Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: Candle in the wind [Flynn] Ven 24 Jan 2020 - 21:18
Le claquement des béquilles résonne dans les couloirs silencieux de ce milieu d’après-midi. La sieste est là, lourde et étouffante sous le soleil intense de ce pays trop grand. Pas d’éclats de rires, pas de jeux d’enfants, rien que des frises à mi-hauteur ramenant un peu de fausse joie sur les murs pastels. L’odeur ne s’y trompe pas. L’étage des longs séjours de l’aile pédiatrique parle plus de morts que d’espoir.
C’est pourtant ce dernier qui pousse le visiteur vers l’avant. Chaque pas devient plus dur, laissant son écot de sueur sur la chemise blanche à manche courte. Il continue pourtant. Son corps abîmé tendu vers un seul but. Il y aurait un piano à cet étage. Il s’arrête, s’appuie sur la rambarde adulte, laissant le poids de sa jambe reposée sur celle qui court en parallèle, plus bas, pour les enfants dont les pas ne seraient pas plus assurés que les siens. S’il va mieux, il est loin d’être guéri. On lui a enlevé la résine qui le rendait fou, passant, par-dessus son pantalon une attelle solide lui montant jusqu’à mi-cuisse pouvant être enlevée. Sous la transparence humide de son haut, un bandage se devine au niveau des côtes flottantes. Quelques coupures cachées sous des pansements complètent le tableau, ainsi que trois points au niveau de la racine des cheveux, à la hauteur de l’œil droit.
Son regard, lui, n’a rien perdu de sa tranquille détermination. Il scrute, cherche, devine. Se redresse. La comparaison avec le chien de prairie pourrait prêter à rire si elle n’était pas si exacte. Il reprend ses béquilles, en fait tomber une, se baisse sans grâce, la rattrape, essuie la sueur de son front avec un mouchoir de soie. Inspire. La délivrance n’est pas loin.
Quelques minutes plus tard, l’homme arrive devant son objectif, un piano droit, sans prétention, visiblement vieux dans une salle remplie de jouets bien rangés dans leurs caisses. Les éducateurs ne comprennent jamais l’importance du chaos, tant pour l’artiste que pour l’enfant. Il s’assied avec précautions sur le tabouret, sa jambe blessée bizarrement sur le côté. Ce n’est pas la position la plus confortable du monde mais pour assouvir sa passion, Hershel a toujours été capable de beaucoup de sacrifices.
D’un geste presque religieux, il enlève ses gants matelassés sur mesure (conçus pour que le travail des béquilles n’abîme pas ses mains d’artiste) et lève le capot. La première note retentit, claire, dans la pièce, malgré une acoustique abîmée par le sempiternel combat entre la climatisation et la fenêtre ouverte. Les gammes s’enchainent puis le Never Let Me Go de Billy Evans. Un morceau d’un bon quart d’heure qui pleure ses notes, souligné de temps en temps par une corde mal tendue de l’instrument négligé. Cela n’importe plus. Il s’est oublié, Hershel, et ses mains jouent sa tristesse, sa lassitude, sa fatigue. Seul dans ce nouveau monde qu’il ne connait pas encore, qu’il ne veut pas connaître. Hermia ne doit jamais savoir que la douleur ne l’a pas quittée. Elle s’en voudrait trop.
Invité
Sujet: Re: Candle in the wind [Flynn] Mar 10 Mar 2020 - 13:45
Retour soudain vers le passé.
En rencontrant par pur hasard son idole...
Flynn
&
Hershel
L'être humain fait décidément tout pour que je le haïsse avec leur stupide erreur. Quand j'ai reçu cette facture de soins que j'avais déjà réglé tout ça pour retrouver ma mère morte. J'ai bien cru que j'allais basculer en incendier l’hôpital pour leur incompétence. Comme si j'avais besoin de ça ! Remuer le couteau dans la plaie, ah bah ça pas de soucis, ils savent faire ! C'est avec tout les papiers dans les mains et preuve que je suis en ordre que je me dirige à ce maudit bâtiment prêt à mettre un savon au responsable de cette erreur, que je prends clairement comme une insulte.
