some scars never heal ft. elmo

Mais qu’est-ce qu’il foutait ici, Elmo, me demanderez-vous ? Le mec qui n’avait jamais pensé une seule seconde à embrasser un homme pour autre chose qu’une blague, le mec qui avait repoussé cent mille fois les avances de Perry, le mec qui n’arrivait même pas vraiment à comprendre comment on voudrait vivre la sexualité de cette manière-là, genre, par ce trou. Elmo n’était pas homophobe mais il était un peu plus fermé d’esprit. Surtout, il ne voulait simplement pas faire l’effort de comprendre. Il était bien dans sa propre sexualité et honnêtement, que les autres fassent ce qu’ils veulent, mais lui n’était clairement pas intéressé. Et c’était très bien comme ça. Alors, la question demeure : que foutait-il dans un bar LGBTQ ? C’était le seul dans toute la ville, forcément il savait très bien que c’était ce genre d’endroit. C’était la faute à Perry, justement, qui l’avait traîné ici pour une soirée de malade, qu’il l’appelait. Et il lui avait assuré plein de fois qu’il y avait justement un tas de filles hétéros qui traînaient là, pour ne pas se faire harceler, alors Elmo pourrait en profiter. Bon, c’était pas tout à fait le raisonnement dégueu qu’ils avaient eu, mais le résultat était le même. Le jeune homme avait donc au moins joué le jeu concernant le thème de la soirée, et il avait enfilé des shorts en denim, lui aussi, qui lui arrivaient à la mi-cuisse. S’il était entré dans le bar avec un chandail, ce dernier s’était rapidement retrouvé à quelque part de bien mystérieux puisqu’Elmo ne l’avait jamais retrouvé, après quatre ou cinq verres. D’ailleurs, ces verres-là, ils commençaient à se faire sentir dans sa vessie, alors il prit la direction des toilettes. Au fond du couloir, il discerna, malgré les lumières colorées changeantes et les éclairs de stroboscope, une silhouette recroquevillée. Il s’approcha, les sourcils froncés. « Hé ! Est-ce que ça va ? » Cria-t-il à ladite silhouette, qui ne bougea pas. Les cheveux longs de la personne lui cachaient le visage, et son corps semblait faiblement vaciller de gauche à droite. Elmo s’agenouilla à côté. « Est-ce que je peux t’aider ? » Demanda-t-il, et cette fois, la jeune femme releva le visage vers lui. « Juliette ? » S’étonna-t-il, doublement inquiet désormais.

Leurs regards se croisèrent mais Elmo n’y lu que de la peur, que de la panique, et un profond désespoir qu’il n’avait encore jamais vu dans les yeux de Juliette. Elle qui était toujours tellement enthousiaste à l’idée de sortir s’éclater, elle qui était toujours la première à le traîner sur la piste de danse et à sauter et à crier dans tous les sens, les bras dans les airs. Ensemble, ils s’étaient foutus de tout, ils avaient fait des doigts d’honneur à la vie et à la nuit en restant debout jusqu’aux petites heures du matin. Ce soir, Juliette n’avait pas l’air de s’en foutre. Elle avait l’air d’avoir laissé le poids du monde l’écraser jusqu’à ce qu’elle tombe sur ce plancher sale de boîte de nuit. Elmo vit sa bouche s’ouvrir, et malgré la musique qui parvenait jusqu’à leurs oreilles, il savait qu’aucun son n’était sorti d’entre les lèvres de Juliette. Aucun son, non, mais l’italien n’avait pas eu besoin qu’elle lui dise quoi que ce soit pour qu’il comprenne qu’elle avait besoin de lui. Il prit ses mains entre les siennes alors que la respiration de la jeune femme se faisait difficile et saccadée. « Jules, fais comme moi. Inspire par le nez, expire par la bouche. Lentement. » Et sur ce, Elmo inspira profondément par le nez, et relâcha tout dans un souffle bruyant, pour que Juliette suive. Elle éclata ensuite en sanglots, et Elmo, toujours accroupi à côté d’elle, passa sa main dans le dos de la brunette pour caresser de bas en haut par-dessus son chandail. « Ça va aller. » Il n’en avait aucune idée, Elmo. Il ne savait même pas ce qu’elle avait et ce qui avait déclenché cette apparente crise de panique. Mais tant qu’il était à ses côtés, il s’assurerait que rien ne lui arriverait. Alors pour la prochaine heure au moins, oui, tout irait bien. « Je vais aller prendre l’air, dehors. Tu me suis ? » Proposa-t-il. C’était surtout elle qui en aurait besoin, alors il espérait qu’elle comprenne son stratagème et l’accepte.  

