we can be heroes, just for one day (viktor)

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we can be heroes, just for one day
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@viktor blackbird & @lys r. kickett

Viktor et moi, c’était une histoire qui datait du bac à sable, ou presque. Je l’avais connu dès mon entrée à l’école, il était devenu mon meilleur ami, avec Alex, bien sur, jusqu’à ce que le temps, à l’adolescence, nous sépare sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Alex était resté près de moi, et je n’avais pas vraiment cherché à comprendre pourquoi Viktor, lui, s’était éloigné. Cela le regardait sans doute. Puis, il n’y avait pas eu de dispute, on se parlait toujours de temps en temps…moins souvent, mais il n’y avait jamais vraiment eu de cassure entre nous. Ca m’allait très bien. Après ça, j’avais eu sa petite sœur, Juliette, en classe. Une gamine que j’adorais, déjà quand elle était haute comme trois pommes. Plus récemment, Viktor et moi nous étions revus. Je l’avais trouvé sexy en diable et je ne lui avais pas résisté longtemps. Il avait du partir ensuite. Puis il était revenu. Bref, entre Viktor et moi c’était une histoire d’allers et venus, au rythme plus ou moins régulier. (Non pas ceux-là, bande de cochons, je vous vois ricaner dans le fond...). Aujourd’hui, je lui avais proposé de me rejoindre sur la place, le temps était magnifique, le soleil donnait un éclat de diamant à la mer et la température était agréable. J’attendais mon ami, assise sur un banc, scrollant les réseaux sociaux sur mon téléphone. Je m’arrêtai sur la dernière photo de Sasha. Sasha Lambert. Aka la copine d’Azriel, aka la meuf tellement sympa que je ne pouvais même pas la détester. Je soupirai longuement.
— Même avec une grimace, elle est canon, quoi…
Je me tournai vers Ash, mon chien.
— C’est pas juste, on est d’accord ?
Le bougre se contenta de couiner en rabattant les oreilles. Ne se prononce pas. Très bien. On voyait où étaient les vrais amis.

Sans trop regarder où il mettait les pieds, Viktor était en chemin pour rejoindre son amie d'enfance, les yeux rivés sur son téléphone et sur l'appli' de rencontre sur laquelle il s'était inscrit récemment, tenant Cyrox en laisse d'une main distraite. Franchement, c'était pas mal, ce truc. Il en avait encore loupé des choses, durant son absence. Mais le BowenBowTie, c'était une invention plus qu'utile, là, pour le coup. Il était pas un grand adepte de la séduction par écran interposé, mais ça permettait des rencontres simples et efficaces, avant de passer aux choses sérieuses. Puis c'était pas comme s'il jouait à l'accro de ces applis en likant tous les profils possibles. Jusqu'ici, il se concentrait surtout sur deux filles, qui avaient au moins un peu éveillé son intérêt, et c'était déjà bien suffisant. Abandonnant du regard son portable quelques instants, une fois arrivé à la plage, il observa les alentours pour repérer Lys, assise sur un banc, l'attendant sagement avec son chien. Il pouvait d'ailleurs la voir parler toute seule, ou plutôt à Ash, sans doute. Cyrox tira sur la laisse, agitant les oreilles de contentement et pressé de rejoindre Ash. Calmos, poto, ils vont pas disparaître. L'australien rejoignit la jolie brune, sourire aux lèvres, laissant du mou à son berger allemand pour qu'il puisse saluer son copain canidé en toute tranquillité. « Salut toi. Qu'est-ce que tu marmonnes encore toute seule ? » taquina-t-il en venant se planter face à elle, lunettes de soleil sur le nez et chemise ouverte sur ses tatouages.

