#15 | loving morning (adelaïde)

J'ignore l'heure qu'il est quand j'ouvre les yeux ce matin, mais j'ai une dalle pas possible. J'essaye de réfléchir à quel jour on est, si je dois aller travailler aujourd'hui ou non. Je finis par ouvrir les yeux difficilement en attrapant mon téléphone. La lumière de l'écran me pique les yeux, je soupire et trouve le courage de me lever pour ouvrir les volets. Le soleil brille déjà, c'est une belle journée qui se profile. Je sors de ma chambre pour aller me préparer un café, l'appartement est silencieux, je suppose que Fede dort encore ou alors qu'il n'est pas rentré. Je fais couler le café en baillant et attrape un paquet de gâteau. En passant à côté de la porte, je manque de me heurter à quelqu'un qui n'est pas mon colocataire. Jewel. Je lui fais un signe de la main pour la saluer, je ne suis pas vraiment du matin mais je pense qu'elle le sait parce que ce n'est pas la première fois qu'on se croise au petit déjeuner. Je me dirige vers la cafetière pour attraper ma tasse de café pendant que je l'écoute me demander un cachet pour son mal de crâne. « J'en connais une qui a pas beaucoup dormi cette nuit. » dis-je en laissant échapper un léger rire. J'attrape une boite de médicament dans le tiroir, le médoc spécial gueule de bois. Je lui tends la boîte. « Sers-toi de l'eau, un café, tout ce que tu veux. Fais comme chez toi, tu commences à connaître la maison. » Oui, je dis ça parce que ces derniers temps, elle passe beaucoup de temps ici. Beaucoup de temps avec Fede plus précisément.

Je me réchauffe les mains sur ma tasse de café en écoutant Jewel parler de la nuit dernière. Je fronce les sourcils en l'entendant dire que Fede et elle ne font « pas trop de bruit ». « Encore heureux ! J'ai aucune envie d'avoir la vie sexuelle de mon coloc en fond sonore. » Même si ça m'est déjà arrivé plusieurs fois, j'ai pas envie de réitérer l'expérience. D'ailleurs je ne me gênerais pas pour faire encore plus de bruit si jamais ça arrivait encore. Je secoue la tête lorsqu'elle insinue que je demande des détails. « Hum... J'ai plutôt l'impression que c'est toi qui a envie de me les donner, ces détails. » Je lui adresse un sourire. Je n'ai pas envie de savoir quoi que ce soit de leur intimité, mais j'avoue que ça m'intrigue un peu de la voir de plus en plus souvent ici. Je n'ose pas demander s'ils sont ensemble « officiellement » mais cette question me trotte dans la tête. En même temps, connaissant Fede, je me doute un peu de la réponse, mais vu qu'ils passent de plus en plus de temps ensemble, je ne sais pas vraiment quoi penser. J'éclate de rire quand elle dit qu'elle ne sait pas comment elle se retrouve dans le lit de mon colocataire à chaque fois. « Sans comprendre comment ? T'es sûre ? » Je lève les yeux au ciel avec un air amusé. « Une soirée avec des potes mais j'ai été plus sage que toi, j'ai atterri dans le lit de personne et personne n'a atterri dans le mien. » je lui réponds en riant.

Je grimace en entendant les dires de Jewel. Je sais qu'elle fait exprès pour me taquiner alors je finis par sourire même si elle sait très bien que j'ai aucune envie de l'entendre faire l'amour avec Fede. Je fais mine de réfléchir à sa question. Ce n'est pas mon genre de demander des détails croustillants, encore moins sur la vie intime des gens, encore moins celle de mon coloc et de Jewel qui est mon amie. C'est carrément bizarre, mais je finis par hocher la tête. « Bon allez ok, parce que c'est toi. J'demande pas les détails à toutes les conquêtes de Fede hein. » Je bois une gorgée de mon café en la fixant. « En même temps j'imagine que si tu reviens à chaque fois, ça doit être un bon coup ! » Elle insinue ne pas savoir comment elle finit à chaque fois dans son lit, la faute à l'alcool, mais je vois bien que c'est un peu plus que ça. Ou alors je suis parano ? En tout cas, il y a quelque chose quand elle parle de lui, et ce n'est pas un hasard si je la vois ici plus souvent que les autres filles. « Bah j'espère quand même que t'es consciente quand tu te le tapes, sinon ça sert à rien. » dis-je en haussant les épaules avant de rire. Je lui raconte ensuite ma soirée, affirmant que j'ai passé la nuit toute seule. « Merci de me croire ! » je réponds sur un ton ironique. « Si y avait quelqu'un dans mon lit actuellement, je serai pas là en train de discuter avec toi. Ou alors je serais en train de te raconter tous les détails. » J'étouffe un petit rire et l'invite d'un signe de main à me suivre pour qu'on aille s'installer dans le salon.