peux dormir là ce soir... ? Je sais que je débarque comme ça et que je t'ai surement réveillé... Je suis désolée bébé. Je savais pas où aller, y'a qu'ici avec toi que je me sens bien.

Elle confronta ses yeux, ses mains venant doucement à la rencontre des siennes pour les lier ensemble.

- Dis moi que tu m'aimes bébé... J'ai besoin de l'entendre. Pas tout le monde est aussi attentionné que toi tu sais... Admit-elle, faisant référence à Evan.

Il s’était retenu de venir lui-même la voir, comprenant que de toute évidence et au vue des sms qu’elle lui avait envoyé, ce n’était pas ce qu’elle désirait. Alors, il était resté chez lui, loin d’elle, à tourner en rond et se torturer l’esprit, se rejouant les scènes de leurs moments pour savoir où s’était faite la cassure, celle qui aujourd’hui l’amenait à le tenir à distance d’elle. Il détestait l’incertitude qui tournait autour d’eux, de leur avenir qui semblait à ses yeux beaucoup plus bancal depuis qu’elle ne semblait plus aussi sûre de ce qu’elle souhaitait. Encore une fois, ça n’était que son interprétation personnelle, mais le comportement d’Aelya le faisait douter, parce-qu’il la connaissait et savait qu’en temps normal, elle aurait tout fait pour le voir. Il relisait leur échange, encore et encore, sans parvenir à comprendre son désir de s’éloigner, lui qui se faisait des films en imaginant qu’elle s’était finalement éprise d’Evan, de ce nouveau cocon luxueux dans lequel elle avait pris ses marques, Niels se faisant la réflexion que peut-être, tout ce qu’il était ne lui était tout simplement plus suffisant. Et il avait mal, un mal qui lui donnait envie de s’endormir pour toujours, en pensant qu’Aelya ne l’aimait peut-être plus autant qu’avant, ou du moins, moins qu’elle ne le prétendait. Il refusait d’y croire, se forçant à la raison parce-qu’il était persuadé qu’elle avait toujours été sincère, lui qui pouvait tout lire dans ses yeux, dans la tendresse de ses gestes et de leurs baisers qui n’avaient aucun égal. Elle était tout ce qu’il avait, le seul amour qu’il voulait pour le restant de ses jours, et le fait de comprendre que ça ne serait peut-être pas le cas le faisait suffoquer, sa cage thoracique se comprimant dés lors qu’il songeait à un avenir sans elle. Parce-qu’il se perdrait sans elle, foulant les chemins d’une vie qui n’aurait aucun sens à ses yeux, qui perdrait d’ailleurs toute sa saveur, lui qui avait nourri des projets bien trop concrets avec elle pour avoir ne serait-ce que le courage de les oublier. On lui demandait l’impossible. Et alors qu’il croulait sous la peine, une lueur d’espoir s’était rallumée dans ses yeux à la seconde où il avait ouvert la porte, découvrant Aelya, dans un état qui l’inquiéta immédiatement. Il profita de son étreinte pour la rassurer, pour se rassurer également, comprenant qu’elle était maintenant dans ses bras, là où il pouvait juger lui-même de sa sécurité. Il s’enivra de son parfum, de sa chaleur dont il n’avait pas pu profiter ces derniers jours qui lui avaient paru beaucoup trop longs, beaucoup trop lourds. Il aurait aimé la questionner, tout de suite, juste pour savoir pourquoi elle l’avait laissé, mais son état avait eu raison de son inquiétude, Niels s’excusant en premier pour le mal qu’il pensait lui avoir fait subir, son regard rattrapant le sien. Son regard se fronça à l’entente de ses mots, l’incompréhension se lisant sur ses traits lorsqu’elle se rejeta elle-même la faute, Niels baissant un instant les yeux lorsqu’elle exprima sa crainte de les voir à nouveau rompre. « Je… j’ai dû mal à comprendre… » Finit-il par dire, presque dans un souffle qu’elle seule pouvait intercepter, soupirant à son tour. « Bien sûr que tu peux rester. C’est chez toi ici, j’te le répèterais jamais assez. » Ajouta-t-il, se sentant incapable de la renvoyer chez elle, lui qui craignait déjà le moment où elle devrait s’en aller et le laisser de nouveau seul. « Viens mon amour… » Il prit sa main pour l’emmener avec lui dans le salon, l’éclairage lui permettant de voir la fatigue sur ses traits, faisant grandir son inquiétude. Il la laissa prendre ses mains, liant ses doigts aux siens, fronçant les sourcils à la dernière partie de ses paroles. « Aelya… Je t’aime. J’ai jamais arrêté de le faire bébé. Pourquoi t’en as douté tout à coup ? » Lâcha-t-il, d’une voix brisée par la peine, réfléchissant à ses mots. « Est-ce que c’est lui… ? Il t’a fait du mal ? » Lâcha-t-il, repensant à ce que Brooke lui avait dit et les suspicions qu’elle possédait vis-à-vis d’Evan, Niels finissant alors par délier leurs mains, cherchant des explications dans son regard attristé. « Bébé, tu peux tout me dire. Tu risques rien avec moi. » Chercha-t-il à la convaincre, peinant à garder cet air calme alors que tout en lui semblait à deux doigts d’exploser.

Spoiler:

Les yeux baignés de tous les secrets qu'elle contenait malgré elle, Aelya s'était laissée entraîner jusqu'au lieu qu'elle connaissait le mieux, là où siégeait l'amour de sa vie qu'elle devait volontairement perdre de vue pour sa sécurité. Son cœur se refusait à cette réalité, lui-même empreint d'une arythmie maladive en son absence, perdant son propre mode de fonctionnement sans le rythme des battements du sien pour le guider. C'était plus fort qu'elle, elle se devait de le retrouver, juste une fois au moins pour le rassurer, pour l'aimer comme elle l'avait toujours fait, parce qu'il n'y avait rien de plus naturel que tout ce qu'elle possédait pour lui. Elle savait qu'elle se mentait alors que sa voiture avalait les kilomètres, parce qu'il n'y aurait pas qu'une seule fois, il y en aurait forcément d'autres si elle commençait à s'autoriser le goût de ses lèvres qui la rendait accro, qui la rendait faible devant la douceur de sa peau, dont le simple contact suffisait à éteindre ses maux, à recoudre les lambeaux de son âme en morceaux.

C'est avec le corps martelé d'hématomes qu'elle s'était présentée à sa porte, les larmes au bord des yeux, les déchirures de son cœur irradiant à travers son regard brillant, brûlant de douleur. Quand elle le confronta, ses bras se refermèrent vivement autour de lui comme pour l'empêcher de réfléchir, de la repousser, elle qui s'imaginait qu'il lui en voulait pour la distance forcée qu'elle avait du mettre entre eux. Au travers de la souffrance perlait toute l'affection qui explosait contre lui et pour lui, le seul qui saurait recevoir toutes ses vulnérabilités, tout son amour qu'on essayait de supprimer pour la rendre plus docile. Elle plissa les lèvres quand il émit son incompréhension, celle qu'Aelya pouvait aisément comprendre au vue de la situation.

- On essaye toujours de nous séparer mon bébé... Même si parfois ils y arrivent, tu sais que je t'aimerai toute ma vie hein ? Lança-t-elle, captant son regard pour qu'il s'imprègne de cette vérité dont elle voulait qu'il garde le souvenir.

Il n'y avait que ça qui comptait finalement, que cette évidence amoureuse qu'elle voulait imprimer dans son esprit comme une promesse indéfectible. Elle sourit tristement à ce qu'il ajouta lorsqu'il accepta sa venue dans leur appartement, consciente qu'il avait raison malgré la complexité de leur histoire. Des vagues salées s'écoulaient sur ses joues, comme si son corps expiait toute la houle toxique qu'elle avait du garder dans le creux de son organisme enchaîné et déchaîné à l'idée d'appartenir à un autre que Niels. Elle le suivit dans le salon, liant ses mains aux siennes pour s'accrocher à lui, pour le sentir au milieu du vide qui régnait dans sa vie quand il n'était pas là.

- J'en ai jamais douté... C'est de moi que je doute. Je suis pas celle que tu crois. C'est pas correct ce que je suis entrain de faire avec toi. Je devrais pas t'infliger ça, admit-elle en baissant les yeux, la voix bouleversée, les mains tremblantes dans les siennes.

Elle ne devrait pas l'aimer autant, le pousser avec elle dans ce néant qui l'encerclait et qui menaçait directement sa vie sans même qu'il ne vienne à le savoir. Elle redressa le regard vers le sien à sa question concernent Evan, les mots coincés dans sa gorge, réfléchissant à ce qu'elle devait lui dire et comment lui dire. Elle hocha lentement la tête à ses mots qui l'encourageaient à tout lui avouer, Aelya tentant de reprendre sa respiration qui se voyait agitée par tous ses démons intérieurs.

- Il a su... Pour nous. Il a commencé à être plus... Colérique. Mais ce que tu comprends pas, c'est qu'on peut rien faire toi et moi. Mon père l'aime bien, ils travaillent ensemble, soupira-t-elle, usant de ce simple sous entendu pour lui faire part de son implication dans des affaires louches.

Elle encercla ses poignets avec ses mains, comme pour prévenir une explosion qui arriverait tôt ou tard.

- Bébé... Je pouvais rien te dire. J'ai même pas le droit d'être ici. On nous a directement menacé... Et je peux pas risquer ta vie encore une fois... Avoua-t-elle, le cœur serré par ses aveux.