Je refermai instagram et m’apprêtais à ranger mon portable quand le chien de Viktor déboula pour venir à la rencontre du mien. Ash, tout content se mit à japper et à remuer la queue énergiquement, ce qui ne manqua pas de me faire rire. Aussitôt, je quittai mon humeur morose pour observer les deux chiens, heureux de se retrouver. Ils se mirent aussitôt à jouer l’un avec l’autre, tandis que mon ami d’enfance se plantait devant moi, tout sourire. Il était beau. Vraiment beau.
— Je ne marmonne pas, me défendis-je joyeusement.
Je levai les yeux au ciel, voyant que mon ami d’enfance n’était pas dupe de toute manière.
— Bon, ok…peut-être un peu. Mais c’est pour des bêtises alors, t’inquiète pas.
Je rappelai Ash qui tirait un peu trop sur sa laisse, décidément très content de voir Cyrox, puis me levai pour venir étreindre mon ami.
— Je suis contente de te voir ! m’écriai-je après m’être détachée de lui, Par contre…
Je baissai les yeux sur son torse et désignai son tatouage qu’il semblait vouloir exhiber, d’un air faussement réprobateur.
— T’es au courant que ça se ferme une chemise ? le taquinai-je avec humour.

Le blond haussa les épaules quand elle lui affirma ne pas marmonner, avant d'avouer, ce qui lui arracha un petit sourire. Il la scruta quelques instants, comme il avait l'habitude de le faire, le regard vrillé dans le sien à travers ses lunettes de soleil tandis qu'elle s'expliquait. « Sûre ? » demanda-t-il, l'air un peu dubitatif. Viktor avait beau montrer qu'il se préoccupait peu des états d'âme des autres, au fond, il préférait quand même savoir que ses proches allaient bien. Il n'y en avait pas des tonnes, mais une fois que le jeune homme était attaché à quelqu'un, il aurait pu faire n'importe quoi pour cette personne. Bon, d'accord, pas n'importe quoi. Mais si quelqu'un avait touché à un cheveu de ses potes, il lui casserait la gueule sans hésiter. Puéril, peut-être. Impulsif, sûrement. Mais il était fait ainsi. Lys vint l'étreindre avec force et il la serra dans ses bras. Il ne l'aurait pas avoué à haute voix, mais elle lui avait manqué. Elle était une de ses plus vieilles amies et même s'ils s'étaient éloignés avec les années - ce qui était totalement de sa faute -, il tenait énormément à elle. « Moi aussi, ma belle. » ajouta-t-il sincèrement, relevant ses lunettes de soleil pour les poser sur sa tête, plongeant ses yeux clairs dans ceux de l'artiste. Il rit doucement quand elle fit une remarque sur sa tenue. « Aux dernières nouvelles, ça te déplaît pas... » souffla-t-il, une flamme provocatrice dansant dans son regard, évoquant leurs dernières retrouvailles. C'était vachement imprévu, Lys était une des rares filles qu'il n'avait jamais réellement essayé de mettre dans son lit. Mais elle était séduisante, son physique on ne peut plus attirant, il ne pouvait le nier. Alors la dernière fois, ils avaient dérapé. Chose qu'il ne regrettait pas du tout.

Je devais bien avouer que ça n’était pas désagréable du tout à regarder. Ce tatouage mettait en valeur le torse parfaitement dessiné de mon ami d’enfance et cette vision était loin de me déplaire en effet. Viktor dégageait un charme magnétique auquel il m’était difficile de résister. Il le savait très bien et il en jouait.
— C’est pas pour moi que je dis ça…
Pas complètement du moins.
— Regarde, toutes ces nanas en trottinette, en vélo ou en train de faire leur jogging (je désignai les abords goudronnés de la plage) tu vas provoquer des accidents avec tes conneries…
Je partis d’un petit rire puis scrutai Viktor un moment, plissant les yeux et collant ma main en visière sur mon front pour me protéger du soleil.
— Ca te dit qu’on se balade du côté de la crique où on allait gamins ? proposai-je finalement.
L’endroit dont je parlais était assez isolé, accessible par un chemin un peu escarpé qui dissuadait les moins téméraires de s’aventurer par là-bas. Autrement dit la plage était souvent calme, idéal si on souhaitait un peu de tranquillité.
— Y’aura personne à cette heure-ci, présumai-je, on pourra laisser courir les chiens…