Bien entendue mon entrée et mon scandale a été bien bruyant. Je hurlais, balançais les papiers sur la secrétaire qui n'avais pas l'air de vouloir m'aider. D'autre personne sont venue, je recommence à expliqué à ces bandes d'imbéciles. Et c'est par leur incapacité que je me tire limite les cheveux fermant les yeux pour tenter de me calmer, car mon envie de leur en mettre une s'est fait de plus en plus forte. Mais à ce moment précis, j’entends soudainement une mélodie. Une mélodie... Complètement familière. J'abandonne l’accueil et suis la mélodie intrigué. Une fois que j'ai trouvé le lieu ou se trouve cette douce mélodie, je me fige en voyant de qui il s’agit. Une personne que j'ai toujours admirée, un pianiste qui était mon modèle, Othniel Pacey en personne.
Plein de question me vienne alors à l'esprit. Qu'est-ce qu'il fait ici ? Pourquoi porte t-il des béquilles ? Et surtout pourquoi a t-il soudainement arrêter la scène ? J'étais présentement comme un enfant qui se trouvait devant le père noël en personne. Figé à l'encadrement de la porte, j'inspire un grand coup et attends que le morceau se termine par respect pour cet artiste et c'est qu'une fois que le silence règle de nouveau que je prends la parole.
« Othniel Pacey ? C'est vraiment un honneur de vous rencontrer, écouter votre musique a toujours été un réel plaisir. »
Je tente de garder mon calme, mais je me sens sur le coup comme une groupie devant son idole. Je serre la mâchoire pour garder mon calme, bon allé, imagine que tu es simplement devant... Un client ? Et puis ça reste un être humain comme tout le monde. Je m'avance doucement vers lui et tends la main pour le saluer.
« Flynn Morgan. »
Je n'en dit pas plus de peur que mon métier face qu'il me juge et écourter cette rencontre totalement inattendue. Pour la toute première fois depuis mon enfance, j'ai l'envie de faire bonne impression, d'être bien vue alors que ce genre de détails m'a toujours été complètement égal. Mais là, je n'avais pas affaire à n'importe qui. J'avais affaire à une personne que j'admire et il n'y en a clairement pas beaucoup. C'est généralement des personnes que je ne pense pas rencontrer un jour malgré ma grande réputation en tant qu'avocat criminaliste. Cette profession m'a plus fait rencontrer plus de criminel que de musicien... Normal. Espérons juste qu'il n'a pas entendu parler de moi, ça serait ma veine... D'un côté dans cette ville, la seule qui avait l'air de me reconnaître était cette femme dont j'ai défendu son père contre elle... Donc la chance est peut-être de mon côté ?
Invité
Sujet: Re: Candle in the wind [Flynn] Lun 16 Mar 2020 - 17:17
Les dernières notes résonnaient dans les cœurs, c’étaient celles qui descendaient des cieux, et, doucement, ramenaient le rêveur dans la réalité dont il s’était échappé. Le silence d’après, celui entre le dernier accord et les applaudissements était toujours éternel. Il avait un goût d’absolu, une amertume de pain brûlé tartiné de beurre rance le matin au réveil. Hershel inspira ce silence, s’en imprégna, encore un peu ailleurs, soulagé d’avoir pu jouer un peu, sans pour autant être déjà totalement rassasié. Il allait embrayer sur un autre morceau lorsqu’il entendit une voix l’appeler. Par son nom de scène.
Cela n’arrivait pas rarement en Europe. Il y était assez connu dans son milieu et il arrivait qu’on lui demande un autographe ou une poignée de main dans les restaurants huppés ou les magasins de luxe qu’il fréquentaient parfois. Il ne s’attendait pas à être reconnu à l’autre bout du monde dans l’aire pédiatrique d’un hôpital publique. Il se retourna, doucement, sa jambe frottant sur le lino collant de javel. Son sourire triste était sincère. Il se leva, serrant la main tendue d’une poigne ferme mais sans violence. Les combats de coqs dès la salutation ne l’intéressaient pas. Il était qui il était, simplement.
