quand la douceur cache le malin |ft Léo

quand la douceur cache le malin

Les corps se prélassent ici, nus ou pas, dans les eaux les plus chaudes de Bowen. A chaque pas gracile dans ce spa, Amaranth laisse son regard effleurer les cabines des bains, tandis qu'un sourire espiègle se dessine sur son visage. Elle est en simple mission d'observation pour le moment, mais passera bientôt à l'attaque, volera une ou deux affaires dans les vestiaires et s'en ira tout aussi vite rapporter son maigre butin à l'église, ou ira se payer un bon café au Starbucks.  Elle pousse alors une porte, entre dans une cabine à jacuzzi privé où se prélasse déjà quelqu'un. Sans pudeur, elle referme la porte derrière elle, et laisse sa serviette de bain sur le côté, laissant son corps caché sous des bandes de tissu minimaliste apparaître, tandis qu'elle fait glisser une main innocente sur le bord du bain. « Bonjour. Tous les bains sont pris. Vous permettez ? » Sa voix est douce, contrôlée, manipulatrice aussi. Son sourire se fait chaleureux, son regard charmeur, tout ça pour une seule et unique raison. Elle franchit le bord, envoie ses pieds puis tout son corps dans l'eau, son regard bleu insondable admirant enfin la personne qui se trouve devant elle. Elle espère avoir fait une entrée suffisamment déroutante pour ne pas être ainsi jetée dehors, car bon nombre de personnes pétaient les plombs quand quelqu'un s'introduisait dans leur petite bulle de confort. Mais dans le doute, et pour davantage déstabiliser et avoir le contrôle de la situation, elle pousse un léger soupir de soulagement, cale son dos contre le dossier et ferme les yeux, juste quelques secondes pour laisser croire à l'inconnu-e- qu'elle ne cherche pas à s'introduire dans sa vie privée, alors qu'en vérité, c'est le cas. « Je ne vous mets pas trop mal à l'aise, j'espère. Ce n'est pas mon but. Si ma présence n'est pas désirée, je peux toujours partir. » Seul le but de duper l'intéresse, et Amaranth ne s'arrêtera certainement pas avant d'être parvenue à ses fins.

Codage par Libella sur Graphiorum

HRP:

Une après-midi de détente, rien que pour lui, sans appareil photo à la main, sans carnet de croquis, rien qui pourrait tenter son oeil d'artiste. Léo en avait besoin, de déconnecter quelques heures, le mieux aurait été de partir en voyage, de prendre la route et de rouler loin de Bowen, sans but, sans réfléchir, mais il avait quelques obligations qui l'empêchaient de quitter la ville si facilement. Alors pourquoi pas prendre sa serviette ou sa planche de surf et partir en direction de la plage ? Simplement parce qu'il y avait trop de monde, des touristes et pire, des têtes connues auxquelles il n'avait pas envie de parler. Dans ses moments de solitudes, Emerson était sauvage, on le pensait sociable, abordable, c'était celui qu'il montrait au monde, le vrai Léo était pourtant solitaire et économe de ses mots, pour mieux trouver son calme intérieur. Il avait donc fini par choisir les bains de Bowen, dans cette oasis de tranquillité où il pourrait profiter du silence et de la quiétude sans personne pour le déranger. Il s'était prélassé au soleil durant de longues minutes, en profitant pour commencer un bouquin qu'il voulait lire depuis un moment et quand le soleil avait assez chauffé sa peau il s'était dirigé vers une cabine privée pour se détendre dans un jacuzzi, rien que pour lui, le bonheur. Il avait déposé ses affaires sur le petit banc à côté du bassin, à Bowen il se sentait en totale confiance, cette ville était sûre, alors il ne se méfiait pas une seconde en laissant son livre, ses clés de voiture ou son portefeuille bien garni. Dans le bain à remous il se laissa bercer par le mouvement des bulles et le ronronnement du moteur et petit à petit il sombra dans un demi sommeil. Il n'entendit pas la porte s'ouvrir, les yeux clos il ne vit pas la jeune femme nue au bord du bassin. Il releva la tête alors que sa voix douce le sortit de ses songes et dans les vapeurs qui les séparaient, la tête encore un peu endormie, il eut comme une vision du passé, une image oubliée, aussi délicieuse que douloureuse, celle d'un voyage à l'autre bout du monde avec une jeune blonde au visage angélique qui l'avait touché plus que toutes les autres, Grace. Qu'est ce que tu fais là ? Il avait posé sa question sans réfléchir, à ce fantôme de son passé, pas à la jeune fille qui lui faisait face. Pour toute réponse elle se glissa dans l'eau avec une agilité évanescente et Léo se redressa, réalisant qu'elle était nue alors que tout son corps était à présent immergé dans l'eau, réalisant surtout que son ex ne se serait jamais montré aussi téméraire, elle qui était prude comme pas deux, cette blonde était donc une parfaite inconnue. La nudité ne dérangeait pas l'Australien, il trouvait les corps beaux, dans le plus simple appareil, sans artifices, sans perversion de sa part, il n'était pas voyeur. La jeunesse de cette fille la servait, évidemment, mais à présent qu'il était réveillé, il réalisait qu'elle avait brisé son moment de solitude et il se demandait bien pourquoi. Dire que votre présence est désirée ce serait beaucoup dire, puisque cette cabine est privative. Mais maintenant que vous êtes là, je vous en prie, profitez. Il n'allait pas la virer non plus, il n'était pas si grossier.

