i don't know about you, but i'm feeling twenty-two (belmo)

À propos de ces moments où il la suppliait d’ouvrir sa bouche, Elmo sourit, espiègle, se penchant vers elle pour murmurer des trucs qu’une allée de bowling ne devait pas attendre. « Juste quand c’est pour gémir mon nom ou pour m’embrasser … partout. » Évidemment, il parlait davantage des fellations que des baisers sur les lèvres, mais ça, c’était juste pour la blague. L’italien n’était pas réellement aussi vulgaire, même si c’était souvent ce côté-là qu’il montrait, il osait espérer que Bella savait qu’il n’était pas avec elle que pour le côté sexuel. Sa belle bouche, elle pouvait l’ouvrir pour dire tout ce qui lui passait par la tête. Elmo préférait cela au silence. Il n’était peut-être pas le plus doué pour communiquer mais en tout cas il voulait bien essayer, maintenant. Bella et lui avaient eu assez de faux départs comme ça. Le départ qu’ils s’apprêtaient à faire, là, en quittant le bowling, c’était le bon. Une belle soirée les attendait et ce, même s’ils n’avaient techniquement pas le droit de se toucher, en tout cas pas sexuellement. Il n’allait quand même pas se priver d’embrasser sa copine le soir de fête de leurs anniversaires, mais pour le reste, Elmo comptait bien se contrôler. Et faire languir Bella par tous les moyens possibles, jusqu’à ce qu’elle explose. Pour le moment toutefois, c’était plutôt la costaricaine qui jouait bien ses cartes puisqu’à peine arrivée chez elle, elle alla se changer pour enfiler une robe incroyablement sexy, moulante, d’un rose faisant ressortir son teint. « Mon cerveau a arrêté de fonctionner au mot nue. » Lâcha-t-il avec un air d’imbécile, les yeux à moitié dans les vapes à s’imaginer la costaricaine débarquer chez lui en ne portant rien du tout. Rien du tout non, parce qu’il avait bel et bien arrêté de se fier à la description quand elle parla des chaussures de clown. La demoiselle continua son petit jeu peu subtil, abordant le fait qu’elle ne portait pas de sous-vêtements. Elmo la regarda un moment, secouant la tête de gauche à droite, tout doucement, en plissant les yeux. « Tu m’auras pas, Garcia. » Il tourna vivement la tête de l’autre côté, pour que Médusa arrête de l’hypnotiser, ou un truc du genre. À la place, il changea complètement d’ambiance, proposant à Bella de lui donner son premier cadeau. Il réveillerait alors le monstre de la curiosité, et le sexe serait tout d’un coup bien loin dans son esprit. « Tes deux guess c’est d’la bouffe ou des souliers ? » S’étonna Elmo en fronçant les sourcils. « You’re weird. » Il sourit. Elle se défendit en lui parlant de son impatience et des autres cadeaux qu’elle ne pourrait donc pas avoir aujourd’hui. « J’verrai ce que je peux faire, sinon c’est pas l’amour que j’aurai envie de te faire ce soir, c’est d’te mettre du duck tape sur les lèvres pour que t’arrêtes de me poser plein de questions curieuses. Et cette fois, j’rigole pas à propos de te faire taire. » Il la regarda avec un sourire, avant de se lever. « Je reviens » Il alla dans la chambre d’Holly, parce qu’elle lui avait donné son autorisation bien sûr, suivant ses indications jusqu’à un petit coffre sur sa table de chevet, à l’intérieur duquel se trouvait une autre petite boîte de bijoutier. Il revint vers Bella et lui donna le boîtier qui contenait un fin pendentif en or avec un petit cœur avec des diamants incrustés sur son pourtour, et le bracelet en or agencé, sans breloque toutefois, Elmo ayant voulu rester dans la simplicité. C’était cliché, ouais, mais n’en étaient-ils pas à leur toute première année ensemble ?

Il entrait dans son jeu, savait exactement ce qu'elle sous-entendait. Et, surtout, il en ajoutait davantage. D'une part, parce que lui clouer le bec, à Elmo, c'était peut-être autant difficile que de le faire à Bella. D'une autre, parce qu'ils étaient tous les deux un peu obsédés par le corps de l'autre et toute allusion était bonne à prendre pour alimenter la tentation. Elmo s'était penché vers sa douce, comme si ce qu'il avait à lui dire n'était pas adapté pour la jeune famille à leur côtés. « Dommage que ce ne soit pas au menu ce soir », lâcha-t-elle sans se cacher des autres, lui lançant tout de même un regard faussement exaspéré devant les commentaires plutôt vulgaires que son copain lui offrait. Évidemment qu'elle le savait qu'il n'était pas qu'avec elle pour leur facilité à laisser leurs corps parler pour eux. Sans quoi, il ne lui aurait sans doute jamais avoué ses sentiments. Des filles pour combler ses draps, Elmo savait en trouver, il l'avait prouvé plus d'une fois. Avec Bella, c'était plutôt la même fille, chaque fois, dans les mêmes draps. Et pour un homme qui ne pensait qu'au sexe, qu'est-ce que ce genre de situation aurait été lassant. Mais une question lui brûla tout de même le bout des lèvres, sans vraiment la poser maintenant, non pas qu'elle avait peur de la réponse, mais il ne s'agissait pas du bon moment. Parlait-il d'elle autour de lui ? Et si tel en était le cas, qu'en disait-il ? La présentait-il comme son coup quotidien ou réellement comme sa petite amie ? Elle haussa les épaules à sa remarque, celle concernant le menu du soir, avant d'ajouter : « À moins que tu utilises tes coupons. Mais, je te rappelle que tu perdrais le pari. » Elle gloussa. Mais des rires, elle en aurait sans doute bien moins quand le désir serait tellement grand qu'il lui ferait mal, quand elle aurait du mal à lui résister en suppliant que ce soit lui qui cède, et non elle. Et c'est bien ce qu'ils s'apprêtaient à voir, sur ce petit coin de paradis que l'Italien leur avait créé, bien plus digne du genre de soirée à laquelle il s'attendait de base, enveloppés entre les couvertures et les coussins. Bella avait lancé les premières armes, sa robe de satin. Mais pas que. Elle le laissait aussi fantasmé sur son corps nu, sans avoir à le décrire, Elmo le connaissait par coeur. Il savait où était le moindre grain de beauté et savait où commençait et se terminait la cicatrice qu'elle avait au niveau d'un de ses poumons. Et, maintenant, elle usait de son rire comme le chant d'une sirène pour agrémenter son attaque. Mais il y voyait bien trop clair dans le jeu, décelant son stratagème quand elle parla de son absence de sous-vêtements. Bella leva les mains devant elle, comme pour s'avouer vaincue pour cette manche, mais aussi comme pour plaider son innocence. « J'ai rien fait », riait-elle alors qu'il refusait de la regarder, tâchant de ne pas succomber davantage à la tentation qu'elle était. Les armes d'Elmo, elles, servaient à les éloigner du sujet dont il ne fallait pas prononcer le nom, lui qui détournait son attention en parlant de cadeaux. Si Bella avait prétendu, plus tôt, ne pas avoir besoin de présents, c'était encore vrai, cela dit, elle était aussi maladivement curieuse. Et maintenant qu'il la piquait, cette curiosité, elle n'y pensait plus, au sexe. Et puis, pour être complètement honnête, si aucun des deux ne craquait, ce soir, ce n'était pas plus mal. Tout ce qu'elle voulait, au-delà de se perdre dans les bras de son copain, c'était de passer la soirée avec lui. Déjà, Bella tenta de deviner ce qu'il pouvait bien avoir pensé à lui offrir. Elmo, lui, jugeait très ouvertement les idées de la brune. Elle était vraiment loin de se douter qu'il cachait, dans un petit boitier bien emballé, deux bijoux assortis. D'abord, parce qu'il était un homme et que, parfois, les hommes ne pensaient pas à ce genre de choses là. Aucun homme ne lui avait offert un bijou avant lui, d'ailleurs. Ensuite, parce que leur relation était assez récente et, rappelons-le, aucun mec ne lui avait offert de bijoux avant aujourd'hui. « Ben quoi », gloussa-t-elle en envoyant sa chevelure valser vers l'arrière. Lui, il commentait sa curiosité, dénotant les questions qu'elle lui avait posées et sachant très bien qu'elle ne cesserait d'en poser d'autres tant et aussi longtemps qu'elle ne connaîtrait pas la vérité. Ou qu'il lui cloue le bec. Ce qu'il lui fit remarquer. « T'oserais pas ! », lui lança-t-elle en ouvrant la bouche pour témoigner sa surprise. « Elmo Santavenere, tu sais très bien que tu t'ennuierais si je ne pouvais plus t'emmerder ! » Il avait tout de même raison de vouloir lui clouer le bec ! Elmo avisa qu'il revenait, partant à la quête du cadeau caché. Bella le suivit du regard, mais quand il fut disparu de son champ de vision, elle posa ses mains sur ses yeux pour garder la surprise. Et quand elle l'entendit arriver, elle s'écria : « j'ai même pas triché ! » Bien qu'il ne lui avait pas demandé de fermer les yeux. Elle tendit les mains, il y déposa au creux de ses paumes la petite boite qu'elle regarda l'air véritablement surprise. Et quand elle l'ouvrit, on pouvait lire dans ses yeux toute l'émotion. Soudainement, elle se sentait bête avec son premier cadeau fait maison et les autres qui s'ensuivaient. « Elmo... », lassa-t-elle entendre d'une toute petite voix, caressant le premier bijoux du bout des doigts. Elle enfila le bracelet sans problème, mais tendit le pendentif à l'Italien afin de l'aider à le refermer. Et une fois bien installé dans son cou, elle se pencha vers celui qui le lui avait offert. « Merci... C'est parfait. » Et suffisant. Elle n'en avait que faire, maintenant, des autres cadeaux.