« Enchanté, Monsieur Morgan. »
Le nom ne lui disait rien, pas plus que l’homme devant lui, un trentenaire brun, portant la barbe faussement négligée à la mode. Il hésita, puis repris.
« Puis-je vous prier de ne pas ébruiter aux médias l’état dans lequel vous me voyez là ? J’aimerais, autant que faire ce peut, avoir une convalescence loin des lumières des paparazzi. Les rumeurs vont vite. » Et sonnent faux aux oreilles. Il détestait ces feuilles de chou où les mots semblaient aiguisés pour détruire le plus de vie possible. C’était elles qui avaient détruit Hermia. Les rumeurs et les on-dit, les bêtises payées par sa famille sur le pseudo-plagiat des travaux de la mathématicienne. Comme si quiconque avait rencontré son trésor pouvait penser qu’elle manquait d’originalité. Il retint un soupir, secouant la tête doucement.
« Mais je manque à tous mes devoirs, que puis-je faire pour vous ? »
L’idée qu’on puisse l’avoir interrompu uniquement par respect et admiration ne lui venait pas à l’esprit. Cet homme était probablement envoyé par l’hôpital pour une raison ou une autre. Il n’avait pas l’air d’un soignant – il n’avait ni blouse ni pyjama de papier – il s’agissait donc d’un administrateur. Plus probablement d’un directeur quelconque venant demander une donation ou quelque chose du style. Pourquoi pas finalement. Il pourrait aussi négocier des droits pour la diffusion de ses pièces gratuitement dans les lieux de soin. Peut-être qu’en entendant de la vraie musique les jeunes allaient arrêter de se dandiner bêtement sur les rythmes moches des boites à son du top 50. Rêver ne coutait rien d’autre qu’un peu de déception, denrée qu’il avait déjà à revendre. Il se rassit sur son fauteuil, désignant une chaise pour enfant en plastique rouge vif et à accoudoirs et forme de voiture de course à son interlocuteur.
« Je vous en prie, asseyez-vous. »
Invité
Sujet: Re: Candle in the wind [Flynn] Mar 24 Mar 2020 - 19:51
Retour soudain vers le passé.
En rencontrant par pur hasard son idole...
Flynn
&
Hershel
Je me sens comme un gosse quand je vois qu'il me serre la main. En ce court instant, j'en ai vite oublié beaucoup de problème. Et quel a été ma joie quand j'ai constaté que mon nom en tant qu'avocat criminaliste n'est pas venus jusqu'à ses oreilles ! Cependant, je n'ai pas pu m’empêcher de remarquer sa jambe. Je me posais mille questions à son sujet, mais connaissant tristement la vie de célébrité en Amérique, je savais à quel point être mitraillé de question personnelle par les médias était agaçant. Évitons de l'encombrer donc de question qu'il a dû connaître lorsqu'il faisait encore de la musique. J'étais limite prêt à parier que les médias, on sans doute été une cause majeur de son départ ou de sa pause, ça et sans doute sa jambe ? Je n'en savais rien et dans le fond, ça ne me regarde absolument pas. Je vais donc me contenter d'être heureux de l'avoir croisé au moins un jour dans ma vie. Et je me contente de faire un signe de la tête avant de lui répondre par rapport au justement média et sa présence.
« Non, je compte raconter ça à personne, encore moins les médias. Je ne les ai jamais vraiment portés dans mon cœur. »
Après ce cours échange, j'ai été pris de court lorsqu'il s'excuse et demande ce qu'il pouvait faire pour moi. Car à vrai dire, il ne pouvait pas faire grand chose, c'est un excellent pianiste, mais un magicien qui transforme les imbéciles en compétent... Si ça serai possible ça se saurait depuis le début même de l’existence d'un tel miracle ! Ne sachant pas trop comment réagir à ça je m’assois quand même suite à ça demande et tente de reprendre mes esprits pour ne pas avoir l'air idiot. Je ris nerveusement une fois assis avec un sourire à la fois gêner, mais aussi amusé et confus. Qui est-ce que j'étais au juste pour interrompre comme ça le grand pianiste Othniel Pacey ? Forcement, c'est tout naturel qu'il pense que j'attendais quelque chose de lui. Sans trop me contrôler, je bégaie légèrement lorsque je reprends la parole.
