the day she becomes a woman - ft. enzo

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the day she becomes a woman
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@enzo luciano & @aura luciano

Enzo et moi avions emménagés dans notre nouveau nid depuis quelques jours. J’adorais ce nouvel appartement, pour plusieurs raisons. Ma chambre, déjà, était petite mais m’apparaissait comme un cocon, rien qu’à moi. Il manquait encore un peu de décoration, ça et là, mais j’avais hâte de pouvoir me pencher sur la question. Par ailleurs, il était extrêmement lumineux, et la cuisine ouverte, agréable. Tous les éléments étaient réunis pour me faire oublier qu’à l’extérieur, rien ne ressemblait à ma Florence adorée.
J’étais encore nostalgique de la capitale de Toscane, malgré tout, mon acclimatation à Bowen se déroulait beaucoup plus naturellement que ce que j’avais envisagé. Sur le coup de dix-sept heure, je rentrai d’une après-midi en ville, en chantonnant joyeusement. J’avais profité de mon temps libre pour faire un peu de shopping, ce qui était assez exeptionnel chez moi qui préférait souvent les musées aux boutiques.
Quelque chose avait changé en moi depuis que j’avais revu Bessie, en dehors du fait que j’affichais un sourire enjoué constamment, je me sentais différente. Au plus profond de mon être. Je rêvais d’elle évidemment, les réminiscences de nos ébats me réveillaient même parfois en pleine nuit et je me sentais bien. Vraiment très bien. C’était comme si une porte, trop longtemps fermée, avait été ouverte. Comme si Bessie m’avait simplement aidée à trouver la clef ou plutôt, elle m’avait fait réaliser que cette clef avait toujours été en moi.
Je me débarrassai de mes chaussures dans l’entrée, puis me dirigeai immédiatement vers ma chambre, impatiente de déballer mes paquets. L’un deux, un paquet noir, duquel dépassait du papier de soie de la même couleur, en particulier. Je laissai mes sacs sur le sol, et ôtai dans la minute mes jeans et le caraco que je portais alors pour me tourner vers le miroir en pied à côté de mon lit. J’inspirai longuement. C’était la première fois de ma vie que j’étais capable de regarder mon corps nu sans détourner les yeux et cela me fit sourire. Tu es magnifique. Les mots de Bessie me revenaient en tête, pareils à de la poésie. Je n’avais jamais cru ceux qui avaient prétendu que j’étais jolie auparavant. Je n’avais jamais cru ni mes parents, ni mes frères…leur avis était biaisé, j’en avais toujours été persuadée. Mais Bessie…c’était différent, évidemment. Le paquet noir à mes pieds m’appelait et je ne sus résister plus longtemps à la tentation. Je me penchai et piochai un ensemble de dentelle noire que j’avais acheté. C’était la première fois de ma vie que je m’achetais des sous-vêtements, en dehors que ce que je trouvais au rayon lingerie des supermarchés. Je venais de m’offrir de la lingerie fine et c’était grisant à point qui me fit rougir face à mon miroir. La dentelle était magnifique, d’un noir d’encre parfait, contrastant magnifiquement avec ma peau blanche. J’étais belle. Vraiment belle dedans…Hélas, ma contemplation fut brusquement interrompue par la porte de ma chambre qui s’ouvrit à la volée. Paniquée, j’hurlai avant de capter le regard d’Enzo qui venait de s’engouffrer sans crier gard dans mon espace privé.
— Enzo ! Sei Pazzo ! Tu peux pas frapper avant d’entrer ??!
Écarlate et surtout morte de honte, j’attrapai le plaid qui couvrait mon lit pour m’emmitoufler dedans et cacher mes dessous à la vue de mon frère jumeau.

