(-18) here we are, under the stars (jacketh)

Tout ce qu'elle avait fait depuis le début de la soirée était à des miles de sa zone de confort. Déjà, en s'inscrivant sur cette appli de rencontre, Beth avait franchi les limites de ce qu'elle connaissait, s'exposant à la drague et au flirt d'une façon dont elle était encore plus novice que les traditionnelles. Alors, qu'en était-il de ce rendez-vous ? De ce baiser enflammé au sommet de la grande roue qui l'avait fait senti femme à nouveau, qui avait réveillé ses envies, des millions de papillons dans son bas ventre qui décuplait ses désirs. Et tout ça, c'était grâce à lui, au bel acrobate qui avait su lui parler, la couvrir de compliments, comme s'il avait su exactement ce qu'il fallait dire pour la faire craquer, exactement ce que la jeune maman avait besoin d'entendre. Son corps laissait peut-être encore à désirer, elle était sans doute bien moins expérimentée que ses conquêtes habituelles, mais il lui donnait l'impression que tout ça ne comptait plus, qu'elle était la seule à ses yeux ce soir. Et quand bien même que ça serait faux, Beth mettait des œillères, préférant croire qu'elle pouvait représenter ça pour un homme au moins une fois dans sa vie, même si ça n’était que de façon éphémère. Baiser passionnel qui se termina sur deux corps essoufflés, la main de Jackson sur la cuisse de Beth qui ravivait ses idées folles et des regards complices. Il proposa de quitter la fête foraine, elle accepta, sans même réfléchir, sans même se poser de questions, sauf peut-être une : Où ? Où allaient-ils ? Il proposa chez elle, mauvaise idée. Milo et Azriel ne la lâcheraient, ne la laisseraient même pas entrer avec un mec sans le cuisiner. Chez lui ? Peut-être, mais elle ne savait pas s'il vivait seul. Et elle ne savait pas ce qu'elle était supposée faire, après l'amour, si acte il y aurait. Devait-elle passer la nuit-là ? S'éclipser en disant merci ? Tout ça, elle n'en savait rien. Ou bien, il y avait la falaise, là où ils pourraient se garer sous les étoiles, comme l'avait proposé Jackson avec un sourire qui disait que cette idée lui plaisait déjà. « Suis-moi », avait-elle accepté, hochant la tête. La nacelle retrouva le sol, ils avaient tenté de demeurer chastes pour les yeux curieux qui se posaient sur eux, mais la chevelure décoiffée de Beth trahissait leurs actions au sommet de l'attraction. Elle les replaça d'ailleurs furtivement avant de prendre la main de Jackson pour le guider à sa voiture.  

Chacun de votre côté, vos logements respectifs vous auraient imposé des limites que vous ne vouliez pas avoir. Si du haut de cette nacelle, vous aviez fait preuve de retenue parce que vous étiez malgré tout dans un lieu public, vous n’alliez certainement pas chercher à vous censurer lorsque vos corps s’enflammeraient pour de bon. Pour cette raison, tu proposas d’aller vous garer sur le haut de la falaise – quitte à passer cette soirée en altitude, aussi bien monter plus haut, toujours un peu plus haut. Le septième ciel n’en serait que plus près. Beth accepta ton idée et t’ordonnas doucement de la suivre. Un sourire se dessina sur tes lèvres quand elle ouvrit la barrière de sécurité de la nacelle maintenant de retour au niveau du sol. Tu attrapas la main qu’elle te tendait, en riant, accélérant le pas vers sa voiture. T’étais persuadé que ton désir ne redescendrait pas de sitôt, Beth n’était pas le genre de femme pour qui on n’éprouve qu’une envie passagère ou aléatoire, mais t’avais quand même pas l’intention de te montrer davantage prudent. Tu montas du côté passager, soulagé qu’elle ne t’ait pas demandé de conduire pour une raison x ou y. Premièrement, tu détestais conduire et tous tes proches pourraient affirmer détester, eux aussi, que tu conduises. Deuxièmement, t’avais aucune idée de la route à prendre pour rejoindre la falaise et, surtout, tu savais que t’aurais de toute façon eu de la difficulté à garder tes yeux sur la route. Tu caressas la peau de la main de Beth pendant le déplacement, puisque t’avais remmêlé tes doigts aux siens dès qu’elle se mit à conduire à une seule main. Quand elle se gara, à quelques mètres du bord de la falaise, face à l’océan et sous les étoiles, tu tournas la tête vers elle avec un sourire. C’était le silence une fois le moteur coupé, que le bruit des vagues sous vos pieds et le vent plus fort ici-haut venaient briser le calme. « Tu veux aller regarder les étoiles un peu, s’il fait pas trop frais ? » Vous étiez habillés pour la fête foraine, pas forcément pour être à l’un des plus hauts points de Bowen, mais la vue devait être à couper le souffle en début de nuit.