C’était probablement le pire supplice qu’on puisse lui infliger, celui de l’obliger à rester loin d’Aelya, loin de celle qu’il attendait jour et nuit, au travers de cette vie qui n’avait aucun goût sans elle. Mais cette fois-ci, il n’avait pas eu son mot à dire puisque c’était elle qui avait souhaité cette distance, lui faisant savoir que la situation était sans doute trop compliquée pour le moment, pour qu’ils ne puissent encore se laisser aller à ces rendez-vous interdits qui s’étaient vus de plus en plus récurrents ces derniers temps. Alors, il avait rendu les armes, attendant patiemment qu’elle ne revienne, parce-que de son côté, il se sentait mourir, crevant d’amour pour elle, peinant à se dire que c’était Evan qui profitait d’elle pendant tout ce temps où elle n’était pas avec lui. S’il avait pu, il l’aurait arraché à lui, parce-que c’était tout ce qu’il attendait, de ne plus avoir à la partager d’une quelconque façon avec n’importe qui. Elle était à lui, et il voulait être dévoué à elle, jusqu’à la fin, comme ils se l’étaient promis. Il avait senti son coeur battre à l’instant où son esprit à peine réveillé avait compris qu’elle était là, dans ses bras, après tout ce temps où il n’avait pas pu profiter de sa chaleur et s’enivrer de son parfum. Immédiatement, il avait senti que quelque chose ne tournait pas rond, les tremblements de son coeur cherchant à lui faire passer un message, alors qu’elle s’agrippait à lui comme si d’un moment à l’autre, il aurait pu s’envoler. Il n’irait nul part, même s’il avait eu mal de la voir aussi distante, de comprendre qu’ils ne pourraient plus se brûler comme avant parce-que la vie d’Aelya ne dépendait plus seulement que de lui. Des milliers de questions étaient venues se bousculer dans son esprit, son regard retrouvant le sien lorsqu’elle  prononça ces quelques mots qui visaient à le rassurer. « Pourquoi on peut juste pas s’aimer bébé… ? J’veux pas qu’on nous sépare, jamais. » Et il l’avait compris plus que jamais lors de ces derniers jours où Aelya avait disparu de son quotidien, lui qui avait rêvé à chaque instant d’avoir un message de sa part pour lui dire de venir la rejoindre. Mais ça n’était jamais aussi simple entre eux, et ça ne le serait visiblement jamais. Il prit sa main pour l’emmener dans le salon après avoir refermé la porte derrière elle, son coeur se bousculant aux mots qu’elle se mit à prononcer, ceux qui avaient le don de le terrifier parce-qu’il ne savait jamais à quoi s’attendre. Il serra la mâchoire en observant leurs mains liées, se demandant si un jour, elles ne le seraient plus, la vie s’évertuant à les séparer. « Aelya… Tu me fais peur. Je sais pas quoi penser. Dis-moi juste qu’on va y arriver… » Souffla-t-il, captant son regard pour qu’elle comprenne à quel point c’était tout ce qu’il souhaitait. Il baissa un instant les yeux, peiné de la voir dans cet état, presque affaiblie, comme si elle s’éteignait à vue d’oeil, Niels s’en voulant de ne pas avoir su arrêter le processus avant. Dans un souffle désespéré, il lui parla d’Evan, souhaitant savoir si c’était lui le fautif, s’il était la cause de ses maux qu’elle semblait encore vouloir taire pour le protéger. Sauf qu’elle aurait dû savoir qu’il la connaissait mieux que quiconque, lui qui était capable de lire à travers le moindre de ses regards, parvenant à comprendre tout sans qu’elle n’ait à parler. Puis finalement, elle lui dévoila la vérité, son monde menaçant de s’écrouler lorsqu’elle se mit à lui expliquer la raison de son silence, et toutes ces incertitudes qu’il avait fait naître. Tout ça à cause d’un homme qui ne l’avait jamais aimé. « Quoi… ? » Il cilla, ses poings se fermant alors que son désir de vengeance commençait à se dessiner. « Ton père le connait ? Mais… son entreprise et tout le reste, c’est du vent ? » Demanda-t-il, les sourcils froncés, ayant peur de savoir que tout ce qu'elle lui avait dit n'était que mensonge. « Colérique… » Répéta-t-il, la mâchoire serrée, regardant Aelya prendre ses poignets avant de s’écarter soudainement, l’une de ses mains venant chercher son bras pour tirer sur sa manche, sa peau se dévoilant. Sa respiration se coupa, son coeur se brisant au sol alors que ses yeux s’étaient fermés en apercevant le nombre d’hématomes qui ornaient sa peau. Il avait laissé quelques secondes s’écouler, repensant à tout ce que lui avait dit Brooke, se détestant de ne pas avoir agi plus tôt. « Ma vie vaut rien si tu perds la tienne. » Dit-il, en retrouvant son regard, ses yeux se perlant de larmes. Brusquement, il s’extirpa de son étreinte, retrouvant la chambre où il fouilla son tiroir, à la recherche de son arme, l’esprit embrumé par son désir de destruction vis-à-vis d’Evan et de tout le mal qu’il avait fait à Aelya. « Tu m’as promis qu’il te ferait rien, que tu gérais la situation. Et je t’ai promis que s’il te faisait le moindre mal, je le descendrais. J’vais tenir parole. Il te touchera plus une seule fois. » Lâcha-t-il, d’une voix blanche, sentant le regard d’Aelya sur lui alors qu’il tomba finalement sur son arme, refermant le tiroir, les yeux noirs de vengeance, prêt à commettre l’irréparable alors qu’il prit la direction de la porte d’entrée.

Il lui avait appris à faire de sa force un bouclier que rien ne pouvait détruire, il lui avait appris que l'aimer ne rimerait jamais faiblesse, qu'ils étaient tous les deux unis dans les mêmes galères puisque leurs âmes s'étaient profondément liées l'une à l'autre, Aelya appréciant la chaleur de l'étau que formait ses bras, réchauffant son coeur quand celui-ci était malmené par les mains d'Evan. A maintes reprises, elle aurait désiré tout lui raconter, sans y parvenir, s'imaginant que cette réalité l’achèverait parce qu'il ne reculait jamais devant rien pour protéger Aelya, même au péril de sa vie. C'était tout ce que la brune voulait préserver, ses battements qui rythmaient son désespoir, comme si la douce mélodie de son coeur suffisait à inscrire un sourire sur ses lèvres qui n'appelaient que ses baisers. Il lui manquait, et à mesure que le temps passait, Aelya s'enfermait dans le mutisme que ses plaies ouvraient dans la couleur de ses hématomes, celles qui entraient en contradiction avec la pâleur de ses traits, de ses iris où ne dansaient plus aucune lumière. Elle avait craqué, s'était résignée à lutter contre le besoin de retrouver l'amour de sa vie, comme dans un instinct de survie, comme dans un dernier effort pour seulement se sentir vivre le temps d'un instant qu'elle voulait faire durer une éternité. Ca avait toujours été comme ça avec lui, ces palpitations cardiaques et sa peau qui se mettait à frissonner à son simple contact alors qu'elle s'était jetée dans ses bras, regrettant déjà de lui imposer sa présence alors qu'elle savait qu'elle devait être partout sauf ici.

- On pourra jamais m'empêcher de t'aimer bébé... Souffla-t-elle contre ses lèvres, les larmes au bord des yeux.

Elle n'avait aucune réponse à toutes les questions qui s'agitaient dans ses yeux. Pourquoi eux, pourquoi lui, pourquoi elle... Pourquoi tout était toujours compliqué alors qu'ils possédaient tous deux de l'amour à en perdre la tête, le genre qui l'avait sans doute conduit à s'égarer devant sa porte, dans ce geste qui paraissait anodin et qui pourtant ne l'était pas, puisque c'était sa sécurité qu'elle pouvait sacrifier. Elle le suivit dans le salon, tentant de reprendre sa respiration bousculée par toutes les émotions en fusion. Elle serra ses mains dans les siennes alors qu'elle prit place sur le canapé, son regard accrochant le sien, Aelya se rattachant fermement à ce lien qui les animait quand tout s'écroulait autour d'eux. Elle plissa les lèvres à sa remarque, cillant en réfléchissant aux faibles possibilités qui s'offraient à eux devant la tornade de ses problèmes.

- Peut-être qu'on pourra... Si on part, murmura-t-elle, peu sûre d'elle.

Parce qu'elle serait prête à tenter le coup s'il ne leur restait que cette solution, si cette vie à Bowen ne pourrait plus jamais les accueillir, Aelya choisirait de le suivre partout pour échapper à leur propre sort, tout ça parce qu'il n'y aurait plus rien de viable sans Niels. Elle s'éteignait sans lui, elle tombait en morceaux sans son amour qui répondait au sien, et c'était surement ce qu'il pouvait aisément lire dans ses pupilles délavées par tout le mal que la distance faisait subir à son âme. Aelya en avait marre de tourner en rond, d'expier des mensonges qui la rongeaient de l'intérieur, choisissant finalement d'émettre la dure vérité quand bien même elle savait qu'elle les écorcherait au passage.

- Oui, il le connait. Et c'est pas du vent, non. Il a vraiment une entreprise. Simplement... La plupart de ses revenus sont blanchis, admit-elle en baissant les yeux, se sentant honteuse de lui avoir caché une bonne partie de l'histoire.

Elle commençait à trembler sous l'effet de la peur qui s'insinuait dans ses veines, parce qu'elle ne voulait pas perdre la seule personne qui donnait un sens à sa vie quand celle-ci se voyait tourmentée par des tempêtes, sachant pertinemment que si Niels disparaissait définitivement, il ne resterait plus rien de son être. Elle le regarda s'emparer de son bras dans un geste vif pour dévoiler son bras, recouvert de bleus, peinant à soutenir son regard alors que leur douleur irradiait dans le même son sourd.

- C'est pour ça que je t'ai rien dit bébé... Je voulais rien qui nous arrive... Je m'en serais pas remis si on t'aurait encore fait du mal, tu comprends... ? Lança-t-elle, la voix brisée par les émotions, son regard brillant croisant le sien.