Cet appart me plaisait bien au final. On y étaient bien moi et Aura, on avait enfin notre espace personnel et chacun notre lit, ce qui était déjà bien mieux que le canapé de Fede, même s'il avait été cool de nous héberger pendant plus d'une semaine. C'est Aura qui avait dénichée cet endroit et elle en était rapidement tombée amoureuse. Je suivis bien évidemment son opinion, après tout mes critères n'étaient pas très élevés donc je me contentais de rendre ma soeur heureuse. La lumière était pas mal, je devais l'avouer, ça me permettrait surement de prendre de beaux clichés. J'ai une assez bonne caméra et je la sors parfois pour faire de petits shooting, c'est comme un passe temps. J'ai l'habitude d'être devant la caméra, mais je suis aussi souvent derrière. Mon instagram réservé à mes clichés est moins populaire que mon insta perso, mais ça me permet de ventiler parfois.

Aujourd'hui j'avais passé une bonne partie de ma journée à la salle de gym ou j'avais donné quelques cours privés. Je n'ai pas eu trop de difficulté à me faire une nouvelle clientèle à Bowen, merci à instagram. Il avait suffit que je fasse une petite pub et j'avais reçu une tonne de messages d'abonnés qui habitaient Bowen ou qui connaissait quelqu'un qui y vivait. J'entre et je vois que Aura est déjà là. Je pose mon sac dans ma chambre avant d'entrer dans celle de ma jumelle sans m’annoncer. Avant qu'elle ne se cache en panique, j'ai le temps de voir la lingerie qu'elle porte sous la couverture qu'elle tient fort contre elle. Je roule les yeux. C'est pas comme si je ne t'avais jamais vu en sous-vêtements. Je sais pas trop pourquoi elle est soudainement pudique en ma présence, mais je finit par mettre les morceaux du puzzle ensemble lorsque je vois un petit sac noir à côté de son lit. Je ne suis pas un spécialiste en boutiques de lingeries fines, mais j'arrive quand même à comprendre ce qui se passe. Tu t'es achetée de la lingerie? Je fronce les sourcils. On dirait qu'elle essai de me cacher un truc et j'aime pas trop.

Je ne sais pas pourquoi cette pudeur tout à coup. Je n’ai jamais vraiment été exhibitionniste – de ce côté là, c’est lui qui a tout pris, il n’y a qu’à faire un tour sur son compte instagram pour le comprendre –, mais je n’étais pas si pudique devant mon frère. Enzo, comme il le disait, m’avait déjà vu plus d’une fois en sous-vêtements, ou en maillot de bain, ce qui revenait au même puisque dans tous les cas, je ne portais que des dessous « pratiques », unis, en coton la plupart du temps. Rien de sexy. Jamais. Je trouvais ça magnifique évidemment, mais je n’avais jamais trouvé l’occasion d’en porter, et j’avais toujours été sûre que ce genre de choses, en dentelle et satins, n’étaient pas fait pour moi. De toute évidence je m’étais trompée, puisque je m’étais trouvé très belle dans le miroir.
— Oui, j’ai acheté de la lingerie, pourquoi tu me regardes avec cette tête, c’est pas interdit, si ?
J’étais rouge pivoine. D’abord parce que j’avais l’impression d’avoir été prise la main dans le sac, comme si j’avais fait quelque chose de mal alors que ça n’est pas le cas. Subitement agacée, je soupire.
— T’as quelque chose à me dire ?

Je commence à trouver son comportement plutôt louche tout à coup. Est-ce qu'elle me cache une relation avec un mec? J'espère bien que non. Je m'approche de son lit et prend le sac pour y lire l'inscription. Je le laisse ensuite tomber sur le sol et hoche la tête de droite à gauche. Aura, t'es ma sorella gemella, tu crois encore que je ne le sais pas quand tu mens. Un sourire moqueur s'affiche sur mes lèvres. Pour l'instant je ne suis pas fâché, mais j'aimerais tout de même qu'elle s'explique. On vient à peine d'arriver à Bowen et elle s'achète déjà de la lingerie fine, je ne l'ai honnêtement jamais vu dépensée son argent pour ce genre de truc. Je me demande qui ça peu être et je passe en revu tous nos amis dans ma tête. Aura s’agace finalement et me demande si j'ai quelque chose à lui dire. Je ris et me laisse tomber sur son lit. Allez, lâche le morceau, m'oblige pas à te chatouiller pour tout te faire avouer. Cette technique à toujours fonctionné depuis qu'on est tous jeunes, si je dois utiliser les grands moyens alors je le ferai, mais j'ai l'impression qu'elle craquera avant. Elle redoute surement ma réaction et c'est très compréhensible. J'aurai certainement une petite discussion avec le mec qui fait cet effet à ma petite soeur. Au moins il sera prévenu et saura à quoi s'attendre si jamais il lui brise le coeur.