Au sommet du monde, au sommet de Bowen, elle s'était sentie à l'aise, comme si l'altitude lui était montée à la tête. Pourtant, ils n'étaient pas si haut, pas assez pour que cette élévation ne lui brouille les idées. C'était l'effet que Jackson avait sur elle, tant elle demeurait la timide qu'elle était, tant elle tentait de laisser ressortir son côté femme, son côté séductrice, celui qu'elle ne pensait pas être en mesure d'avoir, mais qu'elle découvrait après à peine quelques heures avec l'acrobate. La nacelle retrouva le sol, ils s'enfuirent tous les deux, elle l'attira par la main jusqu'à son véhicule dans lequel ils disparurent du site du parc d'attractions pour retrouver les routes de la ville jusqu'à la falaise. Elle n’y avait jamais mis les pieds, Beth, n'avait même aucune idée du chemin à engager pour la retrouver, mais on lui avait dit qu'elle surplombait la ville et elle la suivait de loin, des yeux, jusqu'à trouver la route, sa main gauche sur le volant, la droite dans celle de Jackson. « T'as déjà vu la vue du haut de la falaise ? », demanda Beth durant le trajet en voiture, impatiente non seulement d'y être pour retrouver les lèvres de Jackson, mais aussi pour y découvrir le paysage. « C'est à la hauteur de tes attentes ? », demanda-t-elle, en espérant qu'il réponde non et qu'il préfère à nouveau la vue qu'elle lui offrirait plutôt que celle qui se dépeindrait devant eux. Elle quitta la route des yeux une fraction de seconde pour le regarder, un sourire moqueur, avant d'y reporter son attention pour finalement arriver au sommet de la falaise, garant sa voiture sous les étoiles. Beth coupa le moteur, le silence s'installa, la nuit ne faisait aucun bruit, c'était plutôt la mer qui s'agitait tout en bas et qui résonnait jusqu'à leurs oreilles. Jackson proposa d'aller explorer le ciel, reconnaissant bien là un amoureux des hauteurs et un rêveur dans l'âme. « Si j'ai trop froid, tu pourras me réchauffer », lança la brune en ouvrant déjà sa portière pour découvrir les milliers d'étoiles qui se dessinaient sous leurs yeux, là, juste au-dessus de leurs têtes. Le spectacle était magnifique, à couper le souffle, elle n'avait pas accès à ce genre de beauté à Londres, les lumières étaient trop fortes pour lui laisser le plaisir d'entrevoir autant de petits fragments argentés dans le ciel. « J'ai envie de les toucher », murmura-t-elle en s'approcha de Jackson, croisant les bras sur sa poitrine parce que la brise, en effet, était fraîche au sommet.

Alors que Beth te demandait si tu avais déjà vu la vue, du haut de la falaise de Bowen, tu secouas la tête avec un sourire. C’était dingue, t’étais ici depuis bientôt un an, et t’avais pas encore pris le temps de tout découvrir de cette ville. T’avais tellement été habitué de passer comme une étoile filante à travers les différents endroits de ce monde, que t’avais jamais vraiment eu l’intérêt de t’attarder aux détails. Mais Bowen n’était plus une ville parmi tant d’autres, elle ne tenait pas sur une ligne entre plusieurs autres destinations sur le planning d’une tournée. Bowen était devenue ta ville. Tu lui devais plus que d’agir en simple passager. « Non … » Tu esquissas un sourire en la regardant. « J’espère qu’on y verra quelque chose même si la nuit est tombée. » Vous verriez sans doute la fête foraine toute illuminée, au moins. Tu ne discernerais sans doute pas l’endroit où la mer et le ciel se rejoignaient, sans doute que ces deux horizons-là se confondraient, mais ça te donnerait simplement une bonne excuse pour y retourner. Avec Beth, qui sait. « Et toi ? » Tu lui renvoyas la question, justement pour prévoir une seconde tentative si jamais la vue n’en valait pas autant la peine de nuit. Tu ne t’inquiétais pas là-dessus, aucune déception n’était vraiment possible, parce que soyons honnêtes ce n’était pas tant pour le paysage que tu avais proposé à Beth de t’y rendre. C’était pour le calme, pour l’intimité, pour elle qui colorerait le portrait peu importe le crépuscule. La voiture montait toujours un peu plus sur la route sablonneuse qui menait jusqu’au haut de la falaise. Beth te demanda si c’était à la hauteur de tes attentes. Tu souris. « Le moment l’est. » T’étais bien, là, avec elle. T’étais encore mieux maintenant que les lumières étaient éteintes, que le bruit du moteur s’était évanoui vers le silence, et que les étoiles brillaient au-dessus de vos têtes. Une fois sorti de la voiture, tu lui lanças un sourire en guise de réponse au fait que t’allais la réchauffer. Bien sûr que tu le ferais. Qu’elle ait froid ou non, d’ailleurs. Tu contournas la voiture pour rejoindre Beth devant celle-ci. Tu attiras la brunette contre toi, son dos contre ton torse, et tu te posas doucement sur le capot de sa voiture. Tu levas les yeux à la même hauteur que les siens, vers le ciel parsemé d’éclats fragiles, immobiles. Tes bras entouraient son corps, pressant ses bras contre elle-même, pour les réchauffer entre vos peaux. « On dirait presque qu’on pourrait … » Tu emmêlas les doigts de l’une de tes mains dans les siens, puis tu élevas vos bras en une longue ligne au-dessus de vos têtes, comme si tu cherchais à atteindre le ciel. Puis, tu attiras doucement sa main vers tes lèvres, pour y déposer un baiser.