Il avait peut-être tout lâché, Elmo, se refusant ainsi une carrière dans le domaine médical, réduisant à zéro ses chances de devenir diplômé – du moins à court terme – mais ce n’était pas pour autant qu’il en oubliait ce qu’il avait appris. Même, réagissant dans l’urgence, il comprenait qu’il avait bien plus de compétences que ce qu’il pensait. Que ses résultats académiques n’étaient pas forcément le miroir de l’infirmier qu’il aurait pu devenir. Malheureusement, il était trop tard. De toute façon, là et maintenant, son attention n’était pas tournée vers son futur mais bien vers Juliette qui avait besoin de quelqu’un, d’une présence, n’importe laquelle. Aussi bien que ce soit la sienne, un ami. Un ami qui n’avait jamais été confronté à une Juliette autant désemparée. Il l’aida à mieux respirer, l’accompagnant dans les inspirations et les expirations, tentant de calmer son corps et son esprit par tous les moyens. Sa main allait de bas en haut de son dos et, peu à peu, il sentit que les entrées d’air se faisaient moins saccadées, que Juliette reprenait peu à peu son calme. Sentant que la chaleur et l’odeur de la boîte de nuit devaient étouffer la jeune femme, il proposa d’aller dehors, et elle le suivit. Aussitôt dehors, Juliette posa son dos contre le mur extérieur. « Y’a pas d’quoi. » Répondit simplement l’italien avant de voir les yeux de son amie balayer les environs du regard, comme si elle cherchait quelque chose, ou quelqu’un. « Qu’est-ce que tu cherches ? C’est quelqu’un qui t’a mise dans cet état, Jules ? » Demanda-t-il, inquiet.

J'avais complètement oublié que Elmo avait commencé des études dans le domaine médical, on en avait probablement parlé lors d'une soirée, mais je devais de toute façon être trop saoule pour bien gérer l'information. J'étais donc entre bonnes mains, mais de toute façon je connaissais mes crises de panique et je savais habituellement comment ça se passait, pas de raison de s'inquiéter finalement. En fait ce qui m'inquiétait encore plus de mon état, c'était ma mère qui avait décidé de reprendre contact avec moi. Elmo me demande ce que je cherche et qui m'a mise dans cette état. Je soupire et baisse les yeux au sol. Elmo est le genre d'ami avec qui je faisais la fête, on ne s'était jamais attardés sur les détails moins jolies de notre vie, il ne connaissait donc probablement rien de la vie que j'avais vécu avec ma mère. Je regarde mon ventre où j'ai camouflées mes quelques cicatrices avec des paillettes que j'ai collée à la main. Personne ne voyait ses cicatrices, j'évitais absolument tout vêtement ou toute situation qui pourrait les dévoilées au monde. C'est ma mère. Je suis au bord des larmes, mais je me contient. Je relève la tête et essuie mes yeux avec mes doigts. Ça fait quatre ans que je suis partie de chez elle et elle vient tout juste de me laisser un message vocale comme quoi elle veut me revoir. J'ai envie de vider mon sac et de lui expliquer pourquoi cette nouvelle me met dans cet état, mais je cherche les bons mots. J'ai pas eu une belle enfance Elmo. Elle m'a souvent fait regretté d'être née. Sur ces paroles je détourne la tête. Lui qui n'avait vu que le beau côté de moi était maintenant confronté à ma réalité qui était de vivre avec des cicatrices autant physiques que mentales. Je lui en voudrait toute ma vie à ma mère d'avoir agis de la sorte avec moi.