L’australien souffla en secouant la tête en signe de négation, d’un air désinvolte. « Ouais, c’est ça. » taquina-t-il en lui adressant un sourire faussement séducteur. Il laissa échapper un rire, laissant tout de même son regard se balader rapidement sur les quelques filles désignées par Lys, qui passaient par là. Il aurait pas voulu provoquer un accident et abîmer leurs jolis visages. Ça aurait été dommage. Mais le temps n’était pas au repérage et Viktor n’était pas venu ici pour draguer, mais bien pour retrouver son amie d’enfance. C’était toujours cool de passer du temps avec Lys, elle qui faisait partie des rares filles de son entourage avec qui il traînait sans aucune arrière-pensée. Bon, la dernière fois aurait pu être une preuve du contraire. Mais il appréciait sincèrement la jeune femme, depuis des années, pour bien d’autres raisons que son sex-appeal. « Ouais, j’suis chaud ! » s’exclama-t-il en acquiesçant de la tête, tendant déjà la main à la brune pour l’aider à se lever et la tirant vers lui avec enthousiasme. Cyrox redressa les oreilles vers le jeune homme, comme pressé de connaître leur destination, et ils se rendirent ensemble vers la crique. « Bon alors, tu m’dis c’qui te tracasse ? » Il revenait à la charge, conscient que son amie avait éludé la question, tandis qu’ils crapahutaient sur le chemin étroit et abrupt qui menait à la petite plage déserte de leur enfance.

Je levai les yeux au ciel avec un sourire amusé aux lèvres en voyant le regard de mon ami d’enfance se promener sur les abords de la plage, non pas pour se délecter du paysage mais bien pour suivre les courbes féminines qui passaient à côté de nous. Déjà petit, Viktor aimait attirer l’attention des filles, en faisant le pitre le plus souvent. J’imaginais que ces choses là ne s’estompaient pas en grandissant, au contraire. Cela m’amusait. Rapidement, nous amorçâmes une petite marche et je proposai qu’on se rende dans la crique de notre enfance, ce que Viktor accepta aussitôt. Après quelques minutes, nous fûmes finalement rendus au chemin rocailleux qui ne semblait pas déranger le moins du monde nos deux chiens qui paraissaient avoir oublier jusqu’à notre présence tant ils étaient heureux l’un et l’autre de se voir. C’est là que Viktor asséna une nouvelle question qui creusa une fossette sur ma joue. Il n’allait pas lâcher le morceau, je le connaissais. Mieux valait que je capitule. Je lâchai un profond soupir, puis me tournai vers lui après avoir trouver un équilibre pour mes deux pieds sur un rocher.
— Tu veux m’entendre me plaindre, really ?
Comme je savais qu’il insisterait de toute manière, je me résignai et allai chercher mon téléphone dans ma poche. J’ouvris instagram sur le profil de Sasha et lui passai mon mobile pour qu’il regarde.
— Dis-moi avec ta plus grande franchise comment tu la trouves.

Lys s’arrêta et l’australien fit de même, un sourire narquois accrochant ses lèvres. Ben oui, il voulait savoir. Il avait peut-être l’attitude du gars qui n’en avait rien à foutre de rien, et souvent, c’était le cas, mais ça ne l’empêchait pas de se soucier des personnes qui lui étaient proches. Si quelqu’un osait un jour faire du mal à Lys, il aurait été le premier à lui casser la gueule. Je-m’en-foutiste, peut-être, mais il laissait pas passer ces choses-là. On touchait pas à ceux qu’il aimait, point. Beaucoup le qualifiaient d’immature, mais ça en revanche, il s’en fichait royalement. « Oui. » répondit-il en hochant la tête d’un air décidé, croisant les bras sur son torse. Il haussa un sourcil intrigué quand la brune sortit son téléphone, attendant impatiemment de connaître l’objet de ses soucis, sans trop comprendre. Finalement, elle lui tendit son téléphone, dont l’écran affichait le profil d’une jolie blonde. « Ouah, elle est bonne. » lâcha-t-il automatiquement à la première photo, parcourant les suivantes, avant de relever la tête d’un coup vers Lys. « J’imagine que c’était pas ça que j’étais censé dire. » s’empressa-t-il d’ajouter, embêté mais un peu amusé aussi. Il ferma rapidement le profil de l’inconnue aux cheveux blonds et rendit son téléphone à son amie. « Avant que je dise une autre connerie, dis-moi c’est qui cette meuf. » demanda-t-il avec un regard interrogateur. Ouais, il allait pas revenir sur le fait qu’elle était clairement jolie, mais ses paroles suivantes dépendraient de ce que Lys lui dirait. Il aurait dit n’importe quoi pour lui faire plaisir, et si cette meuf lui avait fait du mal d’une quelconque façon, il hésiterait pas à la traiter de connasse ou de pute. Très mature, ouais. Mais rien à foutre, du moment qu’il pouvait redonner un peu la joie à son amie d’enfance.