Bowen, c'était un drôle de cadeau, une drôle de découverte. Si au départ elle y était venue pour rejoindre le père de son enfant, partager avec lui cette nouvelle qui allait changer leurs vies, finalement elle avait fait de cette ville la sienne, trouvant au passage une famille qui l'avait accueilli alors que le principal concerné de son arrivée, lui, avait pris le large. Enfin, pas complètement. Si Rafael et Beth ne formaient pas un couple à présent, il demeurait tout de même le père de sa fille et resterait toujours une part entière de sa vie, seulement de façon différente. Rafael était le seul homme avec qui elle avait couché dans la dernière année, le seul qui l'avait touché de cette façon. À son arrivée à Bowen, parce qu'elle lui cachait un secret bien trop gros, bien trop grand, elle n'avait pas été en mesure de les laisser se retrouver intimement, comme si ce qui se cachait dans son ventre était devenu un obstacle entre eux. Et quand le secret avait enfin été découvert, Rafael, lui, avait mis fin à leur relation, n'acceptant pas que sa petite amie, mère de son enfant, lui ait caché aussi longtemps l'existence de leur moitié, le privant alors de toutes les joies de la grossesse partagée. Beth s'était sentie mal, terriblement mal, mais la peur s'était emparée d'elle, la privant de courage. Et depuis, elle ne s'était abandonnée dans aucun autre bras, d'abord parce qu'elle avait la conception que les femmes enceintes ne plaisaient pas, ensuite parce qu'elle croyait fermement que sa nouvelle vie de jeune maman l'empêchait d'avoir un sex appeal quelconque. Tout ça pour dire qu'elle n'avait jamais visité la falaise, jamais vu la vue qu'elle leur offrait, et ce même si elle était arrivée en ville depuis presque un an, même si elle traînait avec des locaux qui lui avaient fait découvrir bien des endroits inédits. Et la brune était bien contente de partager cet instant avec Jackson qui en était, lui aussi, à sa première fois. « Non », fit-elle en secouant la tête. « Tu seras ma première fois. » Et sa première fois à faire l'amour dans la nature, si le destin les amenait jusque là. Mais pour ça, Beth tentait de se mettre le moins de pression possible, elle qui angoissait déjà à l'idée de montrer son corps à un homme aussi en forme que Jackson, son corps qui en avait pris un coup après la grossesse et qui peinait à retrouver sa forme initiale. Peut-être même qu'il ne la retrouverait jamais. Beth sourit à l'aveu de l'acrobate avant d'éteindre le moteur et de profiter du spectacle qui défilait devant leurs yeux, des centaines de petits pois brillants dans le ciel, juste là, au-dessus de leurs têtes. À l'extérieur, yeux rivés sur la beauté du ciel, Jackson l'enveloppait déjà dans ses bras, emprisonnant sa main pour feindre de toucher les étoiles, de les capturer pour les garder pour eux. Beth gloussa, tournant son visage vers celui de Jackson, fixant au passage ses lèvres qui semblaient l'appeler. Lui, il embrassa la main de Beth alors qu'elle, elle ne cessait de fixer ses pulpeuses, finissant par briser la distance pour venir les embrasser, le cou tendu, toujours adossés contre le capot de sa voiture. « Je suis tellement heureuse de partager ce moment avec toi.. »

Tu seras ma première fois. Cette remarque te fit sourire, parce qu’elle était généralement prononcée pour d’autres choses que la visite d’une falaise surplombant une ville. Elle était souvent formulée en lien avec la sexualité, l’alcool ou la drogue, ces vices que Beth avait très certainement déjà touchés, ou du moins effleurés. Tu ne savais pas si elle était du genre à boire ou à consommer dans l’illégalité, ce n’était pas du tout ton cas à toi, mais ton opinion d’elle ne changerait pas même si c’était le cas. Avec sa grossesse et maintenant sa fille dont elle devait prendre soin, tu te permettais tout de même de douter qu’elle s’adonne à de telles pratiques. Bref, peu importait, ce soir il n’était pas question de ces premières fois-là. Toutefois, plus les secondes avançaient, plus tu prenais conscience qu’il s’agirait, sans doute, de votre première fois à tous les deux, ensemble. Le geste d’abord si doux de déposer tes lèvres contre le dessus de sa main fit rapidement grimper la tension sexuelle entre vous. Au fond, vous le saviez l’un et l’autre, que le bout de la nuit se dessinerait de cette manière. Vous l’aviez lu dans le regard et les sous-entendus de l’autre. Et ce baiser échangé tout en haut de la Grande roue n’avait été que l’allumette enflammant l’inévitable incendie. Il n’était d’ailleurs que le premier, et ce fut Beth qui décida d’en ajouter au compteur, approchant son visage du tien sans davantage perturber votre position. Pour l’aider, tu baissas la tête pour venir rencontrer ses lèvres que tu embrassas lentement, doucement, avant que la jeune femme ne s’éloigne tout légèrement pour te murmurer qu’elle était heureuse de partager ce moment avec toi. Tu lui souris. « Moi aussi. J’ai beaucoup pensé à toi depuis le Nouvel an. Souvent imaginé ce moment, aussi. » Tu esquissas un sourire. Tes fantasmes avaient déshabillé son corps, maintenant, il ne restait plus qu’à voir si ton imagination se calquait sur une quelconque réalité. « Mais il est encore plus parfait que tout ce que j’aurais pu imaginer. » Tout en haut de la ville, rois du monde, sous le ciel étoilé, c’était un paysage romantique et intime, mais quelque peu aventureux, aussi. Qui sait quelles autres âmes vagabondes risquaient d’atterrir par ici. La falaise ne vous appartenait pas pour la nuit, même si c’était l’impression que vous donniez à la Lune qui veillait sur vous de sa douce lumière. À nouveau, tu déposas tes lèvres sur celles de Beth et cette fois, d’un geste tendre, tu la tins en place alors que tu te relevais, inversant vos positions. Tu te retrouvas face à elle, l’amenant à s’asseoir sur le capot de sa voiture comme tu l’étais un instant plus tôt. Ton corps se penchait sur le sien sans cesser de l’embrasser, toujours avec un peu plus de fougue.