Spoiler:

Depuis qu’ils étaient un couple, terme qu’ils hésitaient encore eux-mêmes à employer par moment, Elmo et Bella n’avaient pas pris le temps de réellement parler des détails. Ils n’étaient pas officiellement ensemble sur les réseaux sociaux, même qu’encore ni l’un ni l’autre n’osait commenter les photos ou les profils de l’autre d’une manière un peu plus engagée, impliquée. Aux yeux des autres, peut-être avaient-ils encore l’air d’être de simples amis. Certes, ils ne cherchaient plus à se cacher, la preuve étant qu’ils étaient actuellement dans un lieu public à s’embrasser et même à se chauffer de leurs mots et regards. Cependant, ils ne cherchaient pas à se montrer non plus, et là était la différence entre un couple pleinement assuré et le leur, encore à ses balbutiements. Si ses amis lui posaient la question, il leur répondait en toute honnêteté, présentant Bella comme sa petite amie. Mais si personne ne se souciait de son statut amoureux, Elmo ne mettait pas de l’avant le changement dans celui-ci. Peut-être Milo n’était-il même pas au courant encore, puisque l’italien avait été trop lâche pour le lui dire à son retour d’Italie. Bella avait-elle été plus courageuse vis-à-vis de son ex ? Tous ces sujets, ils semblaient les éviter, comme par peur qu’on leur vole à nouveau ce qu’ils avaient à peine effleuré. « Nan, tes coupons, j’les réserve précieusement pour une prochaine fois. J’suis pas un perdant. » Ou, plutôt, il était un mauvais perdant. C’était donc avec la certitude qu’il ne flancherait pas le premier qu’Elmo suivit Bella à l’extérieur du bowling, au marché et jusqu’à son appartement. La costaricaine sortait l’artillerie lourde avec sa belle robe et ses sous-entendus … en fait, ce n’était même pas des sous-entendus. Elle allait droit au but afin de bien éveiller la tentation chez Elmo. C’était plutôt bien réussi, mais lui aussi était capable de jouer à ce jeu et son esprit recula d’un pas, ne voulant pas se laisser prendre au piège. Le piège du corps de Bella. « C’est ça, tu joues les innocentes. Tu riras moins tout à l’heure quand t’aurais tellement envie de moi que tu me supplieras qu’on annule ce défi … » Il sourit, avant de finalement détourner l’attention de toute cette sensualité, en parlant d’aller chercher le cadeau de la jeune femme. « Et comment que j’oserais ! T’as gâché tellement de rounds de Secret Santa pour moi, en étant trop curieuse. Tu vas pas gâcher mes surprises. » Il riait. Elle avait toujours été du genre à poser mille questions et à chercher à deviner qui avait pigé qui, quand ils faisaient des échanges avec leur grand groupe d’amis de l’université. Pari quasi impossible puisqu’ils étaient bien trop nombreux, provenant de plein de programmes différents, et pourtant détective Garcia réussissait quand même à amasser trop d’informations. Il ne s’y ferait plus reprendre. Elmo revint de la chambre de Holly avec le boîtier, que Bella ouvrit avec émotion. Il sourit, ravi de sa réaction, et se redressa pour tasser délicatement la chevelure de sa copine afin de refermer le pendentif autour de son cou. « Holly m’a aidé, il faut que je le dise. Je crois que c’aurait été un truc beaucoup moins discret, si elle n’avait pas été là. » Il rit, se remémorant les énormes pendentifs qu’il songeait à acheter. Des pendentifs à la limite du kitsch qui ne se seraient certainement pas agencés avec toutes les tenues de Bella. Celui-là, c’est vrai, il était parfait. « J’sais que ça fait pas si longtemps qu’on est ensemble mais pour moi, notre relation remonte à mai dernier. J’t’ai dans la tête depuis ce moment-là alors on peut dire que ça fait un an que toi et moi, it’s a thing. J’voulais le souligner, d’une certaine manière. » Et ce collier avec un cœur en or, orné de petits diamants, ça lui semblait un objet significatif, durable, comme eux, il l’espérait.