S'il avait fermé la porte à clé sûrement que cette fille ne serait pas entrée. S'il ne s'était pas endormi alors il n'aurait pas été dans un tel état en la voyant, imaginant son ex à sa place, rêvant presque qu'elle lui soit apparue, comme une déesse de son passé, tellement jeune, tellement belle, même si ce n'était qu'un songe. Si elle n'avait pas été nue alors peut-être qu'il aurait été moins gêné, alors qu'il n'avait pas à ressentir cette gêne après tout. Avec tous ces si tellement de possibilités pour que cette gamine n'atterrisses pas dans son bain et ne trouble sa tranquillité. Mais à présent elle était là et il était déstabilisé. Visiblement ça l'amusait, peut-être qu'elle aimait ça, provoquer, déranger, profiter des atouts de sa délicieuse jeunesse pour jouer avec les hommes, il n'en savait rien évidemment. Et puis Léo n'était pas du genre désagréable, il ne l'aurait pas virée en haussant le ton, de tout façon. Elle lui répondit, presque moqueuse, avec ce je-ne-sais-quoi dans sa façon de parler qui dérangea Léo, cette voix trop douce, qui semblait chercher des réponses bien moins terre-à-terre que ses propres préoccupations. Il comprit finalement lorsqu'elle invoqua le divin dans ses paroles, ainsi elle était croyante, croyante mais pas si sainte, pour se balader le corps dénudé face à un parfait inconnu. Emerson l'écouta, sans rien dire, il n'avait de toute façon pas grand chose à répondre quand on lui parlait de Dieu, ce n'était clairement pas son sujet de prédilection bien que celui-ci, tout comme la blondeur de cette fille, lui rappelle encore son ex à ses bons souvenirs, elle traînait vraisemblablement encore bien trop dans ses pensées, bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Les bras en croix autour du bassin, il ne baissa pas les yeux lorsque l'inconnue lui sourit, même s'il n'aima pas la lueur qui dansait dans ses yeux. Un demi sourire vint déformer son visage avant qu'il ne réponde à sa question. Je l'ai abandonné à bien des êtres, suprêmes sans aucun doute, mais je ne pense pas que nous ayons la même chose en tête. Si vous cherchez à répandre une sorte de parole d'évangile autour de vous, ma jolie, vous vous adressez à la mauvaise personne actuellement. Il aurait presque préféré qu'elle tente de le séduire, plutôt que de débattre de l'existence de puissances supérieures ou non.