Il marquait un point. Je n’avais jamais été capable de lui mentir. J’arrivais à détourner la vérité, ou enterrer ce que je ne souhaitais pas qu’il sache – comme cette histoire qui s’était passé avec Livio près de sept ans plus tôt –, mais lui mentir ? C’était difficile. Quand il se doutait de quelque chose, il mettait tout en œuvre pour me faire céder. Je me mordis l’intérieur de la joue, consciente que je ne pouvais pas tourner autour du pot encore longtemps. Je levai les yeux vers lui. Il affichait une moue joueuse et quand il proféra la menace de mes faire craquer à grands renforts de chatouilles, je compris qu’il n’était pas fâché de découvrir que je lui avais caché quelque chose, ni choqué de me voir dans une tenue affriolante. Lui qui disait toujours qu’il voulait me tenir à distance des hommes de peur de voir mon cœur se briser, qui répétait que je devais m’attendre à ce qu’il fasse passer un interrogatoire détaillé au premier gus que j’allais lui présenter…je trouvais qu’il prenait la chose avec décompression. Je lui souris en retour et vins m’asseoir à côté de lui sur mon lit. Notre complicité était lisible dans le regard que nous échangeâmes. Je trouvais une chaleur dans ses yeux noir qui me réconforta et qui me poussa à la confidence.
— Si je te le dis, tu dois me promettre de ne rien dire à Fede…
J’aimais mon grand frère, de tout mon cœur, mais j’appréhendais sa réaction si jamais il apprenait ce qui s’était passé entre son ex petite amie et moi. Je n’avais aucune idée de comment il prendrait la chose. Et dans tous les cas, s’il devait l’apprendre un jour, je souhaitais que ce soit de ma bouche. Pour Enzo, c’était différent. Déjà parce qu’il n’avait pas le même passif avec Bessie, et ensuite parce que j’avais le sentiment qu’il était prêt à m’écouter, sans juger. En vérité, je me sentais euphorique, heureuse, et je me réjouissais de pouvoir enfin partager ce bonheur avec mon jumeau. Rêveuse, je soupirai, collai ma joue sur son épaule, puis levai le regard vers lui. Un sourire béat accroché au visage.
— Je crois que je me suis jamais sentie aussi épanouie de toute ma vie, avouai-je, je sais que c’est passager, que je flotte encore un peu sur un petit nuage, mais…je me sens bien.
Je voulais qu’il le sache, qu’il prenne l’information en compte avant que je ne lui dise quoique ce soit de plus.
— J’ai échangé un moment incroyable avec…une personne très spéciale, d’une intensité et d’une sensualité folle. Je savais même pas que c’était possible d’éprouver autant de choses en même temps…c’était dingue. Avec elle, je n’ai pas eu peur du tout.

Je savais très bien qu'avec cette tactique, elle finirait par céder. Elle n'avait jamais réussis à tenir tête à mes chatouilles et je sais exactement où elle est le plus chatouilleuse, je m'en suis toujours servis à bon escient. Je l'observe et je sais déjà qu'elle va flancher, ce n'est qu'une question de temps. Finalement, elle me fait promettre de ne rien dire dire à Fede, je savais bien qu'elle finirait par cracher le morceau. Par contre ça me laisse perplexe, pourquoi veut-elle garder sa relation secrète à Fede, mais pas à moi? Pour l'instant je ne me pose pas trop de questions, je comprendrai peut-être plus tard. Promesso. Après tout, après le secret que je lui avais demandé de garder pour moi, je ne pouvais faire autrement que lui retourner la pareille. Aura vient coller sa joue sur mon épaule et même de là, j'arrive à voir le sourire béat qui s'affiche sur son visage. Merde, j'aime vraiment la voir heureuse, plus que tout, mais mon coeur bat de plus en plus vite à l'idée qu'elle m'avouera probablement avoir quelqu'un dans sa vie et même si je joue le frère cool en ce moment, j'ai de la difficulté à me faire à cette idée. Elle finit par m'avouer les sentiments qu'elle ressent en ce moment envers quelqu'un d'autre. Je soupire et pose ma joue contre sa tête après avoir embrassé ses cheveux comme j'ai l'habitude de le faire. Je n'arrive pas à dire quoi que ce soit pour l'instant, mais elle continue. Sa première phrase m'arrache une grimace, j'ai pas envie de m'imaginer ma petite soeur dans les bras d'un mec, mais ce qui m'accroche vraiment, c'est sa dernière phrase. Elle? Je me tourne vers ma soeur, les sourcils froncés. Ça par contre, je ne m'y attendais pas...

