j'suis comme l'eau des fontaines, impuissante et lassée ▽ fede

j'suis comme l'eau des fontaines, impuissante et lassée

Si Eve avait mis les pieds seule dans un bar, ce n'était pas parce qu'elle avait envie d'aller s'installer toute seule autour d'un verre d'alcool, pour se perdre dans ses pensées. Jamais elle n'aurait eu le cran de faire ça. Non, la raison était bien plus ridicule. La vérité, c'était qu'elle devait absolument aller faire pipi, au point où elle était réellement incapable de se retenir trois minutes de plus. Elle était donc entrée dans le premier bar qu'elle avait vu, le Hendrix, seul endroit aux alentours où elle était certaine qu'il y aurait des toilettes. Rien que de penser à cette option, quelques minutes plus tôt dans la rue, alors qu'elle essayait désespérément de trouver une solution pas trop gênante, avait réussi à la stresser. Mais elle était arrivée à un moment où il allait falloir surmonter sa timidité et sa gêne. Elle poussa donc la porte du bar, feignant un air aussi naturel et décontracté que possible, sans tellement y arriver, pour aller demander au bar à mi-voix si elle pouvait emprunter les sanitaires. Moment de gros malaise pour elle, mais bonheur, le garçon accepta, et la jeunette fila aux toilettes, soulageant enfin sa vessie. T'as l'air vraiment bête, quand même. se rabaissa-t-elle mentalement, pensant déjà au fait qu'elle allait devoir ressortir, devant tous ces gens. La vérité, c'était qu'aucun d'eux n'avait sans doute remarqué sa présence et son envie pressante, mais dans la tête d'Eve, ils l'avaient sûrement vue, et elle était terriblement embarrassée. Elle finit par sortir après avoir pris une inspiration. Putain, mais la gêne, j'vous jure. Finalement, ne tenant plus la pression, la blonde s'installa sur un tabouret au bar, en face du barman. Elle allait quand même consommer quelque chose, elle se sentait redevable. Ça ne se faisait pas de partir comme ça. Juste un coca, pour bien faire, et elle serait partie. Elle s'installa donc, commandant son verre, prenant soin de baisser les yeux, évitant de regarder autour d'elle, même si elle avait chaud tellement la sensation d'être observée la collait. Une fois servie, elle but par petite gorgée. Une voix s'éleva soudain à côté d'elle, lui étant destinée, et Eve tourna la tête, vers un homme dans la trentaine, peut-être un peu plus. Surprise et franchement pas à l'aise, elle répondit à la question du gars, lui donnant son nom, tentant un sourire poli. Qu'est-ce qu'il lui voulait celui-là ? Les questions se mirent à pleuvoir, accompagnées d'un sourire amical. Plus qu'amical même. La jeune fille tentait d'esquiver, d'ignorer, terriblement embarrassée. Il était vraiment pénible, ce type. Mais elle n'osait clairement pas l'envoyer paître. Alors elle s'efforçait de rester polie tout en étant la plus distante possible, contemplant le fond de son verre de coca, aussi souvent que la politesse le lui permettait.