Ce baiser dans la grande roue avait lancé les dés pour le reste de leur soirée. Ça avait été le coup de grâce, après s'être lancé des piques tout le début de leur soirée, cherchant des sous-entendus au travers de leurs conversations, sous-entendus souvent lâchés par maladresse de la part de la brune. Ce baiser dans les airs, presque au sommet de la ville, presque indécent, avait teinté leurs envies de se retrouver ailleurs, seuls, loin des yeux curieux, loin des gens, tous les deux dans une intimité où seules les étoiles seraient leurs spectatrices. Et ce désir, il avait été partagé, bien que la brune était paniquée à l'idée qu'un homme la retouche de cette façon, après tous ces mois de solitude, après avoir donné naissance à un bébé et avoir vu son corps changer. Cette relation saine avec son physique, elle ne l'avait jamais réellement eu, mais la grossesse était venue enrayer ce qui lui restait de sa confiance en elle. Et peut-être que Jackson, ce soir, pourrait être la clé vers la reconquête d'un amour de soi, d'une acceptation de l'image qu'elle reflétait, lui qui, depuis le début de la soirée, avait eu les bons mots pour la faire se sentir jolie. Jolie et aussi attirante. Dans les étoiles, il y avait ce pouvoir qui semblait donner du courage à la belle Anglaise, assez pour venir rompre le peu de distance qu'il restait entre eux et venir chercher ses lèvres. C'était tellement contre nature pour elle, elle qui ne faisait jamais les premiers pas, mais elle avait cette aisance, avec l'acrobate, que lui seul pourrait lui donner, comme s'il était sa potion miraculeuse. Dans un murmure, Jackson esquissa un sourire empli de confidences, lui qui semblait dire que la belle brune s'était glissée dans ses pensées depuis leur première rencontre, à cette soirée du Nouvel An. Elle ne savait pas quoi adresser d'abord, le fait qu'il avait pensé à elle depuis si longtemps ou le fait qu'il avait imaginé l'embrasser. « Je t'ai autant marqué ? », choisit-elle de dire, ignorant les deux autres questionnements, un sourire taquin au bord de ses lèvres avant que Jackson ne les retrouve à nouveau, la faisant pivoter pour qu'ils changent de position et qu'elle se retrouve sous son emprise, baiser qui témoignait de la fougue qui s'installait entre eux, des millions de petits papillons naissants dans le ventre de la Britannique. Cette fois, alors que le baiser se montrait plus intense que les précédents, Beth gémi contre les lèvres habiles de son partenaire, ses mains qui cherchaient appui contre les joues chaudes de Jackson, corps contre corps. Elle finit par abandonner ses joues pour venir chercher l'une des mains de l'homme et de la guider contre sa poitrine, comme si elle lui donnait le feu vert, qu'elle lui offrait son corps de sa main presque tremblante témoignant de sa peur et de son envie tout à la fois.

Si t’avais toujours eu l’impression d’avoir des ailes parce que tu avais passé une bonne partie de ta vie à virevolter dans les airs, t’adorais les voir pousser dans le dos des autres, surtout si tu pouvais les aider à s’envoler. Quand tu constatas que Beth faisait les premiers pas, qu’elle franchissait des barrières qu’elle semblait s’être mise par elle-même, tu te réjouissais de la voir renaître, d’être témoin de ce précieux moment d’amour pour soi. Et vous aviez aussi de l’affection l’un pour l’autre, ça crevait les yeux depuis le début de la soirée et maintenant, vous ne vous reteniez plus. Il n’y avait aucune raison de continuer dans la timidité et dans les demi-mots. Vous saviez aussi bien l’un que l’autre quel chemin vous étiez en train d’emprunter, et il te tardait de découvrir toute la beauté du paysage qui vous attendait. Et là, tu ne parlais plus de l’horizon dévoilé à vous du haut de cette falaise, non. Tu parlais de cet endroit secret, intime et invisible sauf pour le cœur. Cet endroit où Beth et toi alliez vous envoler. Mais avant, tu lui fis part du fait que ce moment-là, tu l’avais imaginé et redessiné à plusieurs reprises dans ton esprit. Depuis le Nouvel an, il était vrai que Beth avait occupé une place toute particulière dans certains de tes fantasmes. Son regard perçant, mystérieux. Ses cheveux longs qui tombaient de chaque côté de ses épaules. Ses lèvres légèrement entrouvertes comme si des mots risquaient de s’en échapper à tout moment alors qu’elle gardait pourtant un timide silence. Son corps qu’elle n’assumait pas mais qui faisait rêver tes mains désirant le parcourir, le découvrir. Oui, elle t’avait autant marquée. Tu lui souris. « Y’avait plus d’une centaine de personnes au Hendrix ce soir-là, sûrement, et pourtant t’es celle à qui j’ai pensée quand j’suis rentré chez moi et qu’suis allé dormir. » T’étais rentré seul, étonnamment, le soir du Nouvel an, la tête légère et le corps maladroit, mais ton cœur avait tout de suite su se tourner vers une personne que tu voulais revoir, absolument. Et cette nuit, ces retrouvailles-là s’étaient enfin profilées à l’horizon. Horizon dans lequel vous étiez maintenant plongés, sur le point de vous y abandonner. Vos lèvres se retrouvèrent à nouveau, avec une passion qui bousculait l’innocence afin de faire tomber tous les murs entre vous. Tu te penchas sur elle, l’allongeant presque contre le capot de sa voiture, pour la couvrir de baisers. La main de Beth attrapa la tienne pour la guider sur son sein, te suppliant silencieusement de la toucher malgré les doux tremblements de ses doigts. Tu effleuras d’abord sa poitrine, tendrement, avant d’écarter son décolleté pour que ta main puisse rencontrer son sein, peau à peau. Tu sentais Beth tellement fragile par rapport à son corps, alors tu désirais y aller avec le plus de douceur possible, lui laissant tout le contrôle des gestes et du rythme. Lentement, prudemment, ton autre main se glissa sous son chandail et le bout de tes doigts caressaient son ventre, marqué par sa récente grossesse, remontant les fines lignes blanches qu’elle s’imaginait sûrement de son côté, mais dont tu sentais à peine la présence. Tu aimais ce corps, ce corps qui avait du vécu, ce corps fort et éprouvé, ce corps magnifique qui t’embrouillait le cœur et les idées.