Le contact de mon frère me rassurait, me mettait dans une sorte de bulle sécurisante et m’incitait encore plus à me confier à lui. Lui dire à quel point j’avais aimé ce moment avec Bessie, à quel point je me sentais euphorique. Ce n’était pas comme si quelque chose avait foncièrement changé en moi, pourtant, je sentais une différence. Je n’arrivais pas à l’expliquer. Peut-être avais-je simplement ouvert une porte. J’avais fais exprès de rester évasive, le temps de trouver le courage de donnait à mon frère l’identité de cette personne qui me donnait le sourire. J’avais peur, mais je ne pouvais plus vraiment reculer. Je me détachai de lui au moment où il comprit que ne parlait pas d’un garçon, mais d’une fille. Je hochai la tête, en silence d’abord. Puis, resserrant mon plaid sur ma poitrine, je me raclai la gorge.
— Tu paniques pas.
Belle entrée en matière, Aura. C’est sur il va pas paniquer du tout avec ça…Respire, c’est ton frère, il t’aime. Il ne te jurera pas
— C’est…Bessie.
Je levai le regard vers lui pour le sonder, avant de reprendre.
— Y’a deux ans, quand je suis venue ici avant qu’on emménage à Florence, elle m’a…embrassée. Et je lui ai rendu son baiser, avant de complètement flipper et de la laisser un peu en plan. On s’était pas trop reparlé depuis. Mais j'ai beaucoup repensé à ce baiser après. Alors…quand on est arrivé, je l’ai contacté. On devait se voir pour boire un thé et puis…je l’ai embrassé et…après, enfin, tu vois quoi.

La conversation prenait une tournure à laquelle je ne me serait pas attendu. Ma soeur finit par révéler qu'il ne s'agit en fait pas d'un mec, mais plutôt d'une fille. Tout ce passe plutôt vite dans ma tête, je ne m'étais jamais imaginé que ma soeur pouvait être attirée par la gente féminine, par contre je ne pouvais que la comprendre. Je la mettais à l'aise, histoire qu'elle s'ouvre enfin à moi et même si tout semblait bien se passer, je ne pouvais pas dire comment je réagirais lorsqu'elle m'avouerais tout. Tu panique pas. Je fronce les sourcils et la regarde confus. Elle me dit ça comme si c'était supposé me calmer, mais ça fait l'effet complètement inverse. Finalement, le prénom de la chanceuse sort de sa bouche. J'écarquille les yeux et me lève du lit. Bessie?! Si je m'attendais à ça... Je reste un instant debout à essayer de comprendre ce qui se passe. Elle s'était acheté cette lingerie pour Bess, notre amie commune. J'écoute Aura qui m'explique comment tout avait commencé il y a de cela deux ans. Je me souviens de cette époque, nous étions en plein déménagement et Aura était venue seule à Bowen. Elle avait profiter de mon absence pour faire des expériences apparemment. Donc t'as couchée avec Bessie? Je n'aime pas que ces mots sortent de ma bouche comme je parle de ma soeur, mais c'est ce qui semble être réellement arrivé. J'expire bruyamment. Honnêtement... Je marque une pause, histoire de remettre mes idées en place. Je crois que je suis soulagé. Moi qui m'imaginais déjà devoir affronter le mec qui touchait à ma soeur, le fait qu'il s'agisse finalement de Bessie, une amie que je connais bien, me rassure un peu.

