can we come back from this (conja)

Certes, Tahlia n’était pas une femme qu’on oublie. Elle était une amie pour moi, mais ce soir-là je l’avais découverte comme la femme fatale qu’elle était, je l’avais vue sous un tout autre angle, un angle que je n’étais pas prêt d’oublier – ou plusieurs angles, ahem. Mais cela ne signifiait pas que j’étais tombé amoureux d’elle en un claquement de doigts. C’était ce que Freja ne semblait pas comprendre. « Peut-être pas, mais … mais ça veut rien dire quand même ! » Je n’étais même plus capable de me défendre, j’étais à bout d’argument, parce que si je continuais j’allais lui avouer que c’était elle, Freja, que je voulais, et aucune autre. Et je ne pouvais nous mettre devant de tels sentiments, pas alors que notre relation était des plus ambiguës. Pas alors que notre relation était mise à rude épreuve, et que je ne savais même pas si on s’en sortirait. Les doutes de Freja, je les avais aussi, mais par rapport à Woody, par rapport à Landon, par rapport à ces hommes dont j’avais entendu parler à trop de reprises lors de nos soirées confidences au sein de la colocation. J’avais la triste certitude que je serais vite mis de côté, si l’un ou l’autre revenait dans le portrait. Si j’avais réussi à me tailler une place dans le lit – et peut-être le cœur – de Freja, ce n’était qu’un concours de circonstances. « Je sais bien que c’est pas facile à faire. Crois-moi j’ai de l’expérience dans le domaine de sentiments qui ne veulent pas partir. » Ça m’avait d’ailleurs coûté ma relation avec Zelda, parce que si j’avais été incapable de pleinement m’investir avec elle, c’était parce que mon cœur était encore meurtri par le départ d’une autre, par le départ d’Ally. Et le passage de Scarlett, aussi. Je soupirai quand Freja me demanda tout simplement un peu de temps. « Alors j’attendrai. Le temps qu’il te faudra. » Sur ce, après un court silence à la regarder, j’allumai le moteur et je pris la direction de notre appartement.