C’était une soirée comme les autres. Mais ce soir, t’étais seul au bar. Il n’y avait pas grand monde, alors c’était plutôt tranquille, tu prenais le temps de discuter avec les gens. Et c’était sympa de prendre le temps de parler avec les clients, t’apprenais à connaître les habitués comme ça et tu rencontrais de nouvelles personnes. Et puis, t’étais du genre très sociable alors c’était facile pour toi de communiquer avec les gens. T’étais entrain d’essuyer des verres lorsqu’une jeune femme entra dans le bar pour te demander si elle pouvait utiliser les toilettes. La pauvre semblait peiné de te demander ça. Mais tu répondais avec un sourire que c’était possible et tu lui indiquas la porte des sanitaires. T’avais pas prêté attention plus que ça à cette demoiselle, mais tu t’assurais quand même qu’elle prenait la bonne porte et qu’elle ne se trompait pas. Pendant ce temps, tu continuais ta vaisselle calmement, en discutant avec un habitué du Hendrix. Il trouvait que cette petite blonde était mignonne, c’était vrai. Mais t’étais pas de ce genre là, à draguer derrière ton bar une fille qui était de passage. Puis elle revint vers toi et elle commanda un coca. Comme si elle se sentait obliger de commander. Tu lui servais sa boisson et tu gardais un oeil sur elle. Et tu faisais bien, parce qu’un homme vint vers elle et commença à lui parler. Il était assez insistant avec elle et ça ne te plaisait pas trop. Tu ne connaissais pas ce type mais t’avais pas envie de le connaître non plus. Tu sais juste qu’il avait un peu bu pendant la soirée et ça n’engageait rien de bon. Tu posais ton torchon sur le côté et tu te mettais en face de cet homme. « Je crois que la demoiselle n’ose pas vous le dire, mais elle a pas envie de parler avec vous. Alors j’vais vous demander de la laisser tranquille et de sortir d’ici, merci » dis-tu assez calmement. Tu regardais la jeune femme en demandant du regard si tu avais bien fait. En espérant n’avoir rien caché non plus, mais elle semblait assez mal à l’aise.

C'était pas tous les jours que la jeunette se faisait aborder de la sorte, et si l'attention masculine lui manquait parfois un peu, elle savait pourtant pertinemment qu'à la seconde où un gars viendrait lui causer, elle perdrait de toute façon sa langue, et ne la retrouverait que pour la mordre, vu le peu de charisme qu'elle avait quand il s'agissait de discuter avec un garçon. Mais son grand manque d'expérience dans le domaine l'empêchait également d'avoir une réaction ferme dans le genre de situations où elle se retrouvait présentement. À savoir, ce type qui commençait à la mettre franchement mal à l'aise. Ses pensées étaient néanmoins assez contradictoires. D'une part, il ne fallait pas nier que son ego, si petit qu'il soit, se retrouvait un peu caressé par cette attention, qu'elle recevait rarement. D'autre part, il lui semblait lourd et insistant et en plus de son embarras naturel, elle aurait vraiment souhaité qu'il arrête de lui faire la conversation. Mais Eve était incapable de lui signifier, elle n'en avait clairement pas le cran, surtout en public, avec le barman juste à côté. Elle allait juste se ridiculiser, elle n'avait aucune autorité. Par miracle, ce dernier vint à sa rescousse, et la blonde pensa défaillir sous le soulagement - et peut-être un peu parce que ce barman était canon fois mille et qu'il volait à son secours, comme dans un vieux film romantique -. Ok, elle s'emballait un peu, là. Eve garda le regard rivé sur son verre de coca posé devant elle, son visage passant à une teinte rouge pivoine. Elle n'osait rien dire, et ne voulait ni croiser le regard du type à sa droite, ni celui du barman. "Oh ça va, j'étais juste sympa... C'est bon, c'est bon." soupira le type à côté d'elle, l'air exaspéré et blasé, minimisant la situation mais pas agressif pour un sous. Il se leva du tabouret et sortit d'un pas nonchalant, et la blondinette releva doucement le regard vers le garçon du bar, les joues toujours en feu. Heureusement que l'autre gars n'avait pas fait d'histoires, elle aurait bien pu mourir de honte. « Euh, m... merci. » balbutia la couturière, le regard toujours un peu fuyant, même si elle tentait d'exprimer toute la gratitude du monde. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien dire d'autre ? Elle aurait voulu expliquer au garçon qu'elle appréciait vraiment l'aide, et le geste, par principe, elle aurait même aimé pouvoir renvoyer une image un peu charmeuse, un peu mignonne. Mais c'était clairement pas la personne qu'elle était, malheureusement.