Je sursautai malgré moi lorsque mon frère répéta le prénom de Bessie. Instinctivement, je regardai ma porte ouverte comme si je m’attendais à voir Fede débouler pour en savoir plus. Un reflexe idiot. Fede n’était pas là de toute manière. Ce mensonge, que je faisais pas omission, ne me plaisait pas. Je détestais cacher une chose aussi important à mon frère ainé, et je devais avouer que mettre Enzo dans la confidence m’enlevait un peu de ce poids.
— Oui, j’ai…couché avec Bessie.
Ces mots-là me semblaient si vulgaires, si loin de ce que j’avais vécu avec la belle italienne. Oui, dans les faits, c’était ça. Dans ma tête pourtant, c’était bien plus beau, bien plus pur que cela ne le laissait entendre. Je n’avais simplement couché avec Bessie, nous avions partagé un moment d’une intensité et d’une douceur rare. Je levai les iris vers mon frère, debout devant moi. Il semblait troublé mais pas fâché, ni choqué.
— T’es…soulagé ? Comment ça soulagé ? Ca te fait pas bizarre que j’ai…
Je cherchai mes mots.
— Couché (merde, pas trouvé mieux…) avec l’ex petite amie de Fede ? Celle qu’on a connue quand on avait juste dix ou onze ans ?

C'était un peu une bombe qu'elle me larguait. Non seulement elle avait acheté un déshabillé pour quelqu'un, mais en plus ce quelqu'un était une femme, notre amie et l'ex de notre frère qui plus est. J'étais secoué, bien entendu, mais soulagé en un sens, je me voyais déjà confronter le petit ami de ma soeur. Elle me confirme donc qu'elle a bien couchée avec Bessie. Je cligne rapidement des yeux, c'est quand même beaucoup d'information à digéré tout en même temps. Je réfléchi un instant. C'est clair que ça fait bizarre, très bizarre même. Je fronce les sourcils et marque une pause tout en posant mes yeux sur Aura. Mais... Pourquoi? Je hoche la tête de gauche à droite. Ça ne ressemblait pas à ma jumelle, j'avais de la misère à croire qu'elle ait fait une chose pareille. À moins que ce ne soit pas la première fois et qu'elle m'ait seulement cachés les autres fois précédentes. Si ça se trouve ma soeur a couchée avec pleins de gens... Non impossible, elle n'est pas capable de me mentir, si elle avait couché avec quelqu'un d'autre avant Bessie, je l'aurais certainement su (lol). Bizarrement ça semblait la perturbée plus que moi qu'elle et Bess aient une aventure, je crois qu'elle n'assume pas ce qu'elles ont fait, il est vrai que la fratrie à un passé avec la brune, enfin surtout Fede, mais nous sommes amies avec elle depuis si longtemps, pourquoi maintenant?

Je restai bouche bée devant la question de mon frère. Pourquoi ? Pouvais-je simplement répondre à cela ? À présumer qu’il y ait une explication logique à l’attirance ou au désir. On ne pouvait pas l’expliquer, pas rationnellement en tout cas.
— Je n’en sais rien pourquoi ! rétorquai-je. Je n’ai pas vraiment réfléchi, ni prémédité quoique ce soit.
Oui, enfin, ca n’était pas tout à fait vrai. Le baiser que m’avait donné Bessie était resté dans ma mémoire pendant deux ans, et lorsque j’avais contacté la belle italienne, ça n’était pas vraiment parce que je souhaitais uniquement partager une tasse de thé avec elle, cela aurait été mentir que de prétendre cela. Je m’étais effectivement rendue chez elle avec quelques intentions derrière la tête. Pour autant, pouvais-je vraiment expliquer ce qui se passait entre nous ?
— Mais rassures-toi…c’est pas…enfin, pour le moment, c’est juste…
Merde, je n’arrivais pas à le dire. Je trouvais ça trop vulgaire, trop cru. C’était juste quoi ? Du sexe ? C’était plus que ça, certes. Mais ça n’était pas tout à fait de l’amour non plus. Je n’arrivais pas à l’exprimer.
— On n’est pas en couple, quoi…
Enzo comprendrait. C’était lui l’expert des relations qui n’était pas des relations de couple après tout, pas moi.