En apprenant que c’était sa mère, qu’elle cherchait du regard, Elmo fronça les sourcils, visiblement déconcerté par cette réponse à laquelle il ne s’attendait pas. Il aurait pensé à un mec un peu trop harcelant, à un ex violent, à une amie qui l’avait trahie et dont elle ne voulait plus entendre parler. Une histoire du genre, une histoire trop souvent entendue auprès des jeunes de leur âge. Mais de savoir que c’était de sa mère que Juliette semblait avoir autant peur, ça laissa Elmo ébahi. « Ta mère ? » Demanda-t-il donc, se demandant ce que sa mère pourrait venir faire ici de toute façon, dans ces lieux qui ne visaient définitivement pas une clientèle plus âgée que la leur. Elmo reposa une main douce sur l’avant-bras de Juliette en voyant les larmes lui monter aux yeux, et il s’adossa à côté d’elle, se rapprochant d’elle pour lui montrer qu’il était là. Il l’écouta en silence. Il avala difficilement en entendant les paroles de Juliette. Lui n’avait jamais connu la misère. Elmo venait d’une famille riche et unie, tout ce qu’un enfant pourrait rêver d’avoir. Il était parti, lui aussi, mais pas pour les maisons raisons que Juliette. Lui, il n’avait pas fui. « Et … et pourquoi elle veut te revoir ? Pourquoi maintenant, après toutes ces années ? » Osa-t-il demandé, mal à l’aise surtout parce qu’il ne voulait pas s’immiscer dans la vie privée de Juliette. En même temps, peut-être que d’en parler pourrait la soulager. Si elle voulait bien le laisser la voir sous un tout autre jour … ou plutôt, une toute autre nuit. « Et toi, tu ne veux pas la revoir, c’est ça ? » Renchérit-il par la suite, même s’il avait une assez bonne idée de la réponse. Juliette ne se serait pas retrouvée dans cet état si l’idée des retrouvailles lui plaisait.  

Elmo répète ce que j'ai dis, il semble étonné de voir que c'est de ma mère dont je parle. Il aurait en effet pu s'agir de quelqu'un d'autre, par exemple un ex harcelant, mais grâce à celle qui m'a mise au monde, je n'arrive pas à avoir de relations sérieuses, du moins c'est ce que mon ancien psychologue m'a dit. C'est assez incroyable de voir à quel point une enfance gâchée peut affecter une personne jusqu'à son age adulte. Je fais un signe de tête au jeune homme pour confirmer. Elmo vient s'adosser à côté de moi. Je me demande un instant pourquoi il tient tant à rester avec moi, après tout il ne me doit rien et je lui gâche sa soirée. Ça me fait toujours bizarre de voir que certaine personne ont bon coeur finalement. Avec mon frère ce n'est pas pareil, on est du même sang et on a grandit ensemble, je peux donc comprendre qu'il sera toujours là pour moi, mais il n'y a pas si longtemps j'étais une inconnue pour Elmo. Je ne sais pas, le seul moyen de le savoir serait de la rappeler, mais je ne lui donnerai pas ce plaisir. D'ailleurs je risque très fortement de bloquer son numéro pour être certaine qu'elle ne me rappelle jamais. Je hoche la tête de gauche à droite. Elle m'a fait vivre l'enfer, je suis bien mieux sans elle. Maintenant que j'avais enfin l'âge de me séparer d'elle, l'idée de la revoir m'étais inconcevable. Je tourne la tête vers Elmo et lui offre un petit sourire, un peu faux. Tu peux retourner avec tes amis, merci. Pas question que je l'empêche de s'amuser avec tous le monde, ils devaient tous l'attendre en plus.

Elmo ne devait peut-être rien à Juliette, mais à ses yeux, ce n’était pas une raison valable pour la laisser derrière dans sa tristesse. Il avait été le premier – et le seul - à intervenir et au fond, il était plutôt content que ce soit lui, parce que s’il existait vraiment des gens qui seraient partis sans s’assurer de son état même après sa crise, alors Juliette se serait peut-être retrouvée complètement seule. Il ne pouvait même pas une seconde s’imaginer la laisser dans cette solitude qui semblait écrasante quelques minutes plus tôt. Ils n’avaient peut-être jamais été très proches, en dehors des fois où ils avaient partagé des pichets d’alcool, mais Elmo considérait tout de même Juliette comme une amie. Il avait déjà trop souvent laissé tomber des amis. L’italien hocha la tête quand la brunette affirma qu’elle ne donnerait pas à sa mère ce qu’elle voulait, et donc qu’elle ne comptait pas la rappeler. « Peut-être que c’est mieux de ne jamais le savoir, alors. » Comme pour confirmer ses propos, Juliette ajouta que sa mère lui avait fait vivre un enfer, et qu’elle était bien mieux sans elle. « Oui. T’as plutôt bien tournée malgré ce qu’elle a pu te faire. » Dit Elmo, tentant d’être encourageant, un mince sourire au coin des lèvres. Juliette lui sourit à son tour, de façon un peu moins convaincante, puis lui assura qu’il pouvait retourner auprès de ses amis. Elmo jeta un coup d’œil à la porte tout près d’eux qui s’ouvrait et se fermait sans cesse. Il secoua la tête. « J’imagine qu’ils n’ont même pas remarqué que j’suis jamais revenu des toilettes. Je préférerais rester avec toi … si tu veux, bien sûr. » Il ne voulait quand même pas s’imposer. Peut-être Juliette préférait-elle prendre le temps de remettre ses idées en ordre.  