T'aimais pas voir les filles se faire accoster comme ça dans le bar. Surtout quand les gens étaient bienveillants envers elles et qu'ils n'avaient qu'une envie c'est de les mettre dans leur lit. Ce soir, c'est un peu ce qui arrivait avec cette petite blonde qui avait fait irruption dans le bar alors qu'elle voulait simplement aller aux toilettes. Le gars qui était entrain de lui parler avait soupiré qu'il ne lui voulait rien de mal mais il ne chercha pas plus loin avant de quitter les lieux. Tu continuais d'essuyer tes verres, en te mettant devant la jeune fille qui te remerciais en bégayant. « Pas de soucis, j'espère que j'ai pas cassé ton coup quand même » dis-tu en riant légèrement. Mais tu voyais que la fille avec qui tu parlais n'était pas super à l'aise. Alors tu arrêtais de faire ce que tu faisais et tu portais toute ton attention sur elle. « J't'ai jamais vu ici, c'est la première fois que tu viens au Hendrix ? » demandas-tu simplement. Oui, t'étais assez physionomiste et tu reconnaissais les habitués des étrangers. Tu savais même pas si elle venait d'ici ou si elle était juste de passage. Peut-être aussi que tu parlais trop pour elle. Elle semblait assez timide, assez réservé et c'était tout le contraire de toi. Mais tu voulais pas qu'elle se sente de trop, ou qu'elle ne se sente pas bien tout simplement. Alors tu faisais tout pour qu'elle soit bien. « Je m'appelle Fede, by the way » ajoutas-tu avec ton célèbre accent italien. Personne ne pouvait douter de tes origines lorsque tu parlais. Tout le monde le devinait quand tu ouvrais la bouche. Enfin bref, c'est pas le sujet. Tu tendais ta main à la blonde pour lui montrer que tu n'étais que bienveillant envers elle et que tu ne voulais pas lui faire peur.

Un rire nerveux lui échappa aux paroles du barman et elle baissa les yeux sur son coca, embarrassée au possible. Non, c'était certain qu'il ne lui avait pas cassé le moindre coup, il n'avait même pas idée. Le jour où Eve serait prête à franchir ce cap avec un mec... Mon dieu, ça n'arriverait peut-être jamais. Fallait déjà que quelqu'un s'intéresse suffisamment à elle, et elle n'avait rien à mettre en valeur. « Non non, pas du tout. » confirma rapidement la blondinette, tentant un petit sourire timide. Ça aurait pu s'arrêter là, mais le beau jeune homme arrêta son activité pour reprendre la parole, concentrant son regard sur elle. Ne pas rougir, Eve, ne pas rougir. Respire. Qu'est-ce qu'il est beau gosse. Arrête de t'emballer, c'est pas parce qu'il t'a lâché deux phrases qu'il s'intéresse à toi. « Euh ben... Oui. Oui, je crois. Je viens d'arriver à Bowen. » répondit la jeunette, prenant une gorgée de coca. Voilà, c'est juste une conversation normale, pas la peine de paniquer comme une biche au milieu de la route. Le garçon se présenta ensuite, et Eve se fit violence pour soutenir son regard et afficher un sourire jovial. Au moins, elle n'avait pas l'impression d'avoir les joues en feu, c'était déjà une bonne nouvelle. « Juste Fede ? » demanda-t-elle, intriguée, parce que ça ne ressemblait à aucun nom qu'elle connaissait, même si à son accent, elle devinait qu'il n'était pas australien d'origine. Bon, t'en as d'autres, des comme ça, Eve ? Le gars il veut juste être sympa, et tu lui poses des questions stupides sur son prénom. « Désolée, never mind. Moi, c'est Eve. » se rattrapa la jeune fille en serrant la main que lui tendait le barman, d'une poigne qui avait la force d'un moineau. Bon, ben voilà, c'est pas compliqué de faire la conversation, quand tu veux. Même si le regard chaud et le physique séduisant de Fede la déstabilisait totalement. Comme bien souvent quand un beau mec lui adressait la parole.