Bon, c'était con de demander pourquoi, sauf que c'était la seul question de j'avais en tête. Pourquoi elle? Pourquoi une femme? Pourquoi maintenant? Je sais pas trop ce que je cherchais à comprendre finalement. Aura tente de m'expliquer qu'il n'y a rien de vraiment sérieux entres elles. Je finis sa phrase pour elle. Du sexe? Je lève un sourcil. M'imaginer ma soeur dans une relation est étrange, mais je la vois encore moins avoir une sex-friend, c'est trop. C'est un truc que moi je fais, pas elle. Elle a toujours été la plus sage de nous deux, elle ne dévie jamais de son chemin, j'ai du mal à me faire à cette nouvelle. On n'est pas en couple, quoi... Je la fixe un instant puis soupir. Ok. Je marque une pause. J'vois pas trop ce que j'ai à dire de plus. C'est pas comme si tu avais l'habitude de m'écouter de toute façon. Un petit sourire en coin se dessine sur ma bouche. Est-ce que je pouvais vraiment lui dire que je lui interdisais d'avoir des relations sexuelles avec notre amie d'enfance? Je pourrais, mais pas certain que ça change quoi que ce soit.

Non, je ne savais pas, pour le moment, où allait me mener mon histoire avec Bessie. Aussi étrange que cela pouvait paraître lorsqu’on me connaissait un peu, je ne me posais pas de questions. Je me contentais de vivre l’instant présent et cela me faisait du bien pour une fois. Enzo ne semblait pas vraiment savoir quoi dire, je voyais bien qu’il n’osait donner son opinion. Malgré tout, il respectait la mienne et c’était le plus important au final. Il ne savait pas quoi dire de plus. Je haussai les épaules ; effectivement, il n’y avait rien à dire. Puis un sourire en coin se dessina sur la bouche de mon frère et je l’imitai, avant de prendre une expression faussement choqué quand il ajouta que je n’avais de toute façon pas coutume de l’écouter.
— Quoi ??! Et c’est toi qui dis ça ?
Enzo ne m’écoutait jamais. Ou bien uniquement quand il l’avait décidé. Il n’en faisait qu’à sa tête, depuis tout petit. Tout le monde savait que j’étais la plus raisonnable des deux.
— Sors de là au lieu de dire des bêtises !
J’attrapai un cousin sur mon lit et le lui balançai dessus en riant.
— Allez, ouste !

Aura me surprendra toujours, elle finira bien par me faire faire une crise cardiaque celle-là. Là elle m'avouait avoir couchée avec Bessie et après ça serait quoi? J'avais le sentiment que je n'étais pas au bout de mes peines. Elle me fait rire avec ses petites joues rosées par la gêne et ses bras qui s'accroche à la couverture tel ceux d'un bébé chimpanzé sur le dos de sa mère. Je lui dis qu'elle n'a pas l'habitude de m'écouter et elle prend un air choqué. Elle a raison, je ne l'écoute pas non plus, du moins, pas très souvent. Je dois avouer que j'aime bien faire le contraire de ce qu'elle me dit, comme pour la faire chier. Après tout, c'est ma soeur, c'est de mon devoir de la faire fâcher. Ok, ok! Je lève les mains comme si elle pointait une arme vers moi. Je sors. Elle me lance un coussin et je me protège avec mes bras tout en riant. J'attrape la poignée de la porte, mais avant de sortir, je me tourne vers ma jumelle. Que je vous attrape pas à faire des cochonneries autre part que dans ton lit hein. Luis dis-je mi-sérieux mi-amusé. J'ouvre la porte de sa chambre et la referme derrière moi. Et t'arrêtes les cachotteries! Que je lui cris à travers la cloison. Je ne sais pas si elle m'écoutera, probablement pas.