Il n'y avait aucun doute sur leur amour. Chaque fois que Bella se retrouvait avec lui, elle savait que les sentiments d'Elmo étaient vrais. Elle l'avait su quand il était débarqué chez elle, sans s'annoncer, et que dans ses yeux la déception de la trouver, celle qu'il venait rejoindre avec tellement d'attente, était dans les bras d'un autre. Et peut-être même bien avant. En Italie, par exemple, chaque fois qu'il avait posé un baiser dans son cou ou que sa main avait cherché celle de Bella au travers de leur balade dans son pays natal. À Bowen, aussi, quand ils faisaient l'amour en secret et que, parfois, il la surprenait à être beaucoup plus tendre et doux qu'à l'habitude dans ses mouvements. Une fois, il avait même passé la nuit logé contre elle, son nez enfoui dans la chevelure de la brune alors qu'en majeure partie du temps, ils se quittaient avant la fin de la nuit afin de ne pas égayer plus de soupçons. Et pourtant, ni l'un ni l'autre ne l'affichait haut et fort. Il y avait quelques photos, ici et là, postés sur les réseaux de Bella, mais rien qui criait leur couple. Et concernant Elmo, c'était plutôt le vide, le néant. Et si elle se permettait parfois des commentaires sur les photos de son petit ami, ils n'avaient rien de différent de ceux d'avant. Pas de je t'aime à la fin des phrases ou de coeur émoji pour ponctuer leurs dires. Ils avaient tellement longtemps été des amis avec affinités, qu'ils avaient sans doute appris à s'aimer en secret, à l'abri des autres. Et, parfois, il fallait dire que ça déplaisait à Bella. Non pas qu'elle n'avait pas confiance en lui et en sa fidélité, de toute façon ils passaient tellement de nuits ensemble qu'il aurait fallu qu'il se décuple pour commettre l'adultère. C'était des autres filles dont elle avait peur. Quand celles qui le suivaient sur les réseaux, par exemple, commentaient une photo de lui torse nu pour lui dire combien il était beau ou qu'une autre lui envoyait un sms lui quémandant une glace ou un verre entre amis. Peut-être qu'en réalité, crier sur tous les toits qu'ils étaient en couple ne changerait rien, peut-être que ces filles continueraient à le couver de compliments, et elles avaient raison, Elmo était terriblement sexy, mais peut-être aussi qu'à un petit endroit dans la tête de Bella, elle se disait que ses craintes pourraient s'envoler aussi facilement. Pauvre Bella, elle avait tout tord. Ses craintes, elles ne s'envoleraient que lorsqu'enfin la vérité sur Viktor serait éclatée. Mais pas ce soir, pas dans ce cadre idyllique sur la terrasse arrière de son appartement où l'escalier en colimaçon, menant à la cour arrière et aux autres logements, décorés de lanternes lumineuses, faisait office d'étoile au-dessus de leur tête. Pas alors qu'ils fêtaient leurs anniversaires. Et, en vérité, elle aurait aimé dire jamais. Parce qu'un bon moment, y en aurait-il un jour ? Bella renchérissait sur les avances, tentant de le faire flancher plus pour rire qu'autre chose. La soirée était jeune et si Elmo avait à craquer, cela ne serait que plus tard. Pour l'instant, il avait toujours un peu de résistance en réserve. « Tu aimerais trop ça, hein, que je craque pour toi. Ça te ferait sentir comme un homme viril, comme le séducteur que tu es, non ? », demandait-elle, les yeux plissés, mais un sourire en coin, tout à fait moqueuse. En réalité, elle comme lui avaient déjà envie que le défi soit annulé. Quelle mauvaise idée avaient-ils eue... Elmo changeait de sujet, sujet parfait pour que Bella arrête de le tenter avec son coeur, elle dont la curiosité était sans doute l'un de ses plus grands défauts. Elle détestait les surprises, cherchait toujours à soutirer des informations à tout et n'importe qui. Et l'attitude qu'elle avait lors de leurs échanges de cadeaux entre amis, elle n'était pas nouvelle. Petite, elle trouvait les cadeaux de Noël avant qu'ils ne soient emballés par ses parents. « C'est pas ma faute si tout le monde succombe à mon charme ! Moi, je ne fais que poser des questions », lança la brune, hilare. C'était définitivement de sa faute, elle avait un don pour faire parler les gens, on racontait même qu'elle aurait pu faire parler un muet. Mais Elmo semblait déterminer à se tenir la bouche fermée, au grand désespoir de la Costaricaine. Mais tout ça fut vite tassé quand il lui offrit le seul cadeau qu'il avait en sa possession pour ce soir et qu'elle y découvrit deux bijoux choisis avec soin. Bella quémanda l'aide de l'Italien pour refermer le pendentif autour de son sa nuque et, fidèle à lui-même et à cette intensité qu'elle lui avait parlé à Santorini, il finit par lui avouer que sans l'aide d'Holly, ce serait avec un rocher autour du cou qu'elle se serait baladée. « Je t'avais dit que t'étais intense », plaisanta la brune alors qu'Elmo, lui, justifiait son choix de cadeau. Et l'émotion lui reprit. L'une de ses mains caressait le coeur qui pendait dans son cou, écoutant les paroles de son copain, l'angoisse qui lui reprit. Elle était là, dans sa tête, depuis un an maintenant. Et elle, elle avait couché avec un type pour l'oublier. La voix tremblante, Bella serrait la main d'Elmo, se rapprochant de lui pour que leurs visages soient tout près. « Je t'aime », souffla-t-elle de cette dite voix tremblante, mots qu'ils ne prononçaient que tellement rarement. Mais elle ne savait que dire d'autre. Et c'est un peu la culpabilité qui cherchait à lui rappeler que, même si pendant son absence, elle avait tenté de l'oublier, au fond, elle l'aimait. Elle chercha ses lèvres pour l'embrasser. « Tu veux tes autres cadeaux, alors ? » Tant qu'à être dans les échanges. Et puis, après, ça leur laisserait encore du temps pour tenter de faire craquer l'autre. Ou de juste trinquer à leur amour.

Un pff s’échappa d’entre les lèvres d’Elmo, qui leva les yeux au ciel au même moment, renversant tout légèrement sa tête vers l’arrière, avant de reprendre sa position initiale après cette mimique de désapprobation. « J’ai pas besoin qu’tu craques pour moi pour savoir que je suis viril. » Il esquissa un sourire. Elmo ne manquait pas trop de confiance en lui, en tout cas pour son physique et ses talents de séducteur. Dans d’autres aspects de sa vie, la situation pouvait être différente. Pourtant, l’italien n’avait rien de vraiment viril en soi. Il était encore tout jeune et cela paraissait sur ses traits fins, qui ne témoignaient pas d’une rude vie ou de grands obstacles ayant fait de lui une brute. Il était également imberbe, Elmo, pas un poil sur son torse contrairement à d’autres italiens dont la pilosité recouvrait presque l’entièreté de leurs corps. Bon, ça, il ne le regrettait pas tant que cela et il aurait été prêt à parier que Bella n’en était pas non plus chagrinée. Il savait qu’elle le trouvait attirant tel qu’il était. D’ailleurs, il ajouta rapidement : « De toute façon j’sais que tu craques déjà pour moi, à chaque minute, chaque seconde. » Murmura-t-il en se penchant vers elle avant de déposer un baiser au coin de ses lèvres. Ce petit geste cruel fut rapidement balayé par un changement de conversation, afin de permettre à Elmo de donner à son tour son premier cadeau à Bella. Évidemment, elle voulait deviner tous les autres avant même d’avoir ouvert le premier. « Maaais oui, c’est cela. » Il secoua la tête en riant. « C’est pas du tout parce que t’insistes et pousse les gens à bout, non non. » Il sifflota, pour montrer que ce n’était pas méchant … c’était juste la vérité ! Et puis, si parfois cela l’exaspérait, il trouvait cela mignon avec du recul. Bien du recul. Pour aujourd’hui cependant, Elmo se promit de ne pas succomber à son charme. Après tout, s’il fallait qu’ils gâchent la surprise à chaque année, il n’y aurait plus aucun plaisir à s’échanger des cadeaux. L’italien allait devoir apprendre à Bella à se montrer patiente, ce qui n’était pas gagné d’avance. À l’heure actuelle, elle resta cependant bien sage en attendant qu’il revienne de la chambre de Holly. Après ses justifications, la costaricaine lui rappela qu’elle lui avait bien dit qu’il était intense. Elmo se rappelait parfaitement ce moment. Ils parlaient alors de ses parents et des traits dont il avait hérité. Toutefois, il se souvenait que le terme utilisé n’était pas intense mais bien … « Tu trouves que c’est too much ? » Demanda-t-il avec un sourire trahi par un ton de voix un peu déboussolé. En avait-il fait trop avec ce trop gros cadeau d’anniversaire ? En même temps, il lui semblait que c’était un cadeau assez répandu, même à une première année de relation … Autrement, ce genre de pendentif ne serait-ce pas autant vendu et disponible partout, non ? « Je t’aime aussi. » Répondit-il avec un sourire, le souffle court en raison de ce moment significatif. Après un rapide baiser, Bella lui proposa ses autres cadeaux. « Ok. On ouvre le mousseux en même temps ? » Demanda-t-il, à moins que ledit cadeau ne s’y prête pas.