Son coeur suintait de souffrance sous l'effet de sa rage et de sa peine qui transparaissaient sur ses traits, Aelya le regardant s'extirper du salon avant de le rejoindre dans la chambre où elle le vit chercher quelque chose dans les tiroirs, son visage devenant blême en comprenant ce qu'il comptait faire alors qu'il posa ses mains sur un revolver. Avant même de pouvoir réagir, il la dépassa pour rejoindre la porte d'entrée, Aelya se postant vivement devant lui pour l'empêcher de partir.

- Bébé, s'il te plait, réfléchis, tu peux pas faire ça, lança-t-elle, paniquée.

Ses mains vinrent encadrer son visage pour qu'il capte son attention.

- Mon amour, si tu le tues, tu vas être tué toi aussi, ajouta-t-elle sérieusement, sa détresse tirant ses traits. On peut pas faire ça comme ça, je peux pas te laisser prendre ce risque, j'ai tout fait justement pour qu'il t'arrives rien ! Si tu veux vraiment me protéger, reste en vie bébé. S'il te plait, avança-t-elle, son front se calant amoureusement contre le sien. Y'a pas vraiment d'issues pour le moment... Mais j'ai simplement besoin que tu me rappelles que tu m'aimes là tout de suite, j'ai juste besoin de toi ce soir, toute ma vie...

Il aurait tout donné pour la voir revenir, son quotidien ne rimant plus à rien depuis qu’elle avait pris ses distances. Même Sienna s’était rendu compte de son changement d’humeur, lui qui repoussait leurs rendez-vous pour s’enfermer dans un silence qui le détruisait, ne désirant simplement qu’elle pour respirer à nouveau. La vie n’avait décidément aucune saveur sans elle, Niels se rendant compte à quel point il se laissait aller lorsqu’elle n’était pas là pour lui rappeler que sa vie comptait. Il avait pris l’habitude de regarder l’écran de son portable fréquemment, comme dans l’espoir de voir son prénom apparaître pour lui demander de la rejoindre. C’était tout ce qui lui importait, tout ce dont il rêvait, perdant patience en voyant les journées s’écouler les unes après les autres sans avoir l’occasion de caresser ses lèvres au moins une fois. En la retrouvant, il avait compris qu’elle représentait à elle seule tout ce qu’il désirait, le sevrage de son amour ayant eu raison de lui. Ses bras s’étaient enroulés autour d’elle, l’attirant contre lui pour ne plus jamais la voir partir, lui qui savait qu’il ne pourrait plus la laisser prendre autant de distance à présent. « Pars plus bébé, s’il-te-plaît. J’suis trop malheureux sans toi… » Souffla-t-il, conscient qu’il n’arrangeait rien en le lui avouant, son regard cherchant le sien, sentant son coeur se serrer en voyant la peine prendre possession de ses traits. Il aurait vendu son âme au diable pour la voir heureuse, ne désirant qu’un seul de ses sourires raviver son âme en déperdition, ayant l’impression qu’il échouait une nouvelle fois dans le rôle qui lui tenait le plus à coeur, celui de la rendre heureuse. Sa main collée à la sienne, il l’emmena avec lui jusque dans le salon, désirant avoir des réponses sur les questions qui bousculaient son esprit, celles qui insufflaient le doute et l’incertitude, alors que tout ce qu’il souhaitait, c’était de croire en leur avenir. Il cilla à sa réponse, peinant à comprendre pourquoi tout ne pouvait pas être simple, Niels se retenant de lui demander pourquoi elle ne lâchait tout simplement pas Evan, puisque c’était lui qu’elle aimait. « Si on part… ? » Répéta-t-il, se pinçant la lèvre, se voyant abasourdi par les doutes qui affluaient dans son esprit, cette incompréhension qui le tourmentait. « On est chez nous ici… » C’était du moins ce qu’il avait toujours pensé, n’imaginant pas qu’Aelya était prête à quitter Bowen, son chez-elle, là où elle avait toutes ses marques et ses piliers. Et presque au même moment, elle lui lâcha enfin la vérité, presque comme une bombe, Niels s’étant attendu à tout sauf à ça. Le puzzle s’était finalement reconstitué, petit à petit, complétant les trous qu’il n’avait pas su remplir lui-même. Il fronça les sourcils en comprenant pourquoi Aelya s’était soudainement montrée plus distante, n’ayant pas d’autre choix que de se soumettre aux volontés de son petit-ami, qui étaient aussi celles de son père. « Mais… c’était planifié tout ça, alors ? J’veux dire, ton père avait tout préparé ? Les fiançailles et le reste… » Souffla-t-il, peinant encore à imaginer que tout ça n’était qu’une mascarade depuis le début et qu’il n’y avait vu que du feu. Il baissa à son tour les yeux, tentant de se remettre les idées en place, incapable de lui en vouloir bien qu’il avait l’impression d’avoir été mis de côté, lui qui pensait qu’elle aurait toujours fait en sorte de ne pas lui mentir. Finalement, il prit lui-même l’initiative d’observer ses bras après son énième révélation, comprenant que l’histoire était bien plus grave qu’elle ne le prétendait, les marques sur son corps témoignant de la violence qu’elle subissait au quotidien. Les yeux embués par des larmes de rage, il resta un moment silencieux, peint à contrôler ce trop plein d’émotions qui le faisait vriller, son coeur se brisant à la vision de sa peau marbrée. « Tu l’aurais laissé te tuer pour me protéger… » Lâcha-t-il, presque dans une pensée qui s’était échappée de ses lèvres, lui qui ne parvenait pas à détourner son regard de sa peau. Il se leva précipitamment, ne pensant plus qu’à son désir de vengeance, persuadé qu’Evan ne méritait plus de vivre après le mal qu’il avait fait à l’amour de sa vie. Il ressortit de la chambre en trombe après avoir retrouvé son arme, ne portant pas un regard à Aelya qui le rattrapa quelques mètres plus tard, avant qu’il ne puisse ouvrir la porte. « Bien sûr que si j’peux le faire ! Et je vais le faire tout de suite même. Il avait pas le droit de te toucher, il va juste avoir ce qu’il mérite. » Cracha-t-il, la rage au coeur, son regard noirci par la haine qui s’écoulait dans ses veines, avant d’être rattrapé par la douceur de celui d’Aelya. « Bébé… Laisse-moi y aller, j’peux pas… j’peux pas le laisser faire. Il a pas le droit de s’en sortir comme ça. » Souffla-t-il, son ton se radoucissant lorsqu’elle se rapprocha de lui en encadrant son visage, fermant les yeux aux mots qu’elle lui souffla, presque comme si elle le suppliait de ne pas passer à l’acte. « Je peux pas accepter qu’on te fasse du mal mon amour… » Murmura-t-il, son regard rougi traduisant toute la peine et la peur qui le bouleversaient à l’idée de la savoir en danger, dans les bras de cet homme qu’il aurait aimé détruire de ses propres mains. Ses derniers mots eurent raison de lui, Niels finissant par se jeter dans ses bras, réfugiant son visage dans son cou où il s’imprégna de son parfum, de cette chaleur qui lui était si familière. « Je t’aime mon bébé… Je t’aime tellement, j’pourrais jamais accepter de vivre sans toi. » Souffla-t-il, le coeur meurtri par tous ces rebondissements, son impuissance le tuant à petit feu. « Je ferai tout pour toi, je te donnerai ma vie si je le pouvais. Mais bébé… tu peux pas me demander de rester les bras croisés. C’est plus fort que moi, je pourrais pas te laisser partir. Faut plus qu’on le laisse faire. » Il s’écarta légèrement, ancrant son regard au sien alors qu'une de ses mains vint trouver refuge sur sa hanche délicatement, l'autre maintenant toujours l'arme qu'il regarda. « Reste à la maison, s’il-te-plaît, c’est tout ce que je te demande. »

Depuis qu'elle s'enlisait dans la solitude, les rouages de son coeur rouillaient sous l'effet de ses larmes acides qui répondaient à ce manque incisif qui portait son prénom, Aelya qui se voyait enchaînée à une vie indésirée puisque celle-ci se devait de se dérouler aux côtés de Niels. Au lieu de ça, elle se réveillait tous les matins avec des regrets, ce vide qui résonnait jusque dans le creux de son âme défaite, elle qui regardait trop souvent l'écran de son portable dans le souhait de voir son sms apparaître. Evan lui avait tout pris, jusqu'à la dernière de leur image qui représentait leur amour sous le soleil de Brisbane, là où elle avait eu l'impression de renaître de ses cendres, mêlant ses espoirs à son parfum enivrant qu'elle ne cesserait de respirer jusqu'à sa mort si elle le pouvait. Le coeur au bord du précipice, elle s'était réfugiée dans son étreinte, expiant tout le mal qu'elle portait dans ses entrailles à la seule personne qui était apte à le recevoir pour l'effacer.

- Je sais mon bébé... J'fais tout pour qu'on soit réunis mais j'ai l'impression de passer mon temps à échouer... Répondit-elle en soupirant tristement.

C'était si facile de l'aimer, et pourtant, cet amour devenait difficile à assumer pour leur bien à tous les deux qui était mise à mal par d'autres. Plus elle se détachait de Niels par obligation, plus son coeur la poussait dans ses bras, à lui revenir pour toujours et à jamais comme si plus aucune contrainte n'existait. En le rejoignant dans le salon, c'était tout ce qu'elle voulait, rester ce soir et toute sa vie entre ses murs qui abritaient cette affection si pure, si vraie. Elle n'avait jamais prévu de s'enfuir de Bowen depuis que Niels était arrivé dans son quotidien, lui qui avait donné du sens à chacun de ses souffles, et pourtant aujourd'hui, elle se demandait si ce n'était pas la meilleure option qu'ils avaient devant eux pour rester ensemble.

