ce soir j'suis ta rail de coca' (florian)

Ce soir, t'étais de service. Mon dieu que tu détestais ces soirs là. C'était marrant en y repensant. Qu'une fille pour toi pourrait bosser dans du service alors que t'es limite allergique au monde. Certes, allergique c'est un bien grand mot, t'as des potes après tout. Mais t'as ce don pour faire fuir tout le monde autour de toi, pour préféré être dans ta bulle et tu te retrouve dans un boite entourée de pute en chaleur et de mec en rûte. Ironie du sort. En plus, tu n'avais pas vraiment le droit d'être défoncé en plein service. Même si, en général tu craquais à tes pauses puisque tu sortais jamais sans drogue plein les poches. La musique, elle aussi elle te tapait sur le système. Tout te sortait par les yeux et tu avais envie de cracher sur certaines personnes parfois. Être barmaid, ne te réduisait pas au rang d'esclave. Une tête familière te sortie de tes pensées morbides. Il venait souvent en ce moment alors tu lui souris. C'était un sourire plutôt sincère, le premier depuis le début de la soirée. En réalité, t'avais finis par apprécier sa compagnie au fil du temps au canadien. Après tout, toi aussi t'avais du sang de la bas, même si toi, t'as jamais vraiment bougée de Bowen. Tequila ? demandas-tu en servant son verre sans vraiment poser la question. Il prenait ça la plus part du temps et comme t'avais une bonne mémoire, t'avais déjà dégainé le verre et la bouteille.  

Son prénom était toujours gravé dans ta tête. Billie. Elle avait réussi à te faire aimer, un amour réel et sincère. Ton premier vrai amour si on peut dire ça comme ça. Votre relation était parfaite. Jusqu'à cette rupture. A cause de votre dernière embrouille ? Tu ne sais pas trop. Mais tout ce que tu sais, c'est que ton coeur est lourd, depuis son départ. Pour te consoler, tu traînais dans les bars. Et une fois, on t'a trainé en boite de nuit. La bas, tu avais remarqué une des barmaids. Son sosie. Une jolie blonde aux yeux bleus. Un instant, tu avais cru revoir cette belle norvégienne qui avait fait chavirer ton coeur de marin. Alors, depuis quelques temps, tu passais souvent la bas. Assis au comptoir à discuter avec elle de temps en temps. Comme si voir son visage te rappelait la fille que tu avais perdu. Ce soir, tu étais parti à cette boîte. Et tu t'étais assis au comptoir. Comme tous les week-ends. La jeune femme te remarquait et te demanda si tu voulais un verre de téquila. « Il faut croire que je viens tellement souvent que tu sais ce que je bois à chaque fois » répondis-tu à la jeune femme en riant légèrement. Elle te fit ton verre et tu la remerciais en lui tendant un billet pour la payer. « C'est une bonne soirée ou pas ? » demandas-tu, en posant ton regard vers la salle par la suite. T'étais pas un grand fan des boîtes de nuit, mais en ce moment, ça te changeait bien les idées. Et ça, t'en avais énormément besoin.

Tu n'étais pas vraiment quelqu'un d’accueillant en général, et servir les gens ça te faisait vraiment chier. Mais, y'en avait toujours qui sortait du lot. Des gens avec qui t'avais envie d'être gentille même si, c'était plus rare. Ce mec par exemple, assis au bar tout les soirs, il ne te dérangeait pas et tu finissais même par apprécier sa compagnie au fond. C'était rassurant, dans un sens de voir des têtes familières. Parce que putain, t'es déjà bien paumé alors si t'es laissée seule face à des inconnus et des têtes de cons, tu manquerais vite de commettre un meurtre. Encore une fois. Mais ça, ce n'est qu'un détail de ta vie, le plus beau mais surtout le plus triste. En général, tu évites d'en parler, t'aimes pas remuer le passé, t'aimes encore moins remuer la merde. Alors tu te concentres sur ton boulot, aussi merdique soit-il et t'essaie de chasser ses pensées noires qui tournent en boucle dans ta boite crânienne. Tu souris à l'australien en te penchant vers lui. J'vais finir par croire que tu me traques un jour. dis-tu en riant. Tu prends toujours la même chose, c'est pas bien compliqué. Tu haussas les épaules quand celui-ci te demanda si c'était une bonne soirée. Des jeunes en chaleur qui n'ont même pas l'âge de boire et des mecs en manque de chatte, la routine. Y'avais du monde oui, mais toujours le même genre de personne pour ce genre de lieu. Tu avais vite fait d'analyser les personnes dans ce genre de soirée. Qu'est ce que tu racontes ? demandas-tu entre deux autres commandes à l'attention du canadien.

La ressemblance avec Billie était flagrante, c’est pour ça que tu passais ton temps à son comptoir, pour qu’elle te serve. Comme si tu faisais le deuil de ta relation amoureuse, ou que tu continuais à t’attacher à cette dernière. Mais Sybil n’avait rien de la norvégienne, elle était son opposé. « C’est peut-être ça, en effet. Qui te dit que j’suis pas un dangereux psychopathe qui ne se nourrit que de téquila ? » dis-tu avant de rire à la blonde. Tu prenais du bon temps en ce moment, en réalité, t’essayais de penser à autre chose. Les fêtes arrivaient et même si Henri était là cette année avec toi, t’avais toujours ce manque de ton meilleur ami et de ton ancienne copine. Mais il était temps pour toi de faire le deuil de tout ça. A la réponse de l’australienne, tu ne pus t’empêcher de rire. « Sympa, ta routine » répondis-tu toujours en riant. C’est vrai que travailler dans une boîte de nuit ne doit jamais être facile. Mais bon, quand on a pas le choix, on le fait. T’avais fais serveur pendant un moment, lorsque tu enchainais les petits boulots pour te payer ton bateau. Et c’était pas une expérience que t’avais grandement apprécié. Alors tu pouvais comprendre pourquoi la jeune Birdwell pensait ainsi. « Rien, j’ai trimballé des gens sur toute la baie aujourd’hui, des espagnols. Et bon dieu que je déteste l’espagnol, je comprends pas un traitre mot de cette langue » dis-tu en riant avant de porter ton verre à tes lèvres. C’était une sorte de délivrance pour toi, de t’accouder au comptoir de cette boîte avec cette fille. Parce que c’était comme ça que tu évacuais toute ta journée, et ça faisait un bien fou.