Petit à petit, je me calmais. Mon coeur battait un peu moins fort dans ma poitrine. J'étais reconnaissante d'être tombée sur Elmo et qu'il ait pris le temps de m'aider, de s'assurer que j'allais bien. J'aurais peut-être dû apprendre à mieux le connaitre personnellement plutôt que de ne faire que des concours de shots et autres jeux d'alcool stupides avec lui. Chaque fois que je le voyais en soirée, je l'associait à ça et je me rend compte aujourd'hui que j'avais une opinion bien superficielle de lui finalement. J'acquiesce d'un signe de tête lorsqu'il me dit qu'il vaut peut-être mieux ne pas savoir la raison de son appel, il me dit aussi que j'ai plutôt bien tournée malgré tout. Je souris et regarde le sol. J'ose y croire. En vérité, je ne faisais pas les meilleurs choix, mais je savais que je pourrais guérir, il me fallait simplement du temps et beaucoup d'énergie. Je me sens un peu mal d'accaparer toute l'attention de Elmo, après tout il était certainement venu pour passer une bonne soirée entre amis et il se retrouvait malgré lui avec moi, mais il m'assure pourtant qu'il préfère rester avec moi. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'il le fait par pitié, mais je garde ça pour moi, histoire d'éviter de le mettre mal-à-l'aise. Je fais mine de réfléchir. Si je veux? Mmh, non. Si je suis obligée? J'ai bien peur que oui. Évidemment, je me moque de lui, je préfère honnêtement sa compagnie que celle de mes pensées noires. Une idée me traverse l'esprit et je le regarde d'un oeil malicieux. Qu'est-ce que t'en dis si on s'installe au bar, histoire de ne pas trop changer nos habitudes quand même. Puis je sens que j'ai besoin d'un verre, pour oublier ce que je viens de vivre.

Juliette n’avait pas à s’en vouloir de ne pas avoir cherché à connaître Elmo sous d’autres coutures que celles de son côté fêtard, immature, irresponsable, insouciant et un peu con. C’était la facette de sa personne qu’il montrait le plus aux autres, ne se montrant jamais vraiment sérieux. Il préférait avoir plus souvent l’air imbécile, comme ça il avait moins souvent à faire face à la déception dans le regard des autres. On ne s’attendait jamais vraiment à grand-chose de sa part. C’est pour cette raison d’ailleurs que lorsqu’il faisait un truc un tant soit peu bien et mature, la surprise se lisait sur le visage de son entourage. Actuellement toutefois, Elmo ne s’attarda même pas à une quelconque expression de ce genre sur le visage de Juliette, parce qu’il était davantage préoccupé par l’état mental de la jeune femme. Il ne la laisserait pas repartir sur une instabilité émotionnelle. « Ouais, ose. » Lui assura Elmo avec un sourire presque charmeur. Il voulait qu’elle comprenne qu’elle était une femme géniale, peu importe la merde qui avait pu se mettre sur son chemin. Alors Elmo ne se forçait pas, en demandant à Juliette s’il pouvait rester plus longtemps avec elle. Elle par contre … qui se moquait de lui en prétendant être obligée ! Il rit, feignant quand même d’être offensé. « Non, non, j’ai compris … Je vais retourner avec mes quatre chats et mes trois chiens, seul chez moi … » Il n’avait pas d’animaux, quoique Vega ça comptait peut-être ? Uhuh. Elmo hocha la tête à la proposition du bar. « Ouais, si on continue comme ça on ne se reconnaîtra plus. » Il se leva et tendit sa main vers son amie pour l’aider à se relever. Ils retournèrent ensemble à l’intérieur du bar et se trouvèrent deux tabourets côte à côte pour y prendre place. « J’te laisse commander, ce barman-là sert toujours les filles en premier. » Elmo roula les yeux. Il venait tellement souvent ici qu’il commençait à comprendre la game de certains.  