Cette petite blonde semblait si innocente que tu n’avais pas pu t’empêcher de dégager le mec qui avait essayer de la draguer quelques secondes plus tôt. C’était peut-être un défaut, mais tu n’aimais pas voir les filles comme ça sans défense se faire emmerder. Peut-être parce que tu voyais en chacune d’entre elles Aura, et que tu donnerais tout pour elle. Alors tu faisais ton superman. Elle te confirma que non, tu n’avais pas cassé quoi que ce soit, et tu te sentais soulagé. Ca t’était déjà arrivé de dégager un mec un peu lourd et que la nana t’engueule après. Alors tu préférais demander. La blondinette t’affirma qu’elle n’était jamais venu ici, parce qu’elle venait d’arriver sur Bowen. « Oh, bienvenue à Bowen alors ! Tu viens d’où ? » demandas-tu curieusement. Ouais, t’étais aussi un peu trop sociable. Mais bon, t’aimais bien connaître les gens et leurs histoires. Tu te présentas ensuite à elle, poliment. Parce que bon, vous aviez engrangé une conversation et tu te sentais de devoir lui dire comment tu t’appelais. La jeune femme semblait intriguée par ton prénom. Juste Fede ? Cette phrase te faisait légèrement rire. On te l’avait déjà demandé plusieurs fois. « Federico, si tu préfères. Mais Fede, c’est comme ça que tout le monde m’appelle, et c’est plus court » dis-tu en riant légèrement. Ton accent italien ressortait toujours lorsque tu disais ton prénom entier, comme une sorte de tic. Elle se présenta à son tour et tu souris. « Eh bien enchanté de te rencontrer, Eve » dis-tu en serrant sa main. Tu continuais à faire ta vaisselle, toujours devant la jeune femme. « Dis-moi, qu’est-ce que tu viens faire à Bowen ? » demandas-tu. Bon, t’allais peut-être un peu trop loin, elle avait peut-être pas envie de parler.

L’objectif principal, c’était de pas paniquer. La jeune blondinette n’avait guère l’habitude qu’on s’intéresse ainsi à sa vie et qu’on lui pose autant de questions. Sans compter qu’elle était franchement intimidée par un gars comme Fede. Qu’un barman vienne lui parler au comptoir, et aussi beau qu’un apollon, c’était que dans ses rêves les plus fous, que ça se produisait. Bon, Eve, maintenant t’arrêtes de fantasmer et tu te concentres sur ce qu’il dit, il va vraiment te prendre pour une attardée, si tu continues. « Merci. » répondit-elle dans un souffle timide. Bien, une réponse sans balbutier. Heureusement que y avait que deux syllabes à prononcer. « Oh, je… Des environs. » répondit la jeune fille après une hésitation. Une fois de plus, elle se rabroua mentalement. Non mais parce qu’il lui demandait juste d’où elle venait, et elle galérait à répondre comme s’il venait de lui demander la capitale du Monténégro. « Non non, Fede c’est très bien. » se rattrapa-t-elle précipitamment quand il lui donna plus d’explications quant à son prénom. Elle rougit à nouveau légèrement et lui offrit un petit sourire désolé. Heureusement qu’il était sympa et patient, franchement, parce qu’avec Eve il était mal embarqué niveau conversation. « Enchantée. » fit-elle, et désolée de poser des questions débiles et d’insulter ton prénom, ajouta-t-elle mentalement pour elle-même. À nouveau, elle bloqua à la question suivante, ne sachant pas trop par où commencer. « Euh… J’avais besoin de changer d’air, et Bowen… Euh, j’ai trouvé un bateau ici. » Super clair, Eve. Il allait penser qu’elle avait des choses à cacher, maintenant, vu l’utilité de ses réponses. Mais elle avait paniqué, ne sachant pas trop comment déballer la situation à un total inconnu, qui devait certainement n’en avoir rien à faire de ses histoires familiales.

