sasha - it is a good thing ridicule never killed anyone.

J'me sens puissant, sans déconner j'suis le roi du monde. Mes cheveux au vent, le torse bombé, lunette de soleil sur le nez, j'suis un putain de mec stylé. Ouais fin Ariel, redescends, t'es juste en train d'faire d'la trottinette électrique sur les bords de mer à Bowen. Bon c'est vrai, c'est pas fifou mais j'suis grave bien. Des écouteurs dans les oreilles, le soleil qui chauffe mes bras, et la vitesse. Personne peut m'arrêter bordel. Le paysage défile à toute berzingue, (quoi ? c'est ringard comme mot ? ) l'ombre fait constamment place à la lumière et inversement, au fur et à mesure que je passe sous les grands arbres du bord de côte. J'me sens bien. C'est pour ce genre de petit instant que je vis. Tout se passe à merveille jusqu'au drame. Ariel, arrête ton char, c'est pas un réel drame. Je raconte l'histoire comme je veux ! Le drame, il s'appelle cailloux. La roue de ma trottinette heurte cette fichue caillasse, le mécanisme se bloque et je pense que l'on peut dire que je me ramasse comme un gros tas, OKLM. Les écouteurs dansent dans les airs avant de s'enrouler dans le guidon de la trottinette, mes mains raflent le sol gravillonneux et mes lunettes de soleil se retrouve au niveau de mon cou. Putain, je fais mal au cœur à voir. J'suis assez sonner par la chute, j'reste une seconde sans bouger avant d'avoir le réflexe de base : merde est ce que quelqu'un m'a vu ?  

Un peu fair frais te ferait du bien parce que ça faisait quand même 4 jours que t'étais enfermé dans ton appartement à rien faire, t'avais quelques jours de vacances mais tu savais pas vraiment quoi faire de ta peau. Azriel était entrain de travailler, Niels était avec sa copine et ta meilleure amie était surement occupé à faire autre chose. Tu avais pris chemin vers la plage, histoire de fumer ton pétard ailleurs que dans l'appartement. Parce qu'il fallait changer un peu d'air, aussi, et surtout prendre l'air, hein. Alors tu étais partie vers Horseshoe Bay, histoire de voir le soleil et de profiter de l'air marin. Lorsque tu arrivais là-bas, tu te posais sur un banc, les écouteurs dans les oreilles et les lunettes de soleil sur le nez. Tu fumais tranquillement. Y'avait un mec qui était entrain de faire de la trottinette électrique sur le bord de la plage, ça t'amusait un peu. Enfin jusqu'a ce qu'il tombe littéralement à la renverse. Tu laissais échapper un petit rire avant d'enlever tes écouteurs. « C'est une sacré chute, ça » dis-tu en riant légèrement au jeune homme. on, c'était peut-être pas super comme approche, mais bon, t'étais un peu dans es nuages après ce pétard. Puis tu lui tendais une main pour l'aider à se relever. « Ca va ? Rien de cassé ? » demandas-tu ensuite, plus gentiment.

Rohlala, Ariel, t'es grave. T'es trop vieux pour ce genre de connerie. De la trottinette sans déconner! Bon, j'suis comme un con, par terre, les mains bien égratignées par les gravillons. Le réflexe bizarre, c'est de m'assurer que personne n'a rien vu. Et bah si mon pote, il y a une nana, plutôt mignonne en plus, qu'a tout vu, assise OKLM sur son banc. Voilà une personne censée ! Elle fait pas de trottinette et tout se passe bien pour elle! Je l'entends qui rit un peu, elle a raison, j'crois que j'aurais fais pareil. Tandis qu'elle s'approche de moi, j'm'inspecte rapidement, pas de tibia fracturé qui sort de ma jambe, pas de coude tordu dans le sens inverse, pas d'épaule luxée, non tout va bien. J'lui souris, je prends sa main et j'me remets sur pied. J'rigole un peu nerveusement tout en frottant mes mains pour les dépoussiérer. J'plonge mon regard dans celui de mon interlocutrice. "Tout va bien, j'crois. vous donneriez combien sur dix à ma cascade ? Histoire de voir si ca valait la peine!" J'crois qui faut savoir rire de soit même, même si j'me sens un peu con. J'me penche pour relever ma trottinette et dérouler les écouteurs du guidon. "faut pas croire, mais cet engin est terriblement dangereux." J'souris. "mais j'ai au moins le mérite de vous avoir fait rire." Ariel ou l'art de toujours trouver des côtés positifs à n'importe quelles situations.  