« Oh non, non. Je... Euh... Je voulais juste, mh, désolée. »
Je ferme les yeux et inspire un grand coup.
« Je n'attendais rien de vous en particulier. J'étais... Enfin... Non, si, je le suis encore, un admirateur de votre travail. Je... Ahem... J'ai seulement reconnu votre mélodie et je suis venu voir en simple... Mh... Admirateur. Rien de plus désolée. »
Je souris et ris nerveusement à la situation, je me sentais ridicule, je regarde ailleurs et tente de me calmer en frottant ma nuque.
« Je faisais du piano avant et... Oh non, ce n'est pas important. »
Il ne fallait pas que je me comporte comme un idiot comme je le fais, je commence alors à me lever en réajustant nerveusement ma veste.
«Veuillez m'excuser pour le dérangement, je n'avais pas pris en compte que vous préfériez sans doute être tranquille... »
J'inspire encore un grand coup pour calmer ma nervosité. Ça remonte à quand la dernière fois que j'ai été si nerveux ? Une éternité sans doute, je me sens ridicule. Qu'est-ce que j'espérai en me présentant et en allant voir d'où venait la mélodie hein ? J'en ai même oublié que j'étais dans cet hôpital de base pour sermonner une erreur de facture déjà payée...
Invité
Sujet: Re: Candle in the wind [Flynn] Lun 30 Mar 2020 - 18:40
La question des médias fut rapidement écartée. Hershel ne l’avait posée que pour éviter que l’avocat ne fasse l’erreur par naïveté ou envie de bien faire. Il ne pensait pas encore que l’appât du gain puisse être une motivation ni, surtout, que certains puissent avoir envie ou besoin de dépenser un argent durement gagné à obtenir des informations sur sa vie privée. Il s’était d’ailleurs toujours demandé qui achetait ce genre de torchon, les salles d’attente médicales exceptées. Nonobstant, un service rendu méritait une réponse. Toujours.
« Je vous en remercie. Mon agent m’assure que ce serait un coup dur à ma carrière et que je risque de me retrouver assiégé alors que les médecins recommandent le calme. »
Et si l’agent le disait, cela devait être vrai. C’était bien pour cela qu’il était payé, pour comprendre et communiquer avec le monde extérieur, celui qu’Hershel avait bien du mal à comprendre, qui cherchait l’attention et l’argent alors que lui n’avait jamais voulu ni de l’un, ni de l’autre. C’était comme ces signes de nervosité qui s’étaient affichés sur le visage de son vis-à-vis lorsqu’il avait demandé s’il voulait quelque chose. Le bégaiement. L’oubli des convenances. Il n’avait pourtant rien demandé de difficile ou de piégeux. Ne s’attendant pas à une réponse particulière, n’ayant pas tellement d’idée de ce qu’il pouvait faire dans cet état à quelqu’un d’aussi prestigieux qu’un homme de loi – chargé de faire respecter l’ordre et de veiller à l’égalité des chances et à l’humanité de la peine, il n’arrivait pas à imaginer ce qui pouvait avoir généré une telle réaction.
Il n’avait jamais compris l’émotion que sa présence pouvait susciter auprès de certains auditeurs de sa musique. Il n’était qu’un vecteur, une marionnette qui ne servait qu’à faire vivre quelque chose de plus profond. Son travail, incessant, n’était pour lui qu’une façon de vivre. Sans musique, il dépérissait. Il avait besoin d’entendre ce langage qui dépassait celui des mots. Il avait besoin de vibrer au rythme des mesures et des accords. Il avait besoin de la douceur des touches sous ses doigts. La musique était sa maîtresse et il n’était que son esclave. Il lui avait dédié sa vie, toutes ces heures qui n’étaient pas celles d’Hermia.