Quand on était petits, Viktor couvrait toujours mes arrières comme le frère que je n’avais jamais eu. Alex aussi d’ailleurs ; mes deux amis d’enfance n’avaient laissé personne me faire du mal et je m’estimais assez chanceuse de les avoir eu dans ma vie, si jeune. Même si j’avais pu démontrer que j’étais parfaitement capable de me débrouiller seule, c’était rassurant, à l’époque, de les avoir tous les deux derrière moi. À onze ans, quand j’avais envoyé mon poing dans la figure de Logan Becker après qu’il est insulté ma mère de pute, Viktor lui avait fini le portrait, le lendemain, risquant une exclusion de collège. Nous n’étions plus des gamins et il était plus question qu’il casse la gueule à qui que ce soit…malgré tout, son soutien inconditionnel me touchait, de constater qu’il était encore là, surtout, même après des années passé séparés. Je souris en le voyant qu’il tâtait le terrain, ne sachant probablement pas sur quel pied danser.
— Bah non…t’as raison, elle est jolie. T’as pas dit de conneries, fis-je en fronçant légèrement le nez.
Bien sûr qu’il avait raison. Sasha était belle, vraiment belle, et tellement lumineuse. Elle m’intimidait beaucoup. Je trouvais à cette femme un charisme incroyable et le fait qu’elle rende heureux quelqu’un à qui je tenais beaucoup aurait du me suffire, mais cela ne me suffisait pas. Je n’arrivais pas à me faire à l’idée qu’elle soit en couple avec Azriel. Cela me faisait trop bizarre, et cela me faisait du mal aussi, sans que je ne parvienne à rationnalisé tout ça. Je ne détestais pas Sasha pourtant. Mais je me demandais sans cesse ce qu’elle avait que je n’avais pas…en dehors de l’amour d’Azriel bien sûr.
— C’est la copine d’un…d’un pote.
Un pote... Même pour moi, ça sonnait faux.
— Tu connais pas, laisse tomber, éludai-je en balayant l’air d’une main.
Je soupirai puis m’approchai de mon ami d’enfance. Pour faire diversion, je lui frappai l’épaule, un peu fort, mais il vacilla à peine. Un sourire amusé aux lèvres, je pointai sur lui un index faussement accusateur et tâchai de prendre un ton moralisateur.
— Par contre, on dit pas « elle est bonne », une femme n’est pas un bout de viande !