- Et si on avait pas d'autres choix ? Tu me suivrais quand même ? Lança-t-elle, tentant de faire le point dans son esprit submergé par les doutes et les questions.

Parce que son refuge c'était Niels et non la ville qui l'avait vu naître, qu'elle était capable de tout plaquer juste pour l'aimer comme elle le désirait, sans aucune barrière qui écorchait son coeur meurtri par leur éloignement. Elle avait fait le choix de délier sa langue, d'arrêter d'user de mensonges pour expliquer des fiançailles qui en réalité n'avait rien d’idyllique, parce que tout ce qu'elle avait toujours voulu se trouvait devant ses yeux. Elle hocha tristement la tête à ses questions, lui confirmant que tout ça n'avait rien de réel, qu'elle n'avait jamais choisi de l'épouser pour oublier Niels mais plutôt par contrainte.

- La seule chose qui est vraie, c'est qu'on s'est vraiment rencontrés dans un bar le soir où tu m'as contacté... Mais... Même ça c'était calculé. Du coup, il a voulu me revoir, et j'ai cédé parce que je voulais passer à autre chose, comme toi tu semblais le faire. Puis... C'est là où on m'a expliqué que j'allais servir de faire valoir pour les affaires de mon père, bref, une belle romance quoi, lâcha-t-elle ironiquement sur un ton amer. Ca l'arrange de penser qu'Evan peut m'aider à t'oublier aussi, ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel, agacée.

Elle s'était battue pour retourner dans ses bras, et pourtant, son père s'imaginait encore que l'amour ne rimait qu'à ça, qu'à des sentiments frivoles et de passage, et qu'elle finirait tôt ou tard par oublier celui qui avait reconstruit son être morcelé. Elle s'en voulait de lui avoir menti, mais elle n'avait pas eu d'autres choix que de dissimuler la vérité au risque de voir la vie de Niels s'envoler. Elle eut un léger mouvement de recul quand il vint mettre en lumière les bleus sur ses bras, fermant les yeux pour ne plus lire la peine dans ses yeux, celle qui tournait autour d'eux. Elle détourna le regard sur ses doigts qui tiraient nerveusement ses manches pour dissimuler la vision de ses hématomes, plissant les lèvres à son murmure qu'elle ne pouvait contredire.

- Tu sais très bien que j'ai aucun autre but plus important dans ma vie que celui de te préserver, souffla-t-elle, vulnérable.

Aucune douleur physique ne pouvait équivaloir celle qui l'avait achevé quand elle l'avait trouvé mourant, ce simple souvenir suffisant à la faire frémir de peur, à contracter chacun de ses muscles tremblants sous l'effet des émotions. Elle vint rapidement le suivre jusque dans la chambre où elle le surprit à prendre une arme, son angoisse se réveillant de surcroît alors qu'elle tentait de le rattraper pour ne pas le laisser s'échapper de l'appartement avec cette idée en tête, consciente qu'il était capable de tuer Evan sur le coup de sa rage.

- Ca ne fera qu'aggraver les choses parce qu'il est pas tout seul, il a des hommes avec lui et ils sauront que c'est toi ! Affirma-t-elle, tentant de le dissuader alors que ses mains vinrent tendrement caresser son visage. Il payera un jour bébé... Mais pas ce soir, pas comme ça... Murmura-t-elle, son regard accrochant le sien. Moi non plus je peux pas accepter mon amour... C'est pour ça que tu dois rester ici ce soir, ajouta-t-elle doucement.

Les yeux larmoyants d'amour pour l'homme de sa vie, elle referma ses bras autour de lui, sa main venant doucement l'apaiser en s'agitant amoureusement dans son dos.

- Je t'aimerai toujours mon petit coeur. On se retrouvera tout le temps, on se l'est promis, répondit-elle, inscrivant de l'espoir en eux, touchée par ses mots. Je sais que c'est dur pour toi, et je te demande pas d'accepter tout ça... juste que je peux te laisser t'impliquer là-dedans sans qu'il n'y ait de conséquences... J'aurais jamais du te dire tout ça mais je suis dans une impasse, avoua-t-elle, le coeur serré.

Elle cilla en sentant la chaleur de sa main sur sa hanche, son regard faisant le trajet entre l'arme et ses yeux à sa demande.

- Il va savoir que je suis avec toi... Et s'il vient avec ses types te tuer ? On peut aller ailleurs... Pour être tranquille. Au moins ce soir. Après on avisera ? Proposa-t-elle, le visage tiré par la peur. Je reste avec toi mon amour... Tu vois, j'aurais épousé personne d'autre que toi volontairement, admit-elle amoureusement.

Elle ne lui avait jamais donné l’habitude d’être aussi distante, elle qui faisait habituellement tout son possible pour parvenir à le voir, ne serait-ce que cinq minutes entre leurs pauses respectives. Ça n’était jamais assez et pourtant, c’était de cette manière qu’ils avaient décidé d’entretenir leur lien amoureux, parvenant à se caler des rendez-vous à chaque fois qu’ils le pouvaient, même au beau milieu de la nuit si c’était la seule solution. Parce-que Niels ferait absolument tout pour Aelya, quitte à trahir son actuelle petite-amie pour qui il ne nouait de toute façon aucun sentiment, son coeur se voyant enchaîné à celui de l’amour de sa vie. Il avait accepté son étreinte, comme soulagé de la voir lui revenir même s’il se doutait qu’elle n’était pas là par hasard, comprenant rapidement que quelque chose n’allait pas. « Te rejettes pas toute la faute bébé… Je sais que c’est pas évident pour toi non plus. » Lui répondit-il, cherchant à apaiser sa conscience, refusant de la voir porter ce fardeau toute seule alors qu’il savait qu’elle se démènerait toujours pour lui, pour eux. Il profita de leur rapprochement pour enfin respirer, lui qui avait un mal fou à ne pas paniquer lorsqu’elle n’était pas avec lui, dans cet appartement où se trouvaient encore leurs plus précieux souvenirs, celle d’une vie qu’il refusait d’enterrer. Il fronça les sourcils en l’entendant émettre l’idée de partir de Bowen, lui faisant savoir que c’était sûrement la seule solution pour qu’ils puissent s’aimer en toute tranquillité. « J’te suivrai partout. Je partirais même demain si tu me le demandais. » Souffla-t-il, accrochant son regard pour lui faire comprendre à quel point il était sincère, à quel point il ferait tout pour elle, même les choses les plus insensées. Il n’y avait rien de trop beau lorsque c’était pour Aelya, les battements de son coeur le guidant toujours vers elle, comme si c’était la chose la plus naturelle qu’il puisse faire. Il n’y avait rien qui le retenait à Bowen plus qu’Aelya, lui qui n’avait certainement pas imaginé qu’il tomberait sur son âme-soeur  avant de croiser son chemin au détour d’une soirée sans promesses. Il s’était vu abasourdi par le nombre de révélations qu’elle lui fit, comprenant qu’Evan n’était pas l’homme si parfait qu’on dépeignait, sa seule force résidant dans son alliance avec le père d’Aelya. Et si elle lui avouait enfin que ce mariage n’était que le fruit d’une mascarade, Niels peinait à être complètement soulagé, comprenant qu’elle était piégée dans un jeu beaucoup trop dangereux, là où elle avait essayé de le préserver. « J’pensais qu’il voulait plus entendre parler de toi depuis le procès… C’était si dur de te laisser enfin vivre comme tu l’entendais ? » Lâcha-t-il, peinant à contenir la haine qui envahissait son esprit, menaçant son équilibre déjà bien trop bancal. Il avait surpris les marques sur sa peau, comprenant maintenant que toute cette histoire allait bien plus loin qu’il ne le pensait, Evan cherchant à l’arracher à son entourage en imposant sa marque d’appartenance sur elle, comme s’il s’agissait d’un vulgaire objet qu’il voulait à tout prix pour lui. Il n’avait pas pu s’empêcher de laisser transparaître sa peine, parce-qu’il avait senti son coeur se déliter à l’instant même où ses yeux s’étaient posés sur les zones bleutées de sa peau, alimentant son désir de la protéger et surtout, de la venger. « Et ça implique quoi… ? De te laisser mourir ? Ça rime à quoi tout ça, Aelya ? » Souffla-t-il, tentant de contrôler les émotions qui le percutaient, avant de s’échapper de leur cocon retrouvé, ne pensant plus qu’à Evan qu’il voulait détruire sur le champ. Aelya se posta devant lui avant qu’il ne puisse rejoindre l’extérieur, son regard lui signifiant toute la peur qu’elle ressentait à l’idée de le laisser régler l’histoire de manière aussi définitive. « On s’en tape de ça, j’le bute et on part d’ici. Ils nous retrouveront pas. » La rage parsemait chacun de ses mots, son impulsivité se voyant décuplée alors qu’il ne pouvait plus gérer sa frustration de voir celle qu’il aimait être abîmée par son prétendu fiancé. Il croisa son regard lorsqu’elle passa ses mains sur son visage, immédiatement apaisé par son contact, attendri par sa manière de lui dire les choses. Parce-qu’évidemment que ça n’arrangerait rien à leur situation, eux qui seraient menacés par la justice qui chercherait à incarcérer Niels à tout jamais à cause de sa volonté de venger Aelya. « J’suis tellement désolé que t’aies dû subir ça bébé… Je m’en veux de pas avoir réagi avant. » Lâcha-t-il, se réfugiant dans ses bras, son corps rencontrant le sien dans une étreinte profondément amoureuse, frissonnant aux caresses de ses mains dans son dos et à ses mots d’une tendresse infinie. « J’te lâcherai jamais mon amour, j’aurais jamais dû le faire… » Regretta-t-il, conscient que s’il n’avait pas décidé de rompre leur lien, rien de tout ça ne serait arrivé. « Fallait que tu me le dises bébé, j’vais t’aider à te sortir de là, ok ? T’auras plus à lui devoir quoique ce soit, c’est fini tout ça. » Souffla-t-il, faisant glisser sa main sur elle, apportant un peu de tendresse à son corps qui n’en avait plus goûté depuis trop longtemps. Il resta silencieux en écoutant sa proposition, pouvant percevoir sa peur de les voir poursuivis par Evan et ses hommes. « T’as raison, c’est risqué de rester ici. Vaut mieux qu’on parte ce soir, on reviendra chercher des affaires si on a besoin. On réfléchira à la suite plus tard. » Ajouta-t-il, lançant un regard confiant à Aelya, lui faisant comprendre qu’elle ne serait jamais seule, qu’il la protègerait à chaque minute de sa vie. « Je t’aurais pas laissé faire mon bébé… On doit faire notre vie ensemble, je laisserai plus personne se mettre entre nous. » Il s’approcha doucement de son visage pour déposer un baiser au coin de ses lèvres, exerçant une pression aussi légère qu’une plume. Il alla chercher un sac dans la chambre pour prendre des affaires pour la nuit, sans réellement savoir ce qu’il adviendrait d’eux après ça, attachant la laisse au harnais de Hank, levant ensuite les yeux vers Aelya. « Il vient avec nous. Evan serait assez tordu pour lui faire du mal. » Il la laissa prendre Hank, s’occupant de porter son sac pour rejoindre sa voiture en bas de l’immeuble, peinant à cacher son inquiétude vis-à-vis de ce qui les attendait. « J’connais un hôtel pas trop cher à la frontière de la ville, il est pas très fréquenté, ça devrait suffire pour la nuit. » Dit-il, mettant le contact avant de démarrer la voiture, tournant la tête vers Aelya.