Loin de se douter que cette gamine n'était là que pour lui dérober un peu d'argent, Léo réalisait néanmoins que sous ses airs d'ange, elle cherchait à se jouer de lui, comment il ne le savait pas, mais il n'était pas dupe. Elle avait ce sourire un peu trop factice, beau, il ne pouvait pas dire le contraire, mais faux. Elle avait cet air innocent, cette peau laiteuse, ces cheveux dorés, tout pour faire penser à une apparition divine, même ses paroles, lorsqu'elle invoquait Dieu, tout était si juste, presque trop pour être honnête. Léo savait cerner les gens, à force de voyager, de côtoyer des civilisations différentes, de chercher à comprendre d'autres fonctionnements que le sien, il savait observer, écouter, chercher les signes. Et ceux que cette fille envoyait étaient trop contradictoires. Pourtant il n'était pas parfait, loin d'être un saint lui non plus, il était encore capable de se faire berner par un regard trop appuyé, par un sourire un peu trop franc et une voix chaude qui ne murmurait que pour lui. C'était un homme, un homme qui aimait les femmes, sa plus grande faiblesse, un homme qui tombait amoureux d'un simple regard il n'y avait encore pas si longtemps. Il s'esclaffa furtivement en la fixant avec assurance, un peu trop d'assurance même, pour un homme en position de faiblesse. Pas vos angelots ni votre Dieu. Plutôt des êtres aux formes plus féminines, voluptueuses. Fut une époque, à un autre âge, où Léo aurait pu la considérer comme une fille désirable, mais il n'avait plus vingt ans et les femmes qu'il convoitait n'avaient plus ce genre de visage juvénile. Il resta de marbre face à ses avances et ce clin d’œil entendu. Elle était entrée dans son bain et malgré son discours, ça n'avait rien d'une parade de séduction pour Léo. C'est parce que vous êtes frileuse que vous vous baladez nue ? Il haussa un sourcil, peu convaincu. Et puis lui allait avoir trop chaud, ce qui n'était pas très malin. Il se redressa un peu, la fixant, circonspect. Qu'est ce qui vous dit que je veux discuter ? En même temps il était bavard Léo, jamais contre une conversation même avec des inconnus et ça se sentait. Et de quoi donc avez-vous tellement envie de parler pour venir vous glisser dans mon bain ? Il étai curieux, lui aussi, de savoir ce qu'elle avait de si intéressant à lui dire. Doucement il sentait la chaleur augmenter alors que les bulles se remirent à faire bouillonner l'eau, la vapeur qui s'échappait le faisait déjà presque transpirer.

Fut une époque où la jolie jeune femme, parce qu'elle l'était, jolie, aurait fait de l'effet à Léo, où il n'aurait pas hésité une seconde à profiter de ce bain providentiel pour tenter un rapprochement et assouvir quelques fantasmes dans cette chaleur moite. Mais elle avait quoi, bien dix ans de moins que lui, c'était une gamine, avec son visage encore rond à peine sorti de l'adolescence, encore plein de candeur. L'âge n'était pas vraiment un problème en soi, ça faisait parti d'un tout, d'une sensation, d'un sentiment un peu dérangeant lorsqu'elle le fixait avec ses grands yeux dans lesquels il devinait plein de choses, pas forcément catholiques, malgré ses dires. Comme pour mieux marquer ses mots la blonde tutoya Léo mais pour mieux retrouver le vouvoiement ce qui, évidemment, le dérouta encore davantage. Ce n'est pas totalement exact, peut-être que je suis simplement poli. Il l'invitait néanmoins à lui faire part de ses envies, qui sait, peut-être qu'ils trouveraient un sujet commun agréable. Il sourit en l'écoutant, elle parlait d'art, sur ça il pouvait répondre. Si vous cherchez un art qui fige la beauté d'un corps, je préfère largement la photographie à la sculpture. Question de goûts j'imagine. Ce serait étrange, pour lui le photographe, de dire le contraire, à moins qu'il soit un sculpteur raté, ce qu'il n'était pas, la photo c'était sa passion depuis toujours. Je dirais même que si le photographe est bon, il peut révéler l'âme de son modèle, c'est sûrement le plus intéressant. Étrangement, alors qu'elle avait initié cette discussion, voir même cet étrange jeu de regards, la jeune blonde semblait s'ennuyer, Léo n'étant peut-être pas la compagnie à laquelle elle s'attendait. Ne faites pas attendre ce quelqu'un alors... Sans crier gare il s'approcha d'elle, pour que leurs corps se frôle, étrange sensation, aussi pour mieux tendre le bras et baisser la température du bain qui devenait insoutenable. Qu'est ce que vous êtes vraiment venu chercher dans ma cabine ?