somebody mixed my medicine |ft Juliette

somebody mixed my medicine

L’ambiance n’est pas parfaite, la musique loin d’être au goût de Gretchen, mais ça ne l’empêche pas de s’amuser pour autant. Avec quelques amies, elles s’étaient rendues dans plusieurs bars pour boire plusieurs verres avant de faire l’after en boîte de nuit. Épuisée de ne s’occuper que d’enfants toute la journée, la blonde avait décidé de penser un peu à elle et de s’accorder un peu de temps pour elle. Déjà un peu éméchée après deux bières et un rhum, elle avait terriblement chaud, mais ne pensa pas une seconde à attacher sa chevelure qui flottait dans son dos nu. Ce soir, elle avait mis une robe courte et moulante sur laquelle était cousue une dentelle tête de mort. Manches longues, dos nu, elle avait accompagné cette tenue de bas résilles et de talons hauts, certaine que ce serait du plus bel effet sur sa svelte silhouette. Un crochet par les toilettes, elle remet maladroitement son rouge à lèvres bordeaux, se laisse envahir par l’esprit de la soirée et l’euphorie de ses amies avant de s’échapper à l’air frais pour fumer une cigarette, le temps de respirer à nouveau et de réfléchir à la suite de la soirée. Ses pieds lui faisaient atrocement mal et elle aurait tout donné pour marcher pieds nus, mais elle ne voulait pas prendre le risque de se faire marcher sur les pieds. Elle retourne à l’intérieur, rejoint le groupe qu’elle accompagne depuis le début de la soirée. Malheureusement, le pic d’énergie que l’alcool lui faisait jusque-là ressentir est vite redescendu, et la vérité sur ce qui l’entoure finit par la frapper. Autour, il n’y a quasiment que des femmes et des hommes saouls, qui ne tiennent plus sur leurs pieds et qui se mettent à draguer ceux qui les entourent. Parmi ses amies, il semblerait qu’aucune ne soit désormais responsable et encore moins conscientes de ce qu’elles font. A leur regard, elle imagine qu’elles ont repris un verre quand elle avait le dos tourné. Après un soupir, Gretchen se détourne, et ses pas la guident à nouveau vers le bas, où elle s’accoude pour commander une vodka. Seulement, il y en a d’autres qui sont servis avant elle, alors elle regarde autour, et voit cette rousse juste à côté d’elle. La blonde lui sourit, avant d’engager la conversation, parce que de toute façon, y’a rien à perdre.  « Salut. Tu es venue toute seule ici ? C’est plutôt rare. » La jeune femme prépare sa monnaie pour son verre, jette un œil aux alentours. On ne la cherche pas, tant mieux, elle pourra s’éclipser sans que personne ne s’en aperçoive. Ses yeux océan se posent à nouveau sur l’inconnue. « Si t’es toute seule, tu peux nous rejoindre pour danser. J’ai des amis là-bas, un peu saoules mais elles sont sympas. » s’explique-t-elle, haussant les épaules, la gentillesse devenant une seconde peau ce soir, ce qui étonnait énormément Gret, peu habituée à se comporter ainsi.