Tu sentais que c'était ton role des fois, d'aider les filles qui se faisaient draguer et qui ne voulaient rien du mec qui venait les accoster. Alors tu avais gentiment ton boulot de barman et peut-être même de videur en expulsant ce type pour laisser cette demoiselle tranquille. « Des environs ? C'est un peu vaste comme endroit » dis-tu en riant légèrement. « Mais ok, compris, j'insisterais pas » finis-tu par dire avec un sourire aux lèvres. Si elle n'avait pas envie de te dire d'où elle venait, tu n'allais pas la forcer. Et c'était aussi pas tes oignons. La curiosité est un très vilain défaut, et ça doit être ton plus gros défaut d'ailleurs. Mais qu'importe. Elle se rattrapait quand tu expliquais pourquoi tu t'appelais simplement Fede et ça te faisait rire. Elle n'était pas à son aise, ça se voyait à des kilomètres et tu ne voulais pas la mettre dans tous ces états alors tu n'argumentais pas là dessus. Après avoir échangé quelques banalités, tu lui demandais ce qu'elle venait faire dans cette ville, vu qu'elle n'en avait pas l'air d'être originaire. Et elle restait tu autant vague que tout à l'heure. « Oh, tu as un bateau ? C'est trop cool ça ! » dis-tu étonné. Une si jeune femme qui voguait sur les océans, c'était peu commun mais c'était vachement stylé. « Comment tu trouves la ville, alors ? » demandas-tu ensuite pour continuer la discussion. Elle avait un verre de soda à finir, et t'allais pas lui lâcher la grappe, de peur qu'un autre individu mal intentionné veuille venir vers elle.

Parfois, elle se disait qu’elle aurait mieux fait de naître muette. Ça lui aurait sans doute évité un tas de situations embarrassantes. Peut-être aveugle aussi, tant qu’on y était, elle n’aurait pas eu à rougir chaque fois qu’elle croisait le regard d’un beau mec. Bon Eve, t’arrêtes de pleurer sur ton sort, maintenant. T’en arrives quand même au stade où tu te plains de pas avoir deux handicaps majeurs qui doivent pas être faciles à vivre pour ceux qui en sont victimes. Mais elle avait réellement honte de ses réponses évasives, presque malpolies, et difficilement compréhensibles vu la fréquence à laquelle elle trébuchait sur ses mots. « Non non, pardon ! J’habitais dans une petite ville à euh, environ trente minutes d’ici, pas du tout connue. » se reprit-elle précipitamment. Franchement, elle peinait à croire que ça intéressait réellement le barman, raison pour laquelle elle ne se perdait pas en explications. Mais elle ne voulait pas paraître malpolie, ou même suspecte. Enfin, suspecte, avec sa timidité maladive et sa tête de bébé, ça risquait pas. La jeunette sirota son coca pour reprendre contenance, avant de répondre à nouveau à une question de Fede, touchée qu’il trouve que le fait d’avoir un bateau, c’était cool. « Oui, c’est petit mais c’est pas mal, je trouve. » souffla-t-elle avec un minuscule sourire. « Je… J’y connais encore rien en fait, je connais personne pour me montrer, alors… Bref, de ce que j’ai exploré, ça a l’air sympa. » parvint-elle à articuler sans trop de mal. Elle s’était déjà pas mal perdue dans les rues de Bowen, c’était sans doute ce qu’on pouvait appeler explorer. Heureusement que y avait Google Maps, vu son sens de l’orientation qui laissait à désirer.