Peut-être aussi était-ce son héritage de lord anglais. Montrer aussi facilement une admiration ou une émotion particulière lui avait été interdit toute son enfance. La musique – toujours elle – servait à exprimer ce qu’il ressentait. Pour le reste, il était parfaitement impassible, courtois, tranquille et tristement poli. Comme il se le devait.
« Ainsi, vous faisiez du piano ? Voudriez-vous jouer un peu avec moi ? » Le tabouret était assez large pour un infirmier et un jeune élève. Ils n’étaient gros ni l’un ni l’autre et au prix d’un léger inconfort, un quatre mains était tout à fait envisageable. Il était possible, bien sûr, que Monsieur Morgan ne connaisse que des morceaux de débutant comme la Lettre à Elise, l’Arlésienne ou encore l’Hymne à la Joie mais Hershel avait assez confiance en lui pour se savoir capable d’improviser un léger accompagnement à tout ce que l’on pouvait lui proposer et il avait cette vague envie d’être surpris, certes, mais aussi de faire comprendre à son…admirateur, semblait-il, que la musique était sa propre maîtresse et que lui n’était rien qu’un serviteur dévoué qui avait un léger talent.
Invité
Sujet: Re: Candle in the wind [Flynn] Mar 7 Avr 2020 - 0:16
Retour soudain vers le passé.
En rencontrant par pur hasard son idole...
Flynn
&
Hershel
Cette nervosité... Ça me fait vraiment très bizarre de le ressentir de nouveau. Et pourtant, c'était sur une chose qui est hors de mon contrôle. Si la conversation ce passe mal ou bien n'est pas censé avoir un immense impact sur ma vie professionnelle. Peu une déception ou une tristesse au fait qu'une personne que j'admire ne m’apprécie pas. Mais clairement rien de plus, j'ai beau le savoir, je n'arrive pas à me calmer immédiatement. Je me calme en me répétant que l'homme en face de moi reste un homme, et savoir qu'on lui conseille du repos me pousse plus encore à rester calme et le laisser tranquille essayant de cacher le plus possible ma nervosité. Du peu que j'en ai entendu, il n'a clairement pas besoin de ça.
Alors que je m'apprêtais à partir afin qu'il ait la tranquillité qu'il mérite. Je me fige de nouveau lorsqu'il me propose de jouer du piano avec lui. Je n'arrivais pas à réaliser sur le coup ce qu'il vient de se passer. Un des pianistes que je respecte le plus vient de proposer de jouer avec lui ? Moi ? Flynn Morgan, l'avocat du diable et le détenteur de l'award du connard de la ville ? Je ne réalisais clairement pas, mais je suis dans le fond rassuré. Pour proposer ça, c'est qu'il ne voit clairement pas le monstre que je suis. Autant en profiter, ça me change d'habitude et j'étais fatigué d'être autant détesté par mon entourage... Les petites exceptions comme Bessie ou Jewel ma cousine me manque. Dans l'espoir donc que cet échange ne soit pour une fois pas désagréable, un peu nerveux et les lèvres pincées.
« Ce serait un honneur. »
Doucement et inspirant un grand coup pour rester calme, je partage le siège avec lui et regarde les touches du piano. La dernière fois que j'ai joué remonte à l'enterrement de ma mère. En dernier hommage pour elle, j'avais joué Victor's piano solo du film Corpes Bride de Tim Burton. Un morceau qui pouvait aussi se jouer à quatre mains et que je jouais régulièrement avec ma mère pour lui faire plaisir. Un morceau qu'il n'affectionnait qu'en souvenir, mais pas forcement musicalement parlant. Pour me défouler, j'aimais beaucoup Beethoven, mais ça fait beaucoup trop vantard. Faisons donc au plus simple, du jazz un peu calme ressemblant au style de mon interlocuteur... Je commence à jouer les premières notre optant pour I Can't Get Started de Bud Powell, bien que j'ai été plus tenté de jouer ses morceaux à lui. Mais choisir ses morceaux à lui risquer de l'ennuyer, je pense... Le renouveau et l'improvisation il y a rien de meilleur. Je le regarde comme pour voir si le morceau lui convenait. Avoir son approbation me rassurerai après tout, c'est lui le professionnel. Tout en jouant, je lui dis alors.