Ah ouais, il avait pas besoin qu'elle craque pour lui pour croire en sa virilité, hein ? Bella plissait les yeux devant cette affirmation qui sonnait comme une plaisanterie, mais dans laquelle elle tombait pour continuer les taquineries. « Non, c'est vrai, t'as pas besoin de moi », fit-elle en croisant les bras sur sa poitrine. « T'as tout un tas de filles qui sont là pour te faire sentir viril, t'as pas besoin de moi. » Elle lui tirait la langue, tournant légèrement son corps pour lui faire dos, faisant mine de lui en vouloir. Cependant, Elmo sortait les armes de destructions massives, celles auxquelles il était difficile de résister. Son corps se penchait vers celui de la brune qui tentait de ne pas capter son regard noisette qui la ferait fondre, venant chercher le creux de son oreille pour lui murmurer tout près d'elle cette toute petite phrase, suffisante pour la faire sourire juste un peu, tournant son visage pour le regarder. Et merde, elle avait croisé son regard, et tout son corps flanchait déjà. « Pfff », qu'elle avait lâché, alors que son ton la trahissait et que son sourire s'élargissait quand il venait embrasser le coin de ses lèvres. « C'est toi qui a craqué et qui es revenu me chercher, je dois te le rappeler ? », dit-elle fièrement pour se défendre. Ciel qu'elle le remerciait d'être revenu à Bowen, d'avoir craqué, d'être débarqué chez elle sans la prévenir, même si leurs retrouvailles n'avaient clairement pas été dignes de films à l'eau de rose. Cette conversation devenait sans doute un peu trop sérieuse pour l'enjeu de leur soirée. Et c'était peut-être un peu pour ça, beaucoup pour éviter que la brune ne renchérisse avec une tentative pour le séduire, qu'Elmo proposa de faire l'échange des cadeaux, du moins de son premier cadeau. Encore une fois, il charriait la Costaricaine, dépeignant ses vilains défauts comme des traits caricaturaux de sa personne. « À t'entendre, on dirait que je suis un monstre », bouda Bella. Elle avait bien des défauts, Bella. Et ils n'étaient pas tous toujours beaux et drôle, comme l'Italien les dépeignait ce soir. Il avait une tête de mule, un sale caractère qui lui avait valu bien des disputes. Avec des collègues, avec des amis, avec des petit-amis et avec sa famille. Elle ne savait pas quand s'arrêter, faisait connerie sur connerie sans savoir où était la limite, parce qu'en réalité, y en avait-il, une limite ? Elle avait du mal à saisir les points de non-retour. Sa relation avec Milo en était un exemple pur et dur alors que bien souvent l'homme avait tenté d'éloigner son ex. Mais Bella, qu'avait-elle fait ? L'obstinée, convaincue qu'elle pourrait l'aider à se sortir de cet enfer qu'était la drogue. Sa relation avec Elmo n'échappait pas à la règle, elle non plus. Combien de fois avait-elle poussé, alors qu'il lui avait demandé de respecter la distance ? Combien de fois s'était-elle obstinée ? Oui, maintenant, tous les deux formaient un couple, mais ça n'avait pas été toujours le cas et, à moins qu'il n'ait décidé de revenir à Bowen, ils auraient toujours été séparés, à ce jour. Son voyage en Italie était, d'ailleurs, une preuve de plus à son obstination. Elle l'avait poussé à l'extrême, dans le cadre idyllique de l'Europe  jusqu'à frapper un mur à son départ. Et, encore une fois, elle aurait pu accepter passivement, docilement, le sort qui leur était réservé, mais bien évidemment, Bella ne s'arrêtait jamais là. Elle avait lâché, juste avant de se séparer de lui, des mots qui blessaient presque tout autant que de se faire larguer à l'aéroport après dix jours de bonheur, qu'elle-même s'était infligés. Oui, elle en avait, des défauts, des défauts qui faisaient mal, mais au fond, elle avait bien plus de belles qualités. Et certains voyaient très certainement son obstination comme une force de caractère, la décrivant comme une femme forte, fonceuse. Peut-être l'était-elle un peu. Mais au fond, Bella, c'était une grande sensible, une sentimentale que la vie avait forcé à devenir forte dès son plus jeune âge commençant par cette opération qui lui avait presque coûté la vie et cette cicatrise sur sa poitrine qui en témoignait et qui avait souvent suscité de drôles de réactions de la part des garçons. Face à ça aussi, elle avait dû se montrer forte, évitée de se montrer sensible au regard des garçons qui n'osaient même pas la toucher là. Elmo plaisantait, c'était évident. Il voyait bien plus en elle que ces laids défauts et il faisait exprès de les exagérer pour la faire réagir, ce qui fonctionnait, évidemment, mais il avait raison. Elle poussait les gens à bout, inévitablement. Il se leva finalement pour aller récupérer la petite boite dans la chambre de Holly alors que Bella fermait les yeux, bonne joueuse comme elle savait se montrer. Elle s'était attendue à tout, sauf à ça. Sauf à un cadeau aussi significatif, aussi délicat, aussi beau. Et quand elle le qualifia d'intense, ce n'était clairement pas du cadeau dont elle parlait, mais du caillou qu'il voulait lui offrir avant que sa meilleure amie s'en mêle. Il n'avait pas compris, Bella lui sourit tendrement. « Je parlais du truc pas mal moins discret que t'aurais choisi sans la judicieuse aide de Holly », précisa-t-elle avant d'ajouter : « Mais tu sais quoi, je l'aurais quand même porté, même si tu l'avais fait en DIY en suivant un tutoriel youtube, juste parce que ça vient de toi. » Ce n'était pas que pour le rassurer, cette dernière phrase, elle y croyait, fermement. À Sorento, lors d'un de leurs arrêts pour casser la croûte, il lui avait mis autour du poignet un élastique qui tenait l'emballage d'un sandwich en place. Bella l'avait gardé, trois jours durant, jusqu'à ce qu'il lâche, visiblement pas fait pour être un bracelet. Ça partait évidemment d'une blague, mais c'était, à bien y repenser, le premier bijou qu'il lui avait offert. « Et puis ton intensité, je l'aime, moi », fit-elle après s'être tous les deux dit je t'aime. Il fallait qu'il en ait, de l'intensité, pour suivre Bella dans ses folies. Bella qui proposa la suite de l'échange de cadeaux, bien que les siens n'étaient pas aussi beaux et sentimentaux que celui d'Elmo. « Tu me poperas ça à mon retour, j'vais les chercher », l'avertie-t-elle en se levant, mais revint sur ses pas pour lui voler un nouveau baiser. Elle revint vers lui avec deux items. Une enveloppe bleue et deux boites de tailles moyennes bien enveloppées. « Tu choisis celui que tu veux en premier ! »

Spoiler:

Le pire, c’était que ce n’était absolument pas une plaisanterie. Elmo avait suffisamment usé de ses charmes, au cours des dernières années, pour savoir que celui-ci fonctionnait à merveille. Charme n’est peut-être pas synonyme de virilité et pourtant, pour lui, c’était un critère, une unité de mesure infaillible. Alors, que Bella le confirme dans sa masculinité était certes un bonus, mais le contraire n’allait pas détruire toute la confiance qu’il avait en son physique. Ce qu’il pouvait être bête, Elmo, de s’en vanter de la sorte. En même temps, être beau gosse était peut-être la plus grande réussite de sa vie, actuellement. Il fallait bien se remonter à quelque part. Évidemment, fidèle à elle-même, Bella répondit à cela avec un rappel de toutes les filles qui lui tournaient autour et qui remplissaient déjà le mandat. C’était dit sur le ton de la taquinerie, comme toute cette conversation, mais Elmo comprenait que si elle y faisait si souvent allusion, sans doute était-ce parce qu’à quelque part, ça la dérangeait. Pourtant, il était incapable de la rassurer, incapable de tourner la blague à quelque chose de sérieux pour en parler une bonne fois pour toute. « C’est exactement ça. À tous les jours j’ai ma petite dose. » Il rit. Ce n’était pas totalement faux, en plus. Bella et Elmo avaient beau être en couple depuis son retour d’Italie en début d’année, leur relation restait plus ou moins officielle aux yeux des autres. Ils s’étaient tant cachés, il était difficile d’être sous la lumière, maintenant. « Par contre, j’ai dit j’ai pas besoin que tu craques pour moi pour savoir que je suis viril. J’ai pas dit que je n’avais pas besoin de toi. T’as cette manière, Garcia, de déformer tout ce que je dis pour te vexer. » Lui fit-il remarquer avec douceur, un petit sourire au coin des lèvres. Puis, il se pencha vers elle pour lui murmurer qu’il savait déjà l’ampleur de son attirance. Et il la partageait, envers elle. Quand Bella lui rappeler que c’était lui qui avait craqué et qui était revenu la chercher, il sourit. « J’peux retourner en Italie, si tu préfères. » Lâcha-t-il pour gentiment la frustrer un peu encore. De toute façon, s’il partait, elle viendrait le chercher à son tour, c’était vrai. Ils étaient piégés, Bella et Elmo, et ils ne cesseraient de se chasser si l’un ou l’autre fuyait. Pour ne pas mettre davantage de mots, toutefois, sur l’intensité de leur relation, l’italien proposa de poursuivre avec les cadeaux. Curieuse comme jamais – ou comme toujours ? -, la jeune femme voulut tout savoir d’avance. Qui aime bien châtie bien, le barista le fit remarquer à Bella, qui bouda en s’autoproclamant monstre, à l’entendre. « Oh oui, un vilain monstre qui se cache derrière une petite robe rose et des lèvres pulpeuses … » Dit-il en s’approchant de Bella à chacun de ses mots découpés, avant de finalement embrasser ledit monstre. Bien sûr qu’il plaisantait. Si les traits de caractère de Bella le dérangeaient vraiment, il ne serait pas avec elle. Ils avaient tous des défauts, eux deux les premiers. Lui était imbu de lui-même, arrogant, macho, incapable d’admettre ses torts, impulsif et con, lâche, et la liste continue. Mais ils étaient aussi beaux, individuellement et ensemble, à leur manière. La liste de leurs qualités respectives s’étirait, elle aussi. Elmo lui donna finalement le collier et son bracelet agencé, et quand Bella qualifia le tout d’intense, il prit peur. Avait-il été trop loin, trop vite ? Et si c’était lui qui s’engageait trop rapidement alors qu’elle n’était pas prête à tout ça ? Heureusement, Bella le rassura. « Oh … ouf. » Il rit, gêné. « C’est vrai, t’aurait porté un truc qui ressemble à euh … ça ? » Il prit, dans les pots de fleurs du balcon, une roche de taille moyenne qui décorait la surface de terre, puis la plaça à la place de la pierre du pendentif, par-dessus. « Avec des teintes variées genre un truc multicolore. » Il plaisantait, il avait quand même un peu de goût, Elmo, mais il était évident que l’aide de Holly avait été salvatrice. Après ces doux je t’aime, elle le nargua à propos de son intensité, celle qui l’avait fait figer trois minutes plus tôt. Il lui sourit, sans ajouter quoi que ce soit, passant plutôt à la deuxième phase des cadeaux : recevoir ceux qu’il lui restait. En même temps, il proposa d’ouvrir le vin mousseux. Il se prépara, ramenant les coupes vers lui et prenant la bouteille dans ses mains, attendant que la costaricaine revienne. « Hmmm … La première boîte. J’aurais pris l’enveloppe bleue mais si tu m’as écrit un poème ou d’quoi du genre, ça risque de rendre la soirée vraiment awkward et j’verrai peut-être pas les deux autres cadeaux. » Se moqua-t-il, même s’il pensa que si c’était effectivement ce que Bella avait fait, il venait de le créer, là, le malaise. « Mais avant … » Il tira sur le bouchon du vin mousseux, qui poppa et laissa s’échapper les légères vapeurs d’alcool. Il leur servit à tous les deux une coupe. « À nos 22 ans. »  