Tu voulais pas que cette jeune fille te prenne pour un de ces gars qui harcèlent les filles, comme celui que tu devais de dégager proprement. Alors t'insistais pas, t'étais juste un peu curieux. « Te justifie pas, t'inquiète pas » dis-tu en lui faisant un clin d'oeil. Ok, elle avait été un peu gênée de ce que tu lui avais rétorqué. Mais c'est pas quelque chose que tu voulais. Tu pris un verre d'eau que tu te savais après avoir fini avec la vaisselle et les clients qui demandaient des boissons. Le bar était pas trop rempli, et il faisait beau dehors, les gens étaient surement à la plage ou sur le bord de mer. « C'est pas très grand mais y'a des super trucs à faire par ici ! » avouas-tu à la jeune femme avant de boire ton verre d'eau d'une traite. Tu le reposais sur le comptoir. « J'peux te faire visiter, s'tu veux. J'suis pas un natif de Bowen mais j'connais quand même des coins bien sympa » avouas-tu à la jeune femme en lui souriant. Elle pouvait penser que c'était une technique de drague alors que non, pas du tout. Tu levais les bras en l'air comme pour te justifier de ce que tu venais de dire. « En tout bien, tout honneur, t'inquiète pas » dis-tu toujours les bras en l'air. Tu jetais un regard vers la pendule qui était derrière toi avant de reporter tes yeux vers la blonde. « Je finis d'ici une demie-heure, ça te dit qu'on aille faire un tour ? » proposas-tu à Eve. Elle pouvait tout à fait refuser mais bon, ça te ferait pas de mal de bouger un peu à toi aussi.

Le soulagement l’étreignit devant l’attitude décontractée et patiente de Federico, ce barman qui l’écoutait débiter des réponses maladroites alors qu’il ne la connaissait ni d’Eve – ironique – ni d’Adam. C’était gentil de sa part, même si pour lui c’était normal, pour la blonde, ça voulait dire beaucoup, qu’on engage la conversation avec elle. Même si elle avait quand même l’impression de l’importuner. Malgré qu’il lui envoie tous les signes contraires à cette hypothèse, Eve ne parvenait jamais à se persuader totalement que quelqu’un voulait sincèrement de sa compagnie et de sa conversation, pauvre et fade. « Ah oui ? » demanda-t-elle innocemment, sa curiosité piquée, quand le jeune homme lui assura qu’il y avait plein de choses à faire ou à voir. Elle en fut bouche bée quand il lui proposa carrément de lui faire visiter. Elle s’était attablée ici dix minutes plus tôt, et voilà qu’un type canon comme un mannequin lui proposait de lui faire découvrir la ville. À elle. Il était vraiment sérieux ? Parce qu’elle allait le prendre au mot, mais elle n’osait s’imaginer que ce soit vrai et non une phrase à la blague. « Oh ben ça… ça me plairait beaucoup. » répondit la jeunette en plongeant les yeux de son coca, espérant que sa tignasse blonde couvre un peu ses joues en feu. Un petit rire nerveux et à la fois franchement ironique s’échappa de ses lèvres quand il précisa qu’il n’y avait pas d’arrière-pensée derrière cette proposition. Sans blague. Elle n’en doutait pas une seule seconde. Que Fede soulève cette éventualité était aussi flatteuse que ridicule. « Je ne m’inquiète pas. » tenta-t-elle de rattraper avec un petit sourire en coin, sa petite voix pleine de gentillesse. Non, elle ne s’inquiétait certainement pas, et même dans l’impossible cas où il n’aurait pas été si désintéressé, elle aurait sûrement jubilé et n’aurait pas dit non. « Ah ben euh, oui, alors, c’est super gentil, dis. » bégaya-t-elle, pas du tout préparée à ce qu’il lui propose réellement de concrétiser cette idée, si rapidement. Elle s’attendait plutôt à ce qu’il dise ça comme ça et qu’il n’en reparle plus jamais, qu’elle tombe dans l’oubli, facilement. « Je… Je vais juste prendre un deuxième coca en attendant, alors. » ajouta la blondinette, prise au dépourvu par tout ça. C’était pas tous les jours qu’une telle aventure se présentait : débarquer dans une ville, tomber sur un beau barman qui la défendait publiquement et qui lui proposait de lui montrer la ville dans l’heure. Ouaw. Elle se sentait limite comme un premier rôle féminin dans une série à l’eau de rose où tout s’offre à elle sur un plateau.