Et pour Beth, c'était tellement tout le contraire. Des ailes, elle n'en avait que si peu. Et celles qu'elles avaient, elles étaient timides, se dévoilaient si rarement qu'on pouvait croire qu'elles n'existaient même pas. Parfois, elles la prenaient par surprise, initiant des comportements motivés par ses envies plutôt que la raison qui grondait, comme ce baiser qu'elle avait initié et qui réprimait tout le désir que Beth et Jackson avaient l'un pour l'autre. Seulement, si ses ailes s'étaient montrées un peu plus frivoles avec l'histoire du baiser, elles avaient aussi montré plus de discrétion alors que la discussion divergeait vers cette soirée où ils s'étaient croisés tous les deux et où la brune semblait avoir marqué l'esprit de Jackson. Son sourire se montra tremblant, son visage éprouvait des chaleurs dont les rougeurs de ses joues apparentes mêmes dans le noir pouvaient témoigner. Et des tonnes de questions, aussi, traversaient l'esprit de la brune. Esprit qui se montrait à la fois intimidé et coquin. Il avait donc pensé à elle, ce soir-là, avant d'aller dormir... Quels genres de rêves avait-il faits ? Comment était-elle dépeinte dans ceux-ci ? Avait-il des fantasmes ? C'était impossible. Comment un homme comme lui pouvait rêver d'une femme comme elle, aussi banale que Beth Ellington ? D'autant plus qu'au moment de leur rencontre, elle était très très enceinte. Et aussi, très très hormonale. Elle avait d'ailleurs quitté la soirée seule, triste que son cavalier de la soirée avait offert son premier baiser à sa meilleure copine plutôt qu'à elle, convaincue qu'on ne s'intéressait pas à elle parce qu'elle était beaucoup trop grosse pour être attirante. « Comment.. Comment ça peut être possible ? », osa-t-elle demander toujours écarlate, fragilisée par la gêne. Elle aussi, elle était rentrée seule. Mais tellement pas pour les mêmes raisons. Elle avait essuyé une rupture douloureuse, enceinte jusqu'au cou, convaincue que personne ne s'intéressait à elle. Et si seulement elle avait ouvert un peu plus les yeux, peut-être serait-elle tombée sur Jackson, peut-être aurait-elle pu vivre ce moment avant ce soir, et plus d'une fois depuis. Et, la vérité, c'est qu'elle en avait envie, tellement envie. Jackson put le comprendre, quand il vint reposer ses lèvres contre celles de la traductrice et que la fougue s'empara d'eux. Les gestes parlaient si mieux pour eux, que la brune fut alors prise d'un nouvel élan d'aise, attrapant la main de son partenaire pour la guider, aussi mal qu'elle le pu, vers sa poitrine qu'elle lui offrait. Les émotions étaient pourtant si contraires, d'un côté qu'elle voulait qu'il palpe la pulpe de ses seins, les embrasse et vienne titiller ses mamelons jusqu'à lui procurer des frissons de plaisir, de l'autre elle aurait voulu disparaitre, sentant que ses doigts découvriraient les côtés les plus sombres de ses secrets qu'elle ne voulait plus dévoiler, dont elle avait honte. Et sans même avoir à le lui dire, c'était comme si Jackson avait compris, comme s'il avait prédit qu'elle se braquerait, sa belle Anglaise, s'il saisissait trop fermement l'ouverture qu'elle lui laissait. Il se contenta de poursuivre ses baisers, laissant la main posée sur la poitrine de la brune la caresser avec une délicatesse infinie, la chair de Beth se hérissa sous cette sensation, elle ferma les yeux pour en apprécier toute l'expérience, alors qu'il osait glisser sa main libre sous son t-shirt, là où elle se sentait si vulnérable. Son corps tremblait à cette nouvelle caresse, elle en gémissait de plaisir et d'angoisse alors qu'il parcourait les vallées de marques sur sa peau, celles qu'elle jurait sentir sous les doigts déterminés de son partenaire. Et après un énième soupir, la main tremblante, elle chercha à arrêter Jackson, entremêlant ses doigts à ceux de l'acrobate pour le freiner dans sa course. « Personne ne m'a touché là depuis la naissance d'Ivy... » souffla-t-elle, presque comme une honte. « Personne ne m'a touché depuis que j'ai appris que j'attendais Ivy, plutôt... » C'était douloureux de l'avouer, douloureux de se montrer aussi peu attirante devant un homme qui la clouait sur place tellement il était beau. Elle avait honte, Beth, fuyait le regard de l'espagnol, mais il faudrait bien qu'elle arrête de s'asseoir sur son steak et qu'elle reprenne sa féminité en main si elle voulait un jour retrouver le semblant de femme désireuse qu'elle avait un jour été.

Tu ne mentais pas. Ce soir-là, au Hendrix, Beth avait illuminé la place. Elle n’avait pourtant rien fait de particulier, voilà pourquoi sans doute avait-elle autant de mal à comprendre ce qui avait pu t’attirer tant que ça chez elle. Elle était une femme enceinte parmi un bassin de femmes très jolies elles aussi, sur qui tu aurais pu porter ton attention, si celui-là n’avait pas déjà été tout concentré sur Beth. C’était peut-être l’effet d’une première rencontre, ses sourires complices quand vous aviez réalisé que vous ne connaissiez pas grand monde, ou bien cette absence d’hésitation à avoir décidé de passer la soirée dans les toilettes du bar pour remonter le moral d’une amie – ça, tu ne l’avais appris que plus tard, mais ça jouait quand même dans la balance actuelle. Dans tous les cas, c’était le regard de Beth qui t’avait semblé le plus lumineux de tous, tout en étant si mystérieux en même temps. Enceinte ou pas, elle était magnifique, et son visage t’était revenu pendant tes rêves, cette nuit-là. Rêve qui se concrétiserait très bientôt, à voir vos regards qui dévoraient l’autre et vos doigts qui cherchaient la peau de l’autre. Tu souris en la voyant aussi surprise face à tes paroles. « Y’a certaines choses qui ne s’expliquent pas … » Avanças-tu, tout en avançant ton propre corps vers elle, de quelques pas pour briser la distance. « Mais celle-là, elle s’explique. » Continuas-tu sans perdre ton sourire de plus en plus amusé et séducteur. « Beth, non seulement t’as été l’une des seules à m’adresser la parole aussi rapidement, dans ce groupe que j’connaissais pas du tout, mais tu m’as as aussi fait rire avec tes remarques. Ça a été trop bref pour aller plus loin dans nos échanges, mais j’ai au moins eu le temps d’apercevoir tous les pâles freckles entourant ton nez retroussé, j’ai eu le temps de me perdre dans ton regard envoûtant, et de remarquer que toi aussi, quand tu souris, t’as comme une petite parenthèse qui se creuse dans ta joue, comme moi. » Dis-tu en souriant, portant ton doigt sur ta propre fossette, avant de montrer l’emplacement de celle de Beth qui souriait à son tour. « Et notre soirée de ce soir ne fait que me confirmer tout ce que je savais déjà. You’re very special. » Parfois, les mots sont de plus forts préliminaires que les caresses, et tous les deux vous n’en pouviez alors plus de vous retenir. Tu posas tes lèvres sur les siennes, le capot de sa voiture devenant rapidement un lit improvisé dans votre empressement. Elle guida tes doigts jusqu’à sa poitrine et tu franchis avec douceur le reste du chemin jusqu’à la peau de son sein. Tu exploras aussi son ventre, les légères marques presque imperceptibles contre le bout de tes doigts, écoutant les gémissements à la fois excités et troublés de Beth. Ta main allait terminer sa course au bas-ventre de la jeune femme, mais les doigts de cette dernière s’entremêlèrent aux tiens pour t’arrêter. Tu relevas les yeux vers elle, avec inquiétude et bienveillance les animant. Elle t’avoua que personne ne l’avait touchée de cette manière depuis l’annonce de sa grossesse, ce qui signifiait qu’elle n’avait pas été aimée comme ça depuis plus ou moins un an. Pour toi, ça ne faisait aucune différence, pour toi, c’était juste un moment encore plus beau que de pouvoir lui faire vivre à nouveau ce plaisir-là. Il n’y avait aucune honte à avoir. Mais tu ne savais pas si c’était ce qu’elle ressentait, Beth, de la honte, ou si c’était plutôt le doute ou la peur qui l’habitaient. Alors, tu lui demandas : « Est-ce que tu préfères qu’on s’arrête là pour ce soir ? » Tu te redressas juste un peu. « J’ai vraiment envie de toi, de ton corps, de ta peau, mais … je ne veux pas que tu ailles plus vite et plus loin que ce que t’es prête à aller. » Lui assuras-tu.