Ensemble, mais pas ensemble. C'était sans doute ce qu'ils étaient aux yeux des autres qui ne s'étonnaient pas de les voir trainer ensemble, eux qui n'avaient jamais caché leur amitié. Seulement, pour tout ce qui relevait du principe amoureux, jusqu'à tout récemment, Elmo et Bella s'étaient montrés discrets. Plus que discret, même, on devrait plutôt dire secret. Alors, pouvait-on blâmer les filles qui craquaient pour le charme d'Elmo, sans réellement savoir que ce dernier n'avait pas le coeur totalement libre ? Non, évidemment que non. Bella aurait été la première à craquer pour le charme d'Elmo. Mais pouvait-elle avoir ce sentiment de dérangement face à l'idée qu'effectivement d'autres filles pouvaient regarder son petit-ami avec espoir dans le regard qu'il craque à son tour pour elles ? Oui, évidemment que oui. Elmo s'en jouait, mentionnant que tous les jours, il avait sa petite dose de rappel de virilité et qu'il avait la côte avec les filles. Bella roula des yeux au ciel, soupirant bruyamment pour lui faire comprendre son agacement. C'est bon, il avait gagné. Alors si dans le commentaire de Bella on pouvait entendre son ton qui appelait à la plaisanterie, sachant qu'elle était de nature jalouse, on pouvait peut-être aussi déceler que sous cette plaisanterie, elle cachait certainement une part d'agacement. Mais Elmo, jusqu'à aujourd'hui, il n'avait rien fait qui pouvait mettre Bella en colère. Il ne s'était pas égaré avec une fille, il n'avait pas franchit de ligne à ne pas atteindre, du moins, pas que la brune avait eu vent. Et bien qu'elle ne savait pas quels mots il employait pour parler de ces autres filles quand elle n'était pas là, elle lui faisait confiance assez pour que, jusqu'à preuve du contraire, il continue de lui prouver qu'il avait besoin d'elle. C'est ce qu'il lui dit, après avoir dénoté qu'elle déformait toujours ses dires de sorte à se vexer. « Encore heureux que tu aies besoin de moi ! », s'écria-t-elle avant de lui sourire de la même manière qu'il le faisait. Un jour, ils auraient une conversation plus sérieuse. Non pas sur le comportement d'Elmo, mais bien sur celui de Bella quand ce dernier avait été absent. Peut-être qu'au fond, elle avait peur qu'il réagisse de la même façon qu'elle s'il apprenait ce qu'il s'était passé avec Viktor. Elmo s'était penché vers elle, avait murmuré des mots à son oreille qui, évidemment, l'avait fait craquer, alors qu'elle lui rappelait que c'était lui qui avait fini par craquer en venant à sa rencontre. « J'te mets au défi de repartir, ouais », lâcha-t-elle avant de l'attirer près d'elle en s'agrippant à son t-shirt, ses yeux qui voulaient dire : ne pars plus, mais sa bouche qui était incapable de le dire, comme si c'était trop sérieux pour eux. Elmo détourna l'attention pour parler des cadeaux, Bella la curieuse s'emballa rapidement, tentant de soutirer de l'information concernant ceux qu'elle ne pouvait pas avoir ce soir, par faute d'avoir été laissé chez lui. Elle avait tenté d'utiliser son pouvoir de persuasion, seulement Elmo devait être la seule personne au monde à ne pas y céder. Peut-être parce qu'il connaissait Bella trop bien depuis ces années d'amitié pour savoir qu'elle tenterait par tous les moyens d'obtenir réponse à ses questions et parce qu'il connaissait aussi bien ses points faibles pour la freiner dans sa lancée. C'est ce qu'il lui confia, parlant d'un de ses défauts. Un parmi quelques un, oui, mais sans doute le plus fort, son obstination. Bella monta sur ses grands chevaux, parce qu'elle avait la réputation d'être facile à faire démarrer au quart de tour, pointant à Elmo qu'à l'entendre parler, elle n'était rien d'autre qu'un monstre. « C'est pour mieux t'embobiner, mon enfant », souffla-t-elle à quelques centimètres du visage de l'Italien qui se pencha pour l'embrasser, avant de rire à la stupidité de leur échange. Après un moment à plaisanter, l'échange des cadeaux fut arrivé. Bella avait découvert un magnifique ensemble de bijoux choisi avec soin, qui ne faisait définitivement pas amical et qui marquait réellement l'officialité de leur relation autant pour leur look que pour la signification qui leur était destinée. Il n'avait pas été trop loin, trop vite, bien au contraire, Elmo avait su viser juste. Offrir un bijou à une femme représentait symboliquement l'attachement amoureux du donateur, une déclaration amoureuse sans avoir à le dire avec des mots. On offrait pas un bijou de la sorte à une amie, à une simple histoire de coeur qui se terminerait sans avoir à le dire, Elmo avait mis, sans peut-être même le savoir, plus de sérieux autour de leur relation qui commençait déjà à prendre forme plus concrètement, confirmant sans le lui dire à la brune qu'il ne se lassait pas d'elle aussi rapidement qu'il pouvait se lasser des autres, que depuis des mois maintenant ses pensées avaient été occupées par le visage de Bella. Mais devant la réaction de cette dernière, il se montra nerveux, pas certain d'avoir fait le bon choix, alors que Bella était visiblement touchée par son geste. Elle tentait de le rassurer du mieux qu'elle le pouvait, ce qui sembla fonctionner à en croire le petit rire gêné du barista. Elmo avait attrapé une roche bien trop grosse pour la main de Bella, lui demandant si elle avait accepté de porter un truc aussi gros que ça, teinté d'une multitude de couleurs, faite par ses soins. Bella grimaça. « Euh, ouais », mentit-elle avant d'éclater de rire. « Ok, peut-être pas si ça avait été aussi gros et aussi coloré... » avoua la brune en haussant les mains, comme si c'était hors de son contrôle, avant d'ajouter : « Mais ! Je l'aurais mis dans ma chambre, genre devant mon lit, pour le regarder avant de m'endormir quand t'es pas là. C'est bien, non ? », gloussa la Costaricaine. Elle s'éclipsa ensuite l'espace de quelques secondes avant de revenir vers lui avec des cadeaux enveloppés soigneusement, demandant à Elmo de choisir le premier à ouvrir. « t’inquiètes, je t'ai pas fait de poème awkward », le rassura-t-elle, rassurée elle aussi de ne pas s'être laissé tenté par un message d'amour beaucoup trop romantique pour lui. Elmo, lui, comme pour cacher le malaise qu'il aurait pu y avoir, débouchonna le mousseux et trinqua à leur anniversaire. « À nos 22 ans », répéta-t-elle en venant frapper doucement sa coupe contre celle du brun. Puis, elle lui tendit la fameuse première boite, celle qui contenait le parfait ensemble de gaming par excellence. Elle lui avait offert un jeu vidéo, celui qu'elle l'avait surpris zieuté sur twitch, des bonbons, un pyjama, bref, un kit pour journée pluvieuse à la maison en solo. Ça, c'était sans doute le plus impersonnel des présents qu'elle lui offrait. Dans cettedite enveloppe bleue se cachaient deux billets de concert pour un groupe de musique qu'ils aimaient tous les deux, qui se représentait pas très loin de Bowen le weekend prochain. L'autre boîte, elle, cachait un déshabillé que Bella avait prévu de porter ce soir, avant de se lancer ce foutu défi leur empêchant de consommer leur amour.