Tu te doutais bien que si le jeune homme passait autant de temps adossé à un bar ce n'était pas que pour tes beaux yeux. Mais, tu ne posais pas de questions. Non pas que tu n'en est rien à faire mais tu avais déjà bien assez de tes problèmes. De toute façon, les gens finissaient assez vite par se confier tout seul avec l'alcool. En réalité, les barmans/barmaids devraient être considérer comme des psy. Avec toutes les histoires sordides qu'ils pouvaient entendre en une soirée. C'était assez dingue parfois. Tu souris quand il t'affirma être un psychopathe ce nourrissant de tequila. Tu haussas les épaules. Rien ne me le dit, c'est vrai. J'aime bien prendre des risques. dis-tu en joignant ton rire au sien. Tu lui racontes ta triste routine et il se met à rire. C'est vrai que ça n'a rien d'extraordinaire mais c'est l'histoire de ma vie. dis-tu en haussant les épaules. Si chaque soirée ne se ressemblait pas, en revanche ici rodait toujours le mêmes genre de personne et c'était lassant à la longue. Tu aurais bien tout quitté pour faire un autre job mais tu ne savais pas faire grand chose de tes dix doigts. Du moins, c'est ce que tu pensais, te sous estimer ça, tu savais bien le faire. En plus, t'avais déjà eu beaucoup de chance qu'Harmonie veuille bien t'engager avec ton passé. Tu lui demandes alors ce qu'il avait à raconter, histoire d'égayer un peu ta soirée. Tu ris quand il te dit détester l'espagnol. Je les aimes pas vraiment non plus, en général ils sont hyper énergiques, trop joyeux pour moi. dis-tu en grimaçant. Tu vas te décider à me dire pourquoi j'te vois aussi souvent noyer ton chagrin dans la tequila ? demandas-tu, curieuse d'en savoir un peu plus.

Tu ris avec la jeune femme lorsqu’elle te dit qu’elle aimait bien prendre des risques. Elle devait surement en voir des relous, en travaillant en boite de nuit. C’était le pire endroit pour une fille. Mais elle semblait savoir bien se défendre, alors tu ne t’inquiétais pas trop pour elle. En sirotant ton verre, tu écoutais alors comment se passaient les soirées dans ce genre d’endroit, en tant qu’employé. « Tu veux pas faire autre chose de ta vie ? Je sais pas, bosser ailleurs ou changer de métier ? » demandas-tu curieusement. Pour toi, ça avait toujours été facile, parce que tu avais trouvé ta voie directement. Mais pour certaines personnes c’était toujours compliqué. Mais tu ne voulais pas qu’elle prenne mal ta question, elle était tout ce qu’il y a de plus innocent. « Et puis ils font pas d’effort pour communiquer ! J’ai parlé avec eux à travers une appli de traduction » avouas-tu à Sybil en riant légèrement. Puis elle te posa la fameuse question. Pourquoi tu venais noyer ta peine dans des verres de téquila le soir. C’était la grande question. « Je… ma copine est reparti en norvège, dans son pays. Donc elle m’a quitté et… mon meilleur ami est parti vivre à l’étranger » répondis-tu en regardant le fond de ton verre comme s’il allait te sortir de cette galère. « Alors je noie ma peine dans l’alcool, c’est ce que je fais de mieux, je crois » ajoutas-tu en levant les yeux vers elle et en haussant les épaules.

Tu hausses tes épaules quand le brun te demanda si tu ne voulais rien faire d'autre de ta vie. Comme quoi ? demandas-tu. Tu ne savais rien faire d'autre de tes dix doigts. Du moins c'est de cette façon que tu te voyais. Tu te sentais comme une bonne à rien. C'est comme ça que ton père t'avais toujours considéré et au fond, c'était encré en toi. Tu ne savais même pas ce qui te passionnait vraiment. Tu avais un bon coup de crayon certes, mais de là à en faire ton métier ? Peut être pas. Tu n'avais aucune confiance en toi là dessus. Tu étais bien plus à l'aise avec les drogues et derrière un comptoir à servir de l'alcool à des gens tout aussi paumés que toi. Alors qu'il te parle des espagnols qu'ils promènent tu te mis à rire. Je suis sur qu'ils t'ont tapé un scandale parce que toi, tu n'avais pas appris leur langue ? demandas-tu sans perdre ton sourire. Les gens étaient assez prévisible, surtout les touristes. Alors que tu poses la question qui tue, tu soupiras. C'est compliqué les histoires de cœurs, c'est bien pour ça que je les fuis comme la peste. avouas-tu en riant. Et pour ton pote, Facetime ça existe, t'es au courant ou tu vis dans une grotte ? demandas-tu en le taquinant. Me défoncer, c'est ce que je fais le mieux de ma vie, alors crois moi, je te comprends. dis-tu en plongeant ton regard dans le sien. C'était vrai, tu n'étais qu'une sombre épave mais pour le coup tu ne pouvais que comprendre, toi à qui la vie n'avait jamais vraiment souris. Je finis mon service d'ici quelques minutes, j'te tiendrais compagnie après si tu veux. dis-tu en lui faisant un clin d’œil.