Il n'est déjà pas rare pour moi de rôder autour du cabaret delirium. Bien que lieu de tous les plaisirs, il s'agissait également d'un endroit où régnait l'illégalité de temps à autre. Et qui dit illégalité dit intervention policière parfois nécessaire. Certes, nous vivions dans une petite ville plutôt tranquille dans l'ensemble. Cependant, ce n'est pas pour autant que la vie y est toujours toute rose. Après tout, on ne me paie pas pour rien.
Ce soir, je ne suis pas en service. Cela dit, ça ne m'empêche pas de passer quand même dans les environs. Vêtu d'une simple chemise blanche et d'un jean, je descend de ma voiture civile, une Porsche noir 2019, puis me dirige vers l'entrée. Il est à peine 22h30, mais, déjà, l'ambiance est survolté. Il me suffit de m'avancer davantage pour comprendre qu'une fille est actuellement en train de se produire sur scène. Et à en juger par les paroles obscènes lancées par les hommes présents, elle fait de l'effet. Je n'ai jamais vraiment compris ces filles qui font ce travail. Certes, certaines ont de très bonnes raisons, du moins selon elles-mêmes, mais il me semble qu'aucune femme ne mérite de se manquer de respect à ce point. Continuant d'avancer dans la pénombre, je tente de voir à quoi ressemble l'objet de désir de tous ces hommes. Et je reste bouche-bé en la reconnaissant.
Lorsque je lui ai donné la possibilité d'éviter la prison pour aller en cure, j'avais fait promettre à Lux qu'elle ne replongerait pas dans ses vieilles habitudes. Certes, elle ne m'avait rien jurée du tout, mais j'avais quand même espéré qu'elle avait compris la leçon. Apparemment, j'avais été bien naïf. La voilà qui se déhanche sur la scène, retirant un à un ses vêtements aguichants. Voir ces regards désireux se poser sur elle me rend malade. Je ne supporte pas qu'on la regarde de cette manière. Je ne supporte pas qu'on la touche. Lorsqu’elle termine, quelques sifflements venant de la foule se font entendre. Elle descend de la scène, enfilant un peignoir sur son corps nu et frêle et, presqu'aussitôt, un homme dans la quarantaine s'approche d'elle, semblant essayer de négocier. Apparemment, elle n'a pas laissée tomber cette vieille habitude non plus. Cependant, je compte bien ruiner ses plans ce soir.
D'un pas rapide, je me dirige vers elle pour couper court aux pensées malsaines de ce type aux allures louches. « Excusez-moi... » dis-je d'un ton à la fois froid et ferme. Au même moment, je laisse mes doigts entourer le poignet de Lux pour l'attirer avec moi vers un coin plus tranquille où on ne pourra pas nous entendre. Je suis hors de moi, mais tente malgré tout de garder un contrôle sur moi. « Bordel Lux à quoi tu joues !? » lui dis-je d'un ton autoritaire avant de reprendre sur ma lancée. « On avait une entente je te rappelle. Je te sauvais les fesses de la prison à condition que tu te fasse soigner et que tu demeure clean. Et tu es vraiment prête à tout foutre en l'air pour baiser avec ce type !? »