Ils plaisantaient présentement à propos d’Elmo, tous les deux, mais la conversation aurait très bien pu être de l’autre côté. Si les filles ignoraient effectivement que le cœur de l’italien était pris et qu’elles continuaient donc sans gêne de lui tourner autour, c’était totalement le cas pour Bella aussi. Les mecs de l’université étaient sans doute toujours là à l’attendre à chaque détour de couloir, et Elmo n’était même plus là pour en témoigner. Il pouvait cependant affirmer que c’était le cas, parce que même hors des murs du campus, Bella continuait de faire tourner toutes les têtes. Pas que celles des hommes, d’ailleurs. L’italien se montrait sans doute de plus en plus possessif, mais ils en étaient encore bien trop au stade embryonnaire de leur relation pour qu’il se permettre de transposer sa jalousie sur ses gestes. Il ne passait donc pas sa main autour des épaules de la belle pour marquer son territoire, en quelque sorte, non. Il bouillait de l’intérieur mais ne disait rien. Au fond, Bella et lui étaient pareils, c’est juste qu’elle se plaisait à le lui faire remarquer avec des blagues sous-entendues, alors que lui se taisait. « Si j’avais pas besoin de toi tu crois que je passerais autant de temps chez toi ? C’mon, Holly va bientôt me réclamer le tiers du loyer, j’parie. » Et Elmo avait déjà tellement de mal à payer le sien, avec son maigre salaire de barista, qu’il n’allait quand même pas se mettre à payer pour son occupation de ce logement-là non plus. Heureusement que tout cela n’était que plaisanterie et qu’il savait bien que Holly ne ferait pas ça, même s’il était peut-être vrai qu’il était peut-être trop omniprésent ici. Quand Bella le mit au défi de repartir, Elmo rit en haussant les sourcils. « Dois-je te rappeler ce que ça donne, quand tu me mets au défi de quelque chose ? » Demanda-t-il. Il suffisait de se rappeler, une heure plus tôt, quand ils s’étaient mis au défi de se résister pour la nuit. Elmo acceptait tous les challenges de ce monde, des plus stupides aux plus sérieux. Par chance, il n’accepta pas ce défi-là et ils passèrent plutôt aux cadeaux. C’était un sujet à priori moins sensible, et pourtant ils trouvèrent le moyen d’engendrer une petite dispute voilée par les blagues, encore. La conclusion fut que Bella était un monstre, conclusion de sa part à elle en tout cas. Elmo ne pensait évidemment rien de ça. « Tu me fais un remake des Trois p’tits cochons, là ? » Demanda-t-il en riant, avant de l’embrasser et de se lever pour aller chercher son cadeau. Après avoir momentanément remis en question le pendentif, trop mielleux peut-être comme présent, Bella le rassura. Il se permit donc de se moquer un peu plus encore de lui-même, prenant cette roche en exemple de ce qu’il aurait pu choisir. La costaricaine éclata de rire, ce qui fit rire le barista à son tour. « Bon, tu vois ! » Lâcha-t-il, fier d’avoir prouvé son point. Elle lui assura cependant qu’elle l’aurait précieusement gardé dans sa chambre. « Là où personne d’autre que toi ne pourrait le voir, ouais, c’est ça. » Se vexa-t-il, faussement. Il rit, avant que ce ne soit son tour de recevoir ses autres cadeaux. Évitant un malaise national, ils trinquèrent, avant qu’Elmo n’ouvre le petit boîtier qui contenait tout le nécessaire pour une journée lazy gaming. « The Last of Us ! Ça y est, je démissionne de mon emploi et j’joue à temps plein. » Il sourit, bien sûr qu’il blaguait, un peu. C’est le genre de truc qu’il aurait pu faire s’il était resté en Italie. Pas ici. « Merci … J’espère que dans c’plan-là, y’a toi qui est couchée à côté de moi sur le divan, pendant que tu étudies ou j’sais pas … » Il aurait alors vraiment tout ce qu’il fallait. Le confort d’un pyjama, la gourmandise des bonbons, le jeu vidéo par excellence, et la petite amie tout aussi excellente. Cette dernière lui tendit finalement l’enveloppe, dans laquelle Elmo découvrit des billets de concert pour leur groupe préféré en commun. « Woh, t’as réussi à avoir des billets ? C’est drôle, j’voulais t’offrir exactement la même chose, mais j’ai pas pu trouver à temps. » Il n’y avait que des reventes, et le prix était trop élevé pour son budget. Il avait dû renoncer à l’idée. Finalement, la dernière boîte renfermait un déshabillé qu’il découvrit avec mélange d’excitation et de regrets. De regrets parce que : « Faudra vraiment que j’attende avant de te voir dedans, hein ? Parce que clairement si tu vas l’enfiler maintenant, je perds. Et je perds jamais. » Fuck.

Elle avait placé les boites stratégiquement entre ses mains, la plus grosse sur le dessus comme si elle avait pu se douter qu'il la choisirait d'abord. C'est que la lingerie fine qu'elle avait choisi pour lui était le clou de ses présents, il aurait été dommage de gâcher son effet de surprise en lui laissant la choisir d'abord. Bella avalait sa première gorgée de mousseux, laissant à Elmo le plaisir de découvrir le contenu de la boite. Non, ce n'était pas un poème trop romantique et, mis à côté de ce que l'Italien avait préparé pour elle, c'était sans doute bien ordinaire, mais il souriait, semblait heureux de l'attention qu'elle lui avait porté. Elle n'y connaissait rien, Bella, dans ces jeux semi-barbares et ce même si elle avait vécu dans un monde de garçons. C'est qu'à la maison, lorsqu'elle jouait à la console, c'était plutôt Mario qui emportait. Dès que ses frères lançaient des jeux trop violents, elle disparaissait, préférant nettement la balançoire derrière la maison. Elle n'y connaissait rien, mais elle savait écouter. Non seulement il lui avait cassé les oreilles avec cette sortie, mais il lui avait aussi fait part de sa situation financière et que le loyer était plus important qu'un nouveau jeu. Elle ne doutait pas que l'ex-étudiant finirait par craquer. Seulement, c'était elle, qui avait craqué pour lui. Elmo la remercia aussitôt, laissant espérer à voix haute que dans son plan parfait, elle y était, quelque part pas trop loin de lui. Bella lui sourit. « Tu sais bien que si j'suis près de toi, je mangerai tous les bonbons », gloussa-t-elle, mettant en évidence sa dent sucrée. « Puis, je risque de te déconcentré dans tes quêtes. » Ça s'était ce que ses frères disaient, les seules fois où elle se tentait de rester dans le salon pendant leur temps d'écran de Mortels combats. Afin de faire durer le plaisir de la dernière boite plus longtemps, Bella choisi l'issue du prochain présent. Et déjà, il s'exaltait devant ce qu'il en découvrait. Elle hocha la tête quand il commenta la chance qu'elle avait eu. « Je suis restée éveillée toute la nuit pour les avoir. » En ne manquant pas de rafraîchir la page d'accueil de la billetterie chaque cinq secondes. Ça avait porté fruit, parce que, elle, elle avait réussi à mettre la main dessus une paire de billets qui, bien évidemment, lui appartenait. « Vega sera sans doute heureuse de t'accompagner. J'sais qu'elle les aime aussi », fit remarquer la brune en souriant. Ce n'était pas parce qu'ils avaient ce groupe en commun qu'il était obligé d'y aller avec elle. Et puis, ça faisait peut-être trop amoureux pour eux, de louer un airbnb à l'extérieur de la ville pour un weekend, de publier des stories du concert accompagné l'un de l'autre. Pour la subtilité, on pouvait bien y repasser. La dernière boite fut finalement entre ses mains, celle qui cachait le clou de son plan diabolique. Dedans, un déshabillé de dentelles noires, dont le tissu presque transparent ne laissait pas place à l'imagination, était enveloppé de papiers de soie blancs. « J'imagine que oui », fit Bella en réponse à la question de l'Italien. « Moi non plus, je perds jamais. » Elle haussait les épaules, sirotant sa flute de mousseux.