Elle se rendait compte qu'elle était damnée à revenir vers lui à chaque fois qu'elle s'égarait un peu trop loin de l'homme de sa vie, même si elle luttait pour lui résister, même si elle se forçait à ne plus penser à lui, c'était tout l'inverse qui se produisait, parce qu'elle crevait d'amour pour Niels, et ses sentiments débordaient de son cœur quand elle ne pouvait pas les laisser s'exprimer, intoxiquant ses pensées raisonnables qui lui répétaient sans cesse de ne pas aller le voir pour son bien, chose qu'Aelya peinait à respecter, son cœur faisant naturellement plus de bruit que tout le peu de raison qu'elle avait pu accumuler ces derniers temps.

- C'est jamais évident d'être sans toi mon amour... Y'a que toi qui comptes, je pouvais pas ne pas revenir, je voulais pas que tu penses que je t'aime plus alors que je suis trop amoureuse de toi... Admit-elle, attendrie par sa manière de la réconforter.

Malgré toute la peine qu'il avait pu vivre dans cette distance qu'il n'avait pas compris, il était toujours là, bravant ses propres peurs pour simplement rassurer les siennes, invitant tout naturellement Aelya à se délivrer de ses chaînes qui lacéraient sa peau, parce qu'elle n'en pouvait plus de lui cacher la vérité, lui qui ne méritait rien d'autre que de l'effusion de tout l'amour qu'elle avait contenu dans son cœur jusqu'à leur retrouvaille. Son regard rejoignit le sien à sa réponse avant qu'elle ne vienne doucement hocher la tête, consciente qu'elle lui demanderait encore beaucoup puisqu'il s'était construit une vie à Bowen, celle qu'elle menaçait de lui arracher égoïstement parce qu'elle ne pourrait jamais vivre sans lui. Tout allait trop vite dans sa tête, elle peinait à se concentrer sur la suite des événements qui devaient se décider, puisqu'elle avait encore une fois franchi la limite à ne pas dépasser, par amour, par dévotion à l'homme qui la passionnait depuis le début. Elle s'était finalement livrée à Niels, ouvrant la boîte des secrets qu'elle avait soigneusement rangés dans le but de feindre une situation qui était à l'opposé de ce qu'elle vivait.

- Faut croire... Ton absence a dû lui donner certaines idées, notamment de vouloir me caser avec le genre de mecs à éviter, lança-t-elle en roulant des yeux.

La seule manière pour Aelya d'obtempérer avec docilité, était de placer la vie de Niels entre ses mains tremblantes, apeurée à l'idée de le perdre à chaque minute qui s'écoulait. Alors, sans hésitation, elle avait accepté de se fiancer, de devenir leur complice malgré elle, tout ça pour le protéger. Elle donnerait sa vie pour lui, son âme et son cœur n'existant que pour toutes les fois où ils rencontreraient son être. Elle s'était fait surprendre dans sa volonté de cacher ses marques, les laissant apparaître sous les yeux brulants de Niels, lui qu'elle sentait fulminer en silence alors qu'elle se sentait soudainement mise à nue, la sensibilité à vif.

- Je sais pas à quoi ça rime... Je sais pas vraiment ce que j'attends de toute façon, je peux rien faire tant qu'ils te menacent comme ça, soupira-t-elle, la voix tremblante à cause de l'émotion.

Elle était au pied du mur, consciente que la finalité serait soit elle, soit Niels, peinant à se retrouver dans des intentions et dans ses besoins, parce que tout ce qu'elle voulait était inatteignable, et pourtant elle l'avait à porter de mains, parce qu'elle se trouvait devant la personne qu'elle convoitait le plus au monde, celle à qui elle avait confié sa vie. Elle le rattrapa rapidement, se postant devant lui pour l'empêcher de commette l'irréparable alors qu'il était allé récupérer un révolver pour tuer Evan, Aelya angoissant à l'idée des conséquences qui tomberaient tôt ou tard et non au sort que pourrait attendre son fiancé.

- Si c'est pas eux qui nous retrouvent, c'est les flics bébé. On peut pas prendre autant de risques amour, je pourrais jamais accepter de plus pouvoir te voir, te toucher, répondit-elle dans un souffle, son regard valsant amoureusement sur les traits de son visage, comme pour les imprimer dans sa mémoire qui regorgeait déjà d'images de son être, ses mains venant doucement caresser des joues pour le ramener tendrement vers elle. T'as pas à être désolé mon cœur. C'est pas ta faute si certains gars sont des connards. Tu pouvais pas savoir. T'es tout ce que je veux. T'es tout ce que j'attendrais toute ma vie s'il le faut, ajouta-t-elle amoureusement.

Elle l'accueillit dans son étreinte, s'imprégnant de sa chaleur et de son parfum qui enveloppait son être abîmé, Aelya parsemant sa peau de caresses amoureuses pour le rassurer.

- Le fais plus mon ange, j'veux plus avoir à vivre sans toi... Murmura-t-elle à son oreille de manière tendre. Merci mon amour... D'être là. De m'écouter. De jamais me juger. Je sais pas ce que j'ai fait pour t'avoir... T'es parfait. Je suis tout à toi mon bébé. T'es le seul en qui j'ai confiance, souffla-t-elle d'une voix douce, frémissant de bien être à la sensation de sa main qui vint se placer sur son corps, lui proposant de s'échapper pour éviter les problèmes au moins ce soir. On peut fonctionner comme ça le temps qu'on trouve une solution, je pourrais jamais être tranquille si tu restes ici de toute façon, accepta-t-elle, souriant légèrement pour inscrire de la confiance dans leur manière d'agir, Aelya qui suivrait Niels partout les yeux fermés. Y'a jamais personne qui s'est déjà mis entre nous amour. Regarde, je suis quand même venue pour toi. Y'a rien qui peut m'arrêter de t'aimer, ajouta-t-elle, le regard amoureux.

Elle tendit la nuque pour recevoir son baiser, fermant les yeux pour mieux en apprécier la douceur et la légèreté de ce geste qui apaisait ses tourments. Elle le regarda faire des allers et retours entre les pièces pour récupérer des affaires à mettre dans un sac qu'il tenait, jusqu'à ce qu'il ne se poste devant Hank pour lui mettre une laisse.

- Il a sûrement plus de compassion pour les animaux que pour les humains tu sais, même si ça laisse à désirer, leva-t-elle les yeux au ciel. Hank fait partie de notre équipe de toute façon, on peut pas le laisser ici, ajouta-t-elle en regardant d'un air attendri leur chien qui arborait un air curieux.

Elle s'occupa de guider Hank dans les marches tandis que Niels portait le sac, arrivant tous deux dans la voiture où elle laissa leur chien venir sur ses jambes.

- Ok on va là-bas. Évite juste de me dire qu'il est pas fréquenté à cause d'histoires complètement glauques, lança-t-elle, s'amusant légèrement pour détendre l'atmosphère.

Ses mains faisaient le trajet entre Hank et sa cuisse jusqu'à leur arrivée, Aelya se rendant à la réception pour leur louer une chambre tandis que Niels déchargeait leurs affaires. Elle poussa quelques minutes plus tard la porte de leur nouveau refuge, portant attention à Niels qui était derrière elle.

- C'est carrément glauque bébé. Heureusement que t'es là pour me rassurer. J'ai hâte de dormir avec toi, ça fait trop longtemps, avança-t-elle en passant ses paumes sur son torse.