Cette situation était assez gênante pour moi, après tout j'avais montrée une facette très vulnérable de moi-même. Elmo ne me connaissais pas comme ça, à vrai dire il ne me connaissait pas vraiment, on avait vu qu'une image très superficielle de l'un et l'autre. Il me dit qu'il vaudrait peut-être mieux que je ne rappelle pas ma mère et je suis d'accord. D'ailleurs maintenant que je connais son numéro, je pourrai la bloquer. Puis je plaisante en lui disant que je n'ai apparemment pas le choix de rester prise avec lui, il comprend bien évidemment ma blague et me dis qu'il retournera donc avec sa panoplie d'animaux de compagnie. Je ne sais pas s'il blague ou s'il a vraiment tout ce zoo chez lui, mais il me fais tout de même rire et ça me fais du bien. Quand je propose de retourner au bar, il est d'accord et m'aide à me relever. Si ça continue je vais croire que tu as un frère jumeau et que c'est avec lui que je parle depuis tout à l'heure. Je ris. Il est vrai que je ne connaissais pas cette facette du brun, mais ça me plaisait bien. Arrivés au bar, il me demande de commander. Je prend ce qu'il me dit comme un défi pour me faire remarquer le plus rapidement possible. Je n'ai pas la plus grosse des poitrines, mais je m'avance sur le bar en positionnant mes avant bras sous ma poitrine, histoire de la faire gonflée un peu et je hèle le barman qui, étonnement, me regarde tout de suite. Je ne suis pas certaine qu'il ait encore remarqué mon visage, mais son regard a bien été attiré vers moi. En l'espace de quelques secondes, il s'approche de nous et je lui demande quatre shots de tequila. Lorsqu'il repars, je me tourne vers Elmo avec un grand sourire. Je crois que c'est un nouveau record ça non? Ça m'a pris quoi...? Une demi-seconde? Et j'étais servie. Il ne faut pas attendre longtemps pour avoir nos petits verres devant nous, j'en prend un dans mes mains et me tourne de nouveau vers mon ami. À ma mère. Qu'elle aille se faire foutre. Ce toast est assez peu conventionnel, mais j'ai bien l'intention de clore ce chapitre de ma vie. Après avoir avaler la tequila, je sors mon portable et bloque le numéro de ma mère. Je tourne l'écran vers Elmo comme preuve avec un sourire en coin. Bloquée! J'espère qu'elle comprendra le message.

Sa vision de Juliette changerait-elle, à partir de ce soir ? Elmo serait-il capable de ne la voir que comme la fêtarde qu’elle avait toujours été à ses yeux, ou bien verrait-il maintenant inévitablement cette facette fragile de son amie ? L’italien l’ignorait. Il y avait fort à parier que s’il était bourré, que Juliette ait pleuré devant lui ou non, ça ne lui importe que très peu. Mais lorsqu’il la croiserait dans d’autres circonstances, il ne pourrait sans doute pas s’empêcher de se remémorer ces confidences qui les liaient à présent. Tout comme Juliette saurait, au fond, que la superficialité d’Elmo ne renfermait pas un vide complet de son âme. Le jeune homme préférait voir cela comme un avancement de leur relation, une évolution de ce qu’ils représentaient l’un pour l’autre. Ce n’était pas négatif. L’ancien universitaire rit lorsque Juliette lui parla de son jumeau. « Clairement si j’avais un jumeau, ce serait moi le plus futé des deux, de toute façon. » Manière de dire que si elle avait été en train de parler à son jumeau, elle n’aurait pas eu une lumière face à elle. Quoique c’aurait été cool d’avoir un allié, quelqu’un avec qui faire les quatre cents coups, quand il était gamin. Bref, ce n’était pas la question, et Elmo retourna vers le bar en compagnie de Juliette, pour lui changer les idées comme il se doit. Comme ils se connaissaient le mieux. Le jeune homme sachant fort bien que le barman ne daignerait jamais le regarder lui pour prendre sa commande, il invita son amie à le faire, et elle prit son rôle très au sérieux. Elmo eut un sourire aux lèvres, ne pouvant s’empêcher de regarder son petit manège de gonflement de poitrine. Il releva rapidement les yeux vers le visage de Juliette quand cette dernière se tourna à nouveau vers lui. « Je pense que tu vas devoir devenir ma partenaire officielle de tournée des bars, pas le choix. Avec toi comme agente secrète de commande aux bars, j’pourrai me saouler en encore moins de temps. » Il rit. Les verres de tequila furent rapidement déposés devant eux, et ils s’en emparèrent tout aussi vite. « À ta mère, et bon débarras ! » Il avala d’un trait le shot, et regarda l’écran que Juliette lui présenta. Elle venait de bloquer sa mère, et cela semblait être un soulagement pour elle. Elmo leva donc sa main dans les airs pour un high five. « That’s my girl ! » Lança-t-il, fier.