T'étais bien sur ton banc, à contempler le paysage et les gens qui passaient, tout en ayant un peu d'herbe qui passait dans tes poumons. Rien de mieux pour se détendre. Mais ta détente avait été quelque peu troublée par un jeune homme qui faisait de la trottinette électrique et qui était tombé à la renverse. Ca t'avait fait rire, normal en même temps. T'étais totalement défoncé donc un rien t'aurai fais marrer. Tu te levais de ton banc pour aller l'aider à se relever. « J'donnerais un huit, parce que la chute aurait pu être encore plus mémorable. Mais c'est pas mal comme performance » avouas-tu au garçon en hochant la tête de haut en bas, une fois qu'il était sur ses deux jambes. T'étais jamais monté sur ce genre de truc, de peur de tomber toi aussi comme le mec que tu venais de rencontrer. « Oui, ça à l'air très dangereux même, j'ai pas trop envie d'essayer » dis-tu avant de rire légèrement. Tu remontais tes lunettes de soleil pour mieux voir ton interlocuteur. « Je dirais même que ça a refais ma journée » dis-tu avec un sourire sur tes lèvres. C'était surement le truc le plus palpitant qui aurait pu t'arriver aujourd'hui. « Au fait, j'm'appelle Sasha » dis-tu simplement au jeune homme, histoire de te présenter un minimum quand même.

La fille est super sympa, elle semble un peu perchée, genre dans un mood super calme et détendue, ça me plait bien. Elle est souriante, bon feeling quoi. Faut dire que j'me suis décarcassé pour le spectacle. J'ai fais une sacrée chute et après avoir demandé combien elle me donnerait, je m'offusque faussement de sa réponse. "Huiiiit ? ouais je vois le genre, il fallait du sensationnel, genre du sang et des os brisés pour espérer toucher le dix ?" Je souris, je préfère sincèrement n'avoir que huit et être en une seule pièce. Je souris lorsqu'on parle de la trottinette. "Carrément d'accord, j'aurais du moi-même pas essayer, parce que au cas où, j'précise que j'l'ai loué ce matin. Histoire d'être encore plus ridicule." Débourser plusieurs dizaines de dollars pour se vautrer, bordel c'est nul. Je rigole en regardant l'engin de torture. Ca fait vraiment le pauvre type qui veut se la raconter, genre j'suis jeune et téméraire, et qui se ramasse à la première difficulté. J'allais leur bananer leur trottinette à la con sans aucun regret dès ce soir au magasin de location. "Ravi d'avoir refais ta journée alors." J'me rends compte que j'passe du vouvoiement au tutoiement comme ça, aucune idée de pourquoi. Elle se présente, "enchanté, Sasha, moi c'est Ariel." J'attends toujours une réaction du à mon prénom. J'regarde derrière elle, elle était assise a priori sur un banc, tranquille. D'un hochement de tête je montre le banc. "Tu t'ennuyais pas trop sur le banc ?" J'souris et plante mon regard dans le sien.

Tu passais surement pour grosse abrutie avec ton sourire béat et ton rire facile mais c'était les effets de la drogue douce. Tu lui dis alors que tu notais sa performance avec un huit, t'auras préféré une meilleure chute, ça lui aurait rapporté plus de points sur sa cascade. « Ca aurait pu rajouter un petit plus, je t'avoue » répondis-tu en riant légèrement. Mais ça aurait été dommage qu'il finisse amoché à cause de cette foutue trottinette. Tu continuais de rire lorsqu'il te disait qu'il n'aurait jamais du tester ce truc lui aussi, parce que cette chute ça ne valait pas les sous qu'il avait dépensé. « C'était ton premier essai ? Il faut persévérer, j'suis sure que tu peux faire de belles cascades avec ça » dis-tu en souriant à ton interlocuteur. Tu reprenais une gaffe de ton pétard que tu soufflais sur le côté pour ne pas lui souffler au visage non plus. C'était pas ton genre de tenter ce genre de chose, trop dangereux surement. Et surtout, pendant ta brève carrière aux Etats-Unis, on t'avait toujours interdit les trucs dangereux qui auraient pu te casser un bras ou une jambe. Tu lui affirmas qu'il avait refais ta journée, et il en était ravi, ce qui te faisait glousser légèrement. « Ariel, original comme prénom pour un garçon. Mais on doit te le dire souvent j'imagine » dis-tu en souriant, sans te moquer bien sûr. Il devait entendre ce genre de choses à chaque fois qu'il se présentait. « Non, j'étais entrain de fumer tranquillement et puis j'ai vu une performance de cascade digne des grands films d'Hollywood » avouas-tu en portant ta cigarette magique à tes lèvres.