Il était incapable de gérer son absence, se voyant profondément atteint dés lors qu’ils n’avaient pas leur moment pour se retrouver, Niels ressentant le manque le percuter à chaque fois qu’il songeait à toutes ces minutes qui défilaient et qu’il avait l’impression de gâcher sans elle. Il l’aimait déraisonnablement, incapable de trouver le juste milieu, son coeur battant beaucoup trop fort pour qu’il ne puisse faire taire le bruit sourd qui l’empêchait de dormir dans ses draps qui respiraient son absence. La présence de Sienna n’y faisait rien, elle qui ne pourrait jamais remplacer Aelya, tout simplement parce-qu’il ne pouvait pas aimer une autre femme comme il aimait la brune. Il baissa un instant les yeux à ses mots, ne pouvant pas la contredire parce-que ces idées avaient effleuré son esprit, lui qui s’était demandé si la distance avait eu raison de ses sentiments à son égard. « Je suis désolé d’en avoir douté… J’perds la tête quand t’es pas là. Ça me réussit pas d’être sans toi mon amour. » Ajouta-t-il, faisant référence aux sms qu’il lui avait envoyé après les retours inquiétants de Brooke, ceux qui l’avaient fait explosé lorsqu’il avait cru comprendre que son mariage était encore en préparation, ayant l’impression d’être trahi par la femme qu’il aimait plus que tout au monde. Rapidement, il avait compris que tout ça n’avait jamais été planifié, même si son comportement pouvait être douteux, Niels avait confiance en elle, en ce qu’elle lui avait promis de vive voix, du fait de toujours le retrouver, qu’importe la situation. Il avait du mal à digérer le fait que c’était une nouvelle fois à cause de son père s’ils se retrouvaient dans une pareille situation, lui qui se demandait quand est-ce qu’il déciderait enfin de laisser sa propre fille en paix, après toutes les horreurs qu’il lui avait fait vivre. « J’arrive pas à croire qu’il ait réussi… et en même temps, j’crois que plus rien ne m’étonne. » Son père était définitivement un homme de pouvoir, qui parvenait toujours à avoir ce qu’il désirait bien que cette fois-ci, Aelya et Niels avaient décidé de lui prouver le contraire. Il avait finalement découvert un secret bien plus lourd, qui le détruisait de l’intérieur, lorsque ses yeux virent enfin les marques qu’Evan lui avait laissé sur le corps, abîmant cette peau qu’il aurait aimé caresser pour la guérir, pour au moins lui faire oublier son calvaire quotidien. Il avait senti son coeur se serrer, comme s’il avait arrêté de battre, ressentant toute sa douleur le percuter de plein fouet. « Tu peux pas tout prendre juste parce-qu’ils me menacent mon amour… Je refuse que tu te sacrifies pour moi. » C’était catégorique, il était incapable de la regarder se tuer pour lui, même s’il était conscient qu’il aurait fait la même chose dans le cas inverse. Mais pour l’instant, il refusait qu’elle puisse l’aider de cette manière, en prenant les coups à sa place. Il s’était enflammé, prêt à prendre les devants pour faire du mal à Evan et lui faire regretter d’avoir osé lever la main sur la femme de ses rêves, celle à qui il ne donnerait toujours que de l’amour. Il la regarda se caler entre lui et la porte, l’empêchant de passer à l’acte en lui faisant comprendre que son geste pourrait avoir des répercutions encore plus grave sur leur avenir déjà compromis. Il cilla aux mots qu’elle lui souffla, à la proximité qui liait leurs deux visages concernés par cette impasse dans laquelle il n’y avait aucune issue. « Bébé… C’est plus fort que moi, j’y arrive pas. J’suis censé te protéger. » Lâcha-t-il, dans un énième souffle de désespoir, s’imprégnant de la douceur dont faisait preuve Aelya pour apaiser la haine qui illuminait ses iris, son coeur bercé par ces derniers mots plein d’espoir. « Attends-moi mon amour. M’abandonne pas, j’te promets qu’on va s’en sortir. » Lui répondit-il, avant de se laisser aller dans ses bras, la serrant contre lui en faisant attention de ne pas la presser trop vivement, se doutant que son corps était parsemé d’hématomes. Il s’enivra de son parfum, se rappelant l’essentiel dans cette étreinte qui valait tout l’or du monde à ses yeux, lui remémorant leur force. « T’es l’amour de ma vie. Si je t’écoute pas, qui le fera ? Tu peux me faire confiance bébé, j’ferai toujours tout pour que tu te sentes aimée et en sécurité avec moi. » Il lui délivra une marque de tendresse en posant sa main sur elle, hochant la tête aux paroles qu’elle ajouta ensuite. « Je ferai attention, même quand tu seras pas là. Je les laisserai pas m’avoir. » Lui certifia-t-il, cherchant à la rassurer, comprenant ce qu’elle ressentait puisqu’il expérimentait la même chose de son côté. « Je t’aime. Pour toujours mon ange. » Il fit glisser ses lèvres à la commissure des siennes, cherchant à être le plus tendre possible, désirant lui remémorer la manière dont il agissait avec elle, pour qu’elle n’oublie jamais à quel point il pouvait l’aimer. Il s’affaira à rassembler quelques affaires dans un sac, attachant Hank qu’il n’aurait pas laissé seul dans cet appartement bien trop vulnérable pour le moment. « Ce type est cinglé. C’est tout ce que je sais. » Lâcha-t-il, ressentant toujours une haine incommensurable à son égard, hochant doucement la tête aux mots d’Aelya avant de sortir de l’appartement pour rejoindre la voiture. Il esquissa un sourire presque amusé aux mots de la brune concernant l’hôtel vers lequel ils se dirigeaient. « J’préfère pas savoir non plus. » Grimaça-t-il, un air taquin étirant ses traits, profitant de ce trajet pour se calmer, attrapant la main d’Aelya lorsqu’elle émettait un contact avec lui, avant d’arriver à leur destination. Il s’occupa de prendre leurs affaires, les montant jusqu’à la chambre qui leur avait été attribuée, observant Aelya à sa réflexion. « Ouais désolé, y’avait que ça dans nos moyens. » Dit-il, en grimaçant légèrement, avant de sourire tendrement à ce qu’elle ajouta, frémissant au contact de ses mains sur son corps. « Ça m’a trop manqué. Je sais que je dormirai bien ce soir, parce-que tu seras contre moi, et j’ai besoin de rien d’autre. » Il fit glisser ses doigts jusqu’à ses avant-bras, tendant la nuque vers elle pour déposer ses lèvres contre les siennes, dans un baiser bien moins retenu que celui qu’il lui avait offert avant de partir, son souffle venant se perdre contre le sien. « J’en peux plus. C’est invivable d’être sans toi. » Murmura-t-il entre deux baisers, ses mains finissant par glisser jusqu’à sa taille, relevant doucement son haut pour créer un contact avec sa peau. « T’as mal… ? »

Elle n'aurait jamais pu faire d'efforts au sujet de son mariage. La simple idée de se lier à un homme qu'elle détestait la révulsait, et pourtant, elle ne pouvait que sombrer dans l'impuissance de ces choix qu'on lui avait imposé. Comme s'il était aussi facile de mettre le feu à des souvenirs si ancrés, elle qu'on forçait à se détacher de l'homme de sa vie, sans comprendre qu'il n'y avait aucun moyen d'y parvenir, parce qu'ils étaient à force devenus une seule et même personne. Si l'on venait à arracher l'âme de Niels, c'était également la sienne qu'on lui retirait, sa vie était maintenant intimement enchevêtrée à la sienne, et il était inconcevable qu'elle ne puisse simplement espérer respirer sans l'aide de son souffle.

- On n'est pas fait pour se séparer mon bébé... Je peux pas vivre sans toi, ajouta-t-elle amoureusement.

Elle le comprenait dans ses réactions, parce qu'elle lui en demandait beaucoup trop, lui qui devait simplement l'attendre tandis qu'elle s'endormait tous les soirs à l'intérieur d'autres draps où il n'y était pas. Elle aurait vendu son âme au diable pour quelques secondes de plus en sa compagnie, pour toucher du bout des doigts le rêve qu'il faisait perler dans ses prunelles asséchées à force de trop pleurer. C'était comme si Evan essorait son espoir qui s'éteignait à mesure que le temps ne passait, le coeur d'Aelya ne battant que pour les images qu'elle faisait défiler dans son esprit, ceux de son visage pour lequel elle se damnerait, encore et encore.

- Il réussit parce qu'il a compris là où m'atteindre... C'est toi bébé, admit-elle en soupirant, lasse.

Niels était sa plus grande force mais aussi sa plus grande faiblesse, celle qu'on pouvait utiliser contre elle sans relâche, comme une menace inépuisable puisque son amour pour lui était infini. Elle s'en voulait d'avoir mis l'homme de sa vie dans cette position si délicate, et en même temps, elle ne savait pas quoi faire pour rattraper cette situation pour laquelle elle n'avait aucun contrôle, allant même jusqu'à devoir essuyer les plaies colorées que les mains de son fiancé lui créait sur la peau.

- Et moi je refuse qu'il t'arrive quelque chose par ma faute amour... Je peux arriver à supporter ça, tu sais. Mais pas ta mort. Impossible, répondit-elle en secouant vivement la tête, angoissée à cette seule idée de le savoir hors de portée.

Elle s'était rendue compte que l'on pouvait s'habituer à la douleur physique bien plus qu'à la douleur morale, celle qui ne trouvait aucun répit tant que Niels ne se présentait pas à ses côtés. Sachant pertinemment qu'il était capable de tout détruire sur son passage à cause de la rage qui l'habitait, Aelya s'était postée entre lui et la porte d'entrée, l'empêchant de passer avec cette idée de meurtre en tête, qui leur coûterait surement bien plus chère que toute la souffrance qu'ils avaient accumulés jusque là. Elle captait son regard, le sien étant habillé d'une lueur douce pour l'appeler à l'apaisement, elle qui savait exactement quoi faire pour le ramener à la raison, près d'elle, là où son coeur ne cesserait jamais de battre pour lui.