« Je suis bien loin de votre niveau... Mais j'espère que ça vous ira pour commencer ? »
Un peu amusé comme si je retrouvé une petite joie à ce moment précis, je souris. Comment, oui, comment est-ce que j'ai pu oublier le plaisir que ça me procurais de jouer du piano comme ça ? Je continue chassant de mes pensées ma mère à l’hôpital qui avait insister pour que je reprenne le piano. Je comprenais maintenant pourquoi, mais si j'y pense trop ça me foutra trop le cafard. Et je n'ai clairement pas envie de gâcher ce moment.
Invité
Sujet: Re: Candle in the wind [Flynn] Lun 4 Mai 2020 - 17:21
L'honneur. Un nouveau concept qui n'a pas sa place en musique, à moins de l'appliquer à tous. N'est stupide que la stupidité, disait un personnage dans un film déjà oublié. Seul l'honneur est vraiment honorable et c'est celui qui se met au service de la musique plutôt que de se servir d'elle. Hershel hoche la tête, doucement, sans répondre. Ses mots ne seraient pas à la hauteur, il le sait et préfère se taire. Et, puisque les gestes parlent aussi, il fait une place à l'avocat, du côté de la portée. Il saura improviser un accompagnement, il n'a pas de doute à ce sujet. Après tout, il est un professionnel. Et l'invité se lance. Un peu de Jazz, une pièce calme, d'ambiance, arrangée avec goût par un des grands noms. La nervosité du jeune homme semble s'apaiser comme le pianiste l'avait espéré. La musique n'adoucit peut-être pas les moeurs mais elle fait merveille avec les angoisses et autres émotions mal venues. Doucement, lui aussi sourit un peu, de ce sourire triste et mélancolique qui est le sien depuis tant d'années déjà.
"Vous ne m'avez jamais entendu plaider devant une cours d'assise et il y a une raison pour cela." rétorque-t-il donc avec douceur alors que son compagnon du moment s'inquiète de ne pas avoir son niveau. Doucement, il pose sa main sur les touches les plus graves et commence en douceur pour rappeler l'absence de batterie qui, normalement, donne le rythme du balai sur la cymbale. L'effet est évidemment différent, ce qui ne veut pas dire moins bon et il se laisse aller à quelques arabesques pour suivre les péripéties de la mélodie principale qui ne cesse de monter et de descendre les gammes. Le moment se perd dans les mesures et, comme toujours, le morceau se termine trop tôt.
"Vous vous sous-estimez, vous avez du talent. Peut-être que votre humeur se porterait plus au blues en ce moment, cependant."
Un message d'âme à âme, voilà ce qu'était la musique, rien d'autre. Et c'était pour cela qu'il n'y avait pas de style plus légitime qu'un autre. Que l'on pouvait trouver de l'or dans tout. Même dans la techno. Même dans la tectonique. Même dans les soupes des pseudos-tubes de l'été répétant toujours les mêmes recettes. Il inspira doucement. Est-ce que cet avocat pensait à s'inspirer de la musique pour ses plaidoiries ? Il avait souvent penser que la diplomatie, la politique et le fait d'être sur scène avaient beaucoup de choses en commun. Que le rythme, les sons, les silences étaient autant d'outils pour faire porter un sens, une histoire d'un être à l'autre. Etait-ce stupide ?
[color=slategrey]"Je vous remercie pour cet échange. C'était très appréciable. Je me demande..." il hésite une petite seconde puis se lance. La honte, la peur de ne pas être à la hauteur, ces peurs le hantent depuis l'enfance mais cela fait longtemps qu'il a appris à les dépasser. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. "C'est probablement indiscret mais je serais curieux de savoir si le fait de connaître et de pratiquer la musique vous aide dans votre vie professionnelle ? Après tout, de mon point de vue de complet néophyte, un procès n'est-il pas une forme - sérieuse et important, bien sûr, de représentation ?"