Viktor afficha une moue en voyant l’air dépité de son amie, qui confirma qu’elle était jolie. Visiblement, c’était pas le genre de commentaire qui la mettait en joie, et il aurait dû s’y attendre quand elle avait sorti le profil instagram de cette gonzesse. C’était évident que cette fille n’était pas sa meilleure copine. L’explication suivit, quand Lys avoua que c’était la copine d’un pote, mot sur lequel elle trébucha. Le blond leva les yeux au ciel en voyant son amie tenter d’abandonner le sujet, comme si ce n’était rien. Preuve ultime que c’était au contraire important. « Un pote, hein ? » souleva-t-il d’un air innocent, l’air de ne pas y toucher, mais la lueur gentiment taquine dans son regard laissait voir qu’il n’était pas dupe. La brunette essayait de détourner son attention, il le voyait bien, prétendant que ce n’était qu’un sujet futile et non quelque chose qui la touchait réellement, comme c’était clairement visible. « Ohlalaaa, j’dis pas ça irrespectueusement, c’est un adjectif comme un autre. » dédramatisa-t-il exagérément quand elle le reprit sur le terme qu’il avait employé, sans pouvoir retenir un sourire amusé. Il pouvait avoir l’air d’un bon gros macho comme ça, mais au fond, il ne l’était pas tant que ce qu’on pouvait croire. Certes, dans sa façon de s’exprimer et d’agir, il pouvait donner l’image d’un connard, peut-être qu’il l’était un peu au fond. Mais selon lui, le terme "bonne" n’était qu’un terme supplémentaire pour désigner l’attrait d’une femme. "Jolie" ou "mignonne" ne signifiait pas la même chose et pour lui, dire d’une fille qu’elle était bonne était tout autant un compliment, il ne le disait sans aucune volonté d’objectifier quelqu’un. Malgré la tentative de Lys de changer de sujet, le garçon n’oubliait pas son air déconfit devant le profil de la blonde. Il ne voulait pas la forcer à déballer ce qu’elle avait sur le cœur, mais il tenait à la faire sourire. À la place, il la prit dans ses bras sans lui laisser le choix, en un câlin réconfortant, plus facile que de choisir des mots qui sonneraient sans doute creux. Y avait bien qu’avec Lys, et quelques rares autres personnes dont il était extrêmement proche, qu’il faisait ce genre de geste.

J’aurais du savoir que Viktor n’était pas du genre à « laisser tomber », il n’était pas venu de la dernière pluie non plus. Il se doutait, évidemment, que quelque chose clochait. Je n’avais pas franchement espéré que mon petit manège fonctionne sur lui, cela n’avait été qu’un bête réflexe de défense. Je détestais montrer mes faiblesses, même à mes amis. Mes lèvres s’étirèrent malgré tout en un sourire amusé.
— Ouais…un pote, confirmai-je innocemment.
Au fond, ça n’était pas tellement un mensonge. C’était ce qu’Azriel et moi prétendions être, depuis toujours. C’était difficile à avaler, mais c’était comme ça. Je lâchai finalement un petit rire puis roulai des yeux.
— Bon ok...plus qu’un pote. Ca te va ?
Je réprimandai mon ami d’enfance sur son utilisation de l’adjectif « bonne » pour qualifier une femme, même si c’était davantage pour faire diversion, et fais sur le ton de l’humour qu’autre chose. Il rétorqua que c’était un adjectif comme un autre, je haussai les épaules en rigolant. Décidément, je riais beaucoup trop pour que cela soit naturel. J’étais mal à l’aise et tâchai d’oublier la boule dans mon estomac par n’importe quel moyen. C’est là que, sans prévenir, Viktor me prit dans ses bras. D’abord surprise, je ne réagis pas, puis je laissai mes muscles se détendre et accueillis son étreinte amicale simplement pour ce qu’elle était : une parenthèse de réconfort. J’en avais grandement besoin. Après un moment, l’émotion menaçant de déborder de mon coeur déjà rudement mis à l’épreuve, je me détachai de mon ami, reniflant légèrement. Pour faire diversion, je frappai dans l’épaule de Viktor en riant doucement.
— Tu te ramollis, Vik !
Je me frottai machinalement le nez puis repris le chemin de la plage.
— Allez, viens, on va finir par paumer nos chiens à rester planter-là.