- T'es pas censé me protéger bébé. Je t'ai jamais demandé de le faire. Moi, je veux juste que tu continues de m'aimer... C'est tout ce que je demande, souffla-t-elle contre son visage qu'elle caressait avec ses doigts. Je sais mon amour. On va y arriver parce qu'on a toujours réussi jusqu'ici. On est les meilleurs, murmura-t-elle dans un léger sourire confiant.

Elle approcha son corps contre le sien, oubliant la douleur, oubliant qu'ils seraient sans doute poursuivit dans toute la ville pour cet affront, ce crime qui résidait dans le fait de simplement s'aimer. Et Aelya, elle l'aimait beaucoup trop, les mots n'étant même pas assez forts pour résumer ce qui explosait dans son organisme. Son coeur s'était mis à battre davantage à la douceur et à la sincérité de ses mots qui agissaient comme une plume sur son âme en perdition.

- Je te reviendrai toujours mon bébé... J'veux que tu te souviennes de ça. Je serais toujours à toi. Je te le promets. Fais moi aussi confiance pour ça, avança-t-elle doucement à son oreille.

Elle hocha la tête à sa remarque qui lui confirma qu'il allait prendre des précautions vis-à-vis du danger, consciente qu'il allait régner tout autour d'eux pendant quelque temps.

- Pour toujours, renchérit-elle pour appuyer cette promesse d'éternité.

Elle savoura le contact ténu de ses lèvres au bord des siennes, l'attendant alors qu'il rassemblait des affaires la nuit, Aelya prenant en main la laisse de Hank qui allait les suivre. Elle plissa les lèvres à ce qu'il ajouta sur Evan, sachant qu'elle ne pouvait pas le contredire, qu'il était complètement barge. Elle monta dans la voiture avec Niels et Hank, pouffant de rire à sa remarque au sujet de l'hôtel vers lequel ils allaient pour la nuit, voire plusieurs, s'évertuant à poser ses mains sur leur chien et sur Niels comme pour se rattacher aux êtres qu'elle aimait le plus. Arrivée dans la chambre, elle détacha leur animal pour qu'il retrouve sa liberté avant de sourire à l'homme de sa vie.

- C'est parfait. Je peux dormir partout si t'es là de toute façon. C'est juste que... Je commençais à m'y habituer au luxe moi, plaisanta-t-elle avant de s'approcher de son corps qu'elle caressa au niveau de son torse. J'ai besoin que de toi aussi, de tes caresses... Souffla-t-elle en laissant ses mains glisser jusqu'à ses flancs.

Elle frémit à la sensation de ses mains sur son être, acceptant son baiser avec autant de ferveur, ses mains se refermant autour de sa nuque pour prolonger leur échange mouvementé par leur souffle qui se répondaient.

- Je rêvais que de te revoir pendant tout ce temps amour, tes lèvres m'ont trop manquées, avoua-t-elle, la respiration saccadée.

Elle se crispa légèrement en sentant ses mains se réfugier sur sa taille, souriant de manière amusée avant de rompre le suspens.

- C'est surtout que t'as les mains froides là, s'amusa-t-elle. J'ai un peu mal mais comme je sais que t’appuieras jamais trop, ça devrait aller.

Elle baissa un instant ses yeux, prenant un air plus grave et plus inquiet avant de redresser le regard vers Niels.

- Bébé... Si c'est trop dur pour toi de me voir comme ça... Je suis pas obligée de dormir à moitié nue. J'ai pas envie que ça te fasse du mal ou de voir que je t'attire pas...

Il n’y avait aucun monde concevable sans Aelya, Niels qui se voyait désarmé dés qu’elle n’était plus là, dés qu’il ne pouvait plus se ressourcer dans la chaleur si réconfortante de ses bras. Il avait l’impression d’arrêter de vivre depuis qu’ils n’étaient plus officiellement ensemble, le temps semblant s’écouler à une lenteur indescriptible, comme si le temps s’arrêtait dés qu’elle quittait son monde. Il n’avait aucune envie de vivre de la sorte, sans son pilier, sans son repère, elle qui représentait la vie en elle-même à ses yeux. Il avait eu l’occasion de respirer en la sentant contre lui, lui soufflant ces quelques mots à l’oreille, ceux auxquels elle répondait amoureusement. « Je peux pas non plus. Ça me sert à rien de vivre si t’es pas là pour le voir bébé… » Il savait que ces mots étaient forts, relevant de la dépendance dont il était atteint, mais Niels savait aussi qu’elle était la seule à pouvoir le comprendre, parce-que le monde avait toujours été incapable de concevoir la force de leur lien si particulier. Il avait réfléchi aux aveux qu’elle avait finir par faire, comprenant alors que la distance qu’elle avait imposée entre eux n’avait pas été voulue, la situation lui forçant la main pour agir de la sorte. Il soupira à ses mots, bien conscient qu’il aurait choisi la même solution qu’elle, bien qu’elle avait le don de réduire son coeur en miettes. « J’suis désolé que tout soit aussi compliqué… » Finit-il par dire, comprenant que leur lien était la source même de tous ces problèmes qui les submergeaient un à un, menaçant de les faire couler à chaque instant. Tout ça parce-qu’ils avaient choisi de s’aimer et que ce choix ne plaisait définitivement pas au monde extérieur. « Tu pourras pas supporter ça tout le temps mon coeur, tu peux pas me faire croire ça. » Souffla-t-il, sentant la rage emplir ses veines, le gorgeant de haine, si bien qu’il n’avait plus que pour idée de se déchaîner sur Evan, pour lui faire mal, pour venger la femme qu’il aimait et qu’il protègerait jusqu’à la fin des temps. Il savait dans quoi il s’engageait, au fait que sa vie prendrait un autre tournant s’il tuait Evan, parce-que son seul moyen de vivre librement serait en cavale. Aelya arriva en trombe devant lui, l’empêchant de prendre cette décision qui ruinerait sa vie, et la leur, lui rappelant qu’il risquerait d’y passer s’il le touchait. Il se laissa porter par le doux son de sa voix, par ses mots réconfortants et son regard bienveillant, appréciant le contact de ses doigts qui glissaient avec lenteur sur sa peau pour encadrer son visage. « Je le fais déjà Aelya. Tous les jours de ma vie, je t’aime comme un dingue. C’est pour ça que je débloque. J’devrais t’aider à arranger la situation mais j’peux rien faire et ça me tue bébé… » Cilla-t-il, reprenant calmement son souffle, aidé par Aelya qui le faisait peu à peu redescendre, empêchant sa haine de prendre le dessus sur sa raison. « On est toujours une équipe mon bébé, ça changera jamais ça hein ? » Ajouta-t-il, la regardant amoureusement, finissant par l’éteindre avec une douceur infinie, ne supportant plus cette distance qui les séparait constamment, rêvant de pouvoir toucher sa peau jusqu’à la fin sans avoir à la lâcher ne serait-ce qu’une seule fois. Son regard croisa le sien lorsqu’elle reprit la parole, Niels hochant doucement la tête pour lui montrer qu’il lui faisait confiance, à elle plus qu’à n’importe qui, rassuré par l’idée de savoir qu’ils n’y auraient toujours qu’eux, même lorsque tout semblait prouver le contraire. « Je te fais confiance mon amour, rien qu’à toi. » Murmura-t-il à son tour, finissant par lâcher son étreinte pour pouvoir préparer ses affaires pour la nuit et les jours à venir, prêt à tout laisser derrière lui pour rester avec Aelya et veiller sur elle. Elle était son unique raison de vivre, et dans sa tête, il était hors de question de la laisser repartir chez Evan qui n’hésiterait probablement pas à lui tomber dessus s’il apprenait qu’elle était venue chez lui ce soir. Jamais il n’accepterait ça, et c’était d’ailleurs la raison pour laquelle il l’empêcherait de le retrouver cette nuit, préférant l’emmener dans un lieu sûr où ils pourraient dormir sans craindre des représailles. Il lui confia la laisse de Hank qu’il n’avait aucune envie de voir rester tout seul dans cet appartement qui était devenu trop dangereux pour le moment, se doutant qu’Evan n’aurait qu’à envoyer des hommes à son adresse pour venir se venger de cette prise de risques. Il resta silencieux le temps du trajet, appréciant de les voir tous les trois réunis, sa peau frémissant au contact de celle d’Aelya, avant d’arriver quelques minutes plus tard devant cet hôtel excentré de la ville, là où personne ne pourrait les retrouver. Les mains occupées par les sacs, il entra après Aelya, constatant comme elle que leur chambre ne respirait par le luxe, s’amusant de sa remarque taquine en levant les yeux au ciel, faisant mine de bouder. « Va vite falloir t’y déshabituer alors. » S’amusa-t-il, faisant référence à sa manière de vivre, lui qui s’était toujours contenté du strict minimum, s’en sortant avec ce qu’il avait. Il sentit son coeur s’enflammer au contact de ses mains sur son torse, les siennes venant caresser ses avant-bras, son regard se teintant d’une lueur amoureuse. « J’vais te couvrir d’amour mon bébé. J’ai envie de rattraper tout le temps perdu. » Il s’approcha d’elle pour prendre ses lèvres en otage, ne retenant plus la fougue qui guidait son corps en manque du sien, ses bras venant entourer sa taille pour la rapprocher de lui. « Tu m’as manqué tout court… Je m’en sors encore bien ? » Demanda-t-il d’un air joueur, faisant référence à sa manière de l’embrasser, avant de reprendre son sérieux lorsque ses mains glissèrent sous son t-shirt, anxieux à l’idée de savoir qu’il pouvait lui faire mal. Il s’amusa de sa réponse, quelque peu soulagé même s’il n’en était pas totalement satisfait, lui qui aurait préféré porter sa douleur à sa place. « Dis-moi si jamais j’te fais mal, ok ? » Il la regarda baisser les yeux, fronçant les sourcils en confrontant son regard qui semblait soudainement bien plus anxieux. Il secoua la tête, pour réfuter tous les doutes qu’elle pouvait avoir, voulant lui montrer que ça ne changerait rien au désir qu’il pouvait avoir pour elle. « Bébé, j’veux pas être ménagé. Je veux voir ton corps tel qu’il est… Je te désirerai toujours. » Il prit sa main pour l’attirer dans le lit, ses mains tirant délicatement sur son haut pour lui enlever, peinant à gérer toute sa peine et sa douleur de voir sa peau aussi marquée par les mains peu soigneuses d’Evan, imaginant toute la peur qu’elle devait subir au quotidien. « J’te ferai jamais de mal mon bébé. » Cilla-t-il, l’incitant doucement à s’allonger, se penchant vers elle pour déposer de doux baisers sur sa peau, comme s’il cherchait à la réparer par le simple effleurement de ses lèvres. Ses mains de part et d’autre du lit pour retenir son poids, il fit passer une de ses mains sur l’attache de son jean, le faisant lentement glisser sur ses jambes, heurté par le nombre d’hématomes qu’elle avait sur certains endroits. Il resta silencieux, le coeur serré, continuant à embrasser chaque parcelle de sa peau, l'apaisant par la chaleur de son souffle.