C'était difficile de croire que Beth avant tant marqué Jackson à la soirée du Nouvel An, pour plusieurs raisons. D'abord, elle était enceinte et bien moins séduisante ce soir-là que bien d'autres filles au Hendrix. Ensuite, ils s'étaient effectivement seulement parlé que quelques minutes, jusqu'à ce qu'elle ait une envie pressante et qu'elle ne soit pas ressortie des toilettes avant un long moment, épongeant le chagrin de Lys. Et quand elle était sortie, prête à reprendre sa discussion avec qui voulait bien d'elle, elle avait vu sa nouvelle amie embrasser Milo et son coeur, pour une raison qu'elle ignorait encore aujourd'hui, s'était brisé. Elle avait vite fait de quitter le Hendrix et de retrouver le treize, seule, le coeur en miettes. Au fond, ce n'était pas tellement que Lys ait embrassé Milo qui lui avait fait mal, c'était de réaliser que cette soirée, elle l'a passait seule, qu'elle n'avait pas charmé un seul homme et que ce serait sans doute comme ça pour un bon moment, la vie de maman qui prendrait le dessus sur tout. Seulement, elle ne s'était pas rendu compte que Jackson avait un regard différent sur elle. Ça, c'était tout Beth, à ne pas voir qu'on l'admirait, parce que dans sa tête c'était tellement impossible qu'on s'intéresse à elle. Enceinte ou pas, maman ou pas. Elle demanda des explications, dubitative, Jackson, lui, affichait un sourire, brisant un peu plus la distance entre eux. Elle aurait du mal à écouter ses explications, le sourire de l'acrobate était si perçant qu'il semblait l'envouter. Elle aurait voulu s'y perdre des heures, l'admirer, comment était-ce possible qu'un homme comme lui s'intéresse à une femme comme elle ? Il pourrait trouver bien mieux comme compagne pour une nuit, il pourrait trouver bien plus expérimentée, bien plus douée, bien plus extravertie que Beth, Beth la timide, Beth qui rougissait alors qu'il lui laissait entendre ses raisons. Il pourrait avoir bien mieux qu'elle. La brune toucha son nez quand il mentionna les taches de rousseurs subtiles qu'elle y avait. Il avait dû bien l'observer ce soir-là, au travers de la noirceur du bar, parce qu'elles étaient discrètes. Un sourire se posa instinctivement sur son visage alors que sa peau rougissait davantage. Elle baissa les yeux quand il toucha la fossette, comme intimidé face à un tel mouvement bien plus personnel que les baisers échangés plus tôt. Elle leva une main pour venir la poser sur celle de Jackson, caresser ses doigts qui, eux, caressaient sa peau, juste l'instant d'une seconde, avant de laisser retomber son bras. « C'est beaucoup trop », murmura la brune, en retroussant son nez parce qu'elle plissait ses yeux. « C'est tellement beau... J'ai l'impression que tu viens de me faire l'amour juste avec des mots. » Et pour que Beth le dise aussi directement, c'est qu'en effet, ça l'avait touché. Elle rougissait d'ailleurs un peu plus en réalisant ce qu'elle avait dit à haute voix. Et bon Dieu qu'il l'excitait. C'est sans doute ce qui fit qu'elle l'embrassa avec fougue, qu'elle cherchait à lui faire toucher autre chose que son coeur, la chair de sa poitrine qu'elle lui offrait, mais comme ses vieux démons n'étaient pas guéris, dès qu'il toucha son ventre, l'antre de ses problèmes, un frisson d'angoisse l'enveloppa. Jackson recula, demanda sans attendre s'ils allaient trop vite. Beth mordillait sa lèvre. L'envie, elle était toujours là, elle n'avait pas été totalement tétanisée par la peur. Mais la peur prenait aussi beaucoup de place. Et le dire avec des mots, c'était difficile. Encore plus effrayant que la peur qu'elle ressentait. Beth secoua la tête, refusant de les laisser tous les deux sur leur faim. Jackson avait beau être compréhensif, elle avait senti son désir dans leurs baisers. Et elle aussi, elle le ressentait. Elle ne pourrait pas être paralysée toute sa vie, elle n'avait que vingt-cinq ans, elle avait encore bien des années à découvrir, à apprendre à s'aimer et à aimé un autre. Une vie comme celle qu'elle tentait de s'infliger serait bien trop longue. Elle continua de secouer la tête, mais baissait les yeux vers son ventre. « J'ai envie de toi, moi aussi », assura-t-elle. Elle releva les yeux, juste pour s'assurer qu'il était soulagé, puis elle les baissa à nouveau, attrapant le bas de son t-shirt avec lequel elle jouait nerveusement. « Je n'ai pas ressenti ce désir depuis longtemps, mais je n'ai pas envie que ça se termine ainsi... C'est trop bref », fit-elle en référence à ce que le brun avait dit plus tôt, de leur première rencontre. Elle prit une inspiration, puis retira son haut, laissant son sous-vêtement être le centre de l'attention, du moins, c'est ce que Jackson regarda en premier, elle en eut l'impression, il ne semblait pas regarder son ventre marqué par la grossesse et ça lui fit du bien. Mais si elle avait retiré son chandail, c'était pour lui montrer ce dont elle avait peur. Elle attrapa une main de son partenaire, fit glisser ses doigts contre ses fines marques. « Je ne sais pas pourquoi je me laisse guider par cette peur.. J'ai envie que tu... Que tu me touches.. »