La discussion tournait naturellement autour de la trottinette qui avait failli être l'objet de ma mort. Bon j'exagère un peu mais vraiment, on peut très vite perdre le contrôle de cet engin. Je hochais la tête à sa question. Et oui, je faisais partie de ces trentenaires qui s'prennent pour des jeunes et qui essayent de faire des trucs "stylés". Pauvre Ariel. "J'crois que je suis trop vieux pour ces conneries!" Je souriais, j'adorais dire ce genre de phrases clichées sur un air faussement ringard. Je remarquais alors - seulement maintenant, Ariel, t'es un putain de détective - que la jeune femme tenait un joint dans sa main. En fait, je l'avais remarqué quand elle l'avait porté à ses lèvres. Cela expliquait que la jeune femme était calme, très calme. Les joints, j'en fumais de temps en temps et je n'avais pas encore eu l'occasion d'en fumer à Bowen. Fallait déjà que j'me trouve de quoi faire. J'gardais dans un coin de ma tête cette info. Je hochais une nouvelle fois la tête "Ouais, ça m'a valu pas mal de réflexions, c'est soit la lessive soit la princesse. Mes parents ont vraiment merdé !" Je souris puis écoute la réponse de Sasha. "Tu devais être carrément posée là, fumer un joint ici, le paradis." Je marque une pause, la regarde avec un air faussement malicieux et rajoute: "tu .. tu saurais où je peux en trouver?" Ohlala, j'ai l'impression d'être un gamin à la recherche d'un trésor, mais en même temps, quand tu ne sais pas où chercher, faut bien demander !

« On est jamais trop vieux pour ces conneries » dis-tu en riant légèrement. Vous ne deviez pas être plus âgé l'un de l'autre, enfin c'est ce que tu pensais. Tu reprenais ton pétard que tu allais entre tes lèvres pour prendre une taff, encore une. Tes yeux rouges te trahissaient à des milliers de kilomètres il faut dire, et l'odeur aussi. Et peut-être le rire débile et le sourire béat aussi. Mais bon, peu importe, c'était pas un flic et il allait pas t'arrêter pour un pauvre petit joint d'herbe. Tu avais fais une petite réflexion sur son prénom, sans méchanceté, mais c'était quand même intriguant. « C'est pas si moche que ça comme prénom, ça va ! » dis-tu en riant légèrement à sa réflexion. Puis, la conversation changea de ton. Il remarquait que tu étais entrain de fumer des substances peu illicites, en même temps ça se voyait à des kilomètres. Même quelqu'un dans l'eau à une dizaine de mètre de toi pouvait s'en rendre compte. « J'avoue que j'étais bien posée » dis-tu en hochant la tête avec ton sourire d'idiote. Il te demanda ensuite où il pouvait en trouver. Sans le savoir, il était tombé sur la bonne personne. « Tu peux en trouver juste devant toi ! » dis-tu en souriant. C'était un peu bête comme réponse faut dire. « Enfin j'veux dire, j'peux t'en fournir si tu veux. Prix d'ami pour la chute mémorable » dis-tu en lui faisant un clin d'oeil.

Je rigole, on est jamais assez vieux peut-être, mais j'avais quand même la trentaine passée et j'étais encore un gamin avec une trottinette. De toute façon, je ne voulais pas grandir donc sans aucun doute, quand j'aurais cinquante ans, je serais encore le genre à faire des trucs stupides comme ça. On parle ensuite de nos prénoms, et en l'occurrence du mien qui fait toujours son petit effet. Je souris à sa remarque. "Ouais, en vrai, je l'aime bien ce prénom et puis ça me donne ma petite touche originale!" Ca c'est sûr, que pour le coup, je n'en croisais pas des centaines d'Ariel.

J'crois que j'avais été tellement absorbé par cette histoire de trottinette que je n'avais pas vu l'évidence : mon interlocutrice était carrément défoncée. La chance. Je suis à Bowen depuis si peu de temps que je n'avais pas encore eu l'occasion de me constituer un réseau dans la ville. J'avais bien évidement mon petit stock tout droit venu de Paris mais j'allais forcément être très vite à court. J'en consommais pas énormément, mais par principe j'aimais toujours en avoir en réserve. Et là je crois que c'était mon jour de chance. J'pense que dans mon regard, il y a du avoir une petite étincelle de bonheur. "Sérieux? Super cool alors. Merci pour le prix d'ami, on s'met d'accord ? A chaque fois que j'en aurais besoin, j'viens, j'te fais une cascade à trottinette, skate ou roller et tu m'fais une petite réduc'!" Je plaisantais bien sûr mais j'étais vraiment content d'avoir trouvé un fournisseur. Comme quoi, parfois, ça a du bon de passer pour un con.