Tu étais du genre très sociable, voir même trop sociable selon certaines personnes. Mais tu t’en foutais. Tout ce que tu voulais, c’était de faire des rencontres et t’amuser autant que tu le pouvais. T’étais plus tout jeune, c’est ce que t’aimais répéter en riant, alors tu voulais profiter de tout les instants de la vie. « On dirait pas comme ça, hein ? » dis-tu en riant légèrement. C’est vrai que cette petite ville pouvait faire fuir de loin, mais quand on y était, il y avait des millions de choses à faire et à voir. Toi-même, tu n’avais pas encore tout vu dans cette ville. C’est ça qui t’avait attiré quand tu avais choisi Bowen pour tes études. Elle te répondit alors que ça lui ferai plaisir de faire ce tour en ville avec toi. « Ah super ! » dis-tu tout enthousiaste. Tu continuais ta vaisselle en lui expliquant que tu ne lui ferai pas d’avance et que tu finissais dans une demie heure. Non, tu ne voulais pas lui faire peur, la pauvre avait l’air si timide et si réservée. Tu ne voulais surtout pas la brusquer. Elle te demanda alors un deuxième Coca pour patienter et t’attendre. « Bien sûr, pas de soucis » répondis-tu en souriant et en posant ton torchon. Tu attrapais une bouteille de soda et un verre vide où tu ajoutais deux glaçons et une tranche de citron. Avant de lui poser devant elle, tu récupérais le verre et la bouteille vide qui était devant elle. « Qu’est-ce que tu aimes faire ? Que je trouve quelque chose à aller voir qui te plait ! » demandas-tu à la jeune femme en récupérant ton torchon pour continuer ta vaisselle. Tu te faisais aussi couler un café parce que la fin du service approchait et que tu étais un peu fatigué. Mais tu t’étais engagé envers Eve, et ça te faisait aussi plaisir d l’accompagner dans la ville pour se promener. Et puis aussi parce que ça faisait longtemps que tu ne l’avais pas fais.

Eve esquissa un petit sourire et secoua la tête. Elle n’avait rien à reprocher à Bowen en soi, même si ce n’était pas pour la ville elle-même qu’elle était venue ici, mais bien pour retrouver la seule famille qui pouvait peut-être lui rester. En-dehors de ça, n’importe quelle ville aurait fait l’affaire, tant qu’elle pouvait fuir sa mère. « Oh, je sais pas, c’est une ville, quoi. » Merci, Captain Obvious. Continue dans tes commentaires inutiles. Le ton enjoué de Fede parvenait petit à petit à mettre la jeune blonde à l’aise, il semblait sincèrement gentil. Peut-être qu’il la prenait un peu en pitié, elle le pensait toujours, mais son air jovial et son sourire lumineux et à faire fondre un iceberg commençait à la convaincre. La jeune fille le remercia pour la deuxième boisson, qu’elle régla immédiatement, avant de l’entamer. À ce rythme, elle allait bien vite devoir retourner faire pipi. Et connaissant sa chance, à un moment inapproprié. « Euh… Rien d’exceptionnellement intéressant. » répondit la couturière avec un haussement d’épaules. Elle ne voyait aucune de ses activités comme quelque chose qui valait la peine d’être mentionné, si ça la passionnait elle, ça devait paraître chiant comme la mort aux yeux de personnes avec des passe-temps bien plus cools. Genre, barman. Ça, ça en jetait. « J’aime beaucoup les animaux, et je fais de l’équitation depuis longtemps. » souffla-t-elle avec l’impression d’être une gamine de huit ans qui confie sa passion pour les licornes. « Et je fais de la couture, aussi. J’ai trouvé un travail au cabaret, en fait. Tu y es déjà allé ? » demanda-t-elle en essayant de faire dériver le sujet de sa personne. En soi, elle n’attendait pas du tout du garçon qu’il l’emmène voir ou faire quelque chose collant avec ses centres d’intérêt à elle, c’était déjà un cadeau inespéré que de proposer de lui faire visiter la ville.