Alors que la jeune femme tentait à nouveau la carte de l’innocence, il l’observa en plissant les yeux, l’air inquisiteur. Y avait plus convaincant comme argument, et elle le savait très bien. Ce qui donna rapidement lieu à la confession, arrachant un sourire satisfait à Viktor. Évidemment que c’était plus qu’un pote, peu importe ce qu’ils étaient. Elle n’aurait pas eu cet air tristounet en stalkant le profil d’une meuf, sinon. Il n’avait rien à dire à ce sujet, aucun mot n’aurait pu changer ce qu’elle ressentait dans cette situation, aussi se contenta-t-il de la prendre dans ses bras, rien qu’un instant. Quoi que. « S’tu veux, j’drague la meuf et j’la fait tomber amoureuse de moi, ton mec sera de nouveau tout à toi. » lui souffla-t-il sur un ton amusé. C’était dit comme une plaisanterie, mais il aurait totalement été capable de le faire. Surtout que comme il l’avait souligné, elle était vachement jolie, la blonde. Il rit quand elle se dégagea en laissant son sourire lumineux reprendre le dessus. « C’toi qu’est molle. » rétorqua-t-il sans que cette répartie ne soit le moins du monde valable, juste pour le principe de lui répondre. Il acquiesça en signe d’accord quand l’artiste décida de reprendre la route, alors que Cyrox et Ash jouaient déjà bien loin, plus préoccupés par qui tirerait le plus fort sur le bâton que par les états d’âmes des humains.

La proposition de Viktor m’arracha un sourire. Je savais qu’il disait cela pour détendre l’atmosphère, en grand partie, mais je savais aussi qu’il était capable de faire ce qu’il avançait. Bien sûr, les choses n’étaient pas aussi simples…
— Elle t’a tapé dans l’oeil à ce point ? rétorquai-je en m’efforçant de rire.
Je voulais que cela soit dit sur le ton de la plaisanterie, mais je ne pus empêcher une pointe de creuser mon estomac, comme un rappel douloureux. Et comme j’étais une vraie pro de la fuite, notamment lorsque ça touchait de près à mes émotions, je changeais de sujet, taclant gentiment mon meilleur ami pour faire diversion - même si personne, et surtout pas lui, n’était dupe. Nous reprîmes la route à la recherche de nos chiens qui jouaient ensemble sans se préoccuper le moins du monde de leur maitre. J’enviais, parfois, l’insouciance des animaux. Il m’arrivait de regarder Ash en me disant que cela devait être bien simple que de ne se préoccuper que des pures besoins primaires, sans laisser le reste tout parasiter. Mais au fond, je me leurrais, même les chiens étaient capable de ressentir le manque, probablement autant que nous, si ce n’était plus. Je marchais avec Viktor un moment, sans rien dire, puis, après un instant, je repris doucement la parole.
— Ca me fait du bien que tu sois là, Vik. Vraiment. Tu m’as manqué tout ce temps.

On peut cloturer là, si tu veux

Il rit à la réflexion de son amie d’enfance et lui offrit un haussement d’épaules coupable en guise de réponse, sans se départir de son sourire enjoué et touché d’une pointe de charme. « T’sais bien, j’suis un mec facile, moi. Tout le monde me tape dans l’œil. » La pointe de sa langue passa sur ses lèvres, dessinées en un sourire taquin, alors qu’il lui glissait une œillade amusée. Oh oui, n’importe quelle fille un tant soit peu jolie était susceptible de l’intéresser. Beaucoup de personnes étaient inclues dans cette catégorie, et Lys aussi, d’ailleurs, ce qu’il ne manquait pas de souligner avec humour suite à leurs dernières retrouvailles. Ce n’était pas comme ça qu’il voyait leur relation, évidemment, ni ne la réduisait à ça, la belle brune n’était pas qu’une fille à ramener dans ses draps. Elle était une de ses amies les plus proches, où la drague n’avait pas sa place sauf dans les blagues lourdes de Viktor, et il ne loupait pas une occasion d’en faire. Mais elle était sa meilleure amie d’enfance et c’était tout ce qui comptait pour lui, pas un petit dérapage arrivant une fois tous les dix ans. Il avait peu d’amitiés sincères avec la gente féminine, Lys était une de ces personnes exceptionnelles qu’il voyait totalement autrement que des courbes attirantes. Elle avait un réel statut de privilégiée, en soi. Et il l’aimait de la façon la plus sincère dont il était capable, sans aucune arrière-pensée. « Moi aussi, ma belle. J’suis content de te r’trouver. » souffla-t-il à la jeune femme, alors qu’ils marchaient derrière leurs compagnons canins, la gratifiant d’un petit sourire plein d’affection. On n’aurait pas dit comme ça, mais ces paroles, venant de Viktor, revêtaient une signification des plus importantes.

End.