T’avais ce regard pour les détails, t’avais cette attention pour les autres, qui faisaient en sorte que même en quelques minutes, même dans une noirceur rompue à quelques moments par des jets de lumière, t’avais effectivement été capable de déceler les petites choses chez Beth. Ces mêmes petites choses que tu lui décrivais afin d’appuyer ton sentiment d’avoir connecté à elle, ce soir, même si tu réalisais tout d’un coup que ça n’avait été qu’à sens unique. Beth n’avait rien vu de tout cela, pour elle, votre rencontre n’était qu’une parenthèse dans sa soirée, et pas une parenthèse de son sourire non, une parenthèse insignifiante, qu’elle avait sans doute relayée au stade de la futilité. Ça ne te faisait pas mal, tu n’en ressentais aucune peine. Tu savais qu’elle avait raison, au fond. Ce n’était qu’un échange éphémère. Pourtant, pour toi, ce n’était pas qu’un moment passager. Ça avait marqué ton esprit, et encore aujourd’hui, t’avais qu’à fermer les yeux pour retourner au Hendrix, retrouver son visage, son regard sombre mais envoûtant, ses taches de rousseur délicates et ses fossettes. Ton souci du détail. Tu souris à sa réplique. « Ce n’est jamais trop. » Jamais trop d’honnêteté, jamais trop de compliments lorsqu’ils sont vrais. Tu ris alors qu’elle t’avouait avoir eu l’impression que tu lui avais fait l’amour avec des mots. C’était beau, ce qu’elle venait de dire, et ça te touchait. Parce que si tes paroles avaient pu se frayer un chemin comme celui-là jusqu’à son cœur, c’était un acte plus grand et plus beau encore que de faire l’amour, à ton avis. Mais le mieux serait évidemment de lui faire vivre les deux, et tu comptais bien couvrir Beth d’un peu tout ça, ce soir. « Et bien maintenant, si tu le permets, je te ferais à nouveau l’amour, mais cette fois avec mon corps … » Renchéris-tu avec légèreté. Tu entrepris donc de la déshabiller avec autre chose que ton regard cette fois, tes doigts se mêlant à la partie qui n’était plus que fiction des rêves. Ceux-ci furent cependant rapidement arrêtés par une Beth aux frissons plus grands que son plaisir. Inquiet, tu t’étais stoppé, ne voulant pas la brusquer davantage. Elle secouait la tête, mais cette fois c’était toi qui avais besoin de mots pour te convaincre. Tu restas donc là à attendre, malgré les mouvements de droite à gauche de sa tête. Ils vinrent enfin, les mots. « Rien ne presse, Beth. On peut reprendre là où on se laisse, une autre fois. » Puis vinrent les gestes, parce qu’elle n’avait réellement pas envie que ça se termine ainsi. Elle enleva son t-shirt face à toi, et si ton attention se dirigea automatiquement vers sa poitrine couverte de dentelles, elle guida tes doigts et ton regard jusqu’aux fines marques sur son ventre. Tu les touchas avec, pour la première fois, la connaissance de leur existence. Le bout de tes doigts en suivait les sillages droits. Tu te reculas de deux pas, pour mieux pencher ton visage vers elle, vers son ventre, et venir déposer tes lèvres contre chacune des marques qui semblaient hanter ses désirs. Doucement, lentement, sensuellement même, tu laissais tes lèvres glisser contre elles, ponctuant les lignes de baisers.