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Cette rencontre est presque surréelle, les deux jeunes femmes cherchant chacune à cacher une partie du mal qui les ronge, noyant leur raison dans des verres d’alcool, qui ne font ni du bien à leur gosier, ni à leur esprit. D’ailleurs, c’est pas le genre de Gretchen d’aborder une nana qu’elle trouve seule et jolie, ou du moins, c’est pas du tout son genre d’aborder les gens tout court. Elle, ce qu’elle veut, c’est un peu de compagnie, et oublier que derrière elle une de ses amies risque de finir saoule dans le lit d’un mec qu’elle ne connait pas et avec qui elle n’aura pas cherché à coucher. Ça lui fait pas grand-chose, de penser à ça, parce que même si elle les appelle « ses amies », elle n’est pas convaincu qu’elles le soient depuis le premier jour. Toutes ont leur défaut, et toutes finissent par l’agacer en milieu de soirée autant qu’elle les fait chier à être là à réclamer juste de la weed et une soirée pyjama. D’ailleurs, c’est ce qu’elle aurait voulu, ce soir, être chez elle en paix. Pourquoi était-elle venue ? Ah oui, elle avait espéré que ça puisse lui changer les idées et aurait souhaité passer un bon moment. Merde, c’était pas du tout le cas. Sur ce, et pour se consoler de ces sombres pensées, elle avala son shot de vodka, ravie de savoir que la rousse allait accepter de l’accompagner sur la piste de danse. « Cool. Comment tu t’appelles ? » La blonde se permet un sourire, et se lève de sa chaise en s’appuyant au comptoir, avant de s’emparer de la main de l’inconnue pour l’entraîner avec elle. Cette proximité qu’elle leur imposait lui semblait naturelle et justifiée, et elle priait pour ne pas être rejetée, sous prétexte qu’elle est trop entreprenante. D’ailleurs, comment pouvait-elle l’être ? Elle ne couchait qu’avec des mecs. Alors pourquoi avait-elle insisté pour passer du temps avec cette rousse ? Elle n’en avait aucune idée, et n’avait même pas envie de savoir les véritables raisons de cette soudaine libération de sa sexualité. « J’veux bien remplacer celui qui t’a foutu un lapin. » lâche Gretchen sans transition alors que leurs corps sont forcés par la foule à être plus proches, et elle la regarde, le regard pétillant alors que la musique s’insinue déjà en elle et l’entraîne dans une danse assez mouvementée. Ses amies sont trop loin, inaccessibles, et elle en a rien à faire, elles ne l’intéressent déjà plus. « J’suis sûre que tu pourrais être jolie si tu souriais. » ajoute-t-elle, espérant que rien que ses propos inciteraient cette inconnue à retrouver un minimum de joie de vivre, car elle la rendait triste à avoir les traits constamment tirés vers le bas, alors que l’alcool coulait à flot dans son sang et auraient pu la rendre plus folle qu’elle ne l’était.

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Juliette, elle trouve ça joli comme prénom. C'est frais, c'est jeune, ça lui va bien à la rousse. Et puis, c'est le prénom d'une des héroïnes les plus connues du monde entier, si on peut l'appeler héroïne. Et même si c'est loin d'être en harmonie avec son propre prénom, ça lui va, elle est enchantée, ne s'attarde plus sur ce petit détail qui la fait grandement sourire. « Gretchen. Mais appelle-moi Greta ! » hurle-t-elle en retour, tandis que son cerveau associe son surnom à celui de Gretel. Elles étaient donc toutes les deux des héroïnes de contes et de théâtre, alors quoi de plus beau que de se rencontrer ce soir. La blonde était dans son élément ici, sûre d'elle, le regard droit, elle ne s'était jamais sentie aussi bien, mais le regretterait le lendemain matin. Pas pour ce qu'il pouvait arriver avec les autres, non, mais parce qu'elle aurait la tête qui tourne pendant au moins toute la matinée. L'observant, Greta se sentit triste d'apprendre que ce n'était pas un homme mais une femme qui avait abandonné cette inconnue ce soir. Pourtant, le sentiment de remplacer ce rendez-vous le temps d'une soirée continuait à lui plaire, et son esprit continuait de s'enflammer sous les effets de l'alcool et des corps rapprochés. Et puis le compliment coule sur ses lèvres comme l'écume sur les vagues de l'océan, et cela semble faire naître un nouveau sourire sur les lèvres de Juliette. Alors qu'elle l’observe tourner puis revenir vers elle pour danser, Gretchen est prise d'un fou rire, non pas parce que la jeune femme en face d'elle est ridicule, mais plutôt parce qu'elle aime cette danse qu'elle lui offre, et qu'elle trouvait jusqu'ici complètement improbable l'idée de se rapprocher d'une femme. Alors, elle aussi se laissa aller au rythme de la musique, les mèches blondes se collant sur son front, venant parfois s'emmêler avec celles, rousses, de sa partenaire. Elle n'aurait su dire combien de chansons étaient passées et depuis combien de temps elles dansaient silencieusement en se regardant avec ce désir inconnu, mais le temps lui semblait tout à coup suspendu. « J'peux dire un truc bizarre ? » lança-t-elle en se rapprochant encore pour qu'elles puissent se comprendre, alors que la foule continuait à être davantage plus dense autour d'elle. La chaleur était complètement étouffante ici, et elle aurait bientôt besoin d'air pur. Sauf que si elle sortait maintenant, elle allait rompre le charme et l'euphorie qui les habitaient. « J'ai envie de t'embrasser. » C'est sorti trop naturellement à son goût. Un désir enfoui révélé au monde entier, et qui ne la tétanisait même pas. Que Juliette ressente la même envie ou pas, elle se satisferait des deux réponses, même si elle espérait qu'elle partage les mêmes pensées qu'elles.

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