« J'l'aime bien aussi » dis-tu en faisant un clin d'oeil au jeune homme. C'était original mais c'était aussi sympa. Le tien l'est aussi. Enfin, ton prénom est ordinaire mais ton surnom est original et c'est pour ça que tu préférais qu'on t'appelle ainsi. Tu proposas alors au jeune homme de lui fournir de quoi fumer. C'était rare que tu proposes comme ça à n'importe qui quand tu connaissais pas le sens mais là, c'était surement parce que tu étais trop défoncé. Et puis, ça te ferait un client de plus et de l'argent en plus. Donc tout le monde est content du coup. « Ca me va, tant que tu te casses pas quelque chose, sinon je l'aurais sur la conscience après » dis-tu en riant légèrement. Tu lui fis signe de te suivre, parce que c'était pas ici que tu allais faire une transaction avec lui. « Par contre c'est chez moi, si tu veux quelque chose faut me suivre » avouas-tu au jeune homme avec un sourire. Vous commenciez alors votre chemin vers ton appartement pour lui fournir ce qu'il voulait. Et en rien de temps vous vous retrouviez à la maison, heureusement que ton immeuble ne se trouvait pas loin de la plage, c'est plus pratique.

J'en revenais pas, quelle était la probabilité que j'dégringole devant une jeune femme qui vend de la weed? Très sincèrement, j'avais une chance de cocu, et j'étais bien content de l'avoir rencontrer. Elle semblait vraiment bien défoncer et je ne pouvais qu'en déduire que ce qu'elle vendait était de bonne qualité. "La prochaine fois, j'viens équiper avec casque, genouillères et tout le bordel!" Je souris. J'ai déjà hâte de pouvoir me rouler un petit joint dès ce soir. Je ne suis pas un gros consommateur, mais j'aime bien en avoir un petit peu de côté. Après une dure journée, ça fait toujours du bien de se détendre. La jeune femme m'annonce que sa réserve se trouve chez elle. J'acquiesce et je la suis. On discute vite fait sur le chemin mais on arrive très vite devant son immeuble. Elle vit en bord de mer , la classe. Ca doit bien payer ! Pour me faire de la tune, il faudrait tout simplement que j'me lance dans le deal. Pourquoi n'y avais-je pas penser plus tôt ? "Tu l'vends combien ? C'est d'la bonne?" Bah quoi, c'est normal quand même que je m'interroge sur le type de produit qu'elle vend. Mais à voir comment elle est perché, j'crois que je n'ai aucun doute sur la qualité. J'lui souris et continue de la suivre.

La coïncidence était quand même dingue, il s'avérait qu'il cherchait de quoi fumer et que tu en vendais. Pas sur toi, bien sûr, mais chez toi. Comme quoi, il avait bien fait de se casser la gueule devant toi, et tu avais bien fais d'intervenir. Ca lui faisait de quoi fumer et ça te faisait un nouveau client. « J'ai hâte de voir ça » dis-tu en riant au jeune homme. Vous commenciez alors le chemin vers ton appartement pour qu'il puisse te prendre un peu de stock. Ton appartement n'était pas très loin de la plage, c'était assez pratique pour le coup. Alors vous montiez les quelques étages avec l'ascenseur et vous vous retrouviez dans ton chez-toi en un rien de temps. Il te demanda combien tu la vendais et si c'était de la bonne. « Je la vends à 6 dollars le gramme » dis-tu au jeune homme en cherchant tout ton matériel dans ta chambre pour lui montrer ce que tu avais. « J'vais pas te dire qu'elle est pas bonne » avouas-tu au garçon en tombant sur la boite magique où tu ranges ton matériel. Tu lui fis signe de s'assoir sur le canapé à côté de toi. « Tu veux la gouter d'abord ? » demandas-tu à Ariel en levant le yeux vers lui. De ton côté, tu comptais te rouler un pétard alors pourquoi pas le partager et qu'il découvre ce que tu avais à vendre. C'était un avant gout de ce qu'il pouvait t'acheter.