hrp:

Elmo haussa les épaules quand Bella lui dit que si elle restait près de lui pendant qu’il jouait, elle finirait par tous les manger. « Si c’est le prix à payer … » Il sourit. Mais lui aussi avait la dent sucrée alors il ne laisserait pas le temps à Bella de tous les manger, elle était plutôt là, la vérité. Ils se goinfraient ensemble, tout simplement, et cela rendrait juste le moment encore plus magique pour lui. Bella ajouta ensuite qu’elle risquait de le déconcentrer dans ses quêtes. « Tu sais qu’on peut mettre pause, sur ces trucs, hein ? » Demanda-t-il pour se moquer d’elle, avant d’hausser les sourcils en prenant un petit air résigné. « Mais c’est bon, j’ai compris, pas besoin de trouver des excuses, tu ne veux pas me regarder jouer … » Se victimisa-t-il. De toute façon, il n’avait même pas demandé à ce qu’elle le regarde jouer, juste d’être là. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait, Bella : parcourir les réseaux sociaux sur son téléphone, lire un bouquin, réviser ses cours, peu importe. Ils n’avaient pas à tout faire ensemble, mais sa présence lui était agréable. Elmo ouvrit ensuite son troisième cadeau de la soirée, des billets pour un groupe qu’ils adoraient, billets sur lesquels l’italien n’avait pas réussi à mettre la main. « Moi aussi, mais c’était sold out quand j’ai quitté la file d’attente. J’parie que t’étais juste devant moi … » Se plaignit-il. Mais au fond, ils les avaient, leurs billets, alors autant se réjouir. Pourtant, Bella releva qu’il pouvait y aller avec Vega, puisqu’elle les aimait aussi. Elle parlait même comme si la décision était déjà prise, disant que sa meilleure sera contente. Elmo secoua la tête. « C’est avec toi que j’ai envie d’y aller. » Et il savait qu’elle aurait été triste du contraire, même si elle tentait de le faire aller avec Vega. Dans sa tête à lui, la question ne se posait même pas. Elle lui offrait la paire de billets, ils adoraient ce groupe, ils étaient ensemble, clairement il n’allait pas en inviter une autre. Même si Vega aurait effectivement adoré. Ce ne serait que partie remise avec sa meilleure amie. Prochaine fois, ils pourraient même y aller tous ensemble, puisqu’apparemment Bella et Vega étaient désormais des copines. Bref, le dernier cadeau fut enfin dévoilé et Elmo découvrit avec plaisir le contenu de la boîte, qui était un présent pour eux deux, au fond. Mais ce cadeau-là attendrait à plus tard … pour l’orgueil d’Elmo ! « Alors on ne perdra ni l’un ni l’autre. » Dit-il en rangeant délicatement le déshabillé dans sa petite boîte. « Mais crois-moi que je vais le ressortir bientôt, très bientôt, ce cadeau … Peut-être jumelé avec un des petits cartons de tout à l’heure … » Il esquissa un sourire plein de malice, avant de boire à son tour une gorgée de son mousseux.

Son rire s'intensifia quand Elmo lui assurait que c'était le prix à payer, qu'elle s'engouffre de toutes ces sucreries avant lui. Et, une part d'elle se vit touchée par la réaction d'Elmo qui, plutôt que de lui confirmer que c'était une mauvaise idée qu'elle soit à ses côtés, tentait de lui faire voir que ces moments, il les voulait. Il voulait de sa compagnie, un peu toujours, même quand ils étaient vautrés tous les deux à faire leurs petites affaires l'un à côté de l'autre, chacun dans leur bulle. C'était ça, le déclic de leur relation. Si, au début, ils se voyaient en secret pour faire l'amour, ne pouvaient se passer de la chaleur du corps de l'autre, aujourd'hui, c'était leur simple présence qui faisait du bien, le reste, c'était bonus. Puis, il ajouta que ce genre de jeux avaient l'option de mettre en pause, si vraiment elle le déconcentrait et que la tentation de la retrouver serait trop forte, bien vite suivie de son air de chien battu pour l'amadouer. Bella sourit davantage, mais cette fois gênée à la fois de découvrir que ses frères l'avaient embobinés toute leur enfance, mais aussi de peut-être l'avoir blessé dans son orgueil de mâle qui voulait partager une passion avec sa petite amie. « Mais, j'en sais rien moi... Al et Manny ont toujours dit que pause ça existait pas... » Surtout quand leur mère les appelait pour manger ou quand Bella réclamait l'attention de l'un ou de l'autre. « Mais maintenant que je sais que le bouton pause existe, Elmo, je risque d'en profiter un peu », laissa-t-elle entendre, alors qu'elle lui souriait franchement. Leur relation, c'était aussi ça, maintenant, d'être toujours un peu collé l'un à l'autre, sans vraiment l'être. Et flâner dans le lit d'Elmo pendant qu'il jouait à un jeu vidéo, ce n'était pas désagréable. Il pourrait peut-être même lui apprendre, un jour. Et même si elle ne serait sans doute pas douée, Bella était déterminée, elle ne lâcherait pas sans avoir atteint un résultat acceptable. C'était ce qui l'avait d'ailleurs motivée dans la file d'attente pour l'achat des billets, sa grande détermination. Elmo, lui, avait flanché avant l'obtention de son gain. Elle se pencha vers lui pour lui offrir un doux baiser rapide. « Avoue que t'es jaloux ? », rigola-t-elle. Au fond, oui, il les avait ses billets. Et s'il en avait acheté aussi une paire, ils en auraient eu quatre à combler plutôt que deux. Au fond, c'était un mal pour un bien. Bella, elle, ne prenait pas pour acquis que ce weekend lui serait destiné. C'était son cadeau, il pouvait bien inviter qui il voulait et s'il souhaitait partager l'expérience avec Vega qui, à l'occurrence, connaissait toutes les paroles des chansons du groupe par coeur, elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Évidemment, elle avait rêvassé à l'idée qu'il la choisirait et qu'ils profiteraient de ce weekend pour officialiser encore plus leur relation, un moment d'escapade en amoureux qui leur ferait du bien et qui, cette fois, ne serait pas teinté de ce jeu stupide de qui flanchera le premier. Pitié. « Vraiment ? », demanda Bella en souriant. « Je comprendrais si tu voulais y aller avec Vega, hein, j'ai pas pris deux billets pour que tu m'invites... », tenta-t-elle de se justifier. L'heure de la dernière boite arriva, celle qui renfermait son arme fatale pour la soirée. Avec ce cadeau, elle était certaine de gagner. Mais, pourtant, Elmo semblait solide, fort, trop fort, même. Et il désigna qu'aucun d'eux n'avait alors à perdre, repliant le morceau de lingerie fine dans la boite. « Alors tu le ranges comme ça, sans trop de remords ? Really ? » Elle gloussa, le regardant faire. « T'as tes règles Santavenere ? Ou tu fais de la fièvre ? », fit-elle en tendant sa main pour feinter de prendre sa température. « J'aurai ni mon birthday sex, ni mes cadeaux alors », maronnait Bella, un sourire au coin des lèvres.

Un rire des plus sentis s’échappa d’entre les lèvres d’Elmo alors qu’il apprenait que les frères Garcia avaient fait croire à leur sœur que mettre pause sur un jeu, ça n’existait pas. « Si tu joues en co-op local ou en solo, tu peux laisser sur pause autant que tu veux … C’est si tu joues online que ça pose problème mais … permets-moi de te dire que tes frères ne devaient pas jouer online quand ils t’ont appris ça … » Lança-t-il moqueur, puisque sur console le mode online n’était pas arrivé avant les années 2000, du moins pas les modes onlines accessibles et populaires tels qu’ils étaient aujourd’hui connus. « Damn me, j’aurais dû faire perdurer le mensonge de tes frères. » Dit-il en levant son poing dans les airs, avant de rire. « Profites-en autant que tu veux … Surtout si c’est pour des pauses sexe. » Il la regarda avec un sourire tout fier, avant de s’avancer vers elle pour l’embrasser. Le prochain baiser fut échangé après que Bella lui ait donné les billets pour le concert, que lui n’avait pas réussi à avoir. « Jaloux et heurté dans mon orgueil, ouais … J’suis habitué de gagner. À tout. » Dit-il, boudeur. Mais l’important était qu’ils iraient, à ce concert, et ensemble. Pas question qu’Elmo invite qui que ce soit d’autre qu’elle. Ils pourraient transformer cette sortie en week-end en amoureux. Pourtant, Bella en doutait fortement, ne cessant de réitérer qu’il pouvait inviter qui il voulait. « Maaais, woman, comment dois-je te le dire ? C’est toi, toi, rien que toi, que je veux amener là-bas. Si t’existais pas, ok, peut-être que j’irais avec Vega, quoique non, puisque j’aurais même pas eu de billets. Mais peu importe, t’existes. Alors tu viens avec moi. » Lâcha-t-il, encore plus affirmatif et ferme cette fois. Il ouvrit ensuite son tout dernier cadeau, le plus tentant, le plus cruel aussi, sachant le défi qui régnait encore entre eux pour la nuit. « Really. Tu devrais te réjouir, ça veut dire que je suis pas avec toi que pour ton corps. J’peux passer une nuit avec toi sans y penser. Enfin … non. Je risque d’y penser. Mais sans agir … » Il sourit, repoussant sa main dans un rire alors qu’elle feignait de prendre sa température. « T’auras ton birthday sex demain matin. Et watch out, ce sera tout un birthday sex. J’aurai toute une nuit à rattraper en un seul réveil. » Il était fort mentalement, Elmo, oui. Parce que refuser de voir Bella dans ce déshabillé pour mieux le lui retirer, ça demandait tout venant d’un homme qui pensait plus souvent avec sa queue qu’avec sa tête. Si ce n’était pas signe d’évolution, ça.

Bella le regardait avec des yeux qui transmettaient ses pensées : elle n'y comprenait rien, mais alors rien du tout. Online, co-op, c'était un langage qu'elle ne parlait pas. Mais ce qu'elle comprenait du discours de son petit ami, c'était qu'on l'avait un peu pris pour une conne toute leur enfance. « Est-ce que tu es en train de douter de l'amour que mes frères me portent? », fit Bella sur un ton offusqué, alors qu'elle ne l'était pour le moins du monde. Mais entre eux s'était instauré un ton taquin dont elle aimait bien se jouer. Elle le mit ensuite en garde de l'erreur qu'il venait de faire en lui précisant la vérité. Pause, ça existait. Elle n'avait pas encore bien saisie quand et comment ça fonctionnait, mais elle avait bien compris que ça existait. Et elle en profiterait. Pour des pauses sexe, oui. Mais aussi pour toutes autres pauses. Pause taquinerie, pause dérangement, pause acharnement, pause moquerie, pause torture, pause discussion, toutes les pauses qu'il pouvait s'imaginer. Il avait raison de s'en vouloir. La brune gloussait, le voyant faire. « T'aimerais trop ça, pour la forme j'ai plutôt envie de te déranger un peu n'importe quand pour rien de bien impportant », répondait-elle dans un clin d'oeil alors qu'il s'avançait vers elle pour l'embrasser, ce à quoi elle répondait sans hésitation, inévitablement attirée par lui. Son lui, pour une fois.

Et cette fois n'était pas n'importe laquelle, c'était leur soirée d'anniversaire, en amoureux, rien qu'eux, avant de célébrer le tout entouré de leurs amis communs qui, sans doute, se doutaient d'une relation entre les deux jeunes gens, mais qui n'avaient pas été mis au parfum de l'officialisation de cette dite histoire. Et pour célébrer comme il le fallait, évidemment, Bella n'avait pas que prévu une boîte de surprises réconfortantes. Elle lui avait aussi acheté un cadeau plus personnel, quelque chose qui les représentait tous les deux. C'était peut-être aussi un clin d'oeil à leurs retrouvailles l'été dernier, au festival de musique de Brisbane et au moment qu'ils avaient passé plus dans la chambre de la Costaricaine que devant la scène de leur groupe favoris. Histoire de remettre l'expérience, mais cette fois en assistant au show, Bella leur avait procuré deux billets pour ce groupe tant aimé. Mais, au fond, il voulait peut-être profiter de l'expérience avec quelqu'un d'autre, ce qu'elle lui proposa, ne lui imposant pas de l'inviter. Il s'offusquait presque, Elmo, décrétant qu'elle existait alors elle l'accompagnerait. La brune lui sourit en guise de réponse. « J'imagine que je n'ai rien à dire, ta décision est prise », fit-elle, moqueuse. Ça lui faisait tout de même un petit velours au coeur de savoir qu'il voulait qu'elle l'accompagne. Et peut-être qu'ils en profiteraient pour passer le weekend ensemble, là-bas, amoureux.

Le dernier cadeau, c'était la torture extrême. À la défense de la belle brune, elle n'aurait jamais cru qu'il aurait accepté ce pari stupide. En fait, oui, elle savait qu'il accepterait. Mais elle avait plutôt douté de la résistance de l'Italien. Cependant, il semblait déterminé à lui résister. Elle aurait pu craquer, Bella. Mais ça aurait été contre son esprit fort compétitif. Et, au fond, c'était vraiment ridicule. Ils s'empêchaient de s'aimer, parce qu'ils avaient trop de fierté. « J'sais pas », gloussait Bella alors qu'Elmo criait à l'injustice. « J'dois te rappeler que tu m'as décrite comme un monstre tout à l'heure? Si j'ai une personnalité de merde, faut au moins que tu sois avec moi pour mon corps. » Elle riait, Bella. Évidement qu'il y avait du désir et de l'envie entre eux, une attirance surhumaine. C'était ce qui les avait rapproché, de prime abord. Mais il y avait aussi plus que ça. Sans quoi, ils se seraient essoufflés, épuisés, lassés, et auraient trouvé un autre corps à consommer. La preuve était là, devant leurs yeux, ils s'aimaient, probablement plus que ce qu'ils osaient le dire. « Comme tu veux », fit-elle en hochant la tête, le regardant poser sagement la boite à ses côtés. Puis, elle vint se lover contre lui, regardant les étoiles qui se dessinaient au loin, se perdant dans les confidences et dans les plaisanteries jusqu'à ce que le mousseux fasse effet et que la soirée s'épuise.

Ils retrouvèrent le lit vers les environs d'une heure du matin, sans pour autant avoir craqué physiquement. Quelques caresses, quelques mains baladeuse s'étaient permises de s'immiscer entre eux, mais rien de plus. Les minutes passaient, Bella sentait la respiration d'Elmo contre son cou. Et si sa tête lui disait d'attendre que les oiseaux se mettent à chanter pour le réveiller, son coeur lui ne pouvait plus attendre. En vrai, c'était déjà le lendemain, ils avaient donc gagné leur pari. Non? Tant pis. Elle s'était retourné, embrassant les lèvres endormies de l'Italien, attendant qu'il ouvre les yeux pour lui faire part, de son sourire, de son idée folle. « On a gagné », fit-elle savoir avant de se retrouver comme ils savaient si bien le faire. Et peut-être que cette nuit-là, un ou deux je t'aime volés s'étaient glissés dans leurs retrouvailles.

fin