Elle s'était laissée aspirer dans ce trou noir sans fond, attendant qu'un miracle ne vienne en jaillir pour la délivrer, elle qui portait son coeur tyrannisé comme un fardeau qu'on se prenait à utiliser contre elle pour la manipuler plus facilement. C'était comme une traversée du désert qui la regardait s'épuiser dans le désespoir de cette attente insoutenable, avant qu'elle ne vienne décider de rompre ses chaines pour y retrouver le regard de Niels, son éternelle oasis qui hydratait son âme asséchée.

- J'ferai tout pour être là le plus possible, pour rester avec toi le plus longtemps possible. Tu peux pas savoir à quel point je suis attachée à toi... Avoua-t-elle, le coeur au bord des lèvres.

Ce délicieux mal l'avait frappé sans qu'elle ne se rende compte qu'il s'était infiltré bien plus loin que sur sa peau, alors qu'elle avait longtemps voulu croire que ses caresses ne pouvaient que se buter à cette barrière sans atteindre son coeur, là où son parfum s'y était imprimé. Et il y était resté. Malgré les épreuves, malgré la douleur, son myocarde pulsait son amour infini dans l’entièreté de son organisme.

- C'est moi qui rends les choses compliquées, pas toi, le rassura-t-elle dans un léger sourire triste.

Sa vie avait toujours été bordélique, et il fallait croire que ça n'était pas du tout allé en s'arrangeant en rencontrant Niels, en le laissant entrer dans les débris de son quotidien semé par les flammes du chaos, son être étant piégé dans les filets de ce monde où sans vraiment le vouloir, elle y avait entraîné l'amour de sa vie.

- Je peux tout supporter pour toi bébé. J'en suis capable. T'es la meilleure motivation qui soit, répondit-elle, persuadée de pouvoir gravir les plus hautes montagnes simplement pour ses beaux yeux.

Elle prenait volontairement le risque de chuter sur son chemin parsemé d'obstacles, tant que cela permettait à Niels de ne pas se trouver à l'intérieur d'un gouffre obscur. Elle n'avait aucune envie de se voir arrachée définitivement à lui, et elle savait qu'il n'y avait pas beaucoup de solutions qui s'offraient à eux pour se faire. Elle devait obtempérer, suivre les ordres qu'elle n'avait jamais désiré suivre, préférant s'éloigner de Niels que de le perdre à tout jamais. Aelya cilla à ses mots dans lesquels elle ressentait son impuissance, sa colère au milieu de cet amour qui perlait et qui s'illuminait entre eux, cette incendie qu'aucune souffrance ne pourrait éteindre.

- Y'a rien à faire amour, oui. Et je savais que dès que je te dirais tout ça t'aurais des idées dangereuses en tête. J'ai jamais rien géré depuis le début. C'est pas moi qui tire les ficelles. Mais y'a forcément une solution, et on la trouvera. Ensemble mon bébé, souffla-t-elle d'une voix douce qui se voulait confiante. Jamais, assura-t-elle amoureusement à sa question. Tu resteras mon unique et seul partenaire, ajouta-t-elle tendrement.

Au delà de tout ce qui annihilait le flambeau de son espoir, elle le retrouverait toujours au bout du tunnel, lui dont elle foulerait la terre entière tout ça pour se satisfaire de sa chaleur, persuadée qu'elle ne trouverait plus jamais l'amour dans d'autres bras, qu'elle n'en avait qu'un seul, et qu'il était la pièce maîtresse qui avait toujours manqué à sa vie. Elle acquiesça en souriant faiblement à sa remarque, consciente qu'ils n'avaient que tous les deux dans ces galères que personne ne pouvait comprendre. Elle l'avait laissé entrer dans ce problème, sachant pertinemment qu'il serait de toute façon en danger maintenant qu'elle avait traversé la ville pour trouver refuge dans leur appartement, ce lieu qui regorgeait de souvenirs, d'eux, apaisant les tiraillements de son âme abîmée par les coups qu'on lui avait porté. C'était égoïste, et pourtant, elle n'avait pas pu réagir autrement malgré les efforts qu'elle avait fourni jusqu'ici pour le garder en dehors de cette histoire. Elle le suivit jusqu'à cet hôtel en bordure de Bowen, acceptant le risque de cette escapade parce qu'elle était incapable de retourner dans les bras dans son bourreau, préférant de loin l'étreinte tendre de l'homme de sa vie qu'elle choisirait envers et contre tout sous le couvert de l'interdit. Elle sourit, amusée par sa remarque alors qu'ils entrèrent tous les trois dans leur chambre, Aelya s'intéressant à l'allure plus que minimaliste de la chambre qui en réalité, lui ressemblait davantage que cette vie parsemée de dorures.

- Je peux clairement faire cet effort si c'est pour vivre toute une vie avec toi, lança-t-elle entre la tendresse et l'amusement.

Elle ne s'y était jamais vraiment habituée de toute manière, elle qui avait fait résonné l'écho de sa solitude dans toutes les pièces de ce loft bien trop grand pour sa personne. Après avoir détaché Hank, elle s'était invitée tout près de lui, ses mains prenant possession de son corps qu'elle adorait toujours autant toucher, son regard accrochant le sien alors qu'elle savourait la sensation de l'étau de ses mains autour de ses avant-bras.

- On est doués pour rattraper le temps perdu bébé, on est devenus experts à force, s'amusa-t-elle. Donne-moi tout ce que t'as, j'ai tellement rêvé de ça, de toi... Admit-elle amoureusement.

Elle s'enveloppa dans son étreinte alors qu'il s'empara de ses lèvres dans un baiser amoureux, teinté de passion qu'elle aimait voir enflammer alors que sa bouche s'alliait à la sienne, Aelya resserrant l'emprise de ses bras autour de son être, sentant son rythme cardiaque s'élever sous l'effet de ce contact qui la régénérait.

- Tu t'en sors tellement bien que je deviens encore plus accro à tes baisers mon coeur... J'en redemanderai toujours, répondit-elle, ses yeux s'illuminant d'une lueur joueuse.

Elle le laissa placer ses mains sous son haut, des frissons parcoururent son échine à la douce de sensation de ses caresses qui lui avaient bien trop manqués, tentant d'alléger l'atmosphère pour simplement profiter de leur retrouvaille, du calme avant la tempête.

- Bien sûr que je te le dirai, mais t'es tellement doux que t'en es pas capable, le complimenta-t-elle.

Il était l’extrême opposé d'Evan, Aelya trouvant dans ses gestes tout ce qui lui fallait pour renaître de ses cendres, lui qui possédait le pouvoir de la faire vivre. Elle ne pouvait que s'imaginer que la vision de son corps meurtri puisse l'atteindre, puisqu'elle avait confronté son reflet tous les jours dans le miroir qui n'avait que fait de mettre en lumière l'étendue de sa peine. Ses mots étaient comme un baume sur ses maux, elle qui avait toujours peur qu'il perde son amour et son désir pour son corps.

- J'ai peur que tu viennes préférer Sienna à moi... Avoua-t-elle d'une voix basse.

Elle s'assit sur le lit, le laissant la surplomber alors qu'il retira son haut, remarquant la tristesse traverser ses traits alors que son regard s'intéressa à sa peau marquée. Elle se sentait vulnérable, comme si elle re-découvrait encore et encore son corps maltraité, sa détresse à vif.

- Y'a que toi qui peut me faire du bien... Murmura-t-elle dans un souffle.

Aelya s'allongea sur le matelas, fermant les yeux sous l'effet du bien-être qu'apportaient ses lèvres qui caressaient ses plaies, sentant leur trajet à l'aveugle alors qu'il vint détacher son jean pour le faire glisser sur ses jambes. Elle sentait la peine de son regard dans son silence sans même le voir, savourant chaque baiser qu'il laissait avant de ré-ouvrir les yeux pour laisser ses mains tirer sur son t-shirt afin de lui enlever. Elle se redressa sur ses avant-bras afin de tenir son visage tout près du sien.

- Je sais ce que tu penses mon ange... C'est pas de ta faute. C'est pas toi tout ça, souffla-t-elle en caressant doucement ses lèvres avec les siennes sans leur céder.

Elle avança son visage tout près de son oreille en caressant sa joue avec sa main.

- Je t'aime, susurra-t-elle. Viens te coller à moi... L'invita-t-elle, ses doigts venant doucement défaire le bouton de son jean pour sentir sa peau contre la sienne.