Bowen était tellement charmant que tu aurais aimé lui montré vraiment tous ses petits recoins qui regorgent de choses cool. Sa réponse te fit rire, mais elle avait raison. C'était une ville, rien de bien spécial. Il y en avait tellement dans le monde à découvrir comme celle dans laquelle vous viviez. A commencer par ta ville natale, Naples, par exemple. Mais maintenant que tu étais dans cette ville qui t'avait adopté, tu voulais montré à tous les nouveaux arrivants que c'était un charmant endroit. Tu lui donnas sa deuxième boisson et tu lui demandais ensuite ce qu'elle aimait dans la vie pour trouver des spots intéressant à lui montrer. « Y'a toujours des trucs intéressants, j'en suis sûr ! » répondis-tu à la jeune femme en hochant la tête. Rien n'était inintéressant, mais ça c'était ton point de vue. Elle te confia aussi beaucoup aimer les animaux et notamment les chevaux vu qu'elle faisait de l'équitation. « On pourrait aller faire un tour au centre équestre si tu veux ! » proposas-tu pour commencer. Tu essuyais tes verres à une vitesse phénoménale et l'heure tournait assez vite, tu n'allais pas tarder à débaucher. Ensuite, elle te confia avoir trouvé un job au cabaret Délirium. Tu n'y étais pas beaucoup allé mais tu avais déjà vu un ou deux shows là bas, en sortant avec tes amis. « Oh c'est super ça ! Tu fais les costumes ? » demandas-tu à la blonde. « J'y suis déjà allé, oui, mais une ou deux fois seulement. C'est plutôt sympa, je trouve » avouas-tu avec un sourire.

Si Fede semblait certain qu’elle avait bien un centre d’intérêt cool, comme il l’avançait, la blondinette en revanche était presque gênée de raconter ce qu’elle faisait de sa vie. Mais il n’y avait pas une once de jugement dans le ton de l’italien et il semblait même presque enthousiaste. Un sourire jusqu’aux oreilles illumina le visage tacheté de la jeune fille, quand il mentionna le centre équestre. Ça, ça lui parlait carrément. Même si elle ne connaissait personne là-bas et qu’elle aurait l’impression de débarquer et de taper l’incruste au milieu d’un petit monde déjà bien rôdé qui n’avait pas besoin de sa petite personne. Mais si Fede l’accompagnait, sa présence serait déjà rassurante, de un, et peut-être qu’il connaissait un peu les gens et pourrait l’introduire auprès des autres sans qu’elle n’ait l’air de tomber comme un cheveu dans la soupe. « C’est vrai ? Je veux vraiment pas t’embêter, je comprends que ça emballe pas forcément tout le monde. » lui assura-t-elle avec un petit sourire. Il était déjà bien gentil de lui proposer de lui faire découvrir les environs, elle ne voulait pas le forcer à se coltiner sa passion pour les poneys. « Oui, exactement. Les artistes sont vraiment super talentueux, j’essaie de leur créer des pièces qui collent à leur aura. » fit Eve en répondant par l’affirmative. Le cabaret était un endroit sympa, c’était vrai, la jolie blonde avait eu l’occasion d’observer quelques bouts de représentation, quand elle avait le temps de traîner un peu en coulisse ou d’assister aux répétitions. Elle, ça lui mettait des étoiles dans les yeux. Elle aurait aimé être une personne douée et gracieuse qui pouvait monter sur la scène éclairée et qui envoûtait tout le monde, qui embrasait les projecteurs et avait suffisamment confiance pour aimer être le centre de l’attention. Elle aurait voulu faire rêver les gens de cette façon, mais malheureusement, ce n’était pas qui elle était. Quand Fede eut terminé de nettoyer les verres et finissait apparemment son service, Eve termina son coca et descendit du tabouret de bar. Elle avoua discrètement devoir passer une dernière fois aux toilettes, et s'éclipsa aux sanitaires, tout rouge. Valait mieux prévenir que guérir, et se retrouver pour la deuxième fois de la journée dans une situation embarrassante. Mais c'était quand même gênant à dire. « Je suis prête ! » lança-t-elle avec une pointe d'enthousiasme même si sa voix restait réservée.