La réalité, c'est que Beth avait du mal à s'apercevoir quand un homme pouvait s'intéresser à elle. Alors, même si ce soir -là, Jackson et elle auraient eu une conversation plus longue, plus profonde, l'Anglaise n'aurait jamais été en mesure de comprendre l'attirance qu'il avait pour elle. Si ce n'était pas de cette application de rencontre qui donnait des ailes, plus forte derrière un écran, elle serait encore convaincue qu'elle n'avait troublé personne, le soir du Nouvel An. Mais derrière l'écran de son téléphone, toute seule dans son lit, ça avait été facile d'entrer en contact avec Jackson de cette manière-là alors qu'elle ne l'aurait jamais osé autrement. Et tant mieux. Tant mieux qu'ils se soient rencontrés de cette manière, des mois plus tard. Beth ne le savait pas encore, mais il serait une figure importante dans son parcours d'acceptation. Les mots de l'acrobate résonnaient dans sa tête, des mots qui lui faisaient du bien, mais qui, étonnamment, l'excitaient à la fois. Elle aurait espéré que ce soit suffisant pour lui faire perdre toutes ses craintes. Mais, malheureusement, il lui faudrait plus. Plus que seulement ça. Plus que ces paroles qui faisaient du bien à son estime. Parce qu'elles étaient fortes, oui, mais Beth avait bâti des murs et des barrières autour de son corps qu'il faudrait abattre, petit à petit, pas à pas. Elle s'était convaincue qu'elle n'était pas désirable, jusqu'à se forcer elle-même à renoncer à ce dont elle avait envie réellement. Et ce soir, ce dont elle avait envie, c'était de Jackson. Il lui disait que rien ne pressait, qu'ils pourraient reprendre tout ça un autre soir, sous les étoiles, quand elle serait prête et son coeur s'accélérait. Non, elle en avait envie, là, ce soir, maintenant. Elle voulait le vivre au complet et pas que des baisers volés au sommet de la falaise. C'est ce qui la motiva à prendre les devants, aussi maladroite qu'elle le pouvait. Et de cette invitation, ayant retiré son haut, elle lui donnait le feu vert pour la suite. Jackson embrassait chacune de ces marques et fissures, passant par moment sa langue, faisant frémir la peau de la brune qui cambrait le dos contre le capot de sa voiture. « C'est bon.... », soupirait Beth alors que chaque baiser lui procurait à la fois douceur et brûlure sur sa peau qu'elle ne supportait pas. Mais dans les yeux de l'homme, elle était belle, peu importe les marques, peu importe les fresques peintes sur sa peau qui témoignaient de son histoire de vie. Espiègle, elle détacha le bouton de son pantalon, lui offrant silencieusement de poursuivre la course de ses baisers ailleurs, plus bas. « Apprends-moi », demandait-elle alors qu'elle déboutonnait aussi la boutonnière de Jackson.

Tes lèvres ayant apprivoisé les marques creusant le ventre de Beth, tu laissas alors ta langue les humidifier, mélangeant ses coups aux baisers désormais mouillés que tu offrais à la jeune femme. Par moments, à chaque fois que tu passais d’une cicatrice à une autre, la brunette sursautait, frémissait, mais rapidement tu sentais ensuite son corps se calmer et s’apaiser. Ses muscles se détendaient peu à peu, signe que ta présence aussi intime était désormais la bienvenue. Elle ne cherchait plus à t’arrêter, elle ne cherchait plus à te fuir. Elle t’acceptait avec un désir chaud, brûlant. Alors que son dos se cambrait, t’offrant davantage son bas-ventre, Beth murmura son contentement, ce qui t’arracha un sourire voilé par ta position. Tu sentis les mains de la jeune femme s’interposer entre ton visage et sa peau, mais c’était pour mieux t’y donner accès. Elle détacha le bouton de son pantalon, et tout aussi espiègle qu’elle, tu fis lentement descendre la fermeture éclair. Tu te relevas quand les doigts de Beth se dirigèrent maintenant sur tes vêtements à toi, pour entamer leur séparation de ton corps. Elle te demanda de lui apprendre. De lui apprendre à s’aimer ? De lui apprendre sa beauté ? De lui apprendre toute la douceur que pouvait comprendre la sexualité ? Tu lui apprendrais tout ça à la fois, pour répondre à toutes ses attentes. Tu lui souris comme seule réponse, avant que vos lèvres ne se retrouvent. Sans délaisser sa bouche, tu lui retiras les vêtements recouvrant le bas de son corps. Tu retiras ensuite les tiens, pour finalement soulever légèrement Beth afin de venir coller vos intimités l’une contre l’autre. Continuant à l’embrasser, tu défis agilement son soutien-gorge. Il n’y avait plus aucun doute à présent, si une autre voiture se décidait à monter sur la falaise cette nuit, vous seriez pris en flagrant délit d’affection. Tes lèvres quittèrent enfin celles de Beth pour trouver un chemin plus sensuel encore, découvrant sa poitrine délivrée, puis ce bas-ventre qu’elle t’avait invité à parcourir de tes baisers. Ce soir, tu ne pensais pas du tout à toi, tu voulais seulement la combler elle, lui faire redécouvrir ce corps qu’elle semblait avoir mis de côté, négligé. Et rien qu’à travers le plaisir de Beth, tu trouvais le tien. T’avais pas besoin de plus. Mettre quelqu’un d’autre dans cet état d’extase, c’était grisant.

Elle tremblait par moment, par d'autre sur son visage elle exposait un sourire qui adoucissait ses expressions, bien, totalement bien sous l'effet des baisers de Jackson. Elle redécouvrait son corps d'une manière saine, douce, avec peur, oui, crainte par moment, mais aussi beaucoup de curiosité. Tout ça, c'était bien nouveau pour elle, parce qu'elle ne s'était livrée à ce genre de choses depuis bien trop longtemps. Et la dernière fois qu'un homme l'avait touché, son corps n'était pas zébré de marques qui constituaient le récit de la vie d'Ivy. Jackson serait le premier à lui redonner les sensations agréables d'un orgasme dont elle ne se souvenait presque pas l'effet. Beth l'invita donc, lui demandant d'un ton rhétorique de lui apprendre. C'était vaste, mais à la fois plein de puissance. Apprendre à s'aimer, apprendre à se trouver jolie, oui, attirante aux yeux de ceux qui le pensaient. Mais, aussi, à réapprendre la douceur de l'union de deux personnes. Il répondit silencieusement à sa demande, venant trouver les lèvres de Beth avec envie, avant de lui retirer ce bas qu'elle avait déjà entrepris  d'enlever. Rapidement, ils se retrouvèrent tous les deux dépits de leurs habits, baisers enflammés qui reprenaient jusqu'à ce que Jackson décida de laisser sa bouche parcourir à nouveau le corps de la traductrice. Beth laissa échapper des soupirs de satisfaction, jusqu'à sentir les lèvres de l'homme tenter de rencontrer son intimité. Elle cambra le dos, ferma les yeux, alors que ses lèvres étaient pincées. Avec la suggestion silencieuse de Jackson, Beth ouvrit les jambes pour